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  • Autrice à découvrir

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    Une vie et des poussières

    Valérie CLO

    Buchet-Chastel, 2020, 240 p., 16€

     

    Mathilde 84 ans entre en EHPAD sur décision de sa fille Rose 60 ans. Rose est une femme qui aime le contrôle et la sécurité, et mène tout le monde à la baguette ! Elle cache en elle une blessure, celle de l’absence d’une mère journaliste très occupée par son travail. Au contraire, son frère Baptiste préfère la paix au conflit, et souvent il ne dit rien pour éviter de s’opposer à sa sœur.

    Mathilde a reçu un petit calepin en cadeau, de la part de Maryline une aide soignante avec qui elle a lié une amitié pudique. Maryline, c’est une aide-soignante dynamique, joyeuse, professionnelle qui refuse de sacrifier le lien humain avec les résidents au profit du rendement.

    Mathilde va noter dans son petit carnet ses souvenirs, son enfance marquée par la guerre, la disparition d’un père et le placement chez des paysans en zone libre. Elle écrit également sur le quotidien d’une vie en EHPAD avec ses bons et mauvais jours.

    Son carnet sera découvert par l’aide soignante qui avant de le rendre à la famille écrira un courrier à un éditeur….

    Pour faire court, je dirai que c’est un livre « charmant », une leçon de vie, pleine de luminosité, malgré des événements dramatiques survenus durant l’enfance. C’est également un hommage au personnel soignant en EHPAD

    Pascale

  • De l'humour au bouillon

     

    humourRire enchaîné

    Petite anthropologie de l’humour des esclaves noirs américains.

    Anacharsis, 2016, 14€

    Tradition et culture orales, collectées dans le partie sud des Etats Unis, par des « folkloristes » américains des années 1880 aux années 1960. Traduction par un journaliste de Radio France, Thierry Beauchamp. Situations humoristiques empruntes de naïveté, dans une atmosphère des états du sud, des bayous.

     

    Pour ce thème « humour », beaucoup de bandes dessinées !

     

    humourToajêne

    Bruno Bozzetto, Grégory Panaccione

    Delcourt, 2020, 19€99

    Quand un microbe amoureux redonne espoir à toute l’humanité, accablée par une pandémie… Mais ce microbe amoureux n’a qu’un objectif, retrouver « Toajêne » dont il est éperdument amoureux. Une bande dessinée burlesque, en noir et blanc, qui touche à la fantaisie poétique.

     

    humourJusqu’ici tout allait bien

    Ersin Karabulut

    Fluide glacial, 2020, 16€90

    L’auteur est dessinateur dans plusieurs des derniers journaux turcs. La bande dessinée regroupe plusieurs contes ou fables assez fantastiques cruels, humoristiques, dans une critique acerbe et cinglante de la société.

     

    humourDidier, la 5e roue du tracteur

    Pascal Rabaté, François Ravard

    Futuropolis, 2018, 17€

    A 45 ans, Didier vit avec sa sœur Soizig en Bretagne. Alors qu’il devait revenir d’une vente aux enchères avec du matériel agricole, c’est son copain Régis qu’il ramène à la ferme. Le courant passe entre Soizig et Régis. Pour que Didier connaisse l’amour à son tour, Soizig l’inscrit sur un site de rencontres. L’amour est-il dans le pré ?

     

    humourUn papa, une maman, une famille formidable (la mienne)

    Florence Cestac

    Dargaud, 2021, 14€50

    Relations familiales heurtées dans les années pré-1968. Père qui se fait servir, mère soumise, et fille qui rue dans les brancards !

     

    humourLes chroniques suédoises

    Nils Glöt

    Delcourt (Encrages), 2014, 15€50

    « Un peu de Suède dans ce monde de brutes ». Quand l’auteur, suédois, tourne en dérision le « modèle suédois ». En théorie, la Suède est un peu l’exemple à suivre, le pays parfait qui combat les inégalités, le racisme, le réchauffement climatique. La BD se compose de scénettes où l’auteur pousse à l’extrême les caractéristiques prêtées aux Suédois, jusqu’au ridicule. Exemple : les banquiers accueillent les braqueurs avec une tasse de thé, et la prise d’otage tourne au jeu de société, privant les policiers de toute intervention. Le dessin est simple et efficace, dans un style de dessin journalistique.

     

    humourFormica

    FabCaro

    Six pieds sous terre, 2019, 13€

    Photographies de la vie quotidienne, passées au crible de l’humour noir. Formica illustre un repas de famille en 3 actes : de ces réunions de famille où l’on ne sait pas de quoi discuter, et où l’on égrène les lieux communs, où comparer les téléphones est une façon de se comparer aussi…

     

    humourZaï zaï zaï zaÏ

    FabCaro

    Six pieds sous terre, 2015, 13€

    Au passage en caisse du supermarché, un auteur de BD réalise avec horreur qu’il a oublié sa carte de fidélité. Un vigile réagit, déclenchant une course poursuite totalement décalée. Sous un humour absurde, Fabcaro délivre quand même un message de tolérance et d’acceptation de l’autre, et évoque la précarité des auteurs.

     

    En romans, l'humour est moins partagé...

     

    humourBroadway

    Fabrice Caro

    Gallimard (Sygne), 2020, 18€

    Même auteur que les bandes dessinées précédentes. Toujours des situations dans lesquelles on se retrouve, mais avec une écriture plus travaillée. Un père de famille, marié, avec deux enfants, une vie tranquille dans un lotissement, reçoit un courrier de convocation pour un suivi colorectal à 46 ans (au lieu de 50 normalement). Ce grain de sable déclenche une remise en question. Pourquoi cette vie de « suiveur » alors qu’il a toujours rêvé d’une vie à Buenos Aires ?

