07/04/2022
Entrez dans l'histoire avec Jean Teulé et Eric Vuillard
Rencontre du "Bouillon de lecture" à la bibliothèque de Saint Laurent d'Agny le 7 avril 2022.
Une sortie honorable
Eric Vuillard
Actes Sud, 2022
Récit : la guerre d’Indochine qui a duré de 1946 à 1954 et qui s’est poursuivie en guerre du Vietnam jusqu’en 1975. Une logique de désastre, la sortie de la colonisation, avec le portrait et la critique d’une classe dirigeante, de l’armée de la banque. Très beau texte, bien écrit, pas de concession, ni de cadeau, pas de détail superflu.
La guerre des pauvres
Eric Vuillard
Actes Sud, 2020 Actes Sud
Récit : 1524, les pauvres se soulèvent dans le sud de l’Allemagne, l’insurrection se propage rapidement en Suisse et en Alsace. Un personnage se détache, Thomas Munster, prédicateur religieux, aidé par l’imprimerie qui divulgue ses écrits il dérange les puissants et terminera sur le gibet.
L’ordre du jour
Eric Vuillard
Actes Sud, 2017
Prix Goncourt 2017
Récit : Le livre commence par la réunion secrète des 24 puissants patrons allemands le 20 février 1933, convoqués par Goering et Hitler pour financer la campagne du parti nazi, et ils s’exécutent. Tous profiteront de la suite des évènements pour s’enrichir et financeront à l’avenir, d’autres partis. L’auteur se faufile dans les coulisses de l’histoire pour décrire l’envers du décor, les personnages et les évènements avec une précision et une puissance remarquables.
14 Juillet
Eric Vuillard
Actes Sud, 2016
La prise de la Bastille, décrite par ceux qui y étaient. Un récit ardent et pittoresque, décrivant les petites gens (noms, métiers), qui convergent vers la forteresse dans les rues de Paris.
La bataille d’occident
Eric Vuillard
Actes Sud, 2012
La "Grande guerre" de 14-18, récit à partir d’évènements réels et imaginaires. Une observation des dirigeants toujours critique et dénonçant les aberrations.
Azincourt par temps de pluie
Jean Teulé
Mialet Barrault, 2022
La bataille perdue du 5 octobre 1415. Six mille soldats anglais en train de rentrer chez eux se retrouvent pris au piège des français en surnombre, bottés, cuirassés armés jusqu’aux dents. L’aristocratie française se précipite pour participer à la curée. Aucun n’en sortira vivant, 3 jours de tuerie sanglante, sous une pluie battante, où l’armée française se fait massacrer pour rien. Jean Teulé nous raconte cet épisode désastreux. Avec sa verve et son sens du détail habituels.
Entrez dans la danse
Jean Teulé
2018
Strasbourg le12/7/1518, une étrange épidémie, jette dans la rue 2000 personnes qui se mettent à danser jusqu’à l’épuisement et à la mort. En pleine famine, les pauvres deviennent fous et se lancent dans cette danse infernale que les autorités municipales ne peuvent enrayer. Un fait historique sorti de l’oubli, qui s’est répété dans d’autres sites, Allemagne, Madagascar.
Fleur de tonnerre
Jean Teulé
Julliard, 2013
Biographie romancée d’une tueuse en série française, Hélène Jagado, une enfant adorable, une fille charmante, une femme dévouée, qui tue tous ceux qui croisent son chemin, enfants, hommes, femmes, jeunes, vieux et qui finira guillotinée le 6 février 1852 à Rennes.
Charly 9
Jean Teulé
Julliard, 2011
Un roi de France calamiteux
Mangez-le si vous voulez
Jean Teulé
Julliard, 2009
Un jeune aristocrate, Alain de Moneys, soupçonné à tort d’espionnage, est lynché, brulé et mangé par les gens de son village. Excessif et hyper réaliste, le récit part toujours de faits réels.
Le Montespan
Jean Teulé
Julliard, 2008
Au temps du roi soleil, l’histoire du marquis qui refuse que son épouse devienne la favorite.
Prochaines rencontres dans les bibliothèques de la Copamo :
- Chassagny le 9 mai 2022
thème : arbres, forêt, nature
- Orliénas le 9 juin 2022
coups de cœur
17:32 Publié dans Bouillon de lecture, critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, roman historique
28/02/2022
Bouillon poétique et humoristique
La dernière réunion du comité de lecture portait sur la poésie et l'humour. Et pour se mettre dans l’ambiance...
La Cène
Ils sont à table
Ils ne mangent pas
Ils ne sont pas dans leur assiette
Et leur assiette se tient toute droite
Verticalement derrière leur tête
Jacques Prévert (Paroles)
Scotland
Créaphis (Passeport), 2019
Poésies de Jacques ROUBAUD illustrant les photographies prises en Écosse par Jean- Pierre GILSON (Coll.Passeport). J.ROUBAUD est né à Caluire en 1932. Il est poète, écrivain et mathématicien. Il a aussi écrit pour les enfants. Il est membre de l’Oulipo. Il a reçu le grand prix de la poésie en 1990 et en 2021 un prix pour l’ensemble de son œuvre.
Pour lui « Un poème est un objet scientifique à quatre dimensions »
Dans cette réédition en petit format « lectures de paysages » les thèmes sont l’eau, l’air et les pierres.
L'or noir (CD)
Ed. Naïve (Poétimusika), 2012
Arthur H sur fond musical dit des poèmes écrits par des auteurs créoles tels que Aimé Césaire, Edouard Glissant, Dany Laferrière … Poésie contemporaine de la Caraïbe francophone. Thèmes de la terre, l’amour, la mort.
Aller simple
suivi de L'hôte impénitent
Erri DE LUCA
Gallimard Poésie, 2021
Prose rythmée. Ecriture et engagement fidèles à l'auteur. Thème des réfugiés qui arrivent par la mer.
Echos du silence
François CHENG
Ed. Créaphis (Passeport), 2018
Textes écrits à partir des photos de paysages québécois de Patrick LE BESCON. Il s’agit d’une réédition en petit format comme pour Scotland (ci-dessus) ce qui nuit un peu à l’immersion ….
Aux marches de la Bretagne
Yvon LE MEN & Emmanuel LEPAGE
Dialogues, 2019
Bretagne rude illustrée par les belles aquarelles de Lepage.
Pipi, les dents et au lit
Laetitia CUVELIER
Le Cheyne, 2015
Poésie de la vie quotidienne : enfants, montagne, compagnon … des mots tout simples pour évoquer en les adoucissant les menus faits de tous les jours … Rafraîchissant …
Haïkus, la voix des animaux
Seuil, 2019
L’art des haïkus pour nous « conter » les animaux. Très belles illustrations.
Noir volcan
Cécile COULON
Castor Astral, 2020
2ème livre de poésies pour cette auteure où on trouve l’Amour, la Mort, la Vieillesse … Intensité et violence émotive ; la chute des poèmes nous replonge brutalement dans la réalité …
Mes sentiers et mes chemins
Tout au long de ma route
Ed. du Mont Popey
Poète givordin à découvrir qui évoque la nature et ses sentiments.
Ô ma mémoire
Stéphane HESSEL
Points Poésie, 2011
Pour ses 88 ans S.HESSEL retrouve 88 poèmes qui l’ont accompagné toute sa vie dans les bons comme les moins bons moments (« j’ai décidé que la poésie était ma patrie, mon paysage spirituel, ma passion »)
Anthologie de la poésie Kazakhe contemporaine
Ed. Michel de Maule, 2019
Beaucoup d’auteurs contemporains et de poèmes souvent sombres : la guerre, la souffrance et la mort… mais pas seulement.
Monument national
Julia DECK
Ed. de Minuit, 2022
Histoire d’un vieux chanteur sur le point de mourir… Récit narré par une petite fille. Ecrit pendant la pandémie, les personnages sont très actuels et l’humour grinçant.
