02/12/2019
Bouillon d'histoire
Petite sélection de romans historiques, présentés en octobre à Orliénas par les lectrices du Bouillon.
14 juillet
Eric VUILLARD
Actes Sud (un endroit où aller), 2016, 19€
Les quelques jours qui ont précédé la prise de la Bastille, le peuple avait faim. Des descriptions très vivantes des gens du peuple, des différents métiers et corporations, des mouvements de foules et des débordements.
Le fracas du temps
Julian BARNES
Mercure de France (Bibliothèque étrangère), 2016, 19€
Vie des artistes sous la dictature communiste, au travers de la vie de Chostakovitch, qui a choisi de demeurer en URSS. Les trois parties du roman commencent par la même phrase « Tout ce qu’il savait, c’est que c’était le pire moment. »
Chostakovitch se voulait compositeur d’opéra, mais sa musique a déplu à Staline. Contraste entre sa très grande musique et sa position, toujours coincée politiquement.
Sur la scène internationale avec Hitler
Paul-Otto SCHMIDT
Ed. Perrin, 2014, 23€
Diplomate devenu l'interprète d'Hitler pour l’anglais, Paul Otto Schmidt (1899-1970) raconte en témoin privilégié l'ascension et la chute du IIIe Reich ainsi que les principales réunions, congrès, et rencontres au sommet avec les personnages du Reich. Une véritable leçon d’histoire.
Camarade Papa
GAUZ
Le Nouvel Attila, 2018, 19€
L’Afrique au temps des colonies… et après. Un petit garçon noir, élevé par un père révolutionnaire communiste, est envoyé en Côte d’Ivoire retrouver la trace de ses ancêtres. Parallèlement, on suit la conquête Africaine en 1880, la lutte entre colons français et anglais, le fétichisme des Ivoiriens,… Beaucoup de personnages pour ce roman documenté. L’écriture, par moments très imagée, est assez fluctuante dans le style.
Frère d’âme
David DIOP
Seuil, 2018, 17€
PRIX GONCOURT DES LYCEENS 2018
Mademba et Alfa, ils étaient deux « presque frères » à partir du village pour s’engager comme tirailleurs Sénégalais pendant la Grande Guerre. Au cours d’une attaque, Mademba est éventré, et demande à son camarade d’abréger ses souffrances. Alfa, traumatisé, répend alors la violence dans le camp ennemi. Héros, ou fou de guerre ?
Le monde depuis ma chaise
Sergio SCHMUCLER
Ed. Liana Lévi, 2017, 17€
Depuis sa chaise, qu’il a décidé de ne jamais quitter, un garçon observe… Les évènements d’Europe au travers de tous les réfugiés qui arrivent au Mexique : Espagnols, Juifs,…
La disparition de Josef Mengele
Olivier GUEZ
Ed. Grasset, 2017, 18.50€
PRIX RENAUDAUT 2017
Depuis 1949 jusqu’en 1979, roman de la cavale du médecin tortionnaire Nazi en Amérique du Sud. Ce qui dérange est qu’il ne semble pas ressentir de remords. Jusqu’à son dernier jour, il pense avoir agi pour le bien de l’humanité en mettant toutes ses forces au service de la pureté !
Les enfants d’Alexandrie
Françoise CHANDERNAGOR
Albin Michel, 2011, 22.30€
Marc-Antoine, marié à Rome à Octavie, a formé avec Cléopâtre un couple mythique, qui a engendré des jumeaux. Séléné a 10 ans lors de la prise d’Alexandrie. Dernière des Ptolémée, elle raconte…
Le captif au masque de fer
Jean d’AILLON
Ed. Lattès, 2007, 17.80€
Roman policier historique situé à la fin du règne de Louis XIV. On suit un lieutenant de police nommé par Colbert, et Trois Sueurs, bandit des grands chemins –ancien bas-officier huguenot chassé de l’armée…
Madame Proust
Evelyne BLOCH-DANO
Ed. Grasset, 2004, 21.25€
Biographie très bien écrite de Jeanne Weil-Proust (1849-1905), mère de Marcel Proust.
La nuit des Béguines
Aline KINER
Ed. Liana Levi, 2017, 22€
1310, sous le règne de Philippe Le Bel. À Paris, dans le quartier du Marais, se trouve le grand béguinage royal, fondé par saint Louis. Dans ses murs, vit une communauté de femmes hors normes. Veuves ou célibataires, nobles ou ouvrières, elles peuvent étudier, travailler, circuler librement dans la cité. Ni moniales, ni séculières, « mi chair mi poisson », leur liberté et leur indépendance dérange.
Le Prix
Cyril GELY
Albin Michel, 2019, 17€
Otto Hahn et Lise Meitner (physicienne juive) ont travaillé de concert de 1907 à 1938. Pour autant, le Nobel de physique a été attribué à Otto Hahn seul pour la découverte de la fission nucléaire. Le roman est un huis clos à l’hôtel, entre eux deux, juste avant la remise du prix. Déjà abordé en mai.
Après Constantinople
Sophie VAN DER LINDEN
Gallimard (Sygne), 2019, 15€
Balkans, fin de l’empire Ottoman. Un peintre se rend dans un domaine isolé à la recherche de fontanelles (jupes plissées des Balkans). Ses conversations avec l’intendante remettent en question ses convictions. Nous n’avons pas été convaincues par le vocabulaire trop complexe par rapport à une histoire trop floue. Critique complète ici.
14:26 Publié dans Bouillon de lecture, critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman historique, histoire
18/11/2019
Bouillon coups de coeur
Petite sélection de coups de coeur par l'équipe du "Bouillon de Lecture", qui se réunit tous les 2nd jeudis du mois dans les bibliothèques du secteur.
Girl
Edna O’BRIEN
S. Wespieser, 2019, 21€
Traduit de l’anglais par Aude de Saint Loup
S'inspirant de l'histoire des lycéennes enlevées par Boko Haram en 2014, l'auteure irlandaise se glisse dans la peau d'une adolescente nigériane. Bien que parvenant à s’échapper avec son bébé, elle revient marquée à une civilisation qui ne veut pas d’elle. L’auteur, bien qu’âgée, est allée vivre et se documenter au Nigéria, et son roman, terrible, sonne juste. Prix Femina spécial pour l'ensemble de son oeuvre.
Nouvel an
Julie ZEH
Actes Sud, 2019, 20€
Traduit de l’allemand Neujahr par Rose Labourie
Une famille allemande passe des vacances de fin d’année médiocres sur l’île de Lanzarote. Le père, mal à l’aise dans son rôle, sujet à des crises d’angoisse, s’épuise dans une ascension à vélo et remonte à un souvenir traumatique de l’enfance. Roman bien écrit, très psychanalytique.
Les choses humaines
Karine TUIL
Gallimard (Blanche), 2019, 21€
Un couple en vue dans le monde médiatique, lui journaliste, elle féministe, dont le fils « parfait » est accusé de viol. Argumentation, accusations et doutes… Un roman très actuel qui reçoit le prix Interallié et le Prix Goncourt des Lycéens.
La télégraphiste de Chopin
Eric FAYE
Seuil (Cadre rouge), 2019, 21€
Prague après la chute du mur. Une jeune femme prétend recevoir de Frédéric Chopin lui-même des dictées de symphonies. Ludvík Slaný, journaliste, est chargé d’enquêter sur cette histoire pour le compte de la télévision d'un État sorti depuis peu de l'ère communiste.
Louvre
Josselin GUILLOIS
Seuil (Cadre rouge), 2019, 18€
Trois narratrices prennent le relais pour raconter l'épopée des œuvres du Louvre, mises à l’abri par le conservateur Jacques Jaujard à l’approche des Allemands. Trois femmes liées à Jaujard : sa femme, en mal d’enfant ; sa filleule en pleine puberté, à Chambord où sont cachées certaines œuvres ; et une actrice, résistante, chargée de voir jusqu’où Jaujard est compromis, qui devient son amante. Marcelle, Carmen, Jeanne : chacune, à sa manière, joue un rôle dans la sauvegarde des collections du Louvre.
Embrasements
Kamila SHAMSIE
Actes Sud, 2019, 22.50€
Traduit de l’anglais Home Fire, par Eric Auzoux
Tragique destin de la famille Pasha, originaire de l’immigration Pakistanaise, dont l’un des enfants éprouve la tentation de rejoindre les rangs de Daech. Très bien écrit, ce roman transpose la tragédie d’Antigone dans le milieu islamiste anglais.
Les petits de décembre
Kaouther ADIMI
Seuil, 2019, 20€
Algérie. Un Général achète le terrain qui avoisine la base militaire pour y construire sa villa. Historiquement, c’est le terrain de foot des enfants, qui font un sitting pour le conserver. On suit le débat intérieur des parents, qui n’ont pas connu la guerre d’Algérie, et ont subi les années de plomb sans se rebeller. Un roman très intéressant, quoique écrit peut-être un peu vite.
