02/11/2020
Les lectures de l’été…
Je suis une viking
Andrew David MACDONALD
Nil, 2020, 448 p., 21€
Traduit de l’anglais (Canada) par Valentine Leys
La narratrice, victime du syndrome d’alcoolisme fœtal, n’est pas tout à fait comme les jeunes femmes de son âge. Elle se passionne pour l’histoire des vikings, forts, courageux, dont les héros protègent ceux qui ne peuvent pas se défendre. Elle imagine ce que pourrait être sa saga si sa famille était une tribu viking, et choisit de construire sa légende personnelle. Plein d’humour et très rafraichissant, ce roman se lit facilement.
Le sel de tous les oublis
Yasmina Khadra
Julliard, 2020, 256 p., 19€
Adam, instituteur, vit à Alger, après l’époque du colonialisme. Lorsque sa femme le quitte, il perd pied, part à pied, boit beaucoup, se fait agresser, est emmené dans un asile, puis mène une vie d’errance. En marchant dans les montagnes, il rencontre une série de personnes bienveillantes, alors que lui-même est agressif et ombrageux… Un très bon Khadra !
Impossible
Eri de Luca
Gallimard (Du monde entier), 2020, 174 p., 16€50
Un magistrat interroge un suspect, et l’accuse d’avoir tué un autre alpiniste. Sans preuve, il se base sur la coïncidence de leur présence à tous deux dans les Dolomites : l’accidenté est l’homme qui avait trahi le suspect et ses camarades révolutionnaires dans leur jeunesse. Il ne se passe rien dans ce roman, composé en alternance du dialogue entre le magistrat et le suspect, et des lettres du suspect à son amour. Et pourtant, c’est une merveille !
Betty
Tiffany McDaniel
Gallmeister (Americana), 2020, 720 p., 26€40
Fille d’un père cherokee et d’une mère blanche, Betty vit dans l’Ohio. Le roman explore sa belle relation avec son père, ses rapports avec sa fratrie et sa mère bipolaire et déséquilibrée, ses liens très forts avec la nature. La ressource de Betty, c’est d’écrire tout ce qui se passe dans sa famille, et d’enterrer ses petits papiers. Le sort des filles américaines jusqu’à la fin des années 1960, un secret de famille, un père qui sait admirablement valoriser ses enfants… C’est magnifique !
Longtemps je me suis couché de bonheur
Daniel Picouly
Albin Michel, 2020, 328 p., 19€90
Un adolescent des années 1960, vivant dans une Cité, se plonge dans l’œuvre de Proust pour l’amour d’une Albertine. On retrouve avec plaisir l’écriture déjantée de Picouly.
Le répondeur
Luc Blanvillain
Quidam, 2020, 260 p., 20€
Un écrivain célèbre surmené, qui doit terminer son ouvrage, embauche un imitateur, « double » qui doit le remplacer au téléphone…
Marcher la vie ; un art tranquille du bonheur
David Le Breton
Metailie (Suites, Sciences Humaines), 2020, 164 p., 10€
Professeur à Strasbourg, David Le Breton dans cet essai « Rousseau-iste » nous démontre en quoi marcher peut transformer la vie.
L’usurpateur
Jørn Lier Horst
Gallimard (Série Noire), 2019, 448 p., 22€50
Traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier
Au même moment, deux hommes dont la mort remonte à 4 mois, sont découverts : l’un devant sa télévision allumée, l’autre dans une forêt de sapins. L’inspecteur de police se concentre sur la deuxième victime, tandis que sa fille journaliste enquête sur la première – se demandant comment on peut mourir chez soi sans que personne ne s’en rende compte ! Le récit est crédible, dans une ambiance d’hiver norvégien (l’auteur est lui-même policier en Norvège). Les chapitres sont alternés entre les deux enquêtes, dans une intrigue qui tient bien la route, avec plusieurs fausses pistes.
Les jours brûlants
Laurence Peyrin
Calmann-Levy, mai 2020, 324 p., 20€50
Une bourgeoise californienne à la vie bien rangée est bouleversée par une agression. Elle remet toute sa vie en question et bascule. Se lit facilement.
Le bal des folles
Victoria Mas
Albin Michel, 2019, 256 p., 18€90
Prix Renaudot des Lycéens 2019
Chaque année à la mi-carême se tient, avec les malades de l’hôpital de la Salpêtrière, un très étrange Bal des Folles, expérimentation de Jean-Martin Charcot. En évoquant l’histoire de la médecine aliéniste d’autrefois et les balbutiements de la psychiatrie, Victoria Mas se penche sur la condition féminine au 19e siècle dans un récit effarant.
La plus précieuse des marchandises, un conte
Jean-Claude Grumberg
Seuil (La Librairie Du XXIe siècle), 2019, 120 p., 12€
Un couple de bûcherons sans enfant vit chichement dans les bois, à l’affut des ballots qui pourraient tomber du train de marchandises. Il en tombe parfois des papiers, mais un jour, c’est un paquet qui est lancé vers la bûcheronne. C’est une fillette, sauvée du convoi 49…
« La seule chose qui mérite d’exister dans la vie vraie comme dans les romans, c’est l’amour. »
Une présence dans la nuit
Emilie Edgar
Belfond, 2018, 392 p., 21€
Premier roman, policier psychologique. Alice Taylor, infirmière, sait d’ordinaire séparer sa vie professionnelle de sa vie privée. Elle est pourtant très attachée à Cassie, une jeune femme dans le coma après avoir été renversée par un chauffard. Dans la même chambre qu’elle, Franck, prisonnier du syndrome d’enfermement, est témoin des visites au chevet de Cassie, connaît l’identité du chauffard, et sait qu’elle est en danger. Pourra-t-il prévenir Alice ?
Dans le murmure des feuilles qui dansent
Agnès Ledig
Albin Michel, 2018, 388 p., 20€
Hymne à la vie et à la résilience, émouvant et simple autour de quatre personnages : Anaëlle, qui a subi de graves opérations suite à un accident de voiture et a dû écourter ses études, a une relation épistolaire belle et poétique avec un ancien professeur de droit. Thomas passe ses journées en forêt, avant de venir raconter tout ce qu’il y a vu à son jeune frère Simon, hospitalisé.
La vie secrète des arbres
Peter Wohlleben
Les Arènes, 2017, 260 p., 20€90
Ecrit par un ingénieur forestier allemand, cet excellent documentaire sur l'interaction entre les arbres, est beau comme un conte. Il donne envie d'aller se promener et observer en forêt.
Tropique de la violence
Nathacha Appanah
Gallimard (Blanche), 2016, 176 p., 17€50
Prix Fémina des Lycéens 2016
Une infirmière française à Mayotte, en mal d’enfant, adopte un bébé aux yeux vairons, abandonné à l’hôpital par une jeune clandestine. Elle lui donne une éducation plutôt privilégiée, mais en grandissant, Moïse vit mal ses silences sur son histoire. Lorsque sa mère adoptive meurt subitement, il part à la dérive avec son chien, et entre dans une spirale infernale aux mains d’une bande de malfrats. Très belle écriture poétique et puissante, alternée entre cinq narrateurs : la mère, Moïse, le chef de bande, le policier, le travailleur humanitaire.
Ce roman a fait l’objet d’une belle adaptation en BD par Gaël Henry, chez Sarbacane, en 2019.
Dans le même genre, en Guyane, lire aussi Obia, de Colin Niel.
Et tu trouveras le trésor qui dort en toi
Laurent Gounelle
Kero, 2016, 20€90
Alice se met en tête d’aider son ami d’enfance, prêtre, à remplir à nouveau sa paroisse. Elle décide d’attirer les fidèles en appliquant ses techniques de marketing à la religion. Pour ce faire, elle essaie de comprendre et décortiquer les grands courants religieux. Quand Gounelle s’essaie à la philosophie des religions dans un grand fourre-tout syncrétiste pseudo-pédagogique…
L’été contraire
Yves Bichet
Mercure de France, 2015 / Gallimard Folio, 2017, 6€90
Une infirmière de maison de retraite, complice d’une virée des résidents au casino de Vals les Bains, se fait renvoyer. Toute l’équipe part alors dans une joyeuse escapade. Très bons dialogues et descriptions !
Le temps des réformes
Pierre Chaunu
Fayard, 1976, réed 1999 et 2003
Ce documentaire autour de la Réforme permet de comprendre bien des choses actuelles. Pierre Chaunu retrace l'évolution de la pensée, depuis les origines de l'Antiquité gréco-latine, la construction judéo-chrétienne, la Réforme… jusqu’à notre civilisation.
Et les lectures coup de cœur, valeurs sûres dont les critiques se trouvent sur ce blog :
Opus 77, Alexis Ragougneau
De pierre et d’os, Bérengère Cournut
Une rose seule, Muriel Barbery
L’arbre monde, de Richard Powers (voir critique)
Âme brisée, d’Akira Mizubayachi
En attendant Bojangles, Olivier Bourdeaut
Changer l’eau des fleurs, Valérie Perrin
13:33 Publié dans Bouillon de lecture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman
30/04/2020
Bouillon confiné n°2
Suite des suggestions de lecture de nos lecteurs, dans toute leur diversité. Vous pouvez partager les vôtres en les envoyant par mail à bibliotheque@soucieu-en-jarrest.fr
Maïmaï
Aki SHIMAZAKI
Actes Sud, 2019, 15€
Taro est sourd-muet. Métis, il n’a pas connu son père. Sa maman lui répétait souvent cette comptine : « Qui voudrait porter le fardeau d’un autre » (Maïmaï signifie escargot). Sa mère, qui tenait une librairie philosophique, meurt très jeune. Lors de ses obsèques, de nombreux personnages surprenants sont présents.
Japonaise, Aki Shimazaki vit à Montréal depuis 1991. Elle a écrit un ensemble de 3x5 livres courts, qui peuvent se lire dans le désordre. Les héros de l’un deviennent personnages secondaires de l’autre. Maïmaï est le 5e tome de la série L’ombre du chardon, mais se lit indépendamment.
Diên Biên Phù
Marc Alexandre OHO BAMBE
S. Wespieser, 2018, 19€
20 ans après, Alexandre revient au Vietnam chercher Maï Lan, la femme vietnamienne qu’il a laissée derrière lui. Il refait le point sur son amour pour elle, sa vie, son mariage en France et ses enfants, ainsi qu’une belle histoire d’amitié avec l’homme qui l’a sauvé.
Né à Douala (Cameroun), bercé par la poésie d’Aimé Césaire et René Char, l’auteur est à l’origine poète et slammeur, ce qui se ressent dans l’écriture ciselée du roman, entrecoupé de poèmes à l’absente.
