Je suis une viking
Andrew David MACDONALD
Nil, 2020, 448 p., 21€
Traduit de l’anglais (Canada) par Valentine Leys
La narratrice, victime du syndrome d’alcoolisme fœtal, n’est pas tout à fait comme les jeunes femmes de son âge. Elle se passionne pour l’histoire des vikings, forts, courageux, dont les héros protègent ceux qui ne peuvent pas se défendre. Elle imagine ce que pourrait être sa saga si sa famille était une tribu viking, et choisit de construire sa légende personnelle. Plein d’humour et très rafraichissant, ce roman se lit facilement.
Le sel de tous les oublis
Yasmina Khadra
Julliard, 2020, 256 p., 19€
Adam, instituteur, vit à Alger, après l’époque du colonialisme. Lorsque sa femme le quitte, il perd pied, part à pied, boit beaucoup, se fait agresser, est emmené dans un asile, puis mène une vie d’errance. En marchant dans les montagnes, il rencontre une série de personnes bienveillantes, alors que lui-même est agressif et ombrageux… Un très bon Khadra !
Impossible
Eri de Luca
Gallimard (Du monde entier), 2020, 174 p., 16€50
Un magistrat interroge un suspect, et l’accuse d’avoir tué un autre alpiniste. Sans preuve, il se base sur la coïncidence de leur présence à tous deux dans les Dolomites : l’accidenté est l’homme qui avait trahi le suspect et ses camarades révolutionnaires dans leur jeunesse. Il ne se passe rien dans ce roman, composé en alternance du dialogue entre le magistrat et le suspect, et des lettres du suspect à son amour. Et pourtant, c’est une merveille !
Betty
Tiffany McDaniel
Gallmeister (Americana), 2020, 720 p., 26€40
Fille d’un père cherokee et d’une mère blanche, Betty vit dans l’Ohio. Le roman explore sa belle relation avec son père, ses rapports avec sa fratrie et sa mère bipolaire et déséquilibrée, ses liens très forts avec la nature. La ressource de Betty, c’est d’écrire tout ce qui se passe dans sa famille, et d’enterrer ses petits papiers. Le sort des filles américaines jusqu’à la fin des années 1960, un secret de famille, un père qui sait admirablement valoriser ses enfants… C’est magnifique !
Longtemps je me suis couché de bonheur
Daniel Picouly
Albin Michel, 2020, 328 p., 19€90
Un adolescent des années 1960, vivant dans une Cité, se plonge dans l’œuvre de Proust pour l’amour d’une Albertine. On retrouve avec plaisir l’écriture déjantée de Picouly.
Le répondeur
Luc Blanvillain
Quidam, 2020, 260 p., 20€
Un écrivain célèbre surmené, qui doit terminer son ouvrage, embauche un imitateur, « double » qui doit le remplacer au téléphone…
Marcher la vie ; un art tranquille du bonheur
David Le Breton
Metailie (Suites, Sciences Humaines), 2020, 164 p., 10€
Professeur à Strasbourg, David Le Breton dans cet essai « Rousseau-iste » nous démontre en quoi marcher peut transformer la vie.
L’usurpateur
Jørn Lier Horst
Gallimard (Série Noire), 2019, 448 p., 22€50
Traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier
Au même moment, deux hommes dont la mort remonte à 4 mois, sont découverts : l’un devant sa télévision allumée, l’autre dans une forêt de sapins. L’inspecteur de police se concentre sur la deuxième victime, tandis que sa fille journaliste enquête sur la première – se demandant comment on peut mourir chez soi sans que personne ne s’en rende compte ! Le récit est crédible, dans une ambiance d’hiver norvégien (l’auteur est lui-même policier en Norvège). Les chapitres sont alternés entre les deux enquêtes, dans une intrigue qui tient bien la route, avec plusieurs fausses pistes.
Les jours brûlants
Laurence Peyrin
Calmann-Levy, mai 2020, 324 p., 20€50
Une bourgeoise californienne à la vie bien rangée est bouleversée par une agression. Elle remet toute sa vie en question et bascule. Se lit facilement.
Le bal des folles
Victoria Mas
Albin Michel, 2019, 256 p., 18€90
Prix Renaudot des Lycéens 2019
Chaque année à la mi-carême se tient, avec les malades de l’hôpital de la Salpêtrière, un très étrange Bal des Folles, expérimentation de Jean-Martin Charcot. En évoquant l’histoire de la médecine aliéniste d’autrefois et les balbutiements de la psychiatrie, Victoria Mas se penche sur la condition féminine au 19e siècle dans un récit effarant.
