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Critiques de livres - Page 28

  • Bouillon de rentrée 2013

    Coups de cœur de l'été

     

    Les saisons de Giacomo

    Mario Rigoni Stern

    L'auteur, originaire du Nord de l'Italie, côté Autriche, s'est mis à l'écriture sur le tard. Il situe le récit sur le Haut plateau d'Asiago, cadre de sa jeunesse, et décrit une vie de montagnard, ouvrier-paysan, depuis les années 20 jusqu'à la seconde guerre mondiale, y compris  sous Mussolini.

    Claude

     

    La servante du Seigneur

    Jean-Louis Fournier

    Nous avions aimé "On va où, papa ?", regard très humain, drôle et triste à la fois, sur la vie des deux fils handicapés de l'auteur. "Veuf" nous avait un peu moins plu. Revoilà Jean-Louis Fournier avec ses tribulations familiales. Sa fille, à la quarantaine, a suivi un gourou, et la voici "servante du Seigneur". Coupé de sa fille, l'auteur exprime son incompréhension totale. A la fin, elle dit ce qu'elle pense du livre.

    Claude

     

    La reine des lectrices

    Alan Bennett

    La Reine d'Angleterre découvre par hasard le plaisir et le pouvoir de la lecture. Lecture légère et très plaisante. Voir critique.

    Georgette

     

    Le rêve du village des Ding

    YAN Lianke

    Interdit en Chine, ce livre bouleversant est inspiré d'une réalité plus terrible encore.  Le rêve du village des Ding se penche sur le scandale du sida et du sang contaminé dans un village Chinois, où les plus belles âmes côtoient les plus vils profiteurs. Voir critique.

    Ginette

     

    Les choses comme je les vois

    Roopa Farooki

    Très beau récit, autour du syndrome d'Asperger.  Les scènes sont si bien brossées que l'on s'y croirait : Asif, tellement attentif à sa sœur Yasmine, a noté qu'elle ne mange que les aliments jaunes au petit déjeuner ; Yasmine, qui lave et relave indéfiniment la vaisselle lorsqu'elle est troublée ; etc. Un seul défaut : tout finit un peu trop bien. Voir critique.

    Marie-Claire et Chantal

     

    La lettre à Helga

    Bergsveinn Birgisson

    Récit épistolaire court et original, basé en Islande. Bjarni Gislason s'est occupé de sa femme jusqu'à la fin. Le voici maintenant âgé et veuf, qui écrit une longue lettre à Helga, la femme de son voisin, qu'il a toujours aimée. Une longue lettre à l'écriture charnelle, qui évoque les années 1940 dans une Islande frustre, et explique pourquoi –malgré sa passion pour Helga- Bjarni n'a jamais voulu quitter pour elle  sa ferme et ses brebis.

    Marie-Claire

    Mais les avis sont partagés, comme en témoigne la critique de Marie-Christine : Je n'ai ressenti aucune émotion et vu aucune poésie en lisant ce roman . Juste un homme lubrique qui aura été lâche toute sa vie. Même la lette montre son manque de courage. Heureusement une heure de lecture suffit pour ce roman.

     

    Le garçon d'à côté

    Katrina Kittle

    Sarah, veuve, mène une vie assez équilibrée avec ses deux garçons, Nate et Danny. Ils s'entendent bien avec leurs voisins… jusqu'au moment où les voisins sont accusés de pédophilie, et où leur fils leur est retiré.  Ils recueillent Jordan.

    Le milieu décrit est très américain.

    Récit intéressant pour l'étude des répercussions que peut avoir la pédophilie sur l'entourage et sur les enfants. Le ton est juste, l'histoire choquante, mais pas glauque.

    Jacqueline et Nadine

     

    Je vais mieux

    David Foenkinos

    Un homme se réveille avec un terrible mal de dos : il en a littéralement plein le dos ! Il divorce, change de vie… Réflexion sur la place de l'individu dans l'entreprise, la crise de la quarantaine.

