02/12/2019
Bouillon d'histoire
Petite sélection de romans historiques, présentés en octobre à Orliénas par les lectrices du Bouillon.
14 juillet
Eric VUILLARD
Actes Sud (un endroit où aller), 2016, 19€
Les quelques jours qui ont précédé la prise de la Bastille, le peuple avait faim. Des descriptions très vivantes des gens du peuple, des différents métiers et corporations, des mouvements de foules et des débordements.
Le fracas du temps
Julian BARNES
Mercure de France (Bibliothèque étrangère), 2016, 19€
Vie des artistes sous la dictature communiste, au travers de la vie de Chostakovitch, qui a choisi de demeurer en URSS. Les trois parties du roman commencent par la même phrase « Tout ce qu’il savait, c’est que c’était le pire moment. »
Chostakovitch se voulait compositeur d’opéra, mais sa musique a déplu à Staline. Contraste entre sa très grande musique et sa position, toujours coincée politiquement.
Sur la scène internationale avec Hitler
Paul-Otto SCHMIDT
Ed. Perrin, 2014, 23€
Diplomate devenu l'interprète d'Hitler pour l’anglais, Paul Otto Schmidt (1899-1970) raconte en témoin privilégié l'ascension et la chute du IIIe Reich ainsi que les principales réunions, congrès, et rencontres au sommet avec les personnages du Reich. Une véritable leçon d’histoire.
Camarade Papa
GAUZ
Le Nouvel Attila, 2018, 19€
L’Afrique au temps des colonies… et après. Un petit garçon noir, élevé par un père révolutionnaire communiste, est envoyé en Côte d’Ivoire retrouver la trace de ses ancêtres. Parallèlement, on suit la conquête Africaine en 1880, la lutte entre colons français et anglais, le fétichisme des Ivoiriens,… Beaucoup de personnages pour ce roman documenté. L’écriture, par moments très imagée, est assez fluctuante dans le style.
Frère d’âme
David DIOP
Seuil, 2018, 17€
PRIX GONCOURT DES LYCEENS 2018
Mademba et Alfa, ils étaient deux « presque frères » à partir du village pour s’engager comme tirailleurs Sénégalais pendant la Grande Guerre. Au cours d’une attaque, Mademba est éventré, et demande à son camarade d’abréger ses souffrances. Alfa, traumatisé, répend alors la violence dans le camp ennemi. Héros, ou fou de guerre ?
Le monde depuis ma chaise
Sergio SCHMUCLER
Ed. Liana Lévi, 2017, 17€
Depuis sa chaise, qu’il a décidé de ne jamais quitter, un garçon observe… Les évènements d’Europe au travers de tous les réfugiés qui arrivent au Mexique : Espagnols, Juifs,…
La disparition de Josef Mengele
Olivier GUEZ
Ed. Grasset, 2017, 18.50€
PRIX RENAUDAUT 2017
Depuis 1949 jusqu’en 1979, roman de la cavale du médecin tortionnaire Nazi en Amérique du Sud. Ce qui dérange est qu’il ne semble pas ressentir de remords. Jusqu’à son dernier jour, il pense avoir agi pour le bien de l’humanité en mettant toutes ses forces au service de la pureté !
Les enfants d’Alexandrie
Françoise CHANDERNAGOR
Albin Michel, 2011, 22.30€
Marc-Antoine, marié à Rome à Octavie, a formé avec Cléopâtre un couple mythique, qui a engendré des jumeaux. Séléné a 10 ans lors de la prise d’Alexandrie. Dernière des Ptolémée, elle raconte…
Le captif au masque de fer
Jean d’AILLON
Ed. Lattès, 2007, 17.80€
Roman policier historique situé à la fin du règne de Louis XIV. On suit un lieutenant de police nommé par Colbert, et Trois Sueurs, bandit des grands chemins –ancien bas-officier huguenot chassé de l’armée…
Madame Proust
Evelyne BLOCH-DANO
Ed. Grasset, 2004, 21.25€
Biographie très bien écrite de Jeanne Weil-Proust (1849-1905), mère de Marcel Proust.
La nuit des Béguines
Aline KINER
Ed. Liana Levi, 2017, 22€
1310, sous le règne de Philippe Le Bel. À Paris, dans le quartier du Marais, se trouve le grand béguinage royal, fondé par saint Louis. Dans ses murs, vit une communauté de femmes hors normes. Veuves ou célibataires, nobles ou ouvrières, elles peuvent étudier, travailler, circuler librement dans la cité. Ni moniales, ni séculières, « mi chair mi poisson », leur liberté et leur indépendance dérange.
Le Prix
Cyril GELY
Albin Michel, 2019, 17€
Otto Hahn et Lise Meitner (physicienne juive) ont travaillé de concert de 1907 à 1938. Pour autant, le Nobel de physique a été attribué à Otto Hahn seul pour la découverte de la fission nucléaire. Le roman est un huis clos à l’hôtel, entre eux deux, juste avant la remise du prix. Déjà abordé en mai.
Après Constantinople
Sophie VAN DER LINDEN
Gallimard (Sygne), 2019, 15€
Balkans, fin de l’empire Ottoman. Un peintre se rend dans un domaine isolé à la recherche de fontanelles (jupes plissées des Balkans). Ses conversations avec l’intendante remettent en question ses convictions. Nous n’avons pas été convaincues par le vocabulaire trop complexe par rapport à une histoire trop floue. Critique complète ici.
