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roman - Page 6

  • Nuit sur la neige

    roman, récit d'initiation, skiNuit sur la neige

    Laurence Cossé

    Gallimard (Blanche), 2018, 141 p., 13.50€

    Laurence Cossé (1950,--), a travaillé comme journaliste, critique littéraire, et pour la radio France Culture. Elle a publié une douzaine de romans, des pièces pour le théâtre et la radio, et un recueil de nouvelles. Chevalier de l’ordre des arts et des lettres, elle a obtenu en 2015 le Grand Prix de littérature de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre.

    Septembre 1935. Robin entre en classe préparatoire dans un lycée d’excellence tenu par les Jésuites. Comme de nombreux jeunes de sa génération, il a grandi à l’ombre de la Grande Guerre, auprès d’une mère veuve de guerre, éplorée et protectrice. Au cours d’une intense première année d'études, il découvre les affres de l'amitié et du premier amour.

    Entre ce garçon peu sûr de lui et son condisciple Conrad, beau, riche et charismatique, se noue une amitié dissymétrique autour du sport. Au printemps 1936, tandis que la tension politique monte en Europe, les garçons partent skier dans un ancien village de Haute Tarentaise du nom de Val-d'Isère, que quelques visionnaires ont l’intention de transformer en station de ski alpin. Les six jours qu'ils y passent marquent Robin à vie.

    L’auteur a articulé son roman autour d’une scène mémorable, dont elle portait l’empreinte depuis l’enfance, point d’orgue du livre et moment où le narrateur passe brutalement dans l’âge adulte. L’écriture est plutôt classique, ciselée et précise, pour un récit initiatique bref et intense. Laurence Cossé  prend le temps de détailler l’ambiance particulière des prépas à cette époque, la vie rurale frugale dans le pauvre village de Val d’Isère, les paysages des Alpes et les débuts du ski alpin. En revanche, quoiqu’en dise la quatrième de couverture, l’auteur évoque peu la montée du nazisme, si ce n’est par une certaine inquiétude ambiante.

    J’ai seulement regretté l’ajout du dernier chapitre… dix ans après. Mal amené, il n’apporte selon moi  rien au récit.

    Aline

     « Quelle étrange substance, la mémoire, fluide et fuyante à la manière du mercure, avec des éléments plus solides que le silex. La précision de certains souvenirs… Il y a des phrases entières que j’entends comme si c’était hier qu’elles m’avaient cloué sur place. Je suis sûr d’elles au mot près. Des expressions sur un visage, glaçantes, des gestes. Et il y a d’énormes trous, des cratères où ont disparu des mois entiers avec les lieux qui leur servaient de cadre, des quantités de gens – sans doute les moments heureux et les personnes inoffensives ; car les plages paisibles s’enfoncent dans l’oubli quand les heures atroces ne perdent rien de leur tranchant, quel que soit le nombre des décennies qui nous en séparent, ou sont supposées nous en séparer. Et dans les heures atroces, je compte pour ma part les quelques instants de joie folle dont j’ai eu conscience en les vivant qu’ils étaient fulgurants et qu’ils allaient s’éteindre aussi brutalement qu’ils m’avaient ébloui. »

  • Terres fauves

    roman, Alaska, états-unis, thrillerTerres fauves

    Patrice GAIN

    Le mot et le reste, 2018, 19€

     

    A la base, David McCae déteste la violence et la solitude. Cet écrivain aime se perdre dans l’activité et la foule de New York. Aussi est-ce à contrecœur qu’il traîne son costume de citadin et ses chaussures en daim jusqu’au fin fond de l’Alaska, pour obéir à son commanditaire qui exige de clore sa biographie sur une interview de Dick Carlson : héros viril des Etats-Unis, vainqueur du 1er sommet de 8000 m conquis par des Américains, Dick Carlson mérite en effet un chapitre dans les mémoires du gouverneur Kearny, qui brigue une réélection.

