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haïti

  • Auteurs Haïtiens

    En janvier, ce sont les auteurs Haïtiens qui nous ont réunis.

    Jacques ROUMAIN (1907-1944)
    Né à Port-au-Prince dans une famille cultivée et très politisée, il étudie dans plusieurs pays d’Europe, puis revient en Haïti en 1927. Cofondateur de La Revue Indigène (poésie et nouvelles), très actif dans la lutte contre l'occupation américaine d'Haïti, il fonde en 1934 le Parti communiste haïtien. En raison de ses activités politiques, il est régulièrement arrêté et exilé. Après le changement de gouvernement à Haïti, il est autorisé à revenir dans son pays natal. Il fonde le bureau d'Ethnologie de la République d'Haïti et en prend la direction, tout en enseignant l'archéologie précolombienne et l'anthropologie préhistorique à l'Institut d'Ethnologie. En 1941, le président Élie Lescot l'investit d'une charge de diplomate à Mexico.

    roman étranger, romanGouverneurs de la rosée
    Publié dans l’Humanité en 1947, adapté au théâtre.
    Le temps des cerises (2000), Zulma (2013)

    Vie des habitants de Fontrouge dans les années 1940. La commune est dévastée par la sécheresse et la déforestation. Un jeune homme, parti 15 ans travailler à la canne à sucre, ne reconnait plus son village en rentrant. Suite à un partage foncier, les rivalités font rage. De Cuba, il ramène ses pratiques collectives et agricoles, et essaie de restaurer l’harmonie. En parallèle, une histoire d’amour. "Leçon de dignité humaine et chant d’amour au peuple haïtien" J. Stephen Alexi

     

    FRANCKETIENNE (1936- )
    Jean-Pierre Basilic Dantor Franck Étienne d'Argent, dit Frankétienne. En 1962, au début de l'ère Duvalier, Frankétienne fréquente le groupe Haïti littéraire. La situation politique devient intenable pour les intellectuels, dont beaucoup quittent le pays pour le Canada, la France ou l'Afrique. Franketienne décide de rester en Haïti pour écrire et pour lutter. Chacune de ses œuvres est ancrée dans l'histoire contemporaine haïtienne. Ministre de la Culture sous la présidence de Leslie F. Manigat, il est fait Commandeur des Arts et des Lettres en juin 2010. Poète, dramaturge, peintre, musicien, chanteur et romancier en créole comme en Français, il reçoit en 2021 le Grand prix de la francophonie, décerné par l’Académie française.

    roman étranger,romanMûr à crever, 1968

    Dans une Haïti de cauchemar, entre envahisseurs américains et régime de terreur de Duvalier, où des hommes désespérés préfèrent se jeter dans une mer grouillant de requins plutôt que de retourner à l'enfer quotidien, deux hommes se croisent, se sauvent, se retrouvent après s'être perdus : Raynand l'activiste et Paulin l'écrivain. L’ensemble du livre est très dur, morbide, malgré quelques lignes lumineuses et une écriture poétique.
    « Pourtant à chaque aube, une brise nouvelle refait la coiffure des plantes ».

     

    Yanick LAHENS (1953- )
    Yanick Lahens grandit à Port-au-Prince au sein d’une famille élargie, cohabitant avec son arrière-grand-mère et sa grand-mère.  La transmission de la culture traditionnelle haïtienne est un élément central de son éducation familiale, et de son œuvre. Elle fait des études de lettres à Paris, avant de s’installer en Haïti, où elle s’engage contre l’illettrisme.

    roman étranger,romanLa couleur de l’aube
    Ed. S. Wespieser, 2008

    Deux femmes ne voient pas revenir leur frère. Elles le cherchent pendant des jours : la rue, les bruits, la peur… et beaucoup d’énergie pour se faufiler entre les difficultés et enquêter.

    roman étranger,romanBain de lune
    Ed. S. Wespieser, 2014
    Prix Femina

    Roman familial sur trois générations de paysans/pêcheurs d’Anse Bleue. Au village, assez éloigné de Port-au-Prince, les traditions vaudou perdurent malgré la présence tolérée des prêtres. Entre la famille Lafleur « porteurs de points puissants » (prêtres vaudou) et les Mésidor, grands propriétaires ayant accaparé les terres alentours, les relations sont tendues. Ce qui n’empêche pas Tertulien Mésidor de se mettre en ménage avec la jeune et belle Olmène. La violence est omniprésente : ouragans, meurtres, droit de cuissage, esprits vaudou et combats politiques, avec l’arrivée du « petit docteur au chapeau noir » (Papa Doc) et les exactions des milices.
    Le récit est haut en couleurs, avec ses scènes de marché ou de festivités villageoises. Les expressions créoles ajoutent à son charme… et à sa complexité. Aux personnages multiples vient s’ajouter la complainte d’une femme martyrisée échouée sur une plage qui ponctue le récit.

