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famille

  • Autrice à découvrir

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    Une vie et des poussières

    Valérie CLO

    Buchet-Chastel, 2020, 240 p., 16€

     

    Mathilde 84 ans entre en EHPAD sur décision de sa fille Rose 60 ans. Rose est une femme qui aime le contrôle et la sécurité, et mène tout le monde à la baguette ! Elle cache en elle une blessure, celle de l’absence d’une mère journaliste très occupée par son travail. Au contraire, son frère Baptiste préfère la paix au conflit, et souvent il ne dit rien pour éviter de s’opposer à sa sœur.

    Mathilde a reçu un petit calepin en cadeau, de la part de Maryline une aide soignante avec qui elle a lié une amitié pudique. Maryline, c’est une aide-soignante dynamique, joyeuse, professionnelle qui refuse de sacrifier le lien humain avec les résidents au profit du rendement.

    Mathilde va noter dans son petit carnet ses souvenirs, son enfance marquée par la guerre, la disparition d’un père et le placement chez des paysans en zone libre. Elle écrit également sur le quotidien d’une vie en EHPAD avec ses bons et mauvais jours.

    Son carnet sera découvert par l’aide soignante qui avant de le rendre à la famille écrira un courrier à un éditeur….

    Pour faire court, je dirai que c’est un livre « charmant », une leçon de vie, pleine de luminosité, malgré des événements dramatiques survenus durant l’enfance. C’est également un hommage au personnel soignant en EHPAD

    Pascale

  • Les évasions particulières

    roman,famille

     

    Les évasions particulières

    Véronique OLMI

    Albin Michel, 2020, 502 p., 21€90

    travers l’histoire de la famille Malivieri, Véronique Olmi livre une véritable chronique sociale post mai 68 dans une France qui doit réussir à composer entre anciennes conventions et nouvelles révolutions : celles des idées, de l’indépendance et de la liberté. Les profondes mutations sociales font voler en éclat des principes fortement ancrés et -si elles font souffler un vent de liberté- elles provoquent aussi, pour une partie de la population, incompréhension et désarroi.

    Agnès n’a pu poursuivre ses études et, à 18 ans, a épousé Bruno. Tous deux s’aiment profondément.  Catholiques, ils essaient d’inculquer à leurs filles leurs convictions et leur croyance mais plusieurs évènements vont secouer l’harmonie familiale. C’est d’abord l’affaire Gabrielle Russier qui amène les premières interrogations et c’est en écoutant Simone Veil qu’Agnès se réveille. Les procès féministes avec Gisèle Halimi et Simone de Beauvoir se déroulent à Aix. Le viol, le droit à l'avortement et la contraception sont au cœur des débats. Agnès découvre dans les revendications féminines, les siennes secrètes. Elle étouffe dans son petit appartement, avec pour seules activités, le ménage, la cuisine, les courses.  Elle ressent une envie de vivre violente et décide de suivre une formation pour devenir factrice. Bruno est dépassé et ne peut remettre en question ce qui l’a construit et ce qui constitue pour lui d’une façon immuable la famille. Le couple se fissure.

    Sabine, l’aînée, est la première à vouloir s’évader d’une vie bien tracée, cherchant à s'émanciper des principes familiaux et sociétaux.  Elle rêve de partir à Paris et de devenir comédienne, ce qui n’ira pas sans désillusions. 

    Hélène a un statut à part.  Elle passe les vacances scolaires avec sa tante et son oncle, cotoyant le monde de la haute bourgeoisie parisienne. Cette distinction entre elle et ses sœurs, qui ne bénéficient pas du même privilège, l’éloignera parfois d’elles et de ses parents. Elle fera progressivement de la lutte pour la cause animale un chemin de vie.

