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Critiques de livres - Page 5

  • Sexy Summer

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    Sexy Summer

    Mathilde ALET

    Flammarion, 2020, 191 p., 17€

     

    Déménagement d’une famille de Bruxelles vers  Varqueville, un village perdu dans la campagne "de bord de route" des Ardennes, parce c’est une zone blanche qui devrait convenir à leur fille Juliette, souffrant de la "maladie des ondes" depuis qu’une antenne a été installée près de son école.

    Le village est un lieu où tout se sait, et où il est facile de démarrer une rumeur. Or Juliette n’a aucune envie de mettre en avant sa maladie. L’auteur rend bien l’ambiance entre jeunes qui traînent, se prennent pour des caïds, et ostracisent Tom, le si gentil "gros" aux magnifiques yeux bleus.

    Roman d’un été, agréable mais vite lu et vite oublié. Le seul élément qui en fasse la spécificité, par rapport à n’importe quelle histoire d’adolescente qui grandit et vit un éveil amoureux, est la "différence" originale de Juliette, son intolérance aux ondes électro-magnétiques. Ce point de départ, très contemporain, n’est pas plus approfondi que les autres thèmes. Pour moi, le récit a manqué de substance, d’épaisseur. D’autres le trouveront peut-être esquissé avec délicatesse ?

    Aline

  • Le bruissement du papier et des désirs

    roman étranger, Canada

     

    Le bruissement du papier et des désirs

    Sarah McCoy

    M. Lafon, 2019, 365 p., 2019

     

    A lire seul, ou en complément de Anne… la maison aux pignons verts, grand classique de l’auteur canadienne Lucy Maud Montgomery… Nous retrouvons les personnages d’Avonlea, petite bourgade de l’Île du Prince Edouard, au large de la Nouvelle Ecosse, des années avant l’arrivée de la fameuse Anne.

    En 1837, Marilla n’est encore qu’adolescente, et son frère aîné Matthew tout jeune homme. Ils vivent une existence paisible, travaillant sur la ferme familiale, et reçoivent une éducation puritaine auprès de parents affectueux, même si Hugh (le père) est aussi taiseux que son fils. Lorsque ce tableau idyllique se gâte, Marilla promet de toujours veiller sur son frère, serment qui orientera toute sa vie.

    Dans la partie du roman située en 1860, Marilla et sa chère tante Izzy s’engagent dans le "chemin de fer", réseau d’entraide pour les esclaves en fuite des plantations du sud des Etats-Unis, qui avait des ramifications jusqu’au Canada. Fière et têtue au point d’en devenir agaçante, Marilla applique ses convictions morales en faveur de la liberté individuelle et de l’égalité de tous.

    L’auteur a su respecter le regard frais d’Anne de Montgomery et son amour sans partage pour son île et pour la nature. Ses personnages sont très proches de ceux du roman de référence, au risque d’une certaine répétition (la compétition scolaire avec les fils Blythe). Elle introduit dans son récit quelques notions d’histoire d’Amérique du Nord qui auraient mérité d’être un peu plus développées, en particulier les références politiques à l’insurrection des producteurs de céréales et  à l’autodétermination des provinces canadiennes par rapport à la couronne anglaise.

    Au total, une lecture de "terroir canadien" (façon Petite maison dans la prairie), émouvante et pleine de fraîcheur, qui rappelle ce que c’était que grandir au 19e siècle dans la campagne canadienne.

    Aline

  • Requiem pour une apache

    roman

    Requiem pour une apache

    Gilles MARCHAND

    Aux Forges de Vulcain (Fiction), 2020, 407 p., 20€

     

    Quand elle a poussé la porte du café, elle n’était qu’une cliente comme une autre, discrète et vite oubliée. Ce qui l’a démarquée des clients habituels, c’est son utilisation du juke-box : elle repassait toujours la même chanson, « Jolene » de Dolly Parson. Alors, elle a acquis une individualité, les résidents permanents l’ont peu à peu intégrée  à leur groupe de sans grade : anciens taulards, catcheur au cerveau défaillant, vieil ouvrier à la retraite, placeuse d’encyclopédies, architecte visionnaire ruiné, photographe d’écume... tous plus ou moins confinés dans l’hôtel devenu leur refuge. Enfin, un jour, par un minime acte de révolte, elle a refusé la place que la société lui assignait et rejoint les résidents  de la pension, où elle a semé la graine de la rébellion.

