Sur le thème de l'exil, autres ouvrages lus pour le Bouillon de lecture de février. Certains livres jeunesse ont le mérite d'être lus facilement tout en permettant d'accéder à une compréhension du vécu des migrants.
Tu vois la lune
Agnès de Lestrade, ill. Anaïs Bernabé
Ed. Anna Chanel, 2010
Splendide album jeunesse (à partir de 8 ans) sur la migration d’une famille : l’exil en raison de la sécheresse, le voyage avec ce qu’il faut abandonner, le rêve d’un pays « où l’eau coule d’un tuyau », le voyage, et l’arrivée… pas tout à fait sur la lune ! Le texte est très sobre, et les peintures stylisées très colorées et parlantes. Nous aimons tout particulièrement la double-page des masques africains, représentant la multitude compacte des migrants.
Quitter son pays
Marie-Christine HELGERSON
Flammarion, 2001
Toute une famille d’ethnie Hmong (« hommes libres ») doit quitter le Laos. Le voyage est raconté par un enfant, avec des épisodes de solidarité et d’entraide, mais aussi la faim, les plaies et maladies, la traversée épique du Mékong, un camp en Thaïlande, puis l’arrivée en France. Longtemps c’est la mère qui réussit à nourrir sa famille grâce à ses broderies. Roman jeunesse à partir de 10 ans, fluide.
Un roi clandestin
Havier Parmentier, d’après le récit de Fahim
Ed. Les Arènes, 2014
Histoire vraie d’un jeune Bengladais, écrite par son entraîneur. A 8 ans, Fahim fuit le Bengladesh avec son père. Pendant 3 ½ ans, ils restent en situation précaire. Fahim, excellent joueur d’échecs, remporte des tournois, et devient champion de France en 2012. La description des parties d’échecs peut être un peu fastidieuse, mais le récit est réaliste.
S’abandonner à vivre
Sylvain TESSON
Gallimard 2013
L’une des nouvelles de ce recueil porte sur l’exil : Idriss, est envoyé en exil par sa famille, après 5 ans où tous économisent et se cotisent pour le voyage du jeune homme, qui devra en retour gagner de l’argent pour soutenir sa famille.
Exil. Exit
Emmanuel LAMBERT
Ed. L'Harmattan, 2012
Le narrateur raconte une rencontre avec Aldou, migrant. Pas facile à lire.
Apatride
Shumona Sinha
éd. de l'Olivier, 2017
Troisième roman d’une jeune auteur franco-indienne, professeur de français à Calcutta, et interprète à l’OFPRA.
Histoires croisées de trois jeunes filles indiennes aux destinées différentes : l’une, restée à la campagne, participe à un mouvement de protestation paysanne au Bengale ; l’autre, adoptée d’origine indienne, retourne en Inde à la recherche de ses origines. Avec une écriture forte, voire violente, ce roman pose une critique des deux sociétés, occidentale et indienne, avec une remise en question des religions, et du poids que les traditions et les hommes font peser sur les femmes.
Voici venir les rêveurs
Imbolo MBUE
Belfond, 2016
L’auteur, Camerounaise, vit à Manhattan. Le récit, sans doute autobiographique, se situe au moment de l’élection d’Obama aux Etats-Unis. Le récit s’attache au quotidien d’une famille dans la communauté camerounaise de Harlem, après avoir fui la pauvreté au pays : les difficultés pour trouver du travail quand on n’a pas de papiers ; les relations avec les Américains et avec les gens restés au pays ; les relations entre le père et la famille pour laquelle il travaille comme chauffeur.
Les derniers jours de Stefan Zweig
Laurent SEKSIK
Flammarion, 2010
Laurent Seksik narre deux années passées à Pétropolis par Stefan Zweig, après avoir rompu les liens avec l’Autriche dans les années 1930.
Le monde d’hier
Stefan ZWEIG
Récit d’un exilé de l’Europe. Raconte le monde d’hier, sans frontières, et les voyages de Stefan Zweig.
The Arrival
Shaun TAN
Dargaud, 2011
Bande dessinée sans texte, dont l’illustration extrêmement expressive narre une immigration à portée universelle, même si elle se base sans doute sur l’époque où l’Australie était une grande terre d’accueil. La menace / La traversée / Arrivée dans un lieu totalement différent / Adaptation.
Ru
Kim THUY
L. Levi, 2010
Double sens du titre : « petit ruisseau » en français, « berceuse » en Vietnamien.
Une femme voyage dans ses souvenirs, par petits touches, sans suivi chronologique. Elle a grandi dans une famille aisée à Saigon, puis a connu l’exil : la fuite sur un bateau, l’arrivée en Malaisie, puis au Canada. Beaucoup de positif, en particulier lorsqu’elle évoque l’accueil formidable des Canadiens.
« Nous ne nous attendions pas à avoir la chance de survivre. »
Certaines n’avaient jamais vu la mer
Julie Ostuka
Ed. Phébus, 2012
Déjà critiqué sur ce blog. Récit du double exil de Japonaises : jusqu’aux Etats-Unis, puis déportation à l’intérieur des Etats-Unis après l’attaque de Pearl-Harbour.
Moi, Gulwali, réfugié à 12 ans
Gulwali PASSARLAY
Hachette 2016
Dans la mer il y a des crocodiles. L'histoire vraie d'Enaiatollah Akbari
Fabio GEDA
L. Levi, 2011
Deux témoignages de jeunes qui ont vécu des déplacements similaires, et toutes les épreuves des trajets d’émigrants, sans aucun espoir de retour. Déjà chroniqués dans ce blog.
« Aussi mal que les choses tournent, ne revenez jamais. »