14/05/2018
Bouillon de polars
Nous profitons de cette soirée polar pour signaler le prix « Chabanières » du polar, actuellement en cours dans les bibliothèques de la Communauté du Pays Mornantais. En lice 5 romans que nous ne critiquerons pas ici, afin de ne pas vous influencer :
Nous évoquons des auteurs favoris depuis des années : Peter May, Arnaldur Indridasson et Caryl Ferey, mais aussi des lectures plus inattendues, ou de nouveau romanciers.
Peter MAY
avec ses romans policiers qui se passent en Ecosse : : L’Homme de Lewis, L’Île des chasseurs d’oiseaux, Le Braconnier du lac perdu,… Nous en aimons beaucoup l'ambiance dans ces Iles glacées du Nord où soufflent le vent, les tempêtes, où la mer peut être mortelle, où les habitants ont une rudesse due sans doute à la pauvreté, où, en plus de l'air marin ça sent la tourbe ou le poisson, où la religion est terrible, sans parler de ce policier, Fin, affronté à des énigmes incroyables, et une vie personnelle douloureuse.
Arnaldur INDRIDASON
Les nuits de Reykjavik
Après la découverte du cadavre d’un clochard, Erlendur enquête avec obstination, malgré le peu d’intérêt pour cette affaire. Ce tome, écrit récemment, remonte au début de la carrière d’Erlendur, sa première enquête sous la houlette du commissaire Marion.
La rivière noire
Erlendur étant en vacances, c’est sa collègue qui enquête lorsqu’un jeune homme est retrouvé égorgé chez lui. Un provincial sans histoire ? A l’autopsie, on trouve des traces de roïpnol
Trilogie des ombres
Quand Indridason se met au polar historique, avec son talent habituel. Le tome 1, Dans l’ombre, se déroule en 1941 ; Le tome 2, La femme de l’ombre, en 1943. A la fois romans policiers et peinture sociologique de l’Islande pendant la période troublée de la seconde guerre mondiale en Islande -et de l’occupation de l’Islande par les Alliés. Les deux enquêtes sont menées par un duo de jeunes policiers : Flovent, le seul enquêteur de la police criminelle d’Islande, et Thorson, l’Islandais né au Canada. Le tome 3, Passage des ombres, fait référence à une affaire de 1943.
Todd ROBINSON
Une affaire d’hommes
Gallmeister, 2017, 22 €
Bon polar à l’américaine, avec un détective privé qui boit, cogne et reçoit des beignes, un gros dur un peu sentimental, avec son code de l’honneur et ses vulnérabilités. Une fois passées les premières pages, qui désarçonnent par leur rapide entrée en matière dans le monde de la nuit, on apprécie l’ambiance de ce polar où les apparences sont parfois bien trompeuses…
Wojchiech CHMIELARZ
Pyromane
(traduit du polonais Podpalacz par Erik Veaux)
Agullo, 2017, 410 p., 22.50 €
Enquête dans la peau d’un flic, vieux briscard de la police criminelle de Varsovie, l’Inspecteur Jakub Mortka, dit Le Kub. Son métier est tout pour lui, au point que son mariage avec Olga n’y a pas résisté, malgré son amour pour elle et pour leur fils. Il enquête sur une série d’incendies criminels, avec son adjoint Kochan, compétent mais qui file un mauvais coton, et le jeune sergent Shalski, plein d’initiative et de bonne volonté. L’intrigue, bien menée, intègre des chapitres du point de vue du pyromane, sans pour autant dévoiler la chute, et les personnages donnent de la force au roman.
En exergue, une citation de Dennis Lehane (Mystic River), qui s’applique bien au Kub : « à vrai dire, je suis terriblement ennuyeux. Qu’on m’enlève mon métier, et je n’existe plus. »
L’auteur est journaliste, spécialiste de la criminalité en Pologne, et a écrit 4 tomes mettant en scène Le Kub. La ferme aux poupées vient de paraître aux éditions Agullo.
Caryl FEREY
La jambe gauche de Joe Strummer
Gallimard (Folio policier), 2007, 242 p., 6€
Pour mémoire : Joe Strummer était le créateur du groupe Clash, et chaque chapitre du roman porte le titre d’une chanson des Clash.
McCash, ancien de l’IRA, ancien policier, n’a plus rien à perdre. Sa femme est partie, et autour de lui, c’est la désolation. La lettre d’une ancienne amie lui apprend qu’il a une fille, Alice, dont il doit désormais s’occuper. Lorsqu’il arrive dans le village d’Alice, une fillette du foyer est retrouvée noyée, et il doit enquêter. L’enquête se passe en Bretagne, avec des descriptions très fortes et évocatrices.
