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Coups de coeur

  • La patience des traces de Jeanne Benameur

    téléchargement.jpgLa patience des traces                                                              Coup de cœur

    Jeanne Benameur

    Qu’il est agréable, en cette période troublée, de se plonger dans ce roman empreint de douceur et de silence.

    Simon Lhumain est psychanalyste et a consacré une partie de son existence à écouter les autres, peut-être pour fuir un passé douloureux.

    Un petit incident anodin - un bol auquel il tient glisse de ses mains et se brise - fait remonter toute un pan de son existence. Les blessures qu’il porte en lui, la disparition de son ami Mathieu, sa séparation avec Louise qu’il a passionnément aimée, resurgissent. Dans leur jeunesse, tous trois formaient un trio inséparable mais un évènement a conduit au drame. 

    Simon prend soudain conscience qu’il a besoin de faire une pause pour affronter son passé. Il ressent le besoin de s’isoler et de partir loin pour s’approcher d’une vérité trop longtemps refoulée, et faire la paix avec lui-même.

    Il décide de troquer ses agendas remplis de noms de patients et « l'armée des mots », contre le silence, la contemplation et la méditation.

    Sur les conseils de son ami Hervé, il part au Japon dans les îles de Yaeyama, loin  des sites touristiques et choisit de loger dans une chambre d’hôtes.

    Madame Itô Akido est collectionneuse de magnifiques tissus anciens ; son discret mari travaille dans son atelier de céramiste où il pratique l'art nippon du Kintsugi, une technique ancestrale qui consiste à réparer les objets brisés en recouvrant les jointures avec de la poudre d'or, laissant ainsi les cicatrices apparentes.

    Au-delà de sa fonction esthétique, cet art japonais du XVeme siècle a pour philosophie de valoriser le passé et les failles de l’objet. « On est heureux de redonner vie à ce qui était voué à l’anéantissement. On marque l’empreinte de la brisure. On la montre. C’est la nouvelle vie qui commence. » Beau symbole de résilience et de renouveau !

    Simon s’immerge dans un monde où la parole est rare, voire absente. Le silence, l’observation, la contemplation instaurent des relations profondes avec ses hôtes respectueux et attentionnés.

    Ce séjour empreint de douceur et de sérénité va permettre à Simon d’accepter un passé trop longtemps nié, et de retrouver la paix avec lui-même et l’envie de vivre pleinement.

    Jeanne Bénameur invite à faire un voyage poétique dans un monde intemporel et minimaliste, à pénétrer dans un havre de paix propice au recueillement, à se ressourcer  dans une nature encore intacte.

    J’ai aimé la lenteur, le temps laissé au temps, cette parenthèse dans une vie trépidante, ce lieu où la nature encore intacte participe à la renaissance de Simon et où l’écoute, les silences, les non-dits et les symboles remplacent la parole réparatrice.

    Bonne lecture !

    Annie Pin

     

  • Critique Un profond sommeil de Tiffany Quay Tyson

    Image1.pngUn profond sommeil                                                               Coup de cœur

    Tiffany Quay Tyson

     

    Du delta du Mississippi aux mangroves des Everglades, Tiffany Quay Tyson relate l'histoire tourmentée d'une famille qui fait écho à celle de toute une région, le sud des États-Unis,  profondément marquée par le passé esclavagiste, la ségrégation, la pauvreté et la violence.

     Par  une chaude journée d’été, Willet, seize ans, Bert, quatorze ans et leur petite sœur Pansy, six ans, décident d'aller se baigner dans une carrière malgré l’interdiction de leur père. Willet décide subitement d’aller dans la forêt et confie Pansy à sa sœur,  mais Bert ne résiste pas à la tentation d’aller cueillir des mûres. Juste un petit instant, mais, lorsqu’elle revient, Pansy a disparu. C’est d’autant plus inquiétant que l’endroit est considéré comme maudit, hanté par des esprits maléfiques et donc dangereux : une tragédie s’y est déroulée au temps de l’esclavage et il est marqué par une très grande souffrance.

