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Coups de coeur - Page 4

  • Les os des filles

    roman,vietnam,exil

     

    Les Os des filles                                     

    Line PAPIN

    Stock (La Bleue), 2019, 178 p., 18.50€

     

    Line Papin, jeune auteure talentueuse, se dévoile avec sincérité dans ce roman intime ; son écriture très mature touche profondément.

    Les os des filles, c’est son histoire, mais aussi et surtout celle de sa famille maternelle particulièrement  Ba, la grand-mère battante, et ses trois filles, les « sœurs H. », dont la deuxième est la mère de Line. Toute sa vie, Ba organise sa survie et celle de ses filles élevées dans un pays bombardé, miné par les guerres, les famines et l’embargo américain.

    Le titre surprend. Ces os, fil conducteur du récit, ce sont ceux des morts qui sont enterrés et honorés selon la tradition vietnamienne et aussi ceux trop apparents sur des corps marqués par la famine qu’elle soit subie ou voulue et, au prix d’un jeu de mots, les eaux qu’on perd avant la naissance, les os /eaux donc au début et à la fin de la vie.

    Line Papin naît en 1995 à Hanoi d’une père français et d’une mère vietnamienne, un an après son frère mais, contrairement à lui, bébé voulu, Line naît par accident,  elle est un accident. Et c’est sans doute une première faille qu’elle ressent sans que rien ne soit exprimé. Sa mère débordée s’occupe peu d’elle. Le lien d’amour est construit avec sa grand-mère Ba et sa nourrice Co Phai, pour lesquelles elle éprouve un attachement très fort. Le statut social de son  père lui permet de vivre dans des conditions matérielles confortables et de connaître une  enfance libre et insouciante.

    A l’age de 10 ans la famille quitte Hanoï pour s’installer en France. Personne ne l’a préparée à ce changement et c’est une déchirure, une terrible rupture dans la vie de cette petite fille, la perte de sa grand mère, sa nourrice, ses ami(e)s et Hanoï la ville qu’elle aime tant.  Elle est propulsée dans un environnement totalement inconnu et à mille lieues de son univers. Tout est si différent en France, le climat, les odeurs, le mode de vie, les gens. C’est pour elle un vrai choc psychologique et culturel qui passe totalement inaperçu pour ses parents. Un profond déracinement qui va la dévaster et la conduire durant son adolescence à une anorexie mortifère.

    Le livre comporte trois parties, la première guerre, celle avec le Japon et la France qu’a connu sa grand-mère Ba élevée par sa mère, une femme battue qui choisit courageusement de vivre seule avec ses deux filles,  la deuxième guerre avec les États-Unis subie par sa grand mère et ses 3 filles, la troisième guerre, la sienne  une guerre interne qui la détruit entre deux parties d’elle même, l’une qui veut mourir, l’autre qui se raccroche à la vie.

    « La petite fille est entrée en guerre comme ses aînées, mais elle n’est pas entrée en guerre contre les Japonais, les Français ni les Américains, elle est entrée en guerre contre  elle-même tout simplement. Oui c’était une guerre civile entre une part d elle même et une autre. Cela a commencé de la même manière :  par des famines et des bombes. »

    La famine elle la recherche. Comme sa grand-mère et sa mère, et plus qu’elles, elle est d’une maigreur effrayante, elle n’a plus que la peau sur les os.  « La petite fille porte en elle les cœurs bleus et les os maigres » des femmes de la famille.

    Lorsque l'on est au plus profond du gouffre, deux choix s'offrent : sombrer donc mourir, ou lutter et vivre. Line va choisir la vie et tout doucement va remonter à la surface. Pour comprendre ce qui l’a conduite à l’anorexie et trouver la force de continuer à vivre, elle part à 17 ans à Hanoï. Elle veut remonter le passé, apprendre ce qu’ont vécu sa grand-mère et sa mère car rien ne lui a été dit. Aucune ne lui a parlé de la guerre et de ce qu’elles ont enduré. La recherche de ses racines va lui permettre de réconcilier son passé et son présent et de se réconcilier avec la vie.

    En partant à la quête de sa propre histoire, l'auteur aborde avec une pudeur extrême deux thèmes graves qui sont l'exil et l'anorexie. Les os des filles est un livre bouleversant, lumineux et plein d'espoir.

    Annie P.

