19/05/2021
Autrices à découvrir, les choix du Bouillon
Chaque participant à la rencontre "Bouillon de lecture" de mai a présenté son choix d'autrice. Prochaine rencontre lundi 14 juin autour des auteur(e)s iranien(ne)s.
Claire KEEGAN
Irlandaise, née en 1968, elle partage sa vie entre Irlande et Corrèze, et anime des ateliers de création littéraire. Elle a commencé à publier vers 2010. Avec une écriture extraordinaire. Claire Keegan sait suggérer sans jamais imposer.
Ce genre de petites choses
S. Wespieser, 2020
Dans une petite ville irlandaise en 1985, le Couvent recueille des jeunes femmes ayant « fauté », les enfants sont retirés à leur mère. Un charbonnier, Bill Furlong, est confronté à une jeune femme qui effondrée parce qu’elle est privée de son enfant. Réflexion de ce charbonnier : que faire ? à l’époque, les agissements de l’Eglise n’étaient pas remis en cause…
Les trois lumières : une fillette se trouve chez sa tante, toujours habillée en garçon. On comprend peu à peu pourquoi.
Joyce Carol OATES
Un livre de martyrs américains
Ed. P. Rey, 2019
Histoire de 2 familles. Dans l’une, le père pratique des avortements, dans l’autre, membre d’une secte « pro-vie », le père tue le médecin. Vie des deux familles : les femmes de ces hommes, et leur descendance. Très gros livre, et pourtant on est déçu d’en voir la fin.
Laura ALCOBA
Le bleu des abeilles
Gallimard (Blanche), 2013
La narratrice a dizaine d’années lorsqu'elle rejoint sa mère, opposante à la dictature, réfugiée en France (son père est emprisonné). Elle s'attend à découvrir le Paris et la France qu’on lui avait fait miroiter en cours de français. Mais Le Blanc-Mesnil ressemble peu à ce qu'elle avait imaginé de son pays d'accueil. Comme dans son premier livre, Manèges, Laura Alcoba décrit la réalité au travers du regard d’une enfant. Le quotidien n’est pas facile, pour autant la jeune fille -l’auteure- reste amoureuse de la langue française.
Fariba VAFI
Un secret de rue
Zulma, 2011
Iran. Une jeune fille assiste son père, en train de mourir. Très factuel. Claude n’a pas tellement aimé.
Milena AGUS
Mon voisin
Ed. L. Levi, 2009
Récit très court. Une jeune femme, mère d’un petit garçon, pense au suicide. Elle échafaude des scénarii de suicide. Un jour, le fils d’un voisin vient, à la recherche d’un copain. Elle entre en relation avec le voisin, et peu à peu sort et commence à s’ouvrir.
Eliette ABECASSIS
Un secret du docteur Freud
Flammarion, 2014
Vienne, mars 1938. Dernière réunion de Freud avec un maximum de ses disciples, avant de quitter Vienne.
Alice MUNRO
Prix Nobel de littérature en 2013 (remarque : il n’y a eu que 16 femmes Nobel de littérature pour 120 hommes). Canadienne, née en 1931 en Ontario, elle a longtemps tenu une librairie à Victoria (sur l’ïle de Vancouver) avec son mari. Elle a publié sa 1ère nouvelle en 1968. Elle écrit en anglais, principalement des nouvelles, parfois liées entre elles, et centrées autour de personnages féminins, dans l’Ontario ou la Colombie Britannique des années 1940 à nos jours.
Fugitives (Runaway)
Ed. de l’Olivier, 2008
Rien que la vie (Dear Life)
Ed. de l’Olivier, 2014
Son écriture est ciselée, avec des histoires qui restent dans la tête. Des femmes qui s’émancipent, ou qui voudraient s’émanciper. Elle a inspiré Almodovar pour son film Julieta, et sa nouvelle L'Ours traversa la montagne, qui évoque la maladie d'Alzheimer, a été adaptée au cinéma en 2006 par Sarah Polley sous le titre Loin d'elle (Away from Her).
Citation : "De certaines choses on dit qu'elles sont impardonnables, ou qu'on ne se les pardonnera jamais. Mais c'est ce qu'on fait - on le fait tout le temps."
Nancy HUSTON
Arbre de l’oubli
Actes Sud, 2021
L’arbre de l’oubli, c’est l’arbre autour duquel tournaient les noirs avant d’être embarqués en bateau, pour garder le souvenir de leur personne. Comme toujours avec Nancy Huston, il est question de temps qui passe, de famille. Shaïna est métisse, de père juif et de mère noire. Elle rassemble en elle les gènes de peuples qu’on a essayé de détruire. Des peuples exilés, qui cherchent à survivre.
Ce roman rappelle un peu Lignes de failles, avec une construction sur plusieurs générations. La langue de Nancy Huston est précise.
Nos livres préférés de cette auteure : Lignes de faille, 2006, et Lèvres de pierre, 2018 (parallèle entre l’enfance de Pol Pot et celle de l’auteure).
Delphine HORVILLEUR
Vivre avec nos morts, petit traité de consolation
Grasset, 2021
Rabbin, Delphine Horvilleur accompagne les vivants confrontés à la mort. Ça donne envie d’être juif pour avoir un tel rabbin ! Avec humour, Delphine Horvilleur remonte dans les traditions, on se rend compte que la tradition juive est aussi la nôtre, puisque nous partageons l’ancien testament.
Juliette BENZONI
La collection Klederman
Plon, 2012
Roman historique à la limite du policier, qui tient bien en haleine.
Claudie GALLAY
Née en 1961 à Bourgoin Jaillieu, institutrice, Claudie Gallay se consacre à l’écriture depuis le succès de son roman Les déferlantes.
Avant l’été
Actes Sud, 2021
5 jeunes filles de 23 ans, au milieu des années 1990. Pour la fête du village, décident de faire un défilé de mode, courent les friperies pour acheter des vêtements qui sortent de l’ordinaire, apprennent la démarche des mannequins, …
Jessica se rend compte qu’elle a beaucoup changé pendant cette période, et s’interroge sur ses choix de vie : elle ne souhaite plus reprendre l’hôtel exploité par sa mère et sa grand-mère. Dans le même style que les Déferlantes, un roman où il ne se passe pas grand-chose, mais que l’on n’a pas envie de quitter. Roman frais et joyeux, plein de promesses.
Valérie PERRIN
Née en 1967, photographe au cinéma au scénariste, elle est connue pour ses romans Les oubliés du dimanche et Changer l’eau des fleurs.
Trois
Albin Michel, 2021
Une histoire d’amitié, très agréable à lire.
Marie NIMIER
Parolière et romancière prolixe.
Le palais des orties
Gallimard (Blanche), 2020
Simon hérite de la ferme de ses parents. Nora et lui cultivent les orties, et parviennent à en vivre, une vie calme et simple avec leur 2 enfants.
Un jour arrive une jeune woofeuse, qui offre ses bras, contre le gîte et le couvert. La jeune fille conquiert tous les membres de la famille, et en bouleverse l’équilibre.
Grande présence de la nature. Va loin dans l’interrogation sur ce qu’est l’amour, le désir, la passion et tous les bouleversements que ça peut apporter quand on ne s’y attend pas. L’écriture de Marie Nimier est fluide et agréable, pas conventionnelle.
