02/11/2021
BD et romans graphiques, les choix du Bouillon
Ne m’oublie pas
Alix GARIN
Le Lombard, janvier 2021, 224 p., 22€50
La grand-mère de Clémence, atteinte de la maladie d’Alzheimer, vit en institution. Elle fugue régulièrement pour retourner dans « sa maison d’enfance ». La directrice de l’établissement menace de la mettre sous camisole chimique. Clémence décide alors d’organiser une vraie fugue et accompagne sa grand-mère sur les traces de son passé.
Illustrations très douces, tendres qui accompagnent bien un sujet difficile.
Chez toi, Athènes 2016
Sandrine MARTIN
Casterman, avril 2021, 228 p., 23€
Raconte la rencontre de deux femmes dans un camp de réfugiés à Athènes : une sage-femme grecque et Mona, une jeune syrienne, enceinte.
Histoire très émouvante abordant le thème de l’exil.
Coming in
Elodie FONT et Carole MAUREL
Payot (Payot Graphic), sept. 2021, 144 p., 19€
Roman graphique autobiographique. L’auteure aborde le long cheminement interne nécessaire pour prendre conscience et accepter son homosexualité, l’acceptation de soi.
Récit fort et bouleversant.
S’enfuir, récit d’un otage
Guy DELISLE
Dargaud, sept. 2016, 432 p., 27€50
Roman graphique retraçant les 111 jours de captivité de Christophe André dans le Caucase.
Immersion totale garantie dans le quotidien de cet otage grâce aux illustrations.
Happy Hour à Mossoul
Jérémy FERRARI et Patrick BORKOWSKI
M. Lafon, oct. 2017, 252 p., 19€95
Roman graphique abordant l’histoire de l’humanité de manière très caustique et drôle. Thèmes : l’inutilité des guerres, le sens de la vie …
Nellie Bly, dans l’antre de la folie
Virginie OLLAGNIER et Carole MAUREL
Glénat (Karma), février 2021, 144 p., 22€
BD biographique de la première journaliste d’investigation, Elisabeth Cochrane (1864 - 1922) qui n’hésita pas à se faire interner dans un asile psychiatrique pour femmes à New York afin de dénoncer les conditions de vie de ses résidentes.
Texte engagé, dur, adouci par le graphisme de Carole Maurel.
Zaï Zaï Zaï Zaï
FABCARO
Six Pieds Sous Terre (Monotreme), mai 2015, 80 p., 13€
BD retraçant l’histoire d’un auteur de BD qui alors qu’il fait ses courses et arrive à la caisse pour payer, réalise qu’il n’a pas sa carte de fidélité sur lui. Interpellé par le vigile, il prend la fuite après l’avoir menacé. Il devient alors un fugitif traqué par la police. Récit choral où tous les membres de notre société s’expriment : médias, police, voisins, famille … avec leurs réactions improbables ou au contraire, très prévisibles.
Histoire très drôle servie par un graphisme très simple.
L’esprit critique
Isabelle BAUTHIAN et GALLY
Delcourt (Octopus), mars 2021, 120 p., 16€50
BD documentaire traitant d’un sujet complexe : le fonctionnement de la pensée, du discernement, de l’esprit critique. Au cours d’une soirée, Paul rencontre la druide Masha. Paul étant très rationnel, logique, pas du tout superstitieux, le courant ne passe pas du tout entre eux. Paul va alors être accompagné par l’Esprit Critique -personnalisé dans le dessin par une femme- qui va le suivre et le pousser à réfléchir sur ses réactions et sa façon d’agir face aux situations qui s’offrent à lui.
Drôle, pédagogique et accessible à tous. Parfois ardu à suivre.
Meurtre au Mont Saint Michel
Jean-Blaise DJIAN et Marie JAFFREDO
Glénat / éditions du Patrimoine, juillet 2015, 48 p., 14€50
BD polar. Automne 1936. Un soir, alors que et la brume vient de tomber sur le Mont-Saint-Michel, la petite Lucie est témoin d’un meurtre ! Terrorisée, la fillette a un geste de recul qui trahit sa présence et, aussitôt, se retrouve prise en chasse par le meurtrier. Dès l’aube, tous les habitants se mettent à fouiller la baie et le Mont à la recherche de Lucie, portée disparue, mais c’est le corps sans vie de la bonne du curé qui est retrouvé !
Ambiance Agatha Christie. Beaux dessins en teintes sépia évoquant le mystère.
La librairie de tous les possibles
Shinsuke YOSHITAKE
Milan, sept 2018, 104 p., 13€90
C’est une librairie spécialisée dans les livres sur les livres, dans laquelle on trouve tout sur tout, tenue par un libraire qui sait tout sur tout. Dessin simple. Texte cocasse, original, poétique, tendre.
Georges de La Tour, La Madeleine à la veilleuse
LI-AN
Glénat (Les Grands Peintres), 2015, 56 p., 14€95
BD documentaire retraçant l’histoire de Georges de La Tour, l’un des plus grands peintres caravagesques du XVIIe siècle. De son vivant, son talent était reconnu, à tel point que Louis XIII le nomma peintre ordinaire du roi. Son style clair-obscur, parfois qualifié de luministe, a failli tomber dans l’anonymat (très peu de ses tableaux sont signés). Grâce à des historiens de l’art passionnés, il est revenu à la lumière près de deux siècles après sa disparition. Comme son existence est peu documentée, Li-An a un peu imaginé son histoire.
Le dessin simple et semi-réaliste de Li-An colorisé par Laurence Lacroix retranscrit parfaitement le XVIIème siècle. Documentaire à la fin de la BD.
La fissure
Guillermo ABRIL et Carlos SPOTTORNO
Gallimard, avril 2017, 172 p., 25€
Un document qui montre comme nul autre auparavant les migrants, les militaires, les murs qui se dressent. Depuis décembre 2013, les photographe et journaliste espagnols Carlos Spottorno et Guillermo Abril parcourent le monde afin de raconter la crise des réfugiés. Ils ont ramené quelque 25 000 clichés et 15 carnets de notes de leur périple, de l’Afrique à l’Antarctique, des Balkans à la Scandinavie. De cette matière première ils ont produit une BD tenant du “roman photo”.
Très bien documenté, mais pas très facile à lire car très dense. Illustrations frappantes de réalisme (photos colorisées).
Haïkus de Sibérie
Jurga VILE et Lina ITAGAKI
Sarbacane (BD), mars 2019, 22€
Un haïku est un poème classique japonais de dix-sept syllabes réparties en trois vers.
Ce Roman graphique aborde le drame de la déportation, raconté à hauteur d’enfant. Lituanie, 1941. Algis est encore un enfant quand il est déporté dans un camp sibérien. Il raconte son quotidien. Très beau livre. Drôle, émouvant, surprenant.
Fêtes Himalayennes, les derniers Kalash
Jean-Yves LOUDE, Viviane LIEVRE, Hervé NEGRE et Hubert MAURY
Boîte A Bulles / Musée des Confluences, janvier 2019, 96 p., 18€
BD documentaire. Dans les vallées reculées de la frontière Pakistano-afghane, les trois mille derniers Kalash de l'Himalaya tentent de préserver leur culture et leurs traditions ancestrales, désormais menacées par l'islamisation de la société et le monde moderne. À l'approche du solstice d'hiver, les Kalash chantent et dansent pour la renaissance des saisons et la fertilité de leurs cultures. Ils prient les dieux et les esprits de la nature, dialoguent avec les fées et écoutent les instructions du chamane. C'est pour vivre de l’intérieur l’événement le plus sacré de la tradition que Jean-Yves Loude, Viviane Lièvre et Hervé Nègre ont intégré le quotidien de ce peuple, appris leur langue et adopté leurs rites. Un voyage captivant en terres chamanique au cœur du Pakistan. Très belle BD mêlant dessins et photographies.
Au loin, une montagne
CHONGRUI NIE
Steinkis, mars 2019, 28 €
Roman graphique autobiographique. La Révolution Culturelle vécue par le jeune artiste Chongrui Nie : le récit intime et poignant d'une résilience magnifique. Chine, 1966. Chongrui Nie, issu d’une famille de lettrés, perd son père et devient soutien de famille. Lui qui rêvait d’entrer dans une école d’arts est contraint de travailler dans une usine de construction à Pékin. 1968, en pleine révolution culturelle, il est envoyé dans une usine d'armement de la province de Shanxi à Guan Cen Shan. Saisi par la beauté qui l'entoure, Chongrui Nie va consacrer tout son temps libre à dessiner et à photographier tout ce qu’il voit : les paysages, les temples, les animaux, des scènes de vie paysannes, des scènes de vie ouvrières... Il reviendra à trois reprises dans cette montagne qui le rappelle à elle.
