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05/10/2020

Le Bon, la Brute et le Renard

roman, rentrée littéraire, road trip, etats-unis, chine

 

Le Bon, la Brute et le Renard

Christian GARCIN

Actes Sud, 2020, 325 p., 21€50

 

Le détective-chaman Zuo Luo, "Zorro" chinois spécialiste du sauvetage de demoiselles en danger et  son acolyte Bec-de-Canard, plus fin qu’il n’y parait, sont invités dans l’ouest américain pour rechercher la fille disparue de Big Meinfei. Les trois Chinois enquêtent dans le désert du Nevada, dans une compétition inconsciente avec deux flics locaux. Contrairement à son habitude, Zuo Luo ne maîtrise rien, et se laisse mener par son enquête, envahi du sentiment de son inutilité dans ce pays dont il ne comprend ni la langue ni les usages…

De son côté, un journaliste chinois et auteur réticent, Chen Wanglin, est envoyé en France par son patron, dont la fille s’est évaporée. Occasion d’un regard décalé sur Paris et sur Marseille, pas si différents, au fond, de certaines ruelles chinoises.

Qui est le Bon, qui est la Brute, et qui le Renard ? Entre joutes de poésie chinoise et réflexions sur de possibles mondes parallèles, les personnages se laissent entraîner dans un jeu de miroir semi-conscient. Existent-ils autrement que comme personnages de fiction ? Sont-ils les acteurs ou les jouets de leur vie ? Servent-ils, enfin, à quelque chose ?

Dans ce "Road trip taoïste", un sans-abri peut vous offrir une anthologie de poésie classique chinoise, et une policière américaine cultivée porter le même nom (finnois) qu’un bar de Guangzhou. Lire ce roman pour sa thématique policière mènerait à une déception. En revanche sa construction, son ton, ses dialogues savoureux et les nombreux thèmes abordés en font un roman attachant et original.

Aline

"Tu lisais, toi, enfant ? demanda Bec-de-Canard. - Jusqu’à douze-treize ans, oui.

- Et après ? - Après j’ai été adolescent et je suis devenu con.

- Ouais, moi pareil. Plus tard on s’en rend compte, et on passe le reste de notre vie à essayer de redevenir aussi subtil, curieux, intelligent, malin et ouvert à tout qu’on l’était jusqu’à douze-treize ans. - Ça dépend des individus. Moi je suis devenu con plus tôt. A onze ans, maximum.

- C’est que tes hormones ont travaillé avant les miennes. J’étais peut-être un peu en retard pour mon âge. Et toi, Menfei ? - Moi j’ai toujours été con." (p. 202)

 

"Ai-je un corps ou n’en ai-je pas / Suis-je moi ou ne le suis-je pas / Ainsi ma pensée s’interroge / Assis contre la falaise le temps s’écoule lentement / Entre mes pieds poussent les herbes vertes / Sur le haut de ma tête tombe la poussière rouge " (Han Shan, p. 191)

19/09/2013

Le rêve du village des Ding

roman étranger, Chine, SidaInterdit en Chine, ce livre est inspiré d'une réalité plus terrible encore. Les habitants du village de Ding ont vendu leur sang. C'est le père de l'auteur, Ding Hui, qui en a pris l'initiative, comme cela se faisait dans d'autres villages. Il s'est enrichi tandis que le sida (mesures d'hygiène inconnues) entraînait la souffrance et la mort des habitants. Tandis que le grand-père de l'auteur, professeur cultivé, essayait d'aider les malades en les hébergeant dans l'école qui ne fonctionnait plus, Ding Hui continuait éhontément à s'enrichir en organisant la vente de cercueils (en détruisant la forêt) et des "mariages dans l'au-delà" pour unir ceux que la mort avait séparés.

Un livre bouleversant !

 

Yan Lianke est né en 1958 dans la province du Hénan, au centre-est de la Chine. Il a publié plusieurs romans et nouvelles remarquables par leur sujet. Il écrit : "colère et passion sont l'âme de mon travail".

 

Le rêve du village des Ding

YAN Lianke

Ed. P.Picquier, 2007, 332 p., 20 €

Traduit du Chinois par Claude Payen

Ginette

17/09/2013

La fabrique du monde

La fabrique du monde, c’est la Chine, dans le contexte de la mondialisation. Ici, en l’occurrence, une usine de confection où vivent, dorment et travaillent de nombreuses ouvrières exploitées. Lorsqu’une commande doit être livrée rapidement, c’est une cadence infernale qui est exigée, et les employées survivent en mode automatique : ne surtout pas penser, pour ne pas ralentir son geste ! Travailler jour et nuit pour un maigre salaire qui permet au mieux de payer son lit au dortoir de l’usine et de rentrer chez soi pour les fêtes.

 

Mei, jeune couturière adroite et rapide, souffre pourtant de ce rythme insupportable et du peu d’espoir que l’avenir lui laisse. Consciente de l’injustice de sa situation, elle remâche sa colère et se prend à rêver… ce qui la rend d’autant plus fragile.

 

Ecrit avec finesse et clarté, la fabrique du monde est une plongée intime dans son quotidien, ses pensées et ses sentiments. Le lecteur croit voir défiler les chemises blanches ou les pantalons en polyester sous l’aiguille de la machine à coudre, et se révolte à la place de Mei des conditions de travail inhumaines qui lui sont imposées. Au final, un livre beau et triste.

 

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Sophie Van der Linden

Buchet Chastel (roman), avril 2013, 155 p., 13 €