    Jacqueline

     

    Alex

    Pierre Lemaitre

    Une femme, infirmière intérimaire, est enlevée et séquestrée. Elle subit des sévices terribles. Pourtant, lorsque le commissaire chargé de l'enquête découvre sa prison, elle a disparu. Plus intelligente que son bourreau, elle a réussi à s'échapper. Un thriller glaçant, très bien maîtrisé. Du même auteur, nous avions aussi beaucoup aimé Robe de marié.

    Jacqueline

     

    Ne lâche pas ma main

    Michel Bussi

    En vacances en famille à la Réunion, une femme disparaît brusquement de son hôtel. Soupçonné, son mari s'enfuit –non sans raison- avec sa fille. De belles descriptions de La Réunion, ainsi qu'une intrigue bien menée, à l'instar des romans policiers précédents de Michel Bussi : Comme un avion sans elle et Les nymphéas noirs, prix Mes-Sou-Thu 2012.

    Jacqueline

     

    L'ombre douce

    Hoai Huong Nguyen

    Née en 1976 en France, l'auteur porte un prénom signifiant "Se souvenir du pays", ce qu'elle fait magnifiquement avec ce récit situé en Indochine en 1954. Elle évoque avec délicatesse une histoire d'amour dans la difficile période de la guerre d'Indochine. Voir critique.

    Maryvonne

    Il pleuvait des oiseaux

    Jocelyne Saucier

    L'auteur, originaire de l'Abitibi, évoque le souvenir des Grands Feux qui ont ravagé le nord de l’Ontario au début du XXe siècle : la chaleur était telle qu'il pleuvait des oiseaux. Une photographe souhaite rencontrer un vieil homme témoin des incendies, mais lorsqu'elle arrive dans sa retraite dans les bois, Boychuck est mort depuis peu. Seuls ses tableaux et les quelques vieux amis qu'il laisse derrière lui peuvent renseigner la photographe.

    Thèmes : drame historique, amour de la forêt, liberté et vieillesse.

    Jacky

    L'équilibre du monde

    Rohinton Mistry

    Thèmes : Inde, vie de quartier, famille.

    Bombay, 1975. Deux tailleurs, oncle et neveu, intouchables, s'installent chez une jeune veuve pour y travailler dans la confection. Un autre locataire, étudiant descendu de ses montagnes, a eu une vie plus privilégiée qu'eux. La cohabitation de ces quatre personnages met en évidence le système de castes, au moment où l'Etat d'Urgence est déclaré en Inde, et où grèves et manifestations font  rage dans le pays.

    Une réflexion politique sur la situation en Inde, tout aussi intéressante que Une simple affaire de famille, présenté en avril 2012 au Bouillon.

    Gisèle

     

    Les années cerise

    Claudie Gallay

    La vie n'est pas toujours facile pour Pierre-Jean. Sa famille devrait quitter la maison au bord de la falaise, qui qui menace de s'effondrer à tout instant, ses parents se disputent, sa mère distribue des taloches, et lui-même collectionne les zéro… Heureusement il a aussi ses grands-parents et les chevaux. Roman sur l'adolescence, pour adolescents ou adultes : découverte de l'amour par un jeune garçon. Récit initiatique.

    Gisèle

     

    Crime d'honneur

    Elif Shafak

    Fille de diplomate, Elif Shafak est née à Strasbourg en 1971. Elle a un temps enseigné aux Etats-Unis, et vit aujourd'hui à Istanbul. Internationalement reconnue, elle est notamment l'auteur de La Bâtarde d'Istanbul (2007), Bonbon Palace (2008), Lait noir (2009) et Soufi, mon amour (2010). Dans ce roman, elle continue à développer le thème de la famille turque et des liens familiaux, ici compliqués par l’émigration d’une soeur en Angleterre.

