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australie

  • Wonder lover

    roman étranger, AustralieWonder lover

    Malcolm Knox

    Asphalte, 2016

    Traduit de l’anglais The Wonder Lover par Patricia Barbe-Giraud

     

    John Wonder voyage dans le monde entier pour authentifier des records, pour des organismes de type Guinness des records. C’est un homme absolument  terne, à la mémoire phénoménale, passionné par les faits et les chiffres.  Une personnalité parfaite pour son travail de Certificateur en chef –parfaite aussi pour organiser sa triple vie.

    En effet, il a trois familles différentes, qu’il visite à intervalle régulier, s’appliquant alors à être le meilleur père possible pour ses deux enfants, qui dans chaque famille portent les mêmes prénoms, Adam et Evie. Il aime leur mère, s’occupe des tâches ménagères, change les couches, et surtout raconte des histoires à ses enfants, s'inspirant des récits qu’il a authentifiés. Ces moments fondateurs sont sans doute ceux qui expliquent l’attachement des enfants à leur père.

    " Quand nous étions petits, notre père s’asseyait sur l’un de nos lits, le soir, et déchargeait son sac à histoires. Il éteignait notre lampe. Il ne commençait pas tant que nous n’avions pas les yeux fermés. « J’attends », annonçait-il. Même dans le noir, s’il soupçonnait une seule paupière de se soulever d’un millimètre, un seul de ses enfants de se jouer de lui, il répétait : « J’attends. »

    Notre père connaissait un tas de choses venant des confins de l’univers, du centre de la Terre, tgant de choses sur tant d’endroits que cela ne faisait pas l’ombre d’un doute pour nous, à l’autre bout du lit : il le saurait forcément si nous tentions de l’épier. Une fois, alors que nous marchionsde nuit sur un sentier escarpé, nous nous étions plaints de ne rien y voir et l’avions supplié de nous porter. Du doigt, notre père avait montré la lune et demandé : « Quelle distance ? » Nous avions répondu en choreur : « Trois cent quatre-vingt-quatre mille quatre cents kilomètres. ». Il avait hoché la tête et repris : « Si vous arrivez à voir aussi loin, vous êtes tout à fait capables de voir la terre sous vos pieds. »

    « J’attends. » Nous obéissions à l’injonction de notre père. Nous renoncions vite à tricher, et les histoires finissaient toujours par arriver…. Notre père nous parlait des deux hommes qui avaient joué aux échecs sans interruption pendant cinquante-trois ans, de la femme qui avait fait quatre-vingt-dix-neuf tours de hula-hoop à la suite et des vingt mille enfants qui, ensemble, avaient construit un mille-patte en Lego mesurant mille quatre cents mètres de long… Ses paroles nous berçaient aisni jusqu’à ce que nous nous endormions, sa voix tamisée nous faisant traverser sans encombre le fleuve jusqu’au pays des rêves. Jamais nous n’ouvrions les yeux, même pas une attoseconde."

    Le roman est original, surtout par sa narration, menée par un chœur d’enfants : les 6 enfants de John Wonder, racontant l’histoire après-coup. Ainsi, ils connaissent les défauts de John Wonder, mais lui pardonnent, et l’aiment  pour le temps précieux passé avec eux. Dès le début, ils annoncent que l’équilibre savamment instauré par John Wonder va basculer.

    L’élément perturbateur est –c’est dommage- assez convenu : John Wonder va tomber amoureux une fois de trop, et d’une jeune Lolita encore ! Au reste, l’ensemble du roman pourrait être assez conventionnel (un homme polygame) si ce n’était pour l’ampleur de la tromperie, et le métier de John Wonder, qui permet d’introduire des personnages tout à fait atypiques. Telle la femme la plus vieille du monde, ainsi que l’acquéreur  de son contrat de viager, détenteurs chacun d’un record authentifié chaque année par notre grand Certificateur.

    Dans l’ensemble, j’ai lu ce roman avec grand plaisir, même si j’ai moins aimé la deuxième partie (trop longue), et trouvé que les femmes étaient assez stéréotypées, maintenues à distance par le choix par l’auteur d’une narration en chœur. J’ai grande envie de lire ses autres romans, dont seul Shangrila a été traduit en français pour l'instant. Leurs thèmes semblent tout aussi inédits.

