14/02/2014
Sélection de janvier
Livres présentés par Ginette, Martine, Chantal, Muriel, Claude, Marie-Claire, Annie P., Annie B., Jacqueline, Maryvonne et Aline.
Khaled Hosseini
Ainsi résonne l’écho infini des montagnes
Belfond, 2013, 22.50 €
Histoires de famille et de migration d’Afghans simples. Malgré des évènements difficiles, l’écriture de Khaled Hosseini est toujours lumineuse.
Rokhaya Diallo
Comment parler du racisme aux enfants
Le baron perché, 2013, 16 €
Préface de Lilian Thuram
Très bon support pour parents et enseignants.
Frédérique Hébrard
Les châtaigniers du désert
Plon, 2005, 19 €
Beau roman, sur les Cévennes et l’importance des racines familiales, par l’auteur de nombreux bestsellers.
Pierre Lemaître
Robe de marié
Calmann-Lévy, 2009, 17.25 €
Très bon suspense psychologique, déstabilisant. Sophie semble perdre la tête…
Par l’auteur du Goncourt 2013, unanimement apprécié : Au revoir là-haut.
Beyrouk
Et le ciel a oublié de pleuvoir
Aux confins du Sahara, une héroïne libre provoque la tribu, en refusant de suivre la destinée tracée par les traditions.
Franck Maubert
Le dernier modèle
Mille et une nuits, 2012, 12.50 €
Prix Renaudot Essai
Caroline, modèle-muse-amante d’Alberto Giacometti, revit son histoire avec lui, de 1958 à 1966 (dernières années de l’artiste).
René Guitton
L’entre-temps
Calmann-Lévy, 2013, 16 €
Né en 1943 d’une mère d’origine italienne, dans un camp d’internement au fond du Maroc, Alexandre fait un voyage de mémoire, hommage d’un fils à son père mort jeune.
Troy Blacklaws
Un monde beau, fou et cruel
Flammarion, 2013, 19 €
Afrique du Sud, 2004. Lutte pour la survie de 2 hommes, Jiro et Jabulani, dans un pays en butte à la criminalité et à la violence, mais également empreint de poésie.
Jean Paul Feuillebois et Nicole Blondeau
Victoria la scandaleuse : vie extraordinaire de Victoria Woodhull (1838-1927)
Le livre de poche, 1980
Biographie romancée d’une femme politique américaine en avance sur son temps. Première femme agent de change à Wall Street, militante pour les droits des femmes (de l'amour libre au droit de vote). Elle fut en 1872 la première femme à se présenter à l'élection présidentielle américaine.
Georges Fenech
Apocalypse imminente ? Les sectes en ébullition.
Calmann-Lévy, 2012, 18.50 €
L’auteur rend compte du travail de vingt ans d’une commission sur les sectes et manipulations en tous genres.
Les autres livres évoqués ont des critiques extensives sur le blog : Les Reflets d’argent de Susan Fletcher, Princesse Bari de HWANG Sok-Yong, N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures de Paola Pigani, Le cas Eduard Einstein de Laurent Seksik, Oradour le verdict final de Douglas W. Hawes, un océan de pavots d'Amitav Ghosh.
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25/01/2014
Oradour, le verdict final
D’une minutie et d’une richesse extraordinaires, ce documentaire permet un nouveau regard sur la tragédie d'Oradour. Peu après le débarquement de Normandie, le 10 juin 1944, 21 membres de la SS das Reich massacrent 642 personnes dans le village d'Oradour, dans le Limousin.
Le quartier général des SS se trouvait à Montauban, et était appelé à se déplacer vers la Normandie via Tulle, Guéret, Limoges… Quelques-uns seulement étaient des allemands, les autres des Alsaciens « Malgré nous »
La deuxième partie du livre se penche sur le procès, à Bordeaux en 1953, de 21 membres de cette unité. Les Alsaciens étaient-ils victimes ou tueurs ? Et que dire de l’absence des officiers SS au tribunal ? Grâce à des documents inédits, et au témoignage de quelques survivants, l'auteur fait la lumière sur ce crime de guerre et ses séquelles.
Ginette
Oradour, le verdict final
Douglas W. HAWES, Seuil, juin 2009
Traduit de l’américain par William Olivier Desmond
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22/12/2013
Bouillon italien (suite)
Mario Rigoni-Stern (1921-2008)
Mario Rigoni Stern est né à Asiago, commune pauvre du Tyrol italien. Il est incorporé pendant la Seconde Guerre mondiale dans un régiment de chasseurs alpins. Fait prisonnier par les Allemands après la signature de l'armistice avec les Alliés en septembre 1943, il est transféré en Prusse orientale. Il finit par s’évader, et parvient à rejoindre Asiago en avril 1945. Employé au cadastre, il se consacre à l’écriture à partir de 1970.
Rigoni Stern et Primo Levi ont vécu des expériences qui se rejoignent, et Primo Levi le considérait comme l'un des grands écrivains italiens du 20e siècle. Plus modestement, nous aussi avons beaucoup aimé ses textes, dont nous recommandons chaudement la lecture.
Le sergent dans la neige (1954)
Premier livre écrit par Rigoni Stern, devenu un classique de la littérature italienne, ce roman reprend ses souvenirs de la dure retraite de Russie : la longue marche de quelques soldats italiens, dans le froid et la neige, accompagnés par la faim. Souvenirs aussi de quelques moments d'humanité et de solidarité, y compris entre ennemis.
Les saisons de Giacomo (1995)
1919-1938. Histoire des familles italiennes du plateau d'Asiago. Le travail manque, les pères partent en chercher à l'étranger, les enfants pauvres comme Giacomo fouillent les tranchées de la 1ère guerre pour récupérer les métaux des obus et gagner quelques sous. Puis c'est la montée du fascisme, la politisation et l'embrigadement des jeunes. Mario Rigoni Stern offre un témoignage poignant, tout en transmettant son émerveillement devant la campagne et la nature, dans une très belle écriture.
