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Critiques de livres - Page 18

  • Le caillou

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    Le caillou

    Sigolène Vinson

    Paris, Le Tripode, 2015, 194 p.

     

    C’est l’histoire d’une femme qui voulait devenir un caillou. Dès la 4e de couverture du premier roman de Sigolène Vinson, le ton du roman est donné. Nous suivons l’histoire d’une femme de 40 ans (recluse dans son petit appartement, ne travaillant que quelques heures au café du coin pour subvenir à ses besoins) et de sa rencontre avec le voisin du dessus, un vieil homme amateur de sculpture. Ils passent leurs journées ensemble, lui essayant de sculpter son visage et elle posant. Chaque séance se termine de la même façon : le visage sculpté en glaise est sauvagement écrasé. Le jour où M Bernard meurt  et qu’elle trouve chez lui l’adresse d’un hôtel en Corse, elle prend une décision qui bouleverse sa vie : suivre les traces de son cher voisin. Elle abandonne alors son immeuble, sa gardienne atteinte d’éléphantisme et le buveur de Glenmorangie avec qui elle a couché un soir et part en Corse rencontrer tous les personnages qui ont, un jour, croisé la vie de M Bernard.

    Sigolène Vinson nous offre ici une lecture originale, étonnante et parfois onirique. Pour son premier roman elle nous emmène dans un monde insolite où toutes les relations aux autres sont complexes (surtout quand elle rencontre les personnages corses). Découpé en 4 parties, l’histoire quoique linéaire déroute le lecteur. Le personnage central de la femme est haut en couleur et en caractère. Voici une lecture insolite, pleine de tendresse, de poésie et d’humour qui ne laissera pas les lecteurs de marbre -sans toutefois en faire un roman coup de cœur.

    Thèmes abordés : solitude, attachement, vieillesse, voyage. Céline

  • Le chant d'Achille

    Premier roman, roman historiqueLe Chant d'Achille

    Madeline MILLER

    Ed. Rue Fromentin, 2014 traduit de l'anglais(E-U)

     

    Roman historique. L'auteure américaine revisite après Homère le conflit qui a déchiré les Grecs : la guerre de Troie.

    Le narrateur est Patrocle, rival puis ami et amant du bel Achille,  quasiment invincible, fils de Thétis divinité marine. Une bonne partie du livre retrace l'enfance et l’éducation des jeunes hommes, leur vie proche de la nature, leur très belle histoire d'amour.

    La division entre les cités grecques, les pratiques de guerre et de la médecine sont remarquablement contées. Un premier roman qui nous tient en haleine : l’amitié, l'amour, les caprices des Dieux nous emportent et font réfléchir à la condition humaine.

    Marie-Claire

  • Demain le soleil

    premier romanDemain le soleil
    Ishmaël BEAH
    Paris, Presses de la Cité, 2015
    Traduit de l’anglais Radiance of Tomorrow par Alice Delarbree

    7 ans après la fin de la guerre civile en Sierra Leone, les habitants reviennent peu à peu dans leur petite ville d’Imperi, à commencer par les trois anciens qui ont survécu. Leur première tâche consiste à enterrer les ossements dispersés tout autour de la ville, et à essayer de réveiller l’esprit des ancêtres. Tous les habitants sont décidés à faire revivre et à reconstruire leur village. Bockarie et Benjamin, tous deux instituteurs, le sont plus que quiconque. Mais beaucoup de dangers les menacent, d’abord le manque de nourriture et de travail.
    La réouverture de la compagnie minière est bienvenue, mais elle se fait en traçant des routes à travers le village, et entraîne à sa suite de nouveaux problèmes : alcoolisme, viols, pollution de l’eau, accidents.

    Ce livre, terrible, présente de beaux personnages, d’autres rapaces ou cupides ; une autre rongée par la culpabilité ; les blancs sont les chefs et ont tous les droits. Malgré tout le livre est lumineux, avec beaucoup d’entraide, la place accordée aux anciens,… Il reste de l’espoir, même quand une famille doit s’expatrier. Premier roman à lire absolument !

    L’auteur avait déjà publié un témoignage très fort : Le Chemin parcouru, mémoires d'un enfant soldat (A Long Way Gone: Memoirs of a Boy Soldier), aux Presses de la Cité en 2007.
    Maryvonne

  • Consumés

    Consumés

    David CRONENBERG

    Gallimard, 2016, 371 p., 214 €

    Naomi et Nathan forment un couple atypique : tous deux photo-journalistes, ils arpentent le monde chacun de son côté à la poursuite d'histoires sensationnelles et sordides à exploiter. Amants, ils pratiquent l'amour libre au gré de leurs investigations, et partagent une voracité consumériste pour le matériel photo professionnel. Tandis que Naomi enquête sur l'apparent meurtre cannibale de Célestine Arostéguy, célèbre philosophe française, Nathan photographie une opération illégale pratiquée par le chirurgien controversé Molnar.