    Aline

  • La route étroite vers le nord lointain

    roman étranger,australie,guerre mondialeLa route étroite vers le nord lointain

    Richard Flanagan

    Actes Sud (Lettres des Antipodes), 2016

    The Narrow Road to the Deep North

    Man Booker Prize 2014

     

    Un monde de rosée

    et dans chaque goutte de rosée

    un monde en lutte   (Issa)

     

    Empruntant son titre à un récit de voyage du poète Bashō, et introduisant certains chapitres par des haïkus d’auteurs célèbres, l’auteur tisse d’emblée un lien avec la poésie japonaise. Son récit -a priori à l’opposé du haïku (court, contemplatif, aérien…)- en a pourtant l’intensité et la force évocatrice.

    A 77 ans, Dorrigo Evans se regarde avec lucidité, sans concessions, et s’interroge sur l’emblème qu’il représente pour ses compatriotes australiens. « Sans s’expliquer pourquoi, il était devenu un héros de la guerre, un chirurgien réputé, le symbole officiel d’une époque et d’une tragédie, à qui l’on consacrait des biographies, des pièces de théâtre et des documentaires… Il se rendait compte qu’il partageait certains traits physiques, comportementaux et historiques du héros de guerre. Mais il n’en était pas un. Il avait simplement mieux réussi à vivre qu’à mourir, et il ne restait plus grand monde à pouvoir parler au nom des anciens prisonniers de guerre. » p. 28

    « Perplexe devant le tour donné à son existence », il reprend les fils conducteurs de sa vie, à commencer par son amour lumineux pour l’épouse de son oncle, sans doute la force qui lui aura permis de survivre aux plus extrêmes privations.

    Les pages les plus intenses concernent les années passées sur « La Ligne ». Prisonnier de guerre des Japonais au Siam depuis 1943, « C’était difficile, mais pas totalement insensé au début ».  Mais peu à peu, l’obsession japonaise pour la construction d’une ligne ferroviaire stratégique reliant Bangkok à la Birmanie (cf Le pont de la rivière Kwaï), alliée au manque de moyens, transforme les camps de prisonniers en camps de travail de la mort.

    « Esclaves nus enchaînés à leur tronçon de la Ligne, sans rien d’autre que des cordes, des perches, des marteaux, des barres de fer, des paniers et des houes… ils avaient commencé à défricher la jungle pour la Ligne, à déblayer la terre pour la Ligne, à briser la roche pour la Ligne, à porter rails et traverses pour construire La ligne. Esclaves nus, ils étaient affamés, battus, et travaillaient au-delà de leurs forces sur la Ligne. Esclaves nus, ils avaient commencé à mourir pour la Ligne. »

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    L'auteur offre une vision complexe du personnage de Nakamura, dirigeant japonais sans pitié du camp, fanatique et drogué, capable d’évoquer, la larme à l’œil, les plus beaux poèmes japonais, comme le merveilleux haïbun de Bashō « La route étroite vers le nord lointain », qui selon le colonel Kota, résume en un livre tout le génie de l’âme japonaise. D’où l’exergue du roman, comme un cri d’incompréhension : « Mère, ils écrivent des poèmes »  derrière lequel on pourrait ajouter : et pourtant, ils sont capables des pires atrocités ! Pour Nakamura, la fin justifie les moyens « L’enjeu, ce n’est pas seulement la voie ferrée, bien qu’il faille la construire. Ni même la guerre, bien qu’il faille la gagner. L’enjeu c’est d’apprendre aux Européens qu’ils ne sont pas la race supérieure. Et de nous convaincre que c’est nous. »

    Réflexion profonde sur la fabrique d’un héros : Dorrigo, en tant que médecin militaire et qu’officier supérieur australien, tente de son mieux de protéger ses hommes, qui succombent aux mauvais traitements, et aux maladies causées par la malnutrition et l’épuisement.

