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  • Un homme ça ne pleure pas

    familleUn homme, ça ne pleure pas

    Faïza GUENE

    Fayard, 2014, 314 p., 18 €

    Faïza Guène dépeint la vie d’une famille d’origine algérienne, dans un pavillon de Nice.

    Le père, dépositaire traditionnel de l’autorité, est relativement  en retrait malgré sa tendresse pour ses enfants. Analphabète, il respecte l’instruction et accorde une grande importance aux études de ses enfants.

    Le padre me sollicitait chaque fois qu’il fallait lire quelque chose, les ordonnances du docteur Zerbibi, un tract de la CGT, les articles de Bien Vieillir, les courriers de la banque, et même les catalogues de promotion du supermarché. Et pour chacun de ces documents, si différents qu’ils soient, il tenait absolument à ce que je les lise "avec un accent de journaliste".

    La mère, très expansive, tourne tout au drame, et tient la famille sous la menace de ses palpitations et de ses hausses de tension à la moindre contrariété.

    Chacun des enfants réagit à sa façon à cet entourage familial encombrant.Tandis que Mina se coule avec naturel dans le moule de la bonne fille soumise et serviable, Dounia s’oppose violemment à l’autorité parentale, qu’elle trouve abusive et rétrograde, et voudrait être « une Christine », image de la française libérée. 

    Il y a eu une période où [la porte] claquait si souvent que mon père, furieux, a dévissé la porte de la chambre des filles pour accrocher un rideau à la place. "Essaie de faire claquer le rideau, maintenant."

    Mourad, le narrateur, gêné par les scènes embarrassantes de sa mère, s’isole peu à peu de tous ceux qui auraient pu être ses amis, et se réfugie dans les livres. C’ est le seul personnage qui comprenne à peu près tous les protagonistes. Il les aime malgré leurs défauts, et ne les juge pas… même s’il trouve que les plus caractériels (sa mère et Dounia) exagèrent. Son cauchemar : vieillir sans jamais quitter sa mère, et devenir un obèse, cheveux poivre et sel, qui sent la friture.

    Ce roman, actuel, écrit dans un style dynamique et aéré, évoque avec justesse les petits détails significatifs de la vie familiale. La Dounia adulte, dure, brillante et libérée, m’a évoqué Rachida Dati, à tort ou à raison. Le titre du livre évoque le courage au quotidien, mais aussi la retenue excessive du père.

    Aline

  • Une famille délicieuse

    famille

    Une famille délicieuse

    Willa MARSH

    Autrement, 2014, 476 p., 22 €

    Traduit de The Children's Hour par Eric McComber

     

    Deux respectables vieilles dames, Mina et Nest, vivent entourées de leurs chiens à Ottercombe House, demeure familiale isolée sur la lande, près de la mer. Elles ne peuvent refuser d’accueillir pour quelques mois leur sœur Georgie, en attendant son entrée en maison de retraite.

    A l’heure du thé ou lors de leurs nuits sans sommeil, elles égrènent leurs souvenirs de jeunesse. Elles ont grandi dans une famille nombreuse (5 filles et un garçon), entre un père distant, acerbe, une mère souvent fatiguée, et les visites très attendues de Timothée, l’ami de la famille, chaleureux et attentif. Les rivalités entre filles étaient parfois féroces ! Leur régal était « l’heure des enfants », en fin d’après-midi, lorsque leur mère leur racontait des histoires ou leur lisait des extraits de la littérature anglaise, à tel point que les personnages de fiction leur semblaient plus  proches que leurs voisins.

    Mais Georgie, atteinte de démence sénile, menace l’équilibre de ses sœurs, et comme autrefois, elle tourne autour d’elles avec cette phrase qui les inquiète et lui donne du pouvoir « Je connais un secret ». Les jeunes neveux, qui adorent leurs tantes, sont aussi menacés par les secrets de famille, et la présence de Georgie est de plus en plus lourde à porter, même pour Mina la courageuse.

    L’écriture de ce roman est fine, très descriptive. Elle rend bien l’ambiance anglaise un peu désuète de ce lieu hors du temps, la lande, le jardin fleuri, la promenade côtière jusqu’à la mer,… de même que les relations entre les sœurs… et entre les chiens. Les gentils sont peut-être un peu trop parfaits, avec leur bonne humeur à toute épreuve, mais l’histoire est attachante, et renvoie à de nombreuses références de la littérature anglaise.

    Aline

  • Bouillon à Chassagny : l'été

    Pour les non-amateurs de nouvelles, nous avions prévu un sujet de secours, tout à fait d’actualité en cette période caniculaire : l’été.

     

    été,vacancesUn été outremer

    Anne VANTAL, Actes Sud (2006)

    Félicien, adopté jeune, vit dans une famille française harmonieuse. L’été de ses 18 ans, il part en Algérie pour découvrir le pays d’où venait sa mère biologique. L’accueil est chaleureux, les gens l’accompagnent, il avance au pas de ses petits boulots et des relations humaines. En trois semaines, cet adolescent d’une grande maturité découvre ses origines. Très beau roman d’initiation pour adolescents ou adultes.