Sara Lövestam
Née le 13 juillet 1980 à Uppsala, elle vit à Stockholm. Professeur et linguiste de formation, Sara Lövestam est une militante LGBT. Cette romancière suédoise a abordé le roman historique, le roman policier et la littérature jeunesse. Trois de ses romans ont été publiés en français chez Actes Sud : Différente (2013) prix du Swedish Book Championship, Dans les eaux profondes (2015) et En route vers toi (2016)
Sa série Une enquête de Kouplan, détective sans papier est publiée chez Robert Laffont (La bête noire) :
-Chacun sa vérité 2016 (grand prix de littérature policière 2017)
-Ca ne coûte rien de demander, 2018
-Libre comme l’air 2019
-Là où se trouve le cœur 2020
Elle met en scène un immigré sans papiers à Stockholm. Ancien journaliste d’investigation forcé de quitter l’Iran avant de se faire arrêter, il est devenu par la force des choses détective à la petite semaine pour survivre dans la métropole. Entre demande d’asile, débrouille, crainte d’être repéré par les services secrets iraniens, il mène des enquêtes sans prétention. Tout au long de la série, on voit évoluer son personnage (un homme dans un corps de femme), et on suit ses efforts pour obtenir des nouvelles de sa famille. Qu'est-il arrivé à son frère, arrêté en Iran il y a huit ans ? et à ses parents ?
Victoria MAS
Le bal des folles
Albin Michel, 2019
Premier roman, prix Renaudot des lycéens 2019
Depuis l’arrivée de Charcot à la Salpêtrière, on dit que seules les véritables hystériques y sont internées, mais le doute subsiste quand on voit l’expérience menée par Charcot, adepte de l’exposition des fous, avec le « Bal des folles ». A la mi-carême, se tient dans l’établissement le très mondain « Bal des folles » où le temps d’une soirée, le tout-Paris s’encanaille sur des airs de valse et de polka en compagnie des pensionnaires déguisées.
Le livre raconte le quotidien des femmes enfermées contre leur gré, et dont certaines n’étaient pas vraiment folles. Une histoire romancée qui permet de bien comprendre la vie à la Salpêtrière. Un hymne à la liberté, pour toutes ces femmes que le XIXème siècle a essayé de contraindre au silence. Bien écrit, captivant !
09:13 Publié dans Bouillon de lecture, critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, auteure, autrice
16/05/2021
Autrice à découvrir
Une vie et des poussières
Valérie CLO
Buchet-Chastel, 2020, 240 p., 16€
Mathilde 84 ans entre en EHPAD sur décision de sa fille Rose 60 ans. Rose est une femme qui aime le contrôle et la sécurité, et mène tout le monde à la baguette ! Elle cache en elle une blessure, celle de l’absence d’une mère journaliste très occupée par son travail. Au contraire, son frère Baptiste préfère la paix au conflit, et souvent il ne dit rien pour éviter de s’opposer à sa sœur.
Mathilde a reçu un petit calepin en cadeau, de la part de Maryline une aide soignante avec qui elle a lié une amitié pudique. Maryline, c’est une aide-soignante dynamique, joyeuse, professionnelle qui refuse de sacrifier le lien humain avec les résidents au profit du rendement.
Mathilde va noter dans son petit carnet ses souvenirs, son enfance marquée par la guerre, la disparition d’un père et le placement chez des paysans en zone libre. Elle écrit également sur le quotidien d’une vie en EHPAD avec ses bons et mauvais jours.
Son carnet sera découvert par l’aide soignante qui avant de le rendre à la famille écrira un courrier à un éditeur….
Pour faire court, je dirai que c’est un livre « charmant », une leçon de vie, pleine de luminosité, malgré des événements dramatiques survenus durant l’enfance. C’est également un hommage au personnel soignant en EHPAD
Pascale
12:46 Publié dans Bouillon de lecture, coups de coeur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, famille
19/04/2021
De l'humour au bouillon
Rire enchaîné
Petite anthropologie de l’humour des esclaves noirs américains.
Anacharsis, 2016, 14€
Tradition et culture orales, collectées dans le partie sud des Etats Unis, par des « folkloristes » américains des années 1880 aux années 1960. Traduction par un journaliste de Radio France, Thierry Beauchamp. Situations humoristiques empruntes de naïveté, dans une atmosphère des états du sud, des bayous.
Pour ce thème « humour », beaucoup de bandes dessinées !
Toajêne
Bruno Bozzetto, Grégory Panaccione
Delcourt, 2020, 19€99
Quand un microbe amoureux redonne espoir à toute l’humanité, accablée par une pandémie… Mais ce microbe amoureux n’a qu’un objectif, retrouver « Toajêne » dont il est éperdument amoureux. Une bande dessinée burlesque, en noir et blanc, qui touche à la fantaisie poétique.
Jusqu’ici tout allait bien
Ersin Karabulut
Fluide glacial, 2020, 16€90
L’auteur est dessinateur dans plusieurs des derniers journaux turcs. La bande dessinée regroupe plusieurs contes ou fables assez fantastiques cruels, humoristiques, dans une critique acerbe et cinglante de la société.
Didier, la 5e roue du tracteur
Pascal Rabaté, François Ravard
Futuropolis, 2018, 17€
A 45 ans, Didier vit avec sa sœur Soizig en Bretagne. Alors qu’il devait revenir d’une vente aux enchères avec du matériel agricole, c’est son copain Régis qu’il ramène à la ferme. Le courant passe entre Soizig et Régis. Pour que Didier connaisse l’amour à son tour, Soizig l’inscrit sur un site de rencontres. L’amour est-il dans le pré ?
Un papa, une maman, une famille formidable (la mienne)
Florence Cestac
Dargaud, 2021, 14€50
Relations familiales heurtées dans les années pré-1968. Père qui se fait servir, mère soumise, et fille qui rue dans les brancards !
Les chroniques suédoises
Nils Glöt
Delcourt (Encrages), 2014, 15€50
« Un peu de Suède dans ce monde de brutes ». Quand l’auteur, suédois, tourne en dérision le « modèle suédois ». En théorie, la Suède est un peu l’exemple à suivre, le pays parfait qui combat les inégalités, le racisme, le réchauffement climatique. La BD se compose de scénettes où l’auteur pousse à l’extrême les caractéristiques prêtées aux Suédois, jusqu’au ridicule. Exemple : les banquiers accueillent les braqueurs avec une tasse de thé, et la prise d’otage tourne au jeu de société, privant les policiers de toute intervention. Le dessin est simple et efficace, dans un style de dessin journalistique.
Formica
FabCaro
Six pieds sous terre, 2019, 13€
Photographies de la vie quotidienne, passées au crible de l’humour noir. Formica illustre un repas de famille en 3 actes : de ces réunions de famille où l’on ne sait pas de quoi discuter, et où l’on égrène les lieux communs, où comparer les téléphones est une façon de se comparer aussi…
Zaï zaï zaï zaÏ
FabCaro
Six pieds sous terre, 2015, 13€
Au passage en caisse du supermarché, un auteur de BD réalise avec horreur qu’il a oublié sa carte de fidélité. Un vigile réagit, déclenchant une course poursuite totalement décalée. Sous un humour absurde, Fabcaro délivre quand même un message de tolérance et d’acceptation de l’autre, et évoque la précarité des auteurs.
En romans, l'humour est moins partagé...
Broadway
Fabrice Caro
Gallimard (Sygne), 2020, 18€
Même auteur que les bandes dessinées précédentes. Toujours des situations dans lesquelles on se retrouve, mais avec une écriture plus travaillée. Un père de famille, marié, avec deux enfants, une vie tranquille dans un lotissement, reçoit un courrier de convocation pour un suivi colorectal à 46 ans (au lieu de 50 normalement). Ce grain de sable déclenche une remise en question. Pourquoi cette vie de « suiveur » alors qu’il a toujours rêvé d’une vie à Buenos Aires ?
Le dentier du Maréchal, madame Volotinen, et autres curiosiétés
Arto Paasilina
Denoël (et d’ailleurs), 2016, 20€90
Arto Paasilina, Finlandais, est né en 1942 dans un camion en plein exode pour fuir les Soviétiques. Il a exercé plusieurs métiers avant d’écrire. Il est décédé récemment. Son humour s’exprime dans tous ses romans, du lièvre de Vatanen à La forêt des renards pendus.