    « Big Fella se sentait beaucoup trop petit pour tout ce qu’on voulait lui faire porter. » Mais « on aurait dit qu’il fallait [aux hommes] un Grand Chef, et parce qu’ils en avaient désespérément besoin, leur respect croissant, leurs apartés à voix basse, l’idée qu’ils se faisaient de lui, tout cela le contraignait à se conduire comme celui qu’il savait ne pas être. On aurait dit qu’au lieu de les commander par l’exemple, c’étaient eux qui le commandaient par leur adulation. » p. 61

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    Le récit regorge aussi de portraits extrêmement vivants et attachants : « Rabbit » Hendricks et ses dessins, Darky Gardiner « le Prince noir » et ses combines, etc. Squelettes ambulants couverts d’ulcères, chapeau militaire et pagne crasseux, la plupart des prisonniers d’Australie ou de Tasmanie s’entraident « Parce que le courage, la survie, l’amour, toutes ces choses n’étaient pas l’affaire d’un seul homme. Elles étaient l’affaire de tous, sinon elles mouraient et chaque homme avec elle ; ils avaient acquis la conviction qu’abandonner un homme, c’était s’abandonner eux-mêmes ».

    « OK d’ac ! » selon l’expression du clairon Jimmy Bigelow.

    Désolée, ma chronique est trop longue, mais prenez la peine de passer les premiers chapitres, pour vous accorder au rythme de l’auteur. Voilà un beau, un vrai roman, où la rédemption trouve aussi sa place, et qui vous laisse l’envie de le relire et d’en apprendre plus.

    Aline

    D’après mes recherches sur Internet, l’auteur semble s’être inspiré des récits de son père, ancien prisonnier de guerre survivant de "la Ligne", ainsi que de la vie du Lieutenant-Colonel E.E. ‘Weary’ Dunlop. De nombreux détails historiques sont regroupés sur ce site commémoratif du gouvernement australien The Thai–Burma Railway and Hellfire Pass.

  • Bouillon Australien

    Autour d’une tisane et d’une bonne galette au sucre, nous évoquons nos lectures australiennes...

     

    Kate MORTON (1976-     )

    Auteur de plusieurs bestsellers, souvent situés dans l’Angleterre victorienne.

    australieLe jardin des secrets (Presses de la Cité, 2008)

    Une petite fille se cache sur un bateau en partance pour l’Australie. Adoptée par de braves gens, Nell n’apprend le secret de ses origines qu’une fois adulte, et c’est sa petite fille qui finira cette quête. Un long roman qui se lit facilement et avec grand plaisir. Situé sur trois époques, dont l’époque anglaise victorienne qui n’est pas sans évoquer Daphnée du Maurier.

    L’auteur revendique son attachement au livre pour la jeunesse Le jardin secret, de Frances Eliza Hodgson Burnett (Le petit Lord Fauntleroy).

    australieLa scène des souvenirs (Presses de la Cité, 2013)

    La scène de départ est déterminante : adolescente, Laurel voit sa mère poignarder un inconnu qui l’avait effrayée en l’appelant par son nom. Grâce à son faux témoignage : peur d’un rôdeur, sa mère s’est tirée du procès, mais la scène n’a jamais été évoquée entre elles. Adulte, Laurel mène l’enquête pour comprendre ce qui s’est passé, et quel rapport ce drame peut avoir avec le passé de sa famille. En mai 1941, il semble que quelque chose se soit passé qui a déterminé la vie de toute sa famille… A nouveau un roman très bien mené, sur plusieurs époques, dont celle du Blitz à Londres. Coup de cœur d’Annie P.

     

    Kenneth COOK (1927-1987)

    Journaliste, réalisateur, écrivain, et fondateur d’un parti à tendance écolo-pacifiste.

    australieA coups redoublés (Autrement, 2008)

    Constitué de courts extraits d’un procès et des discussions entre les protagonistes du procès, ce roman est de construction très particulière. On n’a aucune idée de qui a été tué jusqu’à la fin du livre !  Peu à peu le lecteur reconstitue les événements dans une auberge miteuse, lors d’une soirée très arrosée, entre équarisseurs de l’abattoir, prostituées, jeunes imbibés d’alcool…  Le roman est plein d’humour noir, avec des descriptions précises et cyniques.

    australieLe vin de la colère divine (Autrement, 2011)

    Un jeune homme issu d’une famille très catholique s’engage pour la guerre du Vietnam, pour sauver le monde du communisme. De son père, il dit que « c’est un catholique à la virgule près ».  Il semble être entouré d’autant de sortes de soldats que de motivations différentes… mais l’horreur et l’absurdité de la guerre ne font aucun doute !

    australieLe koala tueur (Autrement, 2009)

    Histoires courtes, très drôles, inspirées par ses tribulations de l’auteur dans le bush australien. Elles évoquent les aborigènes, les mineurs, mais surtout beaucoup d’animaux pas très sympathiques : koalas féroces, crocodiles d’estuaires, kangourous… Dans la même veine d’humour décapant que La vengeance du wombat ou L’ivresse du kangourou.

