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roman - Page 7

  • Bouillon Feel Good

    Les "Feel Good Books", ou "livres qui font du bien" sont à la mode, mais que recouvre cette appellation ? Les livres qui procurent à leurs lecteurs un sentiment de bien-être. Pas facile d’insister sur les côtés positifs de la vie sans donner dans la bluette sentimentale ou le superficiel. A rebours des nombreux livres « kleenex » publiés (sitôt lus, sitôt oubliés, voire jetés), chacun d’entre nous a cherché un livre qui lui donne le sourire… tout en présentant un réel intérêt.

    Après les très médiatisés Anna Gavalda (Ensemble c’est tout), Laurent Gounelle (L’homme qui voulait être heureux), Grégoire Delacourt (La liste de mes envies), Gilles Legardinier (Complètement cramé)… voici notre sélection, évidemment subjective et personnelle.

     

    comité de lecture,romanMonsieur Origami

    Jean-Marc  CECI

    Gallimard (Blanche), 2016, 15 €

    Court roman zen. A 20 ans, Kuroshiku quitte son village à la poursuite d’une femme aperçue, dont il suit un fantasme jusqu’en Toscane. Héritier de la tradition familiale du papier washi, il a emporté avec lui un plant de mûrier, qu’il implante sur une colline de Toscane. Seul, il médite, fabrique son papier et en utilise les plus belles feuilles pour plier et déplier inlassablement son origami. Après des décennies, l’arrivée inattendue d’un jeune horloger le pousse à l’échange. Dans ce roman apaisant et philosophique, écrit en courts chapitres au présent, le temps semble aboli.

     

    comité de lecture,romanLes filles bien ne vont pas au pôle sud

    Liv ARNESEN

    Interfolio (Lire et voyager), 2017, 22 €

    Après avoir lu les récits d’explorations polaires (Amundsen), Liv Arnesen et ses amies partent en expédition au Groenland. Sportive de haut niveau, ayant besoin de relever des défis, cette Norvégienne décrit ses préparatifs minutieux, entraînement, recherche de sponsors,… pour une expédition transantarctique. C’est en 1994 qu’elle devient la première femme à atteindre le Pôle Sud sans asistance. Une histoire vraie dynamisante !

     

    comité de lecture,romanMa reine

    Baptiste ANDREA

    L’Iconoclaste, 2017, 17 €

    Shell, un garçon un peu simple, vit avec ses parents qui tiennent une station-service. Son plaisir : être pompiste. Pour « devenir un homme », il décide de partir seul sur le haut-plateau. Sa rencontre avec une fille fantasque, à l’imagination merveilleuse, donne lieu à une amitié hors norme. Tout l’été, Shell est heureux dans la nature, avec les visites de sa « reine ». Construit autour de personnages cabossés, ce roman plein de tendresse a obtenu le prix 2017 du premier roman.

     

    comité de lecture,romanTa deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une

    Raphaëlle GIORDANO

    Eyrolles, 2015, 14.90 €

    « Je rêve que chacun puisse prendre la mesure de ses talents et la responsabilité de son bonheur. Car il n’est rien de plus important que de vivre une vie à la hauteur de ses rêves d’enfants.» Un « routinologue » rencontré par hasard encourage une jeune femme à reprendre sa vie en main… Un roman facile, parmi les plus demandés en bibliothèque cette année.

     

    comité de lecture,romanLa librairie de la place aux herbes

    Eric de KERMEL

    Eyrolles, 2017, 14.90 €

    Nathalie et son mari quittent Paris pour s’installer à Uzès. Nathalie ouvre une librairie sur la fameuse place aux herbes, et la gère avec passion, n’hésitant pas à s’immiscer dans la vie de ses clients. Chaque chapitre est un parcours de vie d’un client, à partir de son rapport au livre. La librairie vue comme un confessionnal, et le livre comme une thérapie. Sans être un chef d’œuvre, ce premier roman -partiellement autobiographique- se lit avec plaisir, et offre surtout de très beaux passages sur la lecture.

