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biographie

  • Journal d'un jeune naturaliste

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    Journal d’un jeune naturaliste

    Dara McANULTY

    Gaïa, 2021, 240 p., 22€

    Traduit de l’anglais par Laurence Kiefe 

    A l’âge de 14 ans Dara McAnulty, jeune Irlandais (Ulster) autiste apprend la décision de ses parents de déménager et de s’installer à l’autre bout du pays. Il est bouleversé par la perspective de devoir quitter les forêts et paysages qu'il affectionne tant. Le changement l’effraie terriblement et l'écriture s'impose à lui comme une nécessité, un moyen de se libérer de sa peur et d'exprimer ses sentiments, ses passions et ses frustrations.

    Il nous fait partager, au fil d'une année, son émerveillement au contact de la vie sauvage et son désarroi face à l'inconséquence et l'indifférence humaines. Mêlant observations scientifiques, poésie et mythologie irlandaises, son récit nous offre la perspective unique d'un jeune autiste sur le monde vivant et nous invite à observer et protéger les merveilles trop souvent ignorées qui nous entourent.

    Il a une très grande connaissance de la flore et de la faune locales et plus particulièrement des oiseaux qu’il sait parfaitement identifier et dont l’observation quotidienne est pour lui un besoin vital ; ils lui apportent du bonheur et participent à son équilibre.

    Après le repas, des chants jaillissent de tous les coins du ciel et nous nous immobilisons pour écouter le crépuscule. En isolant ces mélodies chacune à leur tour, je me sens soudain enraciné. Les spirales des alouettes. Les harmonies des merles. Le bouillonnement des pipits farlouses. Le battement des ailes des bécassines. Et toujours les cris des oiseaux de mer. Nous sommes dans un autre univers. Pas de voitures. Pas de gens. Rien que la nature dans toute sa splendeur.

    Ce journal n’est pas ordinaire, il est celui d’un jeune autiste qui nous fait ressentir d’une façon poignante son extrême sensibilité, sa souffrance due à son handicap dont il a parfaitement conscience, ses difficultés de communiquer, la douleur ressentie à l’école face à la méchanceté, le harcèlement, la brutalité de la plupart des autres élèves. 

    A travers son récit il révèle à quel point la nature est un ancrage pour lui et à quel point elle devrait l’être pour chacun de nous. Il démontre avec intelligence comment progressivement nous nous sommes désolidarisés de l’environnement dans lequel nous évoluons. Une déconnexion qui a des impacts dramatiques sur la nature et sur notre mode de vie.  

    Il s’exprime avec sincérité et naturel dans une écriture fluide et poétique qui rendent son récit très attachant.

    Dans un monde aussi rapide, aussi compétitif, il est indispensable de se sentir enraciné. Il est indispensable de sentir la terre et d’entendre les oiseaux chanter. Il est indispensable d’utiliser nos sens pour participer au monde. Peut-être, à force de nous taper la tête contre un mur de briques, celui-ci finira-t-il par s’écrouler. Et peut-être pourrons nous utiliser ces décombres pour reconstruire quelque chose de mieux, de plus beau, en lâchant la bride à notre propre nature. Vous imaginez ça ?

    Annie

  • La goulue

    La goulue.jpgLa Goulue

    Reine du Moulin Rouge

    Maryline Martin

    Ed. du Rocher, 2019, 216 p.

     

    Biographie authentique très bien documentée, le récit de la vie hors du commun de Louise Weber. Une vie traversée par deux guerres, celle des Prussiens arrivant sur Paris en 1870, et la grande guerre de 14/18.

    Cette petite fille issue d’une famille nombreuse n’en fera qu’à sa tête jusqu’au dernier jour, un tempérament de feu qui la conduira sur les planches des nuits parisiennes et dans la cage aux fauves. La maternité ne changera rien à ce caractère bien trempé. L’achat d’une belle maison dans le sud de la France pour séjourner avec son fils ne saura pas supplanter son besoin de chahut, elle ne peut s’épanouir qu’à Montmartre.

    C’est l’histoire d’une femme pas ordinaire, une femme libre, qui connaîtra la gloire internationale, fréquentera les plus grands de son époque, mais vivra également la déchéance et la misère. Justice lui est rendue en 1992 lorsque son arrière-petit-fils demande le transfert de sa sépulture du cimetière de Pantin à celui de Montmartre.