     

    Markus ZUSAK (1975-     )

    australieLa voleuse de livres (Pocket J, 2007)

    En Allemagne, autour de la seconde guerre mondiale, on suit une enfant, on la voit évoluer. La narratrice est la mort, qui annonce ce qui va se passer, et choisit de temps en temps d’épargner une personne qui la touche. Le jour de l’enterrement de son frère, la  petite Liesel vole un livre « le manuel du fossoyeur », à partir duquel elle veut apprendre à lire. Elle est recueillie par une famille allemande très humaine. Malgré un début de lecture un peu ardu en raison de la structure non chronologique du livre, c’est un livre marquant, qui aborde avec sensibilité des thèmes multiples : vie des enfants de la guerre, pauvreté, amour de la lecture, résistance au nazisme…

    Lire aussi Le Messager, coup de cœur de Martine au bouillon de septembre 2014.

     

    Andrew McGAHAN (1966-     )

    australieAustralia Underground (Actes Sud Noir, 2008)

    Distopie ou politique fiction, située en Australie. Roman catastrophe, s’inspirant de la politique et du système actuels qui auraient mal tourné en conséquence de la recherche sécuritaire, de la mondialisation, des affaires et de la recherche du pouvoir… Le héros, ou plutôt anti-héros, est kidnappé à la place de son jumeau politicien bien-sous-tous-rapports,  et passe de groupe en groupe.  Dérangeant : beaucoup de choses qu’on ne devrait pas laisser passer, mais qu’on laisse faire…

     

    Christos TSIOLKAS  (1965-     )

    australieJesus Man (Belfond, 2012)

    Le jour où il est licencié, Tommy bascule dans la pornographie et la violence. Un livre obscène et dérangeant : racisme, chômage de masse, drogue, et surtout omniprésence du sexe, détaillé crûment jusqu’à l’écœurement.

    Eviter ce roman, et lire plutôt La giffle (2011), belle analyse de personnages qui a donné lieu à une série sur Arte : une paisible communauté australienne d’origine grecque,  dans la banlieue de Melbourne, se délite  lentement mais surement après la gifle donnée par l'un d'eux au fils d'un ami.

     

    Tim WINTON  (1960-     )

    Cet auteur a publié de nombreux romans, dont plusieurs pour ados, très accessibles, publiés dans la collection Medium de l’Ecole des Loisirs. Ses romans adultes, parus chez Rivages, font moins l’unanimité.

    australieL’amour est la septième vague (EDL, Medium, 1998)

    Un jeune de la ville se retrouve déraciné en milieu rural, et vit un bizutage très dur en classe. Par contre, il a de très bonnes relations avec ses parents, attentifs, et profite de sa passion pour le surf. Il vit une histoire d’amour avec une jeune fille plus expérimentée.

    australieDemain et le jour suivant (EDL, Medium, 2001)

    Nous retrouvons le personnage de Lockie, jeune surfeur solitaire, qui se lie d’amitié avec un membre de la "tribu" adverse des rockeurs, et se lance dans une croisade écologique pour sauver le village qui est devenu son chez lui...

    australieLes ombres de l’hiver (Rivages, 2004)

    « Dans une vallée isolée d'Australie, quatre personnes s'apprêtent à passer une soirée tranquille : un couple de fermiers, Maurice et Ida Stubbs, une ex-hippie enceinte, Ronnie, et un retraité, Murray Jacob. Tout à coup, dans la nuit, une ombre surgit, un chien hurle, des cris retentissent. Effrayés, les voisins se réunissent… » (4e de couverture). Il n'y a pas vraiment d'histoire, mais une ambiance effrayante au cœur d’une nature inhospitalière, et des personnages paniqués. Ginette n’a pas du tout aimé.

    australieCet œil, le ciel (Belles Lettres, 1991 – Rivages, 1997)