  • Echange "coups de coeur" du 15 janvier

    de notre côté du ciel.jpgDe notre côté du ciel

    Hans Meyer et Zu Düttingdorf

    Les Escales, 2018

    Henriette, centenaire vit avec sa fille et son arrière petite fille Rachel à Montevideo en Uruguay. Rachel termine ses études et, en cadeau, Henriette  lui offre, avec elle, un voyage à Berlin. C'est dans l'ambiance feutrée de la chambre d'hôtel qu'Henriette se souvient:

    - son enfance heureuse à Küstrin avec la bande du Tréfle à 4 feuilles

    - l'instituteur qui la regarde avec Sarah : "Vous vous installez au dernier rang, c'est assez pénible de supporter ce genre de chose dans ma classe"

    - puis l'escalade et pour rester en vie elle rejoint Buenos Aires puis Montevideo.

    Coup de coeur de Ginette : Chaque chapitre mêle le présent et le passé, ces allers et retours sont passionnants. Roman bouleversant.

     

    les os des filles.jpgLes os des filles

    Line PAPIN

    Stock, 2019

    Roman autobiographique. Line Papin est née en 1995. C'est l'histoire de 3 femmes: Line, sa mère avec laquelle elle a peu de relations et sa grand- mère Ba qui lui a donné tout son amour. Son père, français, est venu travailler au Vietnam, s'occupe peu de ses enfants. Ils vivent à Hanoï et Line a une jeunesse insouciante. En 2005, les parents et leurs enfants viennent s'installer en France. L'absence de Ba, de ses amis...le froid, Line tombe malade. C'est un roman où Line a traversé 3 combats : celui de la guerre, celui de l'exil et celui de la maladie.

    Line Papin écrit: " Après 2 romans fictionnels, je me suis trouvée face à la nécessité d'écrire un roman intime pour trouver des réponses aux questions qui nous empêchent de vivre."

    Coup de coeur d'Annie : Roman fort et courageux, celui d'une résurrection personnelle.

     

    une bete au paradis.jpgUne bête au paradis

    Cécile COULON

    L’iconoclaste, 2019

    Dans sa ferme isolée appelée "Le Paradis", Emilienne élève seule ses 2 petits enfants Blanche et Gabriel  dont les parents sont décédés.  Ses seules ressources sont sa Terre et son courage. A l'adolescence, Blanche tombe amoureuse d'Alex ; il veut aller réussir en ville mais la  passion de Blanche pour le Paradis est plus forte que tout. Leurs mondes se déchirent.

    Coup de coeur de Josette : Dans ce roman, les femmes sont fortes, indépendantes; l'image de l'homme est associée à la violence, à la vénalité.

     

    rien n'est noir.jpgRien n’est noir

    Claire BEREST

    Stock, 2019

    L'auteure s'intéresse à 10 ans de la vie de Frida Kalho. A 18 ans, son accident de tramway la laisse handicapée à vie. Sa convalescence lui permet de se mettre sérieusement à la peinture ; elle tentera de peindre les choses belles qu'elle voit. En 1930, elle tombe très amoureuse de Diego Rivera qui a 20 ans de plus qu'elle. Pour Diego, ce sont les années fastes avec les voyages mais aussi les infidélités,  les séparations, les réconciliations.

    Claire Berest peint l'amour infini, sauvage et nécessaire entre Frida et Diego. Frida a banni le renoncement : sa vie de douleur sera sublimée en grâce et en passion.

    Coup de coeur de Josette : Claire Berest peint l'amour infini, sauvage et nécessaire entre Frida et Diego. Frida a banni le renoncement : sa vie de douleur sera sublimée en grâce et en passion.

     

    le fil de nos vies brisées.jpgLe fil de nos vies brisées

    Cécile HENNION, journaliste au Monde

    Ed. Anne Carrière, 2019

    Documentaire. L'auteure a interrogé beaucoup de familles d'Alep depuis 2011. Ce sont leurs voix que ce livre recueille, leurs souvenirs de ce monde disparu, de ses traditions perdues. Les souvenirs heureux, les récits d'enfance, les projets d'adolescents, le quotidien dans les ruelles d'Alep, la ville martyre. La ville est divisée, Est anti Bachar et Ouest pro Bachar telle une fracture irréparable sépare amis, familles, amoureux.

    Comme le résume la jeune Alaa réfugiée en France avec son mari : "Ma ville était mon univers, le quartier de Boustane al-Qasr mon horizon, ma famille et ma vie. Alep est restée belle même sous les bombardements. Nous y avons été heureux, même avec la peur dans nos entrailles".

    Coup de coeur de Maryvonne : Des témoignages déchirants, un livre qui vous prend aux tripes, aujourd’hui tous vivent en exil.

     

    Inconnu à cette adresse.jpgInconnu à cette adresse

    Kathrine Kressmann TAYLOR

    Ed. Autrement (première parution aux US en 1938)

    Roman épistolaire. Max et Martin sont amis et associés, marchands d'art à San Francisco. En 1932, Martin va retrouver sa famille en Allemagne. Max, juif américain d'origine allemande reste en Californie. Par courrier, ils conservent des relations très amicales. En 1933, Hitler gagne les élections et Martin adhère aux thèses abjectes du nazisme. L'amitié entre Max et Martin se transforme en haine, ce dernier refusant de prendre soin de la soeur de Max restée en Allemagne.