Volomari Volotinen est collectionneur. De voyages en Laponie en expéditions archéologiques, il constitue une collection très particulière, qui sert de fil conducteur au roman, recueil de séquences d’une immense drôlerie : Le slip de bain de Tarzan, Les plus vieux poils de chatte d’Europe,…
Miracle à la combe aux Aspics
Ante Tomic
Noir sur Blanc, 2021, 18€
Les Aspics, un père et ses quatre fils, vivent dans un village montagnard déserté. Arrivent deux représentants de la compagnie d’électricité, qui prétendent leur faire payer les factures non réglées. Le père les reçoit mal, les séquestre, puis envoie l’un d’eux chercher une femme en ville.
Humour croate, à la Kusturica, choc entre un univers croate arriéré et le monde actuel.
La Sainte Touche
Djamel Cherigui
Lattes (La Grenade), 2021, 19€
La Sainte Touche, c’est le jour de la paie. La Belle Saison, tenue par un épicier plus ou moins trafiquant, voit passer toute une galerie de personnages. Pas vraiment drôle.
Si la mouette est rieuse, c’est que le thon a de l’humour
Librinova, 2019, 15€90
Personnages déjantés, dans un bistrot tenu par une ancienne publicitaire. Ancienne taularde, plombier raciste, médecin radié, deux anciennes prostituées… Pas très drôle.
La vieille qui cassait la baraque
City, 2020, 18€50
Comme son fils voudrait la caser en maison de retraite, Colette en rajoute dès qu’il est là. Alors qu’en son absence elle fait les 400 coups avec sa copine. Sympa, facile à lire, sans plus.
Truffe et sentiments
Emilie Devienne
Pygmalion, 2016, 17€
Histoire familiale racontée par un chien. Humour gentillet.
Comment bien rater ses vacances
Anne Percin
Le Rouergue, 2011, 13€50
Maxime, 17 ans, refuse de partir en vacances en Corse avec ses parents. Il préfère rester chez sa Mamie, à traîner devant l’ordinateur. Mais tout dérape quand Mamie fait un malaise, et le garçon doit évoluer pour faire face. Ecrit comme un journal d’ado, tendre et rafraichissant.
Autres romans de cette série : Comment maximiser (enfin) ses vacances, Comment bien gérer sa love story, et comment devenir une rock star (ou pas).
L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa
Romain Puertolas
Le Dilettante, 2013, 19€
Un fakir venu d’Inde acheter un lit à clous chez Ikea, obligé de passer la nuit en douce dans une armoire du grand magasin, se retrouve expédié en Angleterre… prisonnier de ladite armoire. Il voyage à travers l’Europe à la recherche de l’amour, et partage le sort des clandestins. Rocambolesque récit.
Re-vive l'empereur !
Romain Puértolas
Le Dilettante, 2015, 352 p., 22€
Un chalutier norvégien de Findus repêche dans ses filets deux caisses, contenant l’une Napoléon Bonaparte, l’autre son cheval Le Vizir, en parfait état de conservation grâce aux eaux glaciales de la mer du Nord. Une fois décongelé, le premier Empereur de France est invité pour une retraite au soleil Corse par la CGT (confrérie des Grognards Tristes). Son retour coïncide avec la vague d'attentats djihadistes qui assaille le pays depuis quelques mois, contre laquelle il part illico en guerre. Tout le comique provient du télescopage entre le regard de Napoléon et notre époque.
Pression fatale
Rita Falk
Mirobole, 2019, 256 p.
Traduit de Schweinkopf al dente par Brigitte Lethrone
Roman policier déjanté, dans la veine de « Choucroute garnie ». Nous retrouvons Eberhofer, récemment promu commissaire et fier de sa belle étoile argentée, le village bavarois de Niederkaltenkirchen, et son ambiance déjantée. Une tête de cochon sanglante déposée ans le lit du juge Moratschek oblige le commissaire à pourchasser un dangereux psychopathe. Le juge réclame Franz comme garde du corps, tandis que ses collègues et toute sa famille le poussent à partir en Italie chercher "sa" Susi partie avec un bellâtre.
Le Bon, la Brute et le Renard
14:31 Publié dans Bouillon de lecture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : humour, roman
09/04/2021
Le Bon, la Brute et le Renard
Le Bon, la Brute et le Renard
Christian Garcin
Actes Sud, 2020, 336 p., 21€50
Voilà un roman original et désopilant ! Le titre déjà fait sourire et donne le ton de ce récit plein d’humour. Je ne peux qu’en conseiller la lecture ; elle apporte une très agréable diversion dont on a bien besoin actuellement.
Christian Garcin prend un malin plaisir à entraîner le lecteur dans des univers parallèles où le réel se joue de l’imaginaire et où l’imaginaire aspire le réel. L’intérêt du livre ne réside pas dans l’intrigue, très simple, mais dans l’ambiance, dans cette histoire rocambolesque, dans les dialogues piquants ciselés comme des répliques de théâtre, d’un théâtre qui ne se prendrait pas au sérieux.
Le célèbre policier Zhu Wenguang dit Le Renard assisté de son collaborateur Agvan Djordjé dit Bec de canard sont venus spécialement de Chine pour retrouver Yu la fille de Zhu Menfei, restaurateur installé à New York et cousin de Zhu Wenguang. Accablés de chaleur, ils sillonnent le désert californien, se demandant ce qu’ils font là au milieu de nulle part et à quoi ils servent car cette enquête sans bagarres, sans action, ne les amène à rien, les ennuie et les démoralise.
Dans leur lente progression, ils croisent un policier américain et sa supérieure hiérarchique, parlant finnois (détail important) lancés à la poursuite d’un jeune homme disparu. Une autre enquête s’entremêle à la première. Chen Wanglin, journaliste à Pékin, également auteur d’un polar mettant en scène Zhu Wengang, est envoyé en France, officiellement pour écrire des articles et officieusement pour retrouver Meijie, la fille de son patron, venue à Paris pour ses études et dont il est sans nouvelles. Trois disparitions, certes, mais d’adultes pas toujours en bons termes avec leurs parents...
La vacuité du décor et la simplicité de l'intrigue contrastent avec la complexité de ce récit décapant et la richesse des thèmes abordés. Le Renard et Bec de Canard ne sont pas des êtres balourds et rustres comme on pourrait le supposer, ils sont épris de poésie chinoise, se réfèrent aux principes taoïstes, s’intéressent aux théories de l’évolution, et ont aussi des centres d’intérêt plus pragmatiques comme la gastronomie, la lutte mongole etc...
Dans cette région brûlante, presque désertique et si opposée à son univers habituel, Le Renard en vient à douter de sa propre existence. Lui et ses deux compères vivent-ils dans la vraie réalité ou dans un monde d’illusions ? Sont-ils des personnages réels ou sont-ils crées par Chen Wanglin et, d’ailleurs, celui-ci existe-t-il vraiment ou est-il l’œuvre d’un autre écrivain quelque part dans une troisième dimension ?
Ce roman désopilant séduit par sa fantaisie, son humour, sa légèreté. Annie
15:27 Publié dans Bouillon de lecture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, humour
22/03/2021
Colum McCann au "bouillon de lecture"
Colum McCann, né le 28 février 1965 à Dublin. Son père était journaliste et éditeur et sa mère au foyer. Après avoir été journaliste, il voyage autour du monde en multipliant les petits boulots. Il commence à écrire des romans en 1995 et accède à la notoriété avec Et que le vaste monde poursuive sa course folle. Il vit à New York où il enseigne l'écriture créative. (source Wikipedia)
Le chant du coyote
Marval, 1996, 19€90
Traduit de Songdogs (1995) par Renée Kérisit
1er roman de Colum McCann.