     

    comité de lecture,romanLa vie princière

    Marc PAUTREL

    Gallimard (L’infini), 2018, 10.50 €

    Le narrateur évoque la rencontre avec la femme aimée. Ensemble, ils parlent, se promènent, s’inventent. Description de l’état amoureux et déclaration d’amour à l’amour.

     

    comité de lecture,romanNature morte aux miettes de pain

    Anna QUINDLEN

    Belfond, 2016, 20.50 €

    Une artiste has-been et ruinée doit quitter son appartement de Manhattan pour s’installer dans un vieux cottage à la campagne. Pour rénover sa maison, elle emploie un jeune charpentier, qui lui fait partager sa passion de l’ornithologie, et l’ouvre à de nouveaux horizons.  

     

    comité de lecture,romanLe livre que je ne voulais pas écrire

    Erwan LARHER

    Quidam, 2017, 20 €

    L’auteur, blessé lors de l’attentat du Bataclan, écrit son histoire, et y insère des textes de ses amis. De l’humour (éloge de la biscotte) dans ce récit sans pathos et sans haine, qui appelle à un sentiment de fraternité humaine. Michèle a beaucoup aimé… tandis que Nicole s’est ennuyée (témoignages redondants).

     

    comité de lecture,romanLe plus beau reste à venir

    Hélène CLEMENT

    Albin Michel, 2017, 20 €

    Le narrateur, Raphaël, alterne entre deux époques : ses années de lycée, dans la fin des années 1990, avec un père professeur d’histoire extrêmement dévoué envers ses élèves en difficulté. Dans les années 2010, à la mort de son père, il reprend contact avec les élèves de celui-ci. Sur une bande son des années Goldman « Il changeait la vie… » l’auteur évoque le passage à la vie d’adulte, et la façon dont les ados exploitent leurs faiblesses pour en faire quelque chose de positif.

     

    comité de lecture,romanL’échappée belle

    Anna GAVALDA

    Le Dilettante, 2009, 10 €

    Afin d’échapper à un mariage corseté et à une belle sœur étriquée, quatre jeunes adultes se retrouvent entre frères et sœurs, pour une parenthèse dans leur vie ordinaire. Court roman plein d’humour et d’humanité.

     

    comité de lecture,romanLa bibliothèque des coeurs cabossés

    Katarina BIVALD

    Denoël, 2016, 21.90 €

    Traduit du suédois Läsarna i Broken Wheel rekommender par Carine Bruy

    Sara Lindquist, libraire, échange des lettres avec Amy, lectrice de l’Iowa (lettres intégrées au texte). Lorsque sa boutique ferme, elle rend visite à son amie aux Etats-Unis… mais arrive le jour de sa mort. Les gens du village la prennent en charge. En échange, elle aménage avec les livres d'Amy une librairie... qui ressemble furieusement à une bibliothèque, et tente de trouver pour chacun le livre qui lui convient et lui fera du bien. Beaucoup de réflexions sur ce qu’apportent les livres... tout en se moquant gentiment des excès auxquels Sara est poussée par sa passion de la lecture. Une bibliothèque... ou comment insuffler une âme et revivifier une commune qui dépérit.

     

    Voir aussi les critiques des livres suivants, en ligne sur ce blog :

    comité de lecture,romanAilleurs

    Dario FRANCESCINI

    L'Arpenteur, 2017, 19 €

     

    comité de lecture,romanLes délices de Tokyo

    Durian SUKEGAWA

    A vue d'Oeil, 2016, 18 €

     

     comité de lecture,romanMa vie de pingouin

    Kararina Mazetti

    Gaïa, 2015, 21 €

    Déjà critiqué ici.

     

  • Prix M.O.T.S.