    Coup de coeur de Nathalie : Texte épistolaire très fort et bouleversant.

     

    Suzanne.jpgSuzanne

    Frédéric POMMIER, journaliste à France-Inter

    Equateur littérature, 2020

    Roman. Suzanne est la grand - mère de l'auteur. Il dresse d'elle dans ce roman, un portrait tendre et passionnant, c'est une déclaration d'amour. Elle est toujours restée fidèle à son mantra : "SQM" sourire quand même quoi qu'il arrive. A 95 ans, après une énième chute elle se  retrouve dans un EHPAD. Là-bas, c'est terriblement violent voire insoutenable. En décrivant comment sont traités nos ainés, mais aussi les soignants, Frédéric Pommier pose la question : quand ce sera notre tour , comment se comporteront nos enfants et la société?

    Coup de coeur de Marie-Claire : Roman bouleversant malgré une écriture empreinte d’humour.

     

    les guerres intérieures.jpgLes guerres intérieures

    Valérie TONG-CUONG

    JC Lattès, 2019

    Roman. Pax comédien cinquantenaire doit se rendre au casting de sa vie, un grand réalisateur accepte de le rencontrer. Alors qu’il rentre chez lui pour se changer, il entend un cri étrange et des meubles qui se déplacent venus de l'étage supérieur. Il se persuade que ce n'est rien d'important, il fait le choix de ne pas intervenir il est pressé... Il apprendra que c’est une agression violente qui laisse un jeune, Alexis, borgne avec un gros traumatisme psychologique. Essayant d’oublier, d’étouffer sa culpabilité, il continue de travailler avec sa troupe de théâtre, il va rencontrer une femme responsable de la qualité et sécurité au travail, il tombe amoureux, il ne se doute pas que c’est la maman du jeune homme.

    Coup de coeur de Pascale : plusieurs thèmes abordés dans ce roman : les choix que nous faisons, ce qui nous motive à les faire et leurs répercussions. La culpabilité, le secret, mais aussi un thème très concret la place des séniors dans le milieu professionnel et l’épuisement au travail.

     

    Prochain échange Coups de coeur le mercredi 25 mars à 20h, à la bibliothèque Eclats de Lire, à Soucieu. Ouvert à tous.

  • L'homme qui savait la langue des serpents

    roman étranger, Estonie, fantasy

    L'homme qui savait la langue des serpents

    Andrus Kivirähk

    Le Tripode (Météores), 2013, 13.90€

    Traduit de l’Estonien  Mees, kes teadis ussisõnu  par Jean-Pierre MINAUDIER

    Dans une époque médiévale estonienne fantasmée, le roman retrace la vie de Leemet, dernier homme des forêts, qui  vit en accord avec son environnement, se lie avec le peuple des serpents et commande aux animaux intelligents par ses sifflements. Il rêve de voir un jour voler la grande salamandre, l’animal protecteur du peuple de la forêt, mais voit le monde sauvage idyllique (ou pas) de ses ancêtres disparaître et la modernité apportée par les envahisseurs germaniques l'emporter. Les uns après les autres, ses voisins quittent la forêt pour aller s'installer au village, où ils pratiquent des activités étranges et inutiles telles que l'agriculture, se nourrissent d’infâme pain et se convertissent au christianisme au point de vouloir oublier leurs origines.

    L’imaginaire d’Andrus Kivirähk, empreint de réalisme magique et d’un souffle qui n’est pas sans rappeler les sagas scandinaves, convoque autour de Leemet tout un monde de personnages hauts en couleurs. Ints, son « frère » vipère royale, son oncle Vootele, lucide sur l’état du monde qui malgré tout lui enseigne la langue ancienne des serpents, sa soeur Salme amoureuse d'un ours séducteur, sa mère constamment à rôtir chevreuils ou élans, son grand-père qui guerroya sauvagement contre l’envahisseur allemand, Hiee fillette fort occupée à traire les loups dans leur étable… Sans parler de fanatiques de tout bord, d'une paysanne qui rêve d’apprivoiser un loup-garou, d'un ancien chasseur de vents, des deux derniers australopithèques éleveurs de poux géants,…

    Ce récit plein d'imagination, très attachant, se veut aussi plaidoirie pour la tolérance. Avec ironie, l’auteur se moque aussi bien des traditionalistes qui s’accrochent à leur fantasme de vie à l’ancienne que des paysans qui révèrent avec une naïveté sans limites les chevaliers teutons, porteurs d'une « modernité » qui nous fait sourire. Cela donne un mélange étonnant et très original de fantaisie, de roman historique et de regard critique sur la société humaine, son rapport au temps et à l'évolution.