Très beau livre. Texte sobre. Dessins au crayon en noir et blanc très réalistes, saisissants comme des photographies instantanées.
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25/09/2021
Groupe de lecture : les coups de coeur de l'été
C'est la rentrée aussi pour les lecteurs de nos bibliothèques. Pour cette première rencontre, chacun a présenté son coup de coeur de l'été.
Des diables et des Saints
Jean-Baptiste ANDREA
L'Iconoclaste, janvier 2021, 368 p., 19€
Jo, pianiste de 80 ans, joue du piano dans les gares et les aéroports. Il attend une femme, qui descendra un jour du train, peut-être Rose, qui était à l’orphelinat avec lui dans les Pyrénées.
L’auteur fait parler l’enfant qu’était Jo, pas joyeux sur le fond, mais l’écriture est fluide, agréable. Il saisit avec subtilité l’enfance et la résilience.
Lisière
Kapka KASSABOVA
Marchialy, février 2020, 458 p., 22€
Bulgarie, Grèce, Turquie trois pays, trois versions de l’histoire avant, pendant et après la guerre froide. Les réfugiés de l’époque, récits de personnes qui ont survécu, et de gardes-frontières.
L’autrice est romancière, journaliste et poétesse, elle a utilisé tous ses talents pour écrire ce livre original et instructif. Mythes, histoire, humain, un peu ardu à commencer mais il en vaut la peine !
La famille Mandible 2029-2047
Lionel SHRIVER
Belfond, mai 2017, 528 p. 22€50
Nous sommes en 2029 le président américain déclare le pays en faillite, la famille Mandible dont le grand-père a amassé une petite fortune s’enferme dans un appartement. Les légumes sont hors de prix, l’eau est une denrée rare, le gouvernement réquisitionne l’argent des particuliers.
Sur fond de crise économique, comment faire sans argent, chute et déroute.
La fabrique des souvenirs
Clélia RENUCCI
Albin Michel, août 2021, 309 p., 19€90
Dans un futur proche, des techniciens ont mis au point un système qui permet d’enregistrer des souvenirs. Un marché se met en place autour de ces souvenirs. Le récit tourne autour du souvenir d’une soirée au théâtre et de l’homme qui tombe amoureux d’une femme du passé.
Original plein de romantisme, thèmes : musique, violon luthier, récit sur le passé et la transmission. Peut faire penser au film Vanilla Sky.
Que sur toi se lamente le Tigre
Emilienne MALFATO
Elyzad, septembre 2020, 77 p., 13€90
Irak rural d’aujourd’hui. Une femme franchit un interdit, avoir une relation amoureuse et sexuelle hors mariage. Son amoureux part à la guerre et meurt. Elle est enceinte. La famille en débat, mais chacun sait, et elle aussi, qu’elle va mourir.
Pas larmoyant, la tradition n’est pas remise en cause, tous acceptent cette "fatalité".
Le cerf-volant
Laëtitia COLOMBANI
Grasset, juin 2021, 204 p., 18€50
L’Inde, ses contradictions, les interdits pour les filles. Une jeune institutrice décide d’ouvrir une école et d’apprendre à lire aux jeunes filles.
Récit lumineux, facile à lire.
Comme un empire dans un empire
Alice ZENITER
Flammarion, août 2020, 395 p., 21€
C’est la rencontre d’un assistant parlementaire et d’une hackeuse. Tous deux se battent contre la politique d’aujourd’hui et peinent à vivre dans ce climat.
Roman très axé sur la politique, ancré dans les problématiques de société, qui fait plutôt penser à un documentaire.
La Pâqueline
Isabelle DUQUESNOY
La Martinière, janvier 2021, 460 p., 21€50
Nous sommes en 1798, Victor l’embaumeur fils de la Pâqueline est en prison pour attitude équivoque avec un cadavre, celui de sa femme. Après avoir fait fortune, Victor vivait dans un grand appartement très luxueux dans Paris. La Pâqueline vit dans une extrême pauvreté avec son paon domestiqué. À la suite du procès de son fils, elle est la cible d’un incendie qui détruit sa maison. Elle décide donc de s’installer chez son fils. Découvrant le luxe dans lequel il vivait, elle décide de vendre toutes ses œuvres d’art et objets onéreux afin de vivre dans de meilleures conditions. Elle reprend également l’affaire de son fils et pratique le trafic d’organes. Sur les murs de l’appartement, elle va écrire toute sa vie, afin qu’il comprenne comment il est venu au monde, et quelle a été la vie de sa mère.
Ce personnage est capable de nous faire rire, de nous émouvoir et de nous dégoûter, c’est surprenant ! L’écriture est riche et fine, les descriptions du Paris de 1798 et des coutumes de la Normandie des années 1770 sont impressionnantes d’informations.
Et ils dansaient le dimanche
Paola PIGANI
Liana Levi, août 2021, 224 p.,19€
Nous sommes en 1929, une jeune Hongroise, Szonja, arrive en France à Lyon plus précisément Vaulx en Velin. Elle est embauchée à l'usine de production de soies artificielles, où elle travaille dur dans des vapeurs chimiques toxiques. Hébergée dans un couvent, elle fréquente d’autres ouvriers immigrés, en particulier des Italiens. Leur seule distraction : aller danser le dimanche au bord de la Rize. La crise, les conditions de travail et de licenciement, mèneront ces ouvriers à se rassembler, jusqu'à aboutir au Front populaire.
Un roman riche en descriptions du climat social et des conditions de travail des immigrés ouvriers d’usine en région lyonnaise. L’écriture est fluide, mais si documentée que les personnages manquent un peu de chair - pour un roman.
Dans les geôles de Sibérie
Yoann BARBEREAU
Stock (la bleue), février 2020, 300 p. 20€90
Récit, histoire vraie dans la Russie de Poutine. Un jeune homme travaillant à l'Alliance française à Irkoutsk est arrêté. On lui dit que sa femme l’a accusé de pédophilie sur sa fille. Procès, prison puis hôpital psychiatrique. Il s’échappe, réussit à se réfugier à l’ambassade de France à Moscou, puis s’évader via l’Estonie.
Récit haltant Kafkaïen.
Les Innocents
Michael CRUMMEY
Presses de la cité, janvier 2021, 360 p., 21€
Terre Neuve, au début du XIXe siècle. Deux enfants orphelins sont livrés à eux-mêmes. Ils vivent aux rythmes des saisons, avec des périodes d’abondance et d’autres de disette, ils survivent.
Un roman qui nous décrit le courage et la résilience des enfants.
La saga des Cazalet
Elizabeth Jane HOWARD
La table ronde, de mars 2020 à octobre 2021
Saga d’une famille anglaise, entre 1937 et 1950. Un récit très cinématographique, avec de nombreux personnages. Le tome 4 paraîtra en France en octobre 2021.
1) Etés anglais : Dans le Sussex, toute la famille se retrouve sur la propriété familiale. Ils mènent une vie bourgeoise aisée. Les enfants ressentent les préoccupations des adultes. Avec un retour sur la guerre de 14 et l’implication des Anglais.
2) A rude épreuve : Le quotidien à Home Place est dominé par les nouvelles à la radio, le deuil, les raids allemands, l’accueil d’un groupe d’enfants.
3) Confusion : de 1942 à la fin du conflit mondial, avec des personnages féminins forts.
Les eaux troubles du mojito et autres belles raisons d’habiter sur terre
Philippe DELERM
Seuil, septembre 2015, 247 p., 14€50
Petites descriptions de 2 pages chacune. En 109 pages l'auteur nous livre 40 raisons d’habiter sur terre : Se faire surprendre par une averse et aimer ça, regarder un enfant apprendre à lire en bougeant les lèvres,...
Une terre promise
Barak OBAMA
Fayard, novembre 2020, 848 p., 32€
Récit fascinant et intime de l’histoire en marche. Pouvoir et limites de la démocratie, histoire contemporaine. Ce tome s’arrête à la fin du premier mandat du Président des Etats-Unis.
Cette nuit là
Victoria HISLOP
Les escales, mai 2021, 291 p., 20€
Suite de L’île des oubliés après 10 ans. Victoria Hislop redonne vie à ses personnages. Le 25 août 1957 la colonie de l’île de Spinalonga ferme ses portes. Maria retourne sur l’île avec son mari qui avait trouvé le remède. Anna, la sœur de Maria est assassinée par son époux.
