Polars présentés lors du bouillon de lecture de mars 2019 à la bibliothèque de Soucieu.
Par-delà la pluie
Victor DEL ARBOL
Actes Sud (Noirs), 2019, 448 p., 23€
Traduit de l’espagnol Por encima de la lluvia par Claude Bleton
Deux pensionnaires d’une maison de retraite au Maroc prennent la route. Hélène, marquée par la disparition de son père lorsqu’elle était enfant ; et Miguel, ancien banquier rigide, veuf, qui regrette un amour manqué, et s'inquiète pour sa la fille en proie aux violences de son mari. De très belles pages, bien écrites, pour ce roman noir. De 1947 à 2014, on voyage du Maroc, à travers l’Espagne et jusqu’en Suède autours de destins croisés, marqués par des traumatismes. Vieillesse, violence, crimes,… le bonheur s’échappe toujours.
Le Président a disparu
Bill CLINTON & James PATTERSON
JC Lattès (Thrillers), 2018, 491 p., 23€
Traduit de l’américain The President is missing
Thriller politique qui se déroule en trois jours. Une menace terroriste pourrait mener les Etats-Unis au chaos. Le Président réunit ses alliés (Israël et Allemagne). Situation haletante, à la recherche de deux mots de passe cruciaux et de la taupe qui informe les criminels. Intrigue assez classique, mais bien menée, avec des rebondissements.
La peau de César
René BARJAVEL
Mercure de France, 1985 / Gallimard (Folio), 6.80€
Nîmes, une lettre anonyme avertit le commissaire Mary que César sera réellement tué pendant la représentation de Shakespeare dans les arènes. Malgré les précautions, l’acteur est tué… Quel plaisir de retrouver la plume de Barjavel, dans ce dernier roman publié de son vivant !
La fille d’avant
J.P. DELANEY
Ed. Mazarine, 2017, 430 p., 21.90€
A l’issue d’un drame éprouvant, Jane cherche à tourner la page en déménageant. Un appartement la séduit : remarquable, connecté, minimaliste… et bon marché ! La jeune femme est séduite, elle voit là l’occasion de faire table rase de son passé. Mais pour y vivre, il faut se plier aux règles draconiennes, minimalistes et intrusives, fixées par l’architecte. Des événements inquiétants se produisent, et l’auteur sait fait monter la tension progressivement.
Pension complète
Jacky SCHWARTZMANN
Seuil, 2018, 184 p., 18€
Dino Scala, le personnage principal -tout comme l’auteur- est issu de la banlieue de Buers, à Lyon. Il vit aux crochets de sa femme plus âgée, milliardaire de la haute société luxembourgeoise. Dans ce milieu très bourgeois, il a gardé son parler franc et ses réactions vives. Suite à un coup de poing malencontreux, il doit se faire oublier et part dans le sud de la France. Après une panne improbable à La Ciotat, Dino fait halte dans camping. Il y rencontre un écrivain, venu là « à la rencontre des vrais gens » pour retrouver l’inspiration. Entre eux, se crée un lien « par défaut » ; ils tuent le temps… tandis que les morts accidentelles se multiplient au camping. De l’humour et une écriture assez verte pour ce polar à l’humour décalé.
Toute la vérité
Karen CLEVELAND
R. Laffont (La bête noire), 2018, 367 p., 21€
Traduit de l’américain Need to know par Johan-Frédérik Hel-Guedj
Mariée depuis 10 ans, et mère de 4 enfants, Vivian Miller est agent du contre-espionnage à la CIA. En développant un logiciel permettant de repérer les agents dormants russes, elle accède à un dossier secret qui remet en cause sa vie et sa famille ! L’auteur a travaillé 8 ans comme analyste à la CIA.
Le journal de ma disparition
Camilla GREBE
Calmann-Lévy (Noir), 2018, 424 p., 21.90€
Traduit du suédois Husdjuret par Anna Postel
Deux ans ont passé depuis la précédente enquête Un cri sous la glace, et Hanne vit en couple avec son collègue policier Peter Lindgren. Elle a de sérieux problèmes de mémoire et tient un petit carnet où elle note les détails de ses enquêtes. Ils sont appelés en renfort auprès de l’inspecteur Malin pour élucider un meurtre, qui semble lié à un cadavre découvert au même endroit il y a dix ans. Hanne perd son carnet, retrouvé par un jeune homme qui s’en sert pour résoudre l’intrigue. L’écriture est quelconque, mais le récit réserve des surprises jusqu’au bout, et présente une peinture intéressante du village du fin fond de la Suède, paumé, appauvri, ou l’installation de migrants musulmans est mal perçue. L’auteur souhaite renverser le regard porté sur les exilés : ces réfugiés pourraient être nous ! Prix du meilleur polar suédois 2017.
Sur le toit de l’enfer
Ilaria TUTI
R. Laffont (La bête noire), 2018, 405 p., 20€
Traduit de Sopra l’Inferno (via l’anglais !)
