Rechercher : le guide et la danseuse
Bouillon indien
Bouillon d'Inde
Encore une fois, nous partons à la découverte d'un pays à travers ses écrivains. Ce jeudi 19 avril, c'est l'Inde que nous explorons.
Rasipuram Krishnaswami NARAYAN (1907-2001)
Né à Madras, R. K. Narayan est considéré comme l'une des voix majeures de la littérature indienne. Il a débuté dans le journalisme et a publié son premier roman en 1935 à l'age de 29 ans. En France, tous ses livres étaient devenus indisponibles. et sont réédités par les éditions Zulma.
Le guide et la danseuse
(première traduction en France, 1958, réed. Zulma)
Fresque de l'Inde quotidienne, dans une ville imaginaire, fluide et très bien écrite.
Raju a repris le commerce de son père, qui était épicier près d'une gare. Au gré des rencontres et du rôle que les autres lui attribuent, Raju devient guide, puis amant de la femme d'un archéologue, puis impresario de cette belle éprise de danse... Il profite de toutes les occasions pour changer de vie, vend les bijoux de la danseuse, est envoyé en prison, où il se trouve bien. A sa sortie, dans le dénuement, il est pris pour un guide spirituel...
Amitav GHOSH
Né en 1956 à Calcutta, il a grandi au Bengladesh, au Sri Lanka et en Inde. Il a étudié à Delhi et Oxford, puis enseigné la littérature dans plusieurs universités américaines et indiennes. Ses romans font l'unanimité dans notre groupe : grandes fresques passionnantes et instructives, ils mettent en scène de nombreux personnages et permettent de voyager dans l'histoire de l'Inde et des pays bordant le golfe du Bengale et l'Océan Indien.
Le palais des miroirs (2002)
Prodigieuse saga où le sort des individus est lié à celui des nations en périodes troublées, Birmanie, Malaisie et Inde, sur trois générations (de 1885 à 2000).
A la fin du 19ème siècle, la Birmanie est envahie par les anglais. Le palais de Mandalay est vidé de ses souverains, envoyés en exil en Inde en 1885 dans une résidence sous surveillance anglaise. Rajkumar, jeune orphelin indien, s'attache à Dolly, une des suivantes de la princesse. C'est lui le personnage qui fait le lien dans ce livre, lien familial et lien géographique par ses multiples allées et venues entre Inde et Birmanie. Plein de ressources et d'ambition, il sait profiter des opportunités qui croisent son chemin. Il travaille dans le commerce du tek, monte sa propre entreprise en Birmanie, où il fait venir des travailleurs pauvres d'Inde, s'enrichit, fonde une famille... Mais il essuie aussi de graves revers au moment où les japonais envahissent à leur tour la Birmanie en 1942.
En toile de fond, l'auteur évoque l'histoire de ces régions : la colonisation, les rapports avec les anglais, envahisseurs sans scrupules, mais qui apportent aussi des éléments positifs, le combat pour l'indépendance de l'Inde et la seconde guerre mondiale.
Le pays des marées (2006)
Les faits : au cœur du delta du Gange, peu de gens s’aventurent dans les "îles du silence". Terrifiés par les tigres mangeurs d’homme, les crocodiles et les serpents, les oubliés de l’archipel des Sundarbans y survivent pourtant, malgré la montée des eaux, une mousson violente, et des conditions alimentaires et sanitaires très précaires (cf description de l'Unesco et site du film "Sundarbans, les îles du silence").
Très belle fresque de cette région du Bengale, le roman fait se croiser les destinn d'un homme d'affaires sophistiqué de Calcutta, d'une scientifique d'origine indienne qui étudie les dauphins, et d'un pêcheur illettré dans l'archipel des Sundarbans, le "pays des marées", des mangroves et de la boue. L'auteur introduit les histoires et mythes de cette région d'Inde, avec son bon génie Bon Bibi et son démon-tigre.
Un océan de pavot (2010)
Ce premier volet de la trilogie de l'Ibis se situe principalement dans le nord de l'Inde, de Bénares à Calcutta, en1838. Les Anglais règnent en maîtres. Ils ont imposé dans les campagnes indiennes la culture du pavot -dont ils fixent eux-même le cours- au détriment des cultures vivrières, ce qui réduit les paysans à une extrême misère. Brutes et profiteurs sont présents à tous les niveaux, et l'extrême mépris des anglais pour les peuples colonisés, qu'il s'agisse des indiens ou des chinois, est frappant !!!