Les sentiers sous la neige (1998) et En attendant l'aube (1994)
Recueils de nouvelles très évocatrices, autour des thèmes récurrents chez Rigoni Stern : la guerre, la neige et le froid, le réconfort que l'on peut trouver auprès des autres, la solidarité, la montagne. La lettre à Jacopo fait exception : elle rend hommage au peintre de la Renaissance Italienne, Jacopo da Bassano, à travers l'histoire d'une de ses œuvres.
Retour sur le Don (1973)
Trente ans après la campagne de Russie à laquelle il participa en tant que chasseur alpin italien, l'auteur revient dans les steppes russes parcourir à nouveau le tragique itinéraire où la plupart de ses camarades sont tombés. Passé et présent alternent. Mais au-delà des hostilités imposées et de l'absurdité des combats, les contacts humains, élémentaires et essentiels, demeurent. Les souffrances vécues rapprochent les deux camps autrefois opposés ; l'auteur retrouve alors les qualités de l'âme russe découvertes dans les camps de prisonniers. On retiendra la superbe histoire des trois pommes de terre bouillies, offertes par une vieille femme russe. La guerre n'a pas épargné non plus le plateau d'Asiago. De tout cela, Rigoni Stern témoigne avec un réalisme sobre. Nourri d'émotion et de poésie face à la nature, il fait sortir de l'anonymat des humbles.
17:58 Publié dans Bouillon de lecture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : italie, guerre, montagne, nouvelles
Bouillon italien
Erri de Luca
Né Henry de Luca à Naples en 1950, il est parti jeune de chez ses parents, a milité dans l'extrême gauche, a exercé de nombreux métiers manuels tout en réservant du temps pour ses passions : l'alpinisme, la traduction de l'ancien testament de l'hébreux à l'italien (autodidacte en hébreux et yiddish) et l'écriture. En 2002, il a reçu le prix Femina étranger pour Montedidio.
La plupart de ses romans sont largement autobiographiques, avec des thèmes récurrents : l'enfance, les premiers émois amoureux, la montagne, le militantisme de gauche des années 60-70. Ils sont traduits en français par Danièle Valin.
Les poissons ne ferment pas les yeux
Gallimard, 2013, 15.90 €
Le narrateur revient sur ses années d'enfance solitaire, avec un regard et des réflexions d'adulte. L'été de ses 10 ans, son père parti en Amérique pour chercher du travail, il passe ses vacances sur une île avec sa mère. Proche de l'adolescence, il se sent grandir, mais a l'impression que son corps ne suit pas. Il apprécie les plaisirs de la plage et de la mer, la pêche, mais reste intellectuel et différent des autres, qui le chahutent… jusqu'au moment qu'il choisit –comme pour mettre fin à son enfance- pour se laisser tabasser par la bande… C'est aussi l'été d'une rencontre initiatique avec une fillette délurée.
Tu mío
Rivages, 1998
Egalement situé sur une île – inspirée de l'île d'Ischia, en face de Naples, où l'auteur passait ses vacances – le roman en rend toute l'ambiance. Le jeune narrateur accompagne souvent Nicola, un pêcheur qui a connu la guerre, et le fait parler. C'est aussi le temps de l'adolescence et de l'initiation à l'amour, pas celui –pas forcément enviable- dont parlent les adultes.
Le poids du papillon
Gallimard, 2011, 9.65 €
Dans les Alpes Italiennes, chères à Erri de Luca, un chamois, mâle dominant, mène sa harde depuis des années, et sent s'approcher le moment où il ne gagnera plus les défis de mâles plus vigoureux. Face à lui, un braconnier vieillissant, dont la dernière ambition est de tirer ce chamois légendaire. Un duel de ruse et d'escalade dans un décor de montagne presque sacralisé.
Trois chevaux
Gallimard, 2000, 14.90 €
La vie d'un homme dure autant que celle de trois chevaux.
Le narrateur, Italien émigré en Argentine par amour, retourne au pays après la mort de sa femme, victime de la dictature militaire. Lui, le rescapé, a appris que la vie d'un homme dure autant que celle de trois chevaux. Il travaille comme jardinier et mène une vie solitaire, avec ses bouquins et quelques amis de rencontre. Il entame une nouvelle étape de sa vie lorsqu'il se lie avec une belle femme "qui va avec des hommes pour de l'argent" et entreprend de l'apprivoiser.
Le contraire de un
Gallimard, 2004, 14.75 €
Recueil de nouvelles, ou plutôt de courts récits autobiographiques, où se retrouvent la plupart des thèmes chers à l'auteur : l'Italie, les combats révolutionnaire des années 1970, la montagne, les premiers amours,… Certaines formules -très poétiques ou touchantes d'humanité- ressortent comme des pépites de ces récits, que nous avons néanmoins trouvés ennuyeux.
Rez-de-chaussée
Rivages, 1996, 8.15€
Chroniques (parues dans les journaux italiens) qui reprennent l'actualité de l'auteur, de ses petits boulots d'ouvrier aux convois humanitaires en ex-Yougoslavie.
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18/11/2013
Bouillon d'auteurs algériens
Un grand merci à Maryvonne d'avoir partagé avec nous ses connaissances sur les auteurs algériens. Ce compte rendu ne rend pas justice aux commentaires des lectrices, mais il permettra aux uns et aux autres de se procurer les livres cités.
Nous avons tout d'abord évoqué des ouvrages récents, dont plusieurs écrits par des femmes, avant de nous pencher sur des auteurs algériens plus "classiques" de la seconde partie du 20ème siècle.
BOUALEM SANSAL
Le village de l'Allemand : ou le journal des frères Schiller
Gallimard, (Blanche), 2008, 263 p., 21.30 €
Prix RTL Lire 2008
Le récit est mené à rebours, à partir du journal intime de deux frères, Rachel (Rachid Helmut) et Malrich (Malek Ulrich). Nés en Algérie de père allemand et de mère algérienne, venus en France faire des études, logés chez un oncle dans une cité peu reluisante, ils ont "tourné" de façon bien différente : l'aîné affiche une belle réussite, tandis que le second traficote et traîne dans la banlieue.
En 1994, dans leur village près de Sétif, leurs parents sont assassinés par un groupe d'islamistes. Le père, qui avait énormément œuvré pour la population (construction, irrigation,…), était pourtant considéré comme un saint homme. Rachid, rentré au village d'Aïn Deb après leur décès, retrouve des documents sur la première vie de son père, dans l'Allemagne nazie, et ne supporte pas ces révélations.