    Gisèle

     

    Remonter la Marne

    Jean-Paul Kauffmann

    De Paris aux sources de la Marne à pied, récit de voyage aux multiples références historiques. Les avis des lectrices sont partagés, l’une a beaucoup aimé, tandis que l’autre a buté sur l’écriture.

     

    Le Tao du vélo, petites méditations cyclopédiques

    Julien Leblay

    Dans la collection de livres de poche « Petite philosophie du voyage », chez Transboréal, voici un bon opus, constitué de petits essais philosophiques et humoristiques sur le voyage en solitaire à vélo.

    Geneviève

     

    Home

    Toni Morrison

    Démobilisé de la guerre de Corée, Frank Money rentre aux Etats-Unis traumatisé par sa période de guerre, en proie à des rêves terribles et à des crises d’angoisse. Il doit traverser le pays pour rejoindre en Géorgie sa sœur, atteinte d’une maladie très grave. Dans cette Amérique des années 1950, encore très ségrégationniste, les déplacements ne sont pas simples pour un noir, mais c’est en accomplissant ce voyage et en se replongeant dans ses souvenirs que Frank se reconstruit.

    Geneviève

    Profanes

    Jeanne Benameur

    Ancien chirurgien du cœur, Octave Lassalle n’opère plus depuis longtemps. A 90 ans, il décide d’organiser sa vie afin que ses dernières années se passent dans les meilleures conditions possibles, ce que sa richesse lui permet de faire. Il recrute avec soin quatre accompagnateurs, qui se relaieront nuit et jour auprès de lui, chacun possédant des compétences particulières. Le lecteur assiste à la mise en place de cette équipe et aux relations entre les personnages. Peu à peu sont révélées les faiblesses et les blessures de chacun, mais aussi leur capacité à les dépasser. Nous nous sommes interrogés sur la signification du titre, qui fait probablement référence à la seule foi que professe le docteur Lassalle : la foi en l’homme.

    Marie-Claire, Aline, François

     

    Reflets d’argent

    Susan Fletcher

    Voir critique d’Aline.

     

  • Le rêve du village des Ding

    roman étranger, Chine, SidaInterdit en Chine, ce livre est inspiré d'une réalité plus terrible encore. Les habitants du village de Ding ont vendu leur sang. C'est le père de l'auteur, Ding Hui, qui en a pris l'initiative, comme cela se faisait dans d'autres villages. Il s'est enrichi tandis que le sida (mesures d'hygiène inconnues) entraînait la souffrance et la mort des habitants. Tandis que le grand-père de l'auteur, professeur cultivé, essayait d'aider les malades en les hébergeant dans l'école qui ne fonctionnait plus, Ding Hui continuait éhontément à s'enrichir en organisant la vente de cercueils (en détruisant la forêt) et des "mariages dans l'au-delà" pour unir ceux que la mort avait séparés.

    Un livre bouleversant !

     

    Yan Lianke est né en 1958 dans la province du Hénan, au centre-est de la Chine. Il a publié plusieurs romans et nouvelles remarquables par leur sujet. Il écrit : "colère et passion sont l'âme de mon travail".

     

    Le rêve du village des Ding

    YAN Lianke

    Ed. P.Picquier, 2007, 332 p., 20 €

    Traduit du Chinois par Claude Payen

    Ginette

  • Une histoire d'hommes

    bande dessinée,rock,amitiéLeur groupe de rock, les Tricky Fingers, commençait à percer, les quatre garçons avaient le vent en poupe : Sandro, le chanteur charismatique, Yvan, le compositeur guitariste, JB et Franck le batteur… incontrôlable. Mais voilà, l'émission prévue le 18 avril 1995 à la BBC a tourné court, et le groupe s'est séparé brutalement.