    L'Homme qui savait la langue des serpents a reçu le Grand Prix étranger de l'Imaginaire en 2014.

    Aline

  • Bouillon coups de coeur

    Petite sélection de coups de coeur par l'équipe du "Bouillon de Lecture", qui se réunit tous les 2nd jeudis du mois dans les bibliothèques du secteur.

     

    girl.jpgGirl

    Edna O’BRIEN

    S. Wespieser, 2019, 21€

    Traduit de l’anglais par Aude de Saint Loup

    S'inspirant de l'histoire des lycéennes enlevées par Boko Haram en 2014, l'auteure irlandaise se glisse dans la peau d'une adolescente nigériane. Bien que parvenant à s’échapper avec son bébé, elle revient marquée à une civilisation qui ne veut pas d’elle. L’auteur, bien qu’âgée, est allée vivre et se documenter au Nigéria, et son roman, terrible, sonne juste. Prix Femina spécial pour l'ensemble de son oeuvre.

     

    nouvel an.jpgNouvel an

    Julie ZEH

    Actes Sud, 2019, 20€

    Traduit de l’allemand Neujahr par Rose Labourie

    Une famille allemande passe des vacances de fin d’année médiocres sur l’île de Lanzarote. Le père, mal à l’aise dans son rôle, sujet à des crises d’angoisse, s’épuise dans une ascension à vélo et remonte à un souvenir traumatique de l’enfance. Roman bien écrit, très psychanalytique.

     

    les choses humaines.jpgLes choses humaines

    Karine TUIL

    Gallimard (Blanche), 2019, 21€

    Un couple en vue dans le monde médiatique, lui journaliste, elle féministe, dont le fils « parfait » est accusé de viol. Argumentation, accusations et doutes… Un roman très actuel qui reçoit le prix Interallié et le Prix Goncourt des Lycéens.

     

    la télégraphiste de chopin.jpgLa télégraphiste de Chopin

    Eric FAYE

    Seuil (Cadre rouge), 2019, 21€

    Prague après la chute du mur. Une jeune femme prétend recevoir de Frédéric Chopin lui-même des dictées de symphonies. Ludvík Slaný, journaliste, est chargé d’enquêter sur cette histoire pour le compte de la télévision d'un État sorti depuis peu de l'ère communiste.

     

    Louvre.jpgLouvre

    Josselin GUILLOIS

    Seuil (Cadre rouge), 2019, 18€

    Trois narratrices prennent le relais pour raconter l'épopée des œuvres du Louvre, mises à l’abri par le conservateur Jacques Jaujard à l’approche des Allemands. Trois femmes liées à Jaujard : sa femme, en mal d’enfant ; sa filleule en pleine puberté, à Chambord où sont cachées certaines œuvres ; et une actrice, résistante, chargée de voir jusqu’où Jaujard est compromis, qui devient son amante. Marcelle, Carmen, Jeanne : chacune, à sa manière, joue un rôle dans la sauvegarde des collections du Louvre.

     

    embrasements.jpgEmbrasements

    Kamila SHAMSIE

    Actes Sud, 2019, 22.50€

    Traduit de l’anglais Home Fire, par Eric Auzoux

    Tragique destin de la famille Pasha, originaire de l’immigration Pakistanaise, dont l’un des enfants éprouve la tentation de rejoindre les rangs de Daech. Très bien écrit, ce roman transpose la tragédie d’Antigone dans le milieu islamiste anglais.

     

    Les petits de decembre.jpgLes petits de décembre

    Kaouther ADIMI

    Seuil, 2019, 20€

    Algérie. Un Général achète le terrain qui avoisine la base militaire pour y construire sa villa. Historiquement, c’est le terrain de foot des enfants, qui font un sitting pour le conserver. On suit le débat intérieur des parents, qui n’ont pas connu la guerre d’Algérie, et ont subi les années de plomb sans se rebeller. Un roman très intéressant, quoique écrit peut-être un peu vite.

     

    ceux que je suis.jpgCeux que je suis

    Olivier DORCHAMPS

    Finitude, 2019, 18.50€

    Histoire d’une famille marocaine. Le père, garagiste à Clichy, avait tout prévu pour être enterré au Maroc. A son décès, l’un de ses fils part avec le corps, tandis que les deux autres voyagent en voiture avec leur mère et un ami de la famille. Très bien.