    Mariette, la benjamine, est de santé fragile. Sa gentillesse, son empathie, sa sensibilité la rendent touchante. Restée seule avec ses parents, elle souffre du départ de ses sœurs et de l’éclatement du couple. Le monde qu’elle avait alors imaginé dans son « cahier des bonheurs » se transforme en « cahiers des malheurs ». Elle doit apprendre à composer entre ses rêves et la réalité, et trouve refuge dans la musique et le silence.

    L’écriture de Véronique Olmi est fluide et très agréable. On se sent proche cette famille, de ses bonheurs, de ses peines et de ses combats. J’ai lu avec beaucoup de plaisir ce roman qui retrace avec justesse les bouleversements importants de la société à travers l'évolution d'une traditionnelle famille française de province.

    Annie

  • Secrets de famille

    famille, secret de famille, angleterre

     

    Double secret

    Willa MARSH

    Autrement, 2015, 361 p., 21€

    Traduit de The Summer House par Aline Weill

     

    Une famille atypique, famille de cœur, se rassemble avec affection dans "la grande maison" autour de Milo, ancien brigadier à la retraite, et sa petite ex-belle-sœur Lottie. Lottie, malgré son peu de sens pratique, a élevé Matt et Imogen lorsque leur mère dépressive a sombré dans l’alcool, et ils viennent se ressourcer auprès d’elle quand ils en ont besoin ; Milo accueille son fils Nick lorsqu’il fait trop de bêtises ; la coquette et lucide Venetia aime rendre visite à son vieil amant…

    Après la mort de sa mère Helen, Matt découvre dans son coffret à trésors des photos qui font remonter d’anciens souvenirs à la surface. Il tente de percer le mystère de l’étrange sensation de manque qui l’a toujours habité : enfant, il l’avait comblé avec un ami imaginaire ; adulte, il en a tiré la substance d’un roman devenu bestseller.

    Willa Marsh décrit ses personnages avec douceur, et les situe dans une calme campagne anglaise, avec laquelle ils développent des liens forts. Le "pavillon d'été", le jardin, les oiseaux ou les chiens et les chats sont source de joie et de paix. Le récit laisse une part à l’inexpliqué (au surnaturel ?) là où Matt –et surtout Lottie- ont une sensibilité hors normes, à la limite d’une forme de clairvoyance

    « Tu crois aux fantômes ?

    -Je pense que, partout où il y a eu des émotions puissantes, des échos demeurent. »

    Le secret de famille ne semble peser que sur Matt, mais sa résolution lui est indispensable pour avancer, incapable qu’il est devenu d’écrire ou de nouer une relation profonde avec une femme.

    L'écriture de Willa Marsh, fluide et agréable, nous transporte facilement dans une ambiance anglaise. La seule difficulté réside dans la compréhension des liens de famille.

    Aline

  • école du cirque, école de la vie !

    cirque, famille, MongolieTum

     

    Tumée, l'enfant élastique

    Marion Achard

    Actes Sud Junior, octobre 2020, 119 p., 13€50

    Tumée est née dans une famille d’éleveurs Mongols qui, après des hivers trop rigoureux pour les troupeaux, a dû quitter la steppe et  installer sa yourte dans les quartiers pauvres d’Oulan-Bator. Sa passion pour la gymnastique contorsionniste est liée aux personnes qu’elle aime : elle a pratiqué des exercices dès le plus jeune âge avec son père, bien que celui-ci doive souvent s’absenter pour trouver du travail, et a progressé à l’école du cirque auprès de son amie Arioma. 

    Dès le premier chapitre, le lecteur suit, instant par instant, la tentative de record du monde de Tumée en position de Marinelli, l'une des contorsions les plus extrêmes où le poids total du corps recourbé en arrière repose sur la machoire,  exploit physique exigeant un complet dépassement de soi.  Le roman alterne entre ses efforts pour tenir la position le plus longtemps possible et le souvenir de ses jeunes années.

    Marion Achard s’est rendue en Mongolie à la rencontre des enfants et adolescentes contorsionnistes d’Oulan-Bator. Très documenté, ce roman n’en est pas moins une belle histoire de famille,  d’amitiés, de soutien indéfectible et de persévérance.

