Le dernier des Sijilmassi
Les tribulations du dernier des Sijilmassi
Fouad Laraoui
Julliard, août 2014, 342 p., 20 €
Adam est un exemple de réussite : cadre dynamique marocain apprécié de sa hiérarchie, excellent vendeur de bitume aux pays asiatiques, avec une voiture de fonction, un appartement dans un bon quartier et une belle femme. Mais dans le Boeing qui le ramène à Casablanca, il a une soudaine prise de conscience. Pourquoi si vite ? Brutalement, il décide de revenir à un mode de vie ralenti, plus proche de celui de ses ancêtres.
C’est là que commence l’incompréhension totale de ceux qui l’entourent. Rentrer à pied de l’aéroport à Casa ??? C’est ridicule, "impossible", voire très louche ! Expliquer à sa femme peu éduquée qu’il a eu une "épiphanie" (révélation) dans l’avion ? Quelle Stéphanie ? Ses collègues, sa femme, tous cherchent des motifs ultérieurs à sa métamorphose, et rejettent ce qu’ils ne peuvent comprendre. Il tente de se retirer du monde dans le Ryad où il a grandi.
Beaucoup plus éduqué que son entourage, Adam est atteint de "logorrhée verbale", les citations de tous les philosophes qu’il a étudiés tournent en bouche dans sa tête, et le livre est plein de références aux penseurs ou écrivains occidentaux qui l’ont nourri, puis aux sages orientaux qu’il découvre à la suite de ses ancêtres, et qui le font réfléchir au sens de l’Islam.
Plus qu’un roman, c’est un conte philosophique que nous livre Fouad Laraoui, plein de pistes de réflexion et de petites citations que le lecteur reconnaît –ou non, ce n’est pas gênant pour la lecture. C’est aussi un portrait du Maroc où l’on retrouve l’empreinte des traditions et où l’ancienne hospitalité a certes toujours cours, mais où les petites combines et la police semblent s’immiscer partout.
Aline