Autour d’une tisane et d’une bonne galette au sucre, nous évoquons nos lectures australiennes...
Kate MORTON (1976- )
Auteur de plusieurs bestsellers, souvent situés dans l’Angleterre victorienne.
Le jardin des secrets (Presses de la Cité, 2008)
Une petite fille se cache sur un bateau en partance pour l’Australie. Adoptée par de braves gens, Nell n’apprend le secret de ses origines qu’une fois adulte, et c’est sa petite fille qui finira cette quête. Un long roman qui se lit facilement et avec grand plaisir. Situé sur trois époques, dont l’époque anglaise victorienne qui n’est pas sans évoquer Daphnée du Maurier.
L’auteur revendique son attachement au livre pour la jeunesse Le jardin secret, de Frances Eliza Hodgson Burnett (Le petit Lord Fauntleroy).
La scène des souvenirs (Presses de la Cité, 2013)
La scène de départ est déterminante : adolescente, Laurel voit sa mère poignarder un inconnu qui l’avait effrayée en l’appelant par son nom. Grâce à son faux témoignage : peur d’un rôdeur, sa mère s’est tirée du procès, mais la scène n’a jamais été évoquée entre elles. Adulte, Laurel mène l’enquête pour comprendre ce qui s’est passé, et quel rapport ce drame peut avoir avec le passé de sa famille. En mai 1941, il semble que quelque chose se soit passé qui a déterminé la vie de toute sa famille… A nouveau un roman très bien mené, sur plusieurs époques, dont celle du Blitz à Londres. Coup de cœur d’Annie P.
Kenneth COOK (1927-1987)
Journaliste, réalisateur, écrivain, et fondateur d’un parti à tendance écolo-pacifiste.
A coups redoublés (Autrement, 2008)
Constitué de courts extraits d’un procès et des discussions entre les protagonistes du procès, ce roman est de construction très particulière. On n’a aucune idée de qui a été tué jusqu’à la fin du livre ! Peu à peu le lecteur reconstitue les événements dans une auberge miteuse, lors d’une soirée très arrosée, entre équarisseurs de l’abattoir, prostituées, jeunes imbibés d’alcool… Le roman est plein d’humour noir, avec des descriptions précises et cyniques.
Le vin de la colère divine (Autrement, 2011)
Un jeune homme issu d’une famille très catholique s’engage pour la guerre du Vietnam, pour sauver le monde du communisme. De son père, il dit que « c’est un catholique à la virgule près ». Il semble être entouré d’autant de sortes de soldats que de motivations différentes… mais l’horreur et l’absurdité de la guerre ne font aucun doute !
Le koala tueur (Autrement, 2009)
Histoires courtes, très drôles, inspirées par ses tribulations de l’auteur dans le bush australien. Elles évoquent les aborigènes, les mineurs, mais surtout beaucoup d’animaux pas très sympathiques : koalas féroces, crocodiles d’estuaires, kangourous… Dans la même veine d’humour décapant que La vengeance du wombat ou L’ivresse du kangourou.
Markus ZUSAK (1975- )
La voleuse de livres (Pocket J, 2007)
En Allemagne, autour de la seconde guerre mondiale, on suit une enfant, on la voit évoluer. La narratrice est la mort, qui annonce ce qui va se passer, et choisit de temps en temps d’épargner une personne qui la touche. Le jour de l’enterrement de son frère, la petite Liesel vole un livre « le manuel du fossoyeur », à partir duquel elle veut apprendre à lire. Elle est recueillie par une famille allemande très humaine. Malgré un début de lecture un peu ardu en raison de la structure non chronologique du livre, c’est un livre marquant, qui aborde avec sensibilité des thèmes multiples : vie des enfants de la guerre, pauvreté, amour de la lecture, résistance au nazisme…
Lire aussi Le Messager, coup de cœur de Martine au bouillon de septembre 2014.
Andrew McGAHAN (1966- )
Australia Underground (Actes Sud Noir, 2008)
Distopie ou politique fiction, située en Australie. Roman catastrophe, s’inspirant de la politique et du système actuels qui auraient mal tourné en conséquence de la recherche sécuritaire, de la mondialisation, des affaires et de la recherche du pouvoir… Le héros, ou plutôt anti-héros, est kidnappé à la place de son jumeau politicien bien-sous-tous-rapports, et passe de groupe en groupe. Dérangeant : beaucoup de choses qu’on ne devrait pas laisser passer, mais qu’on laisse faire…
Christos TSIOLKAS (1965- )
Jesus Man (Belfond, 2012)
Le jour où il est licencié, Tommy bascule dans la pornographie et la violence. Un livre obscène et dérangeant : racisme, chômage de masse, drogue, et surtout omniprésence du sexe, détaillé crûment jusqu’à l’écœurement.
Eviter ce roman, et lire plutôt La giffle (2011), belle analyse de personnages qui a donné lieu à une série sur Arte : une paisible communauté australienne d’origine grecque, dans la banlieue de Melbourne, se délite lentement mais surement après la gifle donnée par l'un d'eux au fils d'un ami.
Tim WINTON (1960- )
Cet auteur a publié de nombreux romans, dont plusieurs pour ados, très accessibles, publiés dans la collection Medium de l’Ecole des Loisirs. Ses romans adultes, parus chez Rivages, font moins l’unanimité.