Prochain bouillon de lecture
18 octobre à 20h à la bibliothèque de Taluyers
Bandes dessinées et roman graphique.
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27/07/2021
Auteurs iraniens
Marjane SATRAPI
Artiste franco-iranienne d'expression francophone née le 22 novembre 1969 à Rasht (Iran) surtout connue comme auteure de bande dessinée et réalisatrice.
Persepolis
L'Association, 2000 à 2003, 15€50/tome
BD autobiographique en noir et blanc en quatre volumes où elle raconte son enfance et sa jeunesse entre l'Iran de la Révolution islamique et l'Europe des années 1980-1990. Adaptée au cinéma sous forme de dessin animé en 2007 primé à Cannes en 2008 et aux Césars en 2008.
Broderies
L'Association, 2003
BD en noir et blanc. Thèmes : amour, sexe, femmes iraniennes. Dans les années 80, les « broderies » désignent la reconstruction de l’hymen des femmes avant le mariage. Situation dramatique restituée de manière drôle.
Poulet aux prunes
L'Association, 2004
Prix du meilleur album du festival d'Angoulême 2004. BD en noir et blanc. Adaptée au cinéma en prises de vues réelles en 2011.
L'intrigue se déroule en novembre 1958 en Iran. Nasser Ali Khan, grand musicien de son époque (et grand-oncle de l'auteure elle-même), décide de se laisser mourir à la suite de la casse de son târ. En effet, même avec les târs les plus fameux et onéreux, Nasser Ali ne retrouve pas le goût de jouer. La bande dessinée relate les huit jours durant lesquels le musicien se laisse dépérir, baladé entre ses souvenirs, ses fantasmes et ses rencontres.
Zoyâ PIRZÂD
Ecrivaine iranienne, née en 1952 à Abadan (Iran). Fille de père iranien d’origine russe et de mère arménienne. Ecrit en persan. Les préoccupations et le langage simples et quotidiens de ses personnages abaissent les frontières de la littérature persane, la rendant ainsi accessible au reste du monde, dans un souci de partage humaniste. Ecriture sobre et simple. « Elle écrit des choses ordinaires de manière extraordinaire. »
C’est moi qui éteins les lumières
Zulma, 2013
1er roman décrivant la vie quotidienne d’une famille arménienne d’un milieu aisé très cultivé dans les années 60. Cette vie familiale va être bouleversée par l’arrivée d’une autre famille. Beaucoup d’humour.
Un jour avant Pâques
Zulma, 2008
Un jeune garçon et son amie découvrent les joies de l’enfance. Elle est fille de concierge de l’école, musulmane, et lui est arménien. Dans ce petit village, les deux communautés se côtoient en bonne harmonie avec leurs coutumes, leur religion, les histoires d’amour et d’amitié, les crispations anciennes et les aspirations à la liberté.
Pâques c’est la fête des œufs peints, des pensées blanches, des pâtisseries à la fleur d’oranger. Entre passé et présent, Téhéran et le village natal, la vie quotidienne se dessine avec virtuosité, un art précieux du détail et beaucoup de finesse. Ecriture subtile, toute en finesse, très agréable.
Comme tous les après-midi
Zulma, 2015
Recueil de nouvelles décrivant la vie des femmes iraniennes avec une certaine fatalité. Zoyâ Pirzâd porte un regard incisif sur les pièges de la vie quotidienne.
Le goût âpre des kakis
Zulma, 2009
Recueil de nouvelles abordant le thème du mariage et de la relation homme/femme.
Négar DJAVADI
Née en Iran en 1969 est une scénariste, réalisatrice et écrivaine iranienne-française. Elle vit et travaille à Paris.
Désorientale
Liana Levi, 2016
1er roman, plus ou moins autobiographie, introspectif et historique.
Portrait sur 3 générations d’une famille iranienne en exil en France. Thèmes abordés : l’identité, l’exil, la famille, l’histoire de l’Iran, l’engagement, la ténacité. A l’hôpital Cochin à Paris, Kimiâ, la narratrice attend son tour dans la salle d’attente du service de PMA. « En Iran, cette même salle ressemblerait à un caravansérail débordant de discussion ». C’est sur cette réflexion que le roman commence.
Cette grossesse tant espérée déclenche en Kimiâ le souvenir de son enfance et de ses aïeux. Bien que vivant à Paris depuis 10 ans, elle a du mal à se détacher de son pays natal, de sa culture et de sa famille. Le roman oscille entre le présent dans cette salle d’attente et le passé en Iran dans les années 70.
Arène
Liana Lévi, 2020
Histoire contemporaine qui se déroule sur quelques jours dans un quartier de l’est de Paris. L’auteur décrit un mélange de population parisienne avec le concentré de leurs problèmes : migrants, émigrés, parisiens de plusieurs générations …
Tout commence par une vidéo, filmée par une jeune fille, d’une policière qui essaye de réveiller un homme sur un trottoir en lui donnant un coup de pied, croyant qu’il dormait. Cette vidéo est diffusée et devient virale. Ce roman contient plusieurs personnages, tous importants, et chacun est mis en scène par un autre. Au fil de l’histoire aucun ne se perd.
Négar Djavadi nous montre avec brio que d’une part, quand les faits sont médiatisés à outrance, scénarisés, cela nous empêche de les voir vraiment, de les analyser, de les comprendre. Et d’autre part, que tout acte entraîne des conséquences prévues ou non, dramatiques ou pas… Bon roman, bien écrit. Lorsqu’on commence sa lecture, on ne s’arrête qu’à la fin.
Shahriar MANDANIPOUR
Auteur iranien, né le 15 février 1957 à Chiraz (Iran). L’œuvre de Shahriar Mandanipour a été récompensée en Iran bien que la censure ait interdit la publication de ses romans entre 1992 et 1997. Exilé aux Etats-Unis depuis 2006 où il enseigne à Harvard.
En censurant un roman d’amour iranien
Seuil (cadre vert), 2011
Roman abordant le thème de la censure, de l’amour avec beaucoup d’humour et d’autodérision. A la fois réaliste et fantastique. S'aimer librement en Iran est quasiment impossible. Publier un livre évoquant ce brûlant sujet est interdit. Shahriar Mandanipour rédige sous nos yeux un roman d’amour en faisant apparaître les corrections afin qu’il puisse être accepté et édité.
Yassaman MONTAZAMI
Psychologue et écrivaine française née à Téhéran le 5 février 1971. Arrivée en France en 1974, à l'âge de 3 ans. Elle a longtemps travaillé auprès de réfugiés politiques et a enseigné à l'Université Paris VII - Diderot. Elle exerce actuellement dans un cadre hospitalier.
Le meilleur des jours
S. Wespieser, 2012
« Karl Marx et mon père avaient un point commun : ils ne travaillèrent jamais pour gagner leur vie. « Les vrais révolutionnaires ne travaillent pas », affirmait mon père. Cet état de fait lui paraissait logique : on ne pouvait œuvrer à l’abolition du salariat et être salarié – c’était incompatible. »
Après la mort de Behrouz (le meilleur des jours en persan), sa fille s’attache à retracer son parcours. Frêle nourrisson non désiré, puis entouré par sa mère d’une attention de tous les instants, Behrouz a grandi en Iran dans une famille bourgeoise athée très aisée, proche du pouvoir. Marié à Zahra, qu’il a courtisée avec tant d’assiduité qu’elle a fini par le choisir parmi tous ses soupirants bien qu’elle ne l’aime pas plus qu’un autre. Venu finir ses études en France, à la Sorbonne à la fin des années 60, il a consacré des décennies à la rédaction d’une thèse, jamais achevée (« De la détermination de l’histoire par la superstructure dans l’œuvre de Karl Marx ») et a vécu toute sa vie des subsides maternels. Behrouz contribue en 1979 à la Révolution d’Iran en faisant de son appartement un lieu d’accueil pour les réfugiés iraniens, sans pour autant apprécier la personnalité de Khomeini.
Facétieux, généreux, lucide et bourré de charme, il fait de sa vie une éternelle comédie. Sa fille, sa complice et sa plus grande admiratrice, dresse ici le portrait attachant de ce père extravagant. Ecrit finement, plein d’affection et d’une certaine nostalgie, ce roman reste assez léger. Il est comme une collection de scènes de la vie de Behrouz, d’instantanés de sa relation avec sa mère, sa femme et surtout sa fille. Les évènements d’Iran restent en filigrane. C’est plutôt un roman familial, agréable à lire.