    Le roman, relativement complexe, peut exercer une certaine fascination, mais il offre hélas une résolution peu concluante. Cumulant les scènes de sexe peu jubilatoires et les personnages pervers ou désaxés, il dégage une sensation globale  morbide et écœurante.

    Quelqu'un a aimé ce premier roman du cinéaste ?

    Aline

  • Le passage du diable

    roman,suspense


    Le passage du diable
    Anne FINE
    Ecole des loisirs (Médium), 365 p., 7.80€

    Daniel vit depuis sa naissance enfermé dans sa maison avec pour seule compagnie sa mère, ses livres et sa maison de poupée ; sa mère prétextant une grave maladie. Jusqu’au jour où des voisins, ayant eu vent de la présence d’un enfant dans la maison, entrent de force dans la maison, arrachant Daniel à sa condition. Isolé en lieu sûr chez un médecin, il ré-apprend à vivre, découvre le monde et se lie d’amitié avec cette famille et surtout avec la plus jeune des trois filles du docteur. Mais un « oncle » se manifeste et demande à Daniel de venir le voir. Cet « oncle » bizarre semble s’intéresser de très près à la maison de poupée …

    Ténébreuse histoire de famille. Un mystère plane dès les premières lignes quand le narrateur « je » raconte son enfermement pendant plusieurs années dans sa chambre. On se doute que cette affaire est liée à un secret de famille dont la mère est l’élément central. Anne Fine arrive à nous emmener dans son univers où la maison familiale est un personnage à part entière : immense demeure gothique et familiale qui cache bien des secrets. L’histoire arrive à son moment le plus frissonnant lors de l’apparition du personnage de l’ « oncle », sombre et d’humeur très changeante. Terrorisant, il sera la clé du mystère quand Daniel mènera son enquête auprès du jardinier et de la cuisinière de la famille. Finalement il apprendra que la fuite sera peut-être son seul moyen de survivre. Roman, un brin fantastique, qui fera froid dans le dos des lecteurs.

    A partir de 13 ans.

    Céline

  • Le fils

    etats-unisLe fils

    Philipp MEYER

    Albin Michel, 2015, 688 p. 23.50 €

    Traduit de l'américain par Sarah Gurcel

    S'attaquant au mythe de la conquête de l'ouest américain, Philipp Meyer donne sa version littéraire de l'histoire du Texas, âpre et violente, au travers de celle de la famille McCullough. Les récits des différentes générations se croisent, pour donner à découvrir peu à peu l’histoire de la famille et l’évolution de la région. Le fondateur, presque une légende, en est le « Colonel Eli », fils de pionniers texans, qui fut pisteur, ranger, puis gros éleveur à la tête d’une immense propriété où il fait régner sa loi.
    Quelques dates décisives :
    1849, ce qu’il reste de guerriers comanches continue à harceler les blancs, qu’ils soient Mexicains ou Texans, lançant des raids violents contre villages et fermes isolées, volant, violant, scalpant, tuant… C’est lors de l’un de ces raids qu’Eli McCullough, 12 ans, est enlevé par une tribu, dans laquelle il reste comme esclave, puis fils adoptif. Rebaptisé Tiehteti, il s’adapte totalement au mode de vie Comanche déjà très menacé. Ces trois années le marquent durablement.
    1915, les éleveurs texans s’entretuent avec les voisins mexicains pour des histoires de vol de bétail, la famille McCullough décime les Garcia… et récupère ses terres !
    1917, c’est le début des forages pétroliers, qui feront la fortune des McCullough.

    C’est aussi l’évolution des paysages texans, depuis les grandes prairies rendues sèches et stériles par l’élevage intensif, puis ruinés par les forages.
    Entre chaque mode de vie se dressent des tensions, chaque génération tend à vouloir préserver le mode de vie qui l’a vu grandir, ou qui l’a précédée : en l’occurrence, Eli regarde avec nostalgie vers l’époque des grandes prairies herbeuses dominées par les bisons et les indiens, dont il n’a connu que l’extrême fin. Son fils Peter regrette la grande époque du ranch et de la paix (relative) avec les voisins Mexicains. Son petit-fils Peter continue à essayer de perpétrer la tradition de l’élevage même lorsqu’elle n’est clairement plus rentable… et s’oppose à l’exploitation pétrolière…

