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  • Patrick Deville

    Bouillon de lecture à Chassagny, ce 14 Décembre 2017 : nous étions réunis autour de l’œuvre de Patrick DEVILLE qui fêtait ses 60 ans ce jour-là, agrémentée par les délicieuses tarte aux pommes et mousse à l’orange de Noël.

    roman

    De nombreux ouvrages ont été écrits par ce voyageur infatigable en 30 ans, depuis Cordon bleu en 1987, jusqu’à Taba Taba en 2017. Les premiers sont des romans, publiés aux éditions de Minuit : Longue vue (1988), La femme parfaite (1995) replacés dans l’époque de la société de consommation.

     

    Pendant ces années Patrick Deville se déplace beaucoup au Moyen-Orient, Afrique, Amérique latine. Ses oeuvres suivantes paraissent au Seuil. Pura Vida (2004), évoque William Walker de Nashville, président éphémère du Nicaragua. La tentation des armes à feu (2006) rassemble 5 récits de suicides concernant des personnalités plus ou moins connues.

     

    Et commence un nouveau genre de récits historiques où la grande histoire croise les détails des déplacements, évènements familiaux, retours en arrière, changements de lieux et d’époque qui donnent parfois le tournis, tout en s’appuyant sur une documentation irréprochable qui mettent l’accent sur la complexité réelle de l’Histoire.

     

    Cela déroute le lecteur, ce qui explique dans notre groupe l’alternance de remarques bienveillantes, et de reproches : trop difficile à suivre, une certaine complaisance, des détails sans intérêt sur le numéro des innombrables chambres d’hôtel évoquées !!! Donc un écrivain intéressant, complexe, à la fois attachant et « décourageant » par certains aspects.

     

    Equatoria (2009), pérégrinations de Savorgnan de Brazza, dont quelques extraits, lus à voix haute, nous émeuvent par des souvenirs personnels liés au docteur Schweitzer.

    Kampuchéa (2011) récompensé par le magazine Lire défendu et promu par l’une de nos lectrices.

    Peste et choléra (2012), magnifique biographie d’Alexandre Yersin saluée par de nombreux prix, est le seul ouvrage qui emporte l’adhésion de nous toutes.

    Viva (2014) se déroule au Mexique pour les derniers jours de Trotski, où se croisent Frida Kahlo, Malcom Lowry …

    Taba Taba (2017), autobiographie fleuve de plus de 400 pages où l’on comprend que le jeune Patrick cloué dans un corset de plâtre à l’âge de 3 ans, ait juré de découvrir le monde avec autant d’avidité !!

    Un tourbillon, une soirée animée et passionnante. Marie-Claire

  • Le sympathisant

    roman étranger, premier romanLe sympathisant

    Viet Thanh Nguyen

    Belfond, 2017, 23.50 €

    Traduit par Clément Baude

     

    1975, Saigon est en pleine déroute, un général de l'armée du Sud Vietnam et son ordonnance dressent la liste des rares privilégiés qui pourront bénéficier d’une place dans un des derniers avions à décoller encore de la ville, tandis que la panique gagne la ville. Ce que le général ignore, c'est que son aide de camp est un espion Viet Cong. Empreint de culture américaine, en bon infiltré, il voit les bons côtés du monde occidental tout en conservant sa loyauté aux communistes.

    « Je suis un homme à l’esprit double. Simplement je suis capable de voir n’importe quel problème des deux côtés. Quand je constate à quel point je suis incapable de regarder le monde autrement, je me demande s’il faut parler d’un talent. Après tout, un talent est une chose que vous exploitez, et non une chose qui vous exploite. »

    Au prix de décisions dramatiques, qu’il sait parfois injustes, il parvient à rester dans l’ombre aux côtés des dirigeants Vietnamiens exilés en Californie, et à transmettre des informations sur leurs chimériques combats dans ses lettres codées aux camarades communistes restés au Vietnam. Il  y sacrifie toute vie personnelle, et même son intégrité. Finalement la seule loyauté qu’il conserve jusqu’au bout est celle qu’il ressent pour ses deux amis d’enfance, ses frères de sang Bon et Man.

    « Je suis un espion, une taupe, un agent secret, un homme au visage double. »  Ainsi commence la longue confession de cet homme, dont l’identité a été double dès le plus jeune âge : bâtard eurasien caché d’un prêtre catholique, ayant grandi à Saigon mais fait ses études aux Etats-Unis, agent double communiste infiltré dans l’armée du Sud-Vietnam.  Piètre assassin, ni volontairement tortionnaire, ni innocent, taxé par les communistes « d’américanisme réactionnaire », il subit à son tour la torture de la rééducation et tente par sa confession de prouver sa loyauté à la cause communiste.

    Au passage, l’auteur en profite pour introduire une satire de l’hypocrisie des politiciens américains, et de la mise en scène de l’histoire par la machine de propagande Hollywoodienne.

    « Les Français me faisaient pitié, avec leur naïveté à penser qu’il fallait visiter un pays pour l’exploiter. Hollywood était beaucoup plus efficace : il imaginait les pays qu’il voulait exploiter… Cette guerre était la première dont l’histoire serait racontée par les vaincus et non par les vainqueurs, grâce à la machine de propagande la plus efficace jamais créée… »

    Mais où se situe la vérité ? où sont les innocents ? « Que font ceux qui luttent contre le pouvoir une fois qu’il ont pris le pouvoir ? Que fait le révolutionnaire une fois que la révolution a triomphé ? Pourquoi ceux qui réclament l’indépendance et la liberté prennent-ils l’indépendance et la liberté des autres ?... Quant à nous, quel temps il nous aura fallu contempler le rien jusqu’à voir quelque chose ! »

    Lire sur le site de l'éditeur le dossier édifiant "Viet Thanh Nguyen transcende l'histoire. Aline

  • Le sympathisant, prix du meilleur Livre étranger

    Le 7 novembre 2017, l’écrivain Viet Thanh Nguyen a reçu le prix du Meilleur Livre étranger  2017 pour son roman Le Sympathisant, après le prix Pulitzer et le prix Edgar 2016. Voici un extrait du discours qu’il a prononcé lors de sa remise du prix (traduction : Clément Baude).