La terre invisible
Hubert MINGARELLI
Buchet-Chastel, 2019, 15€
En 1945, un photographe de guerre anglais, hanté par ce qu’il a vu à la libération des camps de concentration, erre dans l’Allemagne d’après-guerre pour essayer de comprendre. Escorté par un jeune chauffeur, part au hasard des routes photographier les Allemands devant leur maison.
Dernier roman de l’auteur, décédé en janvier 2020. On retrouve dans ce roman l’écriture fine et mélancolique qui lui a valu le prix Médicis pour Quatre soldats.
Underground Railroad
Colson WHITEHEAD
Albin Michel, 2017, 22.90€
Etats-Unis, dans la Géorgie d’avant la sécession, épopée d’esclaves noirs. Cora pense que sa mère a réussi à s’enfuir de la plantation, car elle n’a jamais été retrouvée. A son tour, elle s’échappe, poursuivie avec acharnement par les traqueurs. L’Underground Railroad (chemin de fer souterrain) est le réseau d’aide aux clandestins, présenté ici de façon imagée. Prix Pulitzer 2017, National Book Award 2016.
Tempête rouge
Tsering DONDRUP
P. Picquier, 2019, 19€
Sous forme romancée, évoque l’invasion du Tibet par la Chine, et la révolte d'une communauté de pasteurs nomades contre l'impitoyable mainmise chinoise, à la fin des années 1950. L’auteur prend pour héros un lama bon vivant mais aussi arriviste et lâche, dont les déboires et les ruses placent le rire au cœur de la tragédie. Un glossaire détaille les coutumes tibétaines.
Revenir à Vienne
Ernst LOTHAR
Liana Levi (Littérature étrangère), 2019, 23€
Sa famille a émigré aux Etats-Unis en 1938 au moment de l’Anschluss. Félix von Geldern revient à Vienne en 1946 réclamer la restitution des biens familiaux. Mais la ville est en ruines, occupée par les Alliés, et le passé récent mal digéré. Il se heurte à des sympathisants nazis, découvre l’attitude des Autrichiens pendant la guerre, et retrouve la femme de sa vie... bien compromise.
Bibliodyssées ; 50 histoires de livres sauvés
Kamel DAOUD, Raphaël JERUSALMY, Joseph Belletante, Bernadette Moglia
Actes Sud ; Imprimerie Nationale, 2019, 29€
50 histoires d'ouvrages et de bibliothèques mis à l'index, spoliés, menacés, puis sauvés par le courage et la passion des hommes. Des livres souvent devenus talismans et compagnons d'exil.
Un petit carnet rouge
Sophia LUNDBERG
Le livre de poche, 2019, 8.20€
Doris, 96 ans, vit seule dans la campagne suédoise. Le récit alterne entre ses conversations avec sa nièce, Jenny, à qui elle raconte son quotidien et ses souvenirs sur Skype. Dans son petit carnet rouge, elle a noté les adresses de toutes les personnes rencontrées au fil de sa vie, et les barre au fur et à mesure qu’elles disparaissent. Jenny essaie de lui retrouver son amour de jeunesse.
Idiss
Robert BADINTER
Fayard, 2018, 20€
Etude de la condition des émigrés russes venus à Paris en 1914. Destinée singulière de la grand-mère de l’auteur, exode depuis la Biélorussie jusqu’à Paris, période de la Belle époque, puis occupation et déportation. Un hymne d’amour à sa grand-mère.
Félix et la source invisible
Eric-Emmanuel SCHMITT
Albin Michel, 2019, 17€
Félix a douze ans, et vit à Belleville avec sa mère, Fatou, qui tient le bistrot « Au boulot », haut en couleurs. Lorsqu’elle est expropriée, elle perd sa joie et son énergie. Faute d’arriver à lui redonner le moral, Félix et son père l’emmènent en Afrique, aux sources de l’animisme. Dans la lignée de Oscar et la dame rose, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, ou L’enfant de Noé, Eric-Emmanuel Schmitt sonde les croyances animistes.
Les sept mariages d’Edgar et Ludmilla
Jean-Christophe RUFIN
Gallimard, 2019, 22€
Sept fois, ils se sont engagés. Et six fois, l'éloignement, la séparation, le divorce... Edgar et Ludmilla... Le mariage sans fin d'un aventurier charmeur, un brin escroc, et d'une exilée un peu "perchée", devenue une sublime cantatrice acclamée sur toutes les scènes d'opéra du monde. Pour eux, c'était en somme : "ni avec toi, ni sans toi". De l’après-guerre jusqu’aux années 2000, un récit plein d’imagination et de situations extravagantes.
Zulu
Caryl FEREY
Gallimard, 2008, 19.50€
Chef de la police criminelle de Cape Town, Neuman doit composer avec deux fléaux d'Afrique du Sud : la violence et le sida. Le cadavre d'une jeune fille blanche est découvert dans un jardin botanique du Cap. C'est la fille d'un ancien joueur des Springboks, véritable star nationale. Alors que l'enquête piétine, le corps d'une deuxième femme portant des scarifications faisant référence à des sacrifices zoulous est retrouvé. Neuman, qui enquête en parallèle dans les townships, envoie son bras droit, Brian Epkeen, et le jeune Fletcher sur la piste du tueur, sans savoir où ils mettent les pieds... Âmes sensibles s’abstenir ! Prix Nouvel Obs du roman noir et Grand prix des lectrices de Elle 2009.
Les imprudents
Olivier BERTRAND
Seuil, 2019, 19€
Le 3 mars 1944, les habitants d'un hameau perdu des gorges de l'Ardèche ont été fusillés à l'aube par des SS, pour avoir caché des maquisards. Dans ce village, il y avait quinze habitants, mais on y a retrouvé seize corps. Qui était ce seizième homme ? Ce livre débute comme une enquête, soixante-quinze ans après les faits, pour identifier l'inconnu. Sur place, les réticences à parler sont encore fortes. Mais peu à peu, les langues se délient, des habitants exhument des boîtes en fer contenant des photos, des carnets de notes, autant de souvenirs de famille qui permettent de mieux comprendre la lourde chape de silence qui s'était posée sur ces derniers mois de l'Occupation. Ces découvertes lancent l'auteur sur les routes, à la poursuite du maquis Bir-Hakeim.
Un mot sur le pare-brise
Rolland ABONNEL
Editions Beaurepaire, 2017, 17€
Du fond de son lit de malade, Evelyne écrit le testament de son existence, afin de libérer son âme d'un secret de jeunesse. Peut-être pas un coup de coeur, mais le récit est situé dans notre région.
10:52 Publié dans Bouillon de lecture, coups de coeur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : coup de coeur, roman
28/04/2020
Bouillon confiné n°1
Petite sélection de livres coups de cœur, proposée par les lecteurs de la bibliothèque Eclats de Lire, et les participants des comités de lecture.
La femme révélée
Gaëlle NOHANT
Grasset, 2020, 22€
Dans les années 50, Eliza laisse derrière elle sa vie à Chicago, avec un mari fortuné et un petit garçon, pour commencer une nouvelle vie à Paris. Sous l’identité de Violet Lee, elle se fait un nom comme photographe. Au printemps 1968, Violet peut enfin revenir à Chicago à la recherche de son fils. Elle retrouve une ville chauffée à blanc par le mouvement des droits civiques, l'opposition à la guerre du Vietnam et l'assassinat de Martin Luther King…
Opus 77
Alexis RAGOUGNEAU
V. Hamy, 2019, 19€
La famille Claessens est une famille de musiciens de génie, tout leur réussit. Enfin, c’est comme ça que le père aurait aimé que ça se passe. Le roman s’ouvre sur l’enterrement de ce grand chef d’orchestre. Et tandis que sa fille, la belle Ariane, joue du piano dans l’église bondée, elle nous raconte tout. Que vous soyez mélomane ou pas, vous apprécierez ce psychodrame familial qui se joue dans les plus fameuses salles de concert du monde.
Sale gosse
Mathieu PALAIN
L’Iconoclaste, 2019, 18€
On suit Wilfried depuis sa naissance. Abandonné par une mère trop jeune et trop perdue, il grandit dans une famille aimante de la Cité. Doué pour le foot, il a la chance d’être sélectionné pour un camp d’entraînement, mais il a trop de rage en lui, et finit par être exclu. On suit alors sa descente vers la délinquance, et les combats des services sociaux pour l’aider à s’en sortir. Roman urbain social, aux côtés de la Protection Judiciaire de la Jeunesse.
Les sales gosses
Charlye MENETRIER-McGRATH
Fleuve Noir, 2019, 17.90€
Jeanne, 81 ans, a été placée en maison de retraite par ses enfants. Très en colère contre eux, elle simule la démence pour faire enrager tout le monde. Elle se lie d’amitié avec une bande de joyeux lurons. Léger et plein d’espoir.
Les mots qu’on ne me dit pas
Véronique POULAIN
Stock (La bleue), 2014, 16.50€
Ses parents, sourds-muets tous les deux, se sont rencontrés à un bal pour sourds. Véronique Poulain raconte son enfance dans les années 70. Des anecdotes pleines d’humour. Sa colère envers l’attitude des gens, qui ne font pas d’effort par rapport à la surdité de ses parents ou se moquent. Sa frustration aussi par rapport à ses parents parfois, alors qu’elle est si fière d’eux à d’autres moments.
Pardon Clara
Didier CORNAILLE
Presses de la Cité, 2016, 19€
Antoine, Parisien, en mal de vert et d'authenticité, tombe sous le charme du Morvan et du village dont est originaire son épouse. Un jour de promenade, il découvre, choqué, une étoile de David taguée sur le portail d'une maison. Il rencontre la propriétaire des lieux, une vieille dame, Clara, dont il devient le confident.
Bondrée
Andrée A. MICHAUD
Rivages, 2016, 18.50€
Été 67, une jeune fille disparaît dans les épaisses forêts entourant Boundary Pond, un lac aux confins du Québec rebaptisé Bondrée par un trappeur enterré depuis longtemps. Elle est retrouvée morte, sa jambe déchirée par un piège rouillé. L'enquête conclut à un accident : Zaza Mulligan a été victime des profondeurs silencieuses de la forêt. Mais lorsqu'une deuxième adolescente disparaît à son tour, on comprend qu'un tueur court à travers les bois de Bondrée. Une écriture magnifique au service d'une atmosphère angoissante et de subtiles explorations psychologiques. Prix des lecteurs Quai du Polar 2017, prix SNCF du Polar.