Amitav Ghosh se penche avec humanité sur le destin de nombreux personnages réunis par le destin à bord de l'Ibis, ancienne goélette de transport d'esclaves réaménagée (si peu !) pour convoyer des déportés et des travailleurs indiens "volontaires" à destination de l'Ile Maurice, autre colonie anglaise en mal de main d'oeuvre. (voir critique complète du 02/11/2010).
Anita cherche mari
Anita JAIN
Anita, jeune femme d'origine indienne, est journaliste et vit à New-York. Elle a tout réussi... ou presque, puisqu'il n'y a aucun homme stable dans sa vie. Ses parents la poussent à essayer un mariage arrangé en Inde.
Mais lorsqu'elle s'installe à New Delhi, ville cosmopolite qui évolue à toute allure, l'attitude des hommes n'est pas si différente de celle des américains...
Roman très tonique et contemporain, plein d'humour.
Meurtre dans un jardin anglais
Vikas SWARUP
Roman policier, façon Cluedo indien.
Un milliardaire indien est assassiné le jour où il donne une garden party. La victime est un "pourri", qui venait d'être acquitté dans un procès corrompu.
La propriété est fermée pour les besoins de l'enquête, et six personnes sont arrêtées, car elles se trouvent en possession d'une arme. Le livre se décompose en plusieurs parties, une par suspect : l'américain crédule, la star de Bollywood, le jeune garçon des rues, le père du milliardaire (encore plus véreux que lui !).
Du même auteur, nous avons aussi aimé (enfin, sauf Jacky, pas très amateur de littérature indienne) "Les fabuleuses aventures d'un indien malchanceux qui devint milliardaire" (à l'origine du film Slumdog millionnaire).
Dans les rues de Bombay (2007)
Meher PESTONJI
Après avoir fui sa famille, Rahul devient enfant des rues à Bombay. Il vit dans la gare, de petit commerce (réserver des places de train). Lorsqu'il trouve un bébé abandonné, il se sent investi d'une grande responsabilité. Il le confie aux services de l'enfance et continue à aller le voir. Mais Rahul est confronté aux misères de la rue : drogue, tourisme sexuel... dans une sordide descente aux enfers. Il reçoit l'aide des services de l'enfance, qui sont néanmoins toujours respectueux de ses choix, même lorsque ceux-ci sont mauvais.
Ce roman, facile à lire mais assez noir, est tiré de l'expérience de l'auteur, qui milite pour améliorer le sort des enfants des rues et des prostitués.
Voir aussi les billets récents sur les romans fleuves de Manil Suri (Mother India), Rohinton Mistry (une simple affaire de famille), Siddareth Dhavant Shanghvi (les derniers flamants de Bombay).
Avec ces quelques romans indiens, nous avons à peine effleuré le sujet. En raison de la longueur de ses ouvrages, nous n'avons pas eu le temps de lire Vikram Seth, auteur majeur. D'autres romans à découvrir sont présentés dans le blog "Couleur indienne".
Les auteurs de la diaspora indienne sont aussi très intéressant, par leur aspect multiculturel, leurs récits d'adaptation au pays d'accueil tout en gardant des relations avec leur culture ou leur pays d'origine : voir Chitra Banerjee DIVAKARUNI (Inde - Etats-Unis), Monika ALI (Bangladesh - Angleterre)...
01/05/2012 | Lien permanent
Bouillon du 16 décembre 2010
Séance Coups de coeur
19/12/2010 | Lien permanent
Compte rendu Bouillon de lectures du lundi 9 mai 2022 à Chassagny
Thèmes : la forêt, les arbres, la nature.
Michel Jean Kukum
Histoire vraie de la destruction d’une forêt au Canada. Vie d’un couple : une blanche irlandaise et un Innu dans la forêt. Comment on commence à prendre du bois pour construire une maison, puis on en vend pour faire de l’argent et construire des bateaux. Ces bateaux viendront sur la rivière et la pollueront et la forêt sera détruite.
Elif Shafak L’île aux arbres disparus
Histoire de l’île de Chypre déchirée par la guerre civile entre un jeune grec et une jeune fille turque. Histoire racontée par une jeune fille et un figuier « femelle ».
Peter Wohlleben La vie secrète des arbres.
Les arbres ont beaucoup à nous apprendre et après avoir lu ce livre on ne les voit plus de la même façon. Ce livre très bien documenté sur le plan scientifique parle de ce que ressentent les arbres.