    « Il y a vingt ans de cela, j’ai commencé à écrire un recueil de nouvelles. Si j’avais su qu’il me faudrait dix-sept ans pour en venir à bout, et trois de plus pour le publier, je ne l’aurais peut-être jamais commencé. Dans ma naïveté, je me disais que je terminerais ces nouvelles d’ici deux ans, qu’ensuite elles seraient achetées et publiées, que je gagnerais des prix et que je deviendrais célèbre. Je savais vaguement, mais sans tout à fait comprendre, combien l’écriture exigerait de moi, à quel point elle me détruirait, à ma grande tristesse mais, au bout du compte, à mon plus grand profit d’écrivain.

    J’ai appris ce qu’était la tristesse en travaillant à ce satané recueil de nouvelles. Je ne savais pas ce que je faisais. Je ne savais pas, alors que je pâlissais doucement devant mon écran d’ordinateur et mon mur blanc, que j’étais en train de devenir un écrivain. C’était en partie une affaire de technique à maîtriser, mais c’était tout autant une affaire d’âme et une habitude de l’esprit. C’était accepter de m’asseoir sur cette chaise pendant des milliers d’heures, recevoir quelques maigres louanges de temps en temps, endurer la tristesse d’écrire en restant convaincu que malgré tout, malgré mon ignorance, quelque chose d’important se produisait…

    Si je parle de mon ignorance et de ma naïveté, de mes combats et de mes doutes, c’est que la plupart des lecteurs ne connaissent que le résultat final des efforts d’un écrivain. Ce résultat final, le livre, semble déborder d’assurance et de connaissance. L’assurance et la connaissance, la « mesure » de l’évaluation et de la progression qui saturent notre vie dans les universités, les entreprises et les bureaucraties, tout cela éclipse les procédés mystérieux, intuitifs et lents – parfois très lents – par lesquels l’art, souvent, opère. L’essentiel de ce qui est crucial dans l’art, ou dans tout travail qui nous importe, quel que soit le domaine, ne peut être ni quantifié ni accéléré.

    Le plus précieux, dans ces mondes des arts et des humanités qui sont les miens, est qu’ils laissent justement la place à ce type de réflexion lente et peut-être inutile..."

    Lire la suite sur le site des éditions Belfond

  • Atelier d'écriture et arts plastiques

    Dans le cadre du concours

    « Imaginez… une nuit à la bibliothèque »

    atelier d'écriture

     Atelier Enfants

    Ecriture, dessin, arts plastiques… tout est permis !

     Mercredi 13 décembre 15h30-17h00

     

    Bibliothèque Eclats de lire

     A partir de 9 ans

     Gratuit - Inscription conseillée

  • Mörk

    roman policier, Islande

     

    Mörk

    Ragnar JONASSON

    La Martinière, 2017

     

    Décidément les auteurs « du Nord » excellent dans les romans policiers !

    Le policier Ari Thor (déjà présent dans un précédent roman Snjor paru en France en 2016) exerce dans la froide Siglufjördur, la ville la plus au Nord d’Islande enclose dans un cirque montagneux. L’hiver approche, engloutissant cette petite bourgade dans une obscurité de plus en plus dense. Un crime plonge les habitants dans l’incompréhension et la peur.  L’inspecteur Herjolfur est abattu d’un coup de fusil alors qu’il menait une investigation aux abords d’une veille maison abandonnée. Ari Thor, secondé par son ancien chef Thomas, se lance dans l’enquête.

    Trafics de drogue, pressions politiques, chantage existent aussi dans cette ville aux apparences si calmes. Des tensions se révèlent au sein de cette petite communauté où chacun connaît l’autre. Les personnages se dévoilent petit à petit. Il est manifeste que le maire Gunnar Gunnarsson et son adjointe Elin cachent des secrets. Otto Nielsson conseiller municipal et principal soutien du maire n ‘hésite pas à menacer Ari Thor. Les premiers éléments semblent donner une direction évidente à l'enquête… Peut-être trop évidente…

    L’enquête se double des interrogations d’Ari Thor sur son couple ; il traverse une crise peut-être grave.

    Le contexte géographique de Siglufjördur entouré de montagnes, l’obscurité qui s’installe peu à peu participent à créer une ambiante particulière et contribuent à la réussite de ce roman. Le rythme du récit est soutenu. Les chapitres sont brefs et prennent la voix des personnages les plus impliqués dans le récit. Le tout est entrecoupé d'extraits du journal d'un interné en psychiatrie. Son ombre inquiétante règne tout le long du récit sans qu’on connaisse son rôle dans cette affaire.

    En fond, l'auteur s'interroge sur l'envers du décor d'une société islandaise souvent dépeinte comme sereine et paisible. Une narration incisive et un environnement original au service d'un récit palpitant, doublé d'interrogations sociales, voilà ce que nous offre ce roman qui a reçu plusieurs prix, dont le Dead Good Reader Award en Angleterre.

    Un polar très efficace qui ne vous décevra pas. Annie