     

    humourLe dentier du Maréchal, madame Volotinen, et autres curiosiétés

    Arto Paasilina

    Denoël (et d’ailleurs), 2016, 20€90

    Arto Paasilina, Finlandais, est né en 1942 dans un camion en plein exode pour fuir les Soviétiques. Il a exercé plusieurs métiers avant d’écrire. Il est décédé récemment. Son humour s’exprime dans tous ses romans, du lièvre de Vatanen à La forêt des renards pendus.

    Volomari Volotinen est collectionneur. De voyages en Laponie en expéditions archéologiques, il constitue une collection très particulière, qui sert de fil conducteur au roman, recueil de séquences d’une immense drôlerie : Le slip de bain de Tarzan, Les plus vieux poils de chatte d’Europe,…

     

    humourMiracle à la combe aux Aspics

    Ante Tomic

    Noir sur Blanc, 2021, 18€

    Les Aspics, un père et ses quatre fils, vivent dans un village montagnard déserté. Arrivent deux représentants de la compagnie d’électricité, qui prétendent leur faire payer les factures non réglées. Le père les reçoit mal, les séquestre, puis envoie l’un d’eux chercher une femme en ville.

    Humour croate, à la Kusturica, choc entre un univers croate arriéré et le monde actuel.

     

    humourLa Sainte Touche

    Djamel Cherigui

    Lattes (La Grenade), 2021, 19€

    La Sainte Touche, c’est le jour de la paie. La Belle Saison, tenue par un épicier plus ou moins trafiquant, voit passer toute une galerie de personnages. Pas vraiment drôle.

     

    humourSi la mouette est rieuse, c’est que le thon a de l’humour

    Librinova, 2019, 15€90

    Personnages déjantés, dans un bistrot tenu par une ancienne publicitaire. Ancienne taularde, plombier raciste, médecin radié, deux anciennes prostituées… Pas très drôle.

     

    humourLa vieille qui cassait la baraque

    City, 2020, 18€50

    Comme son fils voudrait la caser en maison de retraite, Colette en rajoute dès qu’il est là. Alors qu’en son absence elle fait les 400 coups avec sa copine. Sympa, facile à lire, sans plus.

     

    humourTruffe et sentiments

    Emilie Devienne

    Pygmalion, 2016, 17€

    Histoire familiale racontée par un chien. Humour gentillet.

     

    humourComment bien rater ses vacances

    Anne Percin

    Le Rouergue, 2011, 13€50

    Maxime, 17 ans, refuse de partir en vacances en Corse avec ses parents. Il préfère rester chez sa Mamie, à traîner devant l’ordinateur. Mais tout dérape quand Mamie fait un malaise, et le garçon doit évoluer pour faire face. Ecrit comme un journal d’ado, tendre et rafraichissant.

    Autres romans de cette série : Comment maximiser (enfin) ses vacances, Comment bien gérer sa love story, et comment devenir une rock star (ou pas).

     

    humourL'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa

    Romain Puertolas

    Le Dilettante, 2013, 19€

    Un fakir venu d’Inde acheter un lit à clous chez Ikea, obligé de passer la nuit en douce dans une armoire du grand magasin, se retrouve expédié en Angleterre… prisonnier de ladite armoire. Il voyage à travers l’Europe à la recherche de l’amour, et partage le sort des clandestins. Rocambolesque récit.

     

    humourRe-vive l'empereur !

    Romain Puértolas

    Le Dilettante, 2015, 352 p., 22€

    Un chalutier norvégien de Findus repêche dans ses filets deux caisses, contenant l’une Napoléon Bonaparte, l’autre son cheval Le Vizir, en parfait état de conservation grâce aux eaux glaciales de la mer du Nord. Une fois décongelé, le premier Empereur de France est invité pour une retraite au soleil Corse par la CGT (confrérie des Grognards Tristes). Son retour coïncide avec la vague d'attentats djihadistes qui assaille le pays depuis quelques mois, contre laquelle il part illico en guerre. Tout le comique provient du télescopage entre le regard de Napoléon et notre époque.

     

    humourPression fatale

    Rita Falk

    Mirobole, 2019, 256 p.

    Traduit de Schweinkopf al dente par Brigitte Lethrone

    Roman policier déjanté, dans la veine de « Choucroute garnie ». Nous retrouvons Eberhofer, récemment promu commissaire et fier de sa belle étoile argentée, le village bavarois de Niederkaltenkirchen, et son ambiance déjantée. Une tête de cochon sanglante déposée ans le lit du juge Moratschek oblige le commissaire à pourchasser un dangereux psychopathe. Le juge réclame Franz comme garde du corps, tandis que ses collègues et toute sa famille le poussent à partir en Italie chercher "sa" Susi partie avec un bellâtre.

     

    humourLe Bon, la Brute et le Renard

    Voir la critique déposée par Annie sur le blog

  • Le Bon, la Brute et le Renard

    roman, humourLe Bon, la Brute et le Renard

    Christian Garcin

    Actes Sud, 2020, 336 p., 21€50

    Voilà un roman original et désopilant ! Le titre déjà fait sourire et donne le ton de ce récit plein d’humour. Je ne peux qu’en conseiller la lecture ; elle apporte une très agréable diversion dont on a bien besoin actuellement.

    Christian Garcin prend un malin plaisir à entraîner le lecteur dans des univers parallèles où le réel se joue de l’imaginaire et où l’imaginaire aspire le réel. L’intérêt du livre ne réside pas dans l’intrigue, très simple, mais dans l’ambiance, dans cette histoire rocambolesque, dans les dialogues piquants ciselés comme des répliques de théâtre, d’un théâtre qui ne se prendrait pas au sérieux.