    « Je me demandais ce qui pouvait bien pousser un homme à s’isoler dans cette contrée inhospitalière. A se mettre constamment en danger dans un espace barbare où les plus gros mangent les plus petits sans que ces derniers ne soupçonnent que c’est là leur destin.... Le genre d'endroit où le voisin le plus proche est le Bon Dieu."

    Le héros de l'Amérique se révèle plutôt un personnage déplaisant, mégalomaniaque, et David se retrouve bien mal à l’aise en immersion dans une nature hostile en compagnie de son groupe de chasseurs de grizzlys. Incapable d’utiliser une arme, totalement inadapté à cet environnement, il puise dans ses réserves de volonté et d’ingéniosité, et tente de déjouer les pièges pied à pied. Le récit est haletant, dans une spirale descendante où il se retrouve poursuivi par un destin plus fort que lui.

    « En arrivant en Alaska j’étais tombé dans un muskeg [marécage] qui m’avalait lentement. Je sentais une force de succion me tirer vers le fond. Me débattre ne changerait rien, sinon accélérer le moment où ma tête disparaitrait… »

    La psychologie du personnage est plus fine qu’il n’y parait. Face aux prédateurs, sa naïveté le dessert ; en revanche, elle l’aide à se rapprocher des autres avec empathie. Dans les pires moments, il revient à l’essentiel : sa mère, sa sœur, et le souvenir de son père, GI mort en Afghanistan, qui  le soutient.

    Evocation puissante de l’Amérique de Trump, où il vaut mieux être du bon côté du fusil et savoir tirer !

    Aline

  • Fracking

    roman, états-unis, pétrole

     

    Fracking

    François ROUX

    Albin Michel, 2018, 19.50€

     

    Entre le titre et la couverture, le sujet est clairement annoncé. Du reste, le récit est très proche du documentaire puisque l’auteur, installé aux Etats-Unis peu avant l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, se pose en observateur. Ses descriptions et son sens de la formule, parfois, touchent à la citation. Lors d’une réunion politique de Républicains : "Tous les hommes dans cette assemblée tenaient la Constitution pour sacrée, et plus précisément son deuxième amendement. Dans ce pays de chasseurs et de ranchers, tous les hommes présents – et une grande majorité de femmes- avaient appris à marcher en s’appuyant sur un fusil. Leur troisième jambe, disait-on couramment!" Ou, en lien avec Ruth, bigote rigide : "Ici, vous étiez croyant ou vous n'étiez pas grand chose".

    A quelques mois des élections présidentielles, toutes les tendances se croisent à Middletown, petite ville imaginaire du Dakota du Nord. L’auteur suit plusieurs personnages, mettant en avant de multiples fractures : fractures entre les personnes d’orientations politiques différentes ; fractures entre des familles qui jusqu’ici vivaient dans une tradition d’hospitalité et d’entraide pour surmonter des conditions de vie rudes. Enfin, l’élément déclencheur, l’utilisation de la « fracturation hydraulique », technique mise au point depuis quelques années pour extraire les hydrocarbures de schiste en injectant dans la roche des tonnes d’eau, de sable et d’adjuvants chimiques.

    "Les ressources en hydrocarbures du sous-sol schisteux, jusqu’alors inexploitables en raison d’impossibilités techniques de forage, l’étaient soudain devenues grâce à la mise au point de la fracturation hydraulique, dont le recours massif avait débuté il y a tout juste quatre ans et qui laissait la porte ouverte à toutes sortes de spéculations et de convoitises. Avec le fracking, le rêve d’indépendance énergétique de l’Amérique allait enfin se réaliser…"

    Dans ce pays jusqu’ici consacré à l’élevage, c’est une révolution qui oppose :

    - ceux qui en profitent, en premier lieu les compagnies pétrolières, mais aussi ceux à qui elles offrent un travail bien rémunéré, comme Joe Jenson -devenu chef de chantier ;

    - ceux qui se résignent, comme les voisins –qui ont déménagé et vendu le sous-sol ;

    - ceux qui se battent, comme les activistes écologistes ou les Amérindiens, opposés au "Black Snake" le pipeline prévu sur les réserves ;