Profanes
Jeanne BENAMEUR
Actes Sud, 2013, 20€
Ancien chirurgien du cœur, Octave Lassalle a consacré sa vie à son métier, et se retrouve seul. Âgé, encore autonome, il anticipe, et se compose une équipe d’accompagnement. Il organise le découpage de ses jours et de ses nuits en quatre temps, confiés à quatre personnes choisies avec soin : Béatrice, Hélène, Yolande et Marc.
Tout le bleu du ciel
Melissa DA COSTA
Carnets Nord, 2019, 21€
Emile, atteint à 26 ans d’Alzheimer précoce, refuse un essai clinique. Il part en voyage, recherche un accompagnateur par petites annonces, et c’est Joanne qui l’accompagne pour un périple en camping-car à travers la France. Hymne à la vie, ce récit nous fait passer du rire aux larmes. Les paysages sont très bien décrits. Premier roman, publié en ligne puis édité par Carnets Nord et le Livre de Poche.
La plus précieuse des marchandises
Jean-Claude GRUMBERG
Seuil, 2019, 12€
Dans un bois habitait un couple de bûcherons pauvres et sans enfants. Chaque jour, à l’orée de la forêt, la bûcheronne voyait passer un train. Ignorant ce qu’il transportait, elle ramassait les petits papiers jetés par les fentes des wagons, mais comme elle ne savait pas lire, elle imaginait tout un monde merveilleux transporté dans ce convoi. Elle espérait qu’un jour, quelque chose d'extraordinaire lui arriverait de ce train. Aussi, lorsque qu’un homme réussit à déposer un bébé sur la neige, pensa-t-elle que les dieux l’avaient entendue… Conte émouvant et magnifique !
Ecoldar
Christine LAPOSTOLLE
Editions Mf, 2018, 14€
Si vous ne savez pas ce qui se passe dans une école des beaux-arts, lisez ce livre. Récit entrecoupé par des extraits d’un journal d’étudiant. Christine Lapostolle a beaucoup d’empathie pour ses élèves, et tente aussi de faire le portrait d’une jeunesse.
10:42 Publié dans Bouillon de lecture, coups de coeur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : coup de coeur, roman
20/02/2020
Comité de lecture Albanais
La bibliothèque de Soucieu se réjouit d'accueillir ce comité de lecture consacré aux auteurs Albanais, en espérant que ce sera une occasion d’ouverture sur la culture de ce pays que nous connaissons trop mal. Nous avons la chance de profiter de la présence d'Alma, professeure d'histoire et société en Albanie. En prélude à nos lectures, elle fait une courte introduction sur son pays. Elle nous apporte ensuite quelques éclaircissements sur le contexte des livres présentés.
Les Albanais sont très attachés à l’Europe. Ceux qui ont souffert le plus de la dictature sont ceux qui avaient des aspirations européennes.
Les liens à la France sont assez forts aussi. Le dictateur Enver Hoxha avait étudié au lycée français de Korça, comme une bonne partie des élites avant et pendant la dictature, et continué ses études à Paris.
Les difficultés actuelles en Albanie sont en grande partie imputables au vide laissé après la dictature : beaucoup d’intellectuels sont morts ou partis à l’étranger, la loi est mal appliquée, et la corruption a pris beaucoup d’ampleur.
Géographiquement, l’Albanie est un très beau pays. Lord Byron l’a décrit comme « un des plus beaux pays des Balkans ». Montagnes, grands lacs, mer… le tourisme y est florissant.
L’hospitalité Albanaise est réputée ! Nous essayons de nous montrer à la hauteur, grâce à l'aide d'Alma et de toutes les cuisinières qui ont préparé de bons desserts.
Livres lus par les participants, par ordre de présentation. (Les livres d'Ismaïl Kadaré sont regroupés dans un article à part.)
Gasmend KAPLLANI (1967-....)
Gazmend Kapllaniest né à Lushnjë, en Albanie. Sa famille a été déplacée par le régime communiste d’Enver Hohxa. En 1991, après s’être engagé contre la dictature, il a dû fuir en Grèce pour échapper à la police secrète. Il a enseigné à l’université à Athènes. En 2015, harcelé par les néo fascistes, il capitule devant le refus des autorités grecques de répondre à sa demande de nationalisation et émigre aux Etats-Unis. Ecrivain et journaliste, il enseigne à l’université de Chicago.
Je m’appelle Europe (2010)
Intervalles, 2013, 160 p., 19€
Traduit du grec par Françoise Bienfait et Jérôme Giovendo
Le narrateur revient à Tirana pour le mariage d’un cousin. Il se plonge dans ses souvenirs d’Albanie, et se souvient du moment où il s’était exilé en Grèce, de l’accueil des Grecs -mitigé- et de l’aide qu’il a rencontrée dans le milieu des artistes. Ce récit, inspiré du parcours de l’auteur, témoigne de l’immersion dans une nouvelle culture, de la découverte d’une nouvelle langue. Il raconte son amour pour l’Europe, en même temps qu’une histoire d’amour pour une jeune fille dont c’est le prénom.
Intercalées, des pages en italique reprennent le parcours de migrants de différentes origines, et les difficultés qu’ils traversent. Facile à lire et bien écrit, c’est un roman universel qui permet un travail sur l’exil et l’accueil.
La dernière page (2012)
Intervalles, 2015, 160 p., 17€
Traduit du grec par Françoise Bienfait et Jérôme Giovendo
Prix du salon du livre des Balkans (Paris, 2015)
Melsi, alter ego de l’auteur, journaliste gréco-albanais, vit à Athènes, où il se sent de moins en moins à sa place, du fait de la xénophobie croissante. Il rentre à Tirana pour y attendre la dépouille de son père, décédé à Shanghaï. Pendant les 22 jours suspendus qu’il passe à Tirana, dans l’appartement de son père, il s’attache à observer la ville autour de lui, à surmonter les tracasseries administratives, et à passer au peigne fin l’appartement de son père, où chaque objet lui parle. La découverte d’un manuscrit de son père « La singulière histoire d’un crypto-juif », le plonge dans l’incertitude quant à son histoire familiale et le pousse à interroger les secrets de son père.
Le récit de Melsi, plutôt intimiste, est entrecoupé de passages historiques retraçant les turpitudes d’une famille juive de Thessalonique, entre la fuite en Albanie en 1943 pour échapper aux allemands, et la fin de la dictature albanaise. L’auteur témoigne de ses liens à l’Albanie et à la Grèce, non sans une certaine amertume par rapport à la Grèce et à l’Albanie.
Ouverture du roman : « à l’instar de certains amours, certains pays sont une aberration : ils n’auraient jamais dû exister. Etre né et avoir vécu dans un tel pays procure un désenchantement assez proche de ce que l’on éprouve quand on a gâché sa vie avec une personne qui n’est pas la bonne. »
L’écriture est fluide, observatrice, dans un style simple et précis qui n’empêche pas un certain art de la formule et de l’image.
Fatos KONGOLI (1944-....)
Né en 1944 à Elbasan, au centre de l’Albanie, Fatos Kongoli a étudié les mathématiques en Chine, durant l'alliance sino-albanaise. Il a été ensuite professeur, puis a travaillé dans la presse et l'édition. Il a préféré n'écrire qu'après la chute du régime communiste.
L’ombre de l’autre
Rivages, 1998, 20€
Traduit de l'albanais par Edmond Tupja
Festim Gurabardhi travaille dans une maison d'édition de Tirana. Ce sont les dernières années du régime communiste albanais. Il règne une ambiance cauchemardesque de corruption, d’hypocrisie, et de délation. Depuis son enfance, Festim craint une dénonciation de la part d’un de ses camarades, devenu juge. Se dédoublant pour cacher un passé familial jugé sombre par le parti, Fatim vit un cauchemar perpétuel à force vivre « dans l’ombre d’un autre ».
Un roman très noir, métaphore de la schizophrénie du régime dictatorial albanais. Le narrateur se dédouble pour se raconter, utilisant le « Je » ou le « Il » selon les chapitres.
Le procédé de dédoublement, est l’un de ceux utilisés par les écrivains albanais sous la dictature, il a été aussi utilisé par Ismaïl Kadaré. Autres procédés : raconter des rêves, faire passer un message par un « il » dont on se distancie, par un enfant…
Carmine ABATE (1954-....)
Carmine Abate est un écrivain italien de culture arberèche, qui a vécu en Allemagne et en Italie. Les Arberèches (en albanais Arbëresh) sont des Albanais vivant dans le sud de l’Italie. Ils s’y sont établis au 15e et 16e s, fuyant l’occupation ottomane à la suite de la mort du héros albanais Skanderbeg, puis le massacre par Ali Pasha de 6000 Albanais qui avaient refusé de se convertir à l’islam. Les Arberèches ont conservé depuis cette époque une forte identité albanaise. Ils parlent un dialecte albanais du sud de l'Albanie, resté assez proche de l’albanais ancien.
La mosaïque de la grande époque
Seuil (Cadre Vert), 2008, 293 p., 21,80€
Traduit de l’italien Il mosaico del tempo grande (2006) par Nathalie Baue
Au XVe siècle, un groupe d’Albanais du village de Hora part du Durrës (port de Tirana) pour s’installer en Calabre, où ils créent un petit village. Le pope collecte toutes les richesses de la communauté pour édifier une belle église, mais à sa mort, l’or a disparu.
Sous la dictature d’Enver Hoxha, les héritiers des familles d’origine sont toujours au village. Antonio (descendant du pope) profite d’un voyage organisé en Albanie pour tenter de découvrir le vieux village d’origine de sa famille, et s’éprend d’une danseuse, Drita, avec laquelle il s’installe en Hollande pour échapper à la police albanaise.
Gojàri, artiste mosaïste, est le point de charnière entre les différentes époques. Il raconte avec les abacules (tesselles) de ses mosaïques toute l’histoire des habitants de Hora depuis les origines, y compris les parties cachées.
Beaucoup d’amour, quelques morts, et le mystère de la recherche de l’or du 15e s disparu. Carmine Abate rédige son récit comme une mosaïque, sans se préoccuper de l’ordre chronologique, croisant les récits et les époques, entre le XVe siècle et nos jours, en passant par la chute du régime du leader communiste albanais Enver Hoxha et le drame des immigrés albanais échoués sur les rives italiennes au début des années 1990. L’utilisation de dialectes italien, calabrais et arbarèche gêne un peu la lecture.