     

    Vingt ans après, les quatre copains se retrouvent tous ensemble pour la première fois depuis cette soirée catastrophique. Sandro est le seul à avoir percé dans la musique, il est même devenu  une star du rock. A l'opposé, Yvan n'a pas avancé : il n'a plus touché à sa guitare, et ne s'est jamais engagé dans une relation durable. Entre les deux, il y a JB, rangé, qui a repris l'entreprise de surgelés du beau-père, et puis Franck, tenancier de bar, désormais chauve mais toujours aussi "lourd".

    Au cours du week-end, ils se rappellent leur jeunesse, et discutent enfin de ce qui s'est passé cette fameuse soirée… et depuis. Cette mise au point leur permettra  -sans doute- de faire leur deuil et de recommencer à vivre.

     

    A l'opposé des albums jeunesse pleins d'humour de Zep, voici une BD adulte plus mélancolique et psychologique. Une belle histoire d'amitié, qui avance à force de flashbacks bien maîtrisés. Le dessin est assez arrondi, et les couleurs pastel (bleus, roses et violets teintés de gris) accentuent l'ambiance nostalgique.

     

    Une histoire d'hommes

    Zep

    Rue de Sèvres, sept. 2013, 18 €

  • La fabrique du monde

    La fabrique du monde, c’est la Chine, dans le contexte de la mondialisation. Ici, en l’occurrence, une usine de confection où vivent, dorment et travaillent de nombreuses ouvrières exploitées. Lorsqu’une commande doit être livrée rapidement, c’est une cadence infernale qui est exigée, et les employées survivent en mode automatique : ne surtout pas penser, pour ne pas ralentir son geste ! Travailler jour et nuit pour un maigre salaire qui permet au mieux de payer son lit au dortoir de l’usine et de rentrer chez soi pour les fêtes.

     

    Mei, jeune couturière adroite et rapide, souffre pourtant de ce rythme insupportable et du peu d’espoir que l’avenir lui laisse. Consciente de l’injustice de sa situation, elle remâche sa colère et se prend à rêver… ce qui la rend d’autant plus fragile.

     

    Ecrit avec finesse et clarté, la fabrique du monde est une plongée intime dans son quotidien, ses pensées et ses sentiments. Le lecteur croit voir défiler les chemises blanches ou les pantalons en polyester sous l’aiguille de la machine à coudre, et se révolte à la place de Mei des conditions de travail inhumaines qui lui sont imposées. Au final, un livre beau et triste.

     

    roman,chine,conditions de travailLa fabrique du monde

    Sophie Van der Linden

    Buchet Chastel (roman), avril 2013, 155 p., 13 €

  • Les gens heureux lisent et boivent du café

    gens heureux lisent et boivent du café.gifHarlequinade sous titre aguicheur

    La sagesse serait de s'en tenir aux bons livres, avec le souci de les transmettre, mais devant une telle déception il est quand même urgent de prévenir!

    Le produit (produit d'appel vendu à prix compétitif au format numérique) est le fruit du marketing ambiant. En version papier on se laisse séduire par le titre, on entend "lecture" ( c'est tendance dans les titres avec juste ce qu'il faut de caution culturelle), la juxtaposition des mots "heureux" et "café" soutenue par une belle photo rétro en noir et blanc fait aussi son petit effet. On attend une bonne histoire ficelée avec juste ce qu'il faut d'analyse comme peut le laisser supposer Sigmund en épigraphe. 

    Les cinquante premières lignes nous laissent sur cette illusion, presque bien écrites, avec juste ce qu'il faut de maîtrise du pathos... Hélas, passée cette ouverture appliquée , l'auteure ne réussit pas à tenir l'allure et sombre illico dans des dialogues d'une platitude épuisante pimentée d'expression familières ( mais oui, rappelons nous ... on est censé baigner dans le quotidien..!) .