Les caves du Vatican
André GIDE
Tiré d’une histoire vraie (truands, pape enlevé , rançon…)
Ces 2 livres qui critiquent la société sont à mettre en parallèle….
Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire
Jonas JONASSON
Presses de la Cité, 2011
Bestseller. Aventures loufoques.
Le rire du Cyclope
Bernard WERBER
Albin Michel, 2010
Enquête de Lucrèce et Isidore sur le mystère du rire à travers les âges depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. L’intrigue est capillotractée, l’ensemble est distrayant.
Jamais la même chose
François MOREL
Denoël, 2017
Chroniques France Inter 2015/2017. Valérie nous lit les chroniques suivantes, qui nous montrent l'humour grinçant, mordant, moqueur, mais aussi touchant de François Morel.
Le vieillard et le bélier
Les primaires vues par Jean De La Fontaine
Papa Maman regardez–moi mais avec vos yeux
Du lu mais surtout de l’entendu pour ce bouillon qui raccroche la Vie à la poésie et à l’humour. Cela fait du bien …
Valérie B.
18:03 Publié dans Bouillon de lecture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, humour
07/02/2022
Auteurs Haïtiens
En janvier, ce sont les auteurs Haïtiens qui nous ont réunis.
Jacques ROUMAIN (1907-1944)
Né à Port-au-Prince dans une famille cultivée et très politisée, il étudie dans plusieurs pays d’Europe, puis revient en Haïti en 1927. Cofondateur de La Revue Indigène (poésie et nouvelles), très actif dans la lutte contre l'occupation américaine d'Haïti, il fonde en 1934 le Parti communiste haïtien. En raison de ses activités politiques, il est régulièrement arrêté et exilé. Après le changement de gouvernement à Haïti, il est autorisé à revenir dans son pays natal. Il fonde le bureau d'Ethnologie de la République d'Haïti et en prend la direction, tout en enseignant l'archéologie précolombienne et l'anthropologie préhistorique à l'Institut d'Ethnologie. En 1941, le président Élie Lescot l'investit d'une charge de diplomate à Mexico.Gouverneurs de la rosée
Publié dans l’Humanité en 1947, adapté au théâtre.
Le temps des cerises (2000), Zulma (2013)
Vie des habitants de Fontrouge dans les années 1940. La commune est dévastée par la sécheresse et la déforestation. Un jeune homme, parti 15 ans travailler à la canne à sucre, ne reconnait plus son village en rentrant. Suite à un partage foncier, les rivalités font rage. De Cuba, il ramène ses pratiques collectives et agricoles, et essaie de restaurer l’harmonie. En parallèle, une histoire d’amour. "Leçon de dignité humaine et chant d’amour au peuple haïtien" J. Stephen Alexi
FRANCKETIENNE (1936- )
Jean-Pierre Basilic Dantor Franck Étienne d'Argent, dit Frankétienne. En 1962, au début de l'ère Duvalier, Frankétienne fréquente le groupe Haïti littéraire. La situation politique devient intenable pour les intellectuels, dont beaucoup quittent le pays pour le Canada, la France ou l'Afrique. Franketienne décide de rester en Haïti pour écrire et pour lutter. Chacune de ses œuvres est ancrée dans l'histoire contemporaine haïtienne. Ministre de la Culture sous la présidence de Leslie F. Manigat, il est fait Commandeur des Arts et des Lettres en juin 2010. Poète, dramaturge, peintre, musicien, chanteur et romancier en créole comme en Français, il reçoit en 2021 le Grand prix de la francophonie, décerné par l’Académie française.
Mûr à crever, 1968
Dans une Haïti de cauchemar, entre envahisseurs américains et régime de terreur de Duvalier, où des hommes désespérés préfèrent se jeter dans une mer grouillant de requins plutôt que de retourner à l'enfer quotidien, deux hommes se croisent, se sauvent, se retrouvent après s'être perdus : Raynand l'activiste et Paulin l'écrivain. L’ensemble du livre est très dur, morbide, malgré quelques lignes lumineuses et une écriture poétique.
« Pourtant à chaque aube, une brise nouvelle refait la coiffure des plantes ».
Yanick LAHENS (1953- )
Yanick Lahens grandit à Port-au-Prince au sein d’une famille élargie, cohabitant avec son arrière-grand-mère et sa grand-mère. La transmission de la culture traditionnelle haïtienne est un élément central de son éducation familiale, et de son œuvre. Elle fait des études de lettres à Paris, avant de s’installer en Haïti, où elle s’engage contre l’illettrisme.
La couleur de l’aube
Ed. S. Wespieser, 2008
Deux femmes ne voient pas revenir leur frère. Elles le cherchent pendant des jours : la rue, les bruits, la peur… et beaucoup d’énergie pour se faufiler entre les difficultés et enquêter.
Bain de lune
Ed. S. Wespieser, 2014
Prix Femina
Roman familial sur trois générations de paysans/pêcheurs d’Anse Bleue. Au village, assez éloigné de Port-au-Prince, les traditions vaudou perdurent malgré la présence tolérée des prêtres. Entre la famille Lafleur « porteurs de points puissants » (prêtres vaudou) et les Mésidor, grands propriétaires ayant accaparé les terres alentours, les relations sont tendues. Ce qui n’empêche pas Tertulien Mésidor de se mettre en ménage avec la jeune et belle Olmène. La violence est omniprésente : ouragans, meurtres, droit de cuissage, esprits vaudou et combats politiques, avec l’arrivée du « petit docteur au chapeau noir » (Papa Doc) et les exactions des milices.
Le récit est haut en couleurs, avec ses scènes de marché ou de festivités villageoises. Les expressions créoles ajoutent à son charme… et à sa complexité. Aux personnages multiples vient s’ajouter la complainte d’une femme martyrisée échouée sur une plage qui ponctue le récit.
Douces déroutes
Ed. S. Wespieser, 2018
Le roman débute par une lettre écrite par un juge à sa femme. Il sait que sa vie est en danger, pour avoir voulu garder son intégrité face à la corruption d’Haïti. Après sa mort, Brune sa fille, et Pierre son beau-frère, essaient de comprendre ce qui s’est passé. A la suite d’une dizaine de personnages forts, Yanick Lahens nous entraîne dans les entrailles de Port-au-Prince, dont elle sait si bien faire vivre l’ambiance. L’écriture est assez incisive… et la violence n’est pas qu’en Haïti.
Lyonel TROUILLOT (1956- )
Né à Port-au-Prince dans une famille d’avocats, Lyonel Trouillot fait des études de droit, mais sa passion pour la littérature le pousse vers une carrière d'écrivain. Il collabore à différents journaux et revues d'Haïti, publie beaucoup de poèmes, écrit des textes de chansons. Dans ses romans, il aborde le registre de l'intimité et du sentimental tout en confirmant son engagement social.
Il se bat également au service de la démocratie de son pays et de la résistance face à une dictature oppressante, comme en témoigne le roman Bicentenaire, paru en 2004.
L’amour avant que j’oublie
Actes Sud, 2007
Un écrivain, submergé par l’envie de parler à une inconnu, s’adresse tantôt à cette femme, tantôt à ses amis. Méditation sur la nécessité de réconcilier nos vies avec les mots.
Yanvalou pour Charlie
Actes Sud, 2009, Prix Wepler
Né dans un village très pauvre, Mathurin veut devenir avocat. A Port-au-Prince, il a tout renié pour avancer socialement. Charlie ranime en lui le souvenir de l’enfance.
Très belle écriture poétique, pour ce roman qui évoque la misère, et la capacité à survivre, à se défendre.
Louis-Philippe DALEMBERT (1962- )
Fils d’instituteurs, L.-P. Dalembert a grandi dans un quartier populaire de Port-au-Prince. De formation littéraire et journalistique, il travaille comme journaliste dans son pays natal avant de partir en 1986 en France poursuivre des études de littérature et de journalisme. Il a enseigné dans plusieurs universités aux Etats-Unis et en Europe. Les traces de ce vagabondage sont visibles dans son œuvre qui met souvent en dialogue plusieurs lieux.