Le roman propose une réflexion profonde, nourrie par la pensée de Primo Levi :
"Il faut condamner ferme l'idéologie, mais ne pas accabler les hommes."
Boualem Sansal établit un parallèle entre les camps nazis d'extermination et l'inféodation par les intégristes, que ce soit pendant la sale guerre des années 1990 en Algérie, ou (ce qui peut paraître abusif) dans les banlieues françaises. Ce lien est expliqué dans un entretien du Nouvel Observateur avec l'auteur.
Boualem Sansal vient de publier Gouverner au nom d'Allah. Bien que menacé par les islamistes, il vit toujours en Algérie.
MAÏSSA BEY
Nom de plume de Samia Benameur, née en 1950, auteur de pièces de théâtre, poèmes, romans et essais, elle a reçu en 2005 le grand prix des libraires algériens pour l'ensemble de son œuvre.
Entendez-vous dans les montagnes…
Editions de l'Aube, 2002.
Huis clos dans un compartiment de train, quelque part au centre de la France. Un vieil homme, Français ; une femme, Algérienne fuyant son pays à nouveau en guerre ; et Marie, petite-fille de pied-noir, jeune fille "blonde et lisse", scotchée à son baladeur. Dans un désir de mieux comprendre l'Histoire, la jeune fille fait parler ses deux voisins, et leurs souvenirs se mettent en place, étrangement imbriqués : le vieil homme, appelé en Algérie pendant la guerre d'Indépendance, a obéi aux ordres, même s'il l'a fait à contrecœur ; la femme algérienne, elle, a perdu son père à 7 ans, sous la torture des bidasses français.
Sobrement, sans haine, dans un court récit vibrant, Maïssa Bey évoque la disparition de son père, instituteur algérien tombé sous la torture en 1957.
Cette fille-là
Editions de l'Aube, 2001.
Recueil de plusieurs histoires courtes de femmes, qui représentent un peu toutes les femmes algériennes, et s'insurgent contre la tradition, le machisme, l'ignorance et l'anonymat dont elles sont entourées. "Cette fille-là" est une enfant née de père et de mère inconnus, qui dit sa colère :
" J'ai tout simplement envie de dire ma rage d'être au monde, ce dégoût de moi-même qui me saisit à l'idée de ne pas savoir d'où je viens et qui je suis vraiment. De lever le voile sur les silences des femmes et de la société dans laquelle le hasard m'a jetée, sur des tabous, des principes si arriérés, si rigides parfois qu'ils n'engendrent que mensonges, fourberie, violence et malheur. "
Pierre, sang, papier ou cendres
Editions de l'Aube, 2008.
Rédigé comme un pamphlet à l'humour grinçant contre "Madame la France", qui s'installe en Algérie, ce roman historique retraçant la colonisation de l'Algérie -du 14 juin 1830 au mois de juillet 1962- dénonce les exactions, spoliations, entreprises délibérées de déculturation, et jusqu'à la comédie de la fraternisation.
Surtout ne te retourne pas
Editions de l'Aube, 2005.
MALIKA MOKEDDEM
Malika Mokeddem est née en 1949 en Algérie. Fille d'une famille de nomades sédentarisée en bordure de désert, de tradition orale, elle a grandi bercée par les histoires contées par sa grand-mère et a été la seule fille de sa famille et de la ville à finir ses études secondaires. Elle a suivi des études de médecine à Oran et Paris.
La nuit de la lézarde
Grasset, 1998.
Nour et Sassi sont les derniers habitants d'un ksar du désert algérien, un ancien village fortifié qui donne d'un côté sur le désert, de l'autre sur la plaine. Tous les autres l'ont déserté parce qu'il tombe en ruine, que la source ne suffisait plus à tous… et surtout que la peur rôde. Des nouvelles de mort et de violences parviennent par la radio.
Nour et Sassi vivent chacun dans sa maison, cultivent amoureusement un potager à l'abri des murs du ksar, descendent au village matin et soir pour vendre une poignée de légumes ou de bouquets d'herbes aromatiques et bavarder un moment avec leurs amis d'antan. Tous les soirs, ils se retrouvent face au désert pour admirer le coucher du soleil… ou plutôt, Nour (dont le prénom signifie lumière) décrit à Sassi, aveugle, les beautés des lumières rasantes sur les dunes.
Leur dialogue est fait d'amitié profonde, de provocation et de chamailleries parfois, et de nostalgie du temps où le ksar vivait des bruits de tous ses habitants. Si Nour est restée au ksar, c'est surtout parce qu'elle y a gagné sa liberté, car il n'est pas facile d'être une femme indépendante en Algérie. Jour après jour, elle scrute avec impatience et anxiété l'immensité du désert, d'où reviendra peut-être, si les violences du monde l'ont épargné, l'homme aimé.
Les hommes qui marchent
Grasset, 1997.
Les hommes qui marchent, ce sont les Touaregs. Malika Mokeddem est issue d'une de ces familles en errance éternelle, et conte -au travers de la vieille Zohra- les temps anciens des caravanes, les traditions nomades, et la lente sédentarisation. Sa petite-fille Leïla, l'une des premières jeunes filles de la tribu à maîtriser l'écriture, est aussi la plus rebelle à la condition de recluse qu'on veut lui réserver. Elle puise dans ses racines nomades la force de s'opposer à son destin, au poids des coutumes d'un autre âge.
A travers ce roman, largement autobiographique, se dessinent la place des femmes algériennes, et l'histoire récente d'une jeune nation, entre guerre d'indépendance et intégrisme d'aujourd'hui. Entremêlant contes anciens et récits plus récents, il est cependant un peu difficile à suivre.
ASSIA DJEBAR
Née Fatima-Zohra Imalayène à l'ouest d'Alger en 1936, Assia Djebar a étudié en Algérie et en France. C'est une écrivaine algérienne d'expression française, auteur d'une œuvre importante (romans, nouvelles, poésies, théâtre, films et essais), qui a pour thèmes récurrents l'émancipation des femmes, et l'histoire de l'Algérie. Elle siège à l'Académie française depuis 2006.