     Au moment du drame le père qui vit d’escroqueries était absent et il ne reviendra pas. La mère ne peut accepter la disparition de Pansy, petite fille pleine de vie et joyeuse ; elle sombre dans la dépression. Bert, la narratrice, et Willet  sont livrés à eux mêmes et se démènent pour subsister tout en essayant de découvrir la vérité et de retrouver leur sœur car ils sont persuadés qu’elle est vivante.
    Les relations entre la grand-mère paternelle, mamie Clem et sa belle fille étaient tendues et elle voyait peu ses petits enfants. Après le drame, elle recueille Bert. La jeune fille apprend à connaître cette grand-mère qui, grâce à sa très grande connaissance des plantes, aide les femmes à avorter ou à accoucher. Bert est confrontée à un monde dur et impitoyable.  Elle découvre que « le monde n'était tendre envers personne, mais visiblement, les femmes souffraient davantage que les hommes. »

    Elle ne tarde pas à se rendre compte que bien des secrets lui sont cachés mais

    sa grand-mère s’enferme dans le silence.

    Elle et Willet ne renoncent pas à retrouver Pansy et leur quête les conduira en Floride dans les marais des Everglades, luxuriants et inhospitaliers.

    Le récit alterne deux histoires familiales qui se répondent au fil des chapitres. Deux narrations qui vont se rejoindre et lever le voile sur les secrets accumulés.

    Tiffany Quay Tyson met l’accent sur le vide, l’absence, la douleur de la perte mais aussi l’espoir qui anime Bert et Willet.

    Elle excelle à nous faire ressentir l’ambiance oppressante des marais, la moiteur, la chaleur, les bruits, les odeurs de cette nature sauvage.

    C’est un roman sombre, émouvant et prenant. Difficile de lâcher la lecture !

    Je vous le recommande particulièrement.

     

    Annie Pin

  • American Dirt

    migrant, mexique

     

    American Dirt

    Jeanine CUMMINS

    Ed. P. Rey, 2020, 544 p., 23€
    Traduit de l’anglais US par Françoise Adelstain et Christine Auché

     

    Merci aux lecteurs et aux libraires qui m’ont conseillé ce roman, dont le sujet n’est pas les Etats-Unis, comme on pourrait le croire, mais plutôt les migrants des pays d’Amérique Centrale ou du Sud.

    La première scène du livre, dramatique, explique le départ de Lydia, libraire à Mexico, et de son fils de 8 ans, Luca, qui doivent brutalement disparaitre et prendre la route clandestine vers "El Norte". Nous suivons ensuite leur progression chaotique au travers d’un Mexique gangréné par les gangs de narcotrafiquants et les exploiteurs de misère humaine.

    C’est la peur qui règne. Le roman est difficile à poser tant on craint pour leur vie et leur intégrité ; cependant il est allégé par les jours de répit dans les "Casas del migrante", ainsi que l’aide rencontrée en chemin, le secours des gens ordinaires ou des associations catholiques. L’entraide entre migrants est décisive, comme leur rencontre avec les sœurs Soledad et Rebeca qui fuient le Honduras. Avec elles ils apprennent à chevaucher "La Bestia" (train de marchandises), à éviter la police des migrants, à chercher un passeur.

    Pas de rêve américain dans ce roman, mais un émouvant hymne au courage, à l’instinct de survie et à l’espoir. American Dirt humanise les migrants, dont chacun a une histoire, et raconte le quotidien de ces femmes et de ces hommes mus par une farouche volonté d'avancer jusqu’à un pays où ils pourront tout simplement vivre.

    Aline

  • Poussière dans le vent

    roman étranger, CubaPoussière dans le vent

    Leonardo Padura
    Metailié, 2021, 24€20
    (bibliothèque hispano-américaine)

     

    Léonardo Padura nous livre un superbe roman sur l’exil et la perte, mais aussi sur la permanence de l’amitié et des sentiments, sur la quête de l’identité, perdue et retrouvée, sur l'attachement à ses racines, dont on ne s'affranchit jamais totalement.

    A travers le destin de ses personnages il retrace, dans une fresque ambitieuse et foisonnante, l’histoire de Cuba sur près de 3 décennies, et c’est passionnant. Une énigme sert de trame au récit et ménage un suspense jusqu’au bout de la lecture.

    Adéla, arrivée de New York, et Marcos, Cubain récemment exilé, se rencontrent en Floride et c’est le coup de foudre. Il lui montre une photo de groupe prise en 1989 dans le jardin de sa mère, Clara, et elle y reconnaît la sienne, Loreta, femme fantasque, tourmentée et mystérieuse qui ne parle jamais de son passé. Elle apprend que sa mère s’appelle en réalité Elisa et qu’elle a disparu brutalement de Cuba en 1990. Ils vont chercher à comprendre ce qu’elle fuit et les secrets enfouis de leurs parents.