    Oubliés les mythes des cow-boys et des Indiens… Les gentils, les méchants… finalement il n’y a que des hommes qui s’emparent par la force de ce qu’ils convoitent. La seule différence, c’est que les Indiens se l’avouent, que cela fait partie de leur philosophie de vie : les plus forts survivent, se multiplient et font vivre leur famille, leur tribu. Tandis que les blancs ou les mexicains se cachent leurs motivations et cherchent des prétextes. Les racines de la violence sont profondément enfoncées, dans ce pays qui s’affirme par les armes, cf la campagne électorale où les candidats de droite paradent à grand renfort d’armes à feu ! On comprend mieux l’inertie -voire l’opposition farouche- rencontrée par le président Obama dans son combat contre les armes à feu ! On comprend mieux aussi le contexte Texan actuel et l’acharnement à défendre les armes !

    p. 663 « Les Américains croyaient que personne n’avait le droit de leur prendre ce qu’eux-mêmes avaient volé. Mais c’était pareil pour tout le monde : chacun s’estimait le propriétaire légitime de ce qu’il avait pris à d’autres. Les Mexicains avaient volé la terre aux Indiens, … les Texans avaient volé la terre des Mexicains. Et les Indiens qui s’étaient fait voler leur terre par les Mexicains l’avaient eux-mêmes volée à d’autres Indiens. »

    Ce roman est une épopée âpre, souvent cruelle, où se croisent des personnages rudes. Pour autant, l’amour y a aussi sa place. Celui de la terre, bien sûr, mais aussi la passion, qui fleurit là où on ne l’attend pas et n’est pas dénuée de poésie. Même l’intraitable « Colonel Eli » est touché à l’âme par le parfum de sève des bourgeons de peupliers de Virginie, chargé de souvenirs…

    Aline

  • Bouillon de lecture BD

    Le bouillon, c’est aussi l’occasion de lire des genres auxquels on n’est pas habitué. J’ai trouvé les deux bandes-dessinées suivantes intéressantes, mais –par goût personnel- j’aurais préféré lire ces histoires dans des romans.

    bande dessinée

     

    Des maux pour le dire
    Yves LACROIX, ill. LAX
    Vent d’Ouest, 1995, 13.90€


    Yves, handicapé de naissance, a besoin des auxiliaires de vie, mais ils ne sont pas tous « super ». Le meilleur d’entre eux, Mehdi, devient l’ami de Yves, mail il disparaît, enlevé par des ennemis de son père, qui le torturent. Il est soigné à l’hôpital, puis s’enfuit. Yves voyage jusqu’au cœur de l’Afrique pour tenter de le retrouver.
    Au cours de ce voyage, Yves affronte des péripéties multiples, des gens qui l’aident, d’autres qui sont indifférents. Les dessins sont parlants.

    bande dessinée

     

    La dame de Damas
    Jean-Pierre FILIU,
    Ill. Cyrille POMES
    Futuropolis, 2015, 18€

     


    « La dame de Damas s’est levée ce matin
    Liberté dans les cœurs, aube à portée de main
    Cette dame je la chante, c’est la Révolution.
    Sur les murs de Syrie j’écris partout son nom. »
    Depuis fin 2010 jusqu’en août 2013 sont décrits les manifestations pacifiques contre Bachar el-Assad, la répression terrible, les bombardements, les armes chimiques… Le héros essaie de communiquer à l’ONU les crimes du dictateur mais personne ne l’écoute. A Doraya, quartier de la banlieue sud-ouest de Damas, les habitants tentent de survivre à la guerre civile, et d’aimer.
    Une histoire d’amour contrarié, les bombardements et la « mort blanche » qui frappe la capitale syrienne,… tout est trop triste ! Les dessins sont expressifs.

    Georgette

  • Le tirailleur

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    Le tirailleur

    Alain Bujak et Piero Macola

    Futuropolis, 120p.

    Alain Bujak a rencontré Abdesslem. A l’époque de leur rencontre cela faisait plus de 6 ans, à l’âge de 80 ans, qu’Abdesslem vivait dans un logement social loin de sa famille pour pouvoir toucher sa pension en tant qu’ancien tirailleur marocain. Dans sa petite pièce qui lui sert de logement à Dreux il se livre alors au reporter-photographe. Il lui raconte comment en 1939, alors qu’il n’était qu’un petit berger de la campagne profonde du Maroc, il s’est fait embrigader de force dans l’armée française. Il vit la seconde guerre mondiale comme tirailleur pendant 4 ans sans avoir pu dire au revoir à sa famille. Finalement après la guerre il décide de rester et de combattre en Indochine pour ne revoir sa famille que de longues années plus tard.