Nazanine HOZAR
Ecrivaine irano-canadienne née à Téhéran en 1978, puis a déménagé au Canada avec sa famille dans son enfance après la révolution iranienne et a grandi à Surrey, en Colombie-Britannique.
Aria
Stock (La Cosmopolite), 2020
1er roman dédié à sa mère, à l’Iran et à la culture persane qui lui est chère.
Téhéran 1953. Behrouz, humble chauffeur dans l’armée découvre, un jour en rentrant du travail dans les quartiers populaires où il vit, une petite fille aux yeux bleus âgée de seulement quelques jours. Malgré la croyance populaire qui dit que les yeux bleus sont le signe du diable, il décide d’adopter ce bébé avec sa femme Zahra. Il la prénomme Aria qui est en fait un prénom masculin et qui signifie « petit conte chanté ».
Saga sur 3 générations de 1950 à 1980 qui raconte le destin d’Aria et ses proches entremêlé à celui de l’Iran : ¼ de siècle de l’histoire iranienne avec le gouvernement du shah Mohammad Reza Pahlavi jusqu’au retour d’exil de l’ayatollah Khomeini et la naissance de la République Islamique.
Roman facile à lire et très intéressant de part les divers thèmes abordés tels que : l’identité, l’amour, l’amitié, la fidélité envers les personnes et envers ses valeurs, la force de caractère, la culture persane, l’histoire de l’Iran.
Saïdeh PAKRAVAN
Saïdeh Pakravan, née en Iran dans une famille francophone, est une auteure franco-américaine. Ecrit des romans, nouvelles et poèmes. Est également critique de film et blogueuse politique.
Azadi
Belfond, 2015
1er roman. En persan, Azadi signifie liberté.
Téhéran, juin 2009. Les élections ont été truquées pour que Mahmoud Ahmadinejad reste à la tête du pays. La jeunesse aisée s’empare de la rue et manifeste son mécontentement, avec allégresse, sur la place Azadi. Chaque jour, Raha, étudiante en architecture, et ses amis rejoignent les manifestants. Un vent de liberté semble souffler. Mais Raha est arrêtée puis violée et torturée en prison. Son monde s’écroule et elle essaie de se reconstruire avec, entre autres, le procès contre ses bourreaux.
La diversité des personnages et leurs expériences donne une vision éclairée de la société iranienne. Le courage et la volonté de Raha donnent une lueur d’espoir portée par cette jeunesse enthousiaste. Pour Saïdeh Pakravan, l’Iran est certes « un monde irrationnel, un monde aux contours incertains », mais il y règne sous la beauté des lieux « un sentiment d’éternité, de poésie, de spiritualité ».
Omar KHAYAM
Né en 1048 (?) à Nichapur en Perse (actuel Iran) mort en 1113 est un poète, philosophe, mathématicien et astronome persan. Ses poèmes sont principalement écrits en persan alors que ses traités scientifiques le sont en arabe.
Quelques citations :
« Sois heureux un instant, cet instant c’est ta vie. »
« Hier étant révolu, ne l'évoque plus !
Ne te lamente pas, non plus, à propos d'un demain pas encore venu !
Ne te fonde ni sur le passé, ni sur le futur :
Vis joyeusement l'instant présent, ne gaspille point tes jours ! »
« La nuit n'est peut-être que la paupière du jour. »
« Le paradis et l'enfer sont en toi. »
« Boire du vin et étreindre la beauté
Vaut mieux que l’hypocrisie du dévot ;
Si l’amoureux et si l’ivrogne sont voués à l’Enfer,
Personne, alors, ne verra la face du Ciel. »
DIVERS
Love story à l'iranienne
de Jane Deuxard et Zac Deloupy
Une bande dessinée de reportage écrite par Jane Deuxard et dessinée par Zac Deloupy. L'ouvrage recueille des témoignages d'Iraniens au début du XXIe siècle : leurs espoirs, leurs questions, leurs craintes et leurs frustrations face à la société. Beaucoup de ces dialogues portent sur les relations amoureuses et familiales compliquées des interlocuteurs. Prix France Info de la bande dessinée d'actualité et de reportage.
Compte-rendu rédigé par Valérie B.
14:14 Publié dans Bouillon de lecture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : iran
19/05/2021
Autrices à découvrir, les choix du Bouillon
Chaque participant à la rencontre "Bouillon de lecture" de mai a présenté son choix d'autrice. Prochaine rencontre lundi 14 juin autour des auteur(e)s iranien(ne)s.
Claire KEEGAN
Irlandaise, née en 1968, elle partage sa vie entre Irlande et Corrèze, et anime des ateliers de création littéraire. Elle a commencé à publier vers 2010. Avec une écriture extraordinaire. Claire Keegan sait suggérer sans jamais imposer.
Ce genre de petites choses
S. Wespieser, 2020
Dans une petite ville irlandaise en 1985, le Couvent recueille des jeunes femmes ayant « fauté », les enfants sont retirés à leur mère. Un charbonnier, Bill Furlong, est confronté à une jeune femme qui effondrée parce qu’elle est privée de son enfant. Réflexion de ce charbonnier : que faire ? à l’époque, les agissements de l’Eglise n’étaient pas remis en cause…
Les trois lumières : une fillette se trouve chez sa tante, toujours habillée en garçon. On comprend peu à peu pourquoi.
Joyce Carol OATES
Un livre de martyrs américains
Ed. P. Rey, 2019
Histoire de 2 familles. Dans l’une, le père pratique des avortements, dans l’autre, membre d’une secte « pro-vie », le père tue le médecin. Vie des deux familles : les femmes de ces hommes, et leur descendance. Très gros livre, et pourtant on est déçu d’en voir la fin.
Laura ALCOBA
Le bleu des abeilles
Gallimard (Blanche), 2013
La narratrice a dizaine d’années lorsqu'elle rejoint sa mère, opposante à la dictature, réfugiée en France (son père est emprisonné). Elle s'attend à découvrir le Paris et la France qu’on lui avait fait miroiter en cours de français. Mais Le Blanc-Mesnil ressemble peu à ce qu'elle avait imaginé de son pays d'accueil. Comme dans son premier livre, Manèges, Laura Alcoba décrit la réalité au travers du regard d’une enfant. Le quotidien n’est pas facile, pour autant la jeune fille -l’auteure- reste amoureuse de la langue française.
Fariba VAFI
Un secret de rue
Zulma, 2011
Iran. Une jeune fille assiste son père, en train de mourir. Très factuel. Claude n’a pas tellement aimé.
Milena AGUS
Mon voisin
Ed. L. Levi, 2009
Récit très court. Une jeune femme, mère d’un petit garçon, pense au suicide. Elle échafaude des scénarii de suicide. Un jour, le fils d’un voisin vient, à la recherche d’un copain. Elle entre en relation avec le voisin, et peu à peu sort et commence à s’ouvrir.
Eliette ABECASSIS
Un secret du docteur Freud
Flammarion, 2014
Vienne, mars 1938. Dernière réunion de Freud avec un maximum de ses disciples, avant de quitter Vienne.
Alice MUNRO
Prix Nobel de littérature en 2013 (remarque : il n’y a eu que 16 femmes Nobel de littérature pour 120 hommes). Canadienne, née en 1931 en Ontario, elle a longtemps tenu une librairie à Victoria (sur l’ïle de Vancouver) avec son mari. Elle a publié sa 1ère nouvelle en 1968. Elle écrit en anglais, principalement des nouvelles, parfois liées entre elles, et centrées autour de personnages féminins, dans l’Ontario ou la Colombie Britannique des années 1940 à nos jours.
Fugitives (Runaway)
Ed. de l’Olivier, 2008
Rien que la vie (Dear Life)
Ed. de l’Olivier, 2014
Son écriture est ciselée, avec des histoires qui restent dans la tête. Des femmes qui s’émancipent, ou qui voudraient s’émanciper. Elle a inspiré Almodovar pour son film Julieta, et sa nouvelle L'Ours traversa la montagne, qui évoque la maladie d'Alzheimer, a été adaptée au cinéma en 2006 par Sarah Polley sous le titre Loin d'elle (Away from Her).
Citation : "De certaines choses on dit qu'elles sont impardonnables, ou qu'on ne se les pardonnera jamais. Mais c'est ce qu'on fait - on le fait tout le temps."