Philippe JAENADA
La serpe
Julliard, 2017, 648 p., 23 €
En 1941, le massacre à la serpe de trois personnes, le père, la tante et la bonne d’Henri Girard, avait fait couler beaucoup d’encre. La culpabilité du jeune homme semblait probable, mais au terme d’un procès troublant, il avait été acquitté. Philippe Jaenada enquête sur ce fait divers, qui avait remué la France entière. C’est avec talent qu’il décortique les techniques de l’avocat Maurice Garçon, ressuscite toute une époque, et recompose l’histoire de famille compliquée d’Henri Girard. Henri Girard, auteur du célèbre « salaire de la peur » sous le pseudonyme de George Arnaud.
Johana GUSTAWSSON
Mör
Bragelonne (Thriller), 2017, 308 p., 21.50 €
Mör : adj. fém. En suédois, signifie « tendre ». S'emploie pour parler de la viande. Le ton est donné : ce thriller est une sombre histoire autour d’un tueur en série, « boucher » évoquant Jack l’éventreur, et de cannibalisme. Le déroulement est chronologique, et le duo d'enquêtrices Emily Roy et Alexis Castells, fonctionne bien. Comme dans son thriller précédent, Block 46, Johana Gustawsson explore l'histoire et les liens familiaux.
Odile BOUHIER
Le sang des bistanclaques
Presses de la Cité (Terres de France), 2011, 278 p., 19 €
Lyon, 1920. Une enquête est ouverte pour résoudre le meurtre d’une vieille femme. Elle fait intervenir le premier laboratoire scientifique de l’époque. Le sang des bistanclaques est une plongée dans la société lyonnaise des années folles. Avec des retours dans le temps jusqu’en 1895, 1898 et 1903, ainsi que l’intervention d’un médecin aliéniste, c'est aussi le parcours d'une folie individuelle, le portrait d'un enfant de la Croix-Rousse devenu tueur en série. Pour amateurs de polars historiques fouillés... et lyonnais !
Flemming JENSEN
Le blues du braqueur de banque
Gaïa, 2012, 190 p., 17 €
L’humoriste Danois signe ici une sorte de polar totalement décalé, très plaisant à lire.
Bill BEVERLY
Dodgers
Seuil, 2016, 19.50 €
East, quinze ans, est guetteur devant « la taule », une maison où l'on traffique de la drogue, à Los Angeles. Un jour les flics débarquent, entraînant des violences, et le décès d’une personne. Seule façon pour East de se racheter par rapport à son chef : partir dans le Wisconsin tuer un juge. C’est le début d’un périple en voiture, accompagné d’autres jeunes, dont son frère Ty, 13 ans et complètement givré. Entre eux, l’ambiance est de plus en plus crispée, entre rivalités et jeux de pouvoir. Roman noir au dur réalisme.
Charlotte LINK
Une fille en cavale
Presses de la Cité, 2018, 22 €
Simon héberge une jeune femme qui a dû fuir son appartement sans rien et sauter dans le premier train de nuit… Intrigue assez bien menée, un peu de suspense, étude psychologique de chaque personnage très approfondie, par l’une des auteures allemandes les plus connues actuellement.
Michel BUSSI
Maman a tort
Presses de la Cité, 2015, 21.50 €
Malone, 3 ans et ½, affirme que sa maman n’est pas sa vraie maman. Seul un psychologue scolaire la croit, et enquête avec la commissaire. Il doit faire vite, car déjà la mémoire de l’enfant s’efface. Michel Bussi, en se penchant sur le fonctionnement de la mémoire chez l’enfant, signe un polar à l’intrigue bien menée.
Marie-Bernadette DUPUY
Un festival meurtrier
L’Archipel, 2016, 330 p., 19.95 €
Pendant le festival du film policier de Cognac, des jeunes filles sont défenestrées à Angoulême… Une enquête de l’inspectrice Maud Delage.
Et enfin, ceux qui ne nous ont pas plu (eh oui, parfois on fait carrément mauvaise pioche !)
Carol Higgins CLARK, Irish Coffee, trouvé sans intérêt
Dashiell HAMMETT, La clé de verre (1931). Polar aux Etats Unis à l’époque de la prohibition et de la guerre des gangs. Ça date un peu !
18:11 Publié dans Bouillon de lecture, critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman policier
18/12/2017
Patrick Deville
Bouillon de lecture à Chassagny, ce 14 Décembre 2017 : nous étions réunis autour de l’œuvre de Patrick DEVILLE qui fêtait ses 60 ans ce jour-là, agrémentée par les délicieuses tarte aux pommes et mousse à l’orange de Noël.
