Rentrée littéraire septembre 2019
Grâce aux Lulus, les bibliothécaires ont un peu d'avance sur la rentrée littéraire...
Boy Diola
Yancouba Diémé
Flammarion, 2019, 192 p., 17€
Témoin de l’émotion de son père devant le JT montrant l’arrivée d’un bateau de migrants sur la côte Corse, l’auteur réalise que celui-ci a vécu un parcours d'émigré. Dès lors, il revient sur la vie de ce père, « Aperow » en diola, par le biais d’anecdotes collectées à plusieurs époques marquantes de sa vie.
C’est lors d’un voyage à Kagnarou, en Casamance, que l’auteur fait connaissance avec sa famille paternelle, et réalise l’ampleur des changements vécus par son père avant même de quitter le Sénégal.
"Du temps de l’avant avant, les Diolas étaient Asoninkés… L’islam n’est jamais parvenu à rentrer entièrement dans le corps d’Apéraw. Il y est entré, et en est sorti plusieurs fois. Musulman en surface, mais Asoninké en profondeur". "Je ne connais pas son âge. Aperaw a l’air d’avoir 400 ans. Comment peut-il avoir vécu à la fois l’époque où l’on faisait griller de la viande de cochon et celle de l’école coranique ? L’époque des accouchements dans la forêt et celle des premiers dispensaires ?"
Après son passage par Dakar, la Côte d’Ivoire, le Libéria, l’ancien paysan -puis menuisier- s’installe en France, et travaille comme ouvrier chez Citroên. "Les parcours se ressemblent à la Cité. Familles nombreuses, lits superposés, grosse ambiance, père ouvrier, deux épouses et mères femmes de ménage".
La narration un peu décousue, toujours au présent, alterne -sans autre logique que celle des souvenirs- les faits anciens ou récents, au risque d’égarer un peu le lecteur. Pourtant, on se laisse happer par l’écriture vivante et évocatrice, parsemée de citations d’Aperow. On sent beaucoup d’amour et de fierté pour ce père, travailleur et courageux, portant cravate « parce que j’ai le droit ».
Aline