Le blanc de l'Algérie
Albin Michel, 1995.
Assia Djebar convoque une procession de morts, hommes de culture et écrivains algériens disparus, souvent assassinés. Elle raconte ainsi l'Algérie par ses intellectuels, de sa "première procession" : Albert Camus, Frantz Fanon, Mouloud Feraoun… à Jean Amrouche, Jean Sénac, Mouloud Mammeri, Kateb Yacine, Tahar Djaout… sans oublier une procession de femmes.
MOULOUD FERAOUN
Kabyle, né en 1913, a œuvré pour les centres sociaux chers à Germaine Tillion, exécuté par l'OAS en 1962 avec six autres personnes.
Le fils du pauvre
Seuil, 1995
Enfance au bled, dans un village perdu au fin fond de la Kabylie, dans une famille très pauvre. Feraoun décrit le physique et le caractère des personnages de sa famille : la grand-mère qui tient l'intendance et les cordons de la bourse, le premier garçon né après plusieurs filles, pourri-gâté,…
RACHID MIMOUNI
Né en 1945 à 30 km d'Alger dans une famille de petits paysans, enseignant et écrivain engagé, il a occupé diverses fonctions dans les domaines de la culture et des droits de l'homme. En 1992 il est condamné à mort par les intégristes musulmans, mais c'est la maladie qui l'emportera en 1995.
Son œuvre évoque le quotidien des Algériens, la guerre d'Algérie, la dictature et la révolution.
L'honneur de la tribu
Stock, 1989
Un vieil homme raconte l'histoire de son village depuis le début de la colonisation jusqu'à ces jours de honte de la révolution intégriste. La lecture est assez ardue, car l'auteur mélange histoire et contes.
La malédiction
Stock, 1993
C'est la malédiction qui s'abat sur Alger soumise à l'intolérance et à l'intégrisme en 1991. Celle des frères ennemis, des femmes soumises. Les intégristes viennent de lancer une grève insurrectionnelle dans le but affiché de prendre le pouvoir, ils contrôlent le plus grand hôpital d'Alger et y instaurent un ordre qui préfigure celui qu'ils veulent imposer au pays entier. Le personnage principal, médecin, est empêché de soigner certains patients.
KATEB YACINE (1929-1989)
Kabyle, né en 1929, avocat de la cause Berbère, est un homme de lettres complet. Il a écrit aussi bien de la poésie, du théâtre et des romans (Nedjma) que des essais.
Parce que c'est une femme
Ed. des Femmes, 2004
Composé de courtes pièces de théâtre, cet opus regroupe des portraits féminins plus anciens écrits par Kateb Yacine, qui met l'accent sur les initiatives que prennent ces femmes : La Kahina ou Dihya ; Saout Ennissa ; La Voix des femmes ; Louise Michel et la Nouvelle Calédonie.
Bonus du bouillon
Encore des livres :
Douglas Hawes : Oradour, le verdict final. Un livre dur, mais extraordinaire !
Robert Merle : L'enfant roi (Fortune de France, tome 8). Sur l'enfance de Louis XIII sous la régence de Marie de Médicis. Un régal d'écriture, comme les autres tomes de Fortune de France.
Cinéma :
Mention du film documentaire "Sur le chemin de l'école", qui présente des enfants du monde (Inde, Kenya, Maroc…) prêts à tout pour se rendre à l'école. Un film bouleversant, qui relativise nos "problèmes" scolaires français.
Gastronomie :
Merci à nos hôtes de St Laurent d'Agny pour la tarte à la rhubarbe, le gâteau chocolat-poire et l'infusion de grenade.
18:08 Publié dans Bouillon de lecture, Critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : algérie
14/11/2013
Surtout ne te retourne pas
Le récit, à la première personne, tourne autour de la personnalité d’une jeune femme retrouvée inanimée dans les décombres du tremblement de terre de 2003 en Algérie.
Nommée Wahida «première et unique, mais aussi seule » par Dadda Aïcha, la vieille femme qui l’a recueillie après le séïsme, elle fait sien ce prénom. Il répond à son besoin de solitude, ou d’indépendance, comme s’il fallait, en Algérie et pour une femme, être seule pour être libre ?
Maïssa Bey promène son lecteur dans les méandres d’un récit très construit, proposant plusieurs identités pour cette jeune fille dont on se demande, en fait, si elle est réellement amnésique ou si elle veut simplement abandonner son passé derrière elle.
Le roman laisse un moment croire qu’elle est Amina, fille d’une femme « citée plusieurs fois à l’Ordre des ménagères scrupuleuses », maniaque de l’ordre et de la propreté et d’un entrepreneur préoccupé de sa future élection comme député, qui a fugué pour échapper à cette famille étouffante. Plus loin, une autre mère, Dounya, la reconnait formellement comme sa fille disparue pendant le tremblement de terre.
Dans une écriture peu démonstrative, mais sensible et engagée, l’auteur interpelle le lecteur. Elle s’interroge sur la place de la femme en Algérie, ménagère accomplie recluse dans sa maison, soumise aux hommes de sa vie,… Elle se révolte contre la pression intégriste, les barbus qui soulignent leurs yeux de khôl et voudraient que tout soit la faute des femmes, à commencer par cette catastrophe. Comme si une sortie entre copines ou un voile mal ajusté pouvait provoquer un tremblement de terre ! Elle s’insurge aussi contre les pouvoirs publics, dont l’incurie ou la malhonnêteté a permis la construction d’immeubles dangereux pour la population, qui se sont écroulés en poussière aux premières secousses.
Maïssa Bey est le nom de plume de Samia Benameur, née en 1950 à Ksar el Boukhari (Algérie).
Surtout ne te retourne pas
Maïssa Bey
Editions de l’Aube (regards croisés), 2005, 206 p., 15.80 €
09:51 Publié dans Bouillon de lecture, Critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : algérie, femme
21/10/2013
Nouvelles
La nouvelle est un récit court, en prose. Cependant, plus que sa longueur, c'est davantage la concision et l'efficacité de son écriture qui la caractérisent. Souvent l'intrigue est assez simple mais construite de façon à ménager un effet de surprise au dénouement : la chute.