    - et enfin, ceux qui en meurent, comme  la famille Wilson, dont le bétail dépérit, ou meurt renversé par les chauffards des poids lourds. "Ce que Karen exécrait…, c’était ce foutu pétrole, ces pompes à balancier qui, inlassablement, bousillaient les entrailles de la terre depuis dix ans, depuis que la région était devenue ce que les journaux avaient appelé « le nouvel eldorado de l’or noir ». Dispersés jusqu’à deux kilomètres à la ronde, certains à moins de 200 mètres de leur habitation, il y avait très exactement 23 puits dans leur voisinage immédiat… De près, le bruit était intolérable, et avec la distance, il devenait obsédant". Sans parler de l’intoxication des fermiers, et de l’eau glauque couleur de terre et inflammable qui sort du robinet !

    Le côté « reportage » et l’écriture assez factuelle du roman sont compensés par les récits plus personnels des protagonistes. J’ai juste été un peu frustrée par la fin, qui peut-être appelle une suite.

    Aline

  • Tu dormiras quand tu seras mort

    roman,guerre d'algérie,algérieTu dormiras quand tu seras mort

    François MURATET

    J. Losfeld, 2018, 18.50€

    André Leguidel n’a ni passé, ni passif avec l’Algérie. Quand il y est envoyé en 1960, il n’y voit que l’occasion de faire carrière comme officier de renseignement, laissant derrière lui des débuts assez ternes comme traducteur en Allemagne. C’est avec un regard neutre et une oreille attentive qu’il débarque à Alger, puis à Marnia, au sud d’Oran, dans les montagnes proches du Sahara.

    Sa mission ? Infiltrer en tant qu’opérateur radio la section de commando de chasse du sergent-chef Mohamed Guellab, afin de vérifier si celui-ci est à l’origine de la mort du lieutenant Maillard. Suspect de par son origine musulmane, Guellab est-il le combattant brillant et énergique admiré par ses hommes, ou bien en traitre en puissance, susceptible de passer à l’ennemi avec armes et hommes ?

    Cependant l’enquête de Leguidel s’efface devant les impératifs d’une traque engagée par l'armée française d'un détachement du FLN à travers le djebel. L’important, au jour le jour, est de rester vigilant et de couvrir les arrières du groupe. D’où l’injonction « Tu dormiras quand tu seras mort ! »

    Outre les descriptions prenantes du quotidien des combattants d'Algérie, c’est la position neutre du narrateur qui fait l’intérêt de ce livre. Pendant entre les engagements, et pendant les missions « de pacification » du commando, Leguidel écoute les hommes échanger sur l’avenir de l’Algérie. Arabes, pieds noirs, français, supplétifs, appelés ou engagés, chaque personnage est unique, avec son avis sur la question – et sur l’interprétation de la phrase de De Gaulle « La France restera en Algérie ». Quant aux populations, comme dans le très remarquable « l’art de perdre » d’Alice Zeniter, on comprend bien que leur choix est limité, pris en tenailles entre forces françaises et rebelles. Aucun jugement n'est porté, mais peu à peu émerge l’impossibilité d’une solution militaire.

    Partiellement inspiré par son beau père harki, l'auteur, professeur d'histoire géographie, a mûri ce récit pendant une quinzaine d'années. Malgré son côté "histoire de bidasse" qui m'aurait rebutée a priori, j'ai été passionnée. Le temps a passé depuis la guerre d'Algérie, pour autant, j'ai vu passer encore assez peu de bons livres sur la question. A mon sens, celui-ci en est un. Entretien avec François Muratet:


    Aline

  • Là où les chiens aboient par la queue

    roman, Guadeloupe, familleLà où les chiens aboient par la queue

    Estelle-Sarah BULLE

    L. Levi, 2018, 19€

    L’un après l’autre, ils ont quitté Morne-Galant et leur père, Hilaire « Gros-Vaisseau », paysan à l’ancienne, avec ses 5 ou 6 vaches et ses quelques arpents de canne à sucre. Chacun à son tour ils se sont sentis étouffer  dans ce trou perdu de la Grande Île. La première à partir a été Antoine, l’aînée, belle comme un soleil, mais fière et indépendante. Femme à poigne, elle trace son chemin de commerçante –sans jamais se soumettre à un homme. Lucinde, la seconde, a utilisé ses talents de couturière pour gagner sa vie à Pointe-à-Pitre. Enfin Petit Frère les a rejointes à la ville pour étudier.