La Moto de Skanderbeg
Le Seuil (Cadre Vert), 2003, 256 p., 20.30€
Traduit de l’italien La moto di Scanderbeg (1999)
Prix littéraire Racalmare Leonardo Sciascia
Le personnage principal, Giovanni Alessi est écartelé entre son passé dans le village arbarèche de Nouvel Hora, et sa vie actuelle en Allemagne. Un jour, Stefano Santori, un garçon de Hora devenu historien réapparait dans sa vie. Grâce à lui, Giovanni renoue avec ses origines ; il revit son histoire et celle de son père, Skanderbeg, qui au lendemain de la guerre, arpentait les routes et les chemins sur sa splendide moto Guzzi Dondolino. Et, remontant plus loin encore, il évoque la geste du Grand Skanderbeg, le héros de la résistance albanaise contre les Turcs qui, au soir de sa défaite, conseilla à son peuple l'exil en terre italienne.
Annie a trouvé le roman trop difficile à suivre, entre les lieux très variés, et la chronologie non respectée.
Originaire de Krujë (Albanie), Skanderberg était un grand général du 15e s., d’abord pour l’armée turque. En 1443, Skanderbeg déclare l’indépendance de l’Albanie, hissant son drapeau rouge à l'aigle noir. Il est le seul à avoir réuni les Princes du nord et du sud (Chacun pris séparément, nous sommes une brindille, mais en fagot, on ne nous brise pas), créant la petite Albanie, qui résistera 25 ans aux Ottomans (1443-1468). Héros national albanais, il a été nommé Chevalier de la Chrétienté, pour avoir empêché les Ottomans de passer par Durrës, la voie la plus courte pour envahir l’Europe. Son histoire est reprise dans Les tambours de la pluis, d’Ismaïl Kadare.
Dritëro AGOLLI (1931-2017)
Né en 1931 dans le village de Menkulas, dans le Sud de l’Albanie, Dritëro Agolli a fait des études de philologie et de journalisme à l’université de Léningrad. Longtemps, il a été journaliste au service du régime. De 1973 à 1992, il a été président de l’Union des artistes et écrivains albanais. Membre du Parlement, Dritëro Agolli a aussi été une figure marquante du Parti socialiste albanais. Son première recueil, Poèmes de la route a été publié en 1958. Il écrit également des nouvelles et des romans, satire d'un système auquel il appartenait.
L’homme au canon (1975)
Le Serpent à plumes (Motifs), 1998, 200 p., 6.10€
Traduit de l’albanais. Première édition en France par les éditions du Passeur en 1994.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, en Albanie, la lutte qui oppose les nationalistes aux communistes, et tous aux armées Italienne et Allemande, se mêle à la lutte qui oppose les 4 principales familles d’un village, de vendetta en vendetta. Mato Gruda trouve du matériel militaire abandonné par l’armée en déroute, et s'approprie un canon allemand. Sa femme s'oppose à l’utilisation du canon, mais il décide que ce sera l'instrument de sa vengeance contre la famille qui a assassiné la sienne. Il n’imagine pas les conséquences, car c’est son meilleur ami qui est accusé.
Jusqu’où est-on prêt à aller pour se venger ? Quelles en sont les répercussions ? Une belle découverte, roman qui se lit bien.
Lek PERVIZI (1929-….)
Né à Kurbi en Albanie dans une famille noble, Lek Pervizi a suivi des études artistiques à Rome et s'est consacré à la poésie dès son jeune âge, en composant des poèmes lyriques. Rentré en Albanie en 1943, sans savoir que le pays allait devenir communiste. En 1944, sa famille subit les foudres de la dictature communiste, entre prisons, persécutions et camps d’internement. Lek Pervizi y échappe pendant les cinq premières années du régime. Artiste peintre, poète et écrivain engagé, opposant résolu au régime communiste, Lek Pervizi va subir des décennies de persécutions dans les camps de concentration et les prisons d’Albanie. Il se réfugie en Belgique en 1990. Il n’a pas pu écrire ce récit en albanais, mais est passé par l’Italien.
Dans les cercles de l’enfer
L’Harmattan (Lettres d’Albanie), 2014, 136 p., 14€
Gens, le héros du récit, a fait des études en Italie. Rentré en Albanie en 1943 sans savoir que le pays allait devenir un pays communiste, il s’échappe pendant un temps en Grèce. De retour en Albanie, il passe 10 ans de prison et 32 ans d’internement au travail forcé dans un camp de concentration. Accusé d’avoir aidé les Albanais-Grecs opposants au régime, il subit des tortures pendant cinq ans par des analphabètes.
C’est simple à lire, mais le récit est très dur, tragique comme la réalité l’a été.
La question se pose : « Mais pourquoi les Albanais ont-ils supporté la dictature pendant 50 ans ? »
Ornela VORPSI (1968-….)
Ornela Vorpsi, née à Tirana en Albanie, a étudié les beaux-arts à Tirana puis Milan. Depuis 1997 elle réside à Paris. Romancière, photographe, peintre et vidéaste. Ecrivaine d'expression albanaise, italienne et française, elle est également photographe, peintre et vidéaste.
Ci-gît l’amour fou
Actes Sud, 2012, 192 p., 18.50€
Amour, mort et folie sont les trois thèmes intriqués dans ce roman. La jeune Tamar adore sa mère, mais passe beaucoup de temps dans la famille voisine, chez Maria, qui a neuf garçons ! Tamar dit « Je suis née pour observer ». Et pour observer, elle observe… les garçons -dont Dolfi, beau à faire se damner toutes les femmes du quartier. L’une des admiratrices de Dolfi meurt, dans des circonstances énigmatiques. Cet événement fait basculer Tamar, déjà affectée par le suicide de son frère, dont sa mère ne s’était jamais remise.
Un roman contemporain, sur la démesure de l’amour fou, qui n’apporte pas d’éclairage particulier sur l’Albanie.
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Bouillon albanais : Ismaïl Kadaré
Né en 1936 à Gjirokastër, dans le Sud de l'Albanie, Ismaïl Kadaré étudie les lettres à l'université de Tirana et à l'Institut de littérature Gorki de Moscou. En 1960, la rupture avec l'Union soviétique l'oblige à revenir en Albanie où il entame une carrière de journaliste et écrit de la poésie. En 1963, la parution de son roman Le Général de l’armée morte lui apporte la renommée, d’abord en Albanie, puis à l’étranger grâce à la traduction française de Jusuf Vrioni. En 1972, nommé député albanais sans même l’avoir demandé, il est contraint d’adhérer au Parti communiste albanais (gouvernemental). Il poursuit un temps sa carrière d’écrivain sans heurts, malgré la charge corrosive de ses textes contre la dictature. Kadare finit par être qualifié d’« ennemi » lors du Plénum des écrivains en 1982 mais aucune sanction n’est prise à son encontre. Entré en disgrâce pour ses écrits subversifs, conçus comme une critique détournée du régime, il est contraint d’éditer ses romans à l’étranger. Se sentant menacé, il émigre en France où il obtient l’asile politique en octobre 1990.
Kadaré est considéré comme l'un des plus grands écrivains et intellectuels européens du XXe siècle et comme une voix universelle contre le totalitarisme. Il est l'auteur albanais le plus lu à l'étranger, et a reçu de nombreux prix prestigieux, dont le Man-Booker Prize en 2005.
L’un des rares écrivains albanais à avoir survécu à Tirana malgré des écrits critiques du régime, il a peut-être été protégé en partie par ses origines à Gjirokastër, qu'il partage avec le dictateur Enver Hoxha. Sa renommée internationale aussi sans doute, puisque Enver Hoxha se targuait d’être un grand intellectuel, et voulait semble-t-il profiter de la publication des œuvres de Kadaré en France pour y faire publier les siennes.
Kadaré a également su ruser avec la censure, en rédigeant des romans à double-fond, en utilisant des narrateurs multiples ou distanciés (enfant, fantôme), des rêves, les contes et la mythologie, et manier l’ironie, que ne comprenait pas la machine étatique -ce qui lui a permis de porter la critique plus loin que d’autres.
Alma nous conseille de lire plutôt ses œuvres récentes, celles écrites sous la dictature étant souvent cryptées, truffées de doubles sens, et faisant appel à un contexte que nous ne possédons pas. Voici les livres que nous avons lus, par ordre de présentation :
La fille d’Agamemnon (1985)
Fayard, 2003, 144 p., 16€
Traduit de l’albanais par Tedi Papavrami
Nous sommes en Albanie, dans les dernières années du régime communiste. Le narrateur a pour maîtresse la fille d'un haut fonctionnaire. Mais le parti la convainc de mettre fin à cette liaison. Bouleversante histoire d’un amour mis en pièces par les rouages glacés de la machine étatique. L'amant désespéré médite sur sa disgrâce, évoquant tout à tour Iphigénie sacrifiée par son père Agamemnon, et Staline refusant d'échanger des prisonniers allemands contre son fils captif.
Ce roman a été écrit clandestinement en 1985 à Tirana et envoyé en France. Se lit facilement.
L’entravée, requiem pour Linda B. (2010)
Fayard (Littérature étrangère), 2010, 205 p., 18.20€
Traduit de l’albanais par Tedi Papavrami
Dramaturge albanais sous la dictature d’Enver Hoxha, Rudian Stefa est convoqué par le parti, sans en connaître la raison. Dans un climat lourd de doute et de suspicion, il se questionne sur la cause de cette convocation – et les interrogateurs ne font rien pour le rassurer. Est-ce en raison d’une dispute avec son amie qui a dégénéré, d’un personnage qu’il aurait introduit dans sa pièce de théâtre ? En fait, il est convoqué parce qu’un de ses livres dédicacé a été retrouvé chez Linda B., une jeune femme « reléguée » qui s’est suicidée. Dans un climat lourd de doutes et de suspicion, le narrateur enquête pour connaître les raisons du suicide de Linda, et ce qui la reliait à lui.
Linda B. était une jeune fille qui rêve de visiter Tirana. Mais c'est précisément ce qui lui était impossible, en tant qu’assignée à résidence. Son seul "espoir" pour aller à la capitale : se voir dépister un cancer du sein, et être autorisée à se déplacer pour les soins ! Sa condition de reléguée évoque celle d'Eurydice, "entravée" aux enfers.
Le roman est basé sur les brouillons d’une jeune fille qui a existé, maîtresse d’école, qui a été déclassée suite à la vengeance d’un officiel du parti auquel elle s’était refusée. Le livre est volontairement un peu difficile d’accès, procédé utilisé pour décourager les censeurs.