De nombreux ouvrages ont été écrits par ce voyageur infatigable en 30 ans, depuis Cordon bleu en 1987, jusqu’à Taba Taba en 2017. Les premiers sont des romans, publiés aux éditions de Minuit : Longue vue (1988), La femme parfaite (1995) replacés dans l’époque de la société de consommation.
Pendant ces années Patrick Deville se déplace beaucoup au Moyen-Orient, Afrique, Amérique latine. Ses oeuvres suivantes paraissent au Seuil. Pura Vida (2004), évoque William Walker de Nashville, président éphémère du Nicaragua. La tentation des armes à feu (2006) rassemble 5 récits de suicides concernant des personnalités plus ou moins connues.
Et commence un nouveau genre de récits historiques où la grande histoire croise les détails des déplacements, évènements familiaux, retours en arrière, changements de lieux et d’époque qui donnent parfois le tournis, tout en s’appuyant sur une documentation irréprochable qui mettent l’accent sur la complexité réelle de l’Histoire.
Cela déroute le lecteur, ce qui explique dans notre groupe l’alternance de remarques bienveillantes, et de reproches : trop difficile à suivre, une certaine complaisance, des détails sans intérêt sur le numéro des innombrables chambres d’hôtel évoquées !!! Donc un écrivain intéressant, complexe, à la fois attachant et « décourageant » par certains aspects.
Equatoria (2009), pérégrinations de Savorgnan de Brazza, dont quelques extraits, lus à voix haute, nous émeuvent par des souvenirs personnels liés au docteur Schweitzer.
Kampuchéa (2011) récompensé par le magazine Lire défendu et promu par l’une de nos lectrices.
Peste et choléra (2012), magnifique biographie d’Alexandre Yersin saluée par de nombreux prix, est le seul ouvrage qui emporte l’adhésion de nous toutes.
Viva (2014) se déroule au Mexique pour les derniers jours de Trotski, où se croisent Frida Kahlo, Malcom Lowry …
Taba Taba (2017), autobiographie fleuve de plus de 400 pages où l’on comprend que le jeune Patrick cloué dans un corset de plâtre à l’âge de 3 ans, ait juré de découvrir le monde avec autant d’avidité !!
Un tourbillon, une soirée animée et passionnante. Marie-Claire
19:15 Publié dans Bouillon de lecture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman
13/10/2017
Ron Rash
Ron Rash
Auteur Américain (Caroline du Sud), né en 1953, professeur au département de langue anglaise de la West Carolina University (WCU).
Auteur de recueils de nouvelles et de poésie, il est surtout connu en France pour ses romans noirs, parfois à la limite du policier. Ce sont eux que nous avons lus pour ce « bouillon »
One Foot in Eden (2002)
Un pied au paradis (Le Masque, 2009)
Appalachian Book of the Year 2002
Roman « noir » à 5 voix, drame « terrien » situé dans la Caroline du Sud des années 1950. Holland Winchester, vétéran de la guerre de Corée, fait le coup de poing dans les bars, brandit sa médaille de héros, et se rend globalement impopulaire. Un jour, il disparaît dans la nature, au fond d’une vallée magnifique et aride, où les derniers paysans essaient d’arracher leur subsistance à la terre, menacée d’être engloutie sous un lac artificiel. Comme les indiens Cherokee ont été chassés par les paysans d’Europe, ceux-ci à leur tour sont destinés à perdre leurs terres.
L’événement est raconté à des époques différentes, par des personnages qui révèlent leur vérité et font progresser la narration : le shérif, Amy la voisine de Holland et son mari Billy, leur fils, et enfin l'adjoint du shérif. Chacun témoigne et refait l'histoire, en mettant à jour ses misères et ses espoirs.
Saints at the River (2004)
Le Chant de la Tamassee (Seuil, 2016)
Après la noyade accidentelle d’une fille imprudente de 12 ans, ses parents veulent à tout prix récupérer son corps disparu dans les eaux. Un ingénieur astucieux trouve une solution pour détourner le cours de la rivière avec un barrage provisoire, tandis que les écolos refusent cette solution car la rivière est protégée.
The World Made Straight (2006)
Le Monde à l’endroit (Seuil, 2012),
D’après ce roman, David Burris a réalisé un film avec Minka Kelly, Haley Joel Osment et Jeremy Irvin.
Elevé à la dure par son père, cultivateur de tabac, Travis Shelton, 17 ans, travaille quarante-cinq heures par semaine dans une épicerie. Pour se détendre, il pêche la truite. Par hasard, il tombe sur un champ de marijuana, dont il coupe quelques plans. Attrapé et puni par les trafiquants, il passe sa convalescence chez un prof déchu, fasciné par l’époque de la guerre de Sécession, qui a laissé des traces jusque dans la région.