     

    été,vacancesCeux d’en haut

    Catherine ROLLAND, Les passionnés de bouquins (2014)

    Après ses études vétérinaires à Lyon, Just retourne dans les Pyrénées pour aider à l’estive des chevaux. Une famille "clan", avec des personnages bien typés, une écriture agréable, font de ce roman un peu sentimental une parfaite lecture d’été.

     

    été,vacancesMomo, petit prince des Bleuets

    Yaël HASSAN,  Syros (1998 et rééditions)

    Mohamed, élève appliqué, passe ses vacances à la cité des bleuets. Son enseignante lui a recommandé toute une liste de livres, qu’il se procure à la bibliothèque. Sur son banc de lecture, il se lie avec un vieux monsieur érudit… dont il apprend qu’il a la maladie d’Alzheimer.  Un roman jeunesse touchant de fraîcheur et de solidarité, qui n’est pas sans évoquer La tête en friche, de Marie-Sabine ROGER. On peut aussi lire Momo des coquelicots (2010) et Des lauriers pour Momo (2012).

     

    On ne fait que passer

    Christiane RANCE (1999)

    L’auteur rend bien l’ambiance des retrouvailles d’été, dans une maison de famille.

     

    été,vacancesCet été là

    Véronique OLMI, Grasset (2011)

    Coutainville, Normandie. Comme chaque année, trois couples passent ensemble le week-end du 14 juillet, avec leurs ados et des copains, dans une maison de famille en bord de mer. De belles descriptions de la plage, et de l’émotion que l’on éprouve à retrouver la mer, ses odeurs,…  Les différentes générations cohabitent, mais les ménages sont fragilisés par une accumulation de non-dits, de mensonges et de compromis, et l’arrivée d’un jeune inconnu fait basculer l’équilibre. L’écriture est facile.

     

    été,vacancesDeux étés

    Eric ORSENNA, Fayard (1997)

    L’île ne vit vraiment que l’été, lorsque ses deux catégories d’envahisseurs débarquent : les touristes béats et leurs appareils photos, qui repartent vite, et les estivants, titre de noblesse qui se mérite !

    L’été, temps béni attendu pendant toute la parenthèse de l’année : retrouvailles familiales, plaisirs de la voile, du cabotage et du jardinage, des grandes marées et de la pêche à la crevette…

    Mais un 6 juillet humide, premier jour officiel des vacances, débarque Gilles, traducteur, qui s’éprend des lieux et loue une maison malgré les réticences du notaire : ici, pour s’intégrer,  il faut avoir une famille ! Qu’à cela ne tienne, Gilles s’installe avec ses nombreux chats, fait venir deux neveux et s’installe à l’année. Tant qu’il traduit des auteurs du passé, et qu’il n’a pas de pression, tout va bien. Mais lorsqu’il s’attaque à la traduction de Ada or Ardor, de Vladimir Nabokov, tyran des traducteurs, Gilles patine, peine, et traîne… jusqu’à ce que toute l’île vienne à sa rescousse sous la pression d’une charitable voisine, madame née Saint Exupéry, qui maîtrise l’art du troc à la perfection !

    Le narrateur, l’un des traducteurs amateurs,  promu spécialiste des scènes lestes, de par sa fréquentation assidue des jeunes filles au pair anglaises… n’est autre qu’Eric Orsenna lui-même. L’histoire se serait déroulée sur l’île de Bréhat en 1973-74.

    Certainement pas le roman le plus profond d’Eric Orsenna, mais une lecture savoureuse, imprégnée de l’amour des mots, de l’ambiance légère de l’été, et de solidarité. (Entretien d’Eric Orsenna dans l’Express).

     

    été,vacancesUn été à Key West

    Alison LURIE, Rivages (1998)

    L’été en question… est un hiver en Floride, lieu de prédilection des riches nord-américains pour profiter du climat chaud pendant les mois d’hiver. Le récit se déroule dans le milieu fermé des retraités argentés américains. Le naturaliste et vulgarisateur à succès Wilkie Walker, persuadé de souffrir d’une maladie incurable, devient invivable pour sa charmante et dévouée épouse. Dépressif, il va se baigner tous les jours dans l’idée de se noyer, tandis que sa jeune femme s’épanouit dans la vie locale…

     

    été,vacancesLes gens de l’été

    Jeanine MONTUPET, Albin Michel (2002)

    Roman d’amour situé dans les années folles, sur la côte est des Etats-Unis, dans une région de fastueuses demeures familiales. Ceux qui viennent, à la belle saison, y mener un train de vie princier, sont appelés les gens de l'été. Le jeune Louis-Gabriel va céder au charme de ce lieu de rêve, mais aussi au regard irrésistible d'une femme.

     

    été,vacancesAccès direct à la plage

    Jean-Philippe BLONDEL, éd. D. Montalant (2003)

    De 1972 à 2002, moments de vie d’une vingtaine de personnages, qui ont en commun le goût des locations à la mer. A la fin, le lecteur réalise que ces récits sont liés. Pas d’émotion, pas de compassion.