    Peu à peu rappliquent tous ceux qui se sentent concernés par ce refus de la société qui les stigmatise : obèse, roux, vieux, boutonneux, , caissière, éboueur... et les tensions montent avec les autorités et les voisins ! C'est l'un des pensionnaires de l’hôtel, ex-chanteur d’un « tube » ringardisé, qui partage avec nous leur histoire.

    Avec tendresse, Gilles Marchand  excelle dans les portraits de femmes et d’hommes en marge de la société. Seule touche de fantastique dans ce roman presque réaliste, il intègre à ces personnages « décalés » quelques improbables, comme Alphonse, littéralement liquéfié d’amour,  Suzanne l’odeur de la pension, ou un résistant grincheux oublié dans sa cachette sous les combles.  On retrouve la « patte » humaniste de Une bouche sans personne, sélectionné en 2017 pour notre prix M.O.T.T.S. des lecteurs. Un roman en résonance avec 2020, le raz le bol des gilets jaunes, le confinement et la découverte (éphémère ?) des invisibles !

    Aline

  • Désolations

    roman étranger, amérique

     

    Désolations

    David VANN

    Gallmeister (Totem), 2017

    (traduit de l’américain par Laura Derajinski)

     

    Comme dans Sukkwan Island, David Vann nous emmène dans des contrées glacées, voire désolées d’Alaska, dans une nature dure et sauvage où la solitude qui en émane est étrangement palpable.

    Irène, mariée à Gary et mère de deux enfants maintenant adultes, Mark et Rhoda, aborde la cinquantaine dans un état de totale tension avec son mari. Après avoir vécu au bord du Skilak Lake, dans une maison isolée avec pour seul voisin leur fils Mark, Gary n’a de cesse de réaliser un rêve, construire lui-même une cabane sur Caribou Island, se couper du monde et des autres, projet rejetée par Irène mais qu’elle se sent obligée d’accepter car elle ne peut envisager une séparation.

    Gary se lance dans cette construction sans aucune préparation, aucun plan, aucune notion technique, à un moment où s’annonce un hiver précoce et violent qui rendra l’îlot encore plus inaccessible. L’amertume, les reproches, la culpabilité, l’hostilité qu’ils manifestent l’un envers l’autre vont se cristalliser autour de cette décision.

    Le premier transport de rondins en bateau que Gary ne veut pas reporter malgré une pluie battante et un vent glacial provoque chez Irène une douleur incessante et une terrible migraine qui ne la quittera pas. Irène porte en elle une souffrance refoulée, la vision de sa mère pendue dans l’entrée de sa maison alors qu’elle n’avait que 10 ans. Cette douleur non dite resurgit inconsciemment dans ce moment où les relations avec Gary se délitent et où elle comprend qu’il n’y a plus d’espoir.

    Leurs enfants ne sont pas d’une grande aide. Mark, pêcheur saisonnier, grand fumeur de joints, se soucie peu d’eux. Rhoda, la trentaine cherche une échappatoire à sa vie morose en fantasmant sur son mariage avec Jim qui lui apporterait une vie aisée. Elle rêve d’une cérémonie merveilleuse loin d’Anchorage dans une île lointaine paradisiaque ; ce serait le début d’une nouvelle vie. Seulement Jim ne semble pas du tout pressé et le sera encore moins après sa rencontre avec Monique, une fille indépendante, libre et sans scrupules.

    Sur le fil de la douleur intime, de l'auto apitoiement, et même de l'égoïsme, les personnages vivent à côté d'eux-mêmes.  Pas de bonheur pour les uns et les autres, pas ou peu d’amour, pas de moments de joie, mais de la solitude et de la souffrance en accord avec l’environnement froid, gris, parfois hostile. On assiste dans ce huis clos à la montée inexorable de la tragédie.

    David Vann explore et ausculte avec brio les tréfonds du désespoir humain et excelle dans la description des tensions interpersonnelles sous-jacentes, du mal-être et de la désespérance. Il réussit admirablement à faire ressentir avec beaucoup d’intensité l’atmosphère pesante et la dérive progressive des sentiments. Un roman sombre et fort.

    Annie P.

  • Du nouveau au rayon BD

    Une belle variété de bandes dessinées en un seul tome vient d’arriver en rayon !

