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Critiques de livres - Page 25

  • Opération Sweet Tooth

    roman étranger,espionnage,littérature,amourOpération Sweet Tooth

    Ian McEwan

    Gallimard (roman), 2013, 22.50 €

    Traduit de l’anglais Sweet Tooth par France Camus-Pichon

    Grande Bretagne, début des années 1970. La belle Serena Frome, lectrice compulsive, suit des études de mathématiques peu brillantes, sans conviction. Lorsqu’elle sort de Cambridge, elle a peu d’ambition, et se laisse porter par les évènements et les hommes dont elle s’éprend. Son amant Tony la pousse à s’enrôler au MI5, dans les services de renseignements anglais, en pleine période de guerre froide. A cette époque, les femmes n’y sont que des bureaucrates de bas étage, compulsent d’innombrables rapports dans une ambiance lugubre et soupçonneuse. Serena finit par être enrôlée dans l’opération Sweet Tooth, censée assurer le rayonnement de la culture britannique, en finançant l’écriture d’écrivains choisis pour leur idéologie. Chargée de l’évaluation de l’écrivain Tom Haley, elle s’éprend de ses nouvelles, puis de l’écrivain lui-même…

    J’avoue avoir été agacée par ce personnage féminin, très passif et malléable, qui reste néanmoins crédible resitué dans le contexte des années 1970. Finalement, sa seule originalité consiste pour moi  dans son regard sur la littérature : Serena lit pour le plaisir de l’histoire, pour se retrouver dans un récit,  et évalue la qualité d’un roman au plaisir de lecture, mettant sur un pied d’égalité Jane Austen et des romans de gare. Son récit est entrecoupé de ses résumés et évaluations des œuvres de Tom Haley, ce qui peut gêner un peu la lecture.

    Le regard de l’auteur sur les services d’espionnage est sévère : tous ces hommes qui se prennent au sérieux et n’accomplissent pas grand-chose… Au final, Ian McEwan écrit plus une histoire d’amour qu’un roman d’espionnage !

    Aline

  • Les Suprêmes

    Suprêmes.gifLes suprêmes

    Edward Kelsey Moore

    Actes Sud, 2014, 22.80 €

    Traduit de l'américain "The Supremes at Earl's All-You-Can-Eat" par Cloé Tralci.

    Odette, Clarice et Barbara Jean,  trois femmes noires d’âge mûr, ont fait du restaurant "Earl's All-you-can-eat",  leur lieu de rendez-vous immuable du dimanche après le service religieux. Depuis leur jeunesse, elles se retrouvent à la table près de la fenêtre pour bavarder, échanger confidences et commérages, et manger à volonté de bons plats caloriques, avec leurs maris, sous l’œil bienveillant de Big Earl.

    L’auteur présente des individus  hauts en couleurs, et des couples improbables, mais les personnages semblent  être passés à côté de leurs vie et nourrir regrets et douleurs : Clarice a sacrifié une belle carrière de pianiste pour rester avec l’homme de sa vie, Richmond, qui passe son temps à courir après les filles. Barbara Jean a eu une jeunesse difficile, et ne s’est jamais remise de la mort de son fils. Finalement, Odette est la seule à être heureuse en ménage, avec 3 enfants adultes épanouis. "Née dans un sycomore" elle affronte la vie à bras le corps, comme un taureau, toujours prête à foncer tête baissée pour défendre ses amies.

    Néanmoins, l’auteur sait amener les récits, même tragiques, avec humour et un certain décalage. Ce qui se dégage du roman est surtout une impression d’humanité. La force d’une amitié qui sait rire, encourager, parfois fermer les yeux ou secouer, mais toujours soutenir.

    "Clarisse ne ferait jamais la moindre réflexion à Barbara Jean sur ses habitudes vestimentaires, et nous le savions toutes deux. De la même manière, Clarice et Barbara Jean ne me diraient jamais en face que j’étais grosse, et nous ne rappellerions jamais à Clarice que son mari se tapait tout ce qui bougeait. Entre Suprêmes, nous nous traitions avec beaucoup de délicatesse. Nous fermions les yeux sur les défauts des autres…"

    Avec le temps qui passe, le lecteur voit évoluer la petite ville d’Indiana, et la ségrégation se dissoudre peu à peu. Les interventions des fantômes qui rendent régulièrement visite à Odette, sont particulièrement  réjouissantes, et font avancer le récit.

    Un roman distrayant et bien écrit, que j’ai lu avec beaucoup de plaisir.