    Après plusieurs mois de lectures intensives et de débats au sein du comité de sélection composé de bibliothécaires professionnelles et de bénévoles dévoreuses de livres,  la sélection 2018 du prix des lecteurs M.O.T.S.  des  4 Villages (Messimy, Orliénas, Thurins et Soucieu) a été révélée le samedi 27 janvier à la médiathèque de Thurins devant une assistance très attentive à la présentation des divers titres.

    prix des lecteurs

    Comme tous les ans, ce sont  5 romans et 6 BD qui sont proposés à la lecture jusque fin juin à tous les usagers désireux de s’impliquer dans le vote. Personne n’est obligé de tout lire puisqu'un système de notation des ouvrages est pratiqué : une moyenne des points est en effet réalisée à terme pour déterminer les lauréats.

     

    Cette année, le comité de sélection a choisi de mettre à l'honneur des premiers romans, et des premières bandes Dessinées "ou presque" (premières collaborations ou réalisations de début de carrière).

     

    Ont donc été retenus, pour les romans :

    Fils du feu de Guy Boley chez Grasset
    Les fils conducteurs de Guillaume Poix chez Verticales
    Une histoire des abeilles de Maja Lunde, Presses de la Cité
    Onze ans
    de Jean-Baptiste Aubert chez Christophe Lucquin éditeur
    La Petite fille et le monde secret
    de Maren Uthaug chez Actes Sud

     

    Pour les B.D. :

    L' Aimant de Lucas Harari chez Sarbacane
    L'Appel
    de Laurent Galandon et Dominique Mermoux chez Glénat
    Ces jours qui disparaissen​t
    de Timothé Le Boucher chez Glénat
    La Différence invisible 
    de Julie Dachez et Mademoiselle Caroline chez Delcourt
    La France sur le pouce
    d'Olivier Courtois chez Dargaud
    La Saga de Grimr
    de Jérémie Moreau chez Delcourt

     

    Durant les cinq mois de ce marathon lecture, nous prendrons deux pauses en compagnie d'auteurs de la sélection :

    Le vendredi 9 mars à 18h30, rencontre avec Olivier Courtois à la Bibliothèque de Soucieu
    Le samedi 5 mai à 14h30, rencontre avec Jean-Baptiste Aubert à la Médiathèque de Messimy

     

    C'est le vendredi 6 juillet à 18h30 qu'aura lieu la proclamation des résultats à la Médiathèque d'Orliénas.

    D'ici là, pour agrémenter les pauses dans la découverte de toutes ces merveilles, on pourra profiter d'une playlist musicale sur le thème des débuts, premières fois et commencements constituée par la médiathèque de Messimy !

     

  • Patrick Deville

    Bouillon de lecture à Chassagny, ce 14 Décembre 2017 : nous étions réunis autour de l’œuvre de Patrick DEVILLE qui fêtait ses 60 ans ce jour-là, agrémentée par les délicieuses tarte aux pommes et mousse à l’orange de Noël.

    roman

    De nombreux ouvrages ont été écrits par ce voyageur infatigable en 30 ans, depuis Cordon bleu en 1987, jusqu’à Taba Taba en 2017. Les premiers sont des romans, publiés aux éditions de Minuit : Longue vue (1988), La femme parfaite (1995) replacés dans l’époque de la société de consommation.

     

    Pendant ces années Patrick Deville se déplace beaucoup au Moyen-Orient, Afrique, Amérique latine. Ses oeuvres suivantes paraissent au Seuil. Pura Vida (2004), évoque William Walker de Nashville, président éphémère du Nicaragua. La tentation des armes à feu (2006) rassemble 5 récits de suicides concernant des personnalités plus ou moins connues.

     

    Et commence un nouveau genre de récits historiques où la grande histoire croise les détails des déplacements, évènements familiaux, retours en arrière, changements de lieux et d’époque qui donnent parfois le tournis, tout en s’appuyant sur une documentation irréprochable qui mettent l’accent sur la complexité réelle de l’Histoire.

     

    Cela déroute le lecteur, ce qui explique dans notre groupe l’alternance de remarques bienveillantes, et de reproches : trop difficile à suivre, une certaine complaisance, des détails sans intérêt sur le numéro des innombrables chambres d’hôtel évoquées !!! Donc un écrivain intéressant, complexe, à la fois attachant et « décourageant » par certains aspects.