    roman étranger,romanDouces déroutes
    Ed. S. Wespieser, 2018

    Le roman débute par une lettre écrite par un juge à sa femme. Il sait que sa vie est en danger, pour avoir voulu garder son intégrité face à la corruption d’Haïti. Après sa mort, Brune sa fille, et Pierre son beau-frère, essaient de comprendre ce qui s’est passé. A la suite d’une dizaine de personnages forts, Yanick Lahens nous entraîne dans les entrailles de Port-au-Prince, dont elle sait si bien faire vivre l’ambiance. L’écriture est assez incisive… et la violence n’est pas qu’en Haïti.

     

    Lyonel TROUILLOT (1956- )
    Né à Port-au-Prince dans une famille d’avocats, Lyonel Trouillot fait des études de droit, mais sa passion pour la littérature le pousse vers une carrière d'écrivain. Il collabore à différents journaux et revues d'Haïti, publie beaucoup de poèmes, écrit des textes de chansons.  Dans ses romans, il aborde le registre de l'intimité et du sentimental tout en confirmant son engagement social.
    Il se bat également au service de la démocratie de son pays et de la résistance face à une dictature oppressante, comme en témoigne le roman Bicentenaire, paru en 2004.

    roman étranger,romanL’amour avant que j’oublie
    Actes Sud, 2007

    Un écrivain, submergé par l’envie de parler à une inconnu, s’adresse tantôt à cette femme, tantôt à ses amis. Méditation sur la nécessité de réconcilier nos vies avec les mots.

    roman étranger,romanYanvalou pour Charlie
    Actes Sud, 2009, Prix Wepler

    Né dans un village très pauvre, Mathurin veut devenir avocat. A Port-au-Prince, il a tout renié pour avancer socialement. Charlie ranime en lui le souvenir de l’enfance.
    Très belle écriture poétique, pour ce roman qui évoque la misère, et la capacité à survivre, à se défendre.

     

    Louis-Philippe DALEMBERT (1962- )
    Fils d’instituteurs, L.-P. Dalembert a grandi dans un quartier populaire de Port-au-Prince. De formation littéraire et journalistique, il travaille comme journaliste dans son pays natal avant de partir en 1986 en France poursuivre des études de littérature et de journalisme. Il a enseigné dans plusieurs universités aux Etats-Unis et en Europe. Les traces de ce vagabondage sont visibles dans son œuvre qui met souvent en dialogue plusieurs lieux.

    roman étranger,romanLes Dieux voyagent la nuit
    Ed. du Rocher, 2006

    L’auteur parle de son enfance. A "Port-aux-Crasses", sa mère chrétienne rejetait le vaudou, ce qui ne faisait qu’exacerber son envie de découvrir les cérémonies traditionnelles. Il accompagnait sa grand-mère. Au rythme des tambours vaudou, les Dieux vagabonds ramènent les morts à la Guinée des origines.

    roman étranger,romanAvant que les ombres s’effacent
    Ed. S. Wespieser, 2017

    Histoire de Ruben Schwarzberg, juif polonais. Une bonne partie de la famille a réussi à fuir, qui à New-York, qui en Palestine. Lui est envoyé à Buchenwald, dont il pourra sortir en 1938 grâce au décret Haïtien permettant de naturaliser les Juifs et de leur conférer la citoyenneté.  Recueilli par la communauté haïtienne, devenu médecin, il vivra à Haïti.
    Ce récit assez incroyable est inspiré d’une histoire vraie. Facile à lire, bien écrit et positif, c’est un très beau livre, récompensé par le Prix Orange du Livre, et le Prix France-Bleu-Page des libraires.

    roman étranger,romanMur Méditerranée
    Ed. S.Wespieser, 2021

    Ne parle pas d’Haïti, mais dresse le portrait de femmes migrantes. Récits d’exil et condition humaine.

  • Auteurs Haïtiens : Dany Laferrière

    Dany LAFERRIERE (1953- )

    Né à Port-au-Prince, Dany Laferrière passe son enfance à Petit-Goâve avec sa grand-mère Da, un des personnages marquants de son œuvre. Son père, Windsor Klébert Laferrière vit alors en exil, en raison de son engagement politique contre « Papa Doc ».  Il fait ses études à Port-au-prince, puis devient journaliste et chroniqueur radio. Le 1er juin 1976, son ami et collègue le journaliste Gasner Raymond est assassiné par les Tontons Macoute. À la suite de cet événement, craignant d'être le prochain « sur la liste », il quitte Haïti du jour au lendemain pour Montréal, n'informant que sa mère de son départ. Vivant entre Montréal et Paris, il a reçu plusieurs prix littéraires, et est membre de l’Académie Française depuis 2013.