Les Dieux voyagent la nuit
Ed. du Rocher, 2006
L’auteur parle de son enfance. A "Port-aux-Crasses", sa mère chrétienne rejetait le vaudou, ce qui ne faisait qu’exacerber son envie de découvrir les cérémonies traditionnelles. Il accompagnait sa grand-mère. Au rythme des tambours vaudou, les Dieux vagabonds ramènent les morts à la Guinée des origines.
Avant que les ombres s’effacent
Ed. S. Wespieser, 2017
Histoire de Ruben Schwarzberg, juif polonais. Une bonne partie de la famille a réussi à fuir, qui à New-York, qui en Palestine. Lui est envoyé à Buchenwald, dont il pourra sortir en 1938 grâce au décret Haïtien permettant de naturaliser les Juifs et de leur conférer la citoyenneté. Recueilli par la communauté haïtienne, devenu médecin, il vivra à Haïti.
Ce récit assez incroyable est inspiré d’une histoire vraie. Facile à lire, bien écrit et positif, c’est un très beau livre, récompensé par le Prix Orange du Livre, et le Prix France-Bleu-Page des libraires.
Mur Méditerranée
Ed. S.Wespieser, 2021
Ne parle pas d’Haïti, mais dresse le portrait de femmes migrantes. Récits d’exil et condition humaine.
18:35 Publié dans Bouillon de lecture, critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman étranger, roman, haïti
Auteurs Haïtiens : Dany Laferrière
Dany LAFERRIERE (1953- )
Né à Port-au-Prince, Dany Laferrière passe son enfance à Petit-Goâve avec sa grand-mère Da, un des personnages marquants de son œuvre. Son père, Windsor Klébert Laferrière vit alors en exil, en raison de son engagement politique contre « Papa Doc ». Il fait ses études à Port-au-prince, puis devient journaliste et chroniqueur radio. Le 1er juin 1976, son ami et collègue le journaliste Gasner Raymond est assassiné par les Tontons Macoute. À la suite de cet événement, craignant d'être le prochain « sur la liste », il quitte Haïti du jour au lendemain pour Montréal, n'informant que sa mère de son départ. Vivant entre Montréal et Paris, il a reçu plusieurs prix littéraires, et est membre de l’Académie Française depuis 2013.
Pays sans chapeau, 1996
En Haïti, le pays sans chapeau, c’est l’au-delà, puisqu’on n’enterre pas les morts avec leur chapeau. Ce texte a été écrit au retour de l’exil. Parti à 23 ans pour échapper aux Duvalier, il raconte ses retrouvailles avec Haïti 20 ans plus tard. Toutes ses sensations lui reviennent brutalement. Dans une alternance de chapitres, Pays rêvé s’attache aux croyances vaudou qui perdurent (pays de morts et de revenants) tandis que Pays réel relate le monde des vivants. Empreinte de tendresse, de mélancolie et de nostalgie, Dany Laferrière emploie une écriture proche de la chronique quotidienne.
Le cri des oiseaux fous, 2000
Même sujet : à 23 ans Dany Laferrière doit quitter son pays. En une seule nuit, il lui faut dire adieu à tous… sans le leur dire. Son meilleur ami vient d’être tué par les Tonton Macoutes et il va partir d’urgence, en secret. Exil, dictature.
Le charme des après-midi sans fin, 1997
Un chapitre par thème, pour évoquer son enfance, son adolescence, l’amour de sa grand-mère, voir les filles… et en même temps replacer sa vie dans le contexte politique.
L'énigme du retour, 2009
Prix Médicis
Le narrateur vit depuis 30 ans à Montréal, mais se sent toujours haïtien dans l'âme. Suite à l'annonce du décès de son père, exilé politique lui aussi, il rentre au pays natal, où il alterne entre souvenirs de jeunesse, et douleur de ne plus se sentir haïtien. Comme n'importe quel blanc, il est victime d'une tourista cuisante, et les gens cherchent à l'exploiter comme un quelconque touriste, sous prétexte qu'il est devenu "riche" et qu'Haïti a faim.
Procédant par touches délicates, l'auteur nous offre une réflexion mélancolique et fine sur l'identité et l'exil, et interroge le passé en même temps qu'il explore le présent. Son écriture alterne entre vers libres, qui rendent ses sensations et ses impressions du moment, et une prose plus factuelle, utilisée pour ses souvenirs et impressions du pays, marqué par les années de dictature.
L’art presque perdu de ne rien faire, 2014
Essai, ou "autobiographie de mes idées". Autoproclamé « spécialiste mondial de la sieste », propice à la réflexion, Dany Laferrière l’érige en art de vivre.
18:34 Publié dans Bouillon de lecture, critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, haïti
24/01/2022
Gaëlle Josse au Bouillon
Le comité de lecture s'est régalé avec les romans de Gaëlle JOSSE, autrice favorite des libraires et bibliothécaires.
Les heures silencieuses
Autrement, 2011
Magdalena est l’épouse d’un administrateur de la Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales. Elle n’a pu reprendre l’activité de son père –armateur – le commerce étant réservé aux hommes. Les femmes restent au foyer, espace intérieur où elle s’est repliée. Elle apparaît dans un tableau de de Witt, décor aux secrets livré par son journal intime….
Nos vies désaccordées
Autrement, 2012
François Vallier est un pianiste célèbre qui découvre un jour que Sophie la femme qu’il a aimée, puis quittée, a été internée… Il quitte tout pour la retrouver… Roman intimiste
Noces de neige
Autrement, 2013
1881 : Anna aristocrate est dans le train qui relie Nice à Moscou. Irina est dans le même train « le Riviera Express » mais relie Moscou à Nice pour retrouver Enzo. Un siècle les sépare mais les histoires de ces deux femmes sont liées à jamais. Huis clos où les évènements tragiques se succèdent.
Le dernier gardien d’Ellis Island
Noir sur Blanc (Notabilia), 2014
03/11/1954, le centre d’Ellis Island (ouvert depuis 1882) va fermer. John Mitchell officier du bureau fédéral de l’immigration remonte le cours de sa vie et écrit son journal et les souvenirs qui le hantent…. Très beau livre.
(Deux participantes au bouillon ont visité ce lieu et nous en livrent leurs impressions et leur ressenti….)
L’ombre de nos nuits
Noir sur Blanc (Notabilia), 2016
Au centre, un tableau de Georges de La Tour (St Sébastien soigné par Irène) de 1639. De nos jours, une femme est saisie par l’attitude d’Irène. Emergent son histoire d’amour, et enfin les mots….
Une longue impatience
Noir sur Blanc (Notabilia), 2018
1950 : dans un village de Bretagne, Louis, 16 ans, n’est pas rentré. Sa mère l’attend. Il y a eu une dispute entre Louis et le deuxième mari de sa mère… Roman sur l’amour maternel inconditionnel. Thème de la famille recomposée. Dualité terre/mère. Rivalité petites gens /notables
Une femme en contre-jour
Noir sur Blanc (Notabilia), 2019
Histoire de Vivian Maïer (1926-2009) femme photographe effacée dont les clichés ont été découverts par hasard. (Une participante a vu l’expo récente consacrée à Vivian Maïer au Musée du Luxembourg et nous en parle….)
Ce matin-là
Noir sur Blanc (Notabilia), 2021
….la voiture de Clara ne démarre pas et c’est le grain de sable qui déclenche le burn-out… et la dépression qui suit. Naufrage, accostage puis reconstruction….
Geneviève
10:51 Publié dans Bouillon de lecture, critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman
Franck Bouysse au Bouillon
Trois romans très forts, évoqués en décembre au comité de lecture
Glaise
Manufacture des Livres, 2017
Monde paysan, sauvage avec conflits autour des terres… Monde humain qui parfois rejoint le monde animal ….
Né d’aucune femme
Manufacture des Livres, 2019
Rose est vendue par son père à un "notable" du village. Elle écrit dans ses carnets les épreuves vécues. Conte cruel. Thème du Mal... et de l’écriture qui permet de supporter.