    En même temps que la chronique de la famille Ezechiel, racontée par la fratrie à leur nièce Eulalie, c’est l’évolution de toute la Guadeloupe entre les années 1940 et 1960 qui est évoquée en toile de fond : d’une terre agricole dédiée aux cultures vivrières et à la canne à sucre, on la voit changer vers une bétonisation et une urbanisation effrénées. De même, les personnages, d’abord ruraux, puis urbains, participent enfin à l’exode massif des Antillais dans les années 1960 vers la métropole. [Le Bumidom -Bureau pour le développement des migrations dans les départements d'outre-mer-, fondé en 1963 et chargé d'accompagner l'émigration des habitants des départements d'outre-mer vers la France métropolitaine a attiré nombre de jeunes et de travailleurs à Paris.]

    S’inspirant de son histoire familiale, l’auteur a volontairement donné la parole tour à tour à ses trois narrateurs pour offrir un point de vue varié. Estelle-Sarah Bulle est née en 1974 à Créteil, d’un père guadeloupéen et d’une mère franco-belge, et vit dans la région parisienne. Là où les chiens aboient par la queue, son premier roman, a déjà obtenu le prix Stanislas 2018. Elle en parle ici.

    Une lecture fluide et agréable, enrichissante. Auteur à suivre ! Aline

  • Bouillon de rentrée littéraire... mais pas que !

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    Paul AUSTER

    Actes Sud, 2018

    Selon la légende familiale, le grand-père Isaac Reznikoff quitta un jour à pied sa ville natale de Minsk avec 100 roubles cousus dans la doublure de sa veste, eut moultes aventures avant d’arriver enfin aux Etats Unis, où il fut rebaptisé Ferguson à Ellis Island. A partir de là, l’auteur invente 4 trajectoires pour le même personnage… dont le destin change en fonction de son environnement et de l’influence des évènements. Au travers de ces 4 variations biographiques, l’auteur retrace l’histoire des Etats-Unis.  Ambitieux et intéressant.

     

    roman,roman étranger,roman adoKhalil

    Yasmina KHADRA

    Julliard, 2018

    Récit d’un jeune de Molenbeek radicalisé, venu à Paris en 2015 pour semer la terreur. Yasmina Khadra propose une approche psychologique du sujet en se mettant dans la tête d’un kamikaze. Ses rapports aux autres, à la mère de cet ami… Dérangeant et captivant, du grand Khadra !

     

    roman,roman étranger,roman adoUn monde à portée de main

    Maylis de KERANGAL

    Verticales, 2018

    Une jeune fille, indécise sur son avenir après le bac, s’inscrit dans une école de copiste. S’ensuivent ses années d’école, puis ses travaux à Rome à Cinecita, dans la grotte de Lascaux,… Maylis de Kerangal nous offre une plongée détaillée dans la peinture et le métier de peintre en décors. A son habitude, son roman est extrêmement documenté et précis. Vous ne regarderez plus les fresques de la même façon !

     

    roman,roman étranger,roman adoMille petits riens

    Jody PICOULT

    Traduit de l’américain « Small Great Things » par Marie Chabin

    Actes Sud, 2018

    Plaçant son récit dans les Etats Unis d’aujourd’hui, l’auteur raconte la communauté blanche bien-pensante, et les pensées de ceux qui ne se croient pas racistes – pas si claires vis-à-vis des noirs. Alternant entre trois personnages, le roman en suit l’évolution : une sage-femme noire professionnelle et appréciée ; un suprématiste blanc qui refuse qu’une soignante noire s’occupe de son bébé ; une avocate blanche. Facile à lire.