    Aline

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  • L'imprudence

    Laos, exil, famille, sexualité

    L’imprudence

    Loo Hui Phang

    Actes Sud, 2019, 139 p., 17€50

     

    Issue du monde de la BD, l’auteure signe ici son premier roman, récompensé par le prix Senghor du premier roman francophone 2019.

    Vietnamienne née au Laos, la narratrice n’avait qu’un an lorsqu’elle a quitté le pays clandestinement avec ses parents et son frère. Elle a grandi à Cherbourg, dans sa famille qui tentait de respecter les traditions vietnamiennes… et il lui a fallu quitter les siens pour affirmer son indépendance et vivre de son « job » de photographe.

    Lorsque sa grand-mère Waipo meurt, elle passe quelques semaines en famille au Laos, à Savannakhet. Occasion de renouer avec son grand-père, avec qui elle se sent des affinités, mais aussi de mesurer à quel point sa vie française la différencie de la jeune femme qu’elle aurait été si sa famille était restée au Laos. C’est à son grand frère que s’adresse le récit, toujours à la deuxième personne. Ce grand frère tellement marqué par l’exil qu’il s’est refusé à réussir sa vie en France.

    Consolation, exutoire, plaisir de l’instant, passion… une grande part du récit est consacrée à sa sexualité, revendiquée et vécue sans complexes, miroir de celle de son grand-père en son temps. Pour reprendre le titre de l’une de ses bandes dessinées, elle aime le regard et "l’odeur des garçons affamés".  

    L’écriture est ramassée et sensuelle, mais pas crue. On s’attend à ce que Loo Hui Phang reprenne et approfondisse les thèmes du désir, de la famille, et de l'exil, sur lesquels il semble qu’elle ait encore beaucoup à dire.

    laos,exil,famille,sexualitéLire aussi sa bande dessinée Black-out, avec Hugues Micol à l'illustration, chez Futuropolis. Biographie de Maximus Wilde, acteur charismatique métis de descendance noire, chinoise et amérindienne, cette BD s'attaque au mythe Hollywoodien, et démontent les artifices d’un monde injuste et centré sur les blancs, maillon de la propagande gouvernementale.

    Aline

  • Une rose seule

    roman,rentrée littéraire,japon,famille

     

    Une rose seule

    Muriel Barbery

    Actes Sud, 2020, 158 p., 17€50

     

    Rose a grandi avec sa grand-mère Paule et sa mère Maud, jeune femme mélancolique et triste, sans joie de vivre. Elle n’a pas connu son père Haru, que sa mère a quitté juste avant sa naissance en lui faisant promettre de se tenir à l’écart de sa vie. Elle sait cependant qu’il est japonais et riche.

    Malgré cette absence et ce manque, elle a une enfance heureuse, grâce à sa grand-mère, jusqu’à l’âge de 10 ans, où sa mère finit par sombrer dans la dépression, faisant éclater cette apparence de bonheur. Désormais Rose va vivre dans l’indifférence et la superficialité. Rien ne remplit sa vie, ni ses amis, ni ses amants, ni sa profession de botaniste. A 40 ans, elle vit seule, sans attaches ; elle a perdu sa mère et sa grand-mère. Et  cette existence vide de tout va être  bouleversée. Elle reçoit une lettre du notaire de son père l’informant de son décès et de sa décision de lui léguer sa fortune.

    C’est une femme en colère et pleine de rancœur qui arrive à Kyoto. Elle en veut terriblement à ce père qui ne s’est jamais manifesté de son vivant et ses sentiments sont amplifiés par les instructions qu’il a laissées pour sa venue. En effet, il a établi un programme à suivre avant de découvrir son testament ainsi que la lettre posthume qu'il lui a laissée.