     

    bande dessinéeAldobrando

    Luigi Critone (Scénariste) et Gipi (Dessinateur)

    Casterman, 2020, 208 p., 23€

    Sachant sa fin proche, le père d’Aldobrando l’a confié à un mage, chargé de son éducation. Blessé à l’œil, le sorcier l’envoie quérir d’urgence une plante miraculeuse, mais le jeune orphelin naïf n’a pas plutôt mis le pied dehors que les ennuis lui tombent dessus !

    Aventure et humour sont au rendez-vous pour ce récit d’initiation touchant, aux côtés de bandits, tueurs, nobles, princesses et servantes… chacun des personnages n’étant pas toujours ce qu’il parait. Très belle ambiance graphique pour cette histoire en un (gros) tome.

     

    bande dessinéeLe jardin de Rose

    Hervé Duphot

    Delcourt (Mirages), 2020, 112 p., 17€50

    Françoise vit en appartement de la banlieue parisienne et pointe à pôle emploi sans grand espoir.  Pour rendre service à sa voisine Rose, plâtrée, elle accepte de s'occuper provisoirement du jardin familial que celle-ci vient d'obtenir après des années d'attente. Les débuts sont difficiles, mais celle que tous les jardiniers prennent pour Rose se prend au jeu… Une bande dessinée délicate, sur un moment charnière dans la vie d’une femme, et le réapprentissage du bonheur.

     

    bande dessinéeAvec ou sans moustache

    Nicolas Courty (Scénariste), Efix (Dessinateur)

    Bamboo (Grand Angle), 2020, 104 p., 18€90

    Rochielle a eu du succès autrefois, avec la bande des Copains d’alors. Mais son mauvais caractère l’a fâché avec tous ses partenaires de l’époque, et il vit seul. Lorsqu’un producteur a l’idée de reformer l’équipe pour un nouveau projet, Rochielle refuse. Mais la tentation des caméras est trop forte, il se rase la moustache, et c’est en tant que sosie… de lui-même qu’il se fait embaucher ! Le lecteur se régale de cette aventure burlesque, où des personnages vieillissants règlent leurs comptes avec leurs amis et avec la vie.

     

    bande dessinéeLa force des femmes : rencontres africaines

    Joël ALESSANDRA

    Ed. Des Ronds dans l’eau, 2020, 120 p., 22€

    Tout est dans le titre et le sous –titre : Joël Alessandra retrace son envie de partir en Afrique, ses voyages, et surtout, les rencontres qui l’ont marqué, à Djibouti, au Tchad, en Centrafrique, au Congo, tantôt sur l'Oubangui ou le lac Kivu. Des élèves de dessin, une belle employée du consulat du Soudan, une inconnue dans le désert, le Dr Mukwege, autant de personnages qui nous parlent de la condition des femmes en Afrique. Les illustrations en couleur,  à l’aquarelle, et les très beaux paysages, allègent ces témoignages engagés. Chaque chapitre, ou récit, est introduit par un texte littéraire ayant un lien avec l’Afrique (André Gide, David Diop, Charles Baudelaire, Tahar Djaout etc....).

     

    bande dessinéePuisqu’il faut des hommes (Joseph)

    Philippe PELAEZ, ill. Victor Lorenzo Pinel

    Bamboo (Grand Angle), 2020, 64 p., 15€90

    1961, Joseph rentre d'Algérie. Pour les habitants du village, il n'est qu'un lâche qui s’est engagé pour éviter les durs travaux de la ferme, abandonnant sa famille, tandis que son frère a payé son absence d’un grave accident et se retrouve cloué sur un fauteuil roulant. Tous sont persuadés qu’il n’était qu’un planqué, travaillant dans les bureaux de l’armée loin des zones de combat. Son retour au pays se passe d’autant plus mal que celle qu’il espérait retrouver, n’ayant jamais reçu ses lettres, doit se marier avec un autre. Pourtant, ses lettres où il donnait des nouvelles des autres garçons du village sont bien arrivées à destination, et ont aidé les familles à tenir. Quand le fils du cafetier revient à son tour, lui qui s'est battu en Algérie, il révèle une vérité bien différente de ce que les villageois ont imaginé. Joseph est un héros attachant (presque trop exemplaire), qui peine à se réadapter dans une ambiance de village parfois mesquine, et en tout cas décalée par rapport à la réalité du terrain pour ceux qui ont combattu en Algérie.