Trois chants funèbres pour le Kosovo (1998)
Fayard (Sciences humaines et sociales), 1998, 122 p., 12€
Traduit de l’albanais par Tedi Papavrami
Il existe en ce monde une région où une vieille tragédie continue à projeter sans relâche, de façon cyclique, de nouvelles tragédies. Cette terre porte le nom innocent de " Champ des merles ", autrement dit Kosovo. En 1389, une coalition balkano-chrétienne composée de Serbes, de Bosniaques, d'Albanais et de Roumains fut écrasée par l'armée ottomane du sultan Mourad. Cette défaite a été exploitée à maintes reprises par des politiciens nationalistes. Autour de l’impossible compréhension et unité entre les peuples des Balkans, Serbes, Bosniaques, Albanais, et Roumains.
Après l’empire Ottoman, beaucoup d’Albanais se sont convertis à l’islam. Le Sud, proche de la Grèce, était plutôt orthodoxe, tandis que le Nord, du côté de l'Italie, suivait le rite catholique latin.
Qui a ramené Doruntine ? (1980)
Fayard (Littérature étrangère), 1986, 182 p., 18€
Dans un village de l’Albanie médiévale, Dorountine s’est mariée à plus de 6 jours de cheval, donc loin ! Son frère Constantin avait fait la promesse solennelle « la besa » (parole donnée que l’on doit tenir au-delà de la mort) à sa maman de la ramener lorsqu’elle le voudrait. Or tous les frères de Doruntine sont morts, ils n’ont donc pas pu la ramener. L’inspecteur local enquête pour savoir qui l’a ramenée. Constantin serait-il sorti de sa tombe pour tenir la parole donnée à sa mère quand il était en vie ?
Kadaré puise dans le patrimoine légendaire de son pays la substance d'un "thriller" hors d'âge, plein de brumes, de chevauchées nocturnes et de pierres tombales déplacées.
La Besa fait partie du Kanun, code coutumier remontant au XVe s, qui définit les règles fondamentales, précises comme celles d’un contrat de mariage. Les deux plus importantes étant:
- L’hospitalité, même si l’on possède peu, a minima du pain et du sel
- La parole donnée (code d’honneur)
La "reprise du sang" (vendetta) est réapparue après la dictature, en partie à cause des défaillances d’application de la loi.
La poupée (2015)
Fayard (Littérature générale), 2015, 160 p., 16€
Traduit de l’albanais par Tedi Papavrami
Histoire de la mère d’Ismaïl Kadaré, de famille bourgeoise de Gjirokastër, qui vivait relativement cloîtrée dans la vaste maison familiale du clan Kadaré.
Récit assez intimiste.
Pendant la dictature communiste, le Nord et le Sud du pays n’ont pas reçu le même traitement le nord a été plus opprimé.
L’aigle (1995)
Fayard (Libres), 1996, 120 p., 12€
Max est un employé de banque sans histoire, si ce n'est qu'un jour, lors d'une réunion, il n'a pas dit ce qu'il aurait fallu dire comme il aurait dû le dire. En allant chercher des cigarettes, il tombe dans un trou, sorte de purgatoire, où sont exilés tous ceux qui n’ont pas « marché droit » par rapport au régime. On raconte que des aigles géants permettraient de s'échapper de ce monde du néant. Qui sait...
Dans cette allégorie surréaliste qui ressemble à un conte cruel, Kadaré dénonce le régime de Hoxha et les milliers de personnes persécutées et tuées.
Vie, jeu et mort de Lul Mazrek (2003)
Fayard (Littérature étrangère), 2002, 20.30€
Traduit de l’albanais Eta, loja dhe vdekja e Lul Mazrekut par Tedi Papavrami
Dans les années 1980, Lul Mazrek vit dans un village albanais où la vie culturelle est quasiment inexistante, et rêve de faire du théâtre. Sa demande d’admission dans une école de théâtre à Tirana est refusée, et –comble de malchance- il reçoit sa convocation pour le service militaire dans une station balnéaire du sud du pays, proche de la frontière grecque. Ses amis le poussent à en profiter pour s’évader, tandis que lui espère pouvoir jouer pour les soldats. Sa mission ? lutter contre les tentatives d’évasion ! Vjollcia elle est une jeune fille intelligente et très belle, embarquée par le parti dans une sombre histoire. Comme souvent dans les œuvres de Kadaré, l'antiquité grecque joue un rôle important.
Récit réécrit après la dictature, inspiré d’une histoire vraie, témoignage de l’absurdité de la dictature communiste.
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05/01/2020
Le Bouillon se jette à l'eau
Venant de Chassagny, Orliénas, Soucieu, St Laurent et Taluyers, nous avons été privés de notre rencontre de novembre pour cause de neige. C’est donc en décembre que nous nous sommes retrouvés à St Laurent d’Agny autour du thème de l’eau, avec des récits souvent autobiographiques, ou inspirés de la réalité.
Capitaine de la Calypso, l'odyssée
Albert FALCO, Yves PACCALET
Arthaud, 2016, 21.50€
« À vingt ans, Albert Falco n'a rien : ni riche famille, ni brillante éducation. Rien, sauf une formidable passion pour la mer et des rêves d'évasion plein la tête... »
Mémoires d’Albert Falco (1927-2012), bras droit et chef plongeur de l'équipe du commandant Cousteau. Ensemble, ils ont fait plusieurs fois le tour du globe sur la Calypso, de missions scientifiques en visites d’épaves. Il a œuvré à la création du parc des Calanques, et dénonce le tourisme de masse et la pollution.
Le phare, voyage immobile
Paolo RUMIZ
Hoëbeke, 2015, 16€
Grand voyageur, Paolo Rumiz prend le temps d’une découverte immobile, dans un phare perché sur un îlot au milieu de la Méditerranée. Se consacrant à l’exploration du phare et de son rocher, il raconte sa vie à côté des gardiens, mais surtout la nature, les goélands, l’observation des étoiles et de la météo. Paradoxalement, il décrit peu l’eau qui l’entoure, si ce n’est pour souligner les difficultés d’accostage, et évoquer la pêche des gardiens. C’est le vent qui est omniprésent dans son récit.
Le grand marin
Catherine POULAIN
Ed. de l’Olivier, 2016, 19€
Un petit bout de femme, aux grandes mains et à l’immense détermination, part au bout du monde travailler comme marin pêcheur. Basée à Kodiak, en Alaska, elle se confronte à la mer, au sel, à une éprouvante cadence de travail, ainsi qu’à un environnement masculin très rude. On apprend beaucoup sur la pêche… et les errances de bar en bar entre deux campagnes de pêche.
Souvenirs de la marée basse
Chantal THOMAS
Seuil, 2017, 18€
Souvenirs personnels, retour rêveur sur son enfance, ce roman est une ode à la mère de l’auteur, Jackie, qui nageait tout le temps, partout. Alors que sa mère vieillissante perd peu à peu la mémoire, l’auteur se remémore ses vacances à la mer, la plage et les animaux des bords de mer, son étude des estivants aussi.
Bleue
Maja LUNDE
Presses de la Cité, 2019, 22€
Le roman reprend une structure similaire à celle de Une histoire des abeilles. Le lecteur suit une évolution à des époques diverses : dans le passé, au présent et dans le futur. Ici, les chapitres alternent 1950 en Norvège, où l’on construit des barrages et détourne des rivières ; 2017, l’évolution du rapport à l’eau et les premières conséquences de la mauvaise gestion des rivières ; 2042, où la désertification contraint les habitants de certaines zones à l’exil. Il s’agit bien d’une fiction, avec des personnages attachants et combatifs.
Oublier Klara
Isabelle AUTISSIER
Stock, 2019, 20€
Secret de famille sur trois générations, chacune liée à une nature rédemptrice. Rubin, le père, a mené une rude existence sur les chalutiers, il est très marqué par la pêche intensive en URSS. En fin de vie, il fait appel à son fils Iouri pour comprendre ce qu’il est advenu de Klara, la grand-mère, disparue lorsqu’il était enfant, à l’époque de Staline. Roman assez doux malgré son sujet, Oublier Kara est une belle aventure humaine, située dans une nature sauvage.
Juste après la vague
Sandrine COLLETTE
Denoël, 2018, 19.90€
Récit post-apocalyptique. L'eau a tout envahi. Sur un bout de terre émergée survit une famille de onze personnes. La barque qui pourrait les sauver ne peut en embarquer que huit. Le père doit faire des choix entre ses enfants. Se retrouvent d’un côté la barque face aux vagues et aux dangers de l’océan, et de l’autre les trois enfants laissés sur place… parce qu’ils sont les plus débrouillards ou les enfants « ratés » ?
Au fond de l’eau
Paula HAWKINS
Sonatine, 2017, 22€
Thriller. En Angleterre, dans une rivière proche de Beckford aux eaux dangereuses, est retrouvé le corps d’une jeune fille. Suicide ou assassinat ?
Histoire d’une baleine blanche
Luis SEPULVEDA
Metailié, 2019, 12€
Une baleine blanche raconte à ses petits dans quelles conditions elle a rencontré les hommes. Depuis les mythes du large de la Patagonie, où elle est chargée de guider les âmes Mapuches au-delà de l'horizon, jusqu'au XIXe s avec la chasse à la baleine -en particulier le baleinier du capitaine Achab. Beau récit pour tous, jeunes et moins jeunes, illustré par Joëlle Jolivet.
Moi, baleine
Oriane CHARPENTIER, ill. Olivier DESVAUX
Gallimard jeunesse, 2019, 6.60€
Le récit débute sous la forme d’un petit conte illustrant l’apparition de la vie dans les océans, et pourquoi les baleines ont gardé un évent. Puis on suit un jeune baleineau à bosse dans sa découverte du monde qui l’entoure. Curieux, il s’éloigne du groupe, et vient en aide à des phoques en détresse. Récit poétique aux splendides illustrations, un très beau cadeau à faire aux enfants !
Ceux qui voulaient voir la mer
Clarisse SABARD
Charleston, 2019, 19€
Lilou, mère célibataire, quitte Paris car la mer lui manque, pour s’installer à Nice avec son fils. Elle y rencontre Aurore, une femme âgée, qu’elle pousse à raconter son histoire. Depuis des décennies, elle attend son grand amour, Albert, parti à New York tenter sa chance après la guerre… Lecture facile, mais point de mer dans ce récit, malgré son titre.
In Waves
A.J. DUNGO
Casterman, 2019, 23€
Roman graphique autobiographique, reprenant par vagues l’histoire d’amour entre l’auteur et Kristen, nouée autour de la mer et du surf. Malgré la maladie de Kristen, c’est une ode à la vie et à l’amitié, entrecoupée de chapitres au rythme différent, qui retracent les origines du surf à Hawaï et évoquent les premiers grands surfeurs, de Duke Kahanamoku à Tom Blake. Le dessin est simple et très graphique, d’une grande lisibilité. L’auteur utilise des tons bleus turquoise profonds pour la partie autobiographique, tandis que les pages consacrées à l’histoire et aux « beach boys » sont traitées en sépia.
