Bouillon russe (4/4)
Le maître et Marguerite
Mikhaïl Boulgakov
R. Laffont, 1968
L’auteur, de famille bourgeoise russe de Kiev, médecin et écrivain, est mort en 1940, après avoir travaillé à son roman pendant 12 ans, mais son roman n’est publié qu’en 1965 en version censurée – et dans son intégralité en 1973. Considéré comme l’une des œuvres littéraires russes majeures, ce roman contient beaucoup de références à la littérature russe.
Deux fils narratifs se croisent : la vie du Maître, écrivain de la Russie stalinienne, et la Judée de Ponce Pilate, dont il a fait son sujet d’écriture. S’ajoutent un personnage de diable, dont les apparitions fantastiques permettent à l’auteur de glisser des critiques contre le régime stalinien. Et n’oublions pas Marguerite, l’amante, qui recouvre toutes sortes de personnages ! Grand admirateur du Faust de Goethe, Boulgakov revisite avec ce roman le mythe de Faust, et le transpose dans le Moscou des années 1930 : pour retrouver l’homme qu’elle aime, Le Maître, auteur d’une biographie inachevée de Ponce Pilate, Marguerite accepte de livrer son âme au diable…
Les combattantes. Les aviatrices soviétiques contre les as de la Luftwaffe
Liouba Vinogradova
H. d’Ormesson, 2016, 25€
Le titre résume bien ce documentaire sur les aviatrices soviétiques qui ont combattu la Luftwaffe. L’auteur est allé à la rencontre des survivantes. Elle raconte la formation des femmes à l’aviation dans un petit aéroclub, la vie de la population soviétique, et les batailles dans de tout petits avions dans lesquels se trouvaient juste la pilote et la navigatrice, avec les bombes sur les genoux ! Contre des Messerschmitt, inutile de dire qu’il y a eu peu de rescapées !
Le Journal de Lena - Leningrad, 1941-1942
Léna MOUKHINA
R. Laffont, 2017, 21€
Une lycéenne de 16 ans, solitaire, commence à écrire : son quotidien, le lycée où règne l’égalité entre garçons et filles, la vie dans les appartements communautaires…
Son journal intime est surtout un témoignage précieux sur le siège de Léningrad par les troupes allemandes (juin 1941 à juin 1942). La ville assiégée, la population entière réquisitionnée, le rationnement, les bombardements….
Une longue préface remet dans le contexte historique, le livre comporte aussi beaucoup d’annotations à chercher à la fin du volume, mais l’ensemble reste fluide à lire.
La guerre n’a pas un visage de femme
Svetlana ALEXIEVITCH
Presses de la renaissance, 2004, 22€
La journaliste biélorusse, prix Nobel de littérature en 2015, recherche le vécu des gens. Elle a écrit également La fin de l’homme rouge, et La supplication (sur Tchernobyl), tout le contraire d’un hymne à la patrie.
Ici, elle est allée chercher des récits de femmes qui ont combattu dans l’armée soviétique. Beaucoup étaient volontaires pour partir sur le front « sauver la patrie ». Infirmières, tireurs d’élite sur les canons, à la fabrique de bombes… livrent de courts récits, certes très instructifs, mais parfois un peu répétitifs, ce qui rend la lecture un peu fastidieuse.
Une question revient : « Pourquoi les allemands ont-ils fait la guerre, ils avaient tout ?! »
Nostalgia, la mélancolie du futur
Éditions Daphnis et Chloé en partenariat avec les éditions Louison, 2015, 24€
Dix-huit écrivains russes contemporains, pour autant de nouvelles, jusqu’ici parues dans la revue littéraire SNOB. Vladimir Sorokine, Edouard Limonov, Elena Pasternak, Soljenitsyne, Zakhar Prilepine, Maxime Kantor, Mikhaïl Chichkine... tous sont réunis ici autour d’un thème commun : la nostalgie, la douleur du retour.
Un bel objet livre, élégant et soigné « à l’ancienne ».
Rappelons ici les excellentes bandes dessinées de Fabien NURY et Thierry ROBIN, inspirées de l'histoire russe : Mort au tsar (2 tomes) et La mort de Staline (2 tomes).