Moi Gulwali, réfugié à 12 ans
Moi Gulwali, réfugié à 12 ans
Propos recueillis par Nadene Ghouri
Hachette Témoignages, 2016, 445 p.
Né en 1994 en Afghanistan, Gulwali a quelques années quand il voit arriver au pouvoir les Talibans. A la mort de son père, lors d’une attaque américaine, sa mère reçoit quotidiennement la visite d’un groupe de Talibans bien décidés à faire de ses deux plus grand fils (Gulwali, 12 ans et Hazrat, 14 ans) des terroristes. Prenant peur, sans les en informer, elle confie ses deux fils à des passeurs pour qu’ils puissent rejoindre l’Europe où ils seront en sécurité.
« J’ai jeté un coup d’œil à ma mère pour me rassurer. Elle nous a fixé mon frère Hazrat et moi avec tant d’intensité que j’ai pensé que son regard de feu allait me transpercer le crâne.
- Soyez courageux. C’est pour votre bien !
Et alors elle m’a dit quelque chose qui m’a gelé le cœur :
- Aussi mal que les choses tournent, ne revenez jamais. »
Commence alors l’aventure la plus dure de sa vie. Très vite Gulwali est séparé de son frère dont il n’aura plus de nouvelles. S’enchaînent alors passeurs, faim, soif, maltraitance, torture, kilomètres (à pied, à cheval, en train ou en camion). Il parcourt en tout 20 000 km pendant 1 an, rencontre 25 passeurs et utilise 6 moyens de transports différents. A 13 ans, dans un état pitoyable, il pose enfin les pieds sur le sol anglais. Mineur, il est pris en charge par une famille, fait des études, s’engage dans des associations et dans la politique et va jusqu’à porter la flamme olympique lors des JO de 2012 en Angleterre.
Au-delà d’un récit dur et éprouvant sur les conditions des réfugiés (il reste un bon moment dans la jungle de Calais), c’est aussi une histoire intérieure qui se joue. Pendant ses 12 premières années en Afghanistan, Gulwali suit les modes de vies et les pensées de son pays. Il est dur avec les femmes de sa famille, voire presque violent (insultes, rabaissement, surveillance extrême de ses tantes et de sa mère quant au port du voile et de la burqua …). Son voyage lui permet de se rendre compte des conditions de vie des femmes de son pays par rapport à celles des femmes européennes, non voilées et libres. Au début très choqué, il assimile petit à petit la culture européenne et tout ce qu’elle comporte au niveau des libertés individuelles. Aujourd’hui, il en est convaincu, il faut faire bouger les choses en Afghanistan. Il compte bien étudier, s’engager politiquement et revenir chez lui militer contre l’oppression des Talibans.
« Il existe un dicton Pachtoune : « Il n’y a pas assez de place dans cette vie pour l’amour » Je me demande comment les gens en trouvent pour la haine. »
Les remerciements à la fin du livre sont beaucoup tournés autour des gens qui tout au long de son voyage lui ont tendu la main.
Céline