     

    Jour de courage.jpgJour de courage

    Brigitte GIRAUD

    Flammarion, 2019, 17€

    C’est au lycée, au cours d’un exposé sur la bibliothèque de Magnus Hirschfeld brûlée par les nazis, que Livio dévoile son orientation sexuelle. Dès le début du roman, le lecteur sait que Livio a disparu. Ce roman est intéressant pour l’histoire, et pour la construction de l’adulte, mais il est un peu « facile ».

     

    te souviendras-tu de demain.jpgTe souviendras-tu de demain ?

    Sigmund MILOSZEWSKI

    Couple et Pologne. Après des festivités, un couple donnant des signes d’usure se réveille rajeuni de 50 ans, dans une Pologne désormais capitaliste ! Jeunes et beaux, ils ont pourtant le souvenir de toute leur vie commune. Doivent-ils –ou pas- reproduire leur vie ?

     

    miss islande.jpgMiss Islande

    Auður Ava Ólafsdóttir

    Zulma, 2019, 20.50€

    Traduit de l’Islandais Ungfrú Ísland par Eric Boury

    Hekla, 21 ans, assez belle pour devenir Miss Islande rêve de devenir… écrivain. Emancipation des femmes, homosexualité, et sociopolitique en Islande. Prix Médicis étranger 2019.

     

    Les prisonniers de la liberté.jpgLes prisonniers de la liberté

    Luca Di Fulvio

    Slatkine & Cie, 2019, 23€

    Traduit de l’Italien par Elsa Damien

    Saga suivant des immigrés Italiens et Européens en Argentine.

     

    Une histoire de France.jpgUne histoire de France

    Joffrine DONNADIEU

    1er roman, situé à Toul au début des années 2000. France, voisine et nounou, abuse des enfants. Malgré tout, la vie continue pour Romy, qui se construit –plutôt mal- avec ça. Entre Edouard Louis et Christine Angot…

     

    Journal d'un amour perdu.jpgJournal d’un amour perdu

    Eric Emmanuel SCHMITT

    Albin Michel, 2019, 19.90€

    « Maman est morte ce matin et c'est la première fois qu'elle me fait de la peine. ». Récit autobiographique, après le décès de sa mère.

     

    Des hommes justes.jpgDes hommes justes : du patriarcat aux nouvelles masculinités

    Ivan JABLONKA

    Seuil (Les livres du nouveau monde), 2019, 22€

    Essai post me-too

     

    Ceux qui partent.jpgCeux qui partent

    Jeanne BENAMEUR

    Actes Sud, 2019, 21€

    Ceux qui arrivent à Ellis Island au XXe siècle, par l’une de nos autrices préférées.

     

    Amazonia.jpgAmazonia

    Patrick DEVILLE

    Seuil, 2019, 19€

    Remontée historique de l’Amazone.

     

    Virginia.jpgVirginia

    Emmanuelle FAVIER

    Albin Michel, 2019, 19.90€

    Virginia Woolf, roman biographique.

     

    rien n'est noir.jpgRien n’est noir

    Claire Berest

    Stock (La bleue), 2019, 19.50€

    Vie mouvementée de Frida Kahlo : l’accident qui l’a gravement blessée et lui a occasionné de terribles douleurs toute sa vie, sa peinture et son amour passionné pour le peintre de fresques Mexicain Diego Riveira.

     

    de pierre et d'os.jpgDe pierre et d’os

    Bérengère COURNUT

    Le Tripode, 2019, 19€

    Prix du roman FNAC, déjà critiqué sur ce blog.

     

    Boy Diola.jpgBoy Diola

    Yancouba DIEME

    Flammarion, 2019, 17€

    Itinéraire d’Aperaw, père travailleur et courageux, né paysan au fin fond de la Casamance, immigré Sénégalais, ouvrier chez Citroên… Critique complète ici.

     

    lanny.jpgLanny

    Max PORTER

    Seuil, 2019, 20€

    Traduit de l’anglais par Charles Recoursé

    Récit choral autour du petit Lenny, enfant elfique à l’imagination débordante. Conte folklorique et écologique dans un village anglais. Critique complète ici.

     

  • Falaise des fous

    roman, peinture, Normandie

     

    Falaise des fous

    Patrick GRAINVILLE

    Seuil (cadre rouge) 2018, 642 p., 22€

    Passionnante fresque flamboyante des années 1870 aux années 1920, ce roman ambitieux entremêle destinées individuelles et épopées collectives. Formidablement écrit, il fourmille d’anecdotes qui racontent merveilleusement l’époque. La peinture -particulièrement l'impressionnisme- en est le fil conducteur.