Buveurs de vent
Albin Michel, 2020
Dans une vallée coupée du monde où tout tourne autour d’un barrage et d’une centrale hydro-électrique, vit une famille avec quatre enfants : Marc, Mabel, Matthieu et Luc. Le père est violent, la mère "bigotte", le grand-père infirme...
Livre rude, noir, mais parfois poétique, difficile à classer (à la fois conte et western…) sans repère de temps ni d’espace. L'écriture est envoûtante, le climat angoissant.
Geneviève
10:48 Publié dans Bouillon de lecture, critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman
02/11/2021
BD et romans graphiques, les choix du Bouillon
Ne m’oublie pas
Alix GARIN
Le Lombard, janvier 2021, 224 p., 22€50
La grand-mère de Clémence, atteinte de la maladie d’Alzheimer, vit en institution. Elle fugue régulièrement pour retourner dans « sa maison d’enfance ». La directrice de l’établissement menace de la mettre sous camisole chimique. Clémence décide alors d’organiser une vraie fugue et accompagne sa grand-mère sur les traces de son passé.
Illustrations très douces, tendres qui accompagnent bien un sujet difficile.
Chez toi, Athènes 2016
Sandrine MARTIN
Casterman, avril 2021, 228 p., 23€
Raconte la rencontre de deux femmes dans un camp de réfugiés à Athènes : une sage-femme grecque et Mona, une jeune syrienne, enceinte.
Histoire très émouvante abordant le thème de l’exil.
Coming in
Elodie FONT et Carole MAUREL
Payot (Payot Graphic), sept. 2021, 144 p., 19€
Roman graphique autobiographique. L’auteure aborde le long cheminement interne nécessaire pour prendre conscience et accepter son homosexualité, l’acceptation de soi.
Récit fort et bouleversant.
S’enfuir, récit d’un otage
Guy DELISLE
Dargaud, sept. 2016, 432 p., 27€50
Roman graphique retraçant les 111 jours de captivité de Christophe André dans le Caucase.
Immersion totale garantie dans le quotidien de cet otage grâce aux illustrations.
Happy Hour à Mossoul
Jérémy FERRARI et Patrick BORKOWSKI
M. Lafon, oct. 2017, 252 p., 19€95
Roman graphique abordant l’histoire de l’humanité de manière très caustique et drôle. Thèmes : l’inutilité des guerres, le sens de la vie …
Nellie Bly, dans l’antre de la folie
Virginie OLLAGNIER et Carole MAUREL
Glénat (Karma), février 2021, 144 p., 22€
BD biographique de la première journaliste d’investigation, Elisabeth Cochrane (1864 - 1922) qui n’hésita pas à se faire interner dans un asile psychiatrique pour femmes à New York afin de dénoncer les conditions de vie de ses résidentes.
Texte engagé, dur, adouci par le graphisme de Carole Maurel.
Zaï Zaï Zaï Zaï
FABCARO
Six Pieds Sous Terre (Monotreme), mai 2015, 80 p., 13€
BD retraçant l’histoire d’un auteur de BD qui alors qu’il fait ses courses et arrive à la caisse pour payer, réalise qu’il n’a pas sa carte de fidélité sur lui. Interpellé par le vigile, il prend la fuite après l’avoir menacé. Il devient alors un fugitif traqué par la police. Récit choral où tous les membres de notre société s’expriment : médias, police, voisins, famille … avec leurs réactions improbables ou au contraire, très prévisibles.
Histoire très drôle servie par un graphisme très simple.
L’esprit critique
Isabelle BAUTHIAN et GALLY
Delcourt (Octopus), mars 2021, 120 p., 16€50
BD documentaire traitant d’un sujet complexe : le fonctionnement de la pensée, du discernement, de l’esprit critique. Au cours d’une soirée, Paul rencontre la druide Masha. Paul étant très rationnel, logique, pas du tout superstitieux, le courant ne passe pas du tout entre eux. Paul va alors être accompagné par l’Esprit Critique -personnalisé dans le dessin par une femme- qui va le suivre et le pousser à réfléchir sur ses réactions et sa façon d’agir face aux situations qui s’offrent à lui.
Drôle, pédagogique et accessible à tous. Parfois ardu à suivre.
Meurtre au Mont Saint Michel
Jean-Blaise DJIAN et Marie JAFFREDO
Glénat / éditions du Patrimoine, juillet 2015, 48 p., 14€50
BD polar. Automne 1936. Un soir, alors que et la brume vient de tomber sur le Mont-Saint-Michel, la petite Lucie est témoin d’un meurtre ! Terrorisée, la fillette a un geste de recul qui trahit sa présence et, aussitôt, se retrouve prise en chasse par le meurtrier. Dès l’aube, tous les habitants se mettent à fouiller la baie et le Mont à la recherche de Lucie, portée disparue, mais c’est le corps sans vie de la bonne du curé qui est retrouvé !
Ambiance Agatha Christie. Beaux dessins en teintes sépia évoquant le mystère.
La librairie de tous les possibles
Shinsuke YOSHITAKE
Milan, sept 2018, 104 p., 13€90
C’est une librairie spécialisée dans les livres sur les livres, dans laquelle on trouve tout sur tout, tenue par un libraire qui sait tout sur tout. Dessin simple. Texte cocasse, original, poétique, tendre.
Georges de La Tour, La Madeleine à la veilleuse
LI-AN
Glénat (Les Grands Peintres), 2015, 56 p., 14€95
BD documentaire retraçant l’histoire de Georges de La Tour, l’un des plus grands peintres caravagesques du XVIIe siècle. De son vivant, son talent était reconnu, à tel point que Louis XIII le nomma peintre ordinaire du roi. Son style clair-obscur, parfois qualifié de luministe, a failli tomber dans l’anonymat (très peu de ses tableaux sont signés). Grâce à des historiens de l’art passionnés, il est revenu à la lumière près de deux siècles après sa disparition. Comme son existence est peu documentée, Li-An a un peu imaginé son histoire.
Le dessin simple et semi-réaliste de Li-An colorisé par Laurence Lacroix retranscrit parfaitement le XVIIème siècle. Documentaire à la fin de la BD.
La fissure
Guillermo ABRIL et Carlos SPOTTORNO
Gallimard, avril 2017, 172 p., 25€
Un document qui montre comme nul autre auparavant les migrants, les militaires, les murs qui se dressent. Depuis décembre 2013, les photographe et journaliste espagnols Carlos Spottorno et Guillermo Abril parcourent le monde afin de raconter la crise des réfugiés. Ils ont ramené quelque 25 000 clichés et 15 carnets de notes de leur périple, de l’Afrique à l’Antarctique, des Balkans à la Scandinavie. De cette matière première ils ont produit une BD tenant du “roman photo”.
Très bien documenté, mais pas très facile à lire car très dense. Illustrations frappantes de réalisme (photos colorisées).
Haïkus de Sibérie
Jurga VILE et Lina ITAGAKI
Sarbacane (BD), mars 2019, 22€
Un haïku est un poème classique japonais de dix-sept syllabes réparties en trois vers.
Ce Roman graphique aborde le drame de la déportation, raconté à hauteur d’enfant. Lituanie, 1941. Algis est encore un enfant quand il est déporté dans un camp sibérien. Il raconte son quotidien. Très beau livre. Drôle, émouvant, surprenant.
Fêtes Himalayennes, les derniers Kalash
Jean-Yves LOUDE, Viviane LIEVRE, Hervé NEGRE et Hubert MAURY
Boîte A Bulles / Musée des Confluences, janvier 2019, 96 p., 18€
BD documentaire. Dans les vallées reculées de la frontière Pakistano-afghane, les trois mille derniers Kalash de l'Himalaya tentent de préserver leur culture et leurs traditions ancestrales, désormais menacées par l'islamisation de la société et le monde moderne. À l'approche du solstice d'hiver, les Kalash chantent et dansent pour la renaissance des saisons et la fertilité de leurs cultures. Ils prient les dieux et les esprits de la nature, dialoguent avec les fées et écoutent les instructions du chamane. C'est pour vivre de l’intérieur l’événement le plus sacré de la tradition que Jean-Yves Loude, Viviane Lièvre et Hervé Nègre ont intégré le quotidien de ce peuple, appris leur langue et adopté leurs rites. Un voyage captivant en terres chamanique au cœur du Pakistan. Très belle BD mêlant dessins et photographies.