Ceux que je suis
Olivier DORCHAMPS
Finitude, 2019, 18.50€
Histoire d’une famille marocaine. Le père, garagiste à Clichy, avait tout prévu pour être enterré au Maroc. A son décès, l’un de ses fils part avec le corps, tandis que les deux autres voyagent en voiture avec leur mère et un ami de la famille. Très bien.
Jour de courage
Brigitte GIRAUD
Flammarion, 2019, 17€
C’est au lycée, au cours d’un exposé sur la bibliothèque de Magnus Hirschfeld brûlée par les nazis, que Livio dévoile son orientation sexuelle. Dès le début du roman, le lecteur sait que Livio a disparu. Ce roman est intéressant pour l’histoire, et pour la construction de l’adulte, mais il est un peu « facile ».
Te souviendras-tu de demain ?
Sigmund MILOSZEWSKI
Couple et Pologne. Après des festivités, un couple donnant des signes d’usure se réveille rajeuni de 50 ans, dans une Pologne désormais capitaliste ! Jeunes et beaux, ils ont pourtant le souvenir de toute leur vie commune. Doivent-ils –ou pas- reproduire leur vie ?
Miss Islande
Auður Ava Ólafsdóttir
Zulma, 2019, 20.50€
Traduit de l’Islandais Ungfrú Ísland par Eric Boury
Hekla, 21 ans, assez belle pour devenir Miss Islande rêve de devenir… écrivain. Emancipation des femmes, homosexualité, et sociopolitique en Islande. Prix Médicis étranger 2019.
Les prisonniers de la liberté
Luca Di Fulvio
Slatkine & Cie, 2019, 23€
Traduit de l’Italien par Elsa Damien
Saga suivant des immigrés Italiens et Européens en Argentine.
Une histoire de France
Joffrine DONNADIEU
1er roman, situé à Toul au début des années 2000. France, voisine et nounou, abuse des enfants. Malgré tout, la vie continue pour Romy, qui se construit –plutôt mal- avec ça. Entre Edouard Louis et Christine Angot…
Journal d’un amour perdu
Eric Emmanuel SCHMITT
Albin Michel, 2019, 19.90€
« Maman est morte ce matin et c'est la première fois qu'elle me fait de la peine. ». Récit autobiographique, après le décès de sa mère.
Des hommes justes : du patriarcat aux nouvelles masculinités
Ivan JABLONKA
Seuil (Les livres du nouveau monde), 2019, 22€
Essai post me-too
Ceux qui partent
Jeanne BENAMEUR
Actes Sud, 2019, 21€
Ceux qui arrivent à Ellis Island au XXe siècle, par l’une de nos autrices préférées.
Amazonia
Patrick DEVILLE
Seuil, 2019, 19€
Remontée historique de l’Amazone.
Virginia
Emmanuelle FAVIER
Albin Michel, 2019, 19.90€
Virginia Woolf, roman biographique.
Rien n’est noir
Claire Berest
Stock (La bleue), 2019, 19.50€
Vie mouvementée de Frida Kahlo : l’accident qui l’a gravement blessée et lui a occasionné de terribles douleurs toute sa vie, sa peinture et son amour passionné pour le peintre de fresques Mexicain Diego Riveira.
Bérengère COURNUT
Le Tripode, 2019, 19€
Prix du roman FNAC, déjà critiqué sur ce blog.
Yancouba DIEME
Flammarion, 2019, 17€
Itinéraire d’Aperaw, père travailleur et courageux, né paysan au fin fond de la Casamance, immigré Sénégalais, ouvrier chez Citroên… Critique complète ici.
Max PORTER
Seuil, 2019, 20€
Traduit de l’anglais par Charles Recoursé
Récit choral autour du petit Lenny, enfant elfique à l’imagination débordante. Conte folklorique et écologique dans un village anglais. Critique complète ici.
16:33 Publié dans Bouillon de lecture, coups de coeur | Lien permanent | Commentaires (0)
07/07/2019
Bouillon Africain
Lectures variées, autour d'auteurs de différents pays d'Afrique noire.
Et le ciel a oublié de pleuvoir
Mbarek BEYROUK
Musée Dapper (Littérature), 2006, 124 p., 10€
Aux confins du Sahara, trois personnes racontent tour à tour la tragédie dont elles sont les acteurs. Mahmoud, ancien esclave échappé, qui a gravi les marches de l’Etat ; Béchir, chef de village aux traditions ancestrales, qui refuse l’évolution de la société ; Lolla, femme libre qui refuse un mariage de force avec Béchir et quitte le village le soir de ses noces.
Une écriture poétique et imagée, pour dresser le constat d’une société mauritanienne entre tradition et modernité.
Mauritanien, Mbarek Ould Beyrouk est né en 1957. Après des études de droit, il se lance dans la presse, et fonde en 1988 le premier périodique indépendant de son pays. Et le ciel a oublié de pleuvoir est son premier roman.
Aux Etats-Unis d’Afrique
Abdourahmane WABERI
J.C. Lattes, 2006, 233 p., 15.20€
La Fédération des Etats-Unis d'Afrique prospère, autour de la riche capitale d’Asmara, en Erythrée, indifférente au sort des millions de réfugiés caucasiens qui se pressent à ses frontières. Maya, arrachée il y a longtemps à la misère de sa Normandie natale, repart pourtant vers l’Europe à la recherche de ses origines.
Fiction parfois difficile à suivre, renversant la situation actuelle entre Nord et Sud, ce pamphlet a le mérite de nous placer face à nos préjugés.
Né en 1965 à Djibouti, Abdourahman A. Waberi est l'auteur de plusieurs recueils de nouvelles et romans dont Le Pays sans ombre, Cahier nomade et Balbala, salués par la critique, récompensés par de nombreux prix et traduits en une huitaine de langues.
Un si beau diplôme
Scholastique MUKASONGA
Gallimard (Blanche), 185 p., 18€
Parcours autobiographique d’une femme née au Rwanda dans une famille de bergers pauvres. Encouragée par son père à suivre une éducation poussée, elle a poursuivi sa scolarité, interne dans des institutions religieuses, puis en exil, afin d’obtenir un diplôme, supposé sésame pour une vie meilleure. Une grande partie de sa famille a été assassinée pendant les massacres entre Hutus et Tutsis. Elle est confrontée à plusieurs pays étrangers, dont la France, différente de l’image qu’elle s’en faisait.
Elle vit actuellement en Normandie avec son mari, français. Son roman Notre-Dame du Nil a obtenu le prix Renaudot en 2012.
Celles qui attendent
Fatou DIOME
Flammarion, 2010, 329 p., 20.30€
Deux mères Sénégalaises, Arame et Bougna, encouragent leurs fils à partir pour l’Espagne à bord d’une pirogue pour échapper à la misère. Récit fait du point de vue de celles qui attendent des nouvelles : les mères, et les jeunes épouses des deux émigrés.
Beau roman, facile à lire et instructif.
Née au Sénégal, Fatou Diome est arrivée en France en 1994 et vit à Strasbourg. Elle est l'auteur d'un recueil de nouvelles et de plusieurs romans, dont Le Ventre de l'Atlantique (2003), qui s’intéresse au même sujet, mais du point de vue d’une jeune Sénégalaise installée en France, qui tente de faire comprendre à ses frères la réalité de l’immigration.
Avenue YAKUBU
Jowhor Ile
Christian Bourgois (Littérature étrangère), 2017, 304 p., 20€
Nigeria. A Port Harcourt en 1995, le destin d’une famille bascule lorsque Paul, le fils aîné, ne rentre pas chez lui un jour de manifestation. L’écriture présente des longueurs, alternant entre ce qui s’est passé avant la disparition, la vie des parents (qui ont connu la guerre du Biafra), et ce qui lui succède.
Jowhor Ile est né en 1980 à Obagi et a grandi à Port Harcourt au Nigeria. Encouragé par la romancière nigériane Chimamanda Ngozi Adichie, il publie ses nouvelles dans les magazines littéraires à Londres, puis enseigne aux Etats-Unis. Avenue yakubu est son premier roman.
Citoyen de seconde zone
Buchi EMECHETA
Gaïa, 1994
Parcours du Nigeria à l’Angleterre. Dans les années 1940, quand le Nigeria était une colonie anglaise, les immigrés nigérians étaient issus de couches sociales favorisées, venus étudier en Angleterre. La génération suivante d’immigrés est moins favorisée. Le roman, largement autobiographique, s’attache à la vie d’Adah, fille de paysans qui réussit à émigrer à Londres. A double titre « citoyenne de seconde zone » en tant que femme et en tant qu’étrangère, elle fait preuve d’une grande ténacité pour obtenir son autonomie et élever ses cinq enfants. Un roman qui honore la résistance des femmes.