Tirant toujours le meilleur parti des décors naturels des Appalaches, Ron Rash a l'art de faire cohabiter dans ses pages la violence et l'humanité, le passé des Etats Unis et son histoire plus récente.
Serena (2008)
Serena (Le Masque, 2011)
Adapté au cinéma en 2014, avec Jennifer Lawrence, Bradley Cooper et Sam Reid
Dans les années 1930, Serena et son mari forestier exploitent la forêt, coupant tous les arbres pour faire plus d’argent. A leur appât du gain forcené s’opposent des partisans de la protection de la nature. Ron Rash met en scène une héroïne dure, véritable prédatrice prenant un malin plaisir à faire plier ceux qui croisent son chemin.
The Cove (2012)
Une terre d’ombre (Seuil, 2014)
Prix de la Fiction Américaine 2012, et Grand prix de littérature policière 2014
Vivant au fond d’une vallée sombre, dans un coin paumé, la famille de Hank et Laurel semble marquée par le destin. Les parents sont morts jeunes. Laurel, à cause d'une marque de naissance, concentre la superstition des habitants du coin paumé. Mise à l’écart et humilié, elle a dû quitter l’école à regret, et passe sa vie dans une profonde solitude.
« La falaise la dominait de toute sa hauteur, et elle avait beau avoir les yeux baissés, elle sentait sa présence. Même dans la maison elle la sentait, comme si son ombre était tellement dense qu’elle s’infiltrait dans le bois. Une terre d’ombre et rien d’autre, lui avait dit sa mère, qui soutenait qu’il n’y avait pas d’endroit plus lugubre dans toute la chaîne des Blue Ridge. Un lieu maudit, aussi, pensait la plupart des habitants du comté, maudit bien avant que le père de Laurel n’achète ces terres. Les Cherokee avaient évité ce vallon, et dans la première famille blanche à s’y être installée tout le monde était mort de varicelle. On racontait des histoires de chasseurs qui étaient entrés là et qu’on n’avait plus jamais revus, un lieu où erraient fantômes et esprits ».
Cette morne existence est d’abord ranimée par le retour de la Grande Guerre de son frère Hank, mutilé mais acharné à se reconstruire une vie, puis bouleversée par l’arrivée de Walter, vagabond mutique tirant de sa flute des sons merveilleux. Laurel va vivre elle aussi son histoire d’amour, mais le lecteur pressent que le drame se prépare – sur fond de haine des Boches.
Ron Rash fait ici une peinture sombre des relations humaines fondées sur l’ignorance, la cruauté et la soif de vengeance. Bêtise et patriotisme ne font pas bon ménage...
Above the Waterfall (2015)
Non traduit ?
The Risen (2016)
Par le vent pleuré (Seuil, 2017)
En exergue « Alors commença le châtiment » Dostoïevski. Ainsi que des références à « Look homeward, Angel », Thomas Woolf.
Dans une petite ville des Appalaches, la rivière vient de déposer les ossements d’une jeune femme dont personne n’avait plus entendu parler depuis des décennies. Son histoire est racontée par Eugène, forcé de se confronter à son passé et à celui de son frère Bill après cette macabre découverte. A l’époque, Ligeia était venue de Floride séjourner chez son oncle et sa tante, car ses parents n’en pouvaient plus, et avait séduit Eugène et Bill…
Ron Rash fait une peinture noire des communautés isolées, à l’ombre des Appalaches. Il évoque la cellule familiale, l’émancipation, et le poids du passé.
Tous les lecteurs présents apprécient les romans de Ron Rash, pour son rapport à la nature, et la façon dont l’histoire (des Etats-Unis) entre en résonnance avec la vie de ses personnages. La vie fuse parfois, mais dominée par la tragédie et une certaine noirceur.
Remarque : nous avons préféré les traductions d'Isabelle Reinharez pour la plupart des ouvrages à celle de Béatrice Vierne (Serena).
16:17 Publié dans Bouillon de lecture, critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman étranger, amérique
18/09/2017
Lectures d'été 2017
Cet été, nous avons lu pour vous...
Belgravia
Julian FELLOWES
J.C. Lattès, 2016, 20.90 €
Histoire sentimentale, mais pas mièvre, dans une famille huppée, à l’époque de Napoléon, dans le contexte de l’après Waterloo -vu du côté anglais. On suit l’évolution de Londres. Livre « bonbon » pour Michèle.