    Cet ouvrage est un hommage à un « monument » historique faisant partie du patrimoine culturel français.

    Pascale

  • Légende d'un dormeur éveillé

    Legende-d-un-dormeur-eveille.jpg

     

    Légende d'un dormeur éveillé

    Gaëlle NOHANT

    éd. H. d'Ormesson, 2018, 23€

    A Robert Desnos, on associe souvent un poème enfantin : « Une fourmi de 18 mètres avec un chapeau sur la tête... ». Dommage de s’arrêter là. Qui soupçonnerait que Desnos a composé ce poème pour distraire un petit garçon juif  terré afin d'échapper à la Gestapo ?

    Mais revenons aux années 30,  Desnos file sa jeunesse,  imprudent et  fêtard,  se livrant à des expériences d'hypnose avec Breton ; maladroit souvent, touchant d’être "celui qui aime trop".   Ces pages nous laissent découvrir un homme  empêtré dans sa sensibilité, infiniment  sincère dans ses engagements.  Vous croiserez ses amis : Prévert, Artaud , Argon, Eluard et le pétulant Jean Louis Barrault. La grande histoire croise la petite, les bruits de bottes se rapprochent. Desnos était une belle personne, un homme droit, viscéralement humaniste, veilleur prémonitoire, il  s'est engagé.

    Figé trop tôt dans une éternelle jeunesse, le poète retrouve  grâce à ce roman sa stature et  son courage, magnifique…  On regrettera parfois le choix des extraits poétiques mais l'exercice était périlleux. A découvrir sans  réserve, une très belle lecture.

    Sylvie B.

  • Bouillon de biographies

    biographieJournal d’Irlande

    Carnets de pêche et d’amour, 1977-2003

    Benoîte GROULT (1920-2016)

    Grasset, 2018

    Benoîte Groult et Paul Guimard (son 3e mari) avaient une maison au bord de l’océan, où ils allaient l’été pour pêcher.  Blandine de Caunes a repris et entremêlé les écrits irlandais de sa mère : carnets de pêche au jour le jour ; et journaux intimes, tenus pendant 23 étés, retraçant sa relation avec son mari qui vieillit mal, et avec son amant américain Kurt, avec lequel elle vit une intense passion charnelle depuis les années 1960. La journaliste et romancière, féministe, forcenée de la vie, célèbre aussi l’Irlande, et relate d’une plume acérée les visites d’amis célèbres –de François Mitterrand aux Badinter. C’est un plaisir de retrouver cet auteur.

     

    biographieJe ne serais pas arrivée là si…

    Annick COJEAN

    Grasset, 2018

    Journaliste au Monde, l’auteur a lancé ce début de phrase à des femmes connues, qui ont accepté de l’approfondir. Ce livre regroupe donc 27 micro-biographies, tranches de vie de personnes fascinantes aussi variées que Patti Smith, Asli Erdogan ou Christiane Taubira. Les rapports à la mère et à l’instruction sont des thématiques récurrentes.

     

    biographieGlaneurs de rêves

    Patti SMITH (1946- )

    Gallimard, 2014

    Un soir de blues, Patti Smith a couché sur le papier ses beaux souvenirs d’enfance. Dans ce court récit autobiographique, elle évoque la petite fille qu’elle était, très jeune déjà passionnée d’écriture. Lecture lumineuse.

     

    biographieCette année les pommes sont rouges

    Georges et Laurent GERRA

    Flammarion, 2015

    "C'était la drôle de guerre de mon grand-père". Laurent Gerra adorait son grand-père, mort quand il avait une dizaine d’années. Il a repris le carnet que celui-ci a rédigé pendant la guerre, témoignage de la « drôle de guerre » de 1939, la débâcle, la résistance. Les chapitres courts et factuels rendent très vivants ces moments de l’histoire de notre pays.