     

    bande dessinéeDivine, Vie(s) de Sarah Bernhardt

    Eddy SIMON, Marie AVRIL

    Futuropolis, 2020, 176 p., 22€

    1871, pendant la guerre contre la Prusse, Sarah transforme le théâtre de l'Odéon en hôpital, et soigne les blessés. Lorsque la vie reprend son cours,  elle veut jouer dans une pièce prestigieuse qui révélera son talent. C’est le rôle de la reine dans le Ruy Blas de Victor Hugo qui lui offrira son premier triomphe... Forte de la liberté qui lui apporte son succès sur les planches, la comédienne n'hésite pas à claquer les portes des théâtres prestigieux (l'Odéon), joue selon son envie des rôles féminins ou masculins. Muse d’Émile Zola, Edmond Rostand, Marcel Proust ou Sacha Guitry, elle s'embarque aussi à plusieurs reprises dans des tournées internationales. Elle est aussi reconnue pour ses prises de positions audacieuses qui en font une citoyenne de premier plan : Féministe avant l'heure, elle milite aussi contre la peine de mort, et soutient Zola dans l'affaire Dreyfus.

    Biographie d’une femme atypique, cette bande dessinée est aussi un portrait de son époque foisonnante.

    Aline

  • Les jungles rouges du Cambodge

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    Les Jungles rouges

    Jean-Noël ORENGO

    Grasset, 2019, 272 p., 19€

     

    L’auteur mêle habilement histoire et fiction dans ce roman qui retrace l'histoire de l'Asie du Sud-Est et plus particulièrement du Cambodge, de la période coloniale des années 1920 à nos jours.

    Le récit débute en 1924 à Phnom Penh où André et Clara Malraux sont astreints à résidence dans l’attente de  leur procès pour vol de statues. Pour se sortir de cette situation, André Malraux, jamais à court d’idées, décide de faire de son procès celui du système colonial, et de créer un journal  « L’Indochine » dénonçant les méfaits de la colonisation. Ils entraînent dans cette aventure leur boy Xu, sa femme Thuy, Paul Monin, avocat au service des révolutionnaires chinois et un journaliste vietnamien radical Hjinn. Ils dénoncent l’arrogance du colonisateur, les scandales immobiliers, les compromissions,  la corruption des colons et aussi des élites cambodgiennes et s’attirent des haines féroces. Au fil des mois, des dissensions apparaissent dans le groupe, la pression extérieure devient de plus en plus forte et c’est la faillite.

    L’amitié que manifestaient les Malraux pour Xu et Thuy ne résiste pas ; ils ne tiennent pas leur promesse de les faire venir avec eux à Paris et les abandonnent à leur sort. Mis au ban de la société, Xu et Thuy survivent. Thuy meurt en donnant naissance à un fils Xa Prasith.  Son père rejoint des combattants anti-français et grâce à l’argent envoyé par Clara qui espère ainsi atténuer sa culpabilité, Xu Prasith fait ses études au lycée français d’Hanoï. Dans les années 1950, un reste de mauvaise conscience pousse le couple Malraux à l’inviter à venir terminer ses études à Paris.

    Le jeune homme se lie d’amitié avec Saloth Sâr venu également étudier dans la capitale. Le futur Pol Pot se politise au contact des intellectuels français, découvre le marxisme et a le sentiment grandissant d’avoir un rôle à jouer dans l’avenir de son pays. Toujours dans l’ombre, Xa Prasith, son fervent admirateur  va l’aider à obtenir et garder le pouvoir.

    On assiste à la désagrégation de la société coloniale et à la montée des idées révolutionnaires, auxquelles adhèrent de plus en plus de Cambodgiens et, en avril 1975 c’est la chute de Phnom Penh. Des centaines de personnes se réfugient à l’Ambassade de France et parmi elles Xa Prasith et sa petite fille Phalla âgée de 6 mois. Il la confie à des Français, car,  comme il l’explique à Marie et Maxime La Rochelle, un couple d’intellectuels en poste au Cambodge, il a été désavoué par Pol Pot dont il ne partage pas la violence. Rejeté par lui, il a déserté et c’est un homme en fuite qui se cache, et craint que son enfant ne connaisse un sort tragique. Il leur raconte ce qu’a été sa vie pour qu’ils puissent ensuite en faire part à sa fille. A travers son récit, il apparaît comme un héros, dévasté par la tragédie.

    Phalla se construit dans l'admiration de son père, figure mythique. Adulte, elle trace sa voie dans le milieu artistique et, en  1996, aux Beaux-Arts de Paris, elle rencontre Jean Douchy avec qui elle a une courte liaison. Tous deux sont fascinés par le destin de ce père mystérieux. Quelques années plus tard, en 2016, Jean Douchy devenu marchand d'art, est contacté  par une jeune cambodgienne après avoir mis en vente des photos datant de la dictature de Pol Pot. Une révélation finale  bouleverse tout ce qu’il croyait savoir sur Xa Prasith.