    Charles Guillemet commence son histoire en 1867 par sa première rencontre à Etretat avec Claude Monet, venu peindre la falaise. Le récit s’achève en 1927, après la mort du peintre et l’ouverture du musée de l’Orangerie, qui abrite ses Nymphéas. Le narrateur croisera Monet à plusieurs reprises au cours des soixante années qui séparent ces deux dates. Initié à la peinture par les trois femmes de sa vie, Mathilde l’esthète, Anna la peintre, et Aline l’ex modèle, il va suivre les grands artistes et écrivains de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, témoins de l’impitoyable bascule du monde.

    Patrick Granville consacre des pages éblouissantes à la description de peintres célèbres, Monet, Courbet, Boudin, Degas, Renoir, Pissarro, Matisse, Picasso à ses débuts. De nombreux personnages célèbres traversent également son roman, des écrivains, Maupassant, Flaubert, Zola, Hugo, Proust, des hommes politiques et des journalistes, Barrès et ses errements, Léon Daudet en sa bassesse, Clemenceau, homme d’État inflexible et intime de Monet. Il analyse avec brio leur génie propre, leur folie créatrice, les paradoxes de leur personnalité.

    L’Histoire est aussi au cœur du récit. Patrick Grainville fait revivre avec force la guerre de 1970, la Commune, les évènements tragiques comme l’incendie du Bazar de la Charité, la catastrophe minière de Courrières dont le terrifiant bilan égale celui du Titanic, sans laisser la même trace dans la mémoire collective. L’affaire Dreyfus fait surgir des passions nationales les plus sombres. La Première Guerre mondiale ne laissera pas indemne la famille du narrateur.

    C’est aussi une époque fantastique qui voit surgir de nombreuses inventions, le téléphone, l’aéroplane, l’automobile, l’électricité, le cinématographe, le phonographe. L’argent coule à flots. Au Havre, les paquebots se bousculent dans la rade, venant de Valparaiso ou Shanghai, partant pour New York... Le monde et ses trésors affluent sur les quais. Avec Louis Gosselin, collaborateur d’Haussmann, Patrick Grainville dresse le portrait de cette génération d’entrepreneurs optimistes, exaltés par les promesses du progrès, les prouesses de la science et les prodiges du capitalisme naissant.

    On suit les exploits exaltants des premiers aviateurs :  Blériot au-dessus de la Manche, Nungesser et Coli qui ont échoué dans leur tentative de traverser l'Atlantique Nord sans escale et surtout la traversée réussie de l’Atlantique par Lindbergh, à laquelle Patrick Grainville réserve dix pages de très haute volée.

    La vie quotidienne des petites gens et particulièrement des pécheurs est évoqué avec justesse et réalisme. On assiste sur les quais de Fécamp, « saturés de foule et d’adieux », au spectacle déchirant du départ des Terre-Neuvas et des pêcheurs d’Islande, dont certains ne reviendront pas.

    Ce livre foisonnant est aussi un bel hommage à la Normandie, replacée ici au centre d’un monde que les artistes, peintres, poètes et écrivains décrivent tel qu’il est mais aussi tel qu’il est en train d’advenir.

    L’écriture fluide et limpide, le style vif, la richesse du vocabulaire, donnent une tonalité très vivante. Laissez-vous emporter par le tourbillon de ce roman érudit, ambitieux et passionnant.

    Annie P.

  • Diên Biên Phù

    roman, Vietnam, amour

     

    Diên Biên Phù

    Marc Alexandre OHO BAMBE

    Ed. Sabine Wespieser, 2018, 221 p., 19€

     

    Diên Biên Phù,

    Joli nom pour un naufrage…

    Diên Biên Phù, c’est le creuset où le narrateur est né à la vie, en rencontrant les deux personnages déterminants de son existence : Alassane Diop, frère d’armes Sénégalais qui lui a sauvé la vie et l’a soutenu par ses convictions ; et Maï Lan, son grand amour, qui riait fort, aimait la vie, et a illuminé son séjour au Vietnam, malgré la guerre.

    Pendant 20 ans, Alexandre, le narrateur, a vécu en France avec Mireille, femme admirable qui a essayé de composer avec le fantôme de Maï. Il a essayé d’être un bon père, un bon journaliste, un homme intègre. Pourtant « J’ai quitté l’Indochine et Maï, mais l’Indochine et Maï ne m’ont jamais quitté… Mon âme à son âme s’était prise. »

    Mais voici qu’il quitte définitivement sa vie française pour revenir « à la poursuite de la flamme de sa vie » à Diên Biên Phù. Le récit alterne ses souvenirs de bataille, les moments d’exceptions passés avec Maï, les conversations avec l’ami Diop, leurs courriers, l’adieu à Mireille et à sa vie française. Nous suivons également Alexandre dans son installation au Vietnam, les nouvelles rencontres décisives qu’il fait, et sa recherche de l’amour perdu.