Au loin, une montagne
CHONGRUI NIE
Steinkis, mars 2019, 28 €
Roman graphique autobiographique. La Révolution Culturelle vécue par le jeune artiste Chongrui Nie : le récit intime et poignant d'une résilience magnifique. Chine, 1966. Chongrui Nie, issu d’une famille de lettrés, perd son père et devient soutien de famille. Lui qui rêvait d’entrer dans une école d’arts est contraint de travailler dans une usine de construction à Pékin. 1968, en pleine révolution culturelle, il est envoyé dans une usine d'armement de la province de Shanxi à Guan Cen Shan. Saisi par la beauté qui l'entoure, Chongrui Nie va consacrer tout son temps libre à dessiner et à photographier tout ce qu’il voit : les paysages, les temples, les animaux, des scènes de vie paysannes, des scènes de vie ouvrières... Il reviendra à trois reprises dans cette montagne qui le rappelle à elle.
Très beau livre. Texte sobre. Dessins au crayon en noir et blanc très réalistes, saisissants comme des photographies instantanées.
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25/09/2021
Groupe de lecture : les coups de coeur de l'été
C'est la rentrée aussi pour les lecteurs de nos bibliothèques. Pour cette première rencontre, chacun a présenté son coup de coeur de l'été.
Des diables et des Saints
Jean-Baptiste ANDREA
L'Iconoclaste, janvier 2021, 368 p., 19€
Jo, pianiste de 80 ans, joue du piano dans les gares et les aéroports. Il attend une femme, qui descendra un jour du train, peut-être Rose, qui était à l’orphelinat avec lui dans les Pyrénées.
L’auteur fait parler l’enfant qu’était Jo, pas joyeux sur le fond, mais l’écriture est fluide, agréable. Il saisit avec subtilité l’enfance et la résilience.
Lisière
Kapka KASSABOVA
Marchialy, février 2020, 458 p., 22€
Bulgarie, Grèce, Turquie trois pays, trois versions de l’histoire avant, pendant et après la guerre froide. Les réfugiés de l’époque, récits de personnes qui ont survécu, et de gardes-frontières.
L’autrice est romancière, journaliste et poétesse, elle a utilisé tous ses talents pour écrire ce livre original et instructif. Mythes, histoire, humain, un peu ardu à commencer mais il en vaut la peine !
La famille Mandible 2029-2047
Lionel SHRIVER
Belfond, mai 2017, 528 p. 22€50
Nous sommes en 2029 le président américain déclare le pays en faillite, la famille Mandible dont le grand-père a amassé une petite fortune s’enferme dans un appartement. Les légumes sont hors de prix, l’eau est une denrée rare, le gouvernement réquisitionne l’argent des particuliers.
Sur fond de crise économique, comment faire sans argent, chute et déroute.
La fabrique des souvenirs
Clélia RENUCCI
Albin Michel, août 2021, 309 p., 19€90
Dans un futur proche, des techniciens ont mis au point un système qui permet d’enregistrer des souvenirs. Un marché se met en place autour de ces souvenirs. Le récit tourne autour du souvenir d’une soirée au théâtre et de l’homme qui tombe amoureux d’une femme du passé.
Original plein de romantisme, thèmes : musique, violon luthier, récit sur le passé et la transmission. Peut faire penser au film Vanilla Sky.
Que sur toi se lamente le Tigre
Emilienne MALFATO
Elyzad, septembre 2020, 77 p., 13€90
Irak rural d’aujourd’hui. Une femme franchit un interdit, avoir une relation amoureuse et sexuelle hors mariage. Son amoureux part à la guerre et meurt. Elle est enceinte. La famille en débat, mais chacun sait, et elle aussi, qu’elle va mourir.
Pas larmoyant, la tradition n’est pas remise en cause, tous acceptent cette "fatalité".
Le cerf-volant
Laëtitia COLOMBANI
Grasset, juin 2021, 204 p., 18€50
L’Inde, ses contradictions, les interdits pour les filles. Une jeune institutrice décide d’ouvrir une école et d’apprendre à lire aux jeunes filles.
Récit lumineux, facile à lire.
Comme un empire dans un empire
Alice ZENITER
Flammarion, août 2020, 395 p., 21€
C’est la rencontre d’un assistant parlementaire et d’une hackeuse. Tous deux se battent contre la politique d’aujourd’hui et peinent à vivre dans ce climat.
Roman très axé sur la politique, ancré dans les problématiques de société, qui fait plutôt penser à un documentaire.
La Pâqueline
Isabelle DUQUESNOY
La Martinière, janvier 2021, 460 p., 21€50
Nous sommes en 1798, Victor l’embaumeur fils de la Pâqueline est en prison pour attitude équivoque avec un cadavre, celui de sa femme. Après avoir fait fortune, Victor vivait dans un grand appartement très luxueux dans Paris. La Pâqueline vit dans une extrême pauvreté avec son paon domestiqué. À la suite du procès de son fils, elle est la cible d’un incendie qui détruit sa maison. Elle décide donc de s’installer chez son fils. Découvrant le luxe dans lequel il vivait, elle décide de vendre toutes ses œuvres d’art et objets onéreux afin de vivre dans de meilleures conditions. Elle reprend également l’affaire de son fils et pratique le trafic d’organes. Sur les murs de l’appartement, elle va écrire toute sa vie, afin qu’il comprenne comment il est venu au monde, et quelle a été la vie de sa mère.
Ce personnage est capable de nous faire rire, de nous émouvoir et de nous dégoûter, c’est surprenant ! L’écriture est riche et fine, les descriptions du Paris de 1798 et des coutumes de la Normandie des années 1770 sont impressionnantes d’informations.
Et ils dansaient le dimanche
Paola PIGANI
Liana Levi, août 2021, 224 p.,19€
Nous sommes en 1929, une jeune Hongroise, Szonja, arrive en France à Lyon plus précisément Vaulx en Velin. Elle est embauchée à l'usine de production de soies artificielles, où elle travaille dur dans des vapeurs chimiques toxiques. Hébergée dans un couvent, elle fréquente d’autres ouvriers immigrés, en particulier des Italiens. Leur seule distraction : aller danser le dimanche au bord de la Rize. La crise, les conditions de travail et de licenciement, mèneront ces ouvriers à se rassembler, jusqu'à aboutir au Front populaire.
Un roman riche en descriptions du climat social et des conditions de travail des immigrés ouvriers d’usine en région lyonnaise. L’écriture est fluide, mais si documentée que les personnages manquent un peu de chair - pour un roman.
Dans les geôles de Sibérie
Yoann BARBEREAU
Stock (la bleue), février 2020, 300 p. 20€90
Récit, histoire vraie dans la Russie de Poutine. Un jeune homme travaillant à l'Alliance française à Irkoutsk est arrêté. On lui dit que sa femme l’a accusé de pédophilie sur sa fille. Procès, prison puis hôpital psychiatrique. Il s’échappe, réussit à se réfugier à l’ambassade de France à Moscou, puis s’évader via l’Estonie.
Récit haltant Kafkaïen.
Les Innocents
Michael CRUMMEY
Presses de la cité, janvier 2021, 360 p., 21€
Terre Neuve, au début du XIXe siècle. Deux enfants orphelins sont livrés à eux-mêmes. Ils vivent aux rythmes des saisons, avec des périodes d’abondance et d’autres de disette, ils survivent.
Un roman qui nous décrit le courage et la résilience des enfants.
