Le convoi de l'eau
Akira Yoshimura
Actes Sud (lettres japonaises), 2009, 173p, 16,30 €
Traduit du japonais Mitzu no soretsu (1967) par Yutaka Makino
Un convoi d’ouvriers s’enfonce à pied dans la forêt, pour parvenir au cœur des montagnes, dans une vallée reculée où est prévue la construction d’un barrage hydroélectrique. Les ouvriers et leurs contremaitres campent aux abords d’un hameau ancestral qui sera nécessairement englouti lors de la construction. Pour la plupart aveugles à la splendeur de la nature qui les entoure et hermétiques aux préoccupations des villageois, ils ne comprennent pas le monde qu’ils sont en train de détruire.
Le narrateur, un homme étrange, a signé ce dur contrat non pas pour le salaire alléchant, mais à la recherche d’une certaine sérénité, poursuivi qu’il est par ses souvenirs de violence. Il semble le seul à s’émerveiller de la nature qui les entoure, et à observer la vie patiente et obstinée de la communauté vouée à l’exil. La scène où les villageois réinstallent patiemment la couverture végétale sur leurs toitures après chaque ébranlement de dynamite est particulièrement marquante.
Ce court roman, étrange et envoûtant, exalte la nature encore sauvage, forêts, montagnes, sources d’eau chaude… et la résilience des paysans vivant en symbiose avec elle… (par opposition à la brutalité des citadins et profiteurs de tous poils, même si ce n’est pas nécessairement le propos de l’auteur.)
Aline