     

    biographieDu Sahara aux Cévennes

    Itinéraire d'un homme au service de la Terre-Mère

    Pierre RABHI (né en 1936 en Algérie)

    Albin Michel, 2002

    Originaire du même village Algérien que Yasmina Khadra, Pierre Rabhi a grandi auprès de son père forgeron, « le protecteur », ou « le pilier », qui se retirait parfois pour jouer du luth. Il évoque  son enfance dans une famille très musulmane, et ce qui l’a marqué : l’école coranique, le désert « J’écoute le désert ne rien dire », les étoiles, le soleil les jours de canicule, la cérémonie du thé, le bruit de balancier du puits... et l’arrivée des premiers Européens à la recherche des « cailloux noirs » (charbon). Eduqué ensuite à l’occidentale, et séjournant chez des roumis, il lui devient de plus en plus difficile de retrouver sa place au douar. « Les deux civilisations me tiennent par la main et dialoguent par-dessus ma tête ». Immigré en France, il parvint en compagnie de sa femme à exploiter une petite ferme cévenole, réalisant ainsi son rêve de retour à la terre. Fort de cette réussite, il travaille depuis  à transmettre son savoir-faire agronomique et à inaugurer une autre éthique dans les échanges internationaux. pionnier d'une révolution écologique tranquille s'adresse aussi bien aux hommes en lutte contre la désertification de leurs terres qu'à ceux qui découvrent la désertification de leur âme

     

    biographieLe courage de dire non

    Conversations et entretiens, 1963-2007

    Mario RIGONI-STERN

    Les Belles Lettres, 2018

    Série d'entretiens avec l'auteur, vers la fin de sa vie. On réalise grâce à ce livre que tous ses récits sont authentiques, inspirés de sa vie. Né à Asiago, dans une famille aisée, Rigoni Stern était un amoureux de la nature, un chasseur, doté d'une grande sensibilité, et toujours partisan de la paix.

     

    biographieMariage en douge

    Ariane CHEMIN

    Ed. des Equateurs, 2016

    A l'automne 1963, Romain Gary et Jean Seberg se sont mariée en douce, en Corse, après la naissance de leur enfant. Ariane Chemin, grand reporter, a retrouvé le dernier témoin de ce mariage, organisé par le Renseignement militaire français. Une biographie très vivante de gens morts, bien intégrée à son époque d'après-guerre.y

     

    biographieLes rêveurs

    Isabelle CARRE

    Grasset, 2018

    Récit d'une enfance dans les années 1970, au coeur d'une famille bohème, avec des parents fragiles. « Au pied de l’arc en ciel se dissimule toujours un trésor », nous répétait mon père. Notre univers avait la texture d’un rêve, oui, une enfance rêvée, plutôt qu’une enfance de rêve. »

    Ce récit évoque peu la carrière de l'actrice, mais offre une réflexion sur ce qui la sous-tend.

    "Notre vie ressemblait à un rêve étrange et flou, parfois joyeux, ludique, toujours bordélique, qui ne tarderait pas à s’assombrir, mais bien un rêve, tant la vérité et la réalité en étaient absentes. Là encore, et malgré la sensation apparente de liberté, il fallait jouer au mieux l’histoire, accepter les rôles qu’on nous attribuait, fermer les yeux et croire aux contes." 

    "Pour rien au monde je ne renoncerais au plaisir d’être si bien cachée derrière mon maquillage et les costumes d’un personnage. Puisque tout est vrai, et que les acteurs « font semblant de faire semblant », comme l’écrit Marivaux... Et si c’était la solution, s’inscrire dans un cours de théâtre, accepter que ça déborde ? Il y aura la sécurité du cadre, du cadre de scène, ou celui défini par la caméra, pour contenir, autoriser, et même encourager ce qui, dans la vie courante, est toujours en trop."

    "L’émotion est pénible au quotidien, embarrassante. Les mains qui tremblent, les maladresses, tout prête à rire, ou dérange. Je pense à ma mère qui traverse sa journée sur un fil, dans un équilibre précaire, essuyant avec lassitude les reproches qui pleuvent, alors que sur un grand écran, les spectateurs considéreraient peut-être sa fragilité comme un supplément d’âme, une sensibilité un peu naïve qui leur rappellerait celle d’une Mia Farrow… Tout se transorme quand on va au cinéma : la folie de Romy Schneider devient grandiose, le mal-être de Patrick Dewaere bouleversant, le filet de voix de Charlotte Gainsbourg touchant, la fébrilité de Nastassja Kinski sensuelle…"

     

  • Sothik

    biographie, CambodgeSothik

    Sothik HOK, Marie DESPLECHIN, illustrations de TIAN

    Ecole des Loisirs, 2016, 95 p., 13€

    Au fil des souvenirs de Sothik Hok, cette biographie écrite par Marie Desplechin pour les enfants est un « livre d’histoire et de mémoire » sur la période où les Khmers rouges ont pris le pouvoir  au Cambodge.