Nous avons tous en mémoire de savoureuses nouvelles de Maupassant, comme Boule de Suif ou Aux champs.
Néanmoins, pour la plupart, nous ne sommes pas des lecteurs de nouvelles. C'est donc une découverte, ou une redécouverte. Voici les titres présentés :
Les oliviers du Négus, Laurent Gaudé
Récit de la mort d'un Sicilien, ancien de la guerre d'Ethiopie, tellement pénible qu'il avait été surnommé le Négus, et mis au ban du village.
Un thé sur la montagne, Paul Bowles
Le thé revient dans chaque nouvelle, quel que soit le pays où elle se situe. On est tout de suite dans une ambiance.
Escales, Mouloud Mammeri
Nouvelles parues de" 1953 à 1989 dans les journaux, écrites dans une langue recherchée, presque démodée.
Ameur des Arcades : un gamin des rues algérien débrouillard est plus ou moins adopté par des Européens, mais il y a incommunicabilité entre leurs deux cultures. Entre le besoin de liberté d'Ameur et la rigueur et la discipline attendues de lui.
Ténéré atavique : emprise du désert.
La meute (1976) : métaphore sur la guerre d'Algérie.
Le livre de la vie, Stuart Nadler
Des conflits familiaux, des personnages aux prises avec leur culpabilité. Très américain.
Le ramadan de la parole, Jeanne Benameur
Chaque nouvelle, dans un contexte différent, présente une jeune fille, en révolte ou en résistance, qui s'adresse à sa mère.
Tous mes amis, Marie Ndaye
Nouvelles prenantes, avec des renversements, dus aux confrontations entre les personnages : les relations entre eux déplacent le point de vue, qu'il s'agisse d'un professeur qui emploie une ancienne élève comme bonne, d'anciennes Claudettes qui se retrouvent après 30 ans, ou de jeunes hommes vendus à des femmes plus âgées…
Le tapis du salon, Annie Saumont
Nouvelles de 4 pages, reflets de la société américaine. L'écriture est très particulière, sans ponctuation.
Il ne fait jamais noir en ville, Marie-Sabine Roger
10 nouvelles aux personnages attachants, souvent des femmes, étudiées au travers des relations qu'elles ont avec leur entourage.
Saules aveugles, femme endormie, Haruki Murakami
Des histoires où surgit l'étrange qui transfigure la banalité de l'existence… ou sa tristesse.
Silhouettes, Jean-Claude Mourlevat
10 nouvelles fortes et cruelles, à l'écriture fluide (collection Gallimard pour ados, Scripto). Malgré leurs bonnes intentions, les personnages se font tromper ou exploiter, comme cette femme tellement heureuse d'être engagée comme "silhouette" pour un film...
Ça me file le bourdon, Hervé Giraud
Nouvelles mettant en scène des ados, pour les ados.
En dehors des nouvelles, nous évoquons quelques romans récents qui nous ont plu :
La confrérie des moines volants, Metin Arditi
Chaque jour, chaque heure, Natasa Dragnic
Partage, Gwenhaëlle Aubry
Bent road, Lory Roy
Le peigne de Cléopâtre, Maria Ernestam
Palladium, Boris Razon
Kinderzimmer, Valentine Goby
Le jardin de l'aveugle, Nadeem Aslam
La garçonnière, Hélène Crémillon
12:14 Publié dans Bouillon de lecture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nouvelles
20/09/2013
Bouillon de rentrée 2013
Coups de cœur de l'été
Les saisons de Giacomo
Mario Rigoni Stern
L'auteur, originaire du Nord de l'Italie, côté Autriche, s'est mis à l'écriture sur le tard. Il situe le récit sur le Haut plateau d'Asiago, cadre de sa jeunesse, et décrit une vie de montagnard, ouvrier-paysan, depuis les années 20 jusqu'à la seconde guerre mondiale, y compris sous Mussolini.
Claude
La servante du Seigneur
Jean-Louis Fournier
Nous avions aimé "On va où, papa ?", regard très humain, drôle et triste à la fois, sur la vie des deux fils handicapés de l'auteur. "Veuf" nous avait un peu moins plu. Revoilà Jean-Louis Fournier avec ses tribulations familiales. Sa fille, à la quarantaine, a suivi un gourou, et la voici "servante du Seigneur". Coupé de sa fille, l'auteur exprime son incompréhension totale. A la fin, elle dit ce qu'elle pense du livre.
Claude
La reine des lectrices
Alan Bennett
La Reine d'Angleterre découvre par hasard le plaisir et le pouvoir de la lecture. Lecture légère et très plaisante. Voir critique.
Georgette
Le rêve du village des Ding
YAN Lianke
Interdit en Chine, ce livre bouleversant est inspiré d'une réalité plus terrible encore. Le rêve du village des Ding se penche sur le scandale du sida et du sang contaminé dans un village Chinois, où les plus belles âmes côtoient les plus vils profiteurs. Voir critique.
Ginette
Les choses comme je les vois
Roopa Farooki
Très beau récit, autour du syndrome d'Asperger. Les scènes sont si bien brossées que l'on s'y croirait : Asif, tellement attentif à sa sœur Yasmine, a noté qu'elle ne mange que les aliments jaunes au petit déjeuner ; Yasmine, qui lave et relave indéfiniment la vaisselle lorsqu'elle est troublée ; etc. Un seul défaut : tout finit un peu trop bien. Voir critique.
Marie-Claire et Chantal
La lettre à Helga
Bergsveinn Birgisson
Récit épistolaire court et original, basé en Islande. Bjarni Gislason s'est occupé de sa femme jusqu'à la fin. Le voici maintenant âgé et veuf, qui écrit une longue lettre à Helga, la femme de son voisin, qu'il a toujours aimée. Une longue lettre à l'écriture charnelle, qui évoque les années 1940 dans une Islande frustre, et explique pourquoi –malgré sa passion pour Helga- Bjarni n'a jamais voulu quitter pour elle sa ferme et ses brebis.
