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08/05/2015

Americanah

roman étranger, Nigeria, immigrationAmericanah

Chimamandah Ngozi Adichie

Gallimard, 2014, 24.50€

Traduit de l’américain par Anne Damour

 

Ifemelu réalise le rêve des étudiants nigérians de partir aux Etats-Unis ou en Angleterre, et d’échapper aux grèves incessantes qui gangrènent leur université, à la corruption et au manque de débouchés. Obinze, son grand amour, passionné d’Amérique, pense obtenir rapidement un visa pour la rejoindre. Dès l’arrivée, quel choc de réaliser l’importance de la couleur noire de sa peau ! La perception de soi est modifiée lorsque la personne est classée en fonction de sa nuance de noir et du degré de frisure de ses cheveux…

S’inspirant de ses désillusions et de son expérience de la diaspora nigériane, Ifemelu trouve sa place en rédigeant un blog : des déceptions des immigrés nigérians confrontés à un racisme parfois insidieux, de la difficulté à trouver un job ou un revenu et à se faire une place de citoyen à part entière, des tensions entre noirs américains et noirs africains, du snobisme des origines et des accents,…  L’auteur –et Ifemelu avec elle- s’inspire avec ironie des conversations de salons de coiffure et de l’influence des magazines féminins pour montrer la dictature de l’apparence. La façon d’afficher ses cheveux crépus ou de les lisser en particulier peut se révéler cruciale pour s’affirmer - ou inversement pour se conformer aux normes dominantes.

Le récit alterne entre l’évolution d’Ifemelu, sa vie amoureuse et familiale, et des extraits de son blog ; les deux se complètent pour donner une idée très révélatrice du ressenti des noirs émigrés dans les pays anglo-saxons. En contrepoint, le parcours d'Obinze, qui partage la déchéance des sans-papiers au Royaume Uni, complète l’analyse de l’auteur, fine et lucide. Le titre, Americanah, à prononcer en traînant sur la dernière syllabe, fait référence au surnom ironique donné par les Nigérians aux expatriés qui affichent leur "américanisation". Au passage, je salue le choix par les éditions Gallimard d’une jaquette sobre, qui évoque avec humour le sujet du roman.

Prévoir quand même un long week-end pluvieux pour se plonger dans cette lecture assez dense !

Aline 

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