     

    pays sans chapeau.jpgPays sans chapeau, 1996

    En Haïti, le pays sans chapeau, c’est l’au-delà, puisqu’on n’enterre pas les morts avec leur chapeau. Ce texte a été écrit au retour de l’exil. Parti à 23 ans pour échapper aux Duvalier, il raconte ses retrouvailles avec Haïti 20 ans plus tard. Toutes ses sensations lui reviennent brutalement. Dans une alternance de chapitres, Pays rêvé s’attache aux croyances vaudou qui perdurent (pays de morts et de revenants)  tandis que  Pays réel relate le monde des vivants. Empreinte de tendresse, de mélancolie et de nostalgie, Dany Laferrière emploie une écriture proche de la chronique quotidienne.

     

    cri des oiseaux.jpgLe cri des oiseaux fous, 2000

    Même sujet : à 23 ans Dany Laferrière doit quitter son pays. En une seule nuit, il lui faut dire adieu à tous… sans le leur dire. Son meilleur ami vient d’être tué par les Tonton Macoutes et il va partir d’urgence, en secret. Exil, dictature.

     

    charme des après-midi.jpgLe charme des après-midi sans fin, 1997

    Un chapitre par thème, pour évoquer son enfance, son adolescence, l’amour de sa grand-mère, voir les filles… et en même temps replacer sa vie dans le contexte politique.

     

    L'énigme du retour.pngL'énigme du retour, 2009

    Prix Médicis

    Le narrateur vit depuis 30 ans à Montréal, mais se sent toujours haïtien dans l'âme. Suite à l'annonce du décès de son père, exilé politique lui aussi, il rentre au pays natal, où il alterne entre souvenirs de jeunesse, et douleur de ne plus se sentir haïtien. Comme n'importe quel blanc, il est victime d'une tourista cuisante, et les gens cherchent à l'exploiter comme un quelconque touriste, sous prétexte qu'il est devenu "riche" et qu'Haïti a faim.
    Procédant par touches délicates, l'auteur nous offre une réflexion mélancolique et fine sur l'identité et l'exil, et interroge le passé en même temps qu'il explore le présent. Son écriture alterne entre vers libres, qui rendent ses sensations et ses impressions du moment, et une prose plus factuelle,  utilisée pour ses souvenirs et impressions du pays, marqué par les années de dictature.

     

    l'art presque perdu.jpgL’art presque perdu de ne rien faire, 2014

    Essai, ou "autobiographie de mes idées". Autoproclamé « spécialiste mondial de la sieste », propice à la réflexion, Dany Laferrière l’érige en art de vivre.

  • Tout bouge autour de moi

    tout bouge autour de moi.jpg

    Tout bouge autour de moi

    Dany LAFERRIERE

    Grasset, 2011, 208 p., 15.30€

     

    Récit. Le 12 janvier 2010, Dany Laferrière se trouve à Haïti pour le festival « Etonnants voyageurs », au moment du  tremblement de terre. Au contraire de tant d'autres, il réchappe à la catastrophe.

    « Tout cela a duré moins d'une minute. On a eu huit à dix secondes pour prendre une décision. Quitter l'endroit ou rester. Très rares sont ceux qui ont fait un bon départ […] On s'est retrouvés à plat ventre, au centre de la cour. Sous les arbres. La terre s'est mise à onduler comme une feuille de papier que le vent emporte. Bruits sourds des immeubles en train de s'agenouiller. Ils n'explosent pas. Ils implosent, emprisonnant les gens dans leur ventre. Soudain, on voit s'élever dans le ciel d'après-midi un nuage de poussière. Comme si un dynamiteur professionnel avait reçu la commande expresse de détruire une ville entière sans encombrer les rues afin que les grues puissent circuler. »

    Un an après, il reprend ses notes, témoigne sobrement de ce qu’il a vu et livre ses pensées au moment du séisme et dans les mois qui ont suivi. Les nuits dans les parcs et jardins, telle grand-mère qui tente d’épargner son petit-fils en substituant aux images horribles des chansons et des mythologies qu’elle tire de sa mémoire vacillante, l’errance pour passer prendre des nouvelles de sa famille et de ses amis artistes, la maison de Lyonel Trouillot, d’où semble  s’organiser la solidarité de quartier, les fausses rumeurs…

    Avec ses lecteurs, l'auteur partage ni plus, ni moins que des instants, pas de pathos, peu d'approfondissement.