    Récit de fin d’enfance, étrange. La famille du narrateur, Ort (pour Morton), vit de peu sur une ferme australienne, mais un accident laisse ‘Pa  dans le coma et toute la famille se déglingue, malgré les efforts de ‘Man. Ils accueillent avec gratitude l’aide que leur apporte Henry, prédicateur SDF pas vraiment clair. Les personnages sont étranges, pas tellement sympathiques, si ce n’est pour l’amour qui les unit. Ort lui-même dort peu, erre la nuit dans le bush, parle au ciel « ce grand œil bleu qui regarde en bas, qui nous regarde », et surveille toute sa famille par les interstices des murs et portes, pour « voir où ils en sont ».

                    p. 48 « Fat pense que c’est mal. Je veux dire de voir où ils en sont, les gens. Moi je pense surtout que c’est le meilleur moyen de savoir comment se porte sa famille. De toutes façons on se fait regarder à longueur de journée et de nuit, alors, et l’œil du ciel vous voit – qu’est-ce que ça peut faire si vos enfants ou votre frère vous regardent aussi ? C’est plutôt honnête. »

     

    Paul WENZ  (1869-1939)

    Né à Reims le 18 août 1869, Paul Wenz s’établit en Australie après quatre tours du monde. À Sydney, il se lie d’amitié avec Jack London dont il traduit The Love of Life (L’Amour de la vie). Entré en littérature sous le pseudonyme de Paul Warrego avec les nouvelles d’À l’autre bout du monde (1905), auteur d’une dizaine de romans et nouvelles, Wenz témoigne par sa vie et son œuvre d’une dimension épique, ouverte au plein vent de l’aventure, du côté des Melville, Conrad, London ou Cendrars.

    australieL’écharde (1930, Zulma, 2010)

    Le roman est situé sur une grande propriété d’éleveurs, en Australie. Lorsque le cuisinier chinois s’en va, le Boss (le propriétaire) le remplace par une femme qui tient bien la maison. Mais il se marie avec une femme de la ville. De dépit, son ex-employée se marie avec un autre, s’installe à proximité dans une sorte de saloon, et n’a de cesse de lui ruiner la vie. L’écharde, peut être au sens propre celle qu’on s’enfile sous la peau à manipuler sans arrêt les barrières à moutons, ou au sens figuré cette femme déterminée à nuire. (voir critique).

     

    Evie WYLD  (1980-     )

    Voir les critiques de ses deux romans, qu'Aline a trouvés très intéressants : Après le feu, un murmure doux et léger, et Tous les oiseaux du ciel.

     

    Anna FUNDER  (1966-     )

    australieStasiland (H. d’Ormesson, 2008)

    Dans la tonalité du film « La vie des autres », la journaliste australienne a rédigé ce roman à partir de témoignages, récupérés après 1989 dans les archives de la Stasi, la redoutable police secrète de l’Allemagne de l’Est. Recommandé par Annie P.

     

    Colleen McCULLOUGH  (1937-     )

    australieLe temps de l’amour (Pocket, 2004)

    Saga familiale agréable à lire, située au temps de la conquête de l’Australie : appropriation des grands espaces, chercheurs d’or,…  Roman de détente.

     

    Tamara McKINLEY  (1948-     )

    australieLa dernière valse de Mathilda (L'Archipel, 2005)

    Deux histoires parallèles, situées à la fin de la 1ère guerre mondiale. Une veuve se retire sur un domaine isolé, et se plonge dans les carnets de Mathilda, rédigés cinquante ans plus tôt,… qui lui révèlent des choses sur son propre passé.  De très belles descriptions de paysages australiens, et d’une vie dans le bush difficile. Dans le style de Colleen McCullough.

     

    australieArthur UPFIELD  (1890-1964)

    Bons romans policiers ethniques, situés en Australie, qui mettent en scène un détective de mère aborigène et de père européen, l'inspecteur Napoléon Bonaparte, et qui explorent les paysages sauvages de l'intérieur australien.

     

    Nous évoquons également d’autres livres très appréciés, d’auteurs australiens : Le livre d’Hanna de Géraldine BROOKS  (Belfond, 2008), L’invité du soir de Fiona McFARLANE (L'Olivier, 2014), et Une vie entre deux océans de M.L. STEDMAN (Stock, 2013).

