Le Bon, la Brute et le Renard
Le Bon, la Brute et le Renard
Christian Garcin
Actes Sud, 2020, 336 p., 21€50
Voilà un roman original et désopilant ! Le titre déjà fait sourire et donne le ton de ce récit plein d’humour. Je ne peux qu’en conseiller la lecture ; elle apporte une très agréable diversion dont on a bien besoin actuellement.
Christian Garcin prend un malin plaisir à entraîner le lecteur dans des univers parallèles où le réel se joue de l’imaginaire et où l’imaginaire aspire le réel. L’intérêt du livre ne réside pas dans l’intrigue, très simple, mais dans l’ambiance, dans cette histoire rocambolesque, dans les dialogues piquants ciselés comme des répliques de théâtre, d’un théâtre qui ne se prendrait pas au sérieux.
Le célèbre policier Zhu Wenguang dit Le Renard assisté de son collaborateur Agvan Djordjé dit Bec de canard sont venus spécialement de Chine pour retrouver Yu la fille de Zhu Menfei, restaurateur installé à New York et cousin de Zhu Wenguang. Accablés de chaleur, ils sillonnent le désert californien, se demandant ce qu’ils font là au milieu de nulle part et à quoi ils servent car cette enquête sans bagarres, sans action, ne les amène à rien, les ennuie et les démoralise.
Dans leur lente progression, ils croisent un policier américain et sa supérieure hiérarchique, parlant finnois (détail important) lancés à la poursuite d’un jeune homme disparu. Une autre enquête s’entremêle à la première. Chen Wanglin, journaliste à Pékin, également auteur d’un polar mettant en scène Zhu Wengang, est envoyé en France, officiellement pour écrire des articles et officieusement pour retrouver Meijie, la fille de son patron, venue à Paris pour ses études et dont il est sans nouvelles. Trois disparitions, certes, mais d’adultes pas toujours en bons termes avec leurs parents...
La vacuité du décor et la simplicité de l'intrigue contrastent avec la complexité de ce récit décapant et la richesse des thèmes abordés. Le Renard et Bec de Canard ne sont pas des êtres balourds et rustres comme on pourrait le supposer, ils sont épris de poésie chinoise, se réfèrent aux principes taoïstes, s’intéressent aux théories de l’évolution, et ont aussi des centres d’intérêt plus pragmatiques comme la gastronomie, la lutte mongole etc...
Dans cette région brûlante, presque désertique et si opposée à son univers habituel, Le Renard en vient à douter de sa propre existence. Lui et ses deux compères vivent-ils dans la vraie réalité ou dans un monde d’illusions ? Sont-ils des personnages réels ou sont-ils crées par Chen Wanglin et, d’ailleurs, celui-ci existe-t-il vraiment ou est-il l’œuvre d’un autre écrivain quelque part dans une troisième dimension ?
Ce roman désopilant séduit par sa fantaisie, son humour, sa légèreté. Annie