     

    Equatoria (2009), pérégrinations de Savorgnan de Brazza, dont quelques extraits, lus à voix haute, nous émeuvent par des souvenirs personnels liés au docteur Schweitzer.

    Kampuchéa (2011) récompensé par le magazine Lire défendu et promu par l’une de nos lectrices.

    Peste et choléra (2012), magnifique biographie d’Alexandre Yersin saluée par de nombreux prix, est le seul ouvrage qui emporte l’adhésion de nous toutes.

    Viva (2014) se déroule au Mexique pour les derniers jours de Trotski, où se croisent Frida Kahlo, Malcom Lowry …

    Taba Taba (2017), autobiographie fleuve de plus de 400 pages où l’on comprend que le jeune Patrick cloué dans un corset de plâtre à l’âge de 3 ans, ait juré de découvrir le monde avec autant d’avidité !!

    Un tourbillon, une soirée animée et passionnante. Marie-Claire

  • Les fils conducteurs

    roman, Ghana, environnement, travail des enfantsLes fils conducteurs

    Guillaume POIX

    Verticales, 2017, 224 p., 18 €

     

    Agbogbloshie, immense décharge électronique, située dans la banlieue pauvre d’Accra, grande ville portuaire et capitale du Ghana. "Nécropole de notre monde", inépuisable gisement constitué de monceaux d’appareils inertes : «congélateurs et réfrigérateurs, tous les degrés de la chaîne du froid, du chaud aussi : déblai de gazinières, fers à repasser, machines à café, mais surtout amas d’ordinateurs, écrans, modems et télévisions, agrégat de tablettes, téléphones, claviers et smartphones, entassement de moniteurs, imprimantes, processeurs, souris, périphériques, disques durs, … coulisses d’une nouveau monde pas tout à fait recyclé. » C’est aussi un cauchemar environnemental, boue noire et corrosive qui brûle la peau, fumées toxiques, arrêtes tranchantes,… Ironiquement, l’entrée en est marquée par un panneau « Golden Gate ».

    roman, Ghana, environnement, travail des enfants

    C’est là qu’échoue Jacob, 11 ans, orphelin de père, qui voit dans « la fouille du merdier » un moyen de subsistance, voire un possible eldorado. Il apprend auprès de deux autres jeunes, Isaac et Moïse, comment s’y orienter,  « pucher sur la bosse », « chiper » et trier les métaux, et repérer dans le ventre des appareils ce qui peut se revendre pour une poignée de cédis.

    Parallèlement,  l’auteur pose un regard peu complaisant sur Thomas, photographe occidental  en route pour photographier la décharge, peu baroudeur de nature, anxieux de tomber malade, méconnaissant totalement le pays où il se rend. Il juxtapose le quotidien de Thomas, qui s’inquiète de détails -trousse à pharmacie, rougeurs et piqures d’insectes- à celui du jeune « bosseur » survivant dans des conditions totalement insalubres.

    Pour autant, tous deux vivent –à des âges différents-  un moment charnière, celui où un fils échappe à sa mère, s’éloigne et prend ses décisions. Thomas quitte sa mère Anne pour entreprendre un reportage photographique, Jabob les bras d’Ama pour gagner quelques cédis.

    Guillaume Poix n’a pas assez de mots pour décrire l’Agbogbloshie monstrueux et toxique,  et ses profiteurs, qui pullulent sur la misère.  Le langage est, de fait, ce qui fait à la fois la force et la faiblesse de ce roman. Il donne une grande puissance aux dialogues colorés et vivants des biffeurs, avec leur argot imagé et mâtiné de multiples langues. En revanche ses descriptions m'ont paru bavardes et abondantes, au risque d'éloigner du récit.