  • Bouillon à Chassagny : Annie Saumont

    C’est l’équipe de la nouvelle bibliothèque de Chassagny qui nous accueille, pour une fois. Très belle vue, jolie table et gâteaux parfaits ! Nous avons bavardé un moment avant de nous pencher sur les 2 sujets prévus pour cette rencontre : les nouvelles d’Annie Saumont, et l’été.

    Annie SAUMONT

    Née en 1927, elle s’est d’abord consacrée à la traduction d’auteurs anglo-saxons (John Fowles,  J.D. Salinger, V.S. Naipaul, Nadine Gordimer, Patricia Highsmith...). A partir de 1963, elle a publié de nombreux recueils de nouvelles.

    Nous avons lu les recueils suivants :

    La terre est à nous (1987)

    Embrassons-nous (1998)

    C’est rien, ça va passer (2002)

    Un soir à la maison (2003)

    Les blés (2003)

    Un pique-nique en Lorraine (2005)

    Koman sa sécri émé (2005)

    Nos avis sont très partagés. Les nouvelles d’Annie Saumont présentent, de façon incisive,  des personnages présentant des failles : ados délinquants, parents alcooliques démissionnaires, vieux isolés, femmes jalouses,...  Le ton reste neutre, l’auteur décrit, mais ne pose pas de jugement. Nombre de ces nouvelles sont noires, le seul volume qui ait paru moins sombre est Un soir à la maison. La ponctuation est rare, du coup les respirations manquent, et la compréhension elle-même en a parfois été affectée (surtout dans les volumes présentés en colonnes étroites).

    Pour autant, certaines lectrices ont beaucoup aimé la qualité de son style et de son écriture.

  • Je n'ai pas toujours été un vieux con

    vieillesseJe n’ai pas toujours été un vieux con

    Alexandre Ferraga

    Flammarion, 2014, 250 p., 18 €

    A 76 ans, Léon, vieux grincheux récalcitrant, se retrouve en maison de retraite, suite à l’incendie de son appartement. Sur un ton acerbe, il évoque sa découverte des lieux : les chambres aux noms de fleurs, les menus pour édentés, les infirmières accortes ou revêches,… Il observe d’un œil méfiant la cohorte des pensionnaires et leurs défauts, mais développe une grande complicité avec Jack le littéraire ou Roger le  bon vivant (qui conserve ses bouteilles dans la chasse d’eau), et abreuve de ses conseils pas toujours bienvenus Marilyn la soignante au beau derrière.

    Dans son récit, qu’il aurait avantageusement pu nommer "Itinéraire d’un sale con", Léon navigue entre son adaptation à la maison de retraite et  ses souvenirs -qu’il évoque sans concession- d’enfant fragile ("brindille"), de petit délinquant, de marin, de jeune frappe, de taulard, d’amant ou de mari.

    "Les personnes âgées ont tout un passé, à la fois derrière elles et encore vivant".

    Doté d’un joli sens de la formule, l’auteur nous séduit avec son style enlevé, imagé, voire cru.

    "En prison, vous passez en permanence des murs de votre cellule à la cellule de votre tête".

    La tendresse avec laquelle il peint ses personnages  fait oublier que le récit manque un peu de profondeur. Les souvenirs papillonnent, les sujets ne sont qu’affleurés, et à la fin du livre, le lecteur se retrouve seul avec une sensation d’inachevé.

    Aline

  • Land art

    Un grand coup de cœur pour les livres de Land Art réalisés par Marc POUYET. Au fil de ses promenades, l'artiste glane des éléments naturels et laisse s'exprimer son imagination. Ses livres présentent les photos de tableaux, jeux ou objets éphémères et poétiques, dont la beauté nous interpelle. L'apparente simplicité du concept incite le lecteur à ramasser à son tour fleurs, cailloux, branches, marrons, glaçons... et à créer.

     land artDans la collection Petite Plume de Carotte, saison par saison, Marc Pouyet enchante les plus petits avec des albums cartonnés sans paroles : à gauche, l'objet naturel utilisé, à droite le tableau réalisé.

    Artistes de nature en ville, Joueurs de nature,... et les autres titres publiés chez Plume de Carotte, émerveillent ou amusent les lecteurs depuis la maternelle et jusqu'aux adultes,  inspirant l'artiste qui sommeille en chacun de nous.

      land art

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    land art

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    Pour aller plus loin :

    le blog de Marc Pouyet.

    A Chassieu, un grand parcours d’œuvres de Land Art a fédéré la bibliothèque, les écoles, les associations, les centres de loisirs… et les services municipaux pendant 7 mois.

    Autres livres :
    Le Land-art avec les enfants, d’Andreas Guthler (La Plage, 2009), qui développe les aspects pédagogiques et pratiques du Land-art, et propose des activités à réaliser avec les enfants ;
    Land art, de Floriane Herrero (Palette, 2012), qui présente et explique les œuvres d’une cinquantaine d’artistes du monde entier.