L’intrigue se situe dans les montagnes isolées du Frioul, entre Italie et Autriche, sur plusieurs périodes (1936, 1978 et 1993). Dans un village très fermé, qui vit du tourisme sans vouloir élargir le domaine skiable, se succèdent meurtres et agressions. Le récit laisse une large part à la psychologie, celle des victimes, des bourreaux, mais aussi celle des enquêteurs, avec le personnage de la commissaire Bataglia, qui mène la vie dure au jeune inspecteur Massimo qui les rejoint. Bourrue et cinglante, mais adulée par son équipe, elle ne reconnaît que la compétence, et tente de tenir à distance les premières attaques d’Alzheimer. L’histoire nous plonge dans le passé de la région, et s’inspire des expérimentations comportementales réalisées par un psychanalyste nazi, Spitz.
Back-up
Paul COLIZE
La manufacture des Livres, 2012 / Folio policier, 2013, 496 p., 8.30€
Un back-up, dans le milieu du rock, c’est un musicien de remplacement. Sur toile de fond des années « sexe, drogues et rock n’roll », l’auteur monte un récit puzzle, à lire d’une traite pour s’y retrouver. Berlin, 1967, les 4 musiciens du groupe Pearl Harbor meurent, dans différentes parties du globe, semble-t-il d’accidents. Bruxelles, 2010, un SDF est renversé par une voiture. C’est l’ancien batteur back-up du groupe, qui souffre du locked in syndrome, et se remémore ses années d’errance sans pouvoir communiquer. Le lecteur suit avec avidité ces 2 histoires parallèles qui sont évidemment liées. Le roman est truffé de références à la musique. Petite coquetterie : chaque chapitre a un titre musical (dernière expression dudit chapitre).
Du même auteur, Michèle signale Un long moment de silence, sur les juifs sortis des camps, et leurs enquêtes pour retrouver leurs tortionnaires allemands.
La disparue de la cabine n°10
Ruth WARE
Fleuve Noir, 2018, 432 p., 20€
Traduit de l’anglais The Women in Cabin 10 par Héloïse Esquié
Laura, rédactrice pour un magazine de voyages, a une belle opportunité de faire ses preuves en participant à la croisière inaugurale d’un yacht de luxe dans les fjords norvégiens. La première nuit en mer, elle croit entendre un cri en provenance de la cabine n° 10, suivi de la chute d’un corps dans l’eau. Elle pense avoir assisté à un meurtre, mais le personnel prétend que cette cabine a toujours été vide, et personne n’a disparu. De plus, la crédibilité de Laura est mise en doute en raison de sa tendance à cumuler alcool et médicaments. L’intrigue, bien menée, se passe en huis clos, avec un personnage plutôt sympathique quoique névrosé, qui disparait à son tour. La peinture des « riches et puissants » aurait pu être plus incisive. Thriller assez bien ficelé.
Le Bibliothécaire
Larry BEINHART
Gallimard (série noire), 2005, 450 p., 24€
Traduit de The Librarian par Patrice Carrer
Pour arrondir ses fins de mois, et par amour des livres, David Goldberg devient bibliothécaire privé pour un milliardaire américain. Or Alan Stowe fait partie des « Eléphants d’or », gros bailleurs de fonds du parti Républicain, peu avant les élections présidentielles. A classer les documents confidentiels de l’industriel influent, le bibliothécaire se retrouve rapidement pris en chasse par les barbouzes républicains… alors qu’il n’a aucune idée de l’information qu’on lui reproche de détenir. Thriller politique américain typique, assez réussi, ne serait-ce que pour son personnage principal de bibliothécaire, et pour la belle Niobé, Mata Hari pleine de surprises qui tente de le séduire.
Chambre froide
Tim WEAVER
Micro Application (Pôle noir-thriller), 2013, 417 p., 20€
Traduit de Chasing the Dead par Véronique Gourdon
Un an après la mort de son fils, une femme est persuadée de l’avoir vu dans la rue, alors qu’il avait été formellement identifié par son empreinte dentaire après un accident de la route. Elle embauche David Raker, détective spécialiste des personnes disparues. Depuis que sa femme est morte, David n’a plus rien à perdre. Aussi n’abandonne-t-il pas l’enquête, même lorsque l’enquête devient dangereuse, et que morts et disparus se multiplient. Le personnage de l’enquêteur entêté est plutôt sympathique, mais ce thriller est un peu dérangeant, par son registre glauque de la souffrance physique et de l’aliénation.
L’île des absents
Caroline ERIKSSON
Presses de la Cité, 2018, 236 p., 19€
Traduit du suédois De Försvunna par Laurence Mennerich
Greta et son amant (marié) Alex passent un week-end au bord du Cauchemar, un lac suédois isolé, dont la légende voudrait qu’il soit maudit. Lors d’une sortie en barque avec la petite Smilla, fille d’Alex, Greta laisse Alex et sa fille débarquer seuls sur un îlot pour une promenade. Lorsqu’ils tardent à revenir, Greta s’affole et l’angoisse monte. Thriller psychologique angoissant, mais un peu vite traversé. Un lien intéressant (quoiqu’assez « fabriqué ») est fait entre plusieurs femmes subissant l’emprise et la violence des hommes.