Kong
Michel LE BRIS
Grasset, 2017, 24.90 €
Plongée dans l’histoire du cinéma, à la suite d’Ernest Schoedsack et Merian Cooper, aventuriers, voyageurs, et réalisateurs de films documentaires (à l’époque, Grass avait dépassé le succès de « Nanouk »)… et enfin du fameux King-Kong. Il faut réussir à passer le premier chapitre pour se plonger dans ce roman très long, mais passionnant et instructif. Michèle
Mount Terminus
David GRAND
Seuil, 2016, 22 €
Genèse d’Hollywood et tragédie familiale, au début du 20e siècle. Jacob Rosenbloom (inventeur en optique, qui vendit à Edison son système de projection d’images animées) vit au fin fond du désert mojave avec son fils Joseph. Après l’arrivée de Simon, son demi-frère, Joseph découvre peu à peu les secrets de sa famille. Geneviève.
Le rouge vif de la rhubarbe
Audur Ava OLAFSDOTTIR
Zulma, 2016, 17.50 €
En Islande, Agustina, jeune femme à la voix d’ange mais aux jambes trop faibles, élevée par la bonne Nina en l’absence de sa mère scientifique, s’interroge sur son père inconnu. Elle rêve de gravir la Montagne pour prendre de la hauteur. Court roman, remarquable pour son ambiance. Geneviève
Croire au merveilleux
Christophe ONO-DIT-BIOT
Gallimard, 2017, 20 €
Incapable de surmonter la mort de sa femme, et se sentant incapable d’élever seul leur fils, César projette de mettre fin à sa vie, lorsque le coup de sonnette d’une jeune et jolie voisine l’interrompt. En partageant avec elle sa passion pour la littérature grecque, il revit les voyages qu’il avait faits avec sa femme en Italie et en Grèce. Reprenant le personnage déjà rencontré dans Birmane et Plonger, Christophe Ono-dit-Biot offre au lecteur un roman solaire, une renaissance par l’amour et le beau. Johanna
Victor Hugo vient de mourir
Judith PERRIGNON
L’Iconoclaste, 2015, 18 € ou Pocket 5.95 €
Victor Hugo va mourir. Toutes les personnes qui l’entourent attendent sa mort et préparent son enterrement… Les funérailles d’Etat qui s’annoncent déclenchent de véritables conflits ! Coup de cœur de Johanna.
La petite librairie des gens heureux
Véronica HENRY
Traduit de How to find Love in a Bookshop par Ariane Maksioutine
City éditions, 2017, 18.90 €
Après le décès de sa mère, Emilia hérite de sa librairie. Elle subit la pression d’un promoteur immobilier qui voudrait la racheter, mais hésite. Romances de tous les personnages qui gravitent autour de la librairie. Ce roman se lit avec plaisir, mais dans la veine des « feel good books » autour de la lecture, ce n’est pas le plus réussi. Lire plutôt La bibliothèque des cœurs cabossés, de Katarina BIVALD ou Une année particulière, de Thomas MONTASSER. Nicole
Les filles au lion
Jessie BURTON
Gallimard 2017, 22.50 €
Roman très réussi, autour d’un tableau mystérieux, sur fond de guerre d’Espagne et de place de la femme en tant qu’artiste dans la société. Marie-Claire. Voir critique d'Aline.
Article 353 du code pénal
Tanguy VIEL
Ed. de Minuit, 2017, 14.50 €
Confession d’un criminel qui a laissé se noyer un promoteur immobilier, après avoir tout perdu suite à une escroquerie immobilière. L’article 353 du code pénal est celui auquel se réfèrent les juges et jurés en ce qui concerne « L’intime conviction ». Coup de cœur de Marie-Claire.
L’orpheline du bois des loups
Angelina
Marie-Bernadette DUPUY
Spécialiste des sagas, l’auteur possède une jolie plume.
La petite femelle
Philippe JAENADA
Julliard, 2015, 23 €
Longue enquête autour de la vie de Pauline Dubuisson, dont le procès pour avoir assassiné son amant eut un grand retentissement dans les années 1950. Un livre passionnant pour Claude / Long, mal écrit et ennuyeux pour Johanna.
Rendez-vous à Positano
Goliarda SAPIENZA
Le Tripode, 2017, 19 €
Publié plus de 20 ans après la mort de l’auteur, ce roman relate sa découverte, dans les années 1950, du village de Positano, accroché à la falaise sur la côte Amalfine. On retrouve la plume exceptionnelle de l’auteur, qui rend merveilleusement bien l’atmosphère des lieux, ainsi que son amitié intime avec Erica -dans un récit plus court que le splendide Art de la Joie, coup de coeur de Claude.