    Aline

  • Une vie entre deux océans

    roman étranger,amour maternel,australieune vie entre deux océans m. l. stedman stock,2013,traduit de l’australien « the light between oceans » par anne wi,les combattants australiens rentrent au pays,où manquent désormais les hommes valides et en bonne santé. tom,hanté par ses années au combat,ne demande désormais qu’une vie calme et ordonnée,et entretient avec rigueur et minutie le phare qui lui est confi,situé entre pacifique et atlantique,à l’extrême pointe de l’australie.  contre toute attente,isabella tombe amoureuse de lui,l’épouse et le rejoint sur l’île au phare,caillou battu par les vents et les vagues,ravitaillé deux fois l’an par un chalutier. leur amour très fort,un homme mort,un châle de femme et un nourrisson…   des choix de tom et d’isab,très émouvante,qui interroge sur la force des sentiments et sur l’amour materne,et pourtant,il n’y a pas de solution miracle : ce qui semble juste pour l’unUne vie entre deux océans

    M. L. Stedman

    Stock, 2013, 21.50 €

    Traduit de l’australien "The light between oceans" par Anne Wicke

    Après la guerre de 14-18, les combattants australiens rentrent au pays, où manquent désormais les hommes valides et en bonne santé. Tom, hanté par ses années au combat, ne souhaite qu’une vie calme et ordonnée, et entretient avec rigueur et minutie le phare qui lui est confié, situé entre Pacifique et Atlantique, à l’extrême pointe de l’Australie.

    Contre toute attente, Isabella tombe amoureuse de lui, l’épouse et le rejoint sur l’île au phare, caillou battu par les vents et les vagues, ravitaillé deux fois l’an par un chalutier. Leur amour très fort n’empêche pas Isabella de souffrir cruellement de plusieurs fausses couches qui l’éprouvent psychologiquement. C’est alors qu’un canot s’échoue sur l’île : à son bord, un homme mort, un châle de femme et un nourrisson…

    Des choix de Tom et d’Isabella découle toute l’histoire, très émouvante, qui interroge sur la force des sentiments et sur l’amour maternel. Chacun des personnages cherche à faire au mieux, et pourtant, il n’y a pas de solution miracle : ce qui semble juste pour l’un est une perte tragique pour l’autre.

    Aline

  • La maladie du roi

    la maladie du roi.jpgLa maladie du roi

    Christian Carisey

    Le Cherche midi, 2013, 206 p.

    Comme on pouvait s’en douter en lisant le titre, voici un roman historique que nous présente Christian Carisey. Le roi c’est Louis XIV. Voilà  43 ans déjà qu’il est sur le trône.  Batailles, réformes, grandes découvertes, révocations, persécutions rien ne semble arrêter ce siècle traversé par de nombreux et importants évènements. Rien ? Peut-être que si. Le pouvoir semble fragilisé par les maladies qui attaquent le vieux roi. Il lutte contre une fistule qui s’ajoute à la goutte qui le fait déjà beaucoup souffrir. Un roi affaibli par les maladies est une aubaine pour les royaumes voisins qui guettent la santé de Louis XIV.

    Christian Carisey, par le biais de la fistule du roi, décrit avec précision les évènements de cette année 1686. On y croise de grands noms comme Louvois, Madame de Maintenont, le Père La Chaise ou encore le masque de fer (énigme résolue dans le livre). C’est aussi une médecine en progrès, des découvertes géographiques et le début du commerce internationnal.

    Carisey nous raconte le quotidien, les mœurs et les intrigues de la cour. Plongez avec Louis XIV au cœur du château de Versailles ….

    Céline

  • La liste de Freud

    sigmund freud,folieLa liste de Freud

    Goce SMILEVSKI

    Belfond, 2013

    J’ai été déçue par ce livre. Autant « le cas Edouard » faisait le portrait en creux d’un grand homme certes égoïste, mais humain et torturé (Albert Einstein). Autant la liste de Freud me semble rater la rencontre avec Sigmund Freud.

    Le récit est mené à la première personne par sa jeune sœur, Adolphine, qui se réclame d’une relation privilégiée avec Sigmund, tout en reconnaissant qu’il l’a laissée tomber à maintes reprises, dans les circonstances les plus dures de son existence : face à une mère souvent cruelle, après un avortement, et surtout, abandon ultime, lorsqu’il a quitté Vienne devant les persécutions nazies. En établissant cette fameuse liste, évoquée en titre, qui permettait de faire sortir d’Autriche les personnes proches de Freud, où il a inscrit toute sa maisonnée, y compris son médecin, la famille de celui-ci et son chien… et refusé de noter ses sœurs.

    Le lecteur ne ressent absolument pas le grand attachement évoqué par Adolphine, ni même à vrai dire d’effroi  pendant ses années d’internement en clinique psychiatrique ou d’émotion lorsqu’elle est déportée à Theresienstadt.

