L'enfant qui mesurait le monde
L’enfant qui mesurait le monde
Metin ARDITI
Grasset, 2016, 19€
Sur l’île grecque de Kalimaki, on n’a jamais eu que le strict nécessaire. Pêcheurs, mareyeurs, constructeurs de trehandiri (bateau traditionnel), cafetiers… ont toujours travaillé dur, mais la situation a empiré depuis la crise ! Maraki trime pour gagner sa vie et celle de son fils en pêchant à la palangre.
Le maire, Andreas, arrange avec le goupe Investco un grand projet hôtelier « Pericles palace » qui, certes, bétonnerait la plus belle crique de l’île, mais permettrait de réaliser des infrastructures et apporterait la prospérité aux îliens. Le roman oppose le point de vue des « progressistes » à celui des défenseurs de l’intégrité de l’île. Esthètes ou pragmatiques, les personnages sont présentés avec empathie par l’auteur, qui s’attache à comprendre leurs motivations, et les changements que ce projet apporterait dans la vie de chacun, femme, homme ou enfant. Ce que personne ne souhaite voir disparaître, c’est le caractère humain et solidaire de la communauté.
Pendant ce temps, le petit Yannis, muré dans ses comportements compulsifs, mesure les détails et compare les chiffres à ceux de la veille pour rétablir l’ordre du monde. Mais le monde peut-il rester en ordre même lorsque les choses changent ? Et qu’est-ce que l’ordre du monde ? Aidé par Eliot, architecte retraité venu enterrer sa fille sur l’île, Yannis essaie de trouver ses propres réponses.
Proche du conte philosophique, ce roman offre, outre une galerie de personnages attachants, plusieurs pistes de réflexion. Les thèmes : Grèce, autisme, deuil, maîtrise du progrès… sont entremêlés, et s’enrichissent l’un l’autre. Belle lecture facile, émouvante et positive.
Aline