    Côté récit j'abrège sur les retrouvailles de nos deux héros favoris, dignes des meilleures séries sentimentales. Nos classiques rose tendre qu'on dévore vers quatorze ans ou plus, l'amour yoyo, le macho et sa douce, fringants depuis le Moyen Age, toutes latitudes confondues ( ici l'Irlande , ses pubs et ses cottages et rien que des personnages clichés au service de l'intrigue )... Intemporel vous dis je, avec une exception pour la fin, (Sigmund est passé par là), la thérapie se termine au chapitre 10 mais on ne saura pas si les deux protagonistes ... "furent heureux et eurent beaucoup d'enfants". L'auteure retrouve le style de "l'intro", les dix dernières lignes restent dans la suggestion, tendance vous dis je!

    Voilà qui m'apprendra à feuilleter trop distraitement les parutions en librairie.

    Sylvie B.

    Les gens heureux lisent et boivent du café

    Agnès Martin-Lugan, Michel Lafon, 2013, 14.95 €

  • Reflets d'argent

    "Il y avait un homme dans l’eau. Ou du bois flotté ? Des algues ? Non, c’était un homme, à n’en pas douter. Qui dérivait, ballotté par les vagues. Il avait les cheveux noirs, la barbe, la peau très pâle. Les yeux ronds comme ceux d'un phoque… Il semblait sourire, en flottant. Puis il leva les bras -les leva au-dessus de lui, joignit les paumes comme pour faire une prière- et jeta en avant ces bras qui fendirent l’eau du bout des doigts, suivis par sa tête et son corps qui formèrent un arc. Il plongea dans la mer et disparut.

    L’espace d’un instant il n’y eut plus rien.

    Puis, dans son sillage, il y eut une queue – une immense queue aux reflets d’argent… Et à cet instant, à cet instant précis, alors que la mer s’écrasait sur les galets de Sye, et qu’une mouette se posait sur les rochers tout proches, il entendit très clairement une voix. Ce n’était pas comme s’il y avait quelqu’un à côté de lui ; c’était une voix profonde et douce qui semblait l’environner au point que le fermier se tourna et se retourna.

    Elle soufflait autour de lui : Espère.

    La voix venait des falaises. Elle montait des galets. Il regarda mais il n’y avait que l’écume, moussante, et la blanche dentelle des eaux fendues, là où la queue avait surgi….

     

    C’est étrange, comme tous les mythes. C’est une histoire familière aussi, car beaucoup de parents ont chuchoté le conte de l’Homme-poisson à leurs enfants… Il n’a pas d’âge, dit-on, et ne peut mourir. Il vit comme les poissons, dans le calme des profondeurs d’un vert dense, mais fait parfois surface pour jeter un coup d’œil vers la terre. Même de nos jours, il y a un habitant de l’île qui affirme avoir vu l’Homme-poisson -son sourire plein d’amour, ses écailles qui accrochent la lumière quand il plonge. D’autres disent, aussi, que si jamais on se sent réconforté, ou si jamais on entend Espère – ou bien encore Aie confiance, ou Tu n’es pas seul- en marchant au bord de la mer, en posant le pied dans un bateau, en observant la bâche secouée par le vent au-dessus du bûcher, en allant tirer les rideaux le soir et en s’arrêtant parce que les dernières lueurs sur l’eau sont superbes, comme de l’or, ou en contemplant les reflets de nos bottes dans le sable mouillé et ferme à marée basse, c’est que l’Homme-poisson passe. Il est près de la côte, regarde l’île. Il connaît notre peine –et souhaite qu’elle cesse.

     

    C’était difficile à croire. Quand j’ai entendu Espère sur le rivage, c’était en moi que les paroles résonnaient et de moi qu’elles émanaient –avec moi seule pour réconfort, m’efforçant de me maintenir à flot. Mais quel mal y a-t-il à croire à de tels contes ? Le plus souvent, je me dis que c’est le mieux à faire."

