Du côté de Canaan
Du côté de Canaan
Sebastian BARRY
Ed. J. Losfeld (Littérature étrangère), 2012, 274 p., 19.50€
Traduit de l’anglais On Canaan’s Side par Florence Lévy-Paoloni
"Bill n’est plus. Quel bruit fait le cœur d’une femme de 89 ans quand il se brise ? Sans doute guère plus qu’un silence, certainement à peine plus qu’un petit bruit ténu."
Bill est mort. Descendant d’une famille d’hommes Irlandais abîmés par les conflits du XXe siècle.
Bill est mort, et sa grand-mère, Lilly Bere laisse affluer les souvenirs d’une vie qui l’a menée de Wicklow - en Irlande- aux Etats-Unis, terre promise (Canaan) pour les Européens en difficulté. Fille de James Patrick Dunne, chef de la police municipale de Dublin, elle a dû fuir l’Irlande avec son mari, frappé d’un contrat de mort par les indépendantistes.
J’ai beaucoup aimé le récit de Sebastian Barry, sinueux et sobre, qui dévoile peu à peu toutes les vicissitudes de cette femme, liées à l’actualité du siècle en Irlande et aux Etats-Unis. Comme elle l’écrit, Lilly a "eu assez d’histoires pour toute une vie, dans sa propre vie, sans parler de celle de sa patronne, Mme Wolohan." Pour autant, elle ne s’appesantit pas sur les drames, préférant s’appuyer sur les moments de joie.
Pour ne pas gâcher votre lecture, j'évite volontairement de dévoiler les nombreux développements inattendus… Mais j'espère bientôt me plonger dans les autres romans de l'auteur qui développent d’autres personnages de la famille Dunne.
Aline
p. 234 : "Je commence à penser que le fait d’écrire tout cela est un labeur aussi dur qu’un jour de lessive en Irlande… Les souvenirs provoquent parfois beaucoup de chagrin, mais une fois qu’ils ont été réveillés vient ensuite une sérénité très étrange… Et je remarque une nouvelle fois que l’expression « il y a longtemps » n’existe pas finalement. Quand on évoque les souvenirs, tout se passe dans le présent, purement et simplement. De sorte que, à mon grand étonnement, les gens que j’ai aimés retrouvent une nouvelle vie."