    Pour moi, l’auteur a voulu intégrer trop de réflexions sur la folie et l’histoire de l’aliénation, de même que de nombreuses critiques sur la personnalité et l’œuvre de Sigmund Freud, ainsi aussi que le recours à la psychiatrie contre toutes les femmes qui dérangent, comme les féministes (Clara Klimt). Du coup, le roman vire à l’essai sur la psychiatrie, ce qui pourrait se révéler intéressant… si cet essai était structuré, ce qui n’est pas le cas.

    Aline

  • En cas de forte chaleur

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    Maggie O’Farrell

    Belfond, 2014, 360 p.

    Traduit de l’irlandais par Michel Valencia

     1976. Chaleur, sécheresse, pénurie d’eau, c’est la canicule en Angleterre et Robert a disparu, un matin, comme ça. Il est parti acheter son journal et n’est jamais revenu. Bouleversement dans cette petite famille d’origine irlandaise qui cache bien des secrets. Tous les enfants sont alors rapatriés dans la maison familiale à la recherche de ce père disparu : Michael Francis, l’ainé, marié et deux enfants, Monica compagne d’un homme divorcé et Aoife, la benjamine, partie vivre aux Etats-Unis.

    Sous la trame principale se cachent des histoires sous-jacentes : des problèmes familiaux passés et présents, des secrets gardés depuis longtemps, des rancœurs et des jalousies. Le roman n’est pas écrit de façon linéaire : on glisse tout au long du roman du présent au passé. Passé parfois joyeux, tourmenté, dur dont les évènements, comme des pièces de puzzle, permettent de comprendre les relations conflictuelles et distendues entre les trois enfants.

    Histoire de famille simple et profonde. Une certaine chaleur humaine sort de ce roman. Les personnages sont décrits de façon si réaliste que le lecteur à l’impression de faire partie de cette famille irlandaise immigrée à Londres.  Fresque familiale dépeinte avec grand réalisme. Et si tout simplement l’équilibre de cette famille n’existait qu’une fois tous les enfants réunis ?

    Céline

  • Le legs d'Adam

     

     

    roman étranger,allemagne,nazismeLe legs d’Adam

    Astrid Rosenfeld

    Gallimard (du monde entier), 2014

    Traduit de l’allemand “Adams Erbe” par Bernard Lortholary

    Edward Cohen grandit dans l’appartement familial de Berlin, où le grenier, qui a toujours été le repaire d’un aïeul, abrite  son grand-père. Moses, vieillissant, est de plus en plus troublé par la ressemblance d’Edward avec son frère Adam, disparu pendant la deuxième guerre mondiale en emportant les économies familiales rassemblées pour que la famille puisse émigrer à l’abri de la folie nazie.

    Tiraillé entre les adultes, très différents, qui l’ont vu grandir, Edward ne sait comment orienter sa vie, jusqu’à ce que le journal de son grand-oncle Adam parvienne entre ses mains, lui révélant la vie et les choix de cet homme -qui lui ressemblait peut-être aussi par son caractère.  Adam était un rêveur, élevé par son excentrique grand-mère Edda Klingmann, qui lui avait appris à n’avoir peur de rien, pas même des allemands nazis. Une seule rencontre avait changé  le cours de son existence et donné un sens à sa vie.

    Ce roman évoque les heures sombres du nazisme, et quelques actes anonymes et humbles de résistance, mais avant tout la puissance de l’amour et des rêves.

    Aline

  • Un homme ça ne pleure pas

    familleUn homme, ça ne pleure pas

    Faïza GUENE

    Fayard, 2014, 314 p., 18 €

    Faïza Guène dépeint la vie d’une famille d’origine algérienne, dans un pavillon de Nice.

    Le père, dépositaire traditionnel de l’autorité, est relativement  en retrait malgré sa tendresse pour ses enfants. Analphabète, il respecte l’instruction et accorde une grande importance aux études de ses enfants.

    Le padre me sollicitait chaque fois qu’il fallait lire quelque chose, les ordonnances du docteur Zerbibi, un tract de la CGT, les articles de Bien Vieillir, les courriers de la banque, et même les catalogues de promotion du supermarché. Et pour chacun de ces documents, si différents qu’ils soient, il tenait absolument à ce que je les lise "avec un accent de journaliste".

    La mère, très expansive, tourne tout au drame, et tient la famille sous la menace de ses palpitations et de ses hausses de tension à la moindre contrariété.

    Chacun des enfants réagit à sa façon à cet entourage familial encombrant.Tandis que Mina se coule avec naturel dans le moule de la bonne fille soumise et serviable, Dounia s’oppose violemment à l’autorité parentale, qu’elle trouve abusive et rétrograde, et voudrait être « une Christine », image de la française libérée. 