    Le célèbre policier Zhu Wenguang dit Le Renard assisté de son collaborateur Agvan Djordjé dit Bec de canard sont venus spécialement de Chine pour retrouver Yu la fille de Zhu Menfei, restaurateur installé à New York et cousin de Zhu Wenguang. Accablés de chaleur, ils sillonnent le désert californien, se demandant ce qu’ils font là au milieu de nulle part et à quoi ils servent car cette enquête sans bagarres, sans action, ne les amène à rien, les ennuie et les démoralise.

    Dans leur lente progression, ils croisent un policier américain et sa supérieure hiérarchique, parlant finnois (détail important) lancés à la poursuite d’un jeune homme disparu. Une autre enquête s’entremêle à la première. Chen Wanglin, journaliste à Pékin, également auteur d’un polar mettant en scène Zhu Wengang, est envoyé en France, officiellement pour écrire des articles et officieusement pour retrouver Meijie, la fille de son patron, venue à Paris pour ses études et dont il est sans nouvelles. Trois disparitions, certes, mais d’adultes pas toujours en bons termes avec leurs parents...

    La vacuité du décor et la simplicité de l'intrigue contrastent avec la complexité de ce récit décapant et la richesse des thèmes abordés. Le Renard et Bec de Canard ne sont pas des êtres balourds et rustres comme on pourrait le supposer, ils sont épris de poésie chinoise, se réfèrent aux principes taoïstes, s’intéressent aux théories de l’évolution, et ont aussi des centres d’intérêt plus pragmatiques comme la gastronomie, la lutte mongole etc...

    Dans cette région brûlante, presque désertique et si opposée à son univers habituel, Le Renard en vient à douter de sa propre existence. Lui et ses deux compères vivent-ils dans la vraie réalité ou dans un monde d’illusions ? Sont-ils des personnages réels ou sont-ils crées par Chen Wanglin et, d’ailleurs, celui-ci existe-t-il vraiment ou est-il l’œuvre d’un autre écrivain quelque part dans une troisième dimension ?

    Ce roman désopilant séduit par sa fantaisie, son humour, sa légèreté. Annie

  • Les évasions particulières

    roman,famille

     

    Les évasions particulières

    Véronique OLMI

    Albin Michel, 2020, 502 p., 21€90

    travers l’histoire de la famille Malivieri, Véronique Olmi livre une véritable chronique sociale post mai 68 dans une France qui doit réussir à composer entre anciennes conventions et nouvelles révolutions : celles des idées, de l’indépendance et de la liberté. Les profondes mutations sociales font voler en éclat des principes fortement ancrés et -si elles font souffler un vent de liberté- elles provoquent aussi, pour une partie de la population, incompréhension et désarroi.

    Agnès n’a pu poursuivre ses études et, à 18 ans, a épousé Bruno. Tous deux s’aiment profondément.  Catholiques, ils essaient d’inculquer à leurs filles leurs convictions et leur croyance mais plusieurs évènements vont secouer l’harmonie familiale. C’est d’abord l’affaire Gabrielle Russier qui amène les premières interrogations et c’est en écoutant Simone Veil qu’Agnès se réveille. Les procès féministes avec Gisèle Halimi et Simone de Beauvoir se déroulent à Aix. Le viol, le droit à l'avortement et la contraception sont au cœur des débats. Agnès découvre dans les revendications féminines, les siennes secrètes. Elle étouffe dans son petit appartement, avec pour seules activités, le ménage, la cuisine, les courses.  Elle ressent une envie de vivre violente et décide de suivre une formation pour devenir factrice. Bruno est dépassé et ne peut remettre en question ce qui l’a construit et ce qui constitue pour lui d’une façon immuable la famille. Le couple se fissure.

    Sabine, l’aînée, est la première à vouloir s’évader d’une vie bien tracée, cherchant à s'émanciper des principes familiaux et sociétaux.  Elle rêve de partir à Paris et de devenir comédienne, ce qui n’ira pas sans désillusions. 

    Hélène a un statut à part.  Elle passe les vacances scolaires avec sa tante et son oncle, cotoyant le monde de la haute bourgeoisie parisienne. Cette distinction entre elle et ses sœurs, qui ne bénéficient pas du même privilège, l’éloignera parfois d’elles et de ses parents. Elle fera progressivement de la lutte pour la cause animale un chemin de vie.

    Mariette, la benjamine, est de santé fragile. Sa gentillesse, son empathie, sa sensibilité la rendent touchante. Restée seule avec ses parents, elle souffre du départ de ses sœurs et de l’éclatement du couple. Le monde qu’elle avait alors imaginé dans son « cahier des bonheurs » se transforme en « cahiers des malheurs ». Elle doit apprendre à composer entre ses rêves et la réalité, et trouve refuge dans la musique et le silence.

    L’écriture de Véronique Olmi est fluide et très agréable. On se sent proche cette famille, de ses bonheurs, de ses peines et de ses combats. J’ai lu avec beaucoup de plaisir ce roman qui retrace avec justesse les bouleversements importants de la société à travers l'évolution d'une traditionnelle famille française de province.

    Annie

  • Marc Dugain à l'honneur

    Né en 1957 au Sénégal, où son père était coopérant, Marc Dugain grandit en France.  Diplômé de l'Institut d'études politiques de Grenoble et expert-comptable, il travaille dans la finance, puis crée une société d'ingénierie financière pour les moyens de transport. Entrepreneur dans l'aéronautique, il dirige en 2000 les compagnies aériennes Proteus Airlines et Flandre Air. À 35 ans, il commence une carrière littéraire en racontant le destin de son grand-père maternel, "gueule cassée" de la guerre de 14-18, dans La Chambre des officiers, publié en 1998 et qui le fait connaître. Dès lors, Marc Dugain se consacre entièrement à l'écriture, et à la réalisation de films. (Source Wikipedia)

     

    roman, comité de lectureUne exécution ordinaire

    Gallimard, 2007

    Grand Prix RTL-Lire.