     

    Sur l’île de Parla, les légendes de la mer sont parfois préférées à la dure réalité. Parmi toutes celles que l’on raconte, la plus belle, ou la plus réconfortante, est celle de l’Homme-poisson. Aussi, lorsqu’un homme inconnu à la barbe noire est  retrouvé – amnésique et quasi nu- dans la crique de Sye, les insulaires ont-ils envie de croire qu’il est l’Homme-poisson, venu pour apporter un changement bénéfique sur l’île.

     

    Car depuis 4 ans, où la mer a pris Tom, le plus grand, le plus jeune et le plus joyeux des frères Bundy, l’île est comme figée dans ses habitudes et dans sa tristesse. Marins et éleveurs de moutons triment en solitaires, les femmes se referment sur leur colère ou leur désolation, et on ne parle pas de peur de réveiller la douleur ou la culpabilité.

     

    Susan Fletcher tisse un récit à la fois ancré dans la réalité et inspiré de légende. Elle écrit par vagues qui se recouvrent, entremêlant le quotidien des insulaires, leur fascination pour les contes, l’absence et le deuil. Son style est un peu particulier, et le lecteur « nage » un peu au début, le temps de situer les lieux et les personnages. Il peine à situer la narratrice, glaneuse des marées basses et pêcheuse de homards. Puis, peu à peu se dessine un paysage côtier et une histoire de plus en plus envoûtante.

     

    île,mer,deuil,légendeLes reflets d’argent

    Susan Fletcher

    Plon (Feux croisés), 2013, 461 p., 22 €

    Traduit de l’anglais par Stéphane Roques

     

    Du même auteur, les lecteurs ont beaucoup aimé Le bûcher sous la neige

  • comment trouver l'amour à cinquante ans

    comment trouver l'amour.gifParisienne résolue, intellectuelle de gauche et professeur de français consciencieuse, Catherine Tournant lit Télérama, et ne confond pas culture et divertissement !

    Elle porte un nom bien choisi, puisqu'à cinquante ans, elle se trouve à un tournant de sa vie.

    Professeur de français consciencieuse, elle est affectée par une rumeur d'attouchement sur élève, qui ébranle ses convictions, et la pousse à remettre ses choix en question.

    Comme elle, les autres personnages de ce roman s'interrogent sur leur vie, leur métier, leur identité. Leur fragilité ou leur disponibilité momentanée les pousse à tisser des liens nouveaux, qui peu à peu les rapprochent.

     

    Dans sa construction, le récit ne présente pas d'intérêt particulier, les différentes scènes ou étapes manquent de lien, et les personnages sont un peu trop stylisés pour être vraiment crédibles. Par contre, le roman offre un regard décalé sur le métier de professeur de littérature dans un lycée de banlieue (le métier de l'auteur), et une amorce de réflexion -non dénuée d'humour- sur plusieurs sujets intéressants : les préjugés, l'influence de l'apparence, la perception de soi,… et le fait d'être ou non Parisien.

    Noter que le titre est trompeur : il est plus question de trouver sa place et de s'accepter que de chercher l'amour, même si l'un n'empêche pas l'autre.

    Au total, une lecture pas désagréable, mais pas mémorable non plus.

     

    Comment trouver l'amour à cinquante ans quand on est parisienne (et autres questions capitales)

    Pascal Morin

    Le Rouergue (La Brune), 2013, 190 p., 18 €

  • Un écrivain, un vrai

    roman,écritureGary Montaigu, écrivain New-Yorkais d'origine française, est à l'apogée de sa gloire : il vient de gagner le prestigieux "International Book Prize". Pour satisfaire l'ambition de sa femme, Ruth, mais aussi par amour de la littérature qu'il pense ainsi servir et promouvoir, il s'est laissé persuader de participer à une émission de téléréalité :

     

    "Un écrivain, un vrai" s'introduit dans sa vie quotidienne. Les caméras le suivent partout, y compris lorsqu'il écrit dans son bureau et en rendez-vous, et les médias lui dictent un scénario de vie. Sa femme, elle aussi, est de plus en plus intrusive, et va jusqu'à modifier ses textes pour qu'ils soient plus accessibles au grand public. Quant à ses textes, parlons-en ! Soumis à l'approbation du public, au fameux "J'aime, je partage", le roman qu'il écrit n'est plus qu'une médiocre caricature !

