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17/08/2020

Sexy Summer

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Sexy Summer

Mathilde ALET

Flammarion, 2020, 191 p., 17€

 

Déménagement d’une famille de Bruxelles vers  Varqueville, un village perdu dans la campagne "de bord de route" des Ardennes, parce c’est une zone blanche qui devrait convenir à leur fille Juliette, souffrant de la "maladie des ondes" depuis qu’une antenne a été installée près de son école.

Le village est un lieu où tout se sait, et où il est facile de démarrer une rumeur. Or Juliette n’a aucune envie de mettre en avant sa maladie. L’auteur rend bien l’ambiance entre jeunes qui traînent, se prennent pour des caïds, et ostracisent Tom, le si gentil "gros" aux magnifiques yeux bleus.

Roman d’un été, agréable mais vite lu et vite oublié. Le seul élément qui en fasse la spécificité, par rapport à n’importe quelle histoire d’adolescente qui grandit et vit un éveil amoureux, est la "différence" originale de Juliette, son intolérance aux ondes électro-magnétiques. Ce point de départ, très contemporain, n’est pas plus approfondi que les autres thèmes. Pour moi, le récit a manqué de substance, d’épaisseur. D’autres le trouveront peut-être esquissé avec délicatesse ?

Aline

07/05/2016

Retour à Oakpine

Etats-Unis, amitiéRetour à Oakpine

Ron CARLSON

Gallmeister (Nature Writing), 2016, 23.10 €, 281 p.

Traduit de Return to Oakpine par Sophie Aslanides

Anciens amis de lycée, à l’époque rapprochés par leur groupe de musique « Life on Earth », ils se sont peu –ou pas- vus pendant leur vie d’adultes. Certains ont passé toute leur vie à Oakpine, d’autres y reviennent, ramenés à la petite ville par les circonstances : Mason, fraîchement divorcé, rentre vendre la maison de ses parents ; Jimmy, malade, sait que le garage aménagé pour lui par sa mère sera sa dernière demeure…

Les souvenirs marquants renaissent, frais comme si la dernière année de lycée datait d’hier. C’est un temps de bilan pour les cinquantenaires mesurant le chemin parcouru ou le temps gâché. Autour de Jimmy, qui ne supporte même plus le poids de sa Fender sur les genoux, Life on Earth se reforme, enrichi par l’intégration de jeunes.

C’est aussi l’heure des derniers tournants, le moment de se sentir pleinement vivants, tandis que la génération suivante –la jeunesse dorée- est à son tour confrontée à ses premiers choix d’adultes.

L’auteur du Signal nous offre ici un roman empreint de tendresse et de nostalgie, que le lecteur aimerait faire durer pour profiter un peu plus longtemps de ces hommes forts au cœur tendre, de leur amitié, du bonheur du travail bien fait, des repas partagés, de l’ivresse de la course à pied, et du pouvoir de l’écriture.

Aline

13/12/2014

Oliver et les îles vagabondes

couverture_Oliver et les îles vagabondes.gifOliver et les îles vagabondes
Philip REEVE, ill. Sarah MCINTYRE
Seuil, mai 2014, 194 p., 11.50 €
Traduit de l’anglais Oliver and the Seawigs par Raphaëlle Eschenbrenner.

Oliver Crisp a passé les 10 premières années de sa vie à suivre ses parents explorateurs dans les expéditions les plus farfelues, et il est ravi que, faute de nouvelles terres à découvrir, ils se décident à s’installer dans leur maison de Calmeflot, en bord de mer. "Se réveiller chaque matin pour contempler le même paysage lui semblait très excitant, et l’idée de passer [enfin] ses journées dans une salle de classe le réjouissait."
Hélas, ses parents se lancent aussitôt dans l’exploration de nouvelles îles, apparues dans la baie. Oliver est obligé de partir à leur recherche sur la plus petite… qui n’est autre qu’une île vagabonde complexée, hésitant à suivre ses sœurs pour la Nuit des perruques marines.