     

    roman,roman étranger,roman adoChanger l’eau des fleurs

    Valérie PERRIN

    Albin Michel, 2018

    Violette Toussaint vient de l’assistance publique. Elle a été garde-barrière, puis gardienne de cimetière, chargée de l’entretien des tombes et de l’accueil des familles. Une leçon de courage et de résilience, avec des personnages tout simples mais très bien racontés. (Par l’auteur de Les oubliés du dimanche, qui se passait en maison de retraite).

     

    roman,roman étranger,roman adoLes meilleurs amis du monde

    Gilly MacMILLAN

    Les Escales, 2018

    Noah et Abdi sont amis depuis l’enfance, bien qu’issus de milieux différents : Noah vient d’une bonne famille BCBG anglaise, tandis qu’Abdi est réfugié Somalien. Lorsque le corps de Noah est repêché dans un canal de Bristol, Abdi est soupçonné, mais il ne peut (ou ne veut) rien dire. On voit progresser deux familles qui n’ont rien en commun dans leur recherche de vérité. Très bien écrit.

     

    roman,roman étranger,roman adoLe magasin jaune

    Marc TREVIDIC

    J.C. Lattes, 2018

    En 1929, un jeune couple ouvre une boutique de jouets dans le quartier de Pigalle. Repeint d’un jaune éclatant, le magasin est rayonnant, et propose de beaux jouets du Jura. La petite fille du couple devient la mascotte du quartier. Vie du quartier avec ses hauts et ses bas jusqu’après la guerre.

     

    roman,roman étranger,roman adoLe peintre d'aquarelles

    Michel TREMBLAY

    Actes Sud, 2018

    Marcel a passé plus de 50 ans dans un hôpital psychiatrique au fond des Laurentides. Depuis des années, il peint à l'aquarelle, sur les conseils de son médecin : les montagnes menaçantes qui l'entourent, mais aussi la mer, qu'il n'a jamais vue. Le roman est son passage à l'écriture, dans un essai de journal intime. Il y écrit de très belles pages sur la peinture, de la préparation du papier à la réalisation de ses aquarelles, et s'essaie à comprendre sa vie. Enfant épileptique, sujet à des crises de schizophrénie, il avait été enfermé après avoir mis le feu aux cheveux de sa mère... Avec la douceur des teintes d'aquarelle, le récit émouvant d'une vie confisquée par les médicaments, consacrée à la peinture. (Se lit seul, mais peut aussi être intégré à la saga des Desrosiers).

     

    roman,roman étranger,roman adoLe pays des contes

    Chris COLFER

    M. Lafon, 2016 à 2018

    Alexe et Connor sont des jumeaux très différents. Alexe aime les livres, tandis que Connor –peu scolaire- a beaucoup d’amis.  Depuis le décès de leur père, il y a un an, leur mère travaille dur. Leur grand-mère est conteuse dans les hôpitaux. Un jour, les jumeaux se retrouvent projetés dans le livre des contes, où les histoires sont en fait bien différentes des versions que nous connaissons. Enfermés de l’autre côté, il leur faut réunir 8 objets magiques éparpillés dans les villes des différents personnages.  Aventure, humour et émotion sont au rendez-vous dans cette série pour ados. (Série en cours, mais chaque tome est clos.)

     

    roman,roman étranger,roman adoFrappe-toi le cœur

    Amélie NOTHOMB

    Albin Michel, 2017

    Alfred de Musset : « Frappe-toi le cœur, c’est là qu’est le génie ». Une jolie fille qui a tout pour elle épouse un pharmacien, puis vit mal la perte de sa jeunesse lorsqu’elle devient mère. La narratrice, sa fille, est détestée par sa mère narcissique et jalouse. Le récit s’attache à l’évolution des trois enfants, conditionnée par leur relation à la mère, que ce soit l’excès ou le manque d’amour. Relations humaines, rivalités, manipulations… et retournement en fin de roman. Un bon Nothomb.