    Clara, Dario, Elisa, Bernardo, Horacio, Irving, Fabio, Liuba se sont connus dans l’enfance ou au lycée et forment ce qu’ils appellent un "clan". Ingénieur, architecte, neurochirurgien, artiste… ils ont foi en un futur possible dans une île à laquelle ils sont viscéralement attachés. Leur point d’ancrage est la maison de Clara et Dario à Fontanar, un quartier de La Havane, "noyau magnétique de la confrérie".

    Des années de bonheur partagé, entre amour et désamour, jusqu’à ce 21 janvier 1990, anniversaire des 30 ans de Clara. Un drame et la disparition soudaine d’Elisa marquent le début de la dislocation du groupe. Dario le premier, franchira le pas de l’exil. Les autres suivront, le cœur chaviré, devenant des réfugiés perpétuels, le cœur à jamais ancré à Cuba et nourrissant l’espoir d’un retour. Seuls Clara et Bernardo resteront.

    1990 c’est aussi l’éclatement du bloc soviétique.  Cuba abandonné par ses alliés doit faire face à une crise économique et sociale sans précédent qui bouleverse l’existence du peuple cubain. Entre l’histoire politique tourmentée, les terribles pénuries et la fuite en masse vers l'étranger, l’île s’effondre et les Cubains perdent leurs illusions.

    Léonardo Padura décrit admirablement la difficulté de l'exilé à reconstruire une vie, pas tant pour les problèmes matériels, que sur le plan de l'appartenance. Comme le dit l'un de ces exilés "nous ne sommes dans la mémoire de personne et personne n'est dans notre mémoire à nous". Même ceux qui ont le mieux réussi ne se remettront jamais complètement de leur départ "cette chaleur n'était pas sa chaleur, ses nouveaux amis étaient seulement cela, des nouveaux amis, et non ses amis, ce qu'il avait perdu était irrécupérable".

    Une interrogation court comme un leitmotiv d’un bout à l’autre du récit « Que nous est-il arrivé ? »  Chacun des personnages apporte sa pierre à la construction de la vérité à travers son histoire personnelle avec les désillusions, les remises en question, les choix douloureux à faire.

    Léonardo Padura appartient à cette génération des désenchantés de la révolution castriste. Malgré le succès international de ses livres il n’a pas choisi l’exil ; il a besoin de son île pour écrire.

    "Dans les années 90, j’écrivais comme un fou pour ne pas devenir fou c’est-à-dire que la littérature m’a sauvé du désespoir et de l’exil parce que beaucoup de mes amis, de mes camarades de travail sont partis et moi j’ai décidé de rester car à Cuba je pouvais écrire, pourtant il me manquait tout : l’électricité, les transports, la nourriture…  Mais on avait ce qu’un romancier nécessite le plus : le temps".

    Le roman est parcouru par la chanson du groupe Kansas que l’auteur écoutait à La Havane dans les années 1970, Dust in the wind…

    Annie

  • Le Royaume de Pierre d'Angle

    roman ado, fantasyLe Royaume de Pierre d’Angle

    T1, L’art du naufrage

    Pascale QUIVIGER

    éd. du Rouergue (Epik), 2019, 483 p., 16€90

     

    Le Prince Thibault sillonne les mers avec son équipage pour rejoindre son royaume natal, quand une passagère clandestine s’introduit sur le navire. La jeune fille ne livre rien de son histoire, mais les cicatrices sur sa peau noire parlent pour elle. Elle trouve sa place parmi les mousses et dans le cœur du prince. Mais à l’approche du Royaume de Pierre d’Angle, la tempête et les évènements se déchainent, laissant les secrets de l’île émerger du passé.

    Un voyage épique, sur mer puis sur terre, une aventure rythmée soutenue par un style piqué de modernité et d’humour. Les personnages sont tous attachants et très bien campés, l’intrigue se construit au fil des péripéties entre complots politiques, secrets ancestraux et phénomènes fantastiques. Un premier tome qu’on ne lâche pas ! Un roman de la même trempe que La Passe-Miroir.

    La couverture, très belle, réunit, on le comprendra plus tard, les éléments les plus mystérieux de l’histoire : la forêt maudite de la Catastrophe, l’épée qui a scellé le secret de l’île, et le loup qui avait totalement disparu… du moins le croyait-on.