extrait_Oliver et les iles vagabondes.jpegUne histoire loufoque et sympathique de concours entre îles pour la plus belle perruque, avec ses bons joueurs… et ses affreux tricheurs. Histoire aussi de persévérance, d’entraide et d’amitié entre Oliver, une sirène myope qui chante faux, un albatros râleur et une île vagabonde découragée. Parmi les personnages déjantés, j'ai beaucoup aimé les algues sarcastiques ("Nous sommes dans la mer Sarcastique, que les marins redoutent à cause des commentaires blessants des algues.")
Facile à lire, dynamique avec beaucoup de dialogues, très inventif, le texte est bien intégré aux illustrations, elles mêmes très belles et expressives, en noir/blanc/bleu.
A lire avec le sourire aux lèvres, dès 8 ou 9 ans.

31/08/2014

Les Suprêmes

Suprêmes.gifLes suprêmes

Edward Kelsey Moore

Actes Sud, 2014, 22.80 €

Traduit de l'américain "The Supremes at Earl's All-You-Can-Eat" par Cloé Tralci.

Odette, Clarice et Barbara Jean,  trois femmes noires d’âge mûr, ont fait du restaurant "Earl's All-you-can-eat",  leur lieu de rendez-vous immuable du dimanche après le service religieux. Depuis leur jeunesse, elles se retrouvent à la table près de la fenêtre pour bavarder, échanger confidences et commérages, et manger à volonté de bons plats caloriques, avec leurs maris, sous l’œil bienveillant de Big Earl.

L’auteur présente des individus  hauts en couleurs, et des couples improbables, mais les personnages semblent  être passés à côté de leurs vie et nourrir regrets et douleurs : Clarice a sacrifié une belle carrière de pianiste pour rester avec l’homme de sa vie, Richmond, qui passe son temps à courir après les filles. Barbara Jean a eu une jeunesse difficile, et ne s’est jamais remise de la mort de son fils. Finalement, Odette est la seule à être heureuse en ménage, avec 3 enfants adultes épanouis. "Née dans un sycomore" elle affronte la vie à bras le corps, comme un taureau, toujours prête à foncer tête baissée pour défendre ses amies.

Néanmoins, l’auteur sait amener les récits, même tragiques, avec humour et un certain décalage. Ce qui se dégage du roman est surtout une impression d’humanité. La force d’une amitié qui sait rire, encourager, parfois fermer les yeux ou secouer, mais toujours soutenir.

"Clarisse ne ferait jamais la moindre réflexion à Barbara Jean sur ses habitudes vestimentaires, et nous le savions toutes deux. De la même manière, Clarice et Barbara Jean ne me diraient jamais en face que j’étais grosse, et nous ne rappellerions jamais à Clarice que son mari se tapait tout ce qui bougeait. Entre Suprêmes, nous nous traitions avec beaucoup de délicatesse. Nous fermions les yeux sur les défauts des autres…"

Avec le temps qui passe, le lecteur voit évoluer la petite ville d’Indiana, et la ségrégation se dissoudre peu à peu. Les interventions des fantômes qui rendent régulièrement visite à Odette, sont particulièrement  réjouissantes, et font avancer le récit.

Un roman distrayant et bien écrit, que j’ai lu avec beaucoup de plaisir.

Aline

28/03/2014

Jonah

roman jeunesse,aventure,amitiéJonah est anormal. Né sans mains, il possède en revanche deux petites excroissances au cerveau, qui prennent soin de lui : voix A et voix B. Comme sa mère est morte à sa naissance, il vit dans un orphelinat, qui s’est transformé depuis son arrivée en havre de bonheur pour tous ceux qui y vivent. Il est épanoui, avec ses copains et la jolie Alicia, muette. Mais un accident curieux attire sur lui l’attention d’une organisation secrète !
Lorsque Jonah est kidnappé, ses amis s’échappent de l’orphelinat pour partir à sa recherche, et les rebondissements se multiplient. Il semblerait que la nature elle-même en veuille à Jonah, envoyant à ses trousses animaux, foudre, tremblement de terre, et autres forces naturelles…
Le début du livre m’a évoqué Tistou les pouces verts, avec cet enfant qui répand le bonheur autour de lui. La suite, pleine de rebondissements, est haletante, toujours dans un style un peu naïf, très rafraîchissant. C’est un plaisir de lecture, qui met le sourire aux lèvres. Cependant, en raison de sa longueur, je ne le proposerais pas avant dix ans.