     

    roman,roman étranger,roman adoBakhita

    Véronique OLMI

    Albin Michel, 2017

    Fin du 19e siècle. Une fillette soudanaise, raflée par des esclavagistes, va vivre un destin incroyable –avec des moments très durs. Ses pérégrinations l’emmèneront jusqu’en Italie. Après la perte de sa langue maternelle, et la perte de son identité, la religion l’aidera à se réaliser. Le style colle très bien à l’histoire et aux émotions, par son choix de mots et de phrasé. Très beau récit émouvant, inspiré de la vie de Joséphine Bakhita, canonisée par Jean-Paul II en 2000.

     

    roman,roman étranger,roman adoCelui qui va vers elle ne revient pas

    Shulem DEEN

    Globe, 2017

    Essai, ou roman autobiographique. L’auteur vient d’un Shetl, communauté juive hassidique traditionnelle près de Brooklyn. Tenté par la radio, internet et une émancipation vis-à-vis du groupe, le narrateur raconte aussi comment ceux qui sortent de ces communautés soudées en sont bannis et se retrouvent déconnectés, esseulés.

     

    roman,roman étranger,roman adoUn jour, tu raconteras cette histoire

    Joyce MAYNARD

    P. Rey, 2017

    Joyce Maynard retrace ses années de bonheur avec son mari Jim, rencontré à 55 ans, leur complicité, et leur douloureux chemin ensemble lorsque Jim est atteint d’un cancer du pancréas.

     

    roman,roman étranger,roman adoL’homme de ma vie

    Yann QUEFFELEC

    Guérin, 2017

    L’auteur parle de sa relation difficile à son père, l’écrivain Henri Quéffelec, dont il a toujours essayé de capter l’attention et l’amour. Sensible et sympathique.

     

    roman,roman étranger,roman adoGuide des égarés

    Jean d’ORMESSON

    Gallimard, 2016

    Le regard de l’écrivain sur l’humanité. Belle écriture et philosophie sans en avoir l’air.

     

     

     

  • Marcher droit, tourner en rond

    Marcher droit.gifMarcher droit, tourner en rond

    Emmanuel VENET
    Verdier, 2016

    En parcourant ce roman à une voix, fort bien écrit, on se surprend vite à envier le héros. Qu’il soit atteint du syndrome d’Asperger est juste anecdotique C’est surtout le prétexte d’un roman sans concession, à la manière du Candide de Voltaire, le narrateur tend un  miroir très lucide sur nos modes de vie contemporains. Quel privilège de penser sans entrave et d’évacuer toute culpabilité dans ses analyses. Seul bémol, la tristesse ambiante : notre autiste se pose en légiste et déroule une vie humaine, sa légèreté puis l’âge venant les compromis et la dégradation physique qui nous fait oublier jusqu’à nos exigences. Au-delà du ton léger pour décrire les funérailles de la grand-mère Marguerite et l’inénarrable tante Solange, ce n’est pas vraiment gai. Mais jubilatoire, incisif et vrai… Oui !

    Sylvie

  • Légende d'un dormeur éveillé

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    Légende d'un dormeur éveillé

    Gaëlle NOHANT

    éd. H. d'Ormesson, 2018, 23€

    A Robert Desnos, on associe souvent un poème enfantin : « Une fourmi de 18 mètres avec un chapeau sur la tête... ». Dommage de s’arrêter là. Qui soupçonnerait que Desnos a composé ce poème pour distraire un petit garçon juif  terré afin d'échapper à la Gestapo ?

    Mais revenons aux années 30,  Desnos file sa jeunesse,  imprudent et  fêtard,  se livrant à des expériences d'hypnose avec Breton ; maladroit souvent, touchant d’être "celui qui aime trop".   Ces pages nous laissent découvrir un homme  empêtré dans sa sensibilité, infiniment  sincère dans ses engagements.  Vous croiserez ses amis : Prévert, Artaud , Argon, Eluard et le pétulant Jean Louis Barrault. La grande histoire croise la petite, les bruits de bottes se rapprochent. Desnos était une belle personne, un homme droit, viscéralement humaniste, veilleur prémonitoire, il  s'est engagé.