    C’est une pépite, à partir de 14 ans. Série finie en 4 tomes.

    Joanne

  • La bonne chance

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    La bonne chance
    Rosa Montero
    Métailié (Bibliothèque Hispanique), sept 2021, 20€
    Traduit de l'espagnol par Myriam Chirousse

     

    Voilà un livre qu’on ouvre et qu’on ne lâche pas.

    Dès les premières pages on s’interroge : Pour quelles raison Pablo Hernando, 54 ans,  architecte de réputation mondiale, décide t-il, dans le train qui l’amène à Malaga pour une conférence, de rebrousser chemin jusqu’à la petite ville de Pozonegro, où une pancarte « à vendre » posé sur un balcon délabré, a attiré son attention ? La localité, autrefois un centre minier, est sinistre, maisons écroulées, commerces fermés, terrains vagues remplis de  gravats.  Désertée par la plupart de ses habitants, seul un supermarché apporte un peu de gaieté.

    Il achète, dès son arrivée, un appartement déprimant, stores cassés, barreaux rouillés, carrelage crasseux, pas de meubles, et 17 fois par jour un vacarme assourdissant à chaque passage de train ! Que fuit-il ? Quel fardeau porte-t-il ? Qu’espère-t-il en s’isolant dans un endroit aussi déshérité ?

    Ses associées et notamment Regina, avec qui il a eu des aventures sans lendemain s’inquiètent de son absence : il ne répond ni au téléphone ni aux mails. Ils préviennent la police de sa disparition. Elle retrouve rapidement sa trace, car ses comptes bancaires (ce que l’intéressé ignore) sont sous surveillance depuis l’évasion de prison d’un dénommé Marcos Santo. Quel lien les unit ? Quel secret dissimule Pablo ? Pourquoi se comporte-t-il de manière aussi étrange ?

    Il ne veut se lier avec personne mais sa rencontre avec Raluca va contrecarrer ses plans. Caissière au hypermarché, Raluca, lumineuse, attachante et généreuse, malgré une enfance douloureuse et les traumatismes subis, croit en la joie, croit en la vie. Elle va apprendre à Pablo à surmonter ses peurs, pour retrouver le goût de vivre et renaître.

    Beaucoup de suspense dans ce récit, et une intrigue intense qui dévoile peu à peu le mystère de cet homme et, ce faisant, explore nos pulsions, la peur, la culpabilité, la haine et la passion. Le Mal est omniprésent mais le Bien, en la personne de Raluca, éclaire magnifiquement les ténèbres.  

    C’est une histoire d’amour et aussi d’amour de la vie ; après chaque défaite il peut y avoir un nouveau début et la bonne chance est une façon de regarder le monde d’une autre manière.

    Annie P.

  • Prix Mezzanine à Brindas

    Prix Mezzanine 2021 chez nos voisins de Brindas, le beau roman choisi à l'unanimité est

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    Là où chantent les écrevisses
    Delia OWENS
    Seuil, 2020, 21€50

    "Ouvrir ce livre, chant de survivance et d'amour, c'est comme se poster là, dans la clairière, pour voir surgir des bosquets de palmiers nains la brune Kya, ses pieds foulant l'humus, son regard noir et sauvage, farouche, toujours à l'affut, et tenant une nouvelle plume à la main comme un trésor..." (Newsletter de la bibliothèque de Brindas)

    A Soucieu aussi ce roman rencontre un grand succès !

  • Journal d'un jeune naturaliste

    oiseau, nature, biographie, autisme

     

    Journal d’un jeune naturaliste

    Dara McANULTY

    Gaïa, 2021, 240 p., 22€

    Traduit de l’anglais par Laurence Kiefe 

    A l’âge de 14 ans Dara McAnulty, jeune Irlandais (Ulster) autiste apprend la décision de ses parents de déménager et de s’installer à l’autre bout du pays. Il est bouleversé par la perspective de devoir quitter les forêts et paysages qu'il affectionne tant. Le changement l’effraie terriblement et l'écriture s'impose à lui comme une nécessité, un moyen de se libérer de sa peur et d'exprimer ses sentiments, ses passions et ses frustrations.