    Roman inspiré par le naufrage du sous-marin russe Koursk. Évocation du pouvoir politique en Russie depuis la période de Staline jusqu’à celle de Poutine à travers l’itinéraire d’une famille. Aborde le contexte politique et sociétal de cette période. L’auteur mêle personnages réels et personnages fictifs. Ce roman est richement documenté, mais sa construction fragmentée en 7 parties, avec des narrateurs différents, nuit à la fluidité de la lecture. Adapté au cinéma par l’auteur en 2010 sous le même titre que le roman avec André Dussolier.

     

    roman, comité de lectureL’emprise

    Gallimard (Blanche), 2014, 19€50

    Roman politique et d’espionnage, sur fond d’élection présidentielle en France. Inspiré de personnages et faits réels ce roman aborde le parcours de plusieurs personnages issus des milieux politique, industriel et de l’espionnage français. L'auteur met en avant les conséquences catastrophiques de certains actes liés au pouvoir et à l'argent.

    Il s'agit donc d'une dénonciation d'un système et de ses rouages. La construction est curieuse, et l’énergie maîtrisée, avec une écriture sèche. Intéressant et actuel, un roman qui fait réfléchir.

     

    roman, comité de lectureTransparence

    Gallimard (Blanche), 2019, 19€

    Roman d'anticipation sur un sujet qui passionne l'auteur : le transhumanisme. L’histoire se déroule à la fin des années 2060 en Islande. Transparence est une start-up numérique qui met au point le projet Endless dans le but de sauver l’humanité, menacée par le réchauffement climatique. Un projet qui consiste à transplanter après, ou même avant sa mort, les données personnelles numérisées d’un individu dans un corps artificiel. En d’autres termes, un projet révolutionnaire donnant accès à l’immortalité. Pour qui ? Sur quels critères ? Comment ? Un algorithme décide si une personne est éligible à l’immortalité / si elle le droit d’enfanter.

    Sous couvert de roman d’anticipation, une réflexion intéressante sur notre société actuelle menacée de destruction, avec le dérèglement climatique, le danger des algorithmes, ou celui du transhumanisme. Bien écrit, assez ardu avec une écriture un peu philosophique, angoissant.

     

    roman, comité de lectureAvenue des géants

    Gallimard (Blanche), 2012, 21€50

    Prix des lycéennes Elle 2013

    Marc Dugain s'est inspiré de l'histoire de Edmund Kemper, un tueur en série américain de la fin des années 70. Ce roman est le récit du cheminement intérieur d'un tueur en série hors du commun. Comment cet homme supérieur en tout - un colosse dont le QI serait supérieur à celui d'Einstein - est-il devenu un tueur en série ? A travers ce roman, l’auteur fait également l'autopsie d'une Amérique des années 1960-1970 en pleine révolution avec la guerre du Vietnam et le mouvement hippie.

    Un roman certes percutant et perturbant, mais avec une approche psychologique fine.

     

    roman, comité de lectureLa malédiction d’Edgar

    Gallimard (Blanche), 2005, 20€20

    Roman biographique sur John Edgar Hoover, directeur du FBI de 1924 à 1972. Durant toute cette période, Hoover a imposé son ombre à tous les dirigeants américains, de Roosevelt à Nixon, d’où le titre du roman. Pendant près d'un demi-siècle, les plus grands personnages de l'histoire des États-Unis ont été traqués jusque dans leur intimité par cet homme qui s'était érigé en garant de la morale.

    Roman très documenté. Espionnage, mafia, respect de l’ordre moral… le point de vue sur Kennedy et sa famille n’est pas très brillant.

     

    roman, comité de lectureIls vont tuer Robert Kennedy

    Gallimard (Blanche), 2017, 22€50

    Ce roman mêle intimement deux histoires : une synthèse sur les assassinats de John et Robert Kennedy, à laquelle le narrateur lie celle de son père, espion. L’auteur revisite l’histoire des États-Unis dans les années 1960, entre contre-culture et violences politiques. De nombreux assassinats et règlements de comptes ; les grands financiers, la pègre, la justice et certains politiques règnent «ensemble», sur le pays ! On comprend bien ce qui a tué les frères Kennedy, les tueurs présumés n’étant qu’un paravent. Édifiant, et très bien écrit.

     

    roman, comité de lectureEn bas les nuages

    Flammarion, 2009, 20€30

    L’auteur nous livre 7 nouvelles, l’histoire de 7 hommes vivant aujourd’hui dans des lieux différents : Dordogne, Maroc, États-Unis, Irak ou dans une île lointaine. Comment chacun fait face à son quotidien ?

    Réflexion cynique sur l’humanité, le rêve, la société de consommation …

     

    roman, comité de lectureL’insomnie des étoiles

    Gallimard (Blanche), 2010, 17€75

    Automne 1945, les alliés occupent Berlin et le reste de l’Allemagne. La compagnie française du capitaine Louyre investit le sud du pays. Dans une ferme isolée, il découvre une adolescente vivant seule, comme une sauvage, et le corps calciné d’un homme. Incapable d’expliquer la situation, la jeune fille est arrêtée. Le capitaine s’acharne à chercher la vérité, et découvrira un secret sur la région.

    Roman à la fois historique et policier, très bien écrit.

     

    roman, comité de lectureLa chambre des officiers

    JC Lattes, 1999, 17€

    Prix des libraires, Prix des Deux Magots, Prix Roger-Nimier et Prix René-Fallet 1999

    Un officier est blessé au visage, dès le 1er jour de la guerre, où il est envoyé en reconnaissance. Défiguré, il est transporté au Val de Grâce à Paris, où il séjourne 5 ans dans la chambre des officiers. Au fil du temps, des amitiés se nouent entre les blessés. D’une époque et une situation dramatiques, l’auteur sait faire émerger la grâce et l’humanité. Le roman a été adapté au cinéma par François Dupeyron (2001) sous le même titre.