    Figé trop tôt dans une éternelle jeunesse, le poète retrouve  grâce à ce roman sa stature et  son courage, magnifique…  On regrettera parfois le choix des extraits poétiques mais l'exercice était périlleux. A découvrir sans  réserve, une très belle lecture.

    Sylvie B.

  • Tombée des nues

    Tombée des nues.gifTombée des nues

    Violaine Bérot

    Buchet Chastel, janvier 2018, 161 p., 13€

     

    C’est par une nuit extraordinaire, une nuit de tempête un 29 février, que ce bébé a décidé de se révéler à ses parents. Personne ne l’avait vu arriver. Dédé, appelé à l’aide, trouve Marion –en sang et hagarde- dans la salle de bains, soutenue par son mari Baptiste. Ni l’un ni l’autre n’ont compris ce qui leur arrive. Mais dans ces montagnes pyrénéennes, un berger sait quoi faire lorsqu’une mise-bas se passe mal ou qu’un agneau nait dans le froid.

    Roman choral qui m’a évoqué l’enfant océan, de Jean-Claude Mourlevat, pour sa façon de faire avancer peu à peu l’intrigue au travers du regard singulier et de la sensibilité de personnages différents, et de maintenir la tension malgré une apparente simplicité.  L’auteur a structuré le livre pour qu’on puisse le lire de façon linéaire, ou bien narrateur par narrateur : la sage-femme expérimentée, Dédé l’homme providence, l’ami Tony, la femme bien-pensante, la grand-mère, Baptiste le père, et enfin Marion !

    En phrases pleines de retenue et en chapitres courts, l’auteur s’interroge sur le devenir de la maman en état de sidération, du bébé, et de leur relation à naître, tandis que tout le village (ou presque !) s’apprête à accueillir l’enfant avec bienveillance. Comme dans le roman de Françoise Guérin, qui évoque les zones d’ombre de la maternité, le rôle du père est magnifié, et l’entourage joue un rôle déterminant.

    D’une profonde humanité... même si les chèvres ont, elles aussi, un rôle clé.

    Aline

  • Maternité

    roman,psychologie,parent

    Maternité

    Françoise GUERIN

    Albin Michel, mai 2018, 465 p., 22 EUR

    Jusqu'à la naissance de sa fille, Clara contrôle parfaitement sa vie, et mène une carrière brillante de... contrôleur financier. Bac +8, elle pose un regard très intellectuel sur le quotidien -avec un souci permanent de cohérence et d'efficacité- tout en admirant sans bien les comprendre les qualités humaines de son conjoint, Frédéric.

    Tout est bousculé et remis en cause avec la grossesse ; la maternité ravive son mal-être et les souvenirs douloureux de sa relation avec une mère névrosée. Clara essaie à toute force d'être une mère "normale", allaite par malentendu et par devoir, mais se débat avec des sentiments contradictoires.  Elle souffre de reproduire avec sa petite fille les erreurs de sa mère, mais reste impuissante à rompre avec cette trajectoire.

    L'entourage de Clara fait de son mieux. Maud, sa soeur, compatit ; Zora, l'amie d'enfance, comprend ; Frédéric est un mari aimant et un excellent père, qui compense de son mieux... Clara tend à interpréter les tentatives d'aide du corps médical comme des jugements, jusqu'à la rencontre avec une psychologue, qui libère sa parole. Mais lorsque les digues cèdent, comment gérer le trop plein d'émotions ?

    Sans avoir le même passif, nous avons tous une histoire familiale, influencée par notre lien à nos parents, que nous tendons à projeter sur nos enfants si nous avons choisi (?) d'en avoir.  Un jour ou l'autre, nous avons connu la frustration devant les réactions d'un bébé, voire été excédés de ne pas le comprendre. Au passage, j'ai appris qu'il existe des psychologues spécialistes du lien parent-bébé, et que le bébé comprend et exprime plus qu'on ne le croit.

    J'ai été bousculée et émue par ce récit tendu, en finesse, qui évite les raccourcis et les tentations de résolution hâtive. Françoise Guérin expose une situation et propose des pistes de réflexion, tout en laissant son lecteur libre de les développer...

    Aline