    BD en forme de reportage. On passe du moment présent où Alain Bujak interroge Abdesslem aux moments passés pendant la guerre. BD pratiquement documentaire, elle est augmentée à la fin par un reportage photo « Voyage chez Abdesslem ». Passant 9 mois sur 12 en France seul pour toucher une misérable pension, Abdesslem décide finalement de rentrer définitivement au pays pour vivre ses dernières années en compagnie de sa famille. Ce reportage le montre dans son pays parmi les siens.

    Belle histoire de vie édifiante et tragique mais aussi critique des conditions de traitement par l’armée française qui considérait ces militaires marocains comme des « indigènes », leur imposant des traitements différents de celui des français. Et en les récompensant à peine avec une pension ridicule. Dénonciation d’une armée française qui n’aura eu aucune reconnaissance pour ces hommes qui ont combattus dans ses rangs, lui donnant leur vie.

    Récit du vieil homme poignant et touchant. En contradiction, les illustrations sont douces et pastels par contre très réalistes. Des passages entiers sont sans texte, laissant le lecteur seul face à des planches entières d’illustrations splendides.

    Plus qu'une bande dessinée, c’est un documentaire et un témoignage poignant que nous offre ici le duo Bujak/Macola.

    Abdesslem à Bujak: "Qu'est-ce que tu veux savoir mon fils ?"

    Céline

  • ce n'est pas toi que j'attendais

    bande dessinée

     

    Ce n’est pas toi que j’attendais

    Fabien Toulmé

    Delcourt, 2014

    J'ai lu avec plaisir cette BD autobiographique. L'auteur raconte la venue au monde de sa deuxième fille Julia dont la trisomie 21 n'a pas été détectée. Cette naissance est un bouleversement énorme pour le papa qui ne comprend pas ce qui leur arrive. Il a du mal à regarder sa fille, ne peut pas la prendre dans ses bras. Elle doit être opérée du coeur, l'intervention se déroule très bien . La maman assume et aime Julia, elle essaie d'aider son mari à entrer en relation avec leur seconde fille. Ils découvrent la réalité de la maladie et ses différentes facettes avec le soutien du milieu médical et la rencontre d'enfants atteints du même handicap et de leurs familles. Finalement ce papa accepte et aime Julia: " Ce n'est pas toi que j'attendais mais je suis content que tu sois là".

    Cette BD n'est pas du tout larmoyante, des pointes d'humour. Il fait réfléchir sur le problème du handicap. De plus, elle est agréable à lire, avec des dessins et textes clairs, des chapitres de différentes couleurs.

    En fin d'ouvrage, des photos de Julia et de son papa. L'auteur est né en 1980 à Orléans.

    Ginette

  • L'avocat aux pieds nus

    chine,droits de l'homme

     

    L'avocat aux pieds nus

    Chen Guangcheng

    Editions Globe, 2015, 24.50 €

     

    C'est un témoignage fort que nous livre l'auteur.

    Fils de paysans pauvres de la province du Shandong dans l’est de la Chine, Chen Guangcheng est l'un des dissidents chinois les plus connus.

    Il naît en pleine Révolution culturelle en 1971 et devient aveugle à l’âge de 5 mois suite à une maladie non soignée, faute d'argent.

    Du fait de son handicap il n'est pas accepté à l'école. Il réussit cependant, à l'âge de 18 ans, à accéder à un établissement pour aveugles qui forme uniquement à des professions para médicales Très tôt il prend conscience de la non reconnaissance des personnes handicapées et du non-respect des lois dans de nombreux domaines. Ne pouvant suivre des études de droit comme il le souhaite, il se forme sur le tas pour défendre les droits bafoués de ses concitoyens.

    Il se fait essentiellement connaître des médias internationaux en 2005 par sa dénonciation des abus provoqués par la politique de l’enfant unique et il est invité aux Etats-Unis pour les exposer. Les problèmes qu’il avait déjà avec les autorités vont s'intensifier car si cette renommée en fait un héros pour de nombreux Chinois, elle le place au rang des ennemis du Parti. Il est condamné en 2006 à quatre ans de prison ; il est ensuite assigné à résidence surveillée dans son village. Il n'a aucun droit et ne peut recevoir aucune visite. Au bout de deux ans il ne supporte plus ce régime ; il s’évade et parvient à rejoindre Pékin où il trouve refuge dans l’ambassade américaine. Il obtient, non sans mal, le droit de s'exiler aux Etats-Unis avec sa famille où il poursuit son combat pour une Chine plus respectueuse des droits de l’homme.

    Il dénonce dans son livre avec courage les dérives de la société chinoise et notamment la corruption omniprésente et les abus incessants pratiqués par ceux qui détiennent un pouvoir, même minime. Vexations, humiliations, répression sont le lot quotidien des défenseurs des droits.

    Son parcours force l'admiration et donne espoir dans l'homme.

    Annie