La plus précieuse des marchandises, un conte
Jean-Claude Grumberg
Seuil (La Librairie Du XXIe siècle), 2019, 120 p., 12€
Un couple de bûcherons sans enfant vit chichement dans les bois, à l’affut des ballots qui pourraient tomber du train de marchandises. Il en tombe parfois des papiers, mais un jour, c’est un paquet qui est lancé vers la bûcheronne. C’est une fillette, sauvée du convoi 49…
« La seule chose qui mérite d’exister dans la vie vraie comme dans les romans, c’est l’amour. »
Une présence dans la nuit
Emilie Edgar
Belfond, 2018, 392 p., 21€
Premier roman, policier psychologique. Alice Taylor, infirmière, sait d’ordinaire séparer sa vie professionnelle de sa vie privée. Elle est pourtant très attachée à Cassie, une jeune femme dans le coma après avoir été renversée par un chauffard. Dans la même chambre qu’elle, Franck, prisonnier du syndrome d’enfermement, est témoin des visites au chevet de Cassie, connaît l’identité du chauffard, et sait qu’elle est en danger. Pourra-t-il prévenir Alice ?
Dans le murmure des feuilles qui dansent
Agnès Ledig
Albin Michel, 2018, 388 p., 20€
Hymne à la vie et à la résilience, émouvant et simple autour de quatre personnages : Anaëlle, qui a subi de graves opérations suite à un accident de voiture et a dû écourter ses études, a une relation épistolaire belle et poétique avec un ancien professeur de droit. Thomas passe ses journées en forêt, avant de venir raconter tout ce qu’il y a vu à son jeune frère Simon, hospitalisé.
La vie secrète des arbres
Peter Wohlleben
Les Arènes, 2017, 260 p., 20€90
Ecrit par un ingénieur forestier allemand, cet excellent documentaire sur l'interaction entre les arbres, est beau comme un conte. Il donne envie d'aller se promener et observer en forêt.
Tropique de la violence
Nathacha Appanah
Gallimard (Blanche), 2016, 176 p., 17€50
Prix Fémina des Lycéens 2016
Une infirmière française à Mayotte, en mal d’enfant, adopte un bébé aux yeux vairons, abandonné à l’hôpital par une jeune clandestine. Elle lui donne une éducation plutôt privilégiée, mais en grandissant, Moïse vit mal ses silences sur son histoire. Lorsque sa mère adoptive meurt subitement, il part à la dérive avec son chien, et entre dans une spirale infernale aux mains d’une bande de malfrats. Très belle écriture poétique et puissante, alternée entre cinq narrateurs : la mère, Moïse, le chef de bande, le policier, le travailleur humanitaire.
Ce roman a fait l’objet d’une belle adaptation en BD par Gaël Henry, chez Sarbacane, en 2019.
Dans le même genre, en Guyane, lire aussi Obia, de Colin Niel.
Et tu trouveras le trésor qui dort en toi
Laurent Gounelle
Kero, 2016, 20€90
Alice se met en tête d’aider son ami d’enfance, prêtre, à remplir à nouveau sa paroisse. Elle décide d’attirer les fidèles en appliquant ses techniques de marketing à la religion. Pour ce faire, elle essaie de comprendre et décortiquer les grands courants religieux. Quand Gounelle s’essaie à la philosophie des religions dans un grand fourre-tout syncrétiste pseudo-pédagogique…
L’été contraire
Yves Bichet
Mercure de France, 2015 / Gallimard Folio, 2017, 6€90
Une infirmière de maison de retraite, complice d’une virée des résidents au casino de Vals les Bains, se fait renvoyer. Toute l’équipe part alors dans une joyeuse escapade. Très bons dialogues et descriptions !
Le temps des réformes
Pierre Chaunu
Fayard, 1976, réed 1999 et 2003
Ce documentaire autour de la Réforme permet de comprendre bien des choses actuelles. Pierre Chaunu retrace l'évolution de la pensée, depuis les origines de l'Antiquité gréco-latine, la construction judéo-chrétienne, la Réforme… jusqu’à notre civilisation.
Et les lectures coup de cœur, valeurs sûres dont les critiques se trouvent sur ce blog :
Opus 77, Alexis Ragougneau
De pierre et d’os, Bérengère Cournut
Une rose seule, Muriel Barbery
L’arbre monde, de Richard Powers (voir critique)
Âme brisée, d’Akira Mizubayachi
En attendant Bojangles, Olivier Bourdeaut
Changer l’eau des fleurs, Valérie Perrin