Après une absence de 5 ans, Conor 23 ans revient en Irlande. Il y retrouve son père, vieil homme taciturne et alcoolique, passionné par la pêche à la mouche. Conor a sept jours devant lui pour renouer avec son père malade. Sept jours pour remonter le temps et comprendre enfin, le départ de cette mère dont l’absence le fait tant souffrir. Sept jours pour reconstituer un passé en lambeaux.
L’auteur aborde les rapports douloureux entre un père et son fils et le vide laissé par la mère avec une grande sensibilité. Dans ce roman, McCann nous offre également un dépaysement total avec un périple familial qui se déroule en Irlande bien sûr, mais aussi en Espagne, au Mexique et en Amérique du Nord. A lire !
Et que le vaste monde poursuive sa course folle
Belfond, 2009, 22€
Traduit de Let The Great World Spin par Jean-Luc Piningre
National Book Award 2009 et Prix du Meilleur livre de l'année (magazine Lire) 2009.
Le 7 août 1974, Philippe Petit, funambule a marché sur un câble tendu entre les deux tours jumelles du World Trade Centre. Partant de ce fait divers réel, McCann nous raconte le New York des années 70 : la fin de la guerre du Vietnam, la période hippie, le quartier du Bronx.
A travers la voix de plusieurs personnages fictifs qui s’entre croisent, tous très attachants, le lecteur est en immersion totale dans ce New-York des seventies. Un prêtre dans le Bronx qui cherche Dieu, des femmes fortunées de la 5è Avenue, d’anciens soldats, tous ont un point commun…. Très bon roman
Danseur
Belfond, 2003, 19€50
Traduit de Dancer (2003) par Jean-Luc Piningre
Entre biographie et roman, l’auteur se penche sur la destinée de Noureïev, de son enfance tartare dans un coin reculé d'URSS à ses frasques dans les soirées, en passant par son incroyable talent sur scène, ses amitiés indéfectibles, ses fragilités ou sa mégalomanie.
Construction originale : McCann décrit sa vie, à travers le regard des personnes de son entourage, en changeant de ton, de point de vue et de modèle stylistique à chaque partie du livre. Très belle écriture, roman bien documenté sur le monde du ballet, ses codes, ses douleurs, les luttes. Les informations sont véridiques, mais le roman fait l’impasse sur ses années en prison.
Lettes à un jeune auteur
Belfond, 2018
Traduit de Letters to a Young Writer par Jean-Luc Piningre
Essai. Recueil de 52 conseils que McCann donne à tout aspirant auteur. S’adresse aussi à tout lecteur intéressé par l'écriture. Pas de conseils techniques mais un ton familier et percutant : "De l’audace devant la page blanche ! Écris au-delà du désespoir. Chante. Chasse tes visions dans le noir. Partage ta rage. Résiste. Dénonce. De la vigueur, du cœur, de la persévérance ! Donne du poids à l’imaginaire. Commence par douter. Va où personne n’est allé. Compose une langue unique. Sublime l’ordinaire. Pas de panique. Révèle une vérité inconnue. Divertis également. Soulage la soif de sérieux et de joie. On peut te retirer bien des choses – même la vie –, mais pas les récits que tu en fais. Pour toi, jeune auteur, ce mot donc, non dénué d’amour et de respect : écris !"
Apeirogon
Belfond, 2020
Traduit de Apeirogon par Clément Baude
Le nouveau roman de Colum McCann traite du conflit israélo-palestinien à travers les récits de deux pères et une construction complexe tirée de la géométrie. Deux pères de famille, l’un palestinien, l’autre israélien perdent chacun un enfant dans un attentat. Contre toute attente, ils vont devenir amis et vont unir leur douleur au sein de l'association Combattants for Peace afin que leur tragédie serve au moins à faire avancer le dialogue entre les deux peuples. Inlassablement ils parcourent la planète pour raconter l'histoire et la mort de Smadar et d'Abir, leur seule façon de survivre.
Roman très émouvant, mais sa construction est complexe et déroutante. On n'entre réellement dans le roman qu'à la page 243 car, jusqu'alors, ces deux récits apparaissent par morceaux éclatés, entrecoupés de considérations philosophiques, arithmétiques, géographiques, religieuses, musicales, ethnologiques ou poétiques de deux à une quinzaine de lignes. Un apeirogon, titre du livre, est une figure géométrique au nombre infini de côtés. Le roman est construit comme cette figure géométrique : pour montrer toutes les facettes d'un conflit multiple et les liens de cause à effet entre les tragédies, parfois même l'absurdité de ce conflit. Basé sur des faits réels, un roman hors du commun, à lire malgré son début complexe.
Zoli
Belfond, 2007, 21€
Traduit de Zoli par Jean-Luc Piningre
Histoire inspirée de la vie de la poétesse tzigane polonaise Papusza. Zoli est une jeune tzigane, orpheline dès l’âge de 6 ans, élevée par son grand-père. Elle se démarque de son peuple en apprenant à lire et à écrire et en développant un talent de poétesse et de chanteuse. Des années 1930 en Tchécoslovaquie à Paris en 2003, on suit son histoire aussi envoûtante que dramatique.
McCann écrit à partir de faits réels comme souvent, mais il ne connait pas le monde tzigane. Ce roman est un hymne à la liberté, une réflexion sur l'exil, sur l'appartenance à une communauté et sur la transmission d'une culture, sur la différence … Une pépite !
Ailleurs en ce pays
Belfond, 2001, 18€
Traduit de Everything in This Country Must par Michelle Herpe-Voslinsky
3 histoires courtes, mais tristes, de jeunes irlandais en pleine tragédie de guerre de l’Irlande contemporaine. Du Zola irlandais ! Bien raconté, mais très noir.
Transatlantic
Belfond, 2013, 22€
Traduit de TransAtlantic par Jean-Luc Piningre
L’auteur bâtit un pont entre l’Amérique et l’Irlande du XIXème siècle à nos jours, mêlant histoire et fiction dans une écriture lyrique. Ce qui intéresse l’auteur : "au cœur de la violence, des vies malgré tout ; écheveaux invisibles qui entremêlent lieux, époques, personnages, le passé ressurgit de la manière la plus étrange qui soit."
15:30 Publié dans Bouillon de lecture, critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman étranger
16/03/2021
Marc Dugain à l'honneur
Né en 1957 au Sénégal, où son père était coopérant, Marc Dugain grandit en France. Diplômé de l'Institut d'études politiques de Grenoble et expert-comptable, il travaille dans la finance, puis crée une société d'ingénierie financière pour les moyens de transport. Entrepreneur dans l'aéronautique, il dirige en 2000 les compagnies aériennes Proteus Airlines et Flandre Air. À 35 ans, il commence une carrière littéraire en racontant le destin de son grand-père maternel, "gueule cassée" de la guerre de 14-18, dans La Chambre des officiers, publié en 1998 et qui le fait connaître. Dès lors, Marc Dugain se consacre entièrement à l'écriture, et à la réalisation de films. (Source Wikipedia)
Une exécution ordinaire
Gallimard, 2007
Grand Prix RTL-Lire.
Roman inspiré par le naufrage du sous-marin russe Koursk. Évocation du pouvoir politique en Russie depuis la période de Staline jusqu’à celle de Poutine à travers l’itinéraire d’une famille. Aborde le contexte politique et sociétal de cette période. L’auteur mêle personnages réels et personnages fictifs. Ce roman est richement documenté, mais sa construction fragmentée en 7 parties, avec des narrateurs différents, nuit à la fluidité de la lecture. Adapté au cinéma par l’auteur en 2010 sous le même titre que le roman avec André Dussolier.