    Il y a eu une période où [la porte] claquait si souvent que mon père, furieux, a dévissé la porte de la chambre des filles pour accrocher un rideau à la place. "Essaie de faire claquer le rideau, maintenant."

    Mourad, le narrateur, gêné par les scènes embarrassantes de sa mère, s’isole peu à peu de tous ceux qui auraient pu être ses amis, et se réfugie dans les livres. C’ est le seul personnage qui comprenne à peu près tous les protagonistes. Il les aime malgré leurs défauts, et ne les juge pas… même s’il trouve que les plus caractériels (sa mère et Dounia) exagèrent. Son cauchemar : vieillir sans jamais quitter sa mère, et devenir un obèse, cheveux poivre et sel, qui sent la friture.

    Ce roman, actuel, écrit dans un style dynamique et aéré, évoque avec justesse les petits détails significatifs de la vie familiale. La Dounia adulte, dure, brillante et libérée, m’a évoqué Rachida Dati, à tort ou à raison. Le titre du livre évoque le courage au quotidien, mais aussi la retenue excessive du père.

    Aline

  • Une famille délicieuse

    famille

    Une famille délicieuse

    Willa MARSH

    Autrement, 2014, 476 p., 22 €

    Traduit de The Children's Hour par Eric McComber

     

    Deux respectables vieilles dames, Mina et Nest, vivent entourées de leurs chiens à Ottercombe House, demeure familiale isolée sur la lande, près de la mer. Elles ne peuvent refuser d’accueillir pour quelques mois leur sœur Georgie, en attendant son entrée en maison de retraite.

    A l’heure du thé ou lors de leurs nuits sans sommeil, elles égrènent leurs souvenirs de jeunesse. Elles ont grandi dans une famille nombreuse (5 filles et un garçon), entre un père distant, acerbe, une mère souvent fatiguée, et les visites très attendues de Timothée, l’ami de la famille, chaleureux et attentif. Les rivalités entre filles étaient parfois féroces ! Leur régal était « l’heure des enfants », en fin d’après-midi, lorsque leur mère leur racontait des histoires ou leur lisait des extraits de la littérature anglaise, à tel point que les personnages de fiction leur semblaient plus  proches que leurs voisins.

    Mais Georgie, atteinte de démence sénile, menace l’équilibre de ses sœurs, et comme autrefois, elle tourne autour d’elles avec cette phrase qui les inquiète et lui donne du pouvoir « Je connais un secret ». Les jeunes neveux, qui adorent leurs tantes, sont aussi menacés par les secrets de famille, et la présence de Georgie est de plus en plus lourde à porter, même pour Mina la courageuse.

    L’écriture de ce roman est fine, très descriptive. Elle rend bien l’ambiance anglaise un peu désuète de ce lieu hors du temps, la lande, le jardin fleuri, la promenade côtière jusqu’à la mer,… de même que les relations entre les sœurs… et entre les chiens. Les gentils sont peut-être un peu trop parfaits, avec leur bonne humeur à toute épreuve, mais l’histoire est attachante, et renvoie à de nombreuses références de la littérature anglaise.

    Aline

  • Je n'ai pas toujours été un vieux con

    vieillesseJe n’ai pas toujours été un vieux con

    Alexandre Ferraga

    Flammarion, 2014, 250 p., 18 €

    A 76 ans, Léon, vieux grincheux récalcitrant, se retrouve en maison de retraite, suite à l’incendie de son appartement. Sur un ton acerbe, il évoque sa découverte des lieux : les chambres aux noms de fleurs, les menus pour édentés, les infirmières accortes ou revêches,… Il observe d’un œil méfiant la cohorte des pensionnaires et leurs défauts, mais développe une grande complicité avec Jack le littéraire ou Roger le  bon vivant (qui conserve ses bouteilles dans la chasse d’eau), et abreuve de ses conseils pas toujours bienvenus Marilyn la soignante au beau derrière.

    Dans son récit, qu’il aurait avantageusement pu nommer "Itinéraire d’un sale con", Léon navigue entre son adaptation à la maison de retraite et  ses souvenirs -qu’il évoque sans concession- d’enfant fragile ("brindille"), de petit délinquant, de marin, de jeune frappe, de taulard, d’amant ou de mari.

    "Les personnes âgées ont tout un passé, à la fois derrière elles et encore vivant".

    Doté d’un joli sens de la formule, l’auteur nous séduit avec son style enlevé, imagé, voire cru.

    "En prison, vous passez en permanence des murs de votre cellule à la cellule de votre tête".

    La tendresse avec laquelle il peint ses personnages  fait oublier que le récit manque un peu de profondeur. Les souvenirs papillonnent, les sujets ne sont qu’affleurés, et à la fin du livre, le lecteur se retrouve seul avec une sensation d’inachevé.

    Aline