Marie-Claire
Mais les avis sont partagés, comme en témoigne la critique de Marie-Christine : Je n'ai ressenti aucune émotion et vu aucune poésie en lisant ce roman . Juste un homme lubrique qui aura été lâche toute sa vie. Même la lette montre son manque de courage. Heureusement une heure de lecture suffit pour ce roman.
Le garçon d'à côté
Katrina Kittle
Sarah, veuve, mène une vie assez équilibrée avec ses deux garçons, Nate et Danny. Ils s'entendent bien avec leurs voisins… jusqu'au moment où les voisins sont accusés de pédophilie, et où leur fils leur est retiré. Ils recueillent Jordan.
Le milieu décrit est très américain.
Récit intéressant pour l'étude des répercussions que peut avoir la pédophilie sur l'entourage et sur les enfants. Le ton est juste, l'histoire choquante, mais pas glauque.
Jacqueline et Nadine
Je vais mieux
David Foenkinos
Un homme se réveille avec un terrible mal de dos : il en a littéralement plein le dos ! Il divorce, change de vie… Réflexion sur la place de l'individu dans l'entreprise, la crise de la quarantaine.
Jacqueline
Alex
Pierre Lemaitre
Une femme, infirmière intérimaire, est enlevée et séquestrée. Elle subit des sévices terribles. Pourtant, lorsque le commissaire chargé de l'enquête découvre sa prison, elle a disparu. Plus intelligente que son bourreau, elle a réussi à s'échapper. Un thriller glaçant, très bien maîtrisé. Du même auteur, nous avions aussi beaucoup aimé Robe de marié.
Jacqueline
Ne lâche pas ma main
Michel Bussi
En vacances en famille à la Réunion, une femme disparaît brusquement de son hôtel. Soupçonné, son mari s'enfuit –non sans raison- avec sa fille. De belles descriptions de La Réunion, ainsi qu'une intrigue bien menée, à l'instar des romans policiers précédents de Michel Bussi : Comme un avion sans elle et Les nymphéas noirs, prix Mes-Sou-Thu 2012.
Jacqueline
L'ombre douce
Hoai Huong Nguyen
Née en 1976 en France, l'auteur porte un prénom signifiant "Se souvenir du pays", ce qu'elle fait magnifiquement avec ce récit situé en Indochine en 1954. Elle évoque avec délicatesse une histoire d'amour dans la difficile période de la guerre d'Indochine. Voir critique.
Maryvonne
Il pleuvait des oiseaux
Jocelyne Saucier
L'auteur, originaire de l'Abitibi, évoque le souvenir des Grands Feux qui ont ravagé le nord de l’Ontario au début du XXe siècle : la chaleur était telle qu'il pleuvait des oiseaux. Une photographe souhaite rencontrer un vieil homme témoin des incendies, mais lorsqu'elle arrive dans sa retraite dans les bois, Boychuck est mort depuis peu. Seuls ses tableaux et les quelques vieux amis qu'il laisse derrière lui peuvent renseigner la photographe.
Thèmes : drame historique, amour de la forêt, liberté et vieillesse.
Jacky
L'équilibre du monde
Rohinton Mistry
Thèmes : Inde, vie de quartier, famille.
Bombay, 1975. Deux tailleurs, oncle et neveu, intouchables, s'installent chez une jeune veuve pour y travailler dans la confection. Un autre locataire, étudiant descendu de ses montagnes, a eu une vie plus privilégiée qu'eux. La cohabitation de ces quatre personnages met en évidence le système de castes, au moment où l'Etat d'Urgence est déclaré en Inde, et où grèves et manifestations font rage dans le pays.
Une réflexion politique sur la situation en Inde, tout aussi intéressante que Une simple affaire de famille, présenté en avril 2012 au Bouillon.
Gisèle
Les années cerise
Claudie Gallay
La vie n'est pas toujours facile pour Pierre-Jean. Sa famille devrait quitter la maison au bord de la falaise, qui qui menace de s'effondrer à tout instant, ses parents se disputent, sa mère distribue des taloches, et lui-même collectionne les zéro… Heureusement il a aussi ses grands-parents et les chevaux. Roman sur l'adolescence, pour adolescents ou adultes : découverte de l'amour par un jeune garçon. Récit initiatique.
Gisèle
Crime d'honneur
Elif Shafak
Fille de diplomate, Elif Shafak est née à Strasbourg en 1971. Elle a un temps enseigné aux Etats-Unis, et vit aujourd'hui à Istanbul. Internationalement reconnue, elle est notamment l'auteur de La Bâtarde d'Istanbul (2007), Bonbon Palace (2008), Lait noir (2009) et Soufi, mon amour (2010). Dans ce roman, elle continue à développer le thème de la famille turque et des liens familiaux, ici compliqués par l’émigration d’une soeur en Angleterre.
Gisèle
Remonter la Marne
Jean-Paul Kauffmann
De Paris aux sources de la Marne à pied, récit de voyage aux multiples références historiques. Les avis des lectrices sont partagés, l’une a beaucoup aimé, tandis que l’autre a buté sur l’écriture.
Le Tao du vélo, petites méditations cyclopédiques
Julien Leblay
Dans la collection de livres de poche « Petite philosophie du voyage », chez Transboréal, voici un bon opus, constitué de petits essais philosophiques et humoristiques sur le voyage en solitaire à vélo.
Geneviève
Home
Toni Morrison
Démobilisé de la guerre de Corée, Frank Money rentre aux Etats-Unis traumatisé par sa période de guerre, en proie à des rêves terribles et à des crises d’angoisse. Il doit traverser le pays pour rejoindre en Géorgie sa sœur, atteinte d’une maladie très grave. Dans cette Amérique des années 1950, encore très ségrégationniste, les déplacements ne sont pas simples pour un noir, mais c’est en accomplissant ce voyage et en se replongeant dans ses souvenirs que Frank se reconstruit.