Née au Nigéria, Florence Onyebuchi Emecheta, dite Buchi Emecheta (1944-2017) a émigré en Angleterre en 1962. Elle a été successivement bibliothécaire, travailleuse sociale, chroniqueuse et professeur dans plusieurs universités aux Etats-Unis, au Nigéria et en Angleterre.
Une Maternité rouge
LAX
Futuropolis, 2019, 144 p., 22€
Du Mali au Louvre, cette superbe bande dessinée suit la destinée d’une statue de maternité Dogon. En 1960, aux temps du Soudan Français, la statuette avait été cachée par un enfant pour la soustraire aux rafles des colonisateurs. En 2015, elle est redécouverte par un jeune chasseur de miel Malien, Alou, qui sera chargé de la protéger et de l’apporter au musée du Louvre, pour la mettre à l’abri des djihadistes. Commence alors pour Alou un dangereux périple parmi les migrants africains. En parallèle, on suit le quotidien d’un professeur du musée du Louvre, passionné d’art africain.
Liens entre les pays par l’art et la culture.
Les cigognes sont immortelles
Alain MABANKOU
Seuil (Fiction & Cie), 2018, 292 p., 19.50€
Roman autobiographique. Le jeune Michel, 14 ans, vit à Pointe Noire avec Maman Pauline et Papa Roger. Avec une écriture orale qui tient à l’enfance, l’auteur décrit les petits plaisirs et tracas de l’enfance, jusqu’au moment de l’assassinat du Président Ngouabi à Brazzaville, qui entraîne couvre-feu et arrestations, et exacerbe les oppositions entre ethnies… Lorsque l’un des frères de maman Pauline, accusé de trahison, est tué, elle veut se venger sur le chef de la Révolution du Nord. L’influence soviétique est omniprésente (le titre du roman provient d’une chanson révolutionnaire russe), et on ressent également l’ingérence de la France dans le pays. Plus largement, l’auteur évoque beaucoup des caractéristiques qui empêchent les pays d’Afrique d’avancer.
Auteur congolais, né à Pointe-Noire en 1966, Alain Mabanckou est l'auteur de plusieurs romans, dont Mémoire de porc-épic (Seuil, 2006), pour lequel il a reçu le prix Renaudot ainsi que Petit piment, Lumières de Pointe Noire, Black bazar,… Il vit à cheval entre les Etats-Unis (où il enseigne la littérature francophone) et la France.
Ainsi que trois romans, dont vous trouverez les critiques plus détaillées sur ce blog :
Chimamanda Ngozie ADICHIE
Gallimard, 2014, 24.50€
La saison des fleurs de flamme
Abubakar Adam IBRAHIM
L'Observatoire, 2018, 422 p., 22€
Lagos Lady
Leye Adenle
Métailié, 2016, 20€
15:03 Publié dans Bouillon de lecture, critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, bande dessinée, afrique, nigéria, congo, mali, mauritanie, djibouti, sénégal
17/06/2019
Bouillon de bandes dessinées
Avec un gros temps de retard, BD présentées en Bouillon de lecture (je n'ose pas avouer de quand datent mes notes !). Bien que nous ne soyons pas tous lecteurs de bandes dessinées, nous saluons la grande variété de styles. Dans ce genre très vivant et créatif, tantôt documentaire, tantôt historique, polar, humoristique… chacun a pu trouver un titre qui lui a plu.
Kivu
Jean VAN HAMME, Christophe SIMON
Le Lombard (Signé), 2018
Docufiction extrêmement noir, sur la province du Kivu au Congo, où l’exploitation du coltan (minerai précieux pour nos technologies modernes) entraîne corruption et exactions. Au milieu de toute cette violence, un jeune ingénieur tente de sauver une enfant, rescapée d’un massacre. Terrible, cette histoire fait douter de l’humain.
La Cosmologie du futur, traité d’écologie sauvage
Alessandro Pignocchi
Steinkis BD, 2018
Dans un monde global où les humains et toutes les espèces animales sont au même niveau, aucun être ne veut plus prendre de responsabilités politiques. Tous les responsables démissionnent et préfèrent « cultiver leur jardin ». Deux mésanges philosophent, tandis qu’un ethnologue jivaro observe le microcosme de Seine et Marne, et tire des conclusions totalement fausses de ses observations partielles… Humour et philosophie pour cette bande dessinée totalement atypique. De très belles planches (les mésanges !), mais l’ensemble est un peu répétitif. Voir ici le format blog, pour apprécier pleinement les illustrations !!!
Didier, la 5e roue du tracteur
François RAVARD / Pascal RABATE
Futuropolis, 2018
Humour et légèreté pour traiter d’un thème très sérieux sur le fond : le monde paysan, et les difficultés qu’il rencontre aujourd’hui : faillite, mise aux enchères, impossibilité de trouver un conjoint,…
Nos embellies
Gwenola MORIZUR, Marie DUVOISIN
Bamboo, 2018
Le jour où l’héroine apprend qu’elle est enceinte, son conjoint musicien doit partir en tournée, tandis qu’un neveu débarque impromptu du Québec pour les vacances. Plus les jours passent, plus elle a de mal à annoncer sa grossesse, pas certaine d’être prête à devenir mère. Pour distraire le neveu, qui vit mal la séparation de ses parents, elle part à la neige. Ce trajet est l’occasion de belles rencontres, et d’entraide avec d’autres personnes solitaires ou en galère. Une jolie BD très positive.
Enquêtes gastronomiques à Lyon
Guillaume LAMY/ Guillaume LONG
Lyon Capitale, 2017
Visite gastronomique et humoristique de 24 tables lyonnaises, par G. Lamy critique gastronomique, et G. Long, auteur-dessinateur. Guillaume Long est bien connu pour son blog et ses bandes dessinées « à boire et à manger » qui rassemblent ses anecdotes, recettes, portraits, dessins et astuces autour des plaisirs de la table. Ici, en plus, on confronte son avis à celui de G. Lamy, et on visite les tables lyonnaises. Ça donne envie !
Café Touba
Léah TOUITOU
Jarjille, 2018
Partie pour un projet « Caravane d’images » au Sénégal, Léah s’est retrouvée toute seule à voyager en Afrique pour réaliser des fresques avec les enfants. Elle raconte, avec humilité et sur un ton très juste, ce voyage au quotidien, les petites galères, les belles rencontres. Illustrations sobres et expressives en noir et blanc (sauf la splendide couverture en couleurs). Le temps que je publie cette chronique, le tome 2 est sorti. Joie ! Qui plus est, Léah est super sympa et anime toutes sortes d'ateliers. Elle est aussi super forte en "battle" de BD. Suivez-la sur Facebook ici.
Les petites cartes secrètes
Anaïs VACHEZ, CYRIELLE
Delcourt 2018
Bande dessinée épistolaire plébiscitée par les enfants ! Suite au divorce de leurs parents, Tom et Lili ont été séparés. Ils s’envoient des cartes postales secrètes, dans lesquelles ils échafaudent des stratégies pour être réunis, ne reculant devant aucun plan (foireux) pour que leurs parents retombent amoureux… Joli et émouvant, les enfants adorent... et les adultes aussi. C'est ici, pour regarder Cyrielle dessiner, rotrings et aquarelle !
Il faut flinguer Ramirez
Nicolas PETRIMAUX
Glénat 2018
Ambiance années 80 aux Etats-Unis. Qui est Ramirez ? L’As du service après-vente, le Mozart de la réparation de l’électroménager ? Ou bien un personnage peu fréquentable, recherché par flics et mafias ? Humour et action pour cette bande dessinée très cinématographique, au découpage de style « comics » très dynamique. Le scénario offre de nombreuses scènes d’action et de course poursuite, les personnages sont très typés : Ramirez, petit meximain moustachu, mafieux, bad girls,… Le récit est entrecoupé de simili publicités « vintage ». C'est jubilatoire ! En attendant le tome suivant, on peut regarder le trailer !
Coupures irlandaises
KRIS, ill. Vincent BAILLY
Futuropolis, 2008
Inspiré d’un séjour de Kris en Irlande du Nord, à Belfast, en 1987. A 14 ans, de jeunes français sont envoyés en séjour linguistique à Belfast pour un été, l’un dans une famille ouvrière catholique, l’autre dans une famille protestante plus aisée. Très bien accueillis, ils pensaient mener la belle vie, mais sont peu à peu confrontés à la réalité de l’époque.