L’emprise
Gallimard (Blanche), 2014, 19€50
Roman politique et d’espionnage, sur fond d’élection présidentielle en France. Inspiré de personnages et faits réels ce roman aborde le parcours de plusieurs personnages issus des milieux politique, industriel et de l’espionnage français. L'auteur met en avant les conséquences catastrophiques de certains actes liés au pouvoir et à l'argent.
Il s'agit donc d'une dénonciation d'un système et de ses rouages. La construction est curieuse, et l’énergie maîtrisée, avec une écriture sèche. Intéressant et actuel, un roman qui fait réfléchir.
Transparence
Gallimard (Blanche), 2019, 19€
Roman d'anticipation sur un sujet qui passionne l'auteur : le transhumanisme. L’histoire se déroule à la fin des années 2060 en Islande. Transparence est une start-up numérique qui met au point le projet Endless dans le but de sauver l’humanité, menacée par le réchauffement climatique. Un projet qui consiste à transplanter après, ou même avant sa mort, les données personnelles numérisées d’un individu dans un corps artificiel. En d’autres termes, un projet révolutionnaire donnant accès à l’immortalité. Pour qui ? Sur quels critères ? Comment ? Un algorithme décide si une personne est éligible à l’immortalité / si elle le droit d’enfanter.
Sous couvert de roman d’anticipation, une réflexion intéressante sur notre société actuelle menacée de destruction, avec le dérèglement climatique, le danger des algorithmes, ou celui du transhumanisme. Bien écrit, assez ardu avec une écriture un peu philosophique, angoissant.
Avenue des géants
Gallimard (Blanche), 2012, 21€50
Prix des lycéennes Elle 2013
Marc Dugain s'est inspiré de l'histoire de Edmund Kemper, un tueur en série américain de la fin des années 70. Ce roman est le récit du cheminement intérieur d'un tueur en série hors du commun. Comment cet homme supérieur en tout - un colosse dont le QI serait supérieur à celui d'Einstein - est-il devenu un tueur en série ? A travers ce roman, l’auteur fait également l'autopsie d'une Amérique des années 1960-1970 en pleine révolution avec la guerre du Vietnam et le mouvement hippie.
Un roman certes percutant et perturbant, mais avec une approche psychologique fine.
La malédiction d’Edgar
Gallimard (Blanche), 2005, 20€20
Roman biographique sur John Edgar Hoover, directeur du FBI de 1924 à 1972. Durant toute cette période, Hoover a imposé son ombre à tous les dirigeants américains, de Roosevelt à Nixon, d’où le titre du roman. Pendant près d'un demi-siècle, les plus grands personnages de l'histoire des États-Unis ont été traqués jusque dans leur intimité par cet homme qui s'était érigé en garant de la morale.
Roman très documenté. Espionnage, mafia, respect de l’ordre moral… le point de vue sur Kennedy et sa famille n’est pas très brillant.
Ils vont tuer Robert Kennedy
Gallimard (Blanche), 2017, 22€50
Ce roman mêle intimement deux histoires : une synthèse sur les assassinats de John et Robert Kennedy, à laquelle le narrateur lie celle de son père, espion. L’auteur revisite l’histoire des États-Unis dans les années 1960, entre contre-culture et violences politiques. De nombreux assassinats et règlements de comptes ; les grands financiers, la pègre, la justice et certains politiques règnent «ensemble», sur le pays ! On comprend bien ce qui a tué les frères Kennedy, les tueurs présumés n’étant qu’un paravent. Édifiant, et très bien écrit.
En bas les nuages
Flammarion, 2009, 20€30
L’auteur nous livre 7 nouvelles, l’histoire de 7 hommes vivant aujourd’hui dans des lieux différents : Dordogne, Maroc, États-Unis, Irak ou dans une île lointaine. Comment chacun fait face à son quotidien ?
Réflexion cynique sur l’humanité, le rêve, la société de consommation …
L’insomnie des étoiles
Gallimard (Blanche), 2010, 17€75
Automne 1945, les alliés occupent Berlin et le reste de l’Allemagne. La compagnie française du capitaine Louyre investit le sud du pays. Dans une ferme isolée, il découvre une adolescente vivant seule, comme une sauvage, et le corps calciné d’un homme. Incapable d’expliquer la situation, la jeune fille est arrêtée. Le capitaine s’acharne à chercher la vérité, et découvrira un secret sur la région.
Roman à la fois historique et policier, très bien écrit.
La chambre des officiers
JC Lattes, 1999, 17€
Prix des libraires, Prix des Deux Magots, Prix Roger-Nimier et Prix René-Fallet 1999
Un officier est blessé au visage, dès le 1er jour de la guerre, où il est envoyé en reconnaissance. Défiguré, il est transporté au Val de Grâce à Paris, où il séjourne 5 ans dans la chambre des officiers. Au fil du temps, des amitiés se nouent entre les blessés. D’une époque et une situation dramatiques, l’auteur sait faire émerger la grâce et l’humanité. Le roman a été adapté au cinéma par François Dupeyron (2001) sous le même titre.
Ce livre rappelle à Annie « Les gueules cassées » de Martin Monestier, qui retrace toute l’évolution de la chirurgie faciale pendant la période allant de la guerre de 14-18 à nos jours.
15:16 Publié dans Bouillon de lecture, critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, comité de lecture
15/12/2020
Secrets de famille
Double secret
Willa MARSH
Autrement, 2015, 361 p., 21€
Traduit de The Summer House par Aline Weill
Une famille atypique, famille de cœur, se rassemble avec affection dans "la grande maison" autour de Milo, ancien brigadier à la retraite, et sa petite ex-belle-sœur Lottie. Lottie, malgré son peu de sens pratique, a élevé Matt et Imogen lorsque leur mère dépressive a sombré dans l’alcool, et ils viennent se ressourcer auprès d’elle quand ils en ont besoin ; Milo accueille son fils Nick lorsqu’il fait trop de bêtises ; la coquette et lucide Venetia aime rendre visite à son vieil amant…
Après la mort de sa mère Helen, Matt découvre dans son coffret à trésors des photos qui font remonter d’anciens souvenirs à la surface. Il tente de percer le mystère de l’étrange sensation de manque qui l’a toujours habité : enfant, il l’avait comblé avec un ami imaginaire ; adulte, il en a tiré la substance d’un roman devenu bestseller.
Willa Marsh décrit ses personnages avec douceur, et les situe dans une calme campagne anglaise, avec laquelle ils développent des liens forts. Le "pavillon d'été", le jardin, les oiseaux ou les chiens et les chats sont source de joie et de paix. Le récit laisse une part à l’inexpliqué (au surnaturel ?) là où Matt –et surtout Lottie- ont une sensibilité hors normes, à la limite d’une forme de clairvoyance
« Tu crois aux fantômes ?
-Je pense que, partout où il y a eu des émotions puissantes, des échos demeurent. »
Le secret de famille ne semble peser que sur Matt, mais sa résolution lui est indispensable pour avancer, incapable qu’il est devenu d’écrire ou de nouer une relation profonde avec une femme.
L'écriture de Willa Marsh, fluide et agréable, nous transporte facilement dans une ambiance anglaise. La seule difficulté réside dans la compréhension des liens de famille.
Aline
18:07 Publié dans Bouillon de lecture, critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : famille, secret de famille, angleterre
02/11/2020
Les lectures de l’été…
Je suis une viking
Andrew David MACDONALD
Nil, 2020, 448 p., 21€
Traduit de l’anglais (Canada) par Valentine Leys
La narratrice, victime du syndrome d’alcoolisme fœtal, n’est pas tout à fait comme les jeunes femmes de son âge. Elle se passionne pour l’histoire des vikings, forts, courageux, dont les héros protègent ceux qui ne peuvent pas se défendre. Elle imagine ce que pourrait être sa saga si sa famille était une tribu viking, et choisit de construire sa légende personnelle. Plein d’humour et très rafraichissant, ce roman se lit facilement.