  • Tous les oiseaux du ciel

    roman étranger, AustralieTous les oiseaux du ciel

    Evie WYLD

    Actes Sud (Lettres des Antipodes), sept. 2014, 283 p, 21.80€

    Traduit de l’anglais All the Bird, Singing, par Mireille Vignol

    Trois ans que Jake White, une jeune Australienne, a débarqué sur une île britannique avec son bras en écharpe, et a racheté l’ancienne ferme de Don pour monter son petit élevage de moutons. Atypique, grande et masculine, elle aime ses brebis, parle à son chien, mais évite la compagnie des humains. Depuis peu, elle se sent observée, et ses moutons se font attaquer.  Cette présence menaçante la renvoie à son passé australien tourmenté.

    Les chapitres du roman, assez courts,  font en alternance progresser sa vie en temps réel sur l’île et remonter le cours de ses souvenirs en Australie. Cette narration à rebours est un peu déroutante au départ, mais c'est un procédé habile qui permet de comprendre peu à peu quel passé elle fuit, et quel élément déclencheur l'a plongée dans une spirale destructive.

    C'est le deuxième roman, assez noir, de cette auteure qui sait évoquer avec puissance les paysages australiens, avec leurs sons et leurs leurs odeurs, omniprésents dans les souvenirs de Jake. Dans Après le feu, un murmure doux et léger, elle retraçait l’itinéraire d’une lignée d’hommes brisés par leurs guerres. Cette fois-ci, c’est à un personnage féminin qu’elle s’attache, une femme à la fois blessée et coriace, dure à la peine, qui refuse toute aide, toute dépendance aux autres. 

    Aline

  • Une vie entre deux océans

    roman étranger,amour maternel,australieune vie entre deux océans m. l. stedman stock,2013,traduit de l’australien « the light between oceans » par anne wi,les combattants australiens rentrent au pays,où manquent désormais les hommes valides et en bonne santé. tom,hanté par ses années au combat,ne demande désormais qu’une vie calme et ordonnée,et entretient avec rigueur et minutie le phare qui lui est confi,situé entre pacifique et atlantique,à l’extrême pointe de l’australie.  contre toute attente,isabella tombe amoureuse de lui,l’épouse et le rejoint sur l’île au phare,caillou battu par les vents et les vagues,ravitaillé deux fois l’an par un chalutier. leur amour très fort,un homme mort,un châle de femme et un nourrisson…   des choix de tom et d’isab,très émouvante,qui interroge sur la force des sentiments et sur l’amour materne,et pourtant,il n’y a pas de solution miracle : ce qui semble juste pour l’unUne vie entre deux océans

    M. L. Stedman

    Stock, 2013, 21.50 €

    Traduit de l’australien "The light between oceans" par Anne Wicke

    Après la guerre de 14-18, les combattants australiens rentrent au pays, où manquent désormais les hommes valides et en bonne santé. Tom, hanté par ses années au combat, ne souhaite qu’une vie calme et ordonnée, et entretient avec rigueur et minutie le phare qui lui est confié, situé entre Pacifique et Atlantique, à l’extrême pointe de l’Australie.

    Contre toute attente, Isabella tombe amoureuse de lui, l’épouse et le rejoint sur l’île au phare, caillou battu par les vents et les vagues, ravitaillé deux fois l’an par un chalutier. Leur amour très fort n’empêche pas Isabella de souffrir cruellement de plusieurs fausses couches qui l’éprouvent psychologiquement. C’est alors qu’un canot s’échoue sur l’île : à son bord, un homme mort, un châle de femme et un nourrisson…

    Des choix de Tom et d’Isabella découle toute l’histoire, très émouvante, qui interroge sur la force des sentiments et sur l’amour maternel. Chacun des personnages cherche à faire au mieux, et pourtant, il n’y a pas de solution miracle : ce qui semble juste pour l’un est une perte tragique pour l’autre.

    Aline

  • Après le feu, un murmure doux et léger

    australie,guerre du vietnamSuite à une relation houleuse avec une femme aimée, Frank se retire dans une cabane rudimentaire, sur la côte est, sauvage, de l'Australie. Entouré par une nature hostile, il tente plus ou moins de cultiver la terre et de s'intégrer à la communauté locale, entre deux accès de boisson.

     

    Cette cabane avait également servi de refuge à son grand-père, revenu mutique et traumatisé de la guerre de Corée, puis à son père, Léon, après le Vietnam. A sa façon, Frank vit aussi dans son enfer personnel, incapable de surmonter ses accès de violence.