Jonah, tome 1 Les Sentinelles
Taï-Marc Le Thannh
Didier Jeunesse, juillet 2013, 438 p., 16€

06/10/2013

Le bruit de tes pas

roman étranger, Italie, amitié, amour, drogue"La Forteresse" est  une banlieue italienne sordide, toute d'immeubles et de béton, peuplée majoritairement de famille pauvres, de squatteurs, de chômeurs, de dealers,... Fils d'une brute alcoolique, Alfredo se réfugie dans l'appartement du dessous chaque fois que son père le bat, et grandit quasiment dans la famille de Béatrice. Tous deux sont inséparables, au point qu'on les a surnommés  les Jumeaux.

 

Leur relation, maladroite et sauvage dans l'enfance, devient exclusive et agressive à l'adolescence, lorsque leurs aspirations commencent à diverger. C'est dramatique de les voir se déchirer, malgré leur attachement, alors que le milieu dans lequel ils vivent se charge déjà de les détruire :

 

"Quand on avait entre seize et trente ans et qu'on vivait à la Forteresse, les probabilités d'être tué étaient plus élevées que la moyenne nationale. On le savait tous : on courait un risque pour le simple fait d'être nés au mauvais endroit.

Mais Alfredo et moi pensions que rien ne nous arriverait. A l'âge de dix-huit ans, nous imaginions que nous allions vivre éternellement.

Puis la Forteresse qui s'était d'abord montrée clémente décida qu'il y aurait pour nous aussi un prix à payer."

 

Un récit âpre et touchant, où l'amitié et l'amour ne suffisent pas toujours à la rédemption. L'histoire n'est pas particulièrement originale, mais les personnages lui donnent une grande force.

 

Le bruit de tes pas

Valentina D'Urbano

Editions P. Rey, sept. 3013, 237 p., 19€

Premier roman, traduit de l'italien "Il rumore dei tuoi passi" par Nathalie Bauer

 

17/09/2013

Une histoire d'hommes

bande dessinée,rock,amitiéLeur groupe de rock, les Tricky Fingers, commençait à percer, les quatre garçons avaient le vent en poupe : Sandro, le chanteur charismatique, Yvan, le compositeur guitariste, JB et Franck le batteur… incontrôlable. Mais voilà, l'émission prévue le 18 avril 1995 à la BBC a tourné court, et le groupe s'est séparé brutalement.

 

Vingt ans après, les quatre copains se retrouvent tous ensemble pour la première fois depuis cette soirée catastrophique. Sandro est le seul à avoir percé dans la musique, il est même devenu  une star du rock. A l'opposé, Yvan n'a pas avancé : il n'a plus touché à sa guitare, et ne s'est jamais engagé dans une relation durable. Entre les deux, il y a JB, rangé, qui a repris l'entreprise de surgelés du beau-père, et puis Franck, tenancier de bar, désormais chauve mais toujours aussi "lourd".

Au cours du week-end, ils se rappellent leur jeunesse, et discutent enfin de ce qui s'est passé cette fameuse soirée… et depuis. Cette mise au point leur permettra  -sans doute- de faire leur deuil et de recommencer à vivre.

 

A l'opposé des albums jeunesse pleins d'humour de Zep, voici une BD adulte plus mélancolique et psychologique. Une belle histoire d'amitié, qui avance à force de flashbacks bien maîtrisés. Le dessin est assez arrondi, et les couleurs pastel (bleus, roses et violets teintés de gris) accentuent l'ambiance nostalgique.