    Jean-Noël Orengo a écrit un livre foisonnant, dense et passionnant. Il donne beaucoup de réalisme au personnage ambigu de Xu Prasith. Sa description des milieux intellectuels parisiens qui ont fortement influencé de futurs dictateurs, est très juste. De même il montre très bien l’évolution de Pol Pot et la dérive terrible de sa vision politique qui va aboutir à l’extermination d’un peuple.

    C’est un roman aux multiples intervenants, un brassage d’époques et de personnages fictifs et réels, une intrigue complexe, une fascination pour l’Asie.

    "Les jungles rouges" c’est aussi ces terres "hantées habitées des pires créatures de la terre, minuscules et voraces, de félins fous et surtout d'esprits, de fantômes, une armée de l'au-delà. Des jungles rouge meurtre, comme la couleur des pistes de ce pays menant vers les populations les plus reculées, les moins visitées de la colonie".

    Un long poème anticolonial et révolutionnaire "Comme vous mais pas tout à fait comme vous" imprimé en 1910 à Saïgon sous un pseudonyme et signé Khmer Daeum (Khmeer premier) accompagne le récit :

    "Comme vous je suis éprise de liberté

    mais pas tout à fait comme vous je m’y emploie

    car m’en ayant privée c’est vous que je combats"

    Annie P.

  • Mésamour

    Deux romans sur l'amour maternel qui dérape.

     

    roman,famille,maternitédes astres

    Séverine VIDAL

    Sarbacane (Exprim’), 2019, 234 p., 16€

     

    Quand une mère n’aime qu’elle-même...

    C’est l’histoire de Pénélope, étouffée et rabaissée à la moindre occasion par sa mère. "Irène était tout ça à la fois : une mère tirée à quatre épingles, classe et élégante, la séductrice en chef, et celle des mauvais jours, qui se laisse franchement aller, abrupte et rêche. Difficile pour une petite fille de vivre à côté d’une mère pareille, de grandir dans son ombre... C’est pourtant comme ça que le concevait Pénélope : une petite vie, recroquevillée dans l’ombre de la pieuvre. Irène passait d’une minute à l’autre du sourire à la grimace, du mot tendre à la vacherie cinglante.  Une pieuvre, à cheval sur deux pôles, voilà ce qu’était sa mère." 

    Comment s’étonner alors, qu’avec toutes les manœuvres de la belle, la terrifiante Irène, elle ait pensé agir pour le bien de son bébé en l’abandonnant à la naissance ? C’est aussi l’histoire de Romane, heureuse dans sa famille d’adoption, qui ressent pourtant le manque de sa « fausse maman ». Romane qui ne sait si elle doit la rencontrer ou la rejeter...

    Un roman direct, pour grands ados ou adultes, sur les relations mère-fille, parfois destructrices, parfois lumineuses.

     

    roman,famille,maternitéImpasse Verlaine

    Dalie FARAH

    Grasset, 2019, 218 p., 18€

     

    Quand une mère aime avec violence...

    Ici aussi, trois générations de femmes, et beaucoup de violence, physique cette fois. Djemaa, ou Vendredi, jolie petite fille agitée, une vraie chèvre sauvage, a grandi dans un village au pied des Aurès sous les coups de sa mère qui ne comprenait pas son besoin de liberté. A son tour, Vendredi, mariée de force à un homme de vingt ans son aîné et exilée en France, développe une relation d’amour-haine avec sa fille.

    Impasse Verlaine, c’est l’endroit où grandit la fille de Vendredi, entre la serpillère et la cuisine, dans une cité de Clermont-Ferrand où ses parents  Algériens ont trouvé du travail. La narratrice s'interroge sur l'origine des violences de sa mère, à qui elle sert de servante familiale et de souffre-douleur. Lieu d’instruction approuvé par Vendredi (frustrée par son illettrisme), l'école la sauve. C'est là qu'elle trouve une forme de paix et découvre la littérature. En toile de fond, l'auteur évoque sans concession un certain milieu populaire où une petite fille peut subir des violences sans que personne ne lui vienne en aide.

    Prix des lycéens et apprentis 2020.