Sylvain Tesson Dans les forêts de Sibérie.
L’auteur raconte sa vie pendant six mois, installé dans une cabane dans les forêts en Sibérie à cinq jours de marche d’un village.
Sylvain Tesson Sur les chemins noirs
Récit autobiographique. Suite à une chute Sylvain Tesson est immobilisé et dés qu’il peut remarcher il décide de suivre les chemins noirs en France c’est-à-dire ceux qui ne sont pas balisés.
Michaël Christie Lorsque le dernier arbre
Saga familiale sur cinq périodes : 2038 où il n’y a plus d’arbre, 2008, 1974, 1938 et 1908. En parallèle histoire d’une jeune femme et des derniers arbres. Les îles des derniers pins d’Oregon où les gens viennent se ressourcer
BD Olivier Tallec Un peu beaucoup et C’est mon arbre
Arbres et plantes qu’il reste à découvrir.
Jean Hegland Dans la forêt
Deux sœurs l’une étudiante et l’autre danseuse puisent leur énergie dans leur maison à l’orée de la forêt et tentent de survivre sans les avantages de la civilisation
Kapka Kassabova Lisière
Récit autobiographique d’une jeune femme qui se rend sur la frontière des Balkans entre la Bulgarie, la Grèce et la Turquie avant et pendant la guerre froide.
Jack London L’appel de la forêt
Histoire de Buck un chien domestique vendu comme chien de traineau.
Claudie Hunzinger Les grands cerfs
Histoire d’un couple qui part vivre dans la forêt vosgienne pour s’éloigner de la civilisation. Un photographe animalier leur fera découvrir la vie des cerfs et autres animaux sauvages.
Eric Fottorino Mohican
Un paysan du Haut Jura va mourir et va devoir laisser ses terres à son fils Mo. Mais ils n’ont pas la même vision du monde paysan. Le père veut installer des éoliennes et le fils n’apprécie pas.
Antonio Sena Rester vivant jusqu’au bout.
Récit autobiographique de l’auteur qui à la suite de la chute de son avion dans la forêt amazonienne y passera 36 jours seul. Même si son périple est très dur il n’a de cesse d’admirer la beauté de cette forêt pourtant hostile et i a décidé d’apporter une aide humanitaire aux populations de la forêt.
Nicole L.
01/06/2022 | Lien permanent
Rentrée du Bouillon
Pour cette séance de septembre, nous avons partagé nos coups de coeur et nos lectures de l'été.
Une forêt d’arbres creux
Antoine CHOPLIN
La Fosse aux ours, 2015, 115 p, 16€
République Tchèque 1941, une famille arrive dans la ville-ghetto de Terezin (Theresienstadt). Architecte, Bedrich, le père, est alors affecté au bureau des plans pour agrandir les camps. La nuit par contre il dessine clandestinement tout ce qui se passe dans le camp : portrait, caricature, moments de vie… le tout caché dans une latte du bureau à dessin.
Toujours l’écriture ramassée et évocatrice d’Antoine Choplin, un de nos auteurs favoris, dont nous avons aimé La nuit tombée (sélection du Prix Mes Sou Thu 2013) et Le héron de Guernica !
L’auteur sera l’hôte de la librairie Murmure des Mots pour le café parlotte du 6 novembre !!!
La part des flammes
Gaëlle NOHANT
Héloïse d’Ormesson, 2015, 492 p, 22€
Mai 1897, le Bazar de la Charité prend feu : 128 personnes trouvent la mort. Gaëlle Nohant brode ici une histoire autour de cet évènement de la fin du XIXe siècle. Elle y dépeint le Paris de l'époque, la vie des gens et surtout des femmes, pour qui l’importance du nom et du mariage est déterminante. Réflexion sur la lutte des pouvoirs et l’impact de la vie religieuse sur les mœurs. Les descriptions sont tellement minutieuses et détaillées qu’on a l’impression d’y être, être parmi la foule et les étals, au moment où est projeté le premier film cinématographique.
L’immeuble des femmes qui ont renoncé aux hommes
Karine LAMBERT
M. Lafon, 2014, 250 p, 14,95€
Le titre parle de lui-même : un immeuble et sa propriétaire, ancienne danseuse étoile, déçue par les hommes. Dans son immeuble elle souhaite que les locataires aient toutes renoncé aux hommes. Karine Lambert nous raconte donc l’histoire de cinq femmes d’âges et d’univers différents, qui ne veulent plus entendre parler d’amour. Seul mâle toléré : Jean-Claude le chat. Jusqu’au jour où Juliette, la nouvelle locataire de 30 ans, débarque au sein de ce petit groupe, sans pour autant faire une croix sur les hommes… Roman à la fois drôle et grave qui nous parle des difficultés d’aimer et des blessures que l’on porte en soi.