     

    Sculptés dans le sucre, les figurines de gâteaux de mariage de ses ancêtres, conservées sous globe sur une étagère, rappellent le métier dans lequel excellaient les hommes de la famille, boulangers et artistes pâtissiers… avant de se retrouver dans des guerres auxquelles ils ne comprenaient rien, qui ont miné leur vie celle de leur famille.

     

    Bien que le roman soit écrit par une jeune femme, les personnages féminins sont assez effacés, devant ces hommes rustres et écrasants, gros buveurs d'alcool. A part la petite Sal, enfant précoce atypique, fascinée par la survie, et qui apprivoise peu à peu son fruste voisin.

     

    La côte est de l'Australie est omniprésente, tantôt source d'émerveillement et de liberté, tantôt oppressante et dangereuse. (Le paysage et l'ambiance sont mal rendus par la couverture de la traduction française du roman.)

     

    Le titre m'a interpelée : après le feu (de la guerre), le murmure léger (de la douleur silencieuse) ?

    Il s'agit d'une référence biblique à Elie réfugié dans le désert après avoir passé par le fil de l'épée les faux prophètes, et qui recherche Dieu : "après le tremblement de terre, un feu : l'Eternel n'était pas dans le feu. Et après le feu, un murmure doux et léger…"  (1 Rois 19 : 12).

     

    australie,guerre du vietnamAprès le feu, un murmure doux et léger

    Evie Wyld

    Traduit de l’anglais (Australie) par Mireille Vignol

    Actes Sud, 2012, 324 p., 23 €

     

    Pour en savoir plus, lire la critique de Marie Hirigoyen, de la Librairie Le Jardin des lettres à Craponne, ou consulter l'interview de de l'auteur.

  • Ce qu'il advint du sauvage blanc

    roman,australieAu milieu du XIXe siècle, Narcisse Pelletier, matelot sur la goélette Saint-Paul, s'éloigne un peu trop du groupe de marins parti à la recherche d'eau potable, et est abandonné sur une plage déserte d'Australie. Vingt ans plus tard, il est découvert par des marins anglais, et ramené de force à Sydney. Nu, tatoué, il a totalement perdu les usages "civilisés" et ne parle plus que la langue des "sauvages".

    Octave de Vallombrun, riche correspondant de la Société française de Géographie, le recueille et se passionne pour ce sujet d'étude scientifique : un sauvage blanc.

     

    Les chapitres alternent régulièrement entre l'histoire de Narcisse et les rapports envoyés par  Vallombrun au président de la Société de Géographie, 20 ans après.

     

    Le lecteur apprend comment Narcisse a été abandonné sur la plage, désespéré et totalement démuni, puis comment il a survécu en intégrant –bien malgré lui-  une tribu d'aborigènes qui le recueille comme un enfant.

     

    Parallèlement, Vallombreuse relate son retour forcé à la civilisation.  Totalement accoutumé à la vie sauvage de sa tribu, il a oublié jusqu'à son nom français. Il est maintenant Amglo, et ne comprend pas les usages auxquels on veut le contraindre : vêtements, pudeur, etc. Vallombreuse lui réapprend le français, et s'intéresse à sa vie dans la tribu, espérant en tirer un traité scientifique instructif. Cependant malgré tous ses efforts, il ne parvient pas à lui extirper de renseignements sur sa vie "sauvage".  Refus de la part du matelot, ou impossibilité de faire coexister en lui Narcisse et Amglo ? Le lecteur a la sensation que  Narcisse est déchiré entre deux mondes si différents qu'ils ne sont pas compatibles, ni même concevables l'un pour l'autre.

     

    L'auteur a su rendre toute la bonne volonté de Vallombreuse, qui  parfois semble à deux doigts de comprendre vraiment Narcisse, mais son éducation et les pressions extérieures l'empêchent d'admettre ce que le lecteur d'aujourd'hui pressent.

    A part l'impératrice -dotée de toutes les vertus- la société, étriquée,juchée sur ses certitudes, et cherchant surtout à satisfaire ses propres intérêts, ne comprend absolument pas la quête de Vallombreuse, ni le "cas" de Narcisse !

     

    Ce roman d'aventures, robinsonnade doublée d'une approche ethnographique et psychologique intéressante, est inspiré d'une histoire vraie. C'est aussi un grand plaisir de lecture.

     

    Ce qu'il advint du sauvage blanc

    François Garde

    Gallimard, février 2012, 21.50 €

    Prix Goncourt du 1er roman