Les mille talents d’Euridice Gusmao
Martha BATALHA
Denoël, 2017, 19.90 €
Histoire d’une femme brillante, condamnée par son milieu à rester femme au foyer, et dont tous les projets ingénieux sont anéantis par son mari. Tour à tour cuisinière inventive, couturière d'envergure,... Euridice voit ses entreprises bafouées. L’auteur sait donner à ce récit –noir sur le fond- beaucoup d’humour par son évocation picaresque et colorée, et ses rebondissements multiples. Euridice, chaque fois vaincue, finit toujours par renaître. Un petit roman que les grands auteurs sud-américains ne renieraient pas. Aline
"Responsable de l'augmentation de 100 % du noyau familial en moins de deux ans, Euridice décida de se désinvestir de l'aspect physique de ses devoirs matrimoniaux. Comme il était impossible de faire entendre raison à Antenor, elle se fit comprendre par les kilos qu'elle accumula.
C'est vrai, les kilos parlent, les kilos crient, et exigent - Ne me touche plus jamais. Euridice faisait durer le café du matin jusqu'au petit déjeuner de dix heures, le déjeuner jusqu'au goûter de quatre heures, et le dîner jusqu'au souper de neuf heures. Euridice gagna trois mentons. Constatant qu'elle avait atteint la ligne, cette ligne à partir de laquelle son mari ne s'approcherait plus d'elle, elle adopta à nouveau un rythme alimentaire sain".
19:42 Publié dans Bouillon de lecture | Lien permanent | Commentaires (0)
10/07/2017
Bouillon italien (2)
La nature exposée
Eri DE LUCA
Gallimard (Du monde entier), 2017, 16,50€
Passeur-sculpteur, il narrateur habite près de la frontière, au pied des montagnes qu’il connaît par cœur, dans la dernière maison du village -ou plutôt la première en descendant des bois. Aux vacanciers, il prête ses livres, et vend ses trouvailles, cailloux ou bois flottés originaux, ou ses petites sculptures ou gravures. Avec le boulanger et le forgeron, il a créé un « petit service d’accompagnateurs au-delà de la frontière »…
Lorsque son choix de rendre leur argent aux migrants après leur passage est rendu public par une indiscrétion, c’est lui, à son tour, qui doit se réfugier plus loin. Cherchant du travail en ville, il se voit confier un travail délicat : la restauration d’un Christ en croix, chef d’œuvre sur lequel avait été pudiquement rajouté un drapé.
Le récit, en deux parties, entrecroise deux thématiques autour du personnage de passeur/sculpteur. Il entre dans une dimension spirituelle lorsqu’il s’agit, pour le restaurateur, d’entrer en résonance avec la sculpture, et de retrouver les émotions et les intentions de l’artiste d’origine, traumatisé par son expérience sur le front de la 1ère guerre mondiale.
Aline
18:31 Publié dans Bouillon de lecture, critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman étranger, italie
09/06/2017
Bouillon italien (1)
Moi et toi
Niccolo AMMANITI
R. Laffont, 2012, 149 p. 15€
Traduit de l’italien Io e te (2010) par Myriem Bouzaher
Lorenzo, 14 ans, est un garçon mal intégré. Très affectueux avec ses parents, il porte un regard froid sur la société, et se sent en constante inadéquation avec les autres. Selon le psychiatre que ses parents l’ont obligé à consulter, il souffrirait d’un « ego grandiose ».
Pour éviter les ennuis, Il essaie consciemment de compenser par mimétisme… avec un succès très relatif. A 14 ans, pour rassurer ses parents, il se force à jouer dans l’équipe de foot, prétend avoir des amis, et fait même semblant d’être invité au ski une semaine à Cortina chez une copine. Il a bien préparé son coup et déposé des provisions dans la cave de l’immeuble.
Ce qu’il n’avait pas prévu, c’est que sa demi-sœur vienne elle aussi se réfugier dans la cave, dans un état pitoyable ! Ces deux personnages, pitoyables mais touchants, cohabitent quelques jours et réussissent malgré tout à établir une forme de relation d’entraide.
L’écriture est sobre, non dénuée d’humour grâce au regard décalé de Lorenzo, totalement froid et détaché des gens. Noire aussi, le mal de vivre de ces deux jeunes laisse peu de place à l’espoir.
Des réflexions intéressantes sur le mimétisme, permettant la survie en milieu hostile :
Mimétisme batésien (de Henry Walter Bates, XIXes)
"une espèce inoffensive adopte l’apparence physique (motifs, couleurs, etc.) d’espèces nocives avec pour but de repousser les prédateurs qui ont appris à éviter les vraies espèces nocives. Le mime (c’est-à-dire l’espèce inoffensive) bénéficie donc de la protection contre les prédateurs sans avoir à dépenser de l’énergie pour consommer ou produire des toxines."