    A travers un itinéraire de temples et de jardins, elle va s’approcher de son père et va apprendre à mieux se connaître et s’accepter. C’est un chemin vers la résilience au cours duquel elle doit exsuder toute la colère qui est en elle, sa dureté, son chagrin, sa rancœur. Ces promenades dont elle ne perçoit pas le sens au départ, vont progressivement résonner en elle ; elle  va peu à peu s'adoucir et tomber sous le charme des jardins zen, des temples, de l’art floral mais aussi de la vie japonaise avec ses restaurants traditionnels et ses maisons de thé. Paul, l’assistant de Haru l'accompagne dans ce cheminement qui aboutit à une acceptation de la perte, de la douleur, et à une libération et une acceptation du bonheur.

    Muriel Barbery nous emmène dans des lieux hors du temps propices à l’émerveillement et à l’apaisement et nous fait découvrir la beauté et l'importance de la flore dans la culture japonaise. Des fleurs majestueuses illuminent le texte, pivoines, azalées, brassées d’œillets,  iris pâles mouchetés de bleu, violettes, camélias… Les bambous célestes, les érables, les tapis de mousse  voisinent avec la minéralité des jardins de sable et de graviers striés de lignes parallèles ou de cercles dans un ensemble parfait. Les lanternes de pierre, les rochers, les bassins complètent, dans la sobriété et la simplicité,  cette vision de la nature en communion avec l’homme.

    De courts récits allégoriques introduisent chaque chapitre dont le titre, toujours lié au végétal, est une phrase extraite de ces contes. L’écriture est  raffinée, ciselée, la description précise et poétique dans un texte court, épuré et en même temps très dense.

    Un beau roman sur une re-naissance et une déclaration d’amour pour la culture japonaise à travers les jardins, miroirs de la nature et expression de la pensée philosophique et religieuse de ce pays.

    Annie

  • Saturne

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    Saturne

    Sarah CHICHE

    Seuil (Cadre rouge), 2020, 208 p., 18€

     

    Dans ce récit psychologique, la narratrice cherche l’origine de son état "saturnien" ou mélancolique-dépressif. Articulé autour du non-dit, il ne s’agit pas d’un secret de famille, mais d’un manque de paroles, de mots pour poser la mort de son père, lorsqu’elle avait deux ans, et dont elle a, toute son enfance, attendu le retour.

    Dans une première partie assez lente, Sarah Chiche met longtemps à planter le décor d’une famille paternelle "pied-noir" d’Algérie, une lignée de médecins entrepreneurs, qui seraient à l’origine des cliniques privées en France. Des notables, à la fois fascinés et rebutés par sa mère, la splendide Eve (choix de prénom significatif !), elle-même marquée par ses origines populaires et sa mère aliénée. La narratrice exprime la difficulté de vivre au milieu de personnes qui s’adorent ou se détestent, et la forcent à prendre parti. "J’ai de la peine pour cet art avec lequel les adultes mettent à mort leurs enfants." (p. 135)

    Le lecteur patauge un moment, ignorant vers quoi tend le récit, avant de réaliser que la narratrice se raconte, elle, "fruit malade de [sa] famille" plus que les personnages familiaux et les tensions qui l’ont façonnée.  La deuxième partie, plus clairement autocentrée et psychologique, mène vers l’âge adulte et l’acceptation de sa personnalité. Plus intéressante selon moi, elle nécessitait sans doute l’éclairage de la première partie.

    Selon l’humeur, on pourra être soit agacé, soit attendri par ce personnage déterminé à s’auto-saborder. "J’étais le visage du pire. J’avais tout raté avec une obstination qui ne relevait pas de la distraction et ne tolérait donc aucun pardon. Je n’étais plus ni petite-fille, ni fille, ni épouse, ni amante. Je ne serais pas mère. Non. Plus rien avant, plus rien après. Parfaitement seule, entièrement libre."