Le vieil homme et la mer
Thierry MURAT
Futuropolis, 2014, 19€
Bande dessinée librement adaptée du roman éponyme d’Ernest Hemingway. Golfe de Cuba, au début des années 50. Un garçon court rejoindre le vieil homme qui lui a appris le métier de pêcheur. Le vieux Santiago a la poisse depuis longtemps. Malgré son savoir-faire et la discipline à laquelle il s'astreint, il revient bredouille de ses sorties en mer. Aussi le gamin a-t-il dû intégrer un autre équipage. Après des mois de malchance, le vieil homme part seul en mer, et met en œuvre toute son expérience et toutes ses forces pour une pêche extraordinaire. Il affronte un gigantesque espadon. Bien qu’omniprésente, la mer est peu mentionnée dans le texte d’Hemmingway.
Thierry Murat réalise des planches quasiment monochromatiques, entre lumière orangée du soleil et bleu-nuit pour l’obscurité. Sa sobriété s’étend à la mise en page, où ses grandes vignettes, voire ses illustrations pleine page rendent l’immensité de l’océan et du ciel qui se confondent. Les personnages sont croqués en noir, et ressortent presque en ombres chinoises.
L'homme de la mer
Deok-Hyun JANG
Pika, 2017, 22 €
Manhwa coréen. Anna, jeune femme désabusée, licenciée par son patron, se réfugie au bord de la mer, où le comportement d’un pêcheur de coquillages l’intrigue. Quoique particulièrement maladroite, elle le contraint à lui enseigner la pêche en apnée, inspirée de la tradition séculaire des haenyos, pêcheuses en apnée extraordinaires de l’île de Cheju, en Corée du Sud. Récit intéressant, mais les personnages ne sont guère sympathiques.
Les enfants de la mer
Daisuke IGARASHI
Sarbacane, 2012 à 2014, 15.50€/tome
Manga traduit du japonais. Ruka, collégienne rebelle, fait la rencontre d’Umi, un garçon étrange qui passe son temps dans l’eau. Par ailleurs, un plongeur prétend avoir vu deux bébés nourris par un dugong (lamantin). Une énigme s’installe quant à la nature des enfants de la mer, à la recherche de leur mémoire. Dans ce manga au dessin extrêmement soigné et détaillé, l’auteur semble s’inspirer de légendes de la mer japonaises, peuplées de créatures légendaires, pour écrire un conte écologique sur le monde aquatique.
Nous finissons par la lecture à voix haute d’un poème de Raymond Carver
« Là où les eaux se mêlent ».
(titre choisi pour la biennale d’art contemporain 2019 de Lyon)
16:56 Publié dans Bouillon de lecture, critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : eau, roman, bande dessinée
02/12/2019
Bouillon d'histoire
Petite sélection de romans historiques, présentés en octobre à Orliénas par les lectrices du Bouillon.
14 juillet
Eric VUILLARD
Actes Sud (un endroit où aller), 2016, 19€
Les quelques jours qui ont précédé la prise de la Bastille, le peuple avait faim. Des descriptions très vivantes des gens du peuple, des différents métiers et corporations, des mouvements de foules et des débordements.
Le fracas du temps
Julian BARNES
Mercure de France (Bibliothèque étrangère), 2016, 19€
Vie des artistes sous la dictature communiste, au travers de la vie de Chostakovitch, qui a choisi de demeurer en URSS. Les trois parties du roman commencent par la même phrase « Tout ce qu’il savait, c’est que c’était le pire moment. »
Chostakovitch se voulait compositeur d’opéra, mais sa musique a déplu à Staline. Contraste entre sa très grande musique et sa position, toujours coincée politiquement.
Sur la scène internationale avec Hitler
Paul-Otto SCHMIDT
Ed. Perrin, 2014, 23€
Diplomate devenu l'interprète d'Hitler pour l’anglais, Paul Otto Schmidt (1899-1970) raconte en témoin privilégié l'ascension et la chute du IIIe Reich ainsi que les principales réunions, congrès, et rencontres au sommet avec les personnages du Reich. Une véritable leçon d’histoire.
Camarade Papa
GAUZ
Le Nouvel Attila, 2018, 19€
L’Afrique au temps des colonies… et après. Un petit garçon noir, élevé par un père révolutionnaire communiste, est envoyé en Côte d’Ivoire retrouver la trace de ses ancêtres. Parallèlement, on suit la conquête Africaine en 1880, la lutte entre colons français et anglais, le fétichisme des Ivoiriens,… Beaucoup de personnages pour ce roman documenté. L’écriture, par moments très imagée, est assez fluctuante dans le style.
Frère d’âme
David DIOP
Seuil, 2018, 17€
PRIX GONCOURT DES LYCEENS 2018
Mademba et Alfa, ils étaient deux « presque frères » à partir du village pour s’engager comme tirailleurs Sénégalais pendant la Grande Guerre. Au cours d’une attaque, Mademba est éventré, et demande à son camarade d’abréger ses souffrances. Alfa, traumatisé, répend alors la violence dans le camp ennemi. Héros, ou fou de guerre ?
Le monde depuis ma chaise
Sergio SCHMUCLER
Ed. Liana Lévi, 2017, 17€
Depuis sa chaise, qu’il a décidé de ne jamais quitter, un garçon observe… Les évènements d’Europe au travers de tous les réfugiés qui arrivent au Mexique : Espagnols, Juifs,…
La disparition de Josef Mengele
Olivier GUEZ
Ed. Grasset, 2017, 18.50€
PRIX RENAUDAUT 2017
Depuis 1949 jusqu’en 1979, roman de la cavale du médecin tortionnaire Nazi en Amérique du Sud. Ce qui dérange est qu’il ne semble pas ressentir de remords. Jusqu’à son dernier jour, il pense avoir agi pour le bien de l’humanité en mettant toutes ses forces au service de la pureté !
Les enfants d’Alexandrie
Françoise CHANDERNAGOR
Albin Michel, 2011, 22.30€
Marc-Antoine, marié à Rome à Octavie, a formé avec Cléopâtre un couple mythique, qui a engendré des jumeaux. Séléné a 10 ans lors de la prise d’Alexandrie. Dernière des Ptolémée, elle raconte…
Le captif au masque de fer
Jean d’AILLON
Ed. Lattès, 2007, 17.80€
Roman policier historique situé à la fin du règne de Louis XIV. On suit un lieutenant de police nommé par Colbert, et Trois Sueurs, bandit des grands chemins –ancien bas-officier huguenot chassé de l’armée…
Madame Proust
Evelyne BLOCH-DANO
Ed. Grasset, 2004, 21.25€
Biographie très bien écrite de Jeanne Weil-Proust (1849-1905), mère de Marcel Proust.
La nuit des Béguines
Aline KINER
Ed. Liana Levi, 2017, 22€
1310, sous le règne de Philippe Le Bel. À Paris, dans le quartier du Marais, se trouve le grand béguinage royal, fondé par saint Louis. Dans ses murs, vit une communauté de femmes hors normes. Veuves ou célibataires, nobles ou ouvrières, elles peuvent étudier, travailler, circuler librement dans la cité. Ni moniales, ni séculières, « mi chair mi poisson », leur liberté et leur indépendance dérange.
Le Prix
Cyril GELY
Albin Michel, 2019, 17€
Otto Hahn et Lise Meitner (physicienne juive) ont travaillé de concert de 1907 à 1938. Pour autant, le Nobel de physique a été attribué à Otto Hahn seul pour la découverte de la fission nucléaire. Le roman est un huis clos à l’hôtel, entre eux deux, juste avant la remise du prix. Déjà abordé en mai.
Après Constantinople
Sophie VAN DER LINDEN
Gallimard (Sygne), 2019, 15€
Balkans, fin de l’empire Ottoman. Un peintre se rend dans un domaine isolé à la recherche de fontanelles (jupes plissées des Balkans). Ses conversations avec l’intendante remettent en question ses convictions. Nous n’avons pas été convaincues par le vocabulaire trop complexe par rapport à une histoire trop floue. Critique complète ici.
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18/11/2019
Bouillon coups de coeur
Petite sélection de coups de coeur par l'équipe du "Bouillon de Lecture", qui se réunit tous les 2nd jeudis du mois dans les bibliothèques du secteur.
Girl
Edna O’BRIEN
S. Wespieser, 2019, 21€
Traduit de l’anglais par Aude de Saint Loup
S'inspirant de l'histoire des lycéennes enlevées par Boko Haram en 2014, l'auteure irlandaise se glisse dans la peau d'une adolescente nigériane. Bien que parvenant à s’échapper avec son bébé, elle revient marquée à une civilisation qui ne veut pas d’elle. L’auteur, bien qu’âgée, est allée vivre et se documenter au Nigéria, et son roman, terrible, sonne juste. Prix Femina spécial pour l'ensemble de son oeuvre.
Nouvel an
Julie ZEH
Actes Sud, 2019, 20€
Traduit de l’allemand Neujahr par Rose Labourie
Une famille allemande passe des vacances de fin d’année médiocres sur l’île de Lanzarote. Le père, mal à l’aise dans son rôle, sujet à des crises d’angoisse, s’épuise dans une ascension à vélo et remonte à un souvenir traumatique de l’enfance. Roman bien écrit, très psychanalytique.
Les choses humaines
Karine TUIL
Gallimard (Blanche), 2019, 21€
Un couple en vue dans le monde médiatique, lui journaliste, elle féministe, dont le fils « parfait » est accusé de viol. Argumentation, accusations et doutes… Un roman très actuel qui reçoit le prix Interallié et le Prix Goncourt des Lycéens.
La télégraphiste de Chopin
Eric FAYE
Seuil (Cadre rouge), 2019, 21€
Prague après la chute du mur. Une jeune femme prétend recevoir de Frédéric Chopin lui-même des dictées de symphonies. Ludvík Slaný, journaliste, est chargé d’enquêter sur cette histoire pour le compte de la télévision d'un État sorti depuis peu de l'ère communiste.
Louvre
Josselin GUILLOIS
Seuil (Cadre rouge), 2019, 18€
Trois narratrices prennent le relais pour raconter l'épopée des œuvres du Louvre, mises à l’abri par le conservateur Jacques Jaujard à l’approche des Allemands. Trois femmes liées à Jaujard : sa femme, en mal d’enfant ; sa filleule en pleine puberté, à Chambord où sont cachées certaines œuvres ; et une actrice, résistante, chargée de voir jusqu’où Jaujard est compromis, qui devient son amante. Marcelle, Carmen, Jeanne : chacune, à sa manière, joue un rôle dans la sauvegarde des collections du Louvre.