Le sel de tous les oublis
Yasmina Khadra
Julliard, 2020, 256 p., 19€
Adam, instituteur, vit à Alger, après l’époque du colonialisme. Lorsque sa femme le quitte, il perd pied, part à pied, boit beaucoup, se fait agresser, est emmené dans un asile, puis mène une vie d’errance. En marchant dans les montagnes, il rencontre une série de personnes bienveillantes, alors que lui-même est agressif et ombrageux… Un très bon Khadra !
Impossible
Eri de Luca
Gallimard (Du monde entier), 2020, 174 p., 16€50
Un magistrat interroge un suspect, et l’accuse d’avoir tué un autre alpiniste. Sans preuve, il se base sur la coïncidence de leur présence à tous deux dans les Dolomites : l’accidenté est l’homme qui avait trahi le suspect et ses camarades révolutionnaires dans leur jeunesse. Il ne se passe rien dans ce roman, composé en alternance du dialogue entre le magistrat et le suspect, et des lettres du suspect à son amour. Et pourtant, c’est une merveille !
Betty
Tiffany McDaniel
Gallmeister (Americana), 2020, 720 p., 26€40
Fille d’un père cherokee et d’une mère blanche, Betty vit dans l’Ohio. Le roman explore sa belle relation avec son père, ses rapports avec sa fratrie et sa mère bipolaire et déséquilibrée, ses liens très forts avec la nature. La ressource de Betty, c’est d’écrire tout ce qui se passe dans sa famille, et d’enterrer ses petits papiers. Le sort des filles américaines jusqu’à la fin des années 1960, un secret de famille, un père qui sait admirablement valoriser ses enfants… C’est magnifique !
Longtemps je me suis couché de bonheur
Daniel Picouly
Albin Michel, 2020, 328 p., 19€90
Un adolescent des années 1960, vivant dans une Cité, se plonge dans l’œuvre de Proust pour l’amour d’une Albertine. On retrouve avec plaisir l’écriture déjantée de Picouly.
Le répondeur
Luc Blanvillain
Quidam, 2020, 260 p., 20€
Un écrivain célèbre surmené, qui doit terminer son ouvrage, embauche un imitateur, « double » qui doit le remplacer au téléphone…
Marcher la vie ; un art tranquille du bonheur
David Le Breton
Metailie (Suites, Sciences Humaines), 2020, 164 p., 10€
Professeur à Strasbourg, David Le Breton dans cet essai « Rousseau-iste » nous démontre en quoi marcher peut transformer la vie.
L’usurpateur
Jørn Lier Horst
Gallimard (Série Noire), 2019, 448 p., 22€50
Traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier
Au même moment, deux hommes dont la mort remonte à 4 mois, sont découverts : l’un devant sa télévision allumée, l’autre dans une forêt de sapins. L’inspecteur de police se concentre sur la deuxième victime, tandis que sa fille journaliste enquête sur la première – se demandant comment on peut mourir chez soi sans que personne ne s’en rende compte ! Le récit est crédible, dans une ambiance d’hiver norvégien (l’auteur est lui-même policier en Norvège). Les chapitres sont alternés entre les deux enquêtes, dans une intrigue qui tient bien la route, avec plusieurs fausses pistes.
Les jours brûlants
Laurence Peyrin
Calmann-Levy, mai 2020, 324 p., 20€50
Une bourgeoise californienne à la vie bien rangée est bouleversée par une agression. Elle remet toute sa vie en question et bascule. Se lit facilement.
Le bal des folles
Victoria Mas
Albin Michel, 2019, 256 p., 18€90
Prix Renaudot des Lycéens 2019
Chaque année à la mi-carême se tient, avec les malades de l’hôpital de la Salpêtrière, un très étrange Bal des Folles, expérimentation de Jean-Martin Charcot. En évoquant l’histoire de la médecine aliéniste d’autrefois et les balbutiements de la psychiatrie, Victoria Mas se penche sur la condition féminine au 19e siècle dans un récit effarant.
La plus précieuse des marchandises, un conte
Jean-Claude Grumberg
Seuil (La Librairie Du XXIe siècle), 2019, 120 p., 12€
Un couple de bûcherons sans enfant vit chichement dans les bois, à l’affut des ballots qui pourraient tomber du train de marchandises. Il en tombe parfois des papiers, mais un jour, c’est un paquet qui est lancé vers la bûcheronne. C’est une fillette, sauvée du convoi 49…
« La seule chose qui mérite d’exister dans la vie vraie comme dans les romans, c’est l’amour. »
Une présence dans la nuit
Emilie Edgar
Belfond, 2018, 392 p., 21€
Premier roman, policier psychologique. Alice Taylor, infirmière, sait d’ordinaire séparer sa vie professionnelle de sa vie privée. Elle est pourtant très attachée à Cassie, une jeune femme dans le coma après avoir été renversée par un chauffard. Dans la même chambre qu’elle, Franck, prisonnier du syndrome d’enfermement, est témoin des visites au chevet de Cassie, connaît l’identité du chauffard, et sait qu’elle est en danger. Pourra-t-il prévenir Alice ?
Dans le murmure des feuilles qui dansent
Agnès Ledig
Albin Michel, 2018, 388 p., 20€
Hymne à la vie et à la résilience, émouvant et simple autour de quatre personnages : Anaëlle, qui a subi de graves opérations suite à un accident de voiture et a dû écourter ses études, a une relation épistolaire belle et poétique avec un ancien professeur de droit. Thomas passe ses journées en forêt, avant de venir raconter tout ce qu’il y a vu à son jeune frère Simon, hospitalisé.
La vie secrète des arbres
Peter Wohlleben
Les Arènes, 2017, 260 p., 20€90
Ecrit par un ingénieur forestier allemand, cet excellent documentaire sur l'interaction entre les arbres, est beau comme un conte. Il donne envie d'aller se promener et observer en forêt.
Tropique de la violence
Nathacha Appanah
Gallimard (Blanche), 2016, 176 p., 17€50
Prix Fémina des Lycéens 2016
Une infirmière française à Mayotte, en mal d’enfant, adopte un bébé aux yeux vairons, abandonné à l’hôpital par une jeune clandestine. Elle lui donne une éducation plutôt privilégiée, mais en grandissant, Moïse vit mal ses silences sur son histoire. Lorsque sa mère adoptive meurt subitement, il part à la dérive avec son chien, et entre dans une spirale infernale aux mains d’une bande de malfrats. Très belle écriture poétique et puissante, alternée entre cinq narrateurs : la mère, Moïse, le chef de bande, le policier, le travailleur humanitaire.
Ce roman a fait l’objet d’une belle adaptation en BD par Gaël Henry, chez Sarbacane, en 2019.
Dans le même genre, en Guyane, lire aussi Obia, de Colin Niel.
Et tu trouveras le trésor qui dort en toi
Laurent Gounelle
Kero, 2016, 20€90
Alice se met en tête d’aider son ami d’enfance, prêtre, à remplir à nouveau sa paroisse. Elle décide d’attirer les fidèles en appliquant ses techniques de marketing à la religion. Pour ce faire, elle essaie de comprendre et décortiquer les grands courants religieux. Quand Gounelle s’essaie à la philosophie des religions dans un grand fourre-tout syncrétiste pseudo-pédagogique…
L’été contraire
Yves Bichet
Mercure de France, 2015 / Gallimard Folio, 2017, 6€90
Une infirmière de maison de retraite, complice d’une virée des résidents au casino de Vals les Bains, se fait renvoyer. Toute l’équipe part alors dans une joyeuse escapade. Très bons dialogues et descriptions !