Période d’opposition entre l’IRA, bas armé terroriste, et l’Angleterre de Margaret Thatcher, qui a laissé mourir les prisonniers (Bobby Lands) après 66 jours de grève de la faim entamée pour obtenir le statut de prisonniers politiques. Dossier historique en fin d’ouvrage, avec témoignage de Sorj Chalandon.
Meurtre au Mont Saint Michel
Jean-Blaise DIJAN, ill. Marie JAFFREDO
Glénat/ Ed. du Patrimoine, 2015
Automne 1936. Un soir, comme la brume vient de tomber sur le Mont-Saint-Michel, Lucie est témoin d'un meurtre ! Terrorisée, la fillette trahit sa présence et, aussitôt, se retrouve pourchassée par le meurtrier. Lorsque les habitants se mettent à fouiller la baie et le Mont à la recherche de Lucie, portée disparue, c'est le corps sans vie de la bonne du curé qui est retrouvé ! Enquête en vase clos, prétexte à de superbes illustrations encre et aquarelle par Marie Jaffredo.
Les rues de Lyon
(n° 1, la chute d’un pape)
Existant depuis 2015, ce mensuel dessiné est réalisé à chaque fois par des auteurs / illustrateurs différents, et s’attache à présenter lieux, personnages et histoires lyonnais. On adhère plus ou moins selon les sujets et les auteurs, mais c’est globalement très intéressant, et permet de belles découvertes ! Disponible sur abonnement et dans les librairies.
Lyon quartiers BD
Collectif
Glénat, 2000
Collectif, regroupant plusieurs récits. L'ancêtre des Rues de Lyon ? C’est irrégulier selon les auteurs. Au chapitre Place Sainte Anne, une vieille dame s’agenouille dans la cour… où se trouvait autrefois l’église où elle s’est mariée.
Thésée et le minotaure
Collection de Luc Ferry
Glénat, 2016
Collection La sagesse des mythes.
BD pédagogique, dessin assez classique.
Les beaux étés
ZIDROU
Ah! les départs en vacances en famille... Il y a tant à en dire qu'on en est déjà au tome 4! Illustration claire et plaisante, récit plein de tendresse et d'humour.
Demain, demain : Nanterre 1962-1966
Laurent MAFFRE
Actes Sud / Arte
Installation d’une famille dans un bidonville de Nanterre. Documentaires & photos en fin d’ouvrage. Le tome 2, Demain, demain - Genevilliers, cité de transit. 51 rue du Port-1973 vient de paraître.
Voltaire amoureux
Clément OUBRERIE
Intrigues et aventures de Voltaire, avec de nombreuses citations et extraits de Voltaire.
L’anniversaire de Kim Jong Il
Aurélien DUCOUDRAY
Histoire d’un petit Coréen du Nord, 8 ans, fier d’être né le même jour que Kim Jong Il.
Endoctrinement, propagande, dénonciations, emprisonnements arbitraires, exécutions… L’enfant apprend un jour le secret honteux de la famille : ses grands-parents paternels sont Coréens du Sud ! Les enfants doivent assurer les patrouilles nocturnes, les travaux agricoles. Lorsque la famille tente de partir en Chine, elle se fait rattraper, et les choses empirent… Le graphisme un peu enfantin n’a pas été apprécié par tous. Pour autant, il rend bien l’ambiance et on peut considérer qu’il correspond au personnage principal.
09:54 Publié dans Bouillon de lecture, critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bande dessinée
20/05/2019
Les pépites du Bouillon de lecture
Les porteurs d’eau
Atiq RAHIMI
P.O.L., 2019, 283 p., 19€
Dans une narration alternée entre la France et Kaboul, l’auteur suit le destin de deux Afghans : Tom, réfugié à Paris, qui a changé de prénom et de langue, s’habille et vit comme un Français ; et Youssef, porteur d’eau à Kaboul, tôt levé pour aller chercher de l’eau à la source pour les ablutions rituelles à la mosquée. Ces deux vies parallèles ne se rencontrent pas, mais toutes deux basculent le 11 mars 2001, jour où les Talibans détruisent les Bouddhas de Bâmiyân.
L’auteur, qui a lui-même quitté l’Afghanistan en 1984, a reçu le Goncourt en 2008 pour Syngué Sabour, pierre de patience. Dans ce roman-ci très bien écrit et bien construit, il aborde les thèmes de l’exil, de la clandestinité, de la trahison et du mensonge, du poids de la religion, et des non-dits.
La nuit du cœur
Christian BOBIN
Gallimard (blanche), 2018, 208 p., 18€
Christian Bobin vit près du Creusot, et voyage peu. Rare exception, son voyage à Conques, occasion de s’émerveiller devant l’abbatiale du XIe siècle. L’auteur excelle à décrire les beautés simples du monde. Il livre ses réflexions en chapitres courts, très apaisants et poétiques. La douleur et la mort sont conjurées par l’attention aux choses et aux gens.
Mon grain de sable
Luciano BOLIS
La Fosse aux ours
Traduit de l’italien Il mio granello di sabbia (1946)
Récit personnel de Luciano Bolis, résistant, arrêté en 1945 à Gênes par les fascistes. Torturé, il craint de craquer et tente de mettre fin à ses jours pour éviter la trahison. Il en réchappe, et deviendra par la suite un militant de la cause européenne.
Le bruit des trousseaux
Philippe CLAUDEL
Stock, 2002, 92 p., 10.70€
L’auteur raconte son expérience de visiteur dans les prisons pour donner des cours de français, tout en admettant que son point de vue est partiel, puisque lui ressort toujours.
Le lilas ne refleurit qu’après un hiver rigoureux
Martha HALL KELLY
Charleston, 2018, 573 p., 22.50€
Traduit de l'américain Lilac Girls par Géraldine d'Amico
Situé pendant et après la guerre de 39-45, le roman alterne entre trois femmes : Kasia, jeune résistante polonaise internée à Ravensbruck ; Herta, ambitieuse « soignante » allemande pratiquant des expériences dans le camp de déportation ; et Caroline, Américaine engagée, qui –après la libération du camp- a accueilli chez elle et procuré des soins aux « rabbits » ces femmes ayant servi de cobayes aux allemands. Premier roman de l’auteur, inspiré de faits réels et s’appuyant sur les archives laissées par Caroline Ferriday.
Les joyeux compères
Robert Louis Stevenson
Ed. Vagabonde, 2017, 136 p., 11.70€
Sombre nouvelle située en Ecosse, vers 1850, qu’on peut considérer comme précédant l’île au trésor. Terribles brisants aux abords de l’île d’Aros, les Joyeux Compères sont un piège redoutable pour les navires en perdition. Sur un îlot venté et battu par les flots, un jeune Écossais en vacances chez son oncle à moitié fou, décide de retrouver l’épave de l’Espirito Santo et son trésor englouti... Cette nouvelle traduction par Patrick Reumaux rend justice à la puissance littéraire de l’œuvre de R.L. Stevenson, avec de très belles descriptions.
Olga
Bernhard SCHLINK
Gallimard (Du monde entier), 2019, 267 p., 19€
Traduit de l'allemand par Bernard Lortholary
Allemagne, fin du XIXe, Olga, d’humble origine, et Herbert, fils de la haute bourgeoisie, sont amis d’enfance et deviennent amants malgré l’opposition de la famille. Tandis qu’Olga, de nature contemplative, devient institutrice, Herbert ne rêve que de voyages et d’exploits. Tournant autour du personnage positif d’Olga, cette romance douce-amère offre des tableaux de la vie quotidienne allemande et de ses classes sociales, et montre la montée du désir de puissance de l’Allemagne et du colonialisme.
La chambre des merveilles
Julien SANDREL
Calmann-Lévy, 2018, 272 p., 17.90€
Après un accident qui a plongé son fils adolescent dans le coma, une mère tente de le « réveiller » en réalisant « la liste de ses merveilles ». Elle a trouvé dans sa chambre un carnet listant tout ce qu’il aimerait faire, et réalise un à un ses souhaits d’adolescent pour pouvoir les lui raconter. Hymne à la vie, entre tragique et comique (décalage entre les rêves d’ado et la femme qui accomplit ces expériences). Ce n’est pas de la grande littérature, mais un feelgood book plutôt réussi.
L’infinie patience des oiseaux
David MALOUF
Albin Michel (Les Grandes traductions), 2018, 234 p., 20€
Traduit de Fly away Peter par Nadine Gassie
Australie, deux jeunes hommes sont réunis par leur passion de la faune sauvage, et rêvent de créer une réserve naturelle pour les oiseaux migrateurs. Engagés dans la guerre de 14-18, ils se retrouvent dans les tranchées. Elle-même passionnée d'ornithologie, leur amie journaliste raconte leur rencontre dans le Queensland. David Malouf, l’un des plus grands auteurs australiens, célèbre la vie et la beauté du monde dans ce roman de 1982, traduit pour la première fois en français.