    Il nous fait partager, au fil d'une année, son émerveillement au contact de la vie sauvage et son désarroi face à l'inconséquence et l'indifférence humaines. Mêlant observations scientifiques, poésie et mythologie irlandaises, son récit nous offre la perspective unique d'un jeune autiste sur le monde vivant et nous invite à observer et protéger les merveilles trop souvent ignorées qui nous entourent.

    Il a une très grande connaissance de la flore et de la faune locales et plus particulièrement des oiseaux qu’il sait parfaitement identifier et dont l’observation quotidienne est pour lui un besoin vital ; ils lui apportent du bonheur et participent à son équilibre.

    Après le repas, des chants jaillissent de tous les coins du ciel et nous nous immobilisons pour écouter le crépuscule. En isolant ces mélodies chacune à leur tour, je me sens soudain enraciné. Les spirales des alouettes. Les harmonies des merles. Le bouillonnement des pipits farlouses. Le battement des ailes des bécassines. Et toujours les cris des oiseaux de mer. Nous sommes dans un autre univers. Pas de voitures. Pas de gens. Rien que la nature dans toute sa splendeur.

    Ce journal n’est pas ordinaire, il est celui d’un jeune autiste qui nous fait ressentir d’une façon poignante son extrême sensibilité, sa souffrance due à son handicap dont il a parfaitement conscience, ses difficultés de communiquer, la douleur ressentie à l’école face à la méchanceté, le harcèlement, la brutalité de la plupart des autres élèves. 

    A travers son récit il révèle à quel point la nature est un ancrage pour lui et à quel point elle devrait l’être pour chacun de nous. Il démontre avec intelligence comment progressivement nous nous sommes désolidarisés de l’environnement dans lequel nous évoluons. Une déconnexion qui a des impacts dramatiques sur la nature et sur notre mode de vie.  

    Il s’exprime avec sincérité et naturel dans une écriture fluide et poétique qui rendent son récit très attachant.

    Dans un monde aussi rapide, aussi compétitif, il est indispensable de se sentir enraciné. Il est indispensable de sentir la terre et d’entendre les oiseaux chanter. Il est indispensable d’utiliser nos sens pour participer au monde. Peut-être, à force de nous taper la tête contre un mur de briques, celui-ci finira-t-il par s’écrouler. Et peut-être pourrons nous utiliser ces décombres pour reconstruire quelque chose de mieux, de plus beau, en lâchant la bride à notre propre nature. Vous imaginez ça ?

    Annie

  • Groupe de lecture : les coups de coeur de l'été

    C'est la rentrée aussi pour les lecteurs de nos bibliothèques. Pour cette première rencontre, chacun a présenté son coup de coeur de l'été.

     

    des diables et des saints.jpgDes diables et des Saints

    Jean-Baptiste ANDREA

    L'Iconoclaste, janvier 2021, 368 p., 19€

    Jo, pianiste de 80 ans, joue du piano dans les gares et les aéroports. Il attend une femme, qui descendra un jour du train, peut-être Rose, qui était à l’orphelinat avec lui dans les Pyrénées.

    L’auteur fait parler l’enfant qu’était Jo, pas joyeux sur le fond, mais l’écriture est fluide, agréable. Il saisit avec subtilité l’enfance et la résilience.

     

    lisière.jpgLisière

    Kapka KASSABOVA

    Marchialy, février 2020, 458 p., 22€

    Bulgarie, Grèce, Turquie trois pays, trois versions de l’histoire avant, pendant et après la guerre froide. Les réfugiés de l’époque, récits de personnes qui ont survécu, et de gardes-frontières.

    L’autrice est romancière, journaliste et poétesse, elle a utilisé tous ses talents pour écrire ce livre original et instructif. Mythes, histoire, humain, un peu ardu à commencer mais il en vaut la peine !

     

    famille mandible.jpgLa famille Mandible 2029-2047

    Lionel SHRIVER

    Belfond, mai 2017, 528 p. 22€50

    Nous sommes en 2029 le président américain déclare le pays en faillite, la famille Mandible dont le grand-père a amassé une petite fortune s’enferme dans un appartement. Les légumes sont hors de prix, l’eau est une denrée rare, le gouvernement réquisitionne l’argent des particuliers.

    Sur fond de crise économique, comment faire sans argent, chute et déroute.

     

    fabrique des souvenirs.jpgLa fabrique des souvenirs

    Clélia RENUCCI

    Albin Michel, août 2021, 309 p., 19€90

    Dans un futur proche, des techniciens ont mis au point un système qui permet d’enregistrer des souvenirs. Un marché se met en place autour de ces souvenirs. Le récit tourne autour du souvenir d’une soirée au théâtre et de l’homme qui tombe amoureux d’une femme du passé.