Le temps des réformes
Pierre Chaunu
Fayard, 1976, réed 1999 et 2003
Ce documentaire autour de la Réforme permet de comprendre bien des choses actuelles. Pierre Chaunu retrace l'évolution de la pensée, depuis les origines de l'Antiquité gréco-latine, la construction judéo-chrétienne, la Réforme… jusqu’à notre civilisation.
Et les lectures coup de cœur, valeurs sûres dont les critiques se trouvent sur ce blog :
Opus 77, Alexis Ragougneau
De pierre et d’os, Bérengère Cournut
Une rose seule, Muriel Barbery
L’arbre monde, de Richard Powers (voir critique)
Âme brisée, d’Akira Mizubayachi
En attendant Bojangles, Olivier Bourdeaut
Changer l’eau des fleurs, Valérie Perrin
13:33 Publié dans Bouillon de lecture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman
30/04/2020
Bouillon confiné n°2
Suite des suggestions de lecture de nos lecteurs, dans toute leur diversité. Vous pouvez partager les vôtres en les envoyant par mail à bibliotheque@soucieu-en-jarrest.fr
Maïmaï
Aki SHIMAZAKI
Actes Sud, 2019, 15€
Taro est sourd-muet. Métis, il n’a pas connu son père. Sa maman lui répétait souvent cette comptine : « Qui voudrait porter le fardeau d’un autre » (Maïmaï signifie escargot). Sa mère, qui tenait une librairie philosophique, meurt très jeune. Lors de ses obsèques, de nombreux personnages surprenants sont présents.
Japonaise, Aki Shimazaki vit à Montréal depuis 1991. Elle a écrit un ensemble de 3x5 livres courts, qui peuvent se lire dans le désordre. Les héros de l’un deviennent personnages secondaires de l’autre. Maïmaï est le 5e tome de la série L’ombre du chardon, mais se lit indépendamment.
Diên Biên Phù
Marc Alexandre OHO BAMBE
S. Wespieser, 2018, 19€
20 ans après, Alexandre revient au Vietnam chercher Maï Lan, la femme vietnamienne qu’il a laissée derrière lui. Il refait le point sur son amour pour elle, sa vie, son mariage en France et ses enfants, ainsi qu’une belle histoire d’amitié avec l’homme qui l’a sauvé.
Né à Douala (Cameroun), bercé par la poésie d’Aimé Césaire et René Char, l’auteur est à l’origine poète et slammeur, ce qui se ressent dans l’écriture ciselée du roman, entrecoupé de poèmes à l’absente.
La terre invisible
Hubert MINGARELLI
Buchet-Chastel, 2019, 15€
En 1945, un photographe de guerre anglais, hanté par ce qu’il a vu à la libération des camps de concentration, erre dans l’Allemagne d’après-guerre pour essayer de comprendre. Escorté par un jeune chauffeur, part au hasard des routes photographier les Allemands devant leur maison.
Dernier roman de l’auteur, décédé en janvier 2020. On retrouve dans ce roman l’écriture fine et mélancolique qui lui a valu le prix Médicis pour Quatre soldats.
Underground Railroad
Colson WHITEHEAD
Albin Michel, 2017, 22.90€
Etats-Unis, dans la Géorgie d’avant la sécession, épopée d’esclaves noirs. Cora pense que sa mère a réussi à s’enfuir de la plantation, car elle n’a jamais été retrouvée. A son tour, elle s’échappe, poursuivie avec acharnement par les traqueurs. L’Underground Railroad (chemin de fer souterrain) est le réseau d’aide aux clandestins, présenté ici de façon imagée. Prix Pulitzer 2017, National Book Award 2016.
Tempête rouge
Tsering DONDRUP
P. Picquier, 2019, 19€
Sous forme romancée, évoque l’invasion du Tibet par la Chine, et la révolte d'une communauté de pasteurs nomades contre l'impitoyable mainmise chinoise, à la fin des années 1950. L’auteur prend pour héros un lama bon vivant mais aussi arriviste et lâche, dont les déboires et les ruses placent le rire au cœur de la tragédie. Un glossaire détaille les coutumes tibétaines.
Revenir à Vienne
Ernst LOTHAR
Liana Levi (Littérature étrangère), 2019, 23€
Sa famille a émigré aux Etats-Unis en 1938 au moment de l’Anschluss. Félix von Geldern revient à Vienne en 1946 réclamer la restitution des biens familiaux. Mais la ville est en ruines, occupée par les Alliés, et le passé récent mal digéré. Il se heurte à des sympathisants nazis, découvre l’attitude des Autrichiens pendant la guerre, et retrouve la femme de sa vie... bien compromise.
Bibliodyssées ; 50 histoires de livres sauvés
Kamel DAOUD, Raphaël JERUSALMY, Joseph Belletante, Bernadette Moglia
Actes Sud ; Imprimerie Nationale, 2019, 29€
50 histoires d'ouvrages et de bibliothèques mis à l'index, spoliés, menacés, puis sauvés par le courage et la passion des hommes. Des livres souvent devenus talismans et compagnons d'exil.
Un petit carnet rouge
Sophia LUNDBERG
Le livre de poche, 2019, 8.20€
Doris, 96 ans, vit seule dans la campagne suédoise. Le récit alterne entre ses conversations avec sa nièce, Jenny, à qui elle raconte son quotidien et ses souvenirs sur Skype. Dans son petit carnet rouge, elle a noté les adresses de toutes les personnes rencontrées au fil de sa vie, et les barre au fur et à mesure qu’elles disparaissent. Jenny essaie de lui retrouver son amour de jeunesse.
Idiss
Robert BADINTER
Fayard, 2018, 20€
Etude de la condition des émigrés russes venus à Paris en 1914. Destinée singulière de la grand-mère de l’auteur, exode depuis la Biélorussie jusqu’à Paris, période de la Belle époque, puis occupation et déportation. Un hymne d’amour à sa grand-mère.
Félix et la source invisible
Eric-Emmanuel SCHMITT
Albin Michel, 2019, 17€
Félix a douze ans, et vit à Belleville avec sa mère, Fatou, qui tient le bistrot « Au boulot », haut en couleurs. Lorsqu’elle est expropriée, elle perd sa joie et son énergie. Faute d’arriver à lui redonner le moral, Félix et son père l’emmènent en Afrique, aux sources de l’animisme. Dans la lignée de Oscar et la dame rose, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, ou L’enfant de Noé, Eric-Emmanuel Schmitt sonde les croyances animistes.
Les sept mariages d’Edgar et Ludmilla
Jean-Christophe RUFIN
Gallimard, 2019, 22€
Sept fois, ils se sont engagés. Et six fois, l'éloignement, la séparation, le divorce... Edgar et Ludmilla... Le mariage sans fin d'un aventurier charmeur, un brin escroc, et d'une exilée un peu "perchée", devenue une sublime cantatrice acclamée sur toutes les scènes d'opéra du monde. Pour eux, c'était en somme : "ni avec toi, ni sans toi". De l’après-guerre jusqu’aux années 2000, un récit plein d’imagination et de situations extravagantes.