Ce roman a été porté à l’écran en 2013 par Bernardo Bertolucci, avec Jacopo Olmo Antinori dans le rôle de Lorenzo, et Tea Falco dans celui d'Olivia. Titre original : Io e te.
19:44 Publié dans Bouillon de lecture, critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman étranger, italie, adolescence
24/05/2017
Bouillon russe (4/4)
Le maître et Marguerite
Mikhaïl Boulgakov
R. Laffont, 1968
L’auteur, de famille bourgeoise russe de Kiev, médecin et écrivain, est mort en 1940, après avoir travaillé à son roman pendant 12 ans, mais son roman n’est publié qu’en 1965 en version censurée – et dans son intégralité en 1973. Considéré comme l’une des œuvres littéraires russes majeures, ce roman contient beaucoup de références à la littérature russe.
Deux fils narratifs se croisent : la vie du Maître, écrivain de la Russie stalinienne, et la Judée de Ponce Pilate, dont il a fait son sujet d’écriture. S’ajoutent un personnage de diable, dont les apparitions fantastiques permettent à l’auteur de glisser des critiques contre le régime stalinien. Et n’oublions pas Marguerite, l’amante, qui recouvre toutes sortes de personnages ! Grand admirateur du Faust de Goethe, Boulgakov revisite avec ce roman le mythe de Faust, et le transpose dans le Moscou des années 1930 : pour retrouver l’homme qu’elle aime, Le Maître, auteur d’une biographie inachevée de Ponce Pilate, Marguerite accepte de livrer son âme au diable…
Les combattantes. Les aviatrices soviétiques contre les as de la Luftwaffe
Liouba Vinogradova
H. d’Ormesson, 2016, 25€
Le titre résume bien ce documentaire sur les aviatrices soviétiques qui ont combattu la Luftwaffe. L’auteur est allé à la rencontre des survivantes. Elle raconte la formation des femmes à l’aviation dans un petit aéroclub, la vie de la population soviétique, et les batailles dans de tout petits avions dans lesquels se trouvaient juste la pilote et la navigatrice, avec les bombes sur les genoux ! Contre des Messerschmitt, inutile de dire qu’il y a eu peu de rescapées !
Le Journal de Lena - Leningrad, 1941-1942
Léna MOUKHINA
R. Laffont, 2017, 21€
Une lycéenne de 16 ans, solitaire, commence à écrire : son quotidien, le lycée où règne l’égalité entre garçons et filles, la vie dans les appartements communautaires…
Son journal intime est surtout un témoignage précieux sur le siège de Léningrad par les troupes allemandes (juin 1941 à juin 1942). La ville assiégée, la population entière réquisitionnée, le rationnement, les bombardements….
Une longue préface remet dans le contexte historique, le livre comporte aussi beaucoup d’annotations à chercher à la fin du volume, mais l’ensemble reste fluide à lire.
La guerre n’a pas un visage de femme
Svetlana ALEXIEVITCH
Presses de la renaissance, 2004, 22€
La journaliste biélorusse, prix Nobel de littérature en 2015, recherche le vécu des gens. Elle a écrit également La fin de l’homme rouge, et La supplication (sur Tchernobyl), tout le contraire d’un hymne à la patrie.
Ici, elle est allée chercher des récits de femmes qui ont combattu dans l’armée soviétique. Beaucoup étaient volontaires pour partir sur le front « sauver la patrie ». Infirmières, tireurs d’élite sur les canons, à la fabrique de bombes… livrent de courts récits, certes très instructifs, mais parfois un peu répétitifs, ce qui rend la lecture un peu fastidieuse.
Une question revient : « Pourquoi les allemands ont-ils fait la guerre, ils avaient tout ?! »
Nostalgia, la mélancolie du futur
Éditions Daphnis et Chloé en partenariat avec les éditions Louison, 2015, 24€
Dix-huit écrivains russes contemporains, pour autant de nouvelles, jusqu’ici parues dans la revue littéraire SNOB. Vladimir Sorokine, Edouard Limonov, Elena Pasternak, Soljenitsyne, Zakhar Prilepine, Maxime Kantor, Mikhaïl Chichkine... tous sont réunis ici autour d’un thème commun : la nostalgie, la douleur du retour.
Un bel objet livre, élégant et soigné « à l’ancienne ».
Rappelons ici les excellentes bandes dessinées de Fabien NURY et Thierry ROBIN, inspirées de l'histoire russe : Mort au tsar (2 tomes) et La mort de Staline (2 tomes).