    Un premier roman fort et nécessaire. Une chose est certaine : après sa lecture, vous ne jetterez (et donc n’achèterez) plus aucun appareil électronique à la légère ! Sur ce sujet, voir ici reportage du Fil Rouge

    Aline

  • Exercice d'écriture

    roman, écriture

     

    Trois jours avec Norman Jail

    Eric FOTTORINO

    Gallimard, 2016, 17.50 €

     

    Le mystère plane sur la narratrice, une jeune femme venue interviewer l’énigmatique écrivain Norman Jail, et sur son objectif en lui rendant visite. Trois jours avec Norman Jail = trois jours à parler littérature et à éluder la vie…

    Norman Jail est un pseudonyme, utilisé pour publier un seul roman à l’immense renommée, et l’écrivain s’amuse à brouiller les cartes : a-t-il écrit d’autres livres ? Ont-ils été publiés ? Quelle est la part de vérité et celle de fiction dans ses ouvrages ? Tout ce que relate le vieil homme est sujet à questionnement, ainsi peut-être que ce que raconte la narratrice…

    Ce roman m'a laissée insatisfaisante sur la résolution de l'intrigue, frustrée par ce jeu brillant, mais un peu trop subtil. En revanche, le roman regorge de réflexions sur l’écriture et sur la création, et mérite une dégustation lente.

    « Un roman est le plus beau roman du monde tant que vous ne l’avez pas écrit » (p.21)

    « Ecrire, c’est repartir chaque fois de sa faiblesse » (p.31)

    « Un jour, j’ai réalisé que le mot écrire contenait toutes les lettres du mot crier… un homme qui écrit est un homme qui crie. »(p.20)

    « Le vrai n’est jamais aussi vrai qu’enrobé d’imagination. » (p.40)

    Aline

  • Prix M.O.T.S. des 4 villages 2017 : les résultats !

    Vendredi 9 juin, en salle du Conseil de Messimy, le palmarès du prix des lecteurs M.O.T.S. 2017 a été dévoilé devant un public de près d’une quarantaine d’auditeurs. Ce sont, au total, environ 150 participants répartis sur Messimy, Orliénas, Thurins, et Soucieu-en-Jarrest qui ont lu la sélection constituée de 5 romans et 6 BD. 104 lecteurs ont participé au vote.

    La soirée a été lancée par Madame Catherine Di Folco, sénateur-maire de Messimy, en présence d’élus des autres communes. De vivants échanges autour des titres du prix ont suivi, permettant encore une fois de faire le constat d’une grande richesse dans les approches des textes. Le fil rouge du voyage sur les cinq continents qui a avait été retenu par les bibliothécaires pour orienter le choix des ouvrages a été fort apprécié, beaucoup de lecteurs ont aimé voyager à travers les livres sélectionnés.

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    Ont donc remporté le prix cette année :
    ÉtuŋwAŋ : Celui-Qui-Regarde de Thierry Murat, chez Futuropolis pour la catégorie BD
    La Mort de Mitali Dotto de Anirban Bose, publié au Mercure de France, pour la catégorie roman

    Un buffet en plein air a clôt la rencontre et a permis aux lecteurs de poursuivre les discussions autour des ouvrages et de signifier aussi leur volonté de repartir pour la découverte d’une nouvelle sélection en 2018. De la lecture en perspective cet été pour les bibliothécaires... et pour tous les lecteurs qui voudront bien participer aux suggestions de livres !

  • Le ciel est la limite

    roman, deuil, Brésil

     

    Le ciel est la limite

    Anne LANOË

    Fleurus, 2016, 250 p., 13.90€

     

    Suite à un accident de la route qui a coûté la vie à sa mère, Samuel est resté quelques jours dans le coma. A son réveil, il refuse de parler... se coupant peu à peu de tous ceux qui l’entourent ! Ne sachant plus quoi inventer pour le sortir de son mutisme, son père l’envoie  2 mois au Brésil : avec un groupe de jeunes, il doit participer à un programme de revégétalisation d’une favela.