    Aline

  • Les livres aussi se déconfinent

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    Profitez du service de prêts à emporter pour emprunter une "nouveauté" fraîchement arrivée en rayon. Petit aperçu des derniers romans mis à disposition.

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    roman,roman étranger,nouveautésPensez à prendre rendez-vous et réserver vos livres ! Sur le site du réseau des bibliothèques, on vous explique comment faire, mais vous pouvez aussi nous appeler le matin au 04 72 31 67 66.

  • Le "nature writing" avec les éditions Gallmeister

    Le Nature Writing, "écrits sur la nature" est un genre littéraire né aux États-Unis, qui remonte à Henry D. Thoreau. Les éditions Gallmeister sont spécialisées dans ce genre, qui mêle récit et observation de la nature. Les auteurs américains décrivent et interrogent les beautés et les contradictions de leur immense territoire et de ses habitants. Détectives privés de la côte Ouest ou guides de pêches de la côte Est, traders new-yorkais ou cow-boys mélancoliques sont autant de représentations d’une Amérique plurielle. Voici une sélection de titres que nous avons apprécié ces dernières années. Vous pouvez les emprunter à la bibliothèque de Soucieu. (Ou pour certains les télécharger sur le site de la Médiathèque du Rhône)

     

    amérique,roman étranger,natureVis-à-vis

    Peter SWANSON

    Gallmeister (Americana), 2020, 392 p., 23.80€

    Illustratrice de talent bipolaire, Hen emménage avec son mari Lloyd dans une petite ville proche de Boston. A l'occasion d'un dîner chez les nouveaux voisins, Hen remarque dans le bureau de Matthew un objet lié à un meurtre non résolu qui l'avait obsédée dans sa jeunesse. Persuadée que Matthew est le coupable, elle cherche à trouver des preuves, mais comprend très vite que le tueur sait qu'elle sait... À moins que tout cela ne soit le symptôme d'un nouvel épisode psychotique... ou une trouble coïncidence ? Ce thriller psychologique dévoile peu à peu  manipulations, obsessions, et relations dérangeantes entre les personnages.

     

    amérique, roman étranger, natureLa vie en chantier

    Pete FROMM

    Gallmeister (Americana), 2019, 380 p., 23.60€

    Marnie et Taz sont jeunes, joyeux et vibrants d'un amour passionné et fusionnel. Lorsque Marnie apprend qu’elle est enceinte, ils commencent à retaper avec ardeur leur petite maison de Missoula, dans le Montana. Hélas, Marnie meurt à la naissance du bébé, laissant Taz seul face à un deuil insupportable, avec sa fille sur les bras. Il plonge alors tête la première dans le monde de la paternité, un monde de responsabilités et d’insomnies, de doutes et de joies inattendues. Un roman touchant rempli d’espoir et de tendresse !

     

    amérique, roman étranger, natureMy absolute Darling

    Gabriel TALLENT

    Gallmeister (Americana), 2018, 464 p., 24.40€

    À quatorze ans, Turtle Alveston arpente les bois de la côte nord de la Californie avec un fusil et un pistolet pour seuls compagnons. Elle trouve refuge sur les plages et les îlots rocheux qu’elle parcourt sur des kilomètres. Mais si le monde extérieur s’ouvre à elle dans toute son immensité, son univers familial est étroit et menaçant : Turtle a grandi seule, sous la coupe d’un père charismatique et abusif. Sa vie sociale est confinée au collège, et elle repousse quiconque essaye de percer sa carapace. Jusqu’au jour où elle rencontre Jacob, un lycéen blagueur qu’elle intrigue et fascine à la fois. Poussée par cette amitié naissante, Turtle décide alors d’échapper à son père et plonge dans une aventure sans retour où elle mettra en jeu sa liberté et sa survie.

    Livre phénomène de l’année 2017 aux États-Unis, ce roman inoubliable sur le combat d’une jeune fille pour son salut marque la naissance d’un nouvel auteur au talent prodigieux.

     

    amérique, roman étranger, natureDans la forêt

    Jean HEGLAND

    Gallmeister (Nature writing), 2017, 304 p., 23.50€

    Nell et Eva, dix-sept et dix-huit ans, vivent depuis toujours dans un certain isolement, leur maison familiale étant nichée à l’écart des villes, au cœur de la forêt. Quand le monde moderne s’effondre, que leurs parents disparaissent, que ni les véhicules ni les informations ne circulent plus, elles demeurent vraiment seules. Il leur reste leur passion pour la danse et la lecture, mais il va leur falloir apprendre à devenir autonomes, à survivre, et à faire confiance à la forêt qui les entoure.