Nancy HUSTON
Arbre de l’oubli
Actes Sud, 2021
L’arbre de l’oubli, c’est l’arbre autour duquel tournaient les noirs avant d’être embarqués en bateau, pour garder le souvenir de leur personne. Comme toujours avec Nancy Huston, il est question de temps qui passe, de famille. Shaïna est métisse, de père juif et de mère noire. Elle rassemble en elle les gènes de peuples qu’on a essayé de détruire. Des peuples exilés, qui cherchent à survivre.
Ce roman rappelle un peu Lignes de failles, avec une construction sur plusieurs générations. La langue de Nancy Huston est précise.
Nos livres préférés de cette auteure : Lignes de faille, 2006, et Lèvres de pierre, 2018 (parallèle entre l’enfance de Pol Pot et celle de l’auteure).
Delphine HORVILLEUR
Vivre avec nos morts, petit traité de consolation
Grasset, 2021
Rabbin, Delphine Horvilleur accompagne les vivants confrontés à la mort. Ça donne envie d’être juif pour avoir un tel rabbin ! Avec humour, Delphine Horvilleur remonte dans les traditions, on se rend compte que la tradition juive est aussi la nôtre, puisque nous partageons l’ancien testament.
Juliette BENZONI
La collection Klederman
Plon, 2012
Roman historique à la limite du policier, qui tient bien en haleine.
Claudie GALLAY
Née en 1961 à Bourgoin Jaillieu, institutrice, Claudie Gallay se consacre à l’écriture depuis le succès de son roman Les déferlantes.
Avant l’été
Actes Sud, 2021
5 jeunes filles de 23 ans, au milieu des années 1990. Pour la fête du village, décident de faire un défilé de mode, courent les friperies pour acheter des vêtements qui sortent de l’ordinaire, apprennent la démarche des mannequins, …
Jessica se rend compte qu’elle a beaucoup changé pendant cette période, et s’interroge sur ses choix de vie : elle ne souhaite plus reprendre l’hôtel exploité par sa mère et sa grand-mère. Dans le même style que les Déferlantes, un roman où il ne se passe pas grand-chose, mais que l’on n’a pas envie de quitter. Roman frais et joyeux, plein de promesses.
Valérie PERRIN
Née en 1967, photographe au cinéma au scénariste, elle est connue pour ses romans Les oubliés du dimanche et Changer l’eau des fleurs.
Trois
Albin Michel, 2021
Une histoire d’amitié, très agréable à lire.
Marie NIMIER
Parolière et romancière prolixe.
Le palais des orties
Gallimard (Blanche), 2020
Simon hérite de la ferme de ses parents. Nora et lui cultivent les orties, et parviennent à en vivre, une vie calme et simple avec leur 2 enfants.
Un jour arrive une jeune woofeuse, qui offre ses bras, contre le gîte et le couvert. La jeune fille conquiert tous les membres de la famille, et en bouleverse l’équilibre.
Grande présence de la nature. Va loin dans l’interrogation sur ce qu’est l’amour, le désir, la passion et tous les bouleversements que ça peut apporter quand on ne s’y attend pas. L’écriture de Marie Nimier est fluide et agréable, pas conventionnelle.
Sara Lövestam
Née le 13 juillet 1980 à Uppsala, elle vit à Stockholm. Professeur et linguiste de formation, Sara Lövestam est une militante LGBT. Cette romancière suédoise a abordé le roman historique, le roman policier et la littérature jeunesse. Trois de ses romans ont été publiés en français chez Actes Sud : Différente (2013) prix du Swedish Book Championship, Dans les eaux profondes (2015) et En route vers toi (2016)
Sa série Une enquête de Kouplan, détective sans papier est publiée chez Robert Laffont (La bête noire) :
-Chacun sa vérité 2016 (grand prix de littérature policière 2017)
-Ca ne coûte rien de demander, 2018
-Libre comme l’air 2019
-Là où se trouve le cœur 2020
Elle met en scène un immigré sans papiers à Stockholm. Ancien journaliste d’investigation forcé de quitter l’Iran avant de se faire arrêter, il est devenu par la force des choses détective à la petite semaine pour survivre dans la métropole. Entre demande d’asile, débrouille, crainte d’être repéré par les services secrets iraniens, il mène des enquêtes sans prétention. Tout au long de la série, on voit évoluer son personnage (un homme dans un corps de femme), et on suit ses efforts pour obtenir des nouvelles de sa famille. Qu'est-il arrivé à son frère, arrêté en Iran il y a huit ans ? et à ses parents ?
Victoria MAS
Le bal des folles
Albin Michel, 2019
Premier roman, prix Renaudot des lycéens 2019
Depuis l’arrivée de Charcot à la Salpêtrière, on dit que seules les véritables hystériques y sont internées, mais le doute subsiste quand on voit l’expérience menée par Charcot, adepte de l’exposition des fous, avec le « Bal des folles ». A la mi-carême, se tient dans l’établissement le très mondain « Bal des folles » où le temps d’une soirée, le tout-Paris s’encanaille sur des airs de valse et de polka en compagnie des pensionnaires déguisées.
Le livre raconte le quotidien des femmes enfermées contre leur gré, et dont certaines n’étaient pas vraiment folles. Une histoire romancée qui permet de bien comprendre la vie à la Salpêtrière. Un hymne à la liberté, pour toutes ces femmes que le XIXème siècle a essayé de contraindre au silence. Bien écrit, captivant !
09:13 Publié dans Bouillon de lecture, critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, auteure, autrice
16/05/2021
Autrice à découvrir
Une vie et des poussières
Valérie CLO
Buchet-Chastel, 2020, 240 p., 16€
Mathilde 84 ans entre en EHPAD sur décision de sa fille Rose 60 ans. Rose est une femme qui aime le contrôle et la sécurité, et mène tout le monde à la baguette ! Elle cache en elle une blessure, celle de l’absence d’une mère journaliste très occupée par son travail. Au contraire, son frère Baptiste préfère la paix au conflit, et souvent il ne dit rien pour éviter de s’opposer à sa sœur.
Mathilde a reçu un petit calepin en cadeau, de la part de Maryline une aide soignante avec qui elle a lié une amitié pudique. Maryline, c’est une aide-soignante dynamique, joyeuse, professionnelle qui refuse de sacrifier le lien humain avec les résidents au profit du rendement.
Mathilde va noter dans son petit carnet ses souvenirs, son enfance marquée par la guerre, la disparition d’un père et le placement chez des paysans en zone libre. Elle écrit également sur le quotidien d’une vie en EHPAD avec ses bons et mauvais jours.
Son carnet sera découvert par l’aide soignante qui avant de le rendre à la famille écrira un courrier à un éditeur….
Pour faire court, je dirai que c’est un livre « charmant », une leçon de vie, pleine de luminosité, malgré des événements dramatiques survenus durant l’enfance. C’est également un hommage au personnel soignant en EHPAD
Pascale
12:46 Publié dans Bouillon de lecture, coups de coeur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, famille
19/04/2021
De l'humour au bouillon
Rire enchaîné
Petite anthropologie de l’humour des esclaves noirs américains.
Anacharsis, 2016, 14€
Tradition et culture orales, collectées dans le partie sud des Etats Unis, par des « folkloristes » américains des années 1880 aux années 1960. Traduction par un journaliste de Radio France, Thierry Beauchamp. Situations humoristiques empruntes de naïveté, dans une atmosphère des états du sud, des bayous.
Pour ce thème « humour », beaucoup de bandes dessinées !
Toajêne
Bruno Bozzetto, Grégory Panaccione
Delcourt, 2020, 19€99
Quand un microbe amoureux redonne espoir à toute l’humanité, accablée par une pandémie… Mais ce microbe amoureux n’a qu’un objectif, retrouver « Toajêne » dont il est éperdument amoureux. Une bande dessinée burlesque, en noir et blanc, qui touche à la fantaisie poétique.
Jusqu’ici tout allait bien
Ersin Karabulut
Fluide glacial, 2020, 16€90
L’auteur est dessinateur dans plusieurs des derniers journaux turcs. La bande dessinée regroupe plusieurs contes ou fables assez fantastiques cruels, humoristiques, dans une critique acerbe et cinglante de la société.
Didier, la 5e roue du tracteur
Pascal Rabaté, François Ravard
Futuropolis, 2018, 17€
A 45 ans, Didier vit avec sa sœur Soizig en Bretagne. Alors qu’il devait revenir d’une vente aux enchères avec du matériel agricole, c’est son copain Régis qu’il ramène à la ferme. Le courant passe entre Soizig et Régis. Pour que Didier connaisse l’amour à son tour, Soizig l’inscrit sur un site de rencontres. L’amour est-il dans le pré ?