Embrasements
Kamila SHAMSIE
Actes Sud, 2019, 22.50€
Traduit de l’anglais Home Fire, par Eric Auzoux
Tragique destin de la famille Pasha, originaire de l’immigration Pakistanaise, dont l’un des enfants éprouve la tentation de rejoindre les rangs de Daech. Très bien écrit, ce roman transpose la tragédie d’Antigone dans le milieu islamiste anglais.
Les petits de décembre
Kaouther ADIMI
Seuil, 2019, 20€
Algérie. Un Général achète le terrain qui avoisine la base militaire pour y construire sa villa. Historiquement, c’est le terrain de foot des enfants, qui font un sitting pour le conserver. On suit le débat intérieur des parents, qui n’ont pas connu la guerre d’Algérie, et ont subi les années de plomb sans se rebeller. Un roman très intéressant, quoique écrit peut-être un peu vite.
Ceux que je suis
Olivier DORCHAMPS
Finitude, 2019, 18.50€
Histoire d’une famille marocaine. Le père, garagiste à Clichy, avait tout prévu pour être enterré au Maroc. A son décès, l’un de ses fils part avec le corps, tandis que les deux autres voyagent en voiture avec leur mère et un ami de la famille. Très bien.
Jour de courage
Brigitte GIRAUD
Flammarion, 2019, 17€
C’est au lycée, au cours d’un exposé sur la bibliothèque de Magnus Hirschfeld brûlée par les nazis, que Livio dévoile son orientation sexuelle. Dès le début du roman, le lecteur sait que Livio a disparu. Ce roman est intéressant pour l’histoire, et pour la construction de l’adulte, mais il est un peu « facile ».
Te souviendras-tu de demain ?
Sigmund MILOSZEWSKI
Couple et Pologne. Après des festivités, un couple donnant des signes d’usure se réveille rajeuni de 50 ans, dans une Pologne désormais capitaliste ! Jeunes et beaux, ils ont pourtant le souvenir de toute leur vie commune. Doivent-ils –ou pas- reproduire leur vie ?
Miss Islande
Auður Ava Ólafsdóttir
Zulma, 2019, 20.50€
Traduit de l’Islandais Ungfrú Ísland par Eric Boury
Hekla, 21 ans, assez belle pour devenir Miss Islande rêve de devenir… écrivain. Emancipation des femmes, homosexualité, et sociopolitique en Islande. Prix Médicis étranger 2019.
Les prisonniers de la liberté
Luca Di Fulvio
Slatkine & Cie, 2019, 23€
Traduit de l’Italien par Elsa Damien
Saga suivant des immigrés Italiens et Européens en Argentine.
Une histoire de France
Joffrine DONNADIEU
1er roman, situé à Toul au début des années 2000. France, voisine et nounou, abuse des enfants. Malgré tout, la vie continue pour Romy, qui se construit –plutôt mal- avec ça. Entre Edouard Louis et Christine Angot…
Journal d’un amour perdu
Eric Emmanuel SCHMITT
Albin Michel, 2019, 19.90€
« Maman est morte ce matin et c'est la première fois qu'elle me fait de la peine. ». Récit autobiographique, après le décès de sa mère.
Des hommes justes : du patriarcat aux nouvelles masculinités
Ivan JABLONKA
Seuil (Les livres du nouveau monde), 2019, 22€
Essai post me-too
Ceux qui partent
Jeanne BENAMEUR
Actes Sud, 2019, 21€
Ceux qui arrivent à Ellis Island au XXe siècle, par l’une de nos autrices préférées.
Amazonia
Patrick DEVILLE
Seuil, 2019, 19€
Remontée historique de l’Amazone.
Virginia
Emmanuelle FAVIER
Albin Michel, 2019, 19.90€
Virginia Woolf, roman biographique.
Rien n’est noir
Claire Berest
Stock (La bleue), 2019, 19.50€
Vie mouvementée de Frida Kahlo : l’accident qui l’a gravement blessée et lui a occasionné de terribles douleurs toute sa vie, sa peinture et son amour passionné pour le peintre de fresques Mexicain Diego Riveira.
Bérengère COURNUT
Le Tripode, 2019, 19€
Prix du roman FNAC, déjà critiqué sur ce blog.
Yancouba DIEME
Flammarion, 2019, 17€
Itinéraire d’Aperaw, père travailleur et courageux, né paysan au fin fond de la Casamance, immigré Sénégalais, ouvrier chez Citroên… Critique complète ici.
Max PORTER
Seuil, 2019, 20€
Traduit de l’anglais par Charles Recoursé
Récit choral autour du petit Lenny, enfant elfique à l’imagination débordante. Conte folklorique et écologique dans un village anglais. Critique complète ici.
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07/07/2019
Bouillon Africain
Lectures variées, autour d'auteurs de différents pays d'Afrique noire.
Et le ciel a oublié de pleuvoir
Mbarek BEYROUK
Musée Dapper (Littérature), 2006, 124 p., 10€
Aux confins du Sahara, trois personnes racontent tour à tour la tragédie dont elles sont les acteurs. Mahmoud, ancien esclave échappé, qui a gravi les marches de l’Etat ; Béchir, chef de village aux traditions ancestrales, qui refuse l’évolution de la société ; Lolla, femme libre qui refuse un mariage de force avec Béchir et quitte le village le soir de ses noces.
Une écriture poétique et imagée, pour dresser le constat d’une société mauritanienne entre tradition et modernité.
Mauritanien, Mbarek Ould Beyrouk est né en 1957. Après des études de droit, il se lance dans la presse, et fonde en 1988 le premier périodique indépendant de son pays. Et le ciel a oublié de pleuvoir est son premier roman.
Aux Etats-Unis d’Afrique
Abdourahmane WABERI
J.C. Lattes, 2006, 233 p., 15.20€
La Fédération des Etats-Unis d'Afrique prospère, autour de la riche capitale d’Asmara, en Erythrée, indifférente au sort des millions de réfugiés caucasiens qui se pressent à ses frontières. Maya, arrachée il y a longtemps à la misère de sa Normandie natale, repart pourtant vers l’Europe à la recherche de ses origines.
Fiction parfois difficile à suivre, renversant la situation actuelle entre Nord et Sud, ce pamphlet a le mérite de nous placer face à nos préjugés.
Né en 1965 à Djibouti, Abdourahman A. Waberi est l'auteur de plusieurs recueils de nouvelles et romans dont Le Pays sans ombre, Cahier nomade et Balbala, salués par la critique, récompensés par de nombreux prix et traduits en une huitaine de langues.
Un si beau diplôme
Scholastique MUKASONGA
Gallimard (Blanche), 185 p., 18€
Parcours autobiographique d’une femme née au Rwanda dans une famille de bergers pauvres. Encouragée par son père à suivre une éducation poussée, elle a poursuivi sa scolarité, interne dans des institutions religieuses, puis en exil, afin d’obtenir un diplôme, supposé sésame pour une vie meilleure. Une grande partie de sa famille a été assassinée pendant les massacres entre Hutus et Tutsis. Elle est confrontée à plusieurs pays étrangers, dont la France, différente de l’image qu’elle s’en faisait.
Elle vit actuellement en Normandie avec son mari, français. Son roman Notre-Dame du Nil a obtenu le prix Renaudot en 2012.
Celles qui attendent
Fatou DIOME
Flammarion, 2010, 329 p., 20.30€
Deux mères Sénégalaises, Arame et Bougna, encouragent leurs fils à partir pour l’Espagne à bord d’une pirogue pour échapper à la misère. Récit fait du point de vue de celles qui attendent des nouvelles : les mères, et les jeunes épouses des deux émigrés.
Beau roman, facile à lire et instructif.
Née au Sénégal, Fatou Diome est arrivée en France en 1994 et vit à Strasbourg. Elle est l'auteur d'un recueil de nouvelles et de plusieurs romans, dont Le Ventre de l'Atlantique (2003), qui s’intéresse au même sujet, mais du point de vue d’une jeune Sénégalaise installée en France, qui tente de faire comprendre à ses frères la réalité de l’immigration.
Avenue YAKUBU
Jowhor Ile
Christian Bourgois (Littérature étrangère), 2017, 304 p., 20€
Nigeria. A Port Harcourt en 1995, le destin d’une famille bascule lorsque Paul, le fils aîné, ne rentre pas chez lui un jour de manifestation. L’écriture présente des longueurs, alternant entre ce qui s’est passé avant la disparition, la vie des parents (qui ont connu la guerre du Biafra), et ce qui lui succède.
Jowhor Ile est né en 1980 à Obagi et a grandi à Port Harcourt au Nigeria. Encouragé par la romancière nigériane Chimamanda Ngozi Adichie, il publie ses nouvelles dans les magazines littéraires à Londres, puis enseigne aux Etats-Unis. Avenue yakubu est son premier roman.
Citoyen de seconde zone
Buchi EMECHETA
Gaïa, 1994
Parcours du Nigeria à l’Angleterre. Dans les années 1940, quand le Nigeria était une colonie anglaise, les immigrés nigérians étaient issus de couches sociales favorisées, venus étudier en Angleterre. La génération suivante d’immigrés est moins favorisée. Le roman, largement autobiographique, s’attache à la vie d’Adah, fille de paysans qui réussit à émigrer à Londres. A double titre « citoyenne de seconde zone » en tant que femme et en tant qu’étrangère, elle fait preuve d’une grande ténacité pour obtenir son autonomie et élever ses cinq enfants. Un roman qui honore la résistance des femmes.
Née au Nigéria, Florence Onyebuchi Emecheta, dite Buchi Emecheta (1944-2017) a émigré en Angleterre en 1962. Elle a été successivement bibliothécaire, travailleuse sociale, chroniqueuse et professeur dans plusieurs universités aux Etats-Unis, au Nigéria et en Angleterre.
Une Maternité rouge
LAX
Futuropolis, 2019, 144 p., 22€
Du Mali au Louvre, cette superbe bande dessinée suit la destinée d’une statue de maternité Dogon. En 1960, aux temps du Soudan Français, la statuette avait été cachée par un enfant pour la soustraire aux rafles des colonisateurs. En 2015, elle est redécouverte par un jeune chasseur de miel Malien, Alou, qui sera chargé de la protéger et de l’apporter au musée du Louvre, pour la mettre à l’abri des djihadistes. Commence alors pour Alou un dangereux périple parmi les migrants africains. En parallèle, on suit le quotidien d’un professeur du musée du Louvre, passionné d’art africain.
Liens entre les pays par l’art et la culture.