    Ce livre rappelle à Annie « Les gueules cassées » de Martin Monestier, qui retrace toute l’évolution de la chirurgie faciale pendant la période allant de la guerre de 14-18 à nos jours.

  • L'amitié est un cadeau à se faire

    roman, cavale, amérique, roman policier

     

    L’amitié est un cadeau à se faire

    William BOYLE

    Gallmeister (Americana), 2020, 377 p., 23€80

    Traduit de l’américain A Friend is a Gift you give yourself par Simon Baril

     

    Prenez quelques personnages au caractère affirmé :

    -Rena, la veuve de Vic le Tendre, chef mafioso de Brooklyn exécuté sur son perron alors qu’il dégustait son expresso. Toute sa vie, elle a fermé les yeux sur ses activités illégales ;

    -Lucia, ado qui n’attend qu’une étincelle pour commencer sa rébellion ;

    -Adrienne, fille deRena et mère de Lucia ;

    -Lacey, ancienne star du porno, la soixantaine pétillante ;

    -Un vieux séducteur libidineux, un mafioso qui veut disparaître avec la galette, un assassin au marteau complètement givré, et des chauffeurs en tous genres…

    Ajoutez un cendrier un peu lourd, une mallette pleine de dollars appartenant à la mafia et quelques belles américaines  – les voitures- Impala, Eldorado ou Town Car, adorées par leurs propriétaires. Et mélangez le tout pour obtenir une cavale déjantée à la Tarantino.

    Avec tout cela, le titre de ce roman pourrait sembler bien trompeur. Mais non, car l’auteur prend le temps, entre deux courses-poursuites, de développer ses personnages. Et au bout du compte, ce sont bien l’amitié et le soutien entre femmes qui se révèlent salvateurs. Un roman -policier ou pas- qui se lit d’une traite et laisse à bout de souffle, le sourire aux lèvres. Bien rythmé, drôle et jouissif.

    Aline

  • Un monde à porté de main

    roman, art

     

    Un monde à portée de main

    Maylis de Kerangal

    éd. Verticales, 2018, 288 p., 20€

     

    Avec ce roman Maylis de Kerangal nous fait découvrir, avec talent, l’art du trompe-l’oeil et interroge sur l’artifice et la frontière entre illusion et réalité.

    Paula rêvait d'être artiste, elle sera peintre en décor, elle apprendra les trompe-l’œil, les bois et les marbres, elle créera l'illusion sur les murs, les plafonds, au cinéma, jusqu'à la consécration, jusqu'au projet qui la touchera jusqu'au plus profond de son âme. Avec en toile de fond, Jonas, toujours.

    Après avoir passé son bac et cherché sa voie pendant 2 ans sans beaucoup de conviction, Paula se découvre une sensibilité d’artiste.  Après quelques mois dans une école préparatoire aux Beaux-Arts, elle abandonne et subitement décide d’intégrer le prestigieux Institut Supérieur de peinture de décors à Bruxelles.  La formation est courte, 6 mois mais intense ; la charge de travail est violente pour une étudiante comme elle, peu habituée à l’effort. La pratique en atelier est très physique, épuisante et douloureuse. Mais elle s’accroche.

    Copier n’est pas si simple. Pour imiter le bois, il faut sentir la forêt, établir une relation avec elle. Pour peindre les marbres, il faut accepter des codes de représentation stricts, une syntaxe, un vocabulaire rigoureux, scruter leur spécificité, différencier les marbres de Carrare, Grand antique, Labrador, Henriette blonde, Fleur de pécher, Griotte d’Italie, se familiariser avec les couleurs Vert de Polcevera, mischio de San Siro, albâtre du mont Gazzo. Paula apprend  à développer son sens de l’observation, à maîtriser ses gestes, à pénétrer dans la matière même de la nature, à explorer sa forme pour capter sa structure.

    Elle partage cet enseignement avec une vingtaine d’élèves venus d’horizons divers pour des raisons bien différentes. Après quelques semaines, ils finissent par constituer une petite communauté. Paula se lie d'amitié avec Kate, débrouillarde et impulsive et noue une relation ambiguë avec son co-locataire Jonas, secret, énigmatique et surdoué. Le diplôme obtenu, ils suivront chacun leur route mais resteront en contact.

    Pendant 5 ans Paula enchaîne des chantiers modestes, s’assurant ainsi une autonomie matérielle fragile mais réelle.  Au fil des expériences, elle gagne en professionnalisme. Elle acquiert une petite notoriété lui offrant des chantiers de plus en plus intéressants. Elle devient nomade, se déplace au gré des contrats, s’adapte à toutes les pratiques, à tous les protocoles, à tous les rythmes. Mais cette précarité, cette instabilité la rendent vulnérable. Ni les amours, ni les amitiés ne durent. Sa vie devient un tourbillon qu’elle ne maîtrise pas.

    Et un jour, un appel de Jonas bouleverse son existence. Il offre à Paula le fac similé ultime : participer à la réplique IV de la grotte de Lascaux. « Ce chantier est pour toi. Une caverne cabossée, des peintures rouges et noires, des taureaux, des rennes, la chapelle Sixtine de la Préhistoire ». Paula se passionne pour ce chantier hors du commun, et elle parvient enfin à sortir du décor et à s'inventer pleinement, découvrant la vertigineuse profondeur du vrai monde et un amour véritable.