Geneviève
Profanes
Jeanne Benameur
Ancien chirurgien du cœur, Octave Lassalle n’opère plus depuis longtemps. A 90 ans, il décide d’organiser sa vie afin que ses dernières années se passent dans les meilleures conditions possibles, ce que sa richesse lui permet de faire. Il recrute avec soin quatre accompagnateurs, qui se relaieront nuit et jour auprès de lui, chacun possédant des compétences particulières. Le lecteur assiste à la mise en place de cette équipe et aux relations entre les personnages. Peu à peu sont révélées les faiblesses et les blessures de chacun, mais aussi leur capacité à les dépasser. Nous nous sommes interrogés sur la signification du titre, qui fait probablement référence à la seule foi que professe le docteur Lassalle : la foi en l’homme.
Marie-Claire, Aline, François
Reflets d’argent
Susan Fletcher
13:12 Publié dans Bouillon de lecture, Coups de coeur, Critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : comité de lecture
08/07/2013
Bouillon de BD
Pour certains participants, c'est une découverte de la bande dessinée actuelle pour adultes. Parmi les titres sélectionnés et appréciés, beaucoup de BD historique, et de très beaux récits.
La mort de Staline
Tome 1 : agonie, tome 2 : funérailles
Fabien Nury et Thierry Robin
Pas besoin d'être un expert pour lire avec intérêt cette BD historique, pas forcément 100 % véridique, mais très crédible, qui relate les manigances autour du pouvoir au moment de la mort de Staline.
L'art de voler
Antonio Altarriba
Le 4 mai 2001, le père de l'auteur, âgé de 90 ans, saute du 4ème étage de sa maison de retraite... Son fils retrace son histoire, marquée par la guerre d'Espagne, les camps en France, le marché noir du charbon à Marseille pendant l'occupation,… mais aussi par un talent particulier pour la mécanique.
La guerre d'Alan
Emmanuel Guibert
Récit tiré des souvenirs de l'ancien militaire, Alan Ingram Cope, né en 1925, qui raconte sa vie à l'auteur, avec des allers retours. Le tome 1 se passe plutôt pendant son service, le tome 2 pendant la 2nde guerre mondiale en France, le tome 3 dans les camps.
Egon Schiele, 1890-1918
Xavier Coste
Portrait romancé du peintre, mort à 28 ans de la grippe espagnole : ses rapports aux femmes, sa peinture érotique et provocatrice, son séjour en prison après avoir été soupçonné de pédophilie. La BD parle peu du mouvement des peintres Viennois avant la 2nde guerre, mais évoque le soutien dont il a bénéficié de leur part. Klimt en particulier ne l'a pas laissé tomber même lorsqu'il a séduit sa maîtresse.
Un printemps à Tchernobyl
Emmanuel Lepage
En 2008, l'auteur est invité près de Tchernobyl par un groupe de militants antinucléaire. Il livre un reportage en dessin sur la vie des survivants et de leurs enfants sur les terres contaminées, et rend compte de ses rencontres avec des personnes chaleureuses et pleines de vie malgré tout. Un thème proche du très beau roman La nuit tombée, d'Antoine Choplin.
Chroniques Birmanes
Guy Delisle
En 2007, l'auteur suit sa femme, qui travaille pour Médecins Sans Frontière en Birmanie. Père au foyer, il évoque à la fois ses petits tracas quotidiens et de grandes considérations par rapport au pays. Il est écœuré par le milieu des expatriés et le pouvoir des grandes multinationales, dans ce pays dominé par la junte militaire.
Le photographe (3 tomes)
Emmanuel Guibert (scénario et dessins)
Frédéric Lemercier (couleur et mise en page)
Didier Lefèvre (scénario et photographie)
Le Photographe retrace le parcours d'une équipe de Médecins sans frontières entre le Pakistan et l'Afghanistan alors occupé par l'URSS, de 1986 à 2002. Basée sur le témoignage et les clichés de Didier Lefèvre, photographe à qui Médecins sans frontières avait demandé de réaliser un reportage, sur "la longue marche des hommes et des femmes qui tentent de réparer ce que d'autres détruisent". La série mêle BD en sépia et couleurs, et photos en noir et blanc.
Paroles de poilus, 1914-18
Ces lettres et carnets du front, déjà parues, présentent grand intérêt historique. Le texte intégral est donné, puis traduit en BD. Chaque lettre est illustrée par un dessinateur différent.
Même principe pour les Paroles d'étoiles, à partir de récits de Juifs pendant la dernière guerre.
L'affaire du voile
Pétillon
Le détective Jack Palmer, toujours perdu dans son imperméable beige à la Colombo et toujours aussi incompétent, enquête cette fois-ci sur la disparition d'une jeune fille qui se serait convertie à l'islam. L'auteur réussit avec humour à renvoyer dos à dos modérés et extrémistes.
L'hôte
Jacques Ferrandez
D'après l'œuvre d'Albert Camus, l'auteur rend magistralement l'ambiance des Hauts-Plateaux d'Algérie et les tensions entre Algériens et Français, qui n'empêchent pas quelques vraies rencontres empreintes de respect. Une histoire tragique et un régal pour les yeux.
Le bleu est une couleur chaude
Julie Maroh
A sa mort, Clémentine demande à ses parents de transmettre son journal intime à Emma, "la fille aux cheveux bleus" et l'amour de sa vie. Le journal retrace toute l'histoire de la relation entre les deux femmes. Le dessin, est élégant, réalisé en teintes de gris rehaussées de touches de bleu pour les yeux et cheveux d'Emma. Une poignante histoire d'amour et de recherche de soi.
La BD a remporté plusieurs prix, dont celui du Public Fnac-SNCF au festival d'Angoulême 2011. Une adaptation cinématographique a été réalisée par Abdelatif Kechiche, avec Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos dans les rôles principaux. La vie d'Adèle a reçu la Palme d'or au Festival de Cannes 2013.
20:17 Publié dans Bouillon de lecture, Critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bande dessinée
09/05/2013
Bouillon Irlandais
Maryvonne nous rappelle que la littérature irlandaise est l'une des plus prolifiques, avec des auteurs "classiques" aussi connus que :
Jonathan Swift (1667-1745), les voyages de Gulliver
Bram Stoker (1847-1912), Dracula
Oscar Wilde (1854-1900), le portrait de Dorian Gray
George Bernard Shaw (1856-1950), prix Nobel en 1925
William Butler Yeats (1865-1939), prix Nobel en 1923
James Joyce (1882-1941), Ulysse, les gens de Dublin
Samuel Beckett (1906-1989), prix Nobel en 1969
Seamus Heaney (1939- ), prix Nobel en 1995
L'université Trinity College de Dublin, fondée en 1592, est l'une des plus anciennes et des plus renommées de Grande-Bretagne. L'Abbey Theatre (théâtre national d'Irlande) fondé en 1904, a joué les pièces de Yeats et de Shaw, et est réputé internationalement.