Lèvres de pierre
Nancy HUSTON
Actes Sud (Domaine français), 2018, 233 p., 19.80€
Deux parties, traitées séparément. La première décrit l’enfance rurale de Saloth Sâr -arraché à un monastère bouddhiste- puis sa jeunesse avant de devenir Pol Pot, que l’histoire retiendra comme le responsable du génocide au Cambodge. La seconde évoque l’itinéraire difficile de l’auteur. Elle crée des liens ténus entre les deux (passage par les milieux littéraires parisiens) et interroge sur les abîmes que dissimule un sourire de façade. Impressionnant !
Ombres sur la Tamise
Michael ONDAATJE
L’Olivier, 2019, 279 p., 22.50€
Londres, après la guerre de 1939-45. Nathaniel et sa sœur Rachel, adolescents, sont confiés par leurs parents à un « tuteur », papillon de nuit aux activités mystérieuses, dans un milieu glauque. Nathaniel enquête pour savoir où et pourquoi sa mère a disparu. Ce livre dégage une réelle atmosphère, et présente des personnages pittoresques. Cependant l’écriture est peu fluide.
J’ai couru vers le Nil
Alaa EL ASWANI
Actes Sud, 2019, 432 p., 23€
Traduit de l'arabe par Gilles Gauthier
Le Caire, pendant la révolte des jeunes de 2011. Destinées d'une vingtaine de personnages autour de la place Tahrir, pas forcément liées : couple d’amoureux, étudiants en médecine, fille d’un responsable de la sécurité d’Etat, Coptes en situation précaire, présentatrice télé aux dents longues, enseignante engagée qui refuse le voile et la logique financière… Ce roman, dont la publication a été interdite en Egypte, fait beaucoup référence à la religion, et à la manière de l’interpréter ou de l’exploiter, ainsi qu’à la manipulation de l’opinion publique.
Du même auteur, nous avions beaucoup aimé L'immeuble Yacoubian et Chicago.
Salina, les trois exils
Laurent GAUDE
Actes Sud (Domaine français), 2018, 168 p., 16.80€
Un bébé est déposé par un cavalier à l’entrée du village. Dans une langue qui rappelle la tradition du conte oral, la vie de Salina est déroulée. Son enfance d’étrangère au village, la rupture d’un mariage décevant,… On retrouve le style mythique de La mort du roi Tsongor.
Le prix
Cyril GELY
Albin Michel, 2019, 223 p., 17€
10 décembre 1946. Le jour où Otto Hahn se rend à Stockholm pour recevoir son prix Nobel de chimie, son ancienne collaboratrice Lise Meitner le rejoint dans sa chambre d’hôtel. Dans un huis-clos intense, ils évoquent leurs 30 ans de recherches scientifiques communes, dans leur laboratoire de Berlin, avant que Lise, juive, ne doive fuir l’Allemagne. Complémentaires, liés comme les deux faces d’une même pièce, elle brillante physicienne/lui avec son approche de chimiste, ils ont découvert le processus de fission de l’uranium. Autour du noyau passionné de scientifiques, Edith, la femme d’Otto, attend la résolution de cette confrontation...
Chacun des personnages défend "sa" vérité, mais il est certain que cet épisode de l'histoire des sciences est symptomatique du peu de considération accordée à la contribution intellectuelle des femmes.
L’île
Sigridur Hagalin BJORNSDOTTIR
Gaïa, 2018, 272 p., 21€
Traduit de l'islandais Eyland par Eric Boury
Un homme isolé au fond d’un fjord islandais réapprend les gestes de survie des paysans d’autrefois. Le soir, il rédige son journal intime « annales de ce qui est advenu », afin de « rappeler comment le lien s’est rompu, comment la lumière a décliné et comment la nuit s’est abattue ». Dans ce récit post-apocalyptique, l’Islande se retrouve brutalement coupée du monde. L’auteur décortique les différentes étapes, de la compréhension aux réactions de la population, du gouvernement et des médias. Liens entre journalistes et politiques, manipulation de l’opinion, montée d’une forme de fascisme… ou comment utiliser le « Récit » d’un pays pour manipuler les foules en activant les peurs ancestrales. Un récit dépaysant, avec beaucoup de références à l’histoire de l’Islande, à sa culture et à ses paysages ; mais aussi universel pour le fonctionnement des politiques et les manipulations ! L'autrice est elle-même journaliste à la tête du service information de la télévision publique islandaise, et présentatrice du journal télévisé.
17:10 Publié dans Bouillon de lecture, coups de coeur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : comité de lecture
10/05/2019
Aventure et voyages
En avril, nous nous sommes réunis à Saint Laurent d’Agny, autour de livres d'aventure et de voyages.
Le cartographe des Indes boréales
Oliver Truc
Ed. Metailié, 2019, 630 p., 23€
XVIIème siècle. Au Pays Basque un jeune homme part de St Jean de Luz pour le Portugal faire une école de cartographie. Son père est chasseur de baleine, le jeune homme voyage en bateau. Roman sur fond de querelle entre catholiques et protestants. Inquisition, scènes de tortures avec descriptions abominables. Le jeune homme est à la solde des jésuites qui l’obligent à voyager pour faire des rapports. Sa mère avait été considérée comme une sorcière. Les lapons maltraités sont des esclaves des mines.
Roman historique bien documenté, foisonnant, avec des passages très « touffus » un peu difficile à lire.
Taqawan
Eric Plamondon
Ed. Quidam, 2018, 196 p., 20€
Evénements qui ont réellement eu lieu en 1981, en Gaspésie. 300 policiers débarquent sur la réserve de Restigouche et confisquent les filets de pêche au saumon des Indiens mig’mag. Une adolescente Océane, est retrouvée, évanouie, elle est récupérée par un ancien flic et deux autres personnes. C’est l’affrontement entre les Indiens, la police et la mafia.
Survie et résistance des Indiens. Récits et personnes qui se croisent, chapitres très « techniques ».
Saisons du voyage
Cédric Gras
Ed. Stock (la bleue), 2018, 208 p., 18€
Récit de voyage. Cédric Gras a fait des études de Géographie, il part pour la Russie, les Balkans, le sud des USA durant 10 ans. Il a travaillé aux affaires étrangères lors de certaines étapes. Une réflexion sur ce qu’est un voyage, différence entre tourisme et voyage.
Vocabulaire spécifique, philosophique. Le retour fait partie du voyage.
Soie
Alessandro Baricco
Ed. Albin Michel, 1997, 121 p., 12.20€
Les élevages de vers à soie du village étant contaminés, le personnage principal part au Japon pour trouver des remèdes. Il y vivra une belle histoire d’amour.
Courts chapitres. Pudeur de l’écriture.
Immortelle randonnée
Jean-Christophe Ruffin
Ed. M. Guérin, 2013, 258 p., 19.50€
Voyage à pied jusqu’à Saint-Jacques de Compostelle en dehors des chemins tracés et fréquentés habituellement par les pélerins.
Une longue nuit Mexicaine
Isabelle Mayault
Ed. Gallimard (Blanche), 2019, 272 p., 21€
Le héros hérite d’une valise à la mort de sa cousine. La valise contient beaucoup de clichés, Il remonte l’histoire de cette valise suite à une exposition en lien avec la Guerre en Espagne.
Pas vraiment un roman d’aventure, roman très dense, pas de paragraphes.
Equateur
Antonin Varenne
Ed. Albin Michel, 2017, 339 p., 20.90€
Pete Ferguson vient du Nebraska (état sudiste). Déserteur, il part avec un étalon (son seul bien), se joint pendant un temps aux chasseurs de bisons, puis suit le rêve d’un autre : aller à l’équateur en passant par le Mexique (cosmopolite). En Guyane, il tuera un homme qui embarque des enfants indiens. Il prendra un bateau jusqu’au Guatemala (1871).
Roman distrayant bien écrit.
Au cœur des extrêmes
Christian CLOT
R. Laffont, 2018, 301 p., 20€
Récit de ses aventures, entre août 2016 et février 2017. Chaque expédition dure 1 mois, il y en aura 4 avec un délai de 15 jours de repos entre deux aventures. L’auteur brave quatre milieux extrêmes : Le désert du Dasht-e Lut, en Iran, aux monts de Verkhoïansk, en Iakoutie, des canaux marins de la Patagonie à la forêt tropicale du Brésil. Voyage seul sans moyen de communication, uniquement à manger. Objectif : étudier l’acclimatation de l’homme dans un milieu extrême.