    Maylis de Kerangal, comme dans ses autres romans, s'approprie le lexique technique pour décrire avec précision l'univers qu'elle présente. Tout est précis, détaillé.  Elle invite à une réflexion sur l’Art, la création et la copie. Mais elle livre aussi une analyse fine et subtile de l’enseignement, des rapports familiaux, de l’amitié et de l’amour. Un bon roman.

    Annie

  • Les lectures de l’été…

    roman, Je suis une viking

    Andrew David MACDONALD

    Nil, 2020, 448 p., 21€

    Traduit de l’anglais (Canada) par Valentine Leys

    La narratrice, victime du syndrome d’alcoolisme fœtal, n’est pas tout à fait comme les jeunes femmes de son âge. Elle se passionne pour l’histoire des vikings, forts, courageux, dont les héros protègent ceux qui ne peuvent pas se défendre. Elle imagine ce que pourrait être sa saga si sa famille était une tribu viking, et choisit de construire sa légende personnelle. Plein d’humour et très rafraichissant, ce roman se lit facilement.

     

    roman, Le sel de tous les oublis

    Yasmina Khadra

    Julliard, 2020, 256 p., 19€

    Adam, instituteur, vit à Alger, après l’époque du colonialisme. Lorsque sa femme le quitte, il perd pied, part à pied, boit beaucoup, se fait agresser, est emmené dans un asile, puis mène une vie d’errance. En marchant dans les montagnes, il rencontre une série de personnes bienveillantes, alors que lui-même est agressif et ombrageux… Un très bon Khadra !

     

    roman, Impossible

    Eri de Luca

    Gallimard (Du monde entier), 2020, 174 p., 16€50

    Un magistrat interroge un suspect, et l’accuse d’avoir tué un autre alpiniste. Sans preuve, il se base sur la coïncidence de leur présence à tous deux dans les Dolomites : l’accidenté est l’homme qui avait trahi le suspect et ses camarades révolutionnaires dans leur jeunesse. Il ne se passe rien dans ce roman, composé en alternance du dialogue entre le magistrat et le suspect, et des lettres du suspect à son amour. Et pourtant, c’est une merveille !

     

    roman, Betty

    Tiffany McDaniel

    Gallmeister (Americana), 2020, 720 p., 26€40

    Fille d’un père cherokee et d’une mère blanche, Betty vit dans l’Ohio. Le roman explore sa belle relation avec son père, ses rapports avec sa fratrie et sa mère bipolaire et déséquilibrée, ses liens très forts avec la nature. La ressource de Betty, c’est d’écrire tout ce qui se passe dans sa famille, et d’enterrer ses petits papiers. Le sort des filles américaines jusqu’à la fin des années 1960, un secret de famille, un père qui sait admirablement valoriser ses enfants… C’est magnifique !

     

    roman, Longtemps je me suis couché de bonheur

    Daniel Picouly

    Albin Michel, 2020, 328 p., 19€90

    Un adolescent des années 1960, vivant dans une Cité, se plonge dans l’œuvre de Proust pour l’amour d’une Albertine. On retrouve avec plaisir l’écriture déjantée de Picouly.

     

    roman, Le répondeur

    Luc Blanvillain

    Quidam, 2020, 260 p., 20€

    Un écrivain célèbre surmené, qui doit terminer son ouvrage, embauche un imitateur, « double » qui doit le remplacer au téléphone…

     

    romanMarcher la vie ; un art tranquille du bonheur

    David Le Breton

    Metailie (Suites, Sciences Humaines), 2020, 164 p., 10€

    Professeur à Strasbourg, David Le Breton dans cet essai « Rousseau-iste » nous démontre en quoi marcher peut transformer la vie.

     

    romanL’usurpateur

    Jørn Lier Horst

    Gallimard (Série Noire), 2019, 448 p., 22€50

    Traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier

    Au même moment, deux hommes dont la mort remonte à 4 mois,  sont découverts : l’un devant sa télévision allumée, l’autre dans une forêt de sapins. L’inspecteur de police se concentre sur la deuxième victime, tandis que sa fille journaliste enquête sur la première – se demandant comment on peut mourir chez soi sans que personne ne s’en rende compte ! Le récit est crédible, dans une ambiance d’hiver norvégien (l’auteur est lui-même policier en Norvège). Les chapitres sont alternés entre les deux enquêtes, dans une intrigue qui tient bien la route, avec plusieurs fausses pistes.

     

    romanLes jours brûlants

    Laurence Peyrin

    Calmann-Levy, mai 2020, 324 p., 20€50

    Une bourgeoise californienne à la vie bien rangée est bouleversée par une agression. Elle remet toute sa vie en question et bascule. Se lit facilement.

     

    romanLe bal des folles

    Victoria Mas

    Albin Michel, 2019, 256 p., 18€90

    Prix Renaudot des Lycéens 2019

    Chaque année à la mi-carême se tient, avec les malades de l’hôpital de la Salpêtrière, un très étrange Bal des Folles, expérimentation de Jean-Martin Charcot.  En évoquant l’histoire de la médecine aliéniste d’autrefois et les balbutiements de la psychiatrie, Victoria Mas se penche sur la condition féminine au 19e siècle dans un récit effarant.

     

    romanLa plus précieuse des marchandises, un conte

    Jean-Claude Grumberg

    Seuil (La Librairie Du XXIe siècle), 2019, 120 p., 12€

    Un couple de bûcherons sans enfant vit chichement dans les bois, à l’affut des ballots qui pourraient tomber du train de marchandises. Il en tombe parfois des papiers, mais un jour, c’est un paquet qui est lancé vers la bûcheronne. C’est une fillette, sauvée du convoi 49…

    « La seule chose qui mérite d’exister dans la vie vraie comme dans les romans, c’est l’amour. »

     

    romanUne présence dans la nuit

    Emilie Edgar

    Belfond, 2018, 392 p., 21€

    Premier roman, policier psychologique.  Alice Taylor, infirmière, sait d’ordinaire séparer sa vie professionnelle de sa vie privée. Elle est pourtant très attachée à Cassie, une jeune femme dans le coma après avoir été renversée par un chauffard. Dans la même chambre qu’elle, Franck, prisonnier du syndrome d’enfermement, est témoin des visites au chevet de Cassie, connaît l’identité du chauffard, et sait qu’elle est en danger. Pourra-t-il prévenir Alice ?

