La fabrique du monde
La fabrique du monde, c’est la Chine, dans le contexte de la mondialisation. Ici, en l’occurrence, une usine de confection où vivent, dorment et travaillent de nombreuses ouvrières exploitées. Lorsqu’une commande doit être livrée rapidement, c’est une cadence infernale qui est exigée, et les employées survivent en mode automatique : ne surtout pas penser, pour ne pas ralentir son geste ! Travailler jour et nuit pour un maigre salaire qui permet au mieux de payer son lit au dortoir de l’usine et de rentrer chez soi pour les fêtes.
Mei, jeune couturière adroite et rapide, souffre pourtant de ce rythme insupportable et du peu d’espoir que l’avenir lui laisse. Consciente de l’injustice de sa situation, elle remâche sa colère et se prend à rêver… ce qui la rend d’autant plus fragile.
Ecrit avec finesse et clarté, la fabrique du monde est une plongée intime dans son quotidien, ses pensées et ses sentiments. Le lecteur croit voir défiler les chemises blanches ou les pantalons en polyester sous l’aiguille de la machine à coudre, et se révolte à la place de Mei des conditions de travail inhumaines qui lui sont imposées. Au final, un livre beau et triste.
La fabrique du monde
Sophie Van der Linden
Buchet Chastel (roman), avril 2013, 155 p., 13 €