    Histoire d’amour en temps de guerre, c’est aussi un regard critique sur les guerres coloniales, une ode à la fraternité. Le récit est nourri de références littéraires, et rédigé de façon remarquable, entre prose et poésie, litanie et texte scandé, tout en restant accessible et lumineux.

    Aline

  • Nous, l'Europe

    nous, l'europe.jpg

     

    Nous, l’Europe ; banquet des peuples

    Laurent Gaudé

    Actes Sud, 2019, 208 p., 17.80€

     

    Laurent Gaudé retrace magistralement l’histoire de l’Europe, fille de l’épopée et de l’utopie, qui est  «histoire de muscles, de verve, de ferveur, de colère et de joies.» Il met la littérature au service de l’Europe car, écrit-il «les mots de la littérature, peut-être, peuvent replacer au cœur du récit la conviction et l’élan sans lesquels rien ne se fait».

    Nous sommes une nation de nations, vastes, différentes que nous ne connaissons pas ou peu. Quel avenir pour l’Europe ? Comment la construire ? Quel sens lui donner ? Sur quel socle commun s’unir ?

    Laurent Gaudé nous invite à la réflexion dans ce magnifique texte écrit en vers libres avec une concision extrême. Avec ses mots justes, précis, parfois percutants et avec sa lucidité, son indignation, sa colère, son humanisme et son enthousiasme, il parvient à nous convaincre là où les politiques échouent.

    Il situe la naissance de l’Europe en janvier 1848 à Palerme, début d’un soulèvement qui sera repris à Paris, Milan, Berlin… Et au fil de 15 chapitres il égrène les événements qui l’ont façonnée, de la révolution industrielle  jusqu’à l’Europe désenchantée d’aujourd’hui, en passant par la colonisation, les persécutions envers ceux désignés comme indésirables, les guerres, la Shoah, le traité de Rome, la guerre froide, mai 68, l’effondrement des régimes de l’Est...

    Il nous fait découvrir ou redécouvrir les noms des tyrans qui avilissent, rabaissent l’humanité -mais aussi ceux des penseurs et des hommes de bien qui ont œuvré et œuvrent encore pour la paix et l’union.

    Un livre magnifique, très fort, que l'on lit d'un trait, et qui nous invite à construire une Europe qui «éclaire son temps avec des idées neuves», une Europe qui «s’anime, change, et soit, à nouveau, pour le monde entier, le visage lumineux de l’audace, de l’esprit et de la liberté».

    Grand banquet,

    c’est cela qu’il nous faut, maintenant,

    de l’ardeur,

    de la chair et du verbe !

    Nous, l’Europe  sera présenté au prochain Festival d’Avignon, mis en scène par Roland Auzet et incarné par des comédiens de différentes nationalités.

    Annie P.

  • Ce qu'elles disent

    roman étranger,condition féminine

    Ce qu’elles disent

    Miriam TOEWS

    Buchet-Chastel, 2019, 224 p., 19€

     

    Entre 2005 et 2009, les filles et les femmes de la communauté de Molotschna ont presque toutes été violées –par des fantômes ou par Satan, croyait-on, à cause de péchés qu’elles auraient commis. Pendant que les familles dormaient, les filles et les femmes étaient plongées dans un profond sommeil au moyen d’un anesthésiant en pulvérisateur, utilisé pour les animaux de ferme. A leur réveil, elles avaient mal partout, elles étaient groggy, saignaient, sans savoir pourquoi. Récemment, on a appris que les huit démons responsables de ces attaques étaient des hommes en chair et en os, dont plusieurs étaient des proches parents de ces femmes…

    Molotschna maintient elle-même l’ordre dans ses rangs... Tous les hommes  sont partis en ville afin de payer la caution des agresseurs emprisonnés. Au retour des coupables, on invitera les femmes à leur accorder leur pardon, ce qui aura pour effet d’assurer à chacun et chacune une place au paradis. En cas de refus, les femmes seront contraintes de quitter la colonie pour le monde extérieur, dont elles ne savent rien.

    Les femmes disposent de deux jours seulement pour décider collectivement de ce qu’elles feront. 1) Ne rien faire, 2) Rester et se battre, 3) Partir. Quelques-unes ont voté pour ne rien faire et se remettre entre les mains du Seigneur. Cependant comme le temps presse, elles ont confié à une assemblée clandestine de 8 femmes le soin de débattre de chacune des options, de retenir la meilleure et de déterminer les modalités de sa mise en œuvre.

    Communauté mennonite sectaire, Molotschna est dirigée par Peters, « évêque » qui détient une autorité à la fois religieuse, morale et temporelle. Seuls les hommes peuvent apprendre des rudiments de lecture, et ils dominent les femmes, traitées moins bien que leurs animaux.