Zulu
Caryl FEREY
Gallimard, 2008, 19.50€
Chef de la police criminelle de Cape Town, Neuman doit composer avec deux fléaux d'Afrique du Sud : la violence et le sida. Le cadavre d'une jeune fille blanche est découvert dans un jardin botanique du Cap. C'est la fille d'un ancien joueur des Springboks, véritable star nationale. Alors que l'enquête piétine, le corps d'une deuxième femme portant des scarifications faisant référence à des sacrifices zoulous est retrouvé. Neuman, qui enquête en parallèle dans les townships, envoie son bras droit, Brian Epkeen, et le jeune Fletcher sur la piste du tueur, sans savoir où ils mettent les pieds... Âmes sensibles s’abstenir ! Prix Nouvel Obs du roman noir et Grand prix des lectrices de Elle 2009.
Les imprudents
Olivier BERTRAND
Seuil, 2019, 19€
Le 3 mars 1944, les habitants d'un hameau perdu des gorges de l'Ardèche ont été fusillés à l'aube par des SS, pour avoir caché des maquisards. Dans ce village, il y avait quinze habitants, mais on y a retrouvé seize corps. Qui était ce seizième homme ? Ce livre débute comme une enquête, soixante-quinze ans après les faits, pour identifier l'inconnu. Sur place, les réticences à parler sont encore fortes. Mais peu à peu, les langues se délient, des habitants exhument des boîtes en fer contenant des photos, des carnets de notes, autant de souvenirs de famille qui permettent de mieux comprendre la lourde chape de silence qui s'était posée sur ces derniers mois de l'Occupation. Ces découvertes lancent l'auteur sur les routes, à la poursuite du maquis Bir-Hakeim.
Un mot sur le pare-brise
Rolland ABONNEL
Editions Beaurepaire, 2017, 17€
Du fond de son lit de malade, Evelyne écrit le testament de son existence, afin de libérer son âme d'un secret de jeunesse. Peut-être pas un coup de coeur, mais le récit est situé dans notre région.
10:52 Publié dans Bouillon de lecture, coups de coeur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : coup de coeur, roman
28/04/2020
Bouillon confiné n°1
Petite sélection de livres coups de cœur, proposée par les lecteurs de la bibliothèque Eclats de Lire, et les participants des comités de lecture.
La femme révélée
Gaëlle NOHANT
Grasset, 2020, 22€
Dans les années 50, Eliza laisse derrière elle sa vie à Chicago, avec un mari fortuné et un petit garçon, pour commencer une nouvelle vie à Paris. Sous l’identité de Violet Lee, elle se fait un nom comme photographe. Au printemps 1968, Violet peut enfin revenir à Chicago à la recherche de son fils. Elle retrouve une ville chauffée à blanc par le mouvement des droits civiques, l'opposition à la guerre du Vietnam et l'assassinat de Martin Luther King…
Opus 77
Alexis RAGOUGNEAU
V. Hamy, 2019, 19€
La famille Claessens est une famille de musiciens de génie, tout leur réussit. Enfin, c’est comme ça que le père aurait aimé que ça se passe. Le roman s’ouvre sur l’enterrement de ce grand chef d’orchestre. Et tandis que sa fille, la belle Ariane, joue du piano dans l’église bondée, elle nous raconte tout. Que vous soyez mélomane ou pas, vous apprécierez ce psychodrame familial qui se joue dans les plus fameuses salles de concert du monde.
Sale gosse
Mathieu PALAIN
L’Iconoclaste, 2019, 18€
On suit Wilfried depuis sa naissance. Abandonné par une mère trop jeune et trop perdue, il grandit dans une famille aimante de la Cité. Doué pour le foot, il a la chance d’être sélectionné pour un camp d’entraînement, mais il a trop de rage en lui, et finit par être exclu. On suit alors sa descente vers la délinquance, et les combats des services sociaux pour l’aider à s’en sortir. Roman urbain social, aux côtés de la Protection Judiciaire de la Jeunesse.
Les sales gosses
Charlye MENETRIER-McGRATH
Fleuve Noir, 2019, 17.90€
Jeanne, 81 ans, a été placée en maison de retraite par ses enfants. Très en colère contre eux, elle simule la démence pour faire enrager tout le monde. Elle se lie d’amitié avec une bande de joyeux lurons. Léger et plein d’espoir.
Les mots qu’on ne me dit pas
Véronique POULAIN
Stock (La bleue), 2014, 16.50€
Ses parents, sourds-muets tous les deux, se sont rencontrés à un bal pour sourds. Véronique Poulain raconte son enfance dans les années 70. Des anecdotes pleines d’humour. Sa colère envers l’attitude des gens, qui ne font pas d’effort par rapport à la surdité de ses parents ou se moquent. Sa frustration aussi par rapport à ses parents parfois, alors qu’elle est si fière d’eux à d’autres moments.
Pardon Clara
Didier CORNAILLE
Presses de la Cité, 2016, 19€
Antoine, Parisien, en mal de vert et d'authenticité, tombe sous le charme du Morvan et du village dont est originaire son épouse. Un jour de promenade, il découvre, choqué, une étoile de David taguée sur le portail d'une maison. Il rencontre la propriétaire des lieux, une vieille dame, Clara, dont il devient le confident.
Bondrée
Andrée A. MICHAUD
Rivages, 2016, 18.50€
Été 67, une jeune fille disparaît dans les épaisses forêts entourant Boundary Pond, un lac aux confins du Québec rebaptisé Bondrée par un trappeur enterré depuis longtemps. Elle est retrouvée morte, sa jambe déchirée par un piège rouillé. L'enquête conclut à un accident : Zaza Mulligan a été victime des profondeurs silencieuses de la forêt. Mais lorsqu'une deuxième adolescente disparaît à son tour, on comprend qu'un tueur court à travers les bois de Bondrée. Une écriture magnifique au service d'une atmosphère angoissante et de subtiles explorations psychologiques. Prix des lecteurs Quai du Polar 2017, prix SNCF du Polar.
Profanes
Jeanne BENAMEUR
Actes Sud, 2013, 20€
Ancien chirurgien du cœur, Octave Lassalle a consacré sa vie à son métier, et se retrouve seul. Âgé, encore autonome, il anticipe, et se compose une équipe d’accompagnement. Il organise le découpage de ses jours et de ses nuits en quatre temps, confiés à quatre personnes choisies avec soin : Béatrice, Hélène, Yolande et Marc.
Tout le bleu du ciel
Melissa DA COSTA
Carnets Nord, 2019, 21€
Emile, atteint à 26 ans d’Alzheimer précoce, refuse un essai clinique. Il part en voyage, recherche un accompagnateur par petites annonces, et c’est Joanne qui l’accompagne pour un périple en camping-car à travers la France. Hymne à la vie, ce récit nous fait passer du rire aux larmes. Les paysages sont très bien décrits. Premier roman, publié en ligne puis édité par Carnets Nord et le Livre de Poche.
La plus précieuse des marchandises
Jean-Claude GRUMBERG
Seuil, 2019, 12€
Dans un bois habitait un couple de bûcherons pauvres et sans enfants. Chaque jour, à l’orée de la forêt, la bûcheronne voyait passer un train. Ignorant ce qu’il transportait, elle ramassait les petits papiers jetés par les fentes des wagons, mais comme elle ne savait pas lire, elle imaginait tout un monde merveilleux transporté dans ce convoi. Elle espérait qu’un jour, quelque chose d'extraordinaire lui arriverait de ce train. Aussi, lorsque qu’un homme réussit à déposer un bébé sur la neige, pensa-t-elle que les dieux l’avaient entendue… Conte émouvant et magnifique !
Ecoldar
Christine LAPOSTOLLE
Editions Mf, 2018, 14€
Si vous ne savez pas ce qui se passe dans une école des beaux-arts, lisez ce livre. Récit entrecoupé par des extraits d’un journal d’étudiant. Christine Lapostolle a beaucoup d’empathie pour ses élèves, et tente aussi de faire le portrait d’une jeunesse.
10:42 Publié dans Bouillon de lecture, coups de coeur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : coup de coeur, roman