Soudain, seuls
Isabelle Autissier
Ed. Stock (la bleue), 2015, 250 p., 18.50€
Un couple sans enfant voyage autour du globe en bateau, direction le Cap Horn. Ils font une excursion sur île abandonnée en 1950, suite à trafic de baleine. L’île est interdite, ils bravent l’interdiction, mais une tempête fait disparaître le bateau. Pour manger ils doivent tuer des manchots. Leur état de santé se dégrade. Faut-il mourir à deux ou seul ?
Voyageur sous les étoiles
Alex Capus
Actes Sud (lettres allemandes), 2017, 240 p., 21.80€
L’écrivain Robert Louis Stevenson, payé pour aller sur l’île de Samoa, cherche des trésors. Les cartes des îles s’achètent à prix d’or. Un capitaine parti avec un trésor aurait fait naufrage que l’île Coco. Le climat est néfaste pour la santé de Stevenson, pourtant il reste sur l’île, persuadé que le trésor s’y trouve.
On assiste à la construction de la maison, où il vit avec toute sa famille. L’auteur va aller sur l’île également. Coup de cœur pour une lectrice / une autre aurait préféré moins de récits sur la vie antérieure de Stevenson et plus de descriptions de la nature et des Samoans.
Sur les chemins noirs
Sylvain Tesson
Ed. Gallimard (Blanche), 2016, 144 p., 15€
Suite à son accident, Sylvain Tesson décide de traverser la France, à pied sur les chemins non balisés, dans le Mercantour, le Cotentin... Thérapie, rééducation.
Entre deux mers, voyage au bout de soi
Axel KAHN
Ed. Stock, 2015, 250 p., 19€
Seconde traversée de la France de la Pointe du Raz à Menton. Son but : rencontrer les gens. Chute genou et épaule déboîtés. Beauté des paysages. Echange avec les gens du terroir leur attachement et leurs peurs.
Le grand marin
Catherine Poulain
Ed. de l’Olivier, 2016, 372 p., 19€
Autobiographie. Née dans le Bas-Rhin en 1960, Catherine Poulain éprise de liberté devient bergère, puis, à 27 ans, part au Canada, USA, Hong-Kong, et passe 10 ans en Alaska. Elle se fait accepter sur un bateau de pêche au bout du monde, au milieu d’une équipe de marins, elle aura une histoire d’amour avec un marin.
Prochains bouillons, les jeudis à 20h15, le 16 mai à Orliénas (coups de cœur), et le 13 juin à Chassagny (auteurs d’Afrique noire).
15:09 Publié dans Bouillon de lecture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : aventure, voyage
31/03/2019
Bouillon de polars
Polars présentés lors du bouillon de lecture de mars 2019 à la bibliothèque de Soucieu.
Par-delà la pluie
Victor DEL ARBOL
Actes Sud (Noirs), 2019, 448 p., 23€
Traduit de l’espagnol Por encima de la lluvia par Claude Bleton
Deux pensionnaires d’une maison de retraite au Maroc prennent la route. Hélène, marquée par la disparition de son père lorsqu’elle était enfant ; et Miguel, ancien banquier rigide, veuf, qui regrette un amour manqué, et s'inquiète pour sa la fille en proie aux violences de son mari. De très belles pages, bien écrites, pour ce roman noir. De 1947 à 2014, on voyage du Maroc, à travers l’Espagne et jusqu’en Suède autours de destins croisés, marqués par des traumatismes. Vieillesse, violence, crimes,… le bonheur s’échappe toujours.
Le Président a disparu
Bill CLINTON & James PATTERSON
JC Lattès (Thrillers), 2018, 491 p., 23€
Traduit de l’américain The President is missing
Thriller politique qui se déroule en trois jours. Une menace terroriste pourrait mener les Etats-Unis au chaos. Le Président réunit ses alliés (Israël et Allemagne). Situation haletante, à la recherche de deux mots de passe cruciaux et de la taupe qui informe les criminels. Intrigue assez classique, mais bien menée, avec des rebondissements.
La peau de César
René BARJAVEL
Mercure de France, 1985 / Gallimard (Folio), 6.80€
Nîmes, une lettre anonyme avertit le commissaire Mary que César sera réellement tué pendant la représentation de Shakespeare dans les arènes. Malgré les précautions, l’acteur est tué… Quel plaisir de retrouver la plume de Barjavel, dans ce dernier roman publié de son vivant !
La fille d’avant
J.P. DELANEY
Ed. Mazarine, 2017, 430 p., 21.90€
A l’issue d’un drame éprouvant, Jane cherche à tourner la page en déménageant. Un appartement la séduit : remarquable, connecté, minimaliste… et bon marché ! La jeune femme est séduite, elle voit là l’occasion de faire table rase de son passé. Mais pour y vivre, il faut se plier aux règles draconiennes, minimalistes et intrusives, fixées par l’architecte. Des événements inquiétants se produisent, et l’auteur sait fait monter la tension progressivement.
Pension complète
Jacky SCHWARTZMANN
Seuil, 2018, 184 p., 18€
Dino Scala, le personnage principal -tout comme l’auteur- est issu de la banlieue de Buers, à Lyon. Il vit aux crochets de sa femme plus âgée, milliardaire de la haute société luxembourgeoise. Dans ce milieu très bourgeois, il a gardé son parler franc et ses réactions vives. Suite à un coup de poing malencontreux, il doit se faire oublier et part dans le sud de la France. Après une panne improbable à La Ciotat, Dino fait halte dans camping. Il y rencontre un écrivain, venu là « à la rencontre des vrais gens » pour retrouver l’inspiration. Entre eux, se crée un lien « par défaut » ; ils tuent le temps… tandis que les morts accidentelles se multiplient au camping. De l’humour et une écriture assez verte pour ce polar à l’humour décalé.
Toute la vérité
Karen CLEVELAND
R. Laffont (La bête noire), 2018, 367 p., 21€
Traduit de l’américain Need to know par Johan-Frédérik Hel-Guedj
Mariée depuis 10 ans, et mère de 4 enfants, Vivian Miller est agent du contre-espionnage à la CIA. En développant un logiciel permettant de repérer les agents dormants russes, elle accède à un dossier secret qui remet en cause sa vie et sa famille ! L’auteur a travaillé 8 ans comme analyste à la CIA.
Le journal de ma disparition
Camilla GREBE
Calmann-Lévy (Noir), 2018, 424 p., 21.90€
Traduit du suédois Husdjuret par Anna Postel
Deux ans ont passé depuis la précédente enquête Un cri sous la glace, et Hanne vit en couple avec son collègue policier Peter Lindgren. Elle a de sérieux problèmes de mémoire et tient un petit carnet où elle note les détails de ses enquêtes. Ils sont appelés en renfort auprès de l’inspecteur Malin pour élucider un meurtre, qui semble lié à un cadavre découvert au même endroit il y a dix ans. Hanne perd son carnet, retrouvé par un jeune homme qui s’en sert pour résoudre l’intrigue. L’écriture est quelconque, mais le récit réserve des surprises jusqu’au bout, et présente une peinture intéressante du village du fin fond de la Suède, paumé, appauvri, ou l’installation de migrants musulmans est mal perçue. L’auteur souhaite renverser le regard porté sur les exilés : ces réfugiés pourraient être nous ! Prix du meilleur polar suédois 2017.
Sur le toit de l’enfer
Ilaria TUTI
R. Laffont (La bête noire), 2018, 405 p., 20€
Traduit de Sopra l’Inferno (via l’anglais !)
L’intrigue se situe dans les montagnes isolées du Frioul, entre Italie et Autriche, sur plusieurs périodes (1936, 1978 et 1993). Dans un village très fermé, qui vit du tourisme sans vouloir élargir le domaine skiable, se succèdent meurtres et agressions. Le récit laisse une large part à la psychologie, celle des victimes, des bourreaux, mais aussi celle des enquêteurs, avec le personnage de la commissaire Bataglia, qui mène la vie dure au jeune inspecteur Massimo qui les rejoint. Bourrue et cinglante, mais adulée par son équipe, elle ne reconnaît que la compétence, et tente de tenir à distance les premières attaques d’Alzheimer. L’histoire nous plonge dans le passé de la région, et s’inspire des expérimentations comportementales réalisées par un psychanalyste nazi, Spitz.
Back-up
Paul COLIZE
La manufacture des Livres, 2012 / Folio policier, 2013, 496 p., 8.30€
Un back-up, dans le milieu du rock, c’est un musicien de remplacement. Sur toile de fond des années « sexe, drogues et rock n’roll », l’auteur monte un récit puzzle, à lire d’une traite pour s’y retrouver. Berlin, 1967, les 4 musiciens du groupe Pearl Harbor meurent, dans différentes parties du globe, semble-t-il d’accidents. Bruxelles, 2010, un SDF est renversé par une voiture. C’est l’ancien batteur back-up du groupe, qui souffre du locked in syndrome, et se remémore ses années d’errance sans pouvoir communiquer. Le lecteur suit avec avidité ces 2 histoires parallèles qui sont évidemment liées. Le roman est truffé de références à la musique. Petite coquetterie : chaque chapitre a un titre musical (dernière expression dudit chapitre).