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23/05/2017
Bouillon russe (3/4)
Le caméléon
Andréï KOURKOV
Liana Lévi, 2001, 18.30€
Kiev, 1997. Dans le studio qu’il vient d’acheter, Nikolaï Sotnikov découvre « Kobzar », un livre de Taras Chevtchenko, considéré comme le chef-d’œuvre du grand poète et patriote ukrainien.
Dans les marges figurent au crayon les multiples annotations d’un homme mort dans des conditions suspectes. Dans un document que ses amis ont glissé dans son cercueil, il écrivait avoir découvert une chose précieuse pour le peuple ukrainien. Nikolaï se rend la nuit au cimetière, et après avoir procédé à une exhumation clandestine, il récupère cette lettre. Rédigée en 1851, elle accusait Chevtchenko, alors soldat à Mangychlak, Kazakhstan, d’avoir caché quelque chose dans le sable.
Veilleur de nuit dans un entrepôt d’aliments pour bébés, Nikolaï se rend compte que cette activité masque un trafic de drogue, et il est obligé de quitter Kiev. Il en profite pour rallier Mangychlak afin de percer l’énigme Chevtchenko. En chemin, il rencontre une jeune Kazakh, la belle Goulia, qui va l’accompagner dans un périple jalonné de rencontres, dont la plus surprenante sera sans doute celle d’un gentil caméléon.
Foisonnant roman d’aventures, ce voyage initiatique du narrateur à la recherche d’un trésor qui reste ici symbolique, trouvera sa récompense. Maniant la parabole et l’humour, Andreï Kourkov, d’une écriture limpide et attrayante, proclame la vanité des nationalismes et dresse un portrait des anciennes républiques soviétiques gangrenées par les trafics et la corruption. Original !
Françoise
20:24 Publié dans Bouillon de lecture, critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : russie, ukraine, roman étranger
22/05/2017
Bouilllon russe (2/4)
Sur mon père
Tatiana TOLSTOÏ
Ed. Allia, 2003
C’est un récit intimiste, construit par la fille aînée de Léon Tolstoï à partir de ses souvenirs d’enfance et des journaux intimes de ses parents.
Le mariage de Sophie et Léon fut heureux pendant environ 20 ans. 13 enfants sont nés, dont 5 sont morts en bas âge. Sophie a abandonné une vie brillante à Moscou pour soutenir son mari dans la conduite du domaine d’Iasmaia Poliana, en Ukraine, et dans ses travaux littéraires : pour Guerre et Paix, elle met au propre la nuit les pages écrites dans la journée par Léon.
Leurs caractères sont opposés, elle pessimiste et jalouse, lui optimiste forcené, désireux d’être bon et tiraillé par la quête spirituelle. Le portrait fait par Tatiana est loin de celui de quasi-mégère dont on a affublé sa mère.
Tatiana a beaucoup d’amour pour ses parents. Pour elle, prendre la plume est un douloureux « devoir », car elle révèle bien des choses qui d’ordinaire ne sortent pas du cercle familial intime. J’ai beaucoup aimé.
Ginette.
20:13 Publié dans Bouillon de lecture, critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : russie, témoignage
21/05/2017
Bouilon russe (1/4)
Le chapiteau vert
Ludmilla OULITSKAIA
Gallimard, 2014 (2010 en Russe), 24.90€
Pourquoi ce titre ? Sur la couverture, des rails qui s’entrecroisent : existences croisées ou divergentes de trois personnages principaux. Ilya, Micha, Sania : de la mort de Staline (1953) à la mort de Joseph Brodsky (poète russe, prix Nobel 1987, mort à New York en 1996).
Les trois garçons, rejetés à l’école par les autres, pour des raisons différentes : pauvreté d'Ilya, judéité de Micha et joliesse de Saia l'aristocrate, suivent le prof de littérature russe : Vassili… lui-même amputé, victime de la seconde guerre mondiale.
A travers les trois personnages, c’est l’histoire de l’URSS avec les arrestations, les compromissions, les dénonciations, etc… Très intéressant. Parfois difficile à suivre à cause des magouilles politiques, de la complexité des sentiments humains, des personnages « à la russe », mais… à lire !
Marie-Claire
Sincèrement vôtre, Chourik
Ludmilla OULITSKAIA
Gallimard, 2005, 24.90€
Portrait d'un homme élevé dans un monde de femmes, à commencer par sa mère et sa grand-mère, dans le Moscou des années 1980. Chourik est un homme faible, assez pathétique, autour duquel l'auteur développe une kyrielle de personnages secondaires, finement croqués, et une multitude de détails et anecdotes... au point que le lecteur perd en route le fil narratif. Bien écrit.
Aline
20:02 Publié dans Bouillon de lecture, critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman étranger, russie