    Original plein de romantisme, thèmes : musique, violon luthier, récit sur le passé et la transmission. Peut faire penser au film Vanilla Sky.

     

    Que sur toi se lamente le Tigre.jpgQue sur toi se lamente le Tigre

    Emilienne MALFATO

    Elyzad, septembre 2020, 77 p., 13€90

    Irak rural d’aujourd’hui. Une femme franchit un interdit, avoir une relation amoureuse et sexuelle hors mariage. Son amoureux part à la guerre et meurt. Elle est enceinte. La famille en débat, mais chacun sait, et elle aussi, qu’elle va mourir.

    Pas larmoyant, la tradition n’est pas remise en cause, tous acceptent cette "fatalité".

     

    le cerf-volant.jpgLe cerf-volant

    Laëtitia COLOMBANI

    Grasset, juin 2021, 204 p., 18€50

    L’Inde, ses contradictions, les interdits pour les filles. Une jeune institutrice décide d’ouvrir une école et d’apprendre à lire aux jeunes filles.

    Récit lumineux, facile à lire.

     

    comme un empire.jpgComme un empire dans un empire

    Alice ZENITER

    Flammarion, août 2020, 395 p., 21€

    C’est la rencontre d’un assistant parlementaire et d’une hackeuse. Tous deux se battent contre la politique d’aujourd’hui et peinent à vivre dans ce climat.

    Roman très axé sur la politique, ancré dans les problématiques de société, qui fait plutôt penser à un documentaire.

     

    paqueline.jpgLa Pâqueline

    Isabelle DUQUESNOY

    La Martinière, janvier 2021, 460 p., 21€50

    Nous sommes en 1798, Victor l’embaumeur fils de la Pâqueline est en prison pour attitude équivoque avec un cadavre, celui de sa femme. Après avoir fait fortune, Victor vivait dans un grand appartement très luxueux dans Paris. La Pâqueline vit dans une extrême pauvreté avec son paon domestiqué. À la suite du procès de son fils, elle est la cible d’un incendie qui détruit sa maison. Elle décide donc de s’installer chez son fils. Découvrant le luxe dans lequel il vivait, elle décide de vendre toutes ses œuvres d’art et objets onéreux afin de vivre dans de meilleures conditions. Elle reprend également l’affaire de son fils et pratique le trafic d’organes. Sur les murs de l’appartement, elle va écrire toute sa vie, afin qu’il comprenne comment il est venu au monde, et quelle a été la vie de sa mère.

    Ce personnage est capable de nous faire rire, de nous émouvoir et de nous dégoûter, c’est surprenant ! L’écriture est riche et fine, les descriptions du Paris de 1798 et des coutumes de la Normandie des années 1770 sont impressionnantes d’informations.

     

    et ils dansaient le dimanche.jpgEt ils dansaient le dimanche

    Paola PIGANI

    Liana Levi, août 2021, 224 p.,19€

    Nous sommes en 1929, une jeune Hongroise, Szonja, arrive en France à Lyon plus précisément Vaulx en Velin. Elle est embauchée à l'usine de production de soies artificielles, où elle travaille dur dans des vapeurs chimiques toxiques. Hébergée dans un couvent, elle fréquente d’autres ouvriers immigrés, en particulier des Italiens. Leur seule distraction : aller danser le dimanche au bord de la Rize. La crise, les conditions de travail et de licenciement, mèneront ces ouvriers à se rassembler, jusqu'à aboutir au Front populaire.

    Un roman riche en descriptions du climat social et des conditions de travail des immigrés ouvriers d’usine en région lyonnaise. L’écriture est fluide, mais si documentée que les personnages manquent un peu de chair - pour un roman.

     

    dans les geoles.jpgDans les geôles de Sibérie

    Yoann BARBEREAU

    Stock (la bleue), février 2020, 300 p. 20€90

    Récit, histoire vraie dans la Russie de Poutine. Un jeune homme travaillant à l'Alliance française à Irkoutsk est arrêté. On lui dit que sa femme l’a accusé de pédophilie sur sa fille. Procès, prison puis hôpital psychiatrique. Il s’échappe, réussit à se réfugier à l’ambassade de France à Moscou, puis s’évader via l’Estonie.