L’amour est la septième vague (EDL, Medium, 1998)
Un jeune de la ville se retrouve déraciné en milieu rural, et vit un bizutage très dur en classe. Par contre, il a de très bonnes relations avec ses parents, attentifs, et profite de sa passion pour le surf. Il vit une histoire d’amour avec une jeune fille plus expérimentée.
Demain et le jour suivant (EDL, Medium, 2001)
Nous retrouvons le personnage de Lockie, jeune surfeur solitaire, qui se lie d’amitié avec un membre de la "tribu" adverse des rockeurs, et se lance dans une croisade écologique pour sauver le village qui est devenu son chez lui...
Les ombres de l’hiver (Rivages, 2004)
« Dans une vallée isolée d'Australie, quatre personnes s'apprêtent à passer une soirée tranquille : un couple de fermiers, Maurice et Ida Stubbs, une ex-hippie enceinte, Ronnie, et un retraité, Murray Jacob. Tout à coup, dans la nuit, une ombre surgit, un chien hurle, des cris retentissent. Effrayés, les voisins se réunissent… » (4e de couverture). Il n'y a pas vraiment d'histoire, mais une ambiance effrayante au cœur d’une nature inhospitalière, et des personnages paniqués. Ginette n’a pas du tout aimé.
Cet œil, le ciel (Belles Lettres, 1991 – Rivages, 1997)
Récit de fin d’enfance, étrange. La famille du narrateur, Ort (pour Morton), vit de peu sur une ferme australienne, mais un accident laisse ‘Pa dans le coma et toute la famille se déglingue, malgré les efforts de ‘Man. Ils accueillent avec gratitude l’aide que leur apporte Henry, prédicateur SDF pas vraiment clair. Les personnages sont étranges, pas tellement sympathiques, si ce n’est pour l’amour qui les unit. Ort lui-même dort peu, erre la nuit dans le bush, parle au ciel « ce grand œil bleu qui regarde en bas, qui nous regarde », et surveille toute sa famille par les interstices des murs et portes, pour « voir où ils en sont ».
p. 48 « Fat pense que c’est mal. Je veux dire de voir où ils en sont, les gens. Moi je pense surtout que c’est le meilleur moyen de savoir comment se porte sa famille. De toutes façons on se fait regarder à longueur de journée et de nuit, alors, et l’œil du ciel vous voit – qu’est-ce que ça peut faire si vos enfants ou votre frère vous regardent aussi ? C’est plutôt honnête. »
Paul WENZ (1869-1939)
Né à Reims le 18 août 1869, Paul Wenz s’établit en Australie après quatre tours du monde. À Sydney, il se lie d’amitié avec Jack London dont il traduit The Love of Life (L’Amour de la vie). Entré en littérature sous le pseudonyme de Paul Warrego avec les nouvelles d’À l’autre bout du monde (1905), auteur d’une dizaine de romans et nouvelles, Wenz témoigne par sa vie et son œuvre d’une dimension épique, ouverte au plein vent de l’aventure, du côté des Melville, Conrad, London ou Cendrars.
L’écharde (1930, Zulma, 2010)
Le roman est situé sur une grande propriété d’éleveurs, en Australie. Lorsque le cuisinier chinois s’en va, le Boss (le propriétaire) le remplace par une femme qui tient bien la maison. Mais il se marie avec une femme de la ville. De dépit, son ex-employée se marie avec un autre, s’installe à proximité dans une sorte de saloon, et n’a de cesse de lui ruiner la vie. L’écharde, peut être au sens propre celle qu’on s’enfile sous la peau à manipuler sans arrêt les barrières à moutons, ou au sens figuré cette femme déterminée à nuire. (voir critique).
Evie WYLD (1980- )
Voir les critiques de ses deux romans, qu'Aline a trouvés très intéressants : Après le feu, un murmure doux et léger, et Tous les oiseaux du ciel.
Anna FUNDER (1966- )
Stasiland (H. d’Ormesson, 2008)
Dans la tonalité du film « La vie des autres », la journaliste australienne a rédigé ce roman à partir de témoignages, récupérés après 1989 dans les archives de la Stasi, la redoutable police secrète de l’Allemagne de l’Est. Recommandé par Annie P.
Colleen McCULLOUGH (1937- )
Le temps de l’amour (Pocket, 2004)
Saga familiale agréable à lire, située au temps de la conquête de l’Australie : appropriation des grands espaces, chercheurs d’or,… Roman de détente.
Tamara McKINLEY (1948- )
La dernière valse de Mathilda (L'Archipel, 2005)
Deux histoires parallèles, situées à la fin de la 1ère guerre mondiale. Une veuve se retire sur un domaine isolé, et se plonge dans les carnets de Mathilda, rédigés cinquante ans plus tôt,… qui lui révèlent des choses sur son propre passé. De très belles descriptions de paysages australiens, et d’une vie dans le bush difficile. Dans le style de Colleen McCullough.
Arthur UPFIELD (1890-1964)
Bons romans policiers ethniques, situés en Australie, qui mettent en scène un détective de mère aborigène et de père européen, l'inspecteur Napoléon Bonaparte, et qui explorent les paysages sauvages de l'intérieur australien.
Nous évoquons également d’autres livres très appréciés, d’auteurs australiens : Le livre d’Hanna de Géraldine BROOKS (Belfond, 2008), L’invité du soir de Fiona McFARLANE (L'Olivier, 2014), et Une vie entre deux océans de M.L. STEDMAN (Stock, 2013).