     

    romanDans le murmure des feuilles qui dansent

    Agnès Ledig

    Albin Michel, 2018, 388 p., 20€

    Hymne à la vie et à la résilience, émouvant et simple autour de quatre personnages : Anaëlle, qui a subi de graves opérations suite à un accident de voiture et a dû écourter ses études, a une relation épistolaire belle et poétique avec un ancien professeur de droit. Thomas passe ses journées en forêt, avant de venir raconter tout ce qu’il y a vu à son jeune frère Simon, hospitalisé.

     

    romanLa vie secrète des arbres

    Peter Wohlleben

    Les Arènes, 2017, 260 p., 20€90

    Ecrit par un ingénieur forestier allemand, cet excellent documentaire sur l'interaction entre les arbres, est beau comme un conte. Il donne envie d'aller se promener et observer en forêt.

     

    romanTropique de la violence

    Nathacha Appanah

    Gallimard (Blanche), 2016, 176 p., 17€50

    Prix Fémina des Lycéens 2016

    Une infirmière française à Mayotte, en mal d’enfant, adopte un bébé aux yeux vairons, abandonné à l’hôpital par une jeune clandestine. Elle lui donne une éducation plutôt privilégiée, mais en grandissant, Moïse vit mal ses silences sur son histoire. Lorsque sa mère adoptive meurt subitement, il part à la dérive avec son chien, et entre dans une spirale infernale aux mains d’une bande de malfrats. Très belle écriture poétique et puissante, alternée entre cinq narrateurs : la mère, Moïse, le chef de bande, le policier, le travailleur humanitaire.

    Ce roman a fait l’objet d’une belle adaptation en BD par Gaël Henry, chez Sarbacane, en 2019.

    Dans le même genre, en Guyane, lire aussi Obia, de Colin Niel.

     

    romanEt tu trouveras le trésor qui dort en toi

    Laurent Gounelle

    Kero, 2016, 20€90

    Alice se met en tête d’aider son ami d’enfance, prêtre, à remplir à nouveau sa paroisse. Elle décide d’attirer les fidèles en appliquant ses techniques de marketing à la religion. Pour ce faire, elle essaie de comprendre et décortiquer les grands courants religieux. Quand Gounelle s’essaie à la philosophie des religions dans un grand fourre-tout syncrétiste pseudo-pédagogique…

     

    romanL’été contraire

    Yves Bichet

    Mercure de France, 2015 / Gallimard Folio, 2017, 6€90

    Une infirmière de maison de retraite, complice d’une virée des résidents au casino de Vals les Bains, se fait renvoyer. Toute l’équipe part alors dans une joyeuse escapade. Très bons dialogues et descriptions !

     

    romanLe temps des réformes

    Pierre Chaunu

    Fayard, 1976, réed 1999 et 2003

    Ce documentaire autour de la Réforme permet de comprendre bien des choses actuelles.  Pierre Chaunu retrace l'évolution de la pensée, depuis les origines de  l'Antiquité gréco-latine, la construction judéo-chrétienne, la Réforme… jusqu’à notre civilisation.

     

    Et les lectures coup de cœur, valeurs sûres dont les critiques se trouvent sur ce blog :

    Opus 77, Alexis Ragougneau

    De pierre et d’os, Bérengère Cournut

    Une rose seule, Muriel Barbery

    L’arbre monde, de Richard Powers (voir critique)

    Âme brisée, d’Akira Mizubayachi

    En attendant Bojangles, Olivier Bourdeaut

    Changer l’eau des fleurs, Valérie Perrin

  • Une rose seule

    roman,rentrée littéraire,japon,famille

     

    Une rose seule

    Muriel Barbery

    Actes Sud, 2020, 158 p., 17€50

     

    Rose a grandi avec sa grand-mère Paule et sa mère Maud, jeune femme mélancolique et triste, sans joie de vivre. Elle n’a pas connu son père Haru, que sa mère a quitté juste avant sa naissance en lui faisant promettre de se tenir à l’écart de sa vie. Elle sait cependant qu’il est japonais et riche.

    Malgré cette absence et ce manque, elle a une enfance heureuse, grâce à sa grand-mère, jusqu’à l’âge de 10 ans, où sa mère finit par sombrer dans la dépression, faisant éclater cette apparence de bonheur. Désormais Rose va vivre dans l’indifférence et la superficialité. Rien ne remplit sa vie, ni ses amis, ni ses amants, ni sa profession de botaniste. A 40 ans, elle vit seule, sans attaches ; elle a perdu sa mère et sa grand-mère. Et  cette existence vide de tout va être  bouleversée. Elle reçoit une lettre du notaire de son père l’informant de son décès et de sa décision de lui léguer sa fortune.

    C’est une femme en colère et pleine de rancœur qui arrive à Kyoto. Elle en veut terriblement à ce père qui ne s’est jamais manifesté de son vivant et ses sentiments sont amplifiés par les instructions qu’il a laissées pour sa venue. En effet, il a établi un programme à suivre avant de découvrir son testament ainsi que la lettre posthume qu'il lui a laissée.