    Récit haltant Kafkaïen.

     

    les innocents.jpgLes Innocents

    Michael CRUMMEY

    Presses de la cité, janvier 2021, 360 p., 21€

    Terre Neuve, au début du XIXe siècle. Deux enfants orphelins sont livrés à eux-mêmes. Ils vivent aux rythmes des saisons, avec des périodes d’abondance et d’autres de disette, ils survivent.

    Un roman qui nous décrit le courage et la résilience des enfants.

     

    saga des cazalets 1 étés anglais.jpg saga des cazalets 2 à rude épreuve.jpg saga des cazalets 3 confusion.jpgsaga des cazalets 4 nouveau départ.jpg

     

     

     

     

     

     

    La saga des Cazalet

    Elizabeth Jane HOWARD

    La table ronde, de mars 2020 à octobre 2021

    Saga d’une famille anglaise, entre 1937 et 1950. Un récit très cinématographique, avec de nombreux personnages. Le tome 4 paraîtra en France en octobre 2021.

    1) Etés anglais : Dans le Sussex, toute la famille se retrouve sur la propriété familiale. Ils mènent une vie bourgeoise aisée. Les enfants ressentent les préoccupations des adultes. Avec un retour sur la guerre de 14 et l’implication des Anglais.

    2) A rude épreuve : Le quotidien à Home Place est dominé par les nouvelles à la radio, le deuil, les raids allemands, l’accueil d’un groupe d’enfants.

    3) Confusion : de 1942 à la fin du conflit mondial, avec des personnages féminins forts.

     

    eaux troubles du mojito.jpgLes eaux troubles du mojito et autres belles raisons d’habiter sur terre

    Philippe DELERM

    Seuil, septembre 2015, 247 p., 14€50

    Petites descriptions de 2 pages chacune. En 109 pages l'auteur nous livre 40 raisons d’habiter sur terre : Se faire surprendre par une averse et aimer ça, regarder un enfant apprendre à lire en bougeant les lèvres,...

     

    terre promise.jpgUne terre promise

    Barak OBAMA

    Fayard, novembre 2020, 848 p., 32€

    Récit fascinant et intime de l’histoire en marche. Pouvoir et limites de la démocratie, histoire contemporaine. Ce tome s’arrête à la fin du premier mandat du Président des Etats-Unis.

     

    cette nuit là.jpgCette nuit là

    Victoria HISLOP

    Les escales, mai 2021, 291 p., 20€

    Suite de L’île des oubliés après 10 ans. Victoria Hislop redonne vie à ses personnages. Le 25 août 1957 la colonie de l’île de Spinalonga ferme ses portes. Maria retourne sur l’île avec son mari qui avait trouvé le remède. Anna, la sœur de Maria est assassinée par son époux.

     

    Prochain bouillon de lecture

    18 octobre à 20h à la bibliothèque de Taluyers

    Bandes dessinées et roman graphique.

     

  • Une vie et des poussières

    roman, vieillesse, guerre mondiale

    Une vie et des poussières

    Valérie CLO

    Buchet-Chastel, 2020, 16€

     

    Mathilde 84 ans entre en EHPAD sur décision de sa fille Rose 60 ans. Rose est une femme qui aime le contrôle et la sécurité, elle mène tout le monde à la baguette ! Elle cache une blessure intime, celle de l’absence d’une mère journaliste très occupée par son travail. Contrairement à Baptiste son frère qui préfère la paix à la guerre, et souvent ne dit rien pour éviter de s’opposer à sa sœur.

    Mathilde a reçu un petit calepin en cadeau, de la part de Maryline une aide-soignante avec qui elle a lié une amitié pudique. Maryline c’est une auxiliaire dynamique, joyeuse, professionnelle qui refuse de sacrifier le lien humain avec les résidents au profit du rendement.

    Mathilde va noter dans son petit carnet ses souvenirs, son enfance marquée par la guerre, la disparition d’un père et le placement chez des paysans en zone libre. Elle écrit également sur le quotidien de sa vie en EHPAD, avec ses bons et mauvais jours. Son carnet sera découvert par l’aide-soignante qui avant de le rendre à la famille écrira un courrier à un éditeur….

    Ce livre "charmant" est une leçon de vie, empreint de luminosité malgré des événements dramatiques survenus durant l’enfance. C’est également un hommage au personnel soignant en EHPAD.

    Pascale