Du même auteur, Michèle signale Un long moment de silence, sur les juifs sortis des camps, et leurs enquêtes pour retrouver leurs tortionnaires allemands.
La disparue de la cabine n°10
Ruth WARE
Fleuve Noir, 2018, 432 p., 20€
Traduit de l’anglais The Women in Cabin 10 par Héloïse Esquié
Laura, rédactrice pour un magazine de voyages, a une belle opportunité de faire ses preuves en participant à la croisière inaugurale d’un yacht de luxe dans les fjords norvégiens. La première nuit en mer, elle croit entendre un cri en provenance de la cabine n° 10, suivi de la chute d’un corps dans l’eau. Elle pense avoir assisté à un meurtre, mais le personnel prétend que cette cabine a toujours été vide, et personne n’a disparu. De plus, la crédibilité de Laura est mise en doute en raison de sa tendance à cumuler alcool et médicaments. L’intrigue, bien menée, se passe en huis clos, avec un personnage plutôt sympathique quoique névrosé, qui disparait à son tour. La peinture des « riches et puissants » aurait pu être plus incisive. Thriller assez bien ficelé.
Le Bibliothécaire
Larry BEINHART
Gallimard (série noire), 2005, 450 p., 24€
Traduit de The Librarian par Patrice Carrer
Pour arrondir ses fins de mois, et par amour des livres, David Goldberg devient bibliothécaire privé pour un milliardaire américain. Or Alan Stowe fait partie des « Eléphants d’or », gros bailleurs de fonds du parti Républicain, peu avant les élections présidentielles. A classer les documents confidentiels de l’industriel influent, le bibliothécaire se retrouve rapidement pris en chasse par les barbouzes républicains… alors qu’il n’a aucune idée de l’information qu’on lui reproche de détenir. Thriller politique américain typique, assez réussi, ne serait-ce que pour son personnage principal de bibliothécaire, et pour la belle Niobé, Mata Hari pleine de surprises qui tente de le séduire.
Chambre froide
Tim WEAVER
Micro Application (Pôle noir-thriller), 2013, 417 p., 20€
Traduit de Chasing the Dead par Véronique Gourdon
Un an après la mort de son fils, une femme est persuadée de l’avoir vu dans la rue, alors qu’il avait été formellement identifié par son empreinte dentaire après un accident de la route. Elle embauche David Raker, détective spécialiste des personnes disparues. Depuis que sa femme est morte, David n’a plus rien à perdre. Aussi n’abandonne-t-il pas l’enquête, même lorsque l’enquête devient dangereuse, et que morts et disparus se multiplient. Le personnage de l’enquêteur entêté est plutôt sympathique, mais ce thriller est un peu dérangeant, par son registre glauque de la souffrance physique et de l’aliénation.
L’île des absents
Caroline ERIKSSON
Presses de la Cité, 2018, 236 p., 19€
Traduit du suédois De Försvunna par Laurence Mennerich
Greta et son amant (marié) Alex passent un week-end au bord du Cauchemar, un lac suédois isolé, dont la légende voudrait qu’il soit maudit. Lors d’une sortie en barque avec la petite Smilla, fille d’Alex, Greta laisse Alex et sa fille débarquer seuls sur un îlot pour une promenade. Lorsqu’ils tardent à revenir, Greta s’affole et l’angoisse monte. Thriller psychologique angoissant, mais un peu vite traversé. Un lien intéressant (quoiqu’assez « fabriqué ») est fait entre plusieurs femmes subissant l’emprise et la violence des hommes.
20:40 Publié dans Bouillon de lecture, critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman policier, thriller
17/02/2019
Joyce Carol Oates
C'est la bibliothèque de Chassagny qui nous accueille pour le "bouillon de lecture" du 14 février. Les gourmandises du jour, petits coeurs, flan parisien et strudel, ne sont pas de trop pour nous réconforter avant d'aborder l'oeuvre de Joyce Carol Oates, monument de la littérature américaine.
Joyce Carol Oates est née en 1938 dans l’Etat de New York. Diplômée de l'université de Syracuse et de celle du Wisconsin, elle partage sa vie avec Raymond J. Smith, professeur de littérature anglaise. Elle enseigne à Detroit, « une ville où la violence et les tensions raciales sont vives », au Texas, en Ontario (Canada), puis à l'université de Princeton, au New Jersey. Son œuvre littéraire regroupe une centaine d’ouvrages, romans, nouvelles, essais, pièces de théâtre, poèmes, livres pour la jeunesse… ainsi que des polars, sous les pseudonymes de Rosamond Smith et Lauren Kelly.
Les romans que nous avons lus se distinguent par leur noirceur, et la complexité des personnages, qui souvent présentent une personnalité publique différente de leur « moi » profond. JCO n’hésite pas à multiplier les retours en arrière, et la structure de ses romans n’en facilite pas la lecture. Tous décrivent des facettes d’une Amérique plutôt bigote et peu reluisante.
Nulle et Grande Gueule
Gallimard, 2002
Trad. de Big Mouth and Ugly Girl, 2002
Grande et mal dans sa peau, ursula se trouve nulle. Matt, lui, aime rire et blaguer. Un jour, il propose en plaisantant de poser une bombe au lycée. Accusé de terrorisme, il est arrêté par la police. Exclu du lycée quelques jours, ostracisé, il n'est plus soutenu que par Ursula. Dans ce roman "jeunesse" (ou pas), JCO dénonce le conformisme et l'hypocrisie de la société américaine.
Les Chutes
P. Rey, 2005
Trad. de The Falls, 2004
Après le suicide inattendu de son premier mari au lendemain de leur nuit de noces à Niagara, Ariah "la veuve blanche des chutes", épouse Dirk, et se consacre à ses trois enfants, sa maison et son piano. Brillant avocat, Dirk s'occupe d'une affaire de pollution industrielle, lorsqu'il meurt brutalement d'un accident dans les Chutes. Ce n'est que longtemps après, lorsque le scandale concernant la pollution refait surface, que les enfants enquêtent... Le regard sur l'Amérique est intéressant, mais les personnages peu sympathiques, et le style répétitif rendent la lecture fastidieuse.
Un endroit où se cacher
Albin Michel, 2010
After the Wreck, I Picked Myself Up, Spread My Wings, and Flew Away, 2006
Suite à un accident, Jenna a perdu sa mère. Culpabilité, comportement auto-destructif... elle vit avec un oncle et une tante plutôt sympas, mais refuse leur aide. Ce roman ado finit sur une note positive.
Petite soeur, mon amour : l'histoire intime de Skyler Rampike
P. Rey, 2010
Trad. de My Sister, My Love, 2008
Inspiré de l'histoire d'une mini-miss assassinée en 1996, le roman est présenté comme le journal intime de son frère Skyler. Dans cette famille dysfonctionnelle, les parents projettent leurs rêves sur les enfants : gymnastique pour le fils, patin à glace et mannequinat pour sa petite soeur Bliss. Lorsque la fillette est retrouvée assassinée, l'enquête conclut à la culpabilité d'un soit-disant pédophile. Mais était-il coupable ?
Petit oiseau du ciel
P. Rey, 2012
Trad. de Little Bird of Heaven, 2009
Little Bird of Heaven est le titre d'une chanson interprétée par Zoé, jolie et aguicheuse, qui rencontre un joli succès local. Lorsque le groupe de Zoé se fait arnaquer par un pseudo impressario, elle sombre dans l'alcool et la drogue, et finit assassinée. Les soupçons se portent sur Delray, le mari dont Zoe est séparée, et Eddy Diehl, son amant. L'auteur dissèque l'impact du drame sur leurs familles : comment leurs enfants ressentent les choses, dites ou non-dites. Beaucoup de violence, d'alcool, de drogue...
Mudwoman
P. Rey, 2013
Trad. de Mudwoman, 2012
USA, 2002, après la chute des Twin Towers, la guerre contre l'Irak est en gestation. Dans le milieu universitaire, Meredith Ruth Neukirchen est une superwoman, première femme présidente d'université. Dédiée à son travail corps et âme, non pas pour sa réussite personnelle, mais par dévouementt -et parce qu'une femme doit se battre davantage qu'un homme pour éviter de donner prise aux critiques. Corsetée dans son personnage public, elle bascule cependant lorsque ses souvenirs de "mudgirl", l'enfant tondue et sacrifiée dans les marais par une mère folle fanatique ressurgissent. Le sujet est très prenant, et l'étude de personnages (foyer d'accueil, parents adoptifs Quakers, professeurs...) fouillée. Pour autant, le roman déroute par son accumulation d'allers-retours temporels, à laquelle viennent s'ajouter cauchemars et hallucinations. La lecture est donc en même temps longue, un peu pénible... et captivante.