 

Une histoire d'hommes

Zep

Rue de Sèvres, sept. 2013, 18 €

18/02/2013

Luke et Jon

Luke et Jon

Robert Williams

NiL, janvier 2013, 217 p., 18 €

Traduit de l'anglais par Marie-Hélène Sabard

 

Luke est perdu depuis la mort accidentelle de sa mère, il a beaucoup de mal à supporter les gens et leur pitié. Son seul exutoire est la peinture, dans laquelle il s'absorbe complètement. Son père,  mutique, boit de plus en plus, et a complètement abandonné la gestion du quotidien, au point que leurs affaires sont saisies et qu'ils doivent vendre leur maison pour s'installer dans une quasi ruine, à l'écart d'une petite ville industrielle sinistrée.

 roman,deuil,amitié

C'est là que Luke rencontre Jon,  un garçon très différent de lui, qui dissimule un lourd secret.

"Il était bizarre. Il aurait plu à Maman. Elle se rangeait toujours du côté des exclus ou des fragiles". Peu à peu, Luke et son père doivent sortir de leur chagrin pour venir en aide à Jon. "La présence de Jon nous obligeait à faire plus d'efforts"…  

 Roman simple et sensible sur le deuil, l'amitié, l'exclusion et l'entraide. Pour ados ou adultes.

14/09/2012

la nuit tombée

La nuit tombée

Antoine Choplin

La fosse aux ours, 2012, 16 €rentrée littéraire,nucléaire,amitié

 

Gouri traverse la campagne ukrainienne à moto, en route pour une mission personnelle à Pripiat, en zone interdite. Juste avant la Zone, il s’arrête à Chevtchenko chez ses amis Vera et Iakov, le temps d’un repas, d’une discussion autour des événements de 1985. Iakov et leurs amis Stepan, Pavel (et tant d’autres!), ont « accompli leur devoir de citoyens », participant à nettoyer la zone de la centrale de Tchernobyl, et ils en portent les stigmates.

 

Gouri, le poète, témoigne à sa façon pour ceux qui ont été évacués et ceux qui sont restés, les villages, la campagne et les forêts contaminés :

                La bête n’a pas d’odeur

                Et ses griffes muettes zèbrent l’inconnu de nos ventres

                D’entre ses mâchoires de guivre

                Jaillissent des hurlements

                Des venins de silence

                Qui s’élancent vers les étoiles

                Et ouvrent des plaies dans le noir des nuits

                Nous voilà pareils à la ramure des arbres

                Dignes et ne bruissant qu’à peine

                Transpercés pourtant de mille épées

                A la secrète incandescence

 

Nouveau récit, tout en finesse, de l’auteur du Héron de Guernica, à la fois sobre et bouleversant, ode à la dignité, à l’humanité et à l’amitié. Aline

29/08/2012

Holden, mon frère

Holden, mon frère

Fanny Chiarello

Ecole des Loisirs (Medium), juin 2012

 

Un gamin des banlieues, dehors toute la journée pendant les vacances d’hiver, franchit la porte de la bibliothèque, car la bibliothèque c’est le seul endroit chauffé où il ne faut rien payer, du moins dans mon quartier. Tout surpris de passer la douane sans se faire démasquer  comme un imposteur, il récolte même un sourire du préposé à l’accueil !

 

Kevin est confronté à un monde à l’opposé du sien : chez lui on pratique des activités viriles ou on regarde la télé ; ouvrir un livre, c’est snob”, et ”les durs à cuire du collège appellent binoclards tous les gens qui lisent autre chose que les revues cochonnes de leur père”. Grâce à une mamie-samouraï  au fort tempérament, il apprend à cohabiter avec Laura la fayotte de sa classe (qu’on croirait inspirée de la Léonnie Gratin de l’élève Ducobu)  et apprivoise les livres. Sa première découverte est L’Attrape-cœur (de Salinger) où il s’identifie au personnage principal, Holden.

 

Voilà un récit gratifiant pour les bibliothécaires et autres amoureux des livres ! Le personnage principal, avec ses contradictions, est émouvant, et le lecteur se régale de le voir s’ouvrir aux autres et s’affirmer. Les autres personnages sont assez caricaturaux… quoique la fin du livre laisse supposer qu’ils sont en fait plus nuancés que n’était capable de le percevoir le narrateur.

 

Recommandé par Adèle, de la librairie Murmure des Mots, et elle a bien raison ! Aline