Un papa, une maman, une famille formidable (la mienne)
Florence Cestac
Dargaud, 2021, 14€50
Relations familiales heurtées dans les années pré-1968. Père qui se fait servir, mère soumise, et fille qui rue dans les brancards !
Les chroniques suédoises
Nils Glöt
Delcourt (Encrages), 2014, 15€50
« Un peu de Suède dans ce monde de brutes ». Quand l’auteur, suédois, tourne en dérision le « modèle suédois ». En théorie, la Suède est un peu l’exemple à suivre, le pays parfait qui combat les inégalités, le racisme, le réchauffement climatique. La BD se compose de scénettes où l’auteur pousse à l’extrême les caractéristiques prêtées aux Suédois, jusqu’au ridicule. Exemple : les banquiers accueillent les braqueurs avec une tasse de thé, et la prise d’otage tourne au jeu de société, privant les policiers de toute intervention. Le dessin est simple et efficace, dans un style de dessin journalistique.
Formica
FabCaro
Six pieds sous terre, 2019, 13€
Photographies de la vie quotidienne, passées au crible de l’humour noir. Formica illustre un repas de famille en 3 actes : de ces réunions de famille où l’on ne sait pas de quoi discuter, et où l’on égrène les lieux communs, où comparer les téléphones est une façon de se comparer aussi…
Zaï zaï zaï zaÏ
FabCaro
Six pieds sous terre, 2015, 13€
Au passage en caisse du supermarché, un auteur de BD réalise avec horreur qu’il a oublié sa carte de fidélité. Un vigile réagit, déclenchant une course poursuite totalement décalée. Sous un humour absurde, Fabcaro délivre quand même un message de tolérance et d’acceptation de l’autre, et évoque la précarité des auteurs.
En romans, l'humour est moins partagé...
Broadway
Fabrice Caro
Gallimard (Sygne), 2020, 18€
Même auteur que les bandes dessinées précédentes. Toujours des situations dans lesquelles on se retrouve, mais avec une écriture plus travaillée. Un père de famille, marié, avec deux enfants, une vie tranquille dans un lotissement, reçoit un courrier de convocation pour un suivi colorectal à 46 ans (au lieu de 50 normalement). Ce grain de sable déclenche une remise en question. Pourquoi cette vie de « suiveur » alors qu’il a toujours rêvé d’une vie à Buenos Aires ?
Le dentier du Maréchal, madame Volotinen, et autres curiosiétés
Arto Paasilina
Denoël (et d’ailleurs), 2016, 20€90
Arto Paasilina, Finlandais, est né en 1942 dans un camion en plein exode pour fuir les Soviétiques. Il a exercé plusieurs métiers avant d’écrire. Il est décédé récemment. Son humour s’exprime dans tous ses romans, du lièvre de Vatanen à La forêt des renards pendus.
Volomari Volotinen est collectionneur. De voyages en Laponie en expéditions archéologiques, il constitue une collection très particulière, qui sert de fil conducteur au roman, recueil de séquences d’une immense drôlerie : Le slip de bain de Tarzan, Les plus vieux poils de chatte d’Europe,…
Miracle à la combe aux Aspics
Ante Tomic
Noir sur Blanc, 2021, 18€
Les Aspics, un père et ses quatre fils, vivent dans un village montagnard déserté. Arrivent deux représentants de la compagnie d’électricité, qui prétendent leur faire payer les factures non réglées. Le père les reçoit mal, les séquestre, puis envoie l’un d’eux chercher une femme en ville.
Humour croate, à la Kusturica, choc entre un univers croate arriéré et le monde actuel.
La Sainte Touche
Djamel Cherigui
Lattes (La Grenade), 2021, 19€
La Sainte Touche, c’est le jour de la paie. La Belle Saison, tenue par un épicier plus ou moins trafiquant, voit passer toute une galerie de personnages. Pas vraiment drôle.
Si la mouette est rieuse, c’est que le thon a de l’humour
Librinova, 2019, 15€90
Personnages déjantés, dans un bistrot tenu par une ancienne publicitaire. Ancienne taularde, plombier raciste, médecin radié, deux anciennes prostituées… Pas très drôle.
La vieille qui cassait la baraque
City, 2020, 18€50
Comme son fils voudrait la caser en maison de retraite, Colette en rajoute dès qu’il est là. Alors qu’en son absence elle fait les 400 coups avec sa copine. Sympa, facile à lire, sans plus.
Truffe et sentiments
Emilie Devienne
Pygmalion, 2016, 17€
Histoire familiale racontée par un chien. Humour gentillet.
Comment bien rater ses vacances
Anne Percin
Le Rouergue, 2011, 13€50
Maxime, 17 ans, refuse de partir en vacances en Corse avec ses parents. Il préfère rester chez sa Mamie, à traîner devant l’ordinateur. Mais tout dérape quand Mamie fait un malaise, et le garçon doit évoluer pour faire face. Ecrit comme un journal d’ado, tendre et rafraichissant.
Autres romans de cette série : Comment maximiser (enfin) ses vacances, Comment bien gérer sa love story, et comment devenir une rock star (ou pas).
L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa
Romain Puertolas
Le Dilettante, 2013, 19€
Un fakir venu d’Inde acheter un lit à clous chez Ikea, obligé de passer la nuit en douce dans une armoire du grand magasin, se retrouve expédié en Angleterre… prisonnier de ladite armoire. Il voyage à travers l’Europe à la recherche de l’amour, et partage le sort des clandestins. Rocambolesque récit.
Re-vive l'empereur !
Romain Puértolas
Le Dilettante, 2015, 352 p., 22€
Un chalutier norvégien de Findus repêche dans ses filets deux caisses, contenant l’une Napoléon Bonaparte, l’autre son cheval Le Vizir, en parfait état de conservation grâce aux eaux glaciales de la mer du Nord. Une fois décongelé, le premier Empereur de France est invité pour une retraite au soleil Corse par la CGT (confrérie des Grognards Tristes). Son retour coïncide avec la vague d'attentats djihadistes qui assaille le pays depuis quelques mois, contre laquelle il part illico en guerre. Tout le comique provient du télescopage entre le regard de Napoléon et notre époque.
Pression fatale
Rita Falk
Mirobole, 2019, 256 p.
Traduit de Schweinkopf al dente par Brigitte Lethrone
Roman policier déjanté, dans la veine de « Choucroute garnie ». Nous retrouvons Eberhofer, récemment promu commissaire et fier de sa belle étoile argentée, le village bavarois de Niederkaltenkirchen, et son ambiance déjantée. Une tête de cochon sanglante déposée ans le lit du juge Moratschek oblige le commissaire à pourchasser un dangereux psychopathe. Le juge réclame Franz comme garde du corps, tandis que ses collègues et toute sa famille le poussent à partir en Italie chercher "sa" Susi partie avec un bellâtre.
Le Bon, la Brute et le Renard
14:31 Publié dans Bouillon de lecture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : humour, roman
09/04/2021
Le Bon, la Brute et le Renard
Le Bon, la Brute et le Renard
Christian Garcin
Actes Sud, 2020, 336 p., 21€50
Voilà un roman original et désopilant ! Le titre déjà fait sourire et donne le ton de ce récit plein d’humour. Je ne peux qu’en conseiller la lecture ; elle apporte une très agréable diversion dont on a bien besoin actuellement.
Christian Garcin prend un malin plaisir à entraîner le lecteur dans des univers parallèles où le réel se joue de l’imaginaire et où l’imaginaire aspire le réel. L’intérêt du livre ne réside pas dans l’intrigue, très simple, mais dans l’ambiance, dans cette histoire rocambolesque, dans les dialogues piquants ciselés comme des répliques de théâtre, d’un théâtre qui ne se prendrait pas au sérieux.
Le célèbre policier Zhu Wenguang dit Le Renard assisté de son collaborateur Agvan Djordjé dit Bec de canard sont venus spécialement de Chine pour retrouver Yu la fille de Zhu Menfei, restaurateur installé à New York et cousin de Zhu Wenguang. Accablés de chaleur, ils sillonnent le désert californien, se demandant ce qu’ils font là au milieu de nulle part et à quoi ils servent car cette enquête sans bagarres, sans action, ne les amène à rien, les ennuie et les démoralise.