14:26 Publié dans Bouillon de lecture, Critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman historique, histoire
27/01/2015
Les voleurs de Carthage
Les voleurs de Carthage, tomes 1 et 2
Appollo et Tanquerelle
Dargaud, octobre 2014, 13.99 €
Un Gaulois et un Numide quel drôle de tandem ! C’est pourtant celui qui va rythmer cette série burlesque composée de deux tomes. Nous sommes plongés, ici, au cœur de la grande ville de Carthage au bord du gouffre (les Romains sont prêts à lancer l’assaut).
Dans le premier tome, Horodamus et Berkan sortent des griffes des Romains une jeune fille, Tara, issue d’une grande famille de voleurs d’Utique. Maintenant seule (le reste de la troupe s’étant fait décimer), elle s’associe à nos deux idiots pour leur proposer l’affaire du siècle : voler l’or et piller le temple de Carthage. Mais inclure ces deux énergumènes dans cette aventure ne semble pas être forcément une bonne idée.
Dans le deuxième tome l’histoire se précise et les rouages pour le pillage sont mis en place. L’équipe s’est maintenant agrandie de deux autres personnages tout aussi hauts en couleurs : un prêtre et un soldat. Entre l’avancée des Romains dans Carthage et le peu de professionnalisme de l’équipe, le casse semble commencer avec beaucoup de difficultés. C’est ce qui fera l’humour de ce deuxième et dernier tome.
Appollo et Tanquerelle nous offrent ici un péplum tout en humour et en situations burlesques toutefois avec un fond sérieux (la guerre et la destruction de Carthage). Les illustrations naïves et enfantines renforcent le côté comique. On s’attache aux personnages : à ce Gaulois complètement rustre qui ne pense qu’à embrasser et abuser de la belle Tara et à ce Numide qui se croit supérieur intellectuellement à son ami. Le fond historique de cette bande dessinée reste sérieux et véridique. Un intérêt supplémentaire à ce diptyque.
Riche en aventures et en rebondissements cette histoire nous offre un très bon moment de détente à savourer en ce moment au chaud sous sa couette.
Voir ici le commentaire d'Ismène
Céline
15:27 Publié dans Critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bande dessinée, histoire
05/11/2012
Certaines n'avaient jamais vu la mer
Certaines n'avaient jamais vu la mer, Julie Otsuka
Phébus, littérature étrangère, 2012, 15€
En 1919, de jeunes femmes -qui n'auraient pas trouvé d'époux au Japon- se sont mariées par correspondance avec des émigrés Japonais, puis les ont rejoints aux Etats-Unis, dans l'espoir d'une vie meilleure. Le récit commence pendant leur longue traversée en bateau, puis aborde les premiers contacts avec le mari inconnu, les premières désillusions, les travaux dans les champs, les blanchisseries ou les maisons bourgeoises, l'arrivée des enfants, l'intégration laborieuse, les rapports avec les "blancs"… Jusqu'à l'attaque de Pearl Harbour et ses retentissements dramatiques pour les japonais américains.
Se plonger dans ce court roman, c'est écouter un chœur de femmes : un chant choral, où l'on perçoit chaque voix distinctement, mais où la mélodie d'ensemble domine. C'est une litanie, où les vies particulières de ces japonaises en exil affleurent, mais laissent apparaître une destinée collective. Julie Otsuka, par son utilisation systématique de la première personne du pluriel, s'associe à ses ancêtres japonais et à leurs tribulations aux Etats-Unis… ou nous associe, nous, lecteurs ?
Pour aller plus loin, voir l'article du Monde Diplomatique, "l'histoire cachée des japonais américains". Sur l'internement des Japonais en Amérique du Nord (Canada), lire aussi "Obasan" de Joy Kogawa, un classique outre-Atlantique (mais il est difficile de se le procurer en France !)
09:47 Publié dans Critiques de livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, immigration
27/09/2012
Ce qu'ils n'ont pas su nous prendre
Ce qu'ils n'ont pas su nous prendre
Ruta Sepetys
Gallimard (Scripto), octobre 2011,14€
Récit émouvant sur des déportations d'opposants au régime et d'intellectuels de Lituanie après l'annexion des pays Baltes par Staline en 1940.
Lina est une jeune Lituanienne douée pour le dessin, fascinée en particulier par les peintures de Munch, qui s'apprête à rentrer dans une école d'art. Son père est recteur à l'université. Une nuit de juin 1941, sa famille est raflée par le NKVD et déportée, dans des conditions épouvantables qui rappellent les récits de déportation de la shoah. Après la séparation d'avec leur père et un terrible voyage en wagon à bestiaux, ils doivent lutter pour leur survie dans un camp de travail de l'Altaï. Un certaine solidarité se manifeste entre déportés.
Le roman, inspiré de témoignages de déportés, a des accents de vérité, dans les récits de petites débrouilles pour récupérer une betterave, une patate ou un morceau de bois, pour faire passer des messages dans l'espoir qu'ils parviendront à leur famille. Les dessins de Lina jouent le rôle de lien -des petits cailloux semés dans l'espoir que son père les trouvera- de témoignage, et de gagne-pain aussi à l'occasion.
Le titre français, beaucoup plus porteur d'espoir que le titre anglais, laisse entrevoir ce que les déportés réussissent pour certains à conserver : l'amour, l'humour, la soif de liberté et de beauté.
19:55 Publié dans Coups de coeur, Livres pour ados | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, urss, déportation