La saga des Cazalet
Elizabeth Jane HOWARD
La table ronde, de mars 2020 à octobre 2021
Saga d’une famille anglaise, entre 1937 et 1950. Un récit très cinématographique, avec de nombreux personnages. Le tome 4 paraîtra en France en octobre 2021.
1) Etés anglais : Dans le Sussex, toute la famille se retrouve sur la propriété familiale. Ils mènent une vie bourgeoise aisée. Les enfants ressentent les préoccupations des adultes. Avec un retour sur la guerre de 14 et l’implication des Anglais.
2) A rude épreuve : Le quotidien à Home Place est dominé par les nouvelles à la radio, le deuil, les raids allemands, l’accueil d’un groupe d’enfants.
3) Confusion : de 1942 à la fin du conflit mondial, avec des personnages féminins forts.
Les eaux troubles du mojito et autres belles raisons d’habiter sur terre
Philippe DELERM
Seuil, septembre 2015, 247 p., 14€50
Petites descriptions de 2 pages chacune. En 109 pages l'auteur nous livre 40 raisons d’habiter sur terre : Se faire surprendre par une averse et aimer ça, regarder un enfant apprendre à lire en bougeant les lèvres,...
Une terre promise
Barak OBAMA
Fayard, novembre 2020, 848 p., 32€
Récit fascinant et intime de l’histoire en marche. Pouvoir et limites de la démocratie, histoire contemporaine. Ce tome s’arrête à la fin du premier mandat du Président des Etats-Unis.
Cette nuit là
Victoria HISLOP
Les escales, mai 2021, 291 p., 20€
Suite de L’île des oubliés après 10 ans. Victoria Hislop redonne vie à ses personnages. Le 25 août 1957 la colonie de l’île de Spinalonga ferme ses portes. Maria retourne sur l’île avec son mari qui avait trouvé le remède. Anna, la sœur de Maria est assassinée par son époux.
Prochain bouillon de lecture
18 octobre à 20h à la bibliothèque de Taluyers
Bandes dessinées et roman graphique.
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27/07/2021
Auteurs iraniens
Marjane SATRAPI
Artiste franco-iranienne d'expression francophone née le 22 novembre 1969 à Rasht (Iran) surtout connue comme auteure de bande dessinée et réalisatrice.
Persepolis
L'Association, 2000 à 2003, 15€50/tome
BD autobiographique en noir et blanc en quatre volumes où elle raconte son enfance et sa jeunesse entre l'Iran de la Révolution islamique et l'Europe des années 1980-1990. Adaptée au cinéma sous forme de dessin animé en 2007 primé à Cannes en 2008 et aux Césars en 2008.
Broderies
L'Association, 2003
BD en noir et blanc. Thèmes : amour, sexe, femmes iraniennes. Dans les années 80, les « broderies » désignent la reconstruction de l’hymen des femmes avant le mariage. Situation dramatique restituée de manière drôle.
Poulet aux prunes
L'Association, 2004
Prix du meilleur album du festival d'Angoulême 2004. BD en noir et blanc. Adaptée au cinéma en prises de vues réelles en 2011.
L'intrigue se déroule en novembre 1958 en Iran. Nasser Ali Khan, grand musicien de son époque (et grand-oncle de l'auteure elle-même), décide de se laisser mourir à la suite de la casse de son târ. En effet, même avec les târs les plus fameux et onéreux, Nasser Ali ne retrouve pas le goût de jouer. La bande dessinée relate les huit jours durant lesquels le musicien se laisse dépérir, baladé entre ses souvenirs, ses fantasmes et ses rencontres.
Zoyâ PIRZÂD
Ecrivaine iranienne, née en 1952 à Abadan (Iran). Fille de père iranien d’origine russe et de mère arménienne. Ecrit en persan. Les préoccupations et le langage simples et quotidiens de ses personnages abaissent les frontières de la littérature persane, la rendant ainsi accessible au reste du monde, dans un souci de partage humaniste. Ecriture sobre et simple. « Elle écrit des choses ordinaires de manière extraordinaire. »
C’est moi qui éteins les lumières
Zulma, 2013
1er roman décrivant la vie quotidienne d’une famille arménienne d’un milieu aisé très cultivé dans les années 60. Cette vie familiale va être bouleversée par l’arrivée d’une autre famille. Beaucoup d’humour.
Un jour avant Pâques
Zulma, 2008
Un jeune garçon et son amie découvrent les joies de l’enfance. Elle est fille de concierge de l’école, musulmane, et lui est arménien. Dans ce petit village, les deux communautés se côtoient en bonne harmonie avec leurs coutumes, leur religion, les histoires d’amour et d’amitié, les crispations anciennes et les aspirations à la liberté.
Pâques c’est la fête des œufs peints, des pensées blanches, des pâtisseries à la fleur d’oranger. Entre passé et présent, Téhéran et le village natal, la vie quotidienne se dessine avec virtuosité, un art précieux du détail et beaucoup de finesse. Ecriture subtile, toute en finesse, très agréable.
Comme tous les après-midi
Zulma, 2015
Recueil de nouvelles décrivant la vie des femmes iraniennes avec une certaine fatalité. Zoyâ Pirzâd porte un regard incisif sur les pièges de la vie quotidienne.
Le goût âpre des kakis
Zulma, 2009
Recueil de nouvelles abordant le thème du mariage et de la relation homme/femme.
Négar DJAVADI
Née en Iran en 1969 est une scénariste, réalisatrice et écrivaine iranienne-française. Elle vit et travaille à Paris.
Désorientale
Liana Levi, 2016
1er roman, plus ou moins autobiographie, introspectif et historique.
Portrait sur 3 générations d’une famille iranienne en exil en France. Thèmes abordés : l’identité, l’exil, la famille, l’histoire de l’Iran, l’engagement, la ténacité. A l’hôpital Cochin à Paris, Kimiâ, la narratrice attend son tour dans la salle d’attente du service de PMA. « En Iran, cette même salle ressemblerait à un caravansérail débordant de discussion ». C’est sur cette réflexion que le roman commence.
Cette grossesse tant espérée déclenche en Kimiâ le souvenir de son enfance et de ses aïeux. Bien que vivant à Paris depuis 10 ans, elle a du mal à se détacher de son pays natal, de sa culture et de sa famille. Le roman oscille entre le présent dans cette salle d’attente et le passé en Iran dans les années 70.
Arène
Liana Lévi, 2020
Histoire contemporaine qui se déroule sur quelques jours dans un quartier de l’est de Paris. L’auteur décrit un mélange de population parisienne avec le concentré de leurs problèmes : migrants, émigrés, parisiens de plusieurs générations …
Tout commence par une vidéo, filmée par une jeune fille, d’une policière qui essaye de réveiller un homme sur un trottoir en lui donnant un coup de pied, croyant qu’il dormait. Cette vidéo est diffusée et devient virale. Ce roman contient plusieurs personnages, tous importants, et chacun est mis en scène par un autre. Au fil de l’histoire aucun ne se perd.
Négar Djavadi nous montre avec brio que d’une part, quand les faits sont médiatisés à outrance, scénarisés, cela nous empêche de les voir vraiment, de les analyser, de les comprendre. Et d’autre part, que tout acte entraîne des conséquences prévues ou non, dramatiques ou pas… Bon roman, bien écrit. Lorsqu’on commence sa lecture, on ne s’arrête qu’à la fin.
Shahriar MANDANIPOUR
Auteur iranien, né le 15 février 1957 à Chiraz (Iran). L’œuvre de Shahriar Mandanipour a été récompensée en Iran bien que la censure ait interdit la publication de ses romans entre 1992 et 1997. Exilé aux Etats-Unis depuis 2006 où il enseigne à Harvard.
En censurant un roman d’amour iranien
Seuil (cadre vert), 2011
Roman abordant le thème de la censure, de l’amour avec beaucoup d’humour et d’autodérision. A la fois réaliste et fantastique. S'aimer librement en Iran est quasiment impossible. Publier un livre évoquant ce brûlant sujet est interdit. Shahriar Mandanipour rédige sous nos yeux un roman d’amour en faisant apparaître les corrections afin qu’il puisse être accepté et édité.