    Roman sensuel et puissant, où les deux jeunes femmes entraînent avec elles le lecteur vers une vie nouvelle. Lire également la très belle adaptation en bande dessinée par Lomig, chez Sarbacane.

     

    amérique,roman étranger,natureUne affaire d’hommes

    Todd ROBINSON

    Gallmeister (Néo noir), 2017, 368 p., 22 €

    Bon polar à l’américaine, avec un détective privé qui boit, cogne et reçoit des beignes, un gros dur un peu sentimental, avec son code de l’honneur et ses vulnérabilités. Une fois passées les premières pages, qui désarçonnent par leur rapide entrée en matière dans le monde de la nuit, on apprécie l’ambiance de ce polar où les apparences sont parfois bien trompeuses…

     

    amérique,roman étranger,natureAquarium

    David VANN

    Gallmeister (Nature writing), 2016, 270 p., 23€

    Caitlin, douze ans, vit seule avec sa mère, trimardeuse sur le port de Seattle. La vie n’a pas été facile pour cette femme désabusée. Elles n’ont aucune famille, et sont tout l’une pour l’autre, même si un sympathique Steve commence à faire son apparition de temps en temps. Le soir après l’école, en attendant que sa mère rentre, Caitlin court à l’aquarium et se plonge dans la contemplation des animaux marins. Régulièrement, elle rencontre un vieil homme qui semble comprendre et partager sa passion pour les poissons. Elle se réjouit de ce début d’amitié, jusqu’à ce qu’elle en parle à sa mère, déclenchant une violence proportionnelle à la colère jusqu’ici contenue par sa mère.

    La prose cristalline de David Vann nous apprend comment le désir d’amour et l’audace de la jeunesse peuvent guérir les blessures du passé. Aquarium est un pur moment de grâce offert par l’un des plus grands écrivains américains actuels.

     

    amérique,roman étranger,natureRetour à Oakpine

    Ron CARLSON

    Gallmeister (Nature Writing), 2016, 23.10 €, 281 p.

    Amis au lycée, à l’époque rapprochés par leur groupe de musique « Life on Earth », ils se sont peu vus pendant leur vie d’adultes. Certains ont passé toute leur vie à Oakpine, d’autres y reviennent, ramenés à la petite ville par les circonstances. Les souvenirs marquants renaissent, frais comme si la dernière année de lycée datait d’hier. C’est un temps de bilan pour les cinquantenaires mesurant le chemin parcouru ou le temps gâché. C’est aussi l’heure des derniers tournants, le moment de se sentir pleinement vivants, tandis que la génération suivante –la jeunesse dorée- est à son tour confrontée à ses premiers choix d’adultes.

    L’auteur du Signal nous offre ici un roman empreint de tendresse et de nostalgie, que le lecteur aimerait faire durer pour profiter un peu plus longtemps de ces hommes forts au cœur tendre, de leur amitié, du bonheur du travail bien fait, des repas partagés, de l’ivresse de la course à pied, et du pouvoir de l’écriture.

     

    amérique,roman étranger,natureLes arpenteurs

    Kim ZUPAN

    Gallmeister (Nature Writing), 2015, 271 p., 23.50€

    Ce roman est avant tout le récit d’une relation complexe entre deux hommes aux antipodes l’un de l’autre, un assassin et son geôlier : John Gload, vieux criminel récidiviste, s’est enfin fait pincer et attend son procès dans la prison du Montana.
    De l’autre côté des barreaux, un jeune adjoint au shérif est astreint à passer des nuits de surveillance dans la prison. Contrairement à certains collègues, Millimaki essaie d’exercer son métier avec humanité, mais il souffre de sentir sa vie et son mariage, lui échapper.  

    D’une beauté puissante, les Arpenteurs explore la frontière floue entre le bien et le mal. Pour l'auteur, qui oppose le huis-clos de la prison aux immenses espaces nord-américains, le Montana sauvage est une présence constante dans le récit, émaillé de descriptions de la nature.

     

    amérique,roman étranger,natureDes hommes en devenir

    Bruce MACHART

    Gallmeister (Nature Writing), 2014, 193 p., 22 €

    Recueil de nouvelles, assez noires au premier abord. Chacune de ces histoires, nous fait partager les fêlures d'hommes ordinaires dans des paysages typiquement américains, le plus souvent texans. Des histoires de chiens écrasés, d’accidents, d’enfants morts ou de parents disparus, ou tout simplement de garçons ou d’hommes ordinaires faisant de leur mieux dans des circonstances difficiles. Une écriture très maîtrisée.