    Le titre fait référence au bidonville, qui monte jusqu’au ciel, mais aussi à la belle métisse brésilienne, Céu (« ciel »), qui distille la joie de vivre.  « Nous avons des maisons de pauvres comme tu vois mais le monde entier nous envie cette vue sur Rio. Ce n’est pas pour rien qu’on cherche à nous déloger d’ailleurs. C’est bien trop beau pour nous. Seul le ciel nous arrête. »

    Des fleurs tropicales, un musée d’art naïf, les cariocas, la plage, le Pain de Sucre et le Corcovado… mais aussi des gnons et des engueulades…  « Voyager n’est pas guérir son âme », et pour Samuel, ultrasensible, roi des haussements d’épaules, sourcils levés et mimiques en tous genres, il est difficile de s’entendre avec les autres jeunes du groupe. Chacun a son histoire douloureuse, et peine à accepter les mains tendues !

    Ce voyage au Brésil est plutôt un voyage intérieur, ainsi que l’occasion de mieux connaître sa mère en renouant avec son histoire familiale, marquée par les années de plomb en Amérique du Sud.

    Aline

  • L'enfant qui mesurait le monde

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    L’enfant qui mesurait le monde

    Metin ARDITI

    Grasset, 2016, 19€

     

    Sur l’île grecque de Kalimaki, on n’a jamais eu que le strict nécessaire. Pêcheurs, mareyeurs, constructeurs de trehandiri (bateau traditionnel), cafetiers…  ont toujours travaillé dur, mais la situation a empiré depuis la crise ! Maraki trime pour gagner sa vie et celle de son fils en pêchant à la palangre.

    Le maire, Andreas, arrange avec le goupe Investco un grand projet hôtelier « Pericles palace » qui, certes, bétonnerait la plus belle crique de l’île, mais permettrait de réaliser des infrastructures et apporterait la prospérité aux îliens. Le roman oppose le point de vue des « progressistes » à celui des défenseurs de l’intégrité de l’île. Esthètes ou pragmatiques, les personnages sont présentés avec empathie par l’auteur, qui s’attache à comprendre leurs motivations, et les changements que ce projet  apporterait dans la vie de chacun, femme, homme ou enfant. Ce que personne ne souhaite voir disparaître, c’est le caractère humain et solidaire de la communauté.

    Pendant ce temps, le petit Yannis, muré dans ses comportements compulsifs, mesure les détails et compare les chiffres à ceux de la veille pour rétablir l’ordre du monde. Mais le monde peut-il rester en ordre même lorsque les choses changent ? Et qu’est-ce que l’ordre du monde ? Aidé par Eliot, architecte retraité venu enterrer sa fille sur l’île, Yannis essaie de trouver ses propres réponses.

    Proche du conte philosophique, ce roman offre, outre une galerie de personnages attachants,  plusieurs pistes de réflexion. Les thèmes : Grèce, autisme, deuil, maîtrise du progrès… sont entremêlés, et s’enrichissent l’un l’autre. Belle lecture facile, émouvante et positive.

    Aline

  • Exil (3)

    roman, exil, migrant

     

    Destiny

    Pierrette Fleutiaux

    Actes Sud (Domaine français) 2016

     

    Dans un couloir du métro parisien, Anne  est interpelée par le dénuement de Destiny, enceinte et noire,  et l’accompagne à l’hôpital. Entre l’aidante et l’aidée se tisse peu à peu une relation fragile, meublée d’incompréhension. Le contraste est si grand qu’on ne saisit même pas ce qui les pousse l’une vers l’autre : la grand-mère blanche « bien sous tous rapports », et la jeune réfugiée Nigériane, à l’histoire tragique, au regard foudroyant.   