Yassaman MONTAZAMI
Psychologue et écrivaine française née à Téhéran le 5 février 1971. Arrivée en France en 1974, à l'âge de 3 ans. Elle a longtemps travaillé auprès de réfugiés politiques et a enseigné à l'Université Paris VII - Diderot. Elle exerce actuellement dans un cadre hospitalier.
Le meilleur des jours
S. Wespieser, 2012
« Karl Marx et mon père avaient un point commun : ils ne travaillèrent jamais pour gagner leur vie. « Les vrais révolutionnaires ne travaillent pas », affirmait mon père. Cet état de fait lui paraissait logique : on ne pouvait œuvrer à l’abolition du salariat et être salarié – c’était incompatible. »
Après la mort de Behrouz (le meilleur des jours en persan), sa fille s’attache à retracer son parcours. Frêle nourrisson non désiré, puis entouré par sa mère d’une attention de tous les instants, Behrouz a grandi en Iran dans une famille bourgeoise athée très aisée, proche du pouvoir. Marié à Zahra, qu’il a courtisée avec tant d’assiduité qu’elle a fini par le choisir parmi tous ses soupirants bien qu’elle ne l’aime pas plus qu’un autre. Venu finir ses études en France, à la Sorbonne à la fin des années 60, il a consacré des décennies à la rédaction d’une thèse, jamais achevée (« De la détermination de l’histoire par la superstructure dans l’œuvre de Karl Marx ») et a vécu toute sa vie des subsides maternels. Behrouz contribue en 1979 à la Révolution d’Iran en faisant de son appartement un lieu d’accueil pour les réfugiés iraniens, sans pour autant apprécier la personnalité de Khomeini.
Facétieux, généreux, lucide et bourré de charme, il fait de sa vie une éternelle comédie. Sa fille, sa complice et sa plus grande admiratrice, dresse ici le portrait attachant de ce père extravagant. Ecrit finement, plein d’affection et d’une certaine nostalgie, ce roman reste assez léger. Il est comme une collection de scènes de la vie de Behrouz, d’instantanés de sa relation avec sa mère, sa femme et surtout sa fille. Les évènements d’Iran restent en filigrane. C’est plutôt un roman familial, agréable à lire.
Nazanine HOZAR
Ecrivaine irano-canadienne née à Téhéran en 1978, puis a déménagé au Canada avec sa famille dans son enfance après la révolution iranienne et a grandi à Surrey, en Colombie-Britannique.
Aria
Stock (La Cosmopolite), 2020
1er roman dédié à sa mère, à l’Iran et à la culture persane qui lui est chère.
Téhéran 1953. Behrouz, humble chauffeur dans l’armée découvre, un jour en rentrant du travail dans les quartiers populaires où il vit, une petite fille aux yeux bleus âgée de seulement quelques jours. Malgré la croyance populaire qui dit que les yeux bleus sont le signe du diable, il décide d’adopter ce bébé avec sa femme Zahra. Il la prénomme Aria qui est en fait un prénom masculin et qui signifie « petit conte chanté ».
Saga sur 3 générations de 1950 à 1980 qui raconte le destin d’Aria et ses proches entremêlé à celui de l’Iran : ¼ de siècle de l’histoire iranienne avec le gouvernement du shah Mohammad Reza Pahlavi jusqu’au retour d’exil de l’ayatollah Khomeini et la naissance de la République Islamique.
Roman facile à lire et très intéressant de part les divers thèmes abordés tels que : l’identité, l’amour, l’amitié, la fidélité envers les personnes et envers ses valeurs, la force de caractère, la culture persane, l’histoire de l’Iran.
Saïdeh PAKRAVAN
Saïdeh Pakravan, née en Iran dans une famille francophone, est une auteure franco-américaine. Ecrit des romans, nouvelles et poèmes. Est également critique de film et blogueuse politique.
Azadi
Belfond, 2015
1er roman. En persan, Azadi signifie liberté.
Téhéran, juin 2009. Les élections ont été truquées pour que Mahmoud Ahmadinejad reste à la tête du pays. La jeunesse aisée s’empare de la rue et manifeste son mécontentement, avec allégresse, sur la place Azadi. Chaque jour, Raha, étudiante en architecture, et ses amis rejoignent les manifestants. Un vent de liberté semble souffler. Mais Raha est arrêtée puis violée et torturée en prison. Son monde s’écroule et elle essaie de se reconstruire avec, entre autres, le procès contre ses bourreaux.
La diversité des personnages et leurs expériences donne une vision éclairée de la société iranienne. Le courage et la volonté de Raha donnent une lueur d’espoir portée par cette jeunesse enthousiaste. Pour Saïdeh Pakravan, l’Iran est certes « un monde irrationnel, un monde aux contours incertains », mais il y règne sous la beauté des lieux « un sentiment d’éternité, de poésie, de spiritualité ».
Omar KHAYAM
Né en 1048 (?) à Nichapur en Perse (actuel Iran) mort en 1113 est un poète, philosophe, mathématicien et astronome persan. Ses poèmes sont principalement écrits en persan alors que ses traités scientifiques le sont en arabe.
Quelques citations :
« Sois heureux un instant, cet instant c’est ta vie. »
« Hier étant révolu, ne l'évoque plus !
Ne te lamente pas, non plus, à propos d'un demain pas encore venu !
Ne te fonde ni sur le passé, ni sur le futur :
Vis joyeusement l'instant présent, ne gaspille point tes jours ! »
« La nuit n'est peut-être que la paupière du jour. »
« Le paradis et l'enfer sont en toi. »
« Boire du vin et étreindre la beauté
Vaut mieux que l’hypocrisie du dévot ;
Si l’amoureux et si l’ivrogne sont voués à l’Enfer,
Personne, alors, ne verra la face du Ciel. »
DIVERS
Love story à l'iranienne
de Jane Deuxard et Zac Deloupy
Une bande dessinée de reportage écrite par Jane Deuxard et dessinée par Zac Deloupy. L'ouvrage recueille des témoignages d'Iraniens au début du XXIe siècle : leurs espoirs, leurs questions, leurs craintes et leurs frustrations face à la société. Beaucoup de ces dialogues portent sur les relations amoureuses et familiales compliquées des interlocuteurs. Prix France Info de la bande dessinée d'actualité et de reportage.
Compte-rendu rédigé par Valérie B.
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19/05/2021
Autrices à découvrir, les choix du Bouillon
Chaque participant à la rencontre "Bouillon de lecture" de mai a présenté son choix d'autrice. Prochaine rencontre lundi 14 juin autour des auteur(e)s iranien(ne)s.
Claire KEEGAN
Irlandaise, née en 1968, elle partage sa vie entre Irlande et Corrèze, et anime des ateliers de création littéraire. Elle a commencé à publier vers 2010. Avec une écriture extraordinaire. Claire Keegan sait suggérer sans jamais imposer.
Ce genre de petites choses
S. Wespieser, 2020
Dans une petite ville irlandaise en 1985, le Couvent recueille des jeunes femmes ayant « fauté », les enfants sont retirés à leur mère. Un charbonnier, Bill Furlong, est confronté à une jeune femme qui effondrée parce qu’elle est privée de son enfant. Réflexion de ce charbonnier : que faire ? à l’époque, les agissements de l’Eglise n’étaient pas remis en cause…
Les trois lumières : une fillette se trouve chez sa tante, toujours habillée en garçon. On comprend peu à peu pourquoi.
Joyce Carol OATES
Un livre de martyrs américains
Ed. P. Rey, 2019
Histoire de 2 familles. Dans l’une, le père pratique des avortements, dans l’autre, membre d’une secte « pro-vie », le père tue le médecin. Vie des deux familles : les femmes de ces hommes, et leur descendance. Très gros livre, et pourtant on est déçu d’en voir la fin.