    Dans le style, c’est assez réussi, et la réflexion menée autour du deuil peut être éclairante, réconfortante. "Un deuil reste un deuil. Mais si certaines personnes apprennent à vivre douloureusement avec la perte, d’autres se laissent mourir avec leurs morts." (p. 176).

    "On prétend que c’est en revivant, par le souvenir, toute la complexité de nos liens avec la personne disparue que l’on peut supporter de la perdre, accepter de s’en détacher, et, un jour, retrouver le goût de vivre, la joie d’aimer. C’est exact, la plupart du temps. Mais ce que vivent les gens comme moi, c’est autre chose. Pour nous, le temps du deuil ne cesse jamais. Car nous ne souhaitons surtout pas qu’il cesse. […] Nous vivons, en permanence, dans et avec nos morts, dans le sombre rayonnement de nos mondes engloutis ; et c’est cela qui nous rend heureux.

    De Saturne, astre immobile, froid, très éloigné du soleil, on dit que c’est la planète de l’automne et de la mélancolie. Mais Saturne est peut-être aussi l’autre nom du lieu de l’écriture – le seul lieu où je puisse habiter. C’est seulement quand j’écris que je peux tout à la fois perdre mon père, attendre, comme autrefois, qu’il revienne, et, enfin, le rejoindre." (p. 203)

    Aline

  • Inge en guerre

    roman étranger, Allemagne, guerre mondiale, famille

     

    Inge en guerre, récit

    Svenja O’DONNELL

    Flammarion 2020, 353 p., 22€

    Traduit de Inge’s War par Pierre Guglielmina

     

    Récit par une journaliste de ce que furent les années 1930 et 1940 pour sa grand-mère. De 2006 à 2017, des conversations éparses avec sa grand-mère lui donnent un aperçu de la jeunesse de celle-ci. Elle revient sur les lieux, fouille archives et correspondance familiale pour reconstituer son histoire. Le récit est d’ailleurs émaillé de quelques photos d’époque en noir et blanc.

    "Histoire d’amour et de famille, l’histoire d’une fille d’un pays disparu qui vécut à une époque pendant laquelle l’Europe et son humanité s’étaient effondrées." Ou la seconde guerre, vue par la population civile allemande qui n’a pas été directement touchée par les persécutions nazies.

    Le lecteur voit Inge "Pünktchen" passer du statut d’enfant adulée d’une famille bourgeoise de Königsberg, en Poméranie orientale, à celui de jeune fille émancipée, étudiante à la Lette Haus de Berlin. Sa vivacité et sa joie de vivre conquièrent les cœurs de la famille Von Schimmelmann, à commencer par celui du fils, Wolfgang, dont elle s’éprend, et dont on se demande dès le début du récit pourquoi elle ne passera pas sa vie avec lui.

    De nombreuses familles allemandes prêtent peu d’attention à la montée du nazisme, et si certains jeunes se rebellent, c’est plutôt sur fond de swing, dans une ambiance assez frivole… jusqu’à ce que les choses se gâtent avec la mobilisation, les revers de la guerre, puis l’exode de certaines régions –dont la Poméranie- devant l’avancée du Front Russe.

    Une fois ses recherches commencées, la journaliste ne peut qu’aller de l’avant, même lorsqu’elle touche à des secrets de famille ou des moments douloureux. Le récit est très prenant, malgré le va-et-vient entre le temps de l’enquête et les époques historiques concernées. C'est un témoignage émouvant sur la vie de femmes allemandes qui ont vécu les privations, la culpabilité et l'horreur.

    Aline

  • Mésamour

    Deux romans sur l'amour maternel qui dérape.

     

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    Séverine VIDAL

    Sarbacane (Exprim’), 2019, 234 p., 16€

     

    Quand une mère n’aime qu’elle-même...