     

    Quelques mois plus tard, il a déserté la vie publique, et vit en reclus dans son bureau, en chaise roulante…

     

    Réflexion sur la téléréalité, sur le poids des médias dans la vie culturelle, sur la difficulté de la création et l'authenticité de l'écriture… le roman oppose les concessions de Gary aux choix de l'écrivain Alain Mabanckou : "auteur à succès avec une tête de mauvais garçon et un cœur grand comme le soleil, Alain empilait les livres et les prix prestigieux sans jamais se défaire de ses exigences littéraires".

    Le sujet est intéressant, mais l'écriture un peu intellectuelle ne plait pas forcément. J'aurais aimé la fantaisie et l'inventivité d'un Tonino Benacquista (Saga) pour broder sur ce thème…

     

    Un écrivain, un vrai

    Pia Petersen

    Actes Sud (Domaine français), 2013, 214 p., 20 €

  • l'étrangère

    roman,coréeParcours d'une jeune Coréenne d'origine modeste qui réussit –à force de travail et grâce au soutien de toute sa famille- à faire des études.

    Eun-Ja est le bébé de la famille. A la mort de son père, sa mère poursuit courageusement le travail dans les rizières pour permettre à la famille de subsister, et même aux filles d'aller en classe aussi longtemps que possible.

    Longtemps dans l'ombre de ses sœurs brillantes, Mi-Sun et Sun-Hi, elle devient une élève excellente et se passionne pour le français. Elle étudie avec acharnement pour obtenir des bourses et réaliser son rêve : maîtriser la langue, et, un jour, écrire des romans en français !

     

    Récit d'une vie laborieuse dans une famille nombreuse coréenne de la campagne. Très agréable à lire, il transporte dans un quotidien et une culture différents des nôtres. Pour autant, le style est simple et direct, la construction linéaire, donc je n'ai pas compris pourquoi les critiques sont aussi élogieuses (**** Lire). Peut-être en hommage à la passion et à la maîtrise du français d'Eun-Ja ?

     

    L'étrangère : récit

    Eun-Ja Kang

    Seuil, 2013, 278p., 19€

  • Avant toi

    roman étranger,handicap,euthanasieSuite à un accident, Will est tétraplégique. Les moyens de sa famille lui permettent de recevoir les meilleurs soins, de vivre dans un cadre agréable et d'être accompagné en permanence par des auxiliaires de vie. Néanmoins, il refuse de vivre dans ces conditions tellement éloignées de sa vie d'avant où il multipliait les voyages et les aventures.

    Depuis que son père a perdu son travail à la menuiserie, Lou a plus que jamais besoin de rapporter un salaire à la maison. Elle accepte donc un CDD de six mois pour s'occuper de Will pendant la journée, malgré l'accueil glacial et le cynisme de celui-ci, qui rendent son travail accablant. Peu à peu, des liens se créent entre la jeune fille pauvre, originale et peu sûre d'elle et le jeune homme riche et cultivé mais désespéré.

     

    L'intrigue rappelle le film Intouchable, et pourrait verser dans le mélo facile, avec -en prime- une histoire d'amour. Cependant l'ensemble n'est pas simpliste, le regard sur le handicap fait réfléchir. Le lecteur s'attache aux personnages, qui ont tous des positions différentes par rapport à l'euthanasie, et se battent pour les faire respecter.  L'issue, émouvante, est loin d'être évidente si bien que l'attention est soutenue jusqu'au bout. Penser à se munir d'un mouchoir !

     

    Avant toi

    Jojo Moyes

    Milady (Grande Romance)

    Traduit de l'anglais Me before you par Frédéric Le Berre