Dans leur lente progression, ils croisent un policier américain et sa supérieure hiérarchique, parlant finnois (détail important) lancés à la poursuite d’un jeune homme disparu. Une autre enquête s’entremêle à la première. Chen Wanglin, journaliste à Pékin, également auteur d’un polar mettant en scène Zhu Wengang, est envoyé en France, officiellement pour écrire des articles et officieusement pour retrouver Meijie, la fille de son patron, venue à Paris pour ses études et dont il est sans nouvelles. Trois disparitions, certes, mais d’adultes pas toujours en bons termes avec leurs parents...
La vacuité du décor et la simplicité de l'intrigue contrastent avec la complexité de ce récit décapant et la richesse des thèmes abordés. Le Renard et Bec de Canard ne sont pas des êtres balourds et rustres comme on pourrait le supposer, ils sont épris de poésie chinoise, se réfèrent aux principes taoïstes, s’intéressent aux théories de l’évolution, et ont aussi des centres d’intérêt plus pragmatiques comme la gastronomie, la lutte mongole etc...
Dans cette région brûlante, presque désertique et si opposée à son univers habituel, Le Renard en vient à douter de sa propre existence. Lui et ses deux compères vivent-ils dans la vraie réalité ou dans un monde d’illusions ? Sont-ils des personnages réels ou sont-ils crées par Chen Wanglin et, d’ailleurs, celui-ci existe-t-il vraiment ou est-il l’œuvre d’un autre écrivain quelque part dans une troisième dimension ?
Ce roman désopilant séduit par sa fantaisie, son humour, sa légèreté. Annie
15:27 Publié dans Bouillon de lecture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, humour
22/03/2021
Colum McCann au "bouillon de lecture"
Colum McCann, né le 28 février 1965 à Dublin. Son père était journaliste et éditeur et sa mère au foyer. Après avoir été journaliste, il voyage autour du monde en multipliant les petits boulots. Il commence à écrire des romans en 1995 et accède à la notoriété avec Et que le vaste monde poursuive sa course folle. Il vit à New York où il enseigne l'écriture créative. (source Wikipedia)
Le chant du coyote
Marval, 1996, 19€90
Traduit de Songdogs (1995) par Renée Kérisit
1er roman de Colum McCann.
Après une absence de 5 ans, Conor 23 ans revient en Irlande. Il y retrouve son père, vieil homme taciturne et alcoolique, passionné par la pêche à la mouche. Conor a sept jours devant lui pour renouer avec son père malade. Sept jours pour remonter le temps et comprendre enfin, le départ de cette mère dont l’absence le fait tant souffrir. Sept jours pour reconstituer un passé en lambeaux.
L’auteur aborde les rapports douloureux entre un père et son fils et le vide laissé par la mère avec une grande sensibilité. Dans ce roman, McCann nous offre également un dépaysement total avec un périple familial qui se déroule en Irlande bien sûr, mais aussi en Espagne, au Mexique et en Amérique du Nord. A lire !
Et que le vaste monde poursuive sa course folle
Belfond, 2009, 22€
Traduit de Let The Great World Spin par Jean-Luc Piningre
National Book Award 2009 et Prix du Meilleur livre de l'année (magazine Lire) 2009.
Le 7 août 1974, Philippe Petit, funambule a marché sur un câble tendu entre les deux tours jumelles du World Trade Centre. Partant de ce fait divers réel, McCann nous raconte le New York des années 70 : la fin de la guerre du Vietnam, la période hippie, le quartier du Bronx.
A travers la voix de plusieurs personnages fictifs qui s’entre croisent, tous très attachants, le lecteur est en immersion totale dans ce New-York des seventies. Un prêtre dans le Bronx qui cherche Dieu, des femmes fortunées de la 5è Avenue, d’anciens soldats, tous ont un point commun…. Très bon roman
Danseur
Belfond, 2003, 19€50
Traduit de Dancer (2003) par Jean-Luc Piningre
Entre biographie et roman, l’auteur se penche sur la destinée de Noureïev, de son enfance tartare dans un coin reculé d'URSS à ses frasques dans les soirées, en passant par son incroyable talent sur scène, ses amitiés indéfectibles, ses fragilités ou sa mégalomanie.
Construction originale : McCann décrit sa vie, à travers le regard des personnes de son entourage, en changeant de ton, de point de vue et de modèle stylistique à chaque partie du livre. Très belle écriture, roman bien documenté sur le monde du ballet, ses codes, ses douleurs, les luttes. Les informations sont véridiques, mais le roman fait l’impasse sur ses années en prison.
Lettes à un jeune auteur
Belfond, 2018
Traduit de Letters to a Young Writer par Jean-Luc Piningre
Essai. Recueil de 52 conseils que McCann donne à tout aspirant auteur. S’adresse aussi à tout lecteur intéressé par l'écriture. Pas de conseils techniques mais un ton familier et percutant : "De l’audace devant la page blanche ! Écris au-delà du désespoir. Chante. Chasse tes visions dans le noir. Partage ta rage. Résiste. Dénonce. De la vigueur, du cœur, de la persévérance ! Donne du poids à l’imaginaire. Commence par douter. Va où personne n’est allé. Compose une langue unique. Sublime l’ordinaire. Pas de panique. Révèle une vérité inconnue. Divertis également. Soulage la soif de sérieux et de joie. On peut te retirer bien des choses – même la vie –, mais pas les récits que tu en fais. Pour toi, jeune auteur, ce mot donc, non dénué d’amour et de respect : écris !"
Apeirogon
Belfond, 2020
Traduit de Apeirogon par Clément Baude
Le nouveau roman de Colum McCann traite du conflit israélo-palestinien à travers les récits de deux pères et une construction complexe tirée de la géométrie. Deux pères de famille, l’un palestinien, l’autre israélien perdent chacun un enfant dans un attentat. Contre toute attente, ils vont devenir amis et vont unir leur douleur au sein de l'association Combattants for Peace afin que leur tragédie serve au moins à faire avancer le dialogue entre les deux peuples. Inlassablement ils parcourent la planète pour raconter l'histoire et la mort de Smadar et d'Abir, leur seule façon de survivre.
Roman très émouvant, mais sa construction est complexe et déroutante. On n'entre réellement dans le roman qu'à la page 243 car, jusqu'alors, ces deux récits apparaissent par morceaux éclatés, entrecoupés de considérations philosophiques, arithmétiques, géographiques, religieuses, musicales, ethnologiques ou poétiques de deux à une quinzaine de lignes. Un apeirogon, titre du livre, est une figure géométrique au nombre infini de côtés. Le roman est construit comme cette figure géométrique : pour montrer toutes les facettes d'un conflit multiple et les liens de cause à effet entre les tragédies, parfois même l'absurdité de ce conflit. Basé sur des faits réels, un roman hors du commun, à lire malgré son début complexe.
Zoli
Belfond, 2007, 21€
Traduit de Zoli par Jean-Luc Piningre
Histoire inspirée de la vie de la poétesse tzigane polonaise Papusza. Zoli est une jeune tzigane, orpheline dès l’âge de 6 ans, élevée par son grand-père. Elle se démarque de son peuple en apprenant à lire et à écrire et en développant un talent de poétesse et de chanteuse. Des années 1930 en Tchécoslovaquie à Paris en 2003, on suit son histoire aussi envoûtante que dramatique.
McCann écrit à partir de faits réels comme souvent, mais il ne connait pas le monde tzigane. Ce roman est un hymne à la liberté, une réflexion sur l'exil, sur l'appartenance à une communauté et sur la transmission d'une culture, sur la différence … Une pépite !
Ailleurs en ce pays
Belfond, 2001, 18€
Traduit de Everything in This Country Must par Michelle Herpe-Voslinsky
3 histoires courtes, mais tristes, de jeunes irlandais en pleine tragédie de guerre de l’Irlande contemporaine. Du Zola irlandais ! Bien raconté, mais très noir.
Transatlantic
Belfond, 2013, 22€
Traduit de TransAtlantic par Jean-Luc Piningre
L’auteur bâtit un pont entre l’Amérique et l’Irlande du XIXème siècle à nos jours, mêlant histoire et fiction dans une écriture lyrique. Ce qui intéresse l’auteur : "au cœur de la violence, des vies malgré tout ; écheveaux invisibles qui entremêlent lieux, époques, personnages, le passé ressurgit de la manière la plus étrange qui soit."