Les cigognes sont immortelles
Alain MABANKOU
Seuil (Fiction & Cie), 2018, 292 p., 19.50€
Roman autobiographique. Le jeune Michel, 14 ans, vit à Pointe Noire avec Maman Pauline et Papa Roger. Avec une écriture orale qui tient à l’enfance, l’auteur décrit les petits plaisirs et tracas de l’enfance, jusqu’au moment de l’assassinat du Président Ngouabi à Brazzaville, qui entraîne couvre-feu et arrestations, et exacerbe les oppositions entre ethnies… Lorsque l’un des frères de maman Pauline, accusé de trahison, est tué, elle veut se venger sur le chef de la Révolution du Nord. L’influence soviétique est omniprésente (le titre du roman provient d’une chanson révolutionnaire russe), et on ressent également l’ingérence de la France dans le pays. Plus largement, l’auteur évoque beaucoup des caractéristiques qui empêchent les pays d’Afrique d’avancer.
Auteur congolais, né à Pointe-Noire en 1966, Alain Mabanckou est l'auteur de plusieurs romans, dont Mémoire de porc-épic (Seuil, 2006), pour lequel il a reçu le prix Renaudot ainsi que Petit piment, Lumières de Pointe Noire, Black bazar,… Il vit à cheval entre les Etats-Unis (où il enseigne la littérature francophone) et la France.
Ainsi que trois romans, dont vous trouverez les critiques plus détaillées sur ce blog :
Chimamanda Ngozie ADICHIE
Gallimard, 2014, 24.50€
La saison des fleurs de flamme
Abubakar Adam IBRAHIM
L'Observatoire, 2018, 422 p., 22€
Lagos Lady
Leye Adenle
Métailié, 2016, 20€
15:03 Publié dans Bouillon de lecture, critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, bande dessinée, afrique, nigéria, congo, mali, mauritanie, djibouti, sénégal
17/06/2019
Bouillon de bandes dessinées
Avec un gros temps de retard, BD présentées en Bouillon de lecture (je n'ose pas avouer de quand datent mes notes !). Bien que nous ne soyons pas tous lecteurs de bandes dessinées, nous saluons la grande variété de styles. Dans ce genre très vivant et créatif, tantôt documentaire, tantôt historique, polar, humoristique… chacun a pu trouver un titre qui lui a plu.
Kivu
Jean VAN HAMME, Christophe SIMON
Le Lombard (Signé), 2018
Docufiction extrêmement noir, sur la province du Kivu au Congo, où l’exploitation du coltan (minerai précieux pour nos technologies modernes) entraîne corruption et exactions. Au milieu de toute cette violence, un jeune ingénieur tente de sauver une enfant, rescapée d’un massacre. Terrible, cette histoire fait douter de l’humain.
La Cosmologie du futur, traité d’écologie sauvage
Alessandro Pignocchi
Steinkis BD, 2018
Dans un monde global où les humains et toutes les espèces animales sont au même niveau, aucun être ne veut plus prendre de responsabilités politiques. Tous les responsables démissionnent et préfèrent « cultiver leur jardin ». Deux mésanges philosophent, tandis qu’un ethnologue jivaro observe le microcosme de Seine et Marne, et tire des conclusions totalement fausses de ses observations partielles… Humour et philosophie pour cette bande dessinée totalement atypique. De très belles planches (les mésanges !), mais l’ensemble est un peu répétitif. Voir ici le format blog, pour apprécier pleinement les illustrations !!!
Didier, la 5e roue du tracteur
François RAVARD / Pascal RABATE
Futuropolis, 2018
Humour et légèreté pour traiter d’un thème très sérieux sur le fond : le monde paysan, et les difficultés qu’il rencontre aujourd’hui : faillite, mise aux enchères, impossibilité de trouver un conjoint,…
Nos embellies
Gwenola MORIZUR, Marie DUVOISIN
Bamboo, 2018
Le jour où l’héroine apprend qu’elle est enceinte, son conjoint musicien doit partir en tournée, tandis qu’un neveu débarque impromptu du Québec pour les vacances. Plus les jours passent, plus elle a de mal à annoncer sa grossesse, pas certaine d’être prête à devenir mère. Pour distraire le neveu, qui vit mal la séparation de ses parents, elle part à la neige. Ce trajet est l’occasion de belles rencontres, et d’entraide avec d’autres personnes solitaires ou en galère. Une jolie BD très positive.
Enquêtes gastronomiques à Lyon
Guillaume LAMY/ Guillaume LONG
Lyon Capitale, 2017
Visite gastronomique et humoristique de 24 tables lyonnaises, par G. Lamy critique gastronomique, et G. Long, auteur-dessinateur. Guillaume Long est bien connu pour son blog et ses bandes dessinées « à boire et à manger » qui rassemblent ses anecdotes, recettes, portraits, dessins et astuces autour des plaisirs de la table. Ici, en plus, on confronte son avis à celui de G. Lamy, et on visite les tables lyonnaises. Ça donne envie !
Café Touba
Léah TOUITOU
Jarjille, 2018
Partie pour un projet « Caravane d’images » au Sénégal, Léah s’est retrouvée toute seule à voyager en Afrique pour réaliser des fresques avec les enfants. Elle raconte, avec humilité et sur un ton très juste, ce voyage au quotidien, les petites galères, les belles rencontres. Illustrations sobres et expressives en noir et blanc (sauf la splendide couverture en couleurs). Le temps que je publie cette chronique, le tome 2 est sorti. Joie ! Qui plus est, Léah est super sympa et anime toutes sortes d'ateliers. Elle est aussi super forte en "battle" de BD. Suivez-la sur Facebook ici.
Les petites cartes secrètes
Anaïs VACHEZ, CYRIELLE
Delcourt 2018
Bande dessinée épistolaire plébiscitée par les enfants ! Suite au divorce de leurs parents, Tom et Lili ont été séparés. Ils s’envoient des cartes postales secrètes, dans lesquelles ils échafaudent des stratégies pour être réunis, ne reculant devant aucun plan (foireux) pour que leurs parents retombent amoureux… Joli et émouvant, les enfants adorent... et les adultes aussi. C'est ici, pour regarder Cyrielle dessiner, rotrings et aquarelle !
Il faut flinguer Ramirez
Nicolas PETRIMAUX
Glénat 2018
Ambiance années 80 aux Etats-Unis. Qui est Ramirez ? L’As du service après-vente, le Mozart de la réparation de l’électroménager ? Ou bien un personnage peu fréquentable, recherché par flics et mafias ? Humour et action pour cette bande dessinée très cinématographique, au découpage de style « comics » très dynamique. Le scénario offre de nombreuses scènes d’action et de course poursuite, les personnages sont très typés : Ramirez, petit meximain moustachu, mafieux, bad girls,… Le récit est entrecoupé de simili publicités « vintage ». C'est jubilatoire ! En attendant le tome suivant, on peut regarder le trailer !
Coupures irlandaises
KRIS, ill. Vincent BAILLY
Futuropolis, 2008
Inspiré d’un séjour de Kris en Irlande du Nord, à Belfast, en 1987. A 14 ans, de jeunes français sont envoyés en séjour linguistique à Belfast pour un été, l’un dans une famille ouvrière catholique, l’autre dans une famille protestante plus aisée. Très bien accueillis, ils pensaient mener la belle vie, mais sont peu à peu confrontés à la réalité de l’époque.
Période d’opposition entre l’IRA, bas armé terroriste, et l’Angleterre de Margaret Thatcher, qui a laissé mourir les prisonniers (Bobby Lands) après 66 jours de grève de la faim entamée pour obtenir le statut de prisonniers politiques. Dossier historique en fin d’ouvrage, avec témoignage de Sorj Chalandon.
Meurtre au Mont Saint Michel
Jean-Blaise DIJAN, ill. Marie JAFFREDO
Glénat/ Ed. du Patrimoine, 2015
Automne 1936. Un soir, comme la brume vient de tomber sur le Mont-Saint-Michel, Lucie est témoin d'un meurtre ! Terrorisée, la fillette trahit sa présence et, aussitôt, se retrouve pourchassée par le meurtrier. Lorsque les habitants se mettent à fouiller la baie et le Mont à la recherche de Lucie, portée disparue, c'est le corps sans vie de la bonne du curé qui est retrouvé ! Enquête en vase clos, prétexte à de superbes illustrations encre et aquarelle par Marie Jaffredo.
Les rues de Lyon
(n° 1, la chute d’un pape)
Existant depuis 2015, ce mensuel dessiné est réalisé à chaque fois par des auteurs / illustrateurs différents, et s’attache à présenter lieux, personnages et histoires lyonnais. On adhère plus ou moins selon les sujets et les auteurs, mais c’est globalement très intéressant, et permet de belles découvertes ! Disponible sur abonnement et dans les librairies.
Lyon quartiers BD
Collectif
Glénat, 2000
Collectif, regroupant plusieurs récits. L'ancêtre des Rues de Lyon ? C’est irrégulier selon les auteurs. Au chapitre Place Sainte Anne, une vieille dame s’agenouille dans la cour… où se trouvait autrefois l’église où elle s’est mariée.
Thésée et le minotaure
Collection de Luc Ferry
Glénat, 2016
Collection La sagesse des mythes.
BD pédagogique, dessin assez classique.
Les beaux étés
ZIDROU
Ah! les départs en vacances en famille... Il y a tant à en dire qu'on en est déjà au tome 4! Illustration claire et plaisante, récit plein de tendresse et d'humour.
Demain, demain : Nanterre 1962-1966
Laurent MAFFRE
Actes Sud / Arte
Installation d’une famille dans un bidonville de Nanterre. Documentaires & photos en fin d’ouvrage. Le tome 2, Demain, demain - Genevilliers, cité de transit. 51 rue du Port-1973 vient de paraître.
Voltaire amoureux
Clément OUBRERIE
Intrigues et aventures de Voltaire, avec de nombreuses citations et extraits de Voltaire.
L’anniversaire de Kim Jong Il
Aurélien DUCOUDRAY
Histoire d’un petit Coréen du Nord, 8 ans, fier d’être né le même jour que Kim Jong Il.
Endoctrinement, propagande, dénonciations, emprisonnements arbitraires, exécutions… L’enfant apprend un jour le secret honteux de la famille : ses grands-parents paternels sont Coréens du Sud ! Les enfants doivent assurer les patrouilles nocturnes, les travaux agricoles. Lorsque la famille tente de partir en Chine, elle se fait rattraper, et les choses empirent… Le graphisme un peu enfantin n’a pas été apprécié par tous. Pour autant, il rend bien l’ambiance et on peut considérer qu’il correspond au personnage principal.
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