Laura ALCOBA
Le bleu des abeilles
Gallimard (Blanche), 2013
La narratrice a dizaine d’années lorsqu'elle rejoint sa mère, opposante à la dictature, réfugiée en France (son père est emprisonné). Elle s'attend à découvrir le Paris et la France qu’on lui avait fait miroiter en cours de français. Mais Le Blanc-Mesnil ressemble peu à ce qu'elle avait imaginé de son pays d'accueil. Comme dans son premier livre, Manèges, Laura Alcoba décrit la réalité au travers du regard d’une enfant. Le quotidien n’est pas facile, pour autant la jeune fille -l’auteure- reste amoureuse de la langue française.
Fariba VAFI
Un secret de rue
Zulma, 2011
Iran. Une jeune fille assiste son père, en train de mourir. Très factuel. Claude n’a pas tellement aimé.
Milena AGUS
Mon voisin
Ed. L. Levi, 2009
Récit très court. Une jeune femme, mère d’un petit garçon, pense au suicide. Elle échafaude des scénarii de suicide. Un jour, le fils d’un voisin vient, à la recherche d’un copain. Elle entre en relation avec le voisin, et peu à peu sort et commence à s’ouvrir.
Eliette ABECASSIS
Un secret du docteur Freud
Flammarion, 2014
Vienne, mars 1938. Dernière réunion de Freud avec un maximum de ses disciples, avant de quitter Vienne.
Alice MUNRO
Prix Nobel de littérature en 2013 (remarque : il n’y a eu que 16 femmes Nobel de littérature pour 120 hommes). Canadienne, née en 1931 en Ontario, elle a longtemps tenu une librairie à Victoria (sur l’ïle de Vancouver) avec son mari. Elle a publié sa 1ère nouvelle en 1968. Elle écrit en anglais, principalement des nouvelles, parfois liées entre elles, et centrées autour de personnages féminins, dans l’Ontario ou la Colombie Britannique des années 1940 à nos jours.
Fugitives (Runaway)
Ed. de l’Olivier, 2008
Rien que la vie (Dear Life)
Ed. de l’Olivier, 2014
Son écriture est ciselée, avec des histoires qui restent dans la tête. Des femmes qui s’émancipent, ou qui voudraient s’émanciper. Elle a inspiré Almodovar pour son film Julieta, et sa nouvelle L'Ours traversa la montagne, qui évoque la maladie d'Alzheimer, a été adaptée au cinéma en 2006 par Sarah Polley sous le titre Loin d'elle (Away from Her).
Citation : "De certaines choses on dit qu'elles sont impardonnables, ou qu'on ne se les pardonnera jamais. Mais c'est ce qu'on fait - on le fait tout le temps."
Nancy HUSTON
Arbre de l’oubli
Actes Sud, 2021
L’arbre de l’oubli, c’est l’arbre autour duquel tournaient les noirs avant d’être embarqués en bateau, pour garder le souvenir de leur personne. Comme toujours avec Nancy Huston, il est question de temps qui passe, de famille. Shaïna est métisse, de père juif et de mère noire. Elle rassemble en elle les gènes de peuples qu’on a essayé de détruire. Des peuples exilés, qui cherchent à survivre.
Ce roman rappelle un peu Lignes de failles, avec une construction sur plusieurs générations. La langue de Nancy Huston est précise.
Nos livres préférés de cette auteure : Lignes de faille, 2006, et Lèvres de pierre, 2018 (parallèle entre l’enfance de Pol Pot et celle de l’auteure).
Delphine HORVILLEUR
Vivre avec nos morts, petit traité de consolation
Grasset, 2021
Rabbin, Delphine Horvilleur accompagne les vivants confrontés à la mort. Ça donne envie d’être juif pour avoir un tel rabbin ! Avec humour, Delphine Horvilleur remonte dans les traditions, on se rend compte que la tradition juive est aussi la nôtre, puisque nous partageons l’ancien testament.
Juliette BENZONI
La collection Klederman
Plon, 2012
Roman historique à la limite du policier, qui tient bien en haleine.
Claudie GALLAY
Née en 1961 à Bourgoin Jaillieu, institutrice, Claudie Gallay se consacre à l’écriture depuis le succès de son roman Les déferlantes.
Avant l’été
Actes Sud, 2021
5 jeunes filles de 23 ans, au milieu des années 1990. Pour la fête du village, décident de faire un défilé de mode, courent les friperies pour acheter des vêtements qui sortent de l’ordinaire, apprennent la démarche des mannequins, …
Jessica se rend compte qu’elle a beaucoup changé pendant cette période, et s’interroge sur ses choix de vie : elle ne souhaite plus reprendre l’hôtel exploité par sa mère et sa grand-mère. Dans le même style que les Déferlantes, un roman où il ne se passe pas grand-chose, mais que l’on n’a pas envie de quitter. Roman frais et joyeux, plein de promesses.
Valérie PERRIN
Née en 1967, photographe au cinéma au scénariste, elle est connue pour ses romans Les oubliés du dimanche et Changer l’eau des fleurs.
Trois
Albin Michel, 2021
Une histoire d’amitié, très agréable à lire.
Marie NIMIER
Parolière et romancière prolixe.
Le palais des orties
Gallimard (Blanche), 2020
Simon hérite de la ferme de ses parents. Nora et lui cultivent les orties, et parviennent à en vivre, une vie calme et simple avec leur 2 enfants.
Un jour arrive une jeune woofeuse, qui offre ses bras, contre le gîte et le couvert. La jeune fille conquiert tous les membres de la famille, et en bouleverse l’équilibre.
Grande présence de la nature. Va loin dans l’interrogation sur ce qu’est l’amour, le désir, la passion et tous les bouleversements que ça peut apporter quand on ne s’y attend pas. L’écriture de Marie Nimier est fluide et agréable, pas conventionnelle.
Sara Lövestam
Née le 13 juillet 1980 à Uppsala, elle vit à Stockholm. Professeur et linguiste de formation, Sara Lövestam est une militante LGBT. Cette romancière suédoise a abordé le roman historique, le roman policier et la littérature jeunesse. Trois de ses romans ont été publiés en français chez Actes Sud : Différente (2013) prix du Swedish Book Championship, Dans les eaux profondes (2015) et En route vers toi (2016)
Sa série Une enquête de Kouplan, détective sans papier est publiée chez Robert Laffont (La bête noire) :
-Chacun sa vérité 2016 (grand prix de littérature policière 2017)
-Ca ne coûte rien de demander, 2018
-Libre comme l’air 2019
-Là où se trouve le cœur 2020
Elle met en scène un immigré sans papiers à Stockholm. Ancien journaliste d’investigation forcé de quitter l’Iran avant de se faire arrêter, il est devenu par la force des choses détective à la petite semaine pour survivre dans la métropole. Entre demande d’asile, débrouille, crainte d’être repéré par les services secrets iraniens, il mène des enquêtes sans prétention. Tout au long de la série, on voit évoluer son personnage (un homme dans un corps de femme), et on suit ses efforts pour obtenir des nouvelles de sa famille. Qu'est-il arrivé à son frère, arrêté en Iran il y a huit ans ? et à ses parents ?
Victoria MAS
Le bal des folles
Albin Michel, 2019
Premier roman, prix Renaudot des lycéens 2019
Depuis l’arrivée de Charcot à la Salpêtrière, on dit que seules les véritables hystériques y sont internées, mais le doute subsiste quand on voit l’expérience menée par Charcot, adepte de l’exposition des fous, avec le « Bal des folles ». A la mi-carême, se tient dans l’établissement le très mondain « Bal des folles » où le temps d’une soirée, le tout-Paris s’encanaille sur des airs de valse et de polka en compagnie des pensionnaires déguisées.
Le livre raconte le quotidien des femmes enfermées contre leur gré, et dont certaines n’étaient pas vraiment folles. Une histoire romancée qui permet de bien comprendre la vie à la Salpêtrière. Un hymne à la liberté, pour toutes ces femmes que le XIXème siècle a essayé de contraindre au silence. Bien écrit, captivant !
09:13 Publié dans Bouillon de lecture, critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, auteure, autrice