     

    amérique,roman étranger,natureLes douze tribus d’Hattie

    Ayana MATHIS

    Gallmeister (Americane), 2013, 313 p., 23.40€

    Philadelphie, 1923. Hattie arrive de Géorgie pour fuir le Sud rural et la ségrégation. Aspirant à une vie nouvelle, forte de l'énergie de ses seize ans, elle épouse August. Au fil des années, cinq fils, six filles et une petite-fille naîtront de ce mariage. Douze enfants qui égrèneront, au fil de l'histoire américaine du XXe siècle, leur parcours marqué par le fort tempérament de leur mère, sa combativité et ses failles secrètes. Telles les pièces d'un puzzle, les douze tribus d'Hattie dessinent en creux le portrait d'une mère insaisissable et la condition noire aux Etats-Unis.

     

    amérique,roman étranger,natureDésolations

    David VANN

    Gallmeister (Nature writing), 2011, 296 p., 23.40€

    Les enfants ont grandi, le couple bat de l'aile, le mari décide de s'installer sur une île isolée avec sa femme, pas très enthousiaste. Plus la cabane se construit, plus la tension monte... Réflexion sur le couple et le temps qui passe, ce livre enchante aussi par de très belles pages sur l'Alaska. Il est tout aussi fort que Sukkwan Island, même si l'on ne retrouve pas l'aspect de huis-clos morbide du magistral premier roman de David Vann.

     

    amérique,roman étranger,natureLittle Bird

    Craig JOHNSON

    Gallmeister (Noire), 2009, 408 p., 24.30€

    Walt Longmire, shérif dans le Wyoming, gère la police du comté avec un mélange d'efficacité et de bonhommie. En fin de carrière, légèrement dépressif depuis la mort de sa femme, il doit enquêter sur le meurtre de Cody Pritchard, un jeune Blanc condamné à une peine légère deux ans auparavant pour le viol collectif d'une jeune Indienne. La clémence du verdict avait attisé les tensions entre les communautés. Inévitablement, les soupçons de Walt Longmire se tournent vers la communauté indienne, et en particulier son meilleur ami, Henry Standing Bear, l'oncle de la victime. Un très bon polar sur fond de tradition indienne et de nature vertigineuse. Walt, tolérant et compréhensif, trait d'union entre les communautés, est un personnage attachant, que l’on retrouve avec plaisir dans d’autres tomes.

     

  • Tout bouge autour de moi

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    Tout bouge autour de moi

    Dany LAFERRIERE

    Grasset, 2011, 208 p., 15.30€

     

    Récit. Le 12 janvier 2010, Dany Laferrière se trouve à Haïti pour le festival « Etonnants voyageurs », au moment du  tremblement de terre. Au contraire de tant d'autres, il réchappe à la catastrophe.

    « Tout cela a duré moins d'une minute. On a eu huit à dix secondes pour prendre une décision. Quitter l'endroit ou rester. Très rares sont ceux qui ont fait un bon départ […] On s'est retrouvés à plat ventre, au centre de la cour. Sous les arbres. La terre s'est mise à onduler comme une feuille de papier que le vent emporte. Bruits sourds des immeubles en train de s'agenouiller. Ils n'explosent pas. Ils implosent, emprisonnant les gens dans leur ventre. Soudain, on voit s'élever dans le ciel d'après-midi un nuage de poussière. Comme si un dynamiteur professionnel avait reçu la commande expresse de détruire une ville entière sans encombrer les rues afin que les grues puissent circuler. »

    Un an après, il reprend ses notes, témoigne sobrement de ce qu’il a vu et livre ses pensées au moment du séisme et dans les mois qui ont suivi. Les nuits dans les parcs et jardins, telle grand-mère qui tente d’épargner son petit-fils en substituant aux images horribles des chansons et des mythologies qu’elle tire de sa mémoire vacillante, l’errance pour passer prendre des nouvelles de sa famille et de ses amis artistes, la maison de Lyonel Trouillot, d’où semble  s’organiser la solidarité de quartier, les fausses rumeurs…

    Avec ses lecteurs, l'auteur partage ni plus, ni moins que des instants, pas de pathos, peu d'approfondissement.