Daddy Love
P. Rey, 2016
Trad. de Daddy Love, 2013
Sur un parking de supermarché, Robby, un petit garçon de 5 ans, est enlevé par un prédateur sexuel, prêcheur itinérant. Rebaptisé Gidéon, il grandit auprès de lui dans une ferme, maté par quelques punitions terribles. Peu à peu, il réalise qu'il est le 4ème d'une série, et que les garçons précédents ont disparu à la puberté. JCO déploie des raffinements de cruauté pour emmener son lecteur dans un univers horrible.
Carthage
P. Rey, 2015
Trad. de Carthage, 2014
Dans la petite ville de Carthage (Adirondacks), une famille bourgeoise voit grandir ses deux filles, la jolie et pieuse Juliet, et Cressida,intelligente et différente (rebelle ? autiste ?). Juliet rompt avec son fiancé, revenu de la guerre en Irak assez amoché, physiquement et psychologiquement. Lorsque sa soeur Cressida disparait, il est accusé et emprisonné. JCO met en scène une Amérique très provinciale, et le monde carcéral aux Etats-Unis.
Valet de Pique
P. Rey, 2017
Trad. de Jack of Spades, 2015
Auteur à succès de romans policiers, Andrew J. Rush publie également sous un pseudo des polars sulfureux et pornographiques. Lorsque cet équilibre tout en dissimulation est menacé, le Valet de Pique refait surface... Thriller autour d'un personnage double.
Nous finissons par deux livres plus personnels, qui -au travers de l'histoire personnelle de l'auteur et de son récit familial- jettent un éclairage sur l’œuvre de Joyce Carol Oates :
Paysage perdu
P. Rey, 2017
Trad. de The Lost Landscape: A Writer's Coming of Age, 2015
Comme un puzzle à reconstituer par le lecteur, il regroupe des fragments de souvenirs en chapitres courts, qui donnent des indications sur la construction de l'auteur : son enfance sur une ferme isolée, proche de grands-parents d’origine hongroise, sa petite sœur « différente », son goût pour l’écriture depuis le plus jeune âge, ses rapports à sa grand-mère Blanche qui lui offrit sa première machine à écrire…
La fille du fossoyeur
P. Rey, 2008
Trad. de The Gravedigger’s Daughter, 2007
Inspiré de la vie de la grand-mère de l’auteur. Rebecca, petite dernière d’une famille de juifs allemands réfugiés d’Europe, est la seule née sur le sol américain. Son père -autrefois professeur- doit travailler comme fossoyeur, et sombre dans la folie jusqu’à un délire meurtrier. Après avoir fui un premier mari violent, Rebecca construit sa vie en se durcissant et en se construisant un personnage public fictif, évitant de montrer ses faiblesses pour se protéger. Elle se consacre à son fils musicien.
18:12 Publié dans Bouillon de lecture, critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : comité de lecture
21/12/2018
Il était une fois... au bouillon de lecture
Bouillon de lecture à St Laurent d’Agny ce 12 décembre 2018. Bien accueillies, nous parlons des contes, thème retenu à l’approche de Noël.
Les contes traditionnels : Contes et légendes oubliés de Bretagne du XIXème siècle, Contes et légendes du Vercors de Claude Ferradou, etc. n’ont pas séduit.
Par contre, 2 coups de cœur :
Maryvonne lit des passages de Salina de Laurent Gaudé et la magie opère, nous sommes toutes attentives, voire charmées.
Mme Pecontal nous régale à son tour avec les Contes de la rue Broca de Pierre Gripari, drôles , caustiques, …
Nous terminons de façon animée avec les contes lyonnais d’autrefois et toutes les lyonnaises d’origine nous parlent "lyonnais", belle cacophonie pour les non initiées "patafinéees" !!!!
Marie-Claire
10:59 Publié dans Bouillon de lecture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : conte
17/11/2018
Bouillon de jeunesse
La fille qui n’existait pas
Natalie C. ANDERSON
Pocket jeunesse, 2018
L’auteur a travaillé une dizaine d’années dans l’humanitaire en Afrique, ce qui constitue le matériau du roman. Du Kenya au Congo : une jeune fille de 15 ans, seule et orpheline, vit dans la rue sous l’emprise d’un gang. Volontaire et possédant une grande force de caractère, elle pense avoir échappé au sort réservé aux filles dans ces bandes. Futée et agile, elle sert de pickpocket, v ole des fichiers. Sa quête de vengeance (venger l’assassinat de sa mère) évolue en quête des origines. A partir de 15 ans.
Rhizome
Nadia COSTE
Seuil jeunesse, 2018
En 2081, les côtes étant submergées, les humains occupent des skycities, villes toutes en hauteur, avec des murs végétaux pour purifier l’air. Les dirigeants se trouvent dans les hauteurs, tandis que certaines populations sont cantonnées dans les bas-fonds pour cultiver. Un jeune botaniste découvre que les plantes communiquent entre elles, et peuvent même communiquer avec lui… en le colonisant. Sujets : nourrir la planète, qualité de l’air, manque de place. A partir de 13 ans.
Jefferson
Jean-Claude MOURLEVAT
Gallimard jeunesse, 2018
Jefferson le hérisson, accusé de l’assassinat de son coiffeur « Définitifs », enquête pour trouver le coupable. Au-delà de l’enquête, ce roman parle aussi d’amitié et de solidarité, et des rapports entre humains et animaux. Toujours la qualité d’écriture de Jean-Claude Mourlevat, une valeur sûre en littérature jeunesse ! A partir de 9 ans.
Le mot d’Abel
Véronique PETIT
Rageot, 2018
Le monde d’Abel est analogue au nôtre, à ceci près que chaque personne reçoit vers la fin de son enfance la révélation d’un mot, personnel, intime, qui le définit et détermine sa vie. Abel a la hantise de ne pas recevoir son mot, d’en recevoir un qui lui semblerait insignifiant, ou pire, de recevoir un mot négatif, qui conditionnerait sa vie entière. Sujets : détermination versus choix personnels, influence du groupe. A partir de 11 ans. Prix Gulli 2018 du roman jeunesse.
Interfeel
Antonin ATGER
Pocket jeunesse, 2018
Dans un monde futuriste où les réseaux sociaux prennent le pouvoir, Interfeel permet de partager ses émotions, d’être toujours en contact avec les autres grâce à une puce et une opale. Quelques personnes restent hors réseau et luttent contre le totalitarisme du système. Premier roman très réussi, par un jeune auteur de la région à suivre ! A partir de 15 ans.
Fake, fake, fake
Zoé BECK
Milan, 2016
de son vrai nom Henrike Heiland, est une écrivaine , éditeur et traductrice allemande
Un prénom pourri, des pieds taille 49, pas d’amis… Edvard, ado en fin de collège, surveille l’apparition tardive de sa puberté et se morfond d’amour pour une fille qui l’ignore. Sur un blog, il se crée un avatar parfait. Quand la belle Constance mord à l’hameçon, ça devient compliqué... Assez comique.
Dans la lumière de l’aube
Julien PIGNARD
Edition du Poutan, 2018
Lyon. Quatre amis d’enfance, arrivés à la trentaine, se retrouvent autour de l’un d’eux, de retour après 2 ans d’absence, et qui a besoin de leur aide. Redémarrage de leur amitié et de leur amitié et de leur vie. Belles descriptions de Lyon. Roman à 4 voix, au style moyen. Sujet : amitié. Pour jeunes adultes.
George
Alex GINO
Ecole des Loisirs, 2017
Quand la maîtresse propose de jouer une pièce de théâtre à l’école, George veut à tout prix interpréter le personnage de Charlotte. Ainsi, tout le monde comprendra enfin qui elle est. Car George (ou plutôt Melissa, comme elle se surnomme) le sait : elle est une fille, bien que tout lui rappelle au quotidien qu’elle est un garçon. Même si ce n’est pas de la façon qu’elle espérait, cette pièce de théâtre va lui permettre de prendre confiance en elle, d’évoluer et de s’imposer. Ce roman aborde avec délicatesse le sujet délicat de la transidentité chez les enfants. A partir de 10 ans.
Chair à ballon
Alain DEVALPO
Gründ, 2012
Histoire basée sur les faits réels, ce roman ado traite des jeunes noirs africains cibles d’arnaqueurs dans le monde du football. Une belle leçon de vie et d’humilité au travers de l’histoire de Kaci, Sénégalais, l’une des victimes d’un escroc blanc.
15:41 Publié dans Bouillon de lecture, Livres jeunesse, Livres pour ados | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman jeunesse, roman ado