Nous avons surtout lu des auteurs plus récents, et trouvé qu'ils dégagent globalement une ambiance mélancolique ou franchement sombre. Histoire et misères de l'Irlande… avec l'alcool et la littérature comme moyens d'évasion ?
Liam O'FLAHERTY (1896-1984)
Le mouchard (the Informer, 1925 –Terre de brume, 2003)
Portrait d'un traître et histoire de l'Irlande de 1845 à 1922, ce roman fut adapté au cinéma par John Ford en 1935.
Edna O'BRIEN (1930- )
Saints et pêcheurs (S.Wespieser, 2012)
Nouvelles synthétiques et très bien écrites, avec beaucoup de sensations et peu de paroles, évoquant des relations difficiles entre les personnages.
Frank McCOURT (1930-2009)
Les cendres d'Angela (Belfond, 1997)
Récit autobiographique d'une jeunesse irlandaise, entre 1929 et la fin de la première guerre mondiale. La famille vit dans une maison sordide, inondée à chaque fois qu'il pleut. La faim et la misère sont aggravées par l'alcoolisme du père. (Quand il rentre, à n'importe quelle heure de la nuit, il fait lever les enfants pour des chants militaires au garde-à-vous !). La soupe populaire de l'église remplit parfois les estomacs mais embrigade les esprits… Un récit très noir, allégé par le ton ironique de l'auteur. La suite de son autobiographie est narrée dans C'est comment, l'Amérique ? (2000) et Teacher man, un jeune prof à New-York (2006).
John McGAHERN (1934-2006)
Créatures de la terre et autres nouvelles (Albin Michel, 1996)
Trois nouvelles pessimistes, à l'ambiance irlandaise.
Nuala O'FAOLAIN (1940-2008)
Best love, Rosie (S.Wespieser, 2008)
Après avoir vécu et travaillé dans le monde entier, Rosie décide de rentrer à Dublin pour s'occuper de Min, la vieille tante qui l'a élevée. Très beau livre sur l'âge, la solitude, l'exil, le sentiment maternel.
Seamus DEANE (1940- )
A lire la nuit (Actes Sud, 1997)
Le récit, proche du journal, court de 1947 à 1970. Le jeune narrateur veut connaître l'histoire de sa famille et comprendre les non-dits (liés au "problème irlandais" et à l'IRA) qui pèsent sur elle.
Sebastian BARRY (1955- )
Le testament caché (J. Losfeld, 2009)
Roseanne est une femme âgée qui a passé plus de la moitié de sa vie dans un hôpital psychiatrique. Son thérapeute doit déterminer si elle est apte à réintégrer la société. Il remonte l'histoire et son journal intime pour comprendre pourquoi elle ne parle plus.
Lire aussi Du côté de Canaan que Marie-Claire a beaucoup aimé.
Roddy DOYLE (1958- )
Paula Spencer (R. Laffont, 2012)
Suite de La femme qui se cognait dans les portes (1997) où Paula Spencer se bat pour retrouver sa dignité après un mariage violent. On retrouve l'héroïne à Dublin, après le boom économique des années 2000. Paula a cessé de boire, et s'accroche pour ne pas recommencer. Femme de ménage, elle travaille dur pour sortir de la misère et reconquérir ses quatre enfants.
Joseph O'CONNOR (1963- )
L'étoile des mers (Phébus, 2003)
1948. La Grande Famine s'achève dans l'horreur, et la seule issue pour beaucoup est de fuir la misère en embarquant pour le Nouveau Monde. Quelques privilégiés se partagent les cabines de l'Etoile des mers, tandis que la multitude des pauvres est entassée dans l'entrepont, où la faim et le typhus ne tardent pas à sévir. Parallèlement au récit du voyage, l'auteur déroule les souvenirs des voyageurs, chaque personnage s'étoffant au fil du roman.
Inishowen (Phébus, 2001)
Un article de journal ancien fait état de la découverte d'un bébé en pleine campagne. Hélène a été adoptée par une famille américaine. On la retrouve, adulte, mariée à un chirurgien plasticien, avec deux enfants. Elle retourne régulièrement en Irlande, mais cette année, à 45 ans, atteinte d'un cancer grave, elle recherche activement ses racines. Histoire d'un amour impossible, située tout au nord de l'Irlande, à la frontière avec l'Ulster, entre Noël et le jour de l'An.
Colum McCANN (1965- )
Le chant du coyote (Belfond, 1998)
Après des années à parcourir le monde, Conor rentre en Irlande où il retrouve son père, alcoolique violent et acariâtre, passionné de pêche à la mouche. A partir de photographies, Conor retrace le passé très riche de grand reporter de son père.
Ailleurs en ce pays (Belfond, 2001)
Trois nouvelles très fortes, surtout "Une grève de la faim" qui fait référence à Bobby Sands et aux prisonniers de l'IRA qui ont fait la grève de la faim en 1981 pour être traités en prisonniers politiques et non en droit-commun. Thatcher n'a pas cédé, et 10 jeunes hommes sont morts, les uns après les autres.
Claire KEEGAN (1968- )
Les trois lumières (S.Wespieser, 2011)
La narratrice, une enfant de 8 ans, est placée à la campagne dans la famille de sa mère pour un été. Bien traitée, elle est un peu l'enfant de remplacement d'un garçon décédé. A la fin de ce séjour, le retour dans sa famille trop nombreuse est difficile pour elle.
Lire aussi les romans de Sorj CHALANDON, français, mais ancien reporter en Irlande du Nord, qui a notamment écrit deux romans très prenants en lien avec l'Irlande et l'IRA : Mon traître (Grasset 2008) et Retour à Killybegs (Grasset, 2011, prix de l'Académie Française).
13:09 Publié dans Bouillon de lecture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : irlande