Le restaurant de l’amour retrouvé
Ito OGAWA
Philippe Picquier, 2013, 242 p, 19€
Traduit du japonais par Myriam d’Artois-Ako
Une jeune femme de 25 ans perd la voix après une rupture sentimentale très douloureuse. Elle décide donc de retourner dans la campagne japonaise, chez sa mère qui vit avec un cochon apprivoisé. Elle se découvre des talents de cuisinière et ouvre son restaurant, « l’escargot ». Mais attention, pas un restaurant quelconque : là, les clients seront triés sur le volet, et elle leur cuisinera des plats uniques pour réveiller en eux des émotions enfouies. Un premier roman très bien écrit, même si la fin est un peu rapide.
Je veux devenir moine zen
Kiyohiro MIURA
Philippe Picquier, 2005, 142p, 6,10€
Traduit du japonais par Elisabeth Suetsugu
Un cadre, rentré au Japon après 10 ans aux Etats-Unis, se rend régulièrement au temple proche avec son jeune fils. L’éducation de l’enfant se fait en partie au temple, dirigé par une femme pleine de sagesse et de bon sens. Le fils finit par désirer devenir moine zen. Ce récit, très zen, raconte comment le voeu du jeune garçon bouscule ses parents et transforme les relations familiales.
Ma vie de pingouin
Katarina MAZETTI
Gaïa, 2015, 269 p, 21€
Traduit du suédois par Lena Grumbach
Le roman alterne les récits de trois personnages principaux, lors d’une croisière en Antarctique : la jeune Wilma ; Thomas, divorcé ayant perdu la garde de ses enfants ; et Alba, 72 ans, qui observe et retranscrit les comportements animaux et humains. Si l’on trouve des situations graves dans ce microcosme, le ton reste assez léger, et le roman est agréable à lire, même si ce n’est pas un chef d’œuvre.
L’heure indigo
Kristin HARMEL
Denoël, 2014, 426 p, 21,50€
Traduit de l’américain The Sweetness of Forgetting par Christine Barbaste
Hope tient une pâtisserie à Cape Cod. Divorcée, elle a des rapports tendus avec sa fille, qui l’aide néanmoins beaucoup pour tenir la boutique familiale. Sa grand-mère, Rose, atteinte d’Alzheimer, sait qu’elle a peu de temps pour lui transmettre un secret familial, qu’elle a caché toute sa vie. Dans un jour de lucidité, elle lui confie une liste de noms et lui demande de partir à la recherche de ces personnes à Paris. Les recettes transmises par la grand-mère (contenues dans le livre) sont aussi des indices, qui guideront Hope dans sa découverte. Cette enquête familiale se révèlera aussi historique, et mènera Hope jusqu’à une synagogue et une mosquée à Paris. Elle lui permettra, en connaissant ses origines, de mieux se comprendre elle-même. Le roman offre de belles pages sur les Justes, et le précepte albanais de Besa, promesse de protéger ses hôtes et devoir de venir en aide à qui le demande. En même temps, c’est une histoire d’amour facile à lire.
Le secret de la manufacture de chaussettes inusables
Annie BARROWS
Ed. du NIL, 2015, 621 p, 21€
Traduit de l’américain The Truth According to Us par Aline Azoulay et Dominique Haas
Eté 1938, aux Etats-Unis. Layla, jeune fille de bonne famille, refuse le riche parti choisi par son père sénateur, qui la met au pied du mur : désormais elle doit travailler pour assurer son indépendance. Envoyée à Macedonia, elle doit rédiger la chronique de cette petite ville. Elle est logée dans l’excentrique famille des Romeyn, désargentés, anciens propriétaires d'une grande fabrique de chaussettes– Les Inusables Américaines – qui a été ravagée par un incendie plusieurs années auparavant. Ce même été, Wilma, 12 ans, décide de démêler des histoires des adultes, et met à jour des secrets bien dissimulés.
Ce roman, en partie épistolaire, est le premier rédigé entièrement par l’auteur, après "Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates", qu’elle avait fini de mettre en forme pour sa tante Mary Ann Schaffer. Il est un peu plus poussif à démarrer, mais plein de charme, et les personnages en sont attachants.