    Le roman reprend les deux jours de discussion des 8 femmes chargées de déterminer la conduite du groupe. Le narrateur, August Epp -intellectuel maintenu en marge de la communauté- est témoin de leurs délibérations et chargé d’en dresser le procès-verbal. Désemparées, acculées pour leur survie et celle de leurs enfants, elles disputent des points de religion et de morale, essayant de louvoyer entre tous les péchés qu’engendrerait leur désobéissance.

    Lecture dérangeante, parce que les faits reprochés aux hommes sont d’une extrême violence, mais passionnante pour l’étude de ces femmes  qui tentent de s’affranchir d'un joug patriarcal oppressant. Tout juste bonnes aux travaux de maison, de ferme, et à enfanter, privées de droits et d’éducation, ignorantes du monde, parlant un dialecte de « plautdietsch » (bas-allemand incompréhensible en dehors de leur colonie), elles se révèlent fortes, capables d’argumenter, de prioriser leurs valeurs, de chercher une solution respectueuse de leurs croyances et de leur pacifisme.

    L’auteur décrit avec tendresse ses personnages, leurs petites manies, leurs affections, leur caractère… et s’attache tout particulièrement à ceux qui vont à l’encontre du système patriarcal : August Epp, homme perçu comme faible, et Ona Friesen, femme indépendante et courageuse.

    Bien qu’ayant situé son récit dans un pays anglophone, l’auteur indique s’être inspirée de faits réels, survenus dans une communauté mennonite isolée de Bolivie. Je n’ai pas pu me détacher de ce roman bouleversant avant la dernière page.

    Aline

  • rentrée littéraire septembre 2019 : un peu de fraîcheur !

    rentrée littéraire, roman, inuit, roman d'apprentissage

     

    De pierre et d’os

    Bérengère COURNUT

    Le Tripode, 2019, 19€, 220 p.

     

     

    Belle découverte rafraîchissante à la librairie Lulu !

    Une nuit, une fracture de la banquise sépare Uqsuralik de sa famille. L’adolescente inuit se retrouve livrée à elle-même dans l’immensité polaire, avec quelques chiens quasi sauvages, une peau d’ours et un harpon. C’est l’histoire de sa survie, de son apprentissage et de son intégration à d’autres groupes de chasseurs/pêcheurs nomades de l’arctique. Ce roman ethnographique, passionnant à lire, donne accès au mode de vie traditionnel et au monde spirituel des Inuits. Il est complété par quelques photos en noir et blanc datant du début du XXe siècle.

    Note liminaire du roman : "Les Inuit sont un peuple de chasseurs nomades se déployant dans l'Arctique depuis un millier d'années. Jusqu'à très récemment, ils n'avaient d'autres ressources à leur survie que les animaux qu'ils chassaient, les pierres laissées libres par la terre gelée, les plantes et les baies poussant au soleil de minuit. Ils partagent leur territoire immense avec nombre d'animaux plus ou moins migrateurs, mais aussi avec les esprits et les éléments. L'eau sous toutes ses formes est leur univers constant, le vent entre dans leurs oreilles et ressort de leurs gorges en souffles rauques. Pour toutes les occasions, ils ont des chants, qu'accompagne parfois le battement des tambours chamaniques."

    rentrée littéraire, roman, inuit, roman d'apprentissageAline

  • San Perdido

    premier romanSan Perdido

    David Zukerman

    Calmann-Lévy, 2019, 412 p., 19.90€

     

    Voici un beau roman coloré, à l’instar de sa couverture. Située sur l’isthme de Panama, la ville portuaire de San Perdido voit s’épanouir les traffics en tous genres, à commencer par celui du sexe, sous l’égide d’un gouverneur autoritaire et jouisseur. Un jour, la vieille Felicia -gardienne auto-proclamée de la décharge- voit s’installer non loin d’elle un enfant noir mutique aux yeux bleus, auquel ses grandes mains vaudront bientôt le surnom de La Langosta.

    Ce descendant d’esclaves cimarrons, observateur et silencieux comme un spectre, recèle une force et des pouvoirs peu communs, qui le conduiront peu à peu à devenir La Mano, redresseur de torts, venant en aide aux enfants battus et aux femmes violentées. Au-delà de ses combats quotidiens pour la justice, Yerbo a été envoyé de sa palenque dans la jungle par son initiateur, chargé d’une mission qui le dépasse.

    Entre réalisme magique et roman social, l'ambiance de San Perdido m’a évoqué les récits des grands auteurs Sud-Américains, alors qu’il s’agit du premier roman d’un auteur français ! Dépaysement garanti.

    Aline