    « Anne a rencontré Destiny avec en elle tout un monde de références culturelles qui clignotent incessamment, au milieu desquelles elle avance son tout petit véhicule d’expérience personnelle. L’expérience personnelle est tout ce que possède Destiny, mais c’est un océan, dont jamais Anne ne pourra explorer toutes les dimensions. »

    L’écart entre elles est constant, et Anne, malgré ses efforts, peine à assimiler les codes différents de la jeune migrante, à comprendre sa méfiance et ses mensonges. Mais « vérité et mensonge ne sont pas des concepts de référence très utiles quand on côtoie les miséreux du monde ».  Rien n’est gagné dans le parcours de Destiny, entre Gare de Lyon, aide d’urgence du 115, hôpitaux et hôtels  miteux.

    Un livre nécessaire. Pas très littéraire, ni recherchée, son écriture –au présent- est forte de son message. Elle constate, bouscule. Substitue une personne et son histoire aux généralités sur « les migrants », et sans angélisme admet les difficultés d’une rencontre réelle.

    « La bienveillance croît avec le bien-être. Que le monde fasse un pas vers l’exclu, et l’exclu fait aussitôt un pas vers le monde. »

    Aline

  • Soyez imprudents les enfants

    roman, famille

     

    Soyez imprudents les enfants

    Véronique Ovaldé

    Flammarion, 2016

     

    Une rencontre à la librairie Murmure des Mots en décembre m’a donné très envie de me plonger dans ce roman. Véronique Ovaldé est une conteuse formidable, capable de captiver son auditoire en déroulant les fils emmêlés de plusieurs histoires.  Pour ce roman, elle nous indique deux de ses fils conducteurs :

    La nécessité de prendre des risques

    Pour vivre pleinement, vient un moment où il faut « être imprudent », et se lancer, à la façon de Gabriele Bartolome, fils de lingère, parti en exploration avec son ami d’enfance  Pierre Savorgnan de Brazza. Au contraire, ceux qui n’ont pas vécu leurs rêves finissent mal : aigris et méchant, comme le « vieux salopard de grand-père… qui avait espéré devenir chanteur d’opéra et partir en Amérique, mais qui n’avait jamais bougé de Bilbao et avait été peintre en bâtiment toute sa vie. Ma mère l’appelait Mobutu ». Ou dans un état de mélancolie chronique (comme le père de la narratrice) ou de femme au foyer sans horizon (comme sa mère). Atanasia ne veut en aucun cas les imiter.

    La mythologie familiale qui compose chacun

    «Le sang n’est rien, ce qui est important, c’est le lien », répéte l'Amatxi (la grand-mère) d’Atanasia, qui lui transmet, en enroulant sa pelote de laine et en déroulant telle une Parque les fils de  l’histoire fondatrice des ancêtres Bartolomé, entre l’Espagne franquiste, l’exploration coloniale en Afrique et au Brésil, la Grande peste du XVIIe….

    L’histoire familiale de l’auteur elle-même remonte au pays basque espagnol, quitté à l’époque franquiste pour émigrer  -en France et ailleurs- dans des conditions difficiles. En l’occurrence, Véronique Ovaldé situe le centre de son roman dans la province basque espagnole du Gipuzkoa, dans la bourgade imaginaire d’Uburuk, « ville modèle » dirigé par le caudillo « Papa Tijuano » sous Franco.

    Atanasia, dont la curiosité n’a pas pu être étanchée après la mort de sa grand-mère, cherche à  reconstituer le puzzle de son histoire familiale pleine de trous, et se lance dans une quête obsédée de l’énigmatique peintre Roberto Diaz Uribe.

    La narration à tiroirs jongle avec les lieux, les dates et les personnages. Atanasia passe fréquemment de la première à la troisième personne, ce qui est déstabilisant à la lecture. Je l’interprète comme une façon de se distancier, avant de franchement s’imaginer en sujet de documentaire comme elle le fait fréquemment. En tout cas, cela m’a empêchée de m’immerger dans le récit, comme j’aime le faire, même si j'ai totalement adhéré aux thèmes abordés. Sylvie F., elle,  a eu un grand coup de cœur pour ce roman, dont la narration lui évoque Gabriel Garcia Marquez et  les grands auteurs sud-américains, prolifiques et généreux.

    Aline