    Sothik est né en 1967, près de Kompong Cham, au bord du Mékong. Entre 1969 et 1973, de fréquents bombardements  américains ont secoué la région, puis des batailles sur le Mékong… suivis par l’arrivée des Khmers rouges, « l’armée de la forêt ».

    « Au village, personne ne croit plus que le gouvernement pourra rétablir la paix. Déçus et découragés, les gens font confiance aux Khmers rouges pour arrêter les bombardements. » Aussi, lorsqu’ils « promettent qu’ils vont en finir avec l’injustice et créer une société de l’égalité parfaite, sans argent ni propriété, où plus rien ne distinguera les citoyens entre eux », les villageois sont prêts à les soutenir.

    Du jour au lendemain, tout change. La famille de Sothik, plutôt aisée et éduquée, doit quitter sa maison ; ses parents s’adaptent, et se mettent à la pêche et aux travaux des champs. L’argent est aboli, les livres sont détruits. Enfin la cellule familiale disparait : les enfants sont retirés à leurs parents pour être endoctrinés, et doivent travailler. Sothik fait partie des brigades qui chassent les rats dans les rizières.

    « Ma famille, maintenant, c’est l’Angkar, l’organisation qui dirige le pays, nos vies et nos esprits. L’Angkar a tout pouvoir sur nos vies… »

    biographie,cambodge

    Les conditions de vie empirent, la terreur et la famine s’installent.  « Même à demi mort de faim, il est strictement interdit de trouver à manger tout seul. Ramasser un légume, un fruit, un escargot, un insecte est sévèrement puni. Celui qui se nourrit sans avoir reçu son repas de l’Angkar est un individualiste qui ne pense qu’à lui. Il refuse le repas pris en commune. Il trahit l’Angkar qui, comme chacun sait donne à chacun ce qu’il lui faut. »

    Ce récit de vie, chronologique, va jusqu’à l’invasion vietnamienne du Cambodge, et à la vie après le parti communiste du Kampuchea. Ecrit au présent dans un langage fluide et clair, assez factuel, ce qui le rend très accessible et pédagogique, il s’adresse à tous, à partir de 12 ans.

    Aline

  • Peste et choléra

    Peste et Choléra, de Patrick Deville

    Prix Femina 2012

     

    Ce roman biographique a majoritairement été très apprécié par nos lecteurs... qui n'ont pas rédigé de chronique.

    Cependant, il ne fait pas l'unanimité :

     

     "Sans danger et juste pour polémiquer une fois le livre refermé!"

    Une bonne plume et un bon sujet suffisent-ils pour faire un roman?  Une biographie tout au moins : celle de  Yersin,  découvreur du vaccin contre la peste, voyageur infatigable entre le Vietnam et Paris, cartographe, planteur de caoutchouc, aventurier solitaire et généreux qui finira paisiblement en s’essayant  au latin  dans les forêts asiatiques … Les descriptions sont magnifiques, le voyage contagieux… mais cela ne suffit pas à faire un destin, encore moins un grand roman.  Si l’homme était exceptionnel, (on n’en doute pas) l'auteur pour sa part a visiblement peiné à exprimer cette singularité. Le mérite des grands romanciers n'est il pas justement la plongée dans l'humain qui  éclaire définitivement un destin intérieur? L'espérance était grande, au fil du récit on suit Yersin dans ses pérégrinations mais nulle transparence n'illumine ces pages ou ne vient leur donner sens. 

     

    Dommage. Les ingrédients étaient là, le navire enveloppé de brumes dans le port de Marseille, mais question littérature, on reste à quai… Au final, il faut bien reconnaître le mérite d'une biographie appliquée (quoique des mauvaises langues aient pu repérer quelques "emprunts" à une étude déjà parue en 1985, déjà issue des archives de l’Institut Pasteur)...

    Pour le moins, une  lecture  instructive.
    Sylvie B