    C’est l’histoire de Pénélope, étouffée et rabaissée à la moindre occasion par sa mère. "Irène était tout ça à la fois : une mère tirée à quatre épingles, classe et élégante, la séductrice en chef, et celle des mauvais jours, qui se laisse franchement aller, abrupte et rêche. Difficile pour une petite fille de vivre à côté d’une mère pareille, de grandir dans son ombre... C’est pourtant comme ça que le concevait Pénélope : une petite vie, recroquevillée dans l’ombre de la pieuvre. Irène passait d’une minute à l’autre du sourire à la grimace, du mot tendre à la vacherie cinglante.  Une pieuvre, à cheval sur deux pôles, voilà ce qu’était sa mère." 

    Comment s’étonner alors, qu’avec toutes les manœuvres de la belle, la terrifiante Irène, elle ait pensé agir pour le bien de son bébé en l’abandonnant à la naissance ? C’est aussi l’histoire de Romane, heureuse dans sa famille d’adoption, qui ressent pourtant le manque de sa « fausse maman ». Romane qui ne sait si elle doit la rencontrer ou la rejeter...

    Un roman direct, pour grands ados ou adultes, sur les relations mère-fille, parfois destructrices, parfois lumineuses.

     

    roman,famille,maternitéImpasse Verlaine

    Dalie FARAH

    Grasset, 2019, 218 p., 18€

     

    Quand une mère aime avec violence...

    Ici aussi, trois générations de femmes, et beaucoup de violence, physique cette fois. Djemaa, ou Vendredi, jolie petite fille agitée, une vraie chèvre sauvage, a grandi dans un village au pied des Aurès sous les coups de sa mère qui ne comprenait pas son besoin de liberté. A son tour, Vendredi, mariée de force à un homme de vingt ans son aîné et exilée en France, développe une relation d’amour-haine avec sa fille.

    Impasse Verlaine, c’est l’endroit où grandit la fille de Vendredi, entre la serpillère et la cuisine, dans une cité de Clermont-Ferrand où ses parents  Algériens ont trouvé du travail. La narratrice s'interroge sur l'origine des violences de sa mère, à qui elle sert de servante familiale et de souffre-douleur. Lieu d’instruction approuvé par Vendredi (frustrée par son illettrisme), l'école la sauve. C'est là qu'elle trouve une forme de paix et découvre la littérature. En toile de fond, l'auteur évoque sans concession un certain milieu populaire où une petite fille peut subir des violences sans que personne ne lui vienne en aide.

    Prix des lycéens et apprentis 2020.

    Aline

  • Une photo de vacances

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    Jo WITEK 

    Couverture Olivier Tallec

    Actes Sud junior, 2020, 168 p., 14€

     

    Eugénie, dite Mowgli, est la fille du milieu dans une famille sympathique.  Coincée entre bébé Juliette avec qui tout est facile, et Adèle 14 ans, c’est toujours elle qui se montre arrangeante. Petite sauvageonne, rêveuse et pleine d’imagination (son futur métier = éthologue, comme Jane Goodall), elle a vraiment du mal à supporter le comportement ridicule et parfois mesquin de son adolescente de sœur.

    Chez les Manzatti, on n'est pas bien riche, mais on se débrouille pour partir à l’économie 2 semaines par an, et on a bien l'intention de profiter de chaque journée ! Et pourtant, ces vacances, Mowgli ne se reconnaît plus, ses émotions se bousculent pour un rien...

    Délicate sortie de l’enfance, avec ses petits chamboulements, dans un milieu affectueux et rassurant. La tonalité est plutôt humoristique, mais  assez lente et descriptive pour cette jolie chronique familiale, affectueuse et nostalgique. Encore une réussite de Jo Witek, alors.. « Avanti, les Manzatti ! »

    Grandir, vacances en famille, nostalgie, premiers émois - à partir de 10 ans.

    Du même auteur, lire aussi en jeunesse : Y a pas de héros dans ma famille!, la série des Mentine et Ma vie en chantier. Plutôt pour ados : Premier arrêt avant l'avenir, Mauv@ise connexion, Trop tôt... Et en polar : Peur express, Rêves en noir... Que du bon !