15:30 Publié dans Bouillon de lecture, critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman étranger
16/03/2021
Marc Dugain à l'honneur
Né en 1957 au Sénégal, où son père était coopérant, Marc Dugain grandit en France. Diplômé de l'Institut d'études politiques de Grenoble et expert-comptable, il travaille dans la finance, puis crée une société d'ingénierie financière pour les moyens de transport. Entrepreneur dans l'aéronautique, il dirige en 2000 les compagnies aériennes Proteus Airlines et Flandre Air. À 35 ans, il commence une carrière littéraire en racontant le destin de son grand-père maternel, "gueule cassée" de la guerre de 14-18, dans La Chambre des officiers, publié en 1998 et qui le fait connaître. Dès lors, Marc Dugain se consacre entièrement à l'écriture, et à la réalisation de films. (Source Wikipedia)
Une exécution ordinaire
Gallimard, 2007
Grand Prix RTL-Lire.
Roman inspiré par le naufrage du sous-marin russe Koursk. Évocation du pouvoir politique en Russie depuis la période de Staline jusqu’à celle de Poutine à travers l’itinéraire d’une famille. Aborde le contexte politique et sociétal de cette période. L’auteur mêle personnages réels et personnages fictifs. Ce roman est richement documenté, mais sa construction fragmentée en 7 parties, avec des narrateurs différents, nuit à la fluidité de la lecture. Adapté au cinéma par l’auteur en 2010 sous le même titre que le roman avec André Dussolier.
L’emprise
Gallimard (Blanche), 2014, 19€50
Roman politique et d’espionnage, sur fond d’élection présidentielle en France. Inspiré de personnages et faits réels ce roman aborde le parcours de plusieurs personnages issus des milieux politique, industriel et de l’espionnage français. L'auteur met en avant les conséquences catastrophiques de certains actes liés au pouvoir et à l'argent.
Il s'agit donc d'une dénonciation d'un système et de ses rouages. La construction est curieuse, et l’énergie maîtrisée, avec une écriture sèche. Intéressant et actuel, un roman qui fait réfléchir.
Transparence
Gallimard (Blanche), 2019, 19€
Roman d'anticipation sur un sujet qui passionne l'auteur : le transhumanisme. L’histoire se déroule à la fin des années 2060 en Islande. Transparence est une start-up numérique qui met au point le projet Endless dans le but de sauver l’humanité, menacée par le réchauffement climatique. Un projet qui consiste à transplanter après, ou même avant sa mort, les données personnelles numérisées d’un individu dans un corps artificiel. En d’autres termes, un projet révolutionnaire donnant accès à l’immortalité. Pour qui ? Sur quels critères ? Comment ? Un algorithme décide si une personne est éligible à l’immortalité / si elle le droit d’enfanter.
Sous couvert de roman d’anticipation, une réflexion intéressante sur notre société actuelle menacée de destruction, avec le dérèglement climatique, le danger des algorithmes, ou celui du transhumanisme. Bien écrit, assez ardu avec une écriture un peu philosophique, angoissant.
Avenue des géants
Gallimard (Blanche), 2012, 21€50
Prix des lycéennes Elle 2013
Marc Dugain s'est inspiré de l'histoire de Edmund Kemper, un tueur en série américain de la fin des années 70. Ce roman est le récit du cheminement intérieur d'un tueur en série hors du commun. Comment cet homme supérieur en tout - un colosse dont le QI serait supérieur à celui d'Einstein - est-il devenu un tueur en série ? A travers ce roman, l’auteur fait également l'autopsie d'une Amérique des années 1960-1970 en pleine révolution avec la guerre du Vietnam et le mouvement hippie.
Un roman certes percutant et perturbant, mais avec une approche psychologique fine.
La malédiction d’Edgar
Gallimard (Blanche), 2005, 20€20
Roman biographique sur John Edgar Hoover, directeur du FBI de 1924 à 1972. Durant toute cette période, Hoover a imposé son ombre à tous les dirigeants américains, de Roosevelt à Nixon, d’où le titre du roman. Pendant près d'un demi-siècle, les plus grands personnages de l'histoire des États-Unis ont été traqués jusque dans leur intimité par cet homme qui s'était érigé en garant de la morale.
Roman très documenté. Espionnage, mafia, respect de l’ordre moral… le point de vue sur Kennedy et sa famille n’est pas très brillant.
Ils vont tuer Robert Kennedy
Gallimard (Blanche), 2017, 22€50
Ce roman mêle intimement deux histoires : une synthèse sur les assassinats de John et Robert Kennedy, à laquelle le narrateur lie celle de son père, espion. L’auteur revisite l’histoire des États-Unis dans les années 1960, entre contre-culture et violences politiques. De nombreux assassinats et règlements de comptes ; les grands financiers, la pègre, la justice et certains politiques règnent «ensemble», sur le pays ! On comprend bien ce qui a tué les frères Kennedy, les tueurs présumés n’étant qu’un paravent. Édifiant, et très bien écrit.
En bas les nuages
Flammarion, 2009, 20€30
L’auteur nous livre 7 nouvelles, l’histoire de 7 hommes vivant aujourd’hui dans des lieux différents : Dordogne, Maroc, États-Unis, Irak ou dans une île lointaine. Comment chacun fait face à son quotidien ?
Réflexion cynique sur l’humanité, le rêve, la société de consommation …
L’insomnie des étoiles
Gallimard (Blanche), 2010, 17€75
Automne 1945, les alliés occupent Berlin et le reste de l’Allemagne. La compagnie française du capitaine Louyre investit le sud du pays. Dans une ferme isolée, il découvre une adolescente vivant seule, comme une sauvage, et le corps calciné d’un homme. Incapable d’expliquer la situation, la jeune fille est arrêtée. Le capitaine s’acharne à chercher la vérité, et découvrira un secret sur la région.
Roman à la fois historique et policier, très bien écrit.
La chambre des officiers
JC Lattes, 1999, 17€
Prix des libraires, Prix des Deux Magots, Prix Roger-Nimier et Prix René-Fallet 1999
Un officier est blessé au visage, dès le 1er jour de la guerre, où il est envoyé en reconnaissance. Défiguré, il est transporté au Val de Grâce à Paris, où il séjourne 5 ans dans la chambre des officiers. Au fil du temps, des amitiés se nouent entre les blessés. D’une époque et une situation dramatiques, l’auteur sait faire émerger la grâce et l’humanité. Le roman a été adapté au cinéma par François Dupeyron (2001) sous le même titre.
Ce livre rappelle à Annie « Les gueules cassées » de Martin Monestier, qui retrace toute l’évolution de la chirurgie faciale pendant la période allant de la guerre de 14-18 à nos jours.
15:16 Publié dans Bouillon de lecture, critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, comité de lecture
15/12/2020
Secrets de famille
Double secret
Willa MARSH
Autrement, 2015, 361 p., 21€
Traduit de The Summer House par Aline Weill
Une famille atypique, famille de cœur, se rassemble avec affection dans "la grande maison" autour de Milo, ancien brigadier à la retraite, et sa petite ex-belle-sœur Lottie. Lottie, malgré son peu de sens pratique, a élevé Matt et Imogen lorsque leur mère dépressive a sombré dans l’alcool, et ils viennent se ressourcer auprès d’elle quand ils en ont besoin ; Milo accueille son fils Nick lorsqu’il fait trop de bêtises ; la coquette et lucide Venetia aime rendre visite à son vieil amant…
Après la mort de sa mère Helen, Matt découvre dans son coffret à trésors des photos qui font remonter d’anciens souvenirs à la surface. Il tente de percer le mystère de l’étrange sensation de manque qui l’a toujours habité : enfant, il l’avait comblé avec un ami imaginaire ; adulte, il en a tiré la substance d’un roman devenu bestseller.
Willa Marsh décrit ses personnages avec douceur, et les situe dans une calme campagne anglaise, avec laquelle ils développent des liens forts. Le "pavillon d'été", le jardin, les oiseaux ou les chiens et les chats sont source de joie et de paix. Le récit laisse une part à l’inexpliqué (au surnaturel ?) là où Matt –et surtout Lottie- ont une sensibilité hors normes, à la limite d’une forme de clairvoyance
« Tu crois aux fantômes ?
-Je pense que, partout où il y a eu des émotions puissantes, des échos demeurent. »
Le secret de famille ne semble peser que sur Matt, mais sa résolution lui est indispensable pour avancer, incapable qu’il est devenu d’écrire ou de nouer une relation profonde avec une femme.
L'écriture de Willa Marsh, fluide et agréable, nous transporte facilement dans une ambiance anglaise. La seule difficulté réside dans la compréhension des liens de famille.
Aline
18:07 Publié dans Bouillon de lecture, critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : famille, secret de famille, angleterre