Certaines n'avaient jamais vu la mer
Certaines n'avaient jamais vu la mer, Julie Otsuka
Phébus, littérature étrangère, 2012, 15€
En 1919, de jeunes femmes -qui n'auraient pas trouvé d'époux au Japon- se sont mariées par correspondance avec des émigrés Japonais, puis les ont rejoints aux Etats-Unis, dans l'espoir d'une vie meilleure. Le récit commence pendant leur longue traversée en bateau, puis aborde les premiers contacts avec le mari inconnu, les premières désillusions, les travaux dans les champs, les blanchisseries ou les maisons bourgeoises, l'arrivée des enfants, l'intégration laborieuse, les rapports avec les "blancs"… Jusqu'à l'attaque de Pearl Harbour et ses retentissements dramatiques pour les japonais américains.
Se plonger dans ce court roman, c'est écouter un chœur de femmes : un chant choral, où l'on perçoit chaque voix distinctement, mais où la mélodie d'ensemble domine. C'est une litanie, où les vies particulières de ces japonaises en exil affleurent, mais laissent apparaître une destinée collective. Julie Otsuka, par son utilisation systématique de la première personne du pluriel, s'associe à ses ancêtres japonais et à leurs tribulations aux Etats-Unis… ou nous associe, nous, lecteurs ?
Pour aller plus loin, voir l'article du Monde Diplomatique, "l'histoire cachée des japonais américains". Sur l'internement des Japonais en Amérique du Nord (Canada), lire aussi "Obasan" de Joy Kogawa, un classique outre-Atlantique (mais il est difficile de se le procurer en France !)