    A travers un itinéraire de temples et de jardins, elle va s’approcher de son père et va apprendre à mieux se connaître et s’accepter. C’est un chemin vers la résilience au cours duquel elle doit exsuder toute la colère qui est en elle, sa dureté, son chagrin, sa rancœur. Ces promenades dont elle ne perçoit pas le sens au départ, vont progressivement résonner en elle ; elle  va peu à peu s'adoucir et tomber sous le charme des jardins zen, des temples, de l’art floral mais aussi de la vie japonaise avec ses restaurants traditionnels et ses maisons de thé. Paul, l’assistant de Haru l'accompagne dans ce cheminement qui aboutit à une acceptation de la perte, de la douleur, et à une libération et une acceptation du bonheur.

    Muriel Barbery nous emmène dans des lieux hors du temps propices à l’émerveillement et à l’apaisement et nous fait découvrir la beauté et l'importance de la flore dans la culture japonaise. Des fleurs majestueuses illuminent le texte, pivoines, azalées, brassées d’œillets,  iris pâles mouchetés de bleu, violettes, camélias… Les bambous célestes, les érables, les tapis de mousse  voisinent avec la minéralité des jardins de sable et de graviers striés de lignes parallèles ou de cercles dans un ensemble parfait. Les lanternes de pierre, les rochers, les bassins complètent, dans la sobriété et la simplicité,  cette vision de la nature en communion avec l’homme.

    De courts récits allégoriques introduisent chaque chapitre dont le titre, toujours lié au végétal, est une phrase extraite de ces contes. L’écriture est  raffinée, ciselée, la description précise et poétique dans un texte court, épuré et en même temps très dense.

    Un beau roman sur une re-naissance et une déclaration d’amour pour la culture japonaise à travers les jardins, miroirs de la nature et expression de la pensée philosophique et religieuse de ce pays.

    Annie

  • Le Dit du Mistral

    roman, rentrée littéraire, Luberon, légende

    Le Dit du Mistral

    Olivier MAK-BOUCHARD

    Le Tripode, 2020, 348 p., 19€

    ©Couverture réalisée par Phileas Dog, collectif des 400 coups

     

    Suite à un fort orage, un muret de pierres sèches séparant le terrain du narrateur de celui de son voisin s’est écroulé, révélant au regard acéré du paysan, parmi les éboulis, des "cailloux qui n’en étaient pas, des tessons de terre cuite, des bouts de poterie". Le paysan refuse d’informer les autorités, de peur d’être dépossédé de son champ  de cerisiers : un coup de tractopelle, et on n’en parlera plus !

    C’est compter sans le narrateur, passionné d’archéologie, qui ne peut se résoudre ni à dénoncer le paysan, ni à perdre une si belle occasion de faire des fouilles en amateur. Et voilà les deux compères qui creusent et dégagent un visage sculpté dans le calcaire, ainsi que des centaines de tessons, à partir desquels ils s’efforcent de reconstituer des poteries. Ni vases, ni amphores, ni lampes votives… les objets découverts comme la fascinante "femme-calcaire" sont liés aux légendes locales.

    La silhouette du Hussard, le chat du narrateur, traverse tout le roman, gambadant sur les murets sous la pluie, sillonnant les vergers, faisant la navette entre les deux hommes, rapprochés un temps par leur découverte, mais aux personnalités opposées. Le narrateur, intellectuel et rêveur, décrit ainsi le paysan :

    "On sentait chez monsieur Secaillat cette force paysanne que rien ne fait plier et qui encaisse tout, obstinément, sans broncher. Avec lui, il y avait certes un temps pour la réflexion ; mais, une fois que c’était pesé, décidé, il n’y avait rien d’autre à faire qu’avancer, en serrant les dents, les coudes et les fesses, peu importe si le chemin était dur à parcourir. On pouvait lui demander si c’était le bon moment pour labourer, si la pluie risquait d’arriver ou non s’il ne valait pas mieux attendre un peu. On pouvait lui demander, mais une fois que c’était décidé, que le soc de la charrue rentrait dans la terre, rien ni personne ne pouvait l’en faire dévier. Tracer une ligne droite jusqu’au bout du champ, et une fois là-bas, revenir en parallèle. Qu’un mistral souffle à décorner les bœufs, qu’il se mette à grêler aussi gros que des prunes, ce qui était dit était dit. Monsieur Secaillat était comme il parlait : grand et sec comme un fil de fer, sans galimatias ni chichi bellis. On pouvait croire qu’il n’avait que la peau sur les os, qu’une pichenette suffirait pour le faire tomber. C’était à la fois faux et trompeur. Faux, car il suffisait de le regarder travailler pour le voir soulever des masses que ni vous ni moi n’aurions bougées d’un millimètre. Trompeur, car il en jouait : il se présentait maigrelet comme un atoumié pour mieux tromper son monde et rafler la mise à la fin. Il n’y avait que ses yeux pour le trahir : des yeux fins comme des brins de lavande, bien cachés derrière tout un pataquès de paupières, qui scrutaient tout et ne laissaient rien passer." (p. 99)

    Dans ce voyage au cœur du Luberon, actuel mais traversant les époques, qui évoque Giono, Bosco et Daudet, l’auteur insère des bribes d’histoire et des contes locaux, faisant bifurquer le récit vers un monde antique et mythologique. "En bon Provençal, il faut se tourner du côté des légendes pour avoir un début d’explication" (p. 92). Il emploie également de nombreuses locutions provençales, pleines de soleil, et nous régale de cuisine méridionale, aïgo boulido en tête !

    Dès la légende placée en introduction, l’auteur place le Luberon sous le signe des éléments, calcaire pour la terre, ocres pour le feu, Calavon pour l’eau, et mistral pour l’air. On retrouve cette dominante dans la structure du récit, qui commence par une crue d’orage creusant la terre, et finit par un incendie d’été poussé par le mistral…

    Aline