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mort

  • L'idée ridicule de ne plus jamais te revoir

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    L’idée ridicule de ne plus jamais te revoir

    Rosa MONTERO

    Métailié, 2015

     

    Cédant à ce qui semble être une mode parmi les écrivains actuels, Rosa Montero prend comme point de départ la biographie de personnes célèbres – ici celle de Marie Curie, scientifique dont la vie aux côtés de son mari Pierre a fait l’objet de nombreux écrits et documentaires filmés .

    Le tout est bien écrit, bien documenté, repose sur des faits avérés, des biographies attestées, des écrits de Marie Curie à partir desquels l’auteur  "brode".

    Et c’est la broderie que je trouve gênante !!! Je trouve qu’elle donne un livre "fourre-tout" à la construction baroque (au sens artistique du terme !) avec des extraits intéressants de tranches de vie des deux scientifiques interrompus par des digressions en tous genres, notamment sur la difficulté d’être femme dans un univers machiste, sur la douleur ineffable liée à la perte de l’être aimé et sur le deuil (Pierre meurt avant Marie). L’auteur nous inflige des confidences intimes sur ses propres réactions  face à la mort de son compagnon à partir desquelles elle se livre à des généralisations sur la mort, nécessairement superficielles. On trouve aussi pêle-mêle des réflexions sur ce qu’est la normalité,  sur les coïncidences dans la vie, sur ce qu’aimer signifie pour un homme et pour une femme, sur la relation entre littérature et  Mal, littérature et beauté, fiction et réalité, liberté de l’écrivain, faiblesse des hommes, la mort de nos jours, etc. etc.  tous ces thèmes n’étant bien sûr qu’ effleurés. Enfin, l’emploi des #Hashtags, totalement artificiel, m’a exaspérée !

    Il s’agit ici pour moi d’un livre exutoire  qui illustre un autre phénomène de mode à l’œuvre dans les publications récentes : l’acte d’écrire pour l’auteur qui ne se dissimule plus derrière un narrateur constitue une thérapie ; le lecteur assiste à un déballage de sentiments auquel il manque la distanciation d’une Delphine de Vigan lorsqu’elle s’interroge sur la relation entre réalité et fiction.  Sans toutes ses digressions, le livre m’aurait semblé beaucoup plus intéressant et même très recommandable !!!

    Ginette

  • Les brumes de l'apparence

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    Frederique DEGHELT

    Actes Sud, mars 2014, 21.80 €

     

    Que dire du dernier roman de Frédérique Deghelt sans trop en dévoiler…

    Gabrielle, la narratrice, est heureuse dans un couple brillant : mariée depuis une vingtaine d’années à un chirurgien esthétique de renom, elle-même responsable pleine d’imagination d’une entreprise d’évènementiel. Elle ne croit pas à la crise de la quarantaine, et pourtant sa vie est remise en question de façon surprenante.

    Suite à un héritage inattendu, elle se rend dans la France profonde pour mettre en vente la propriété qui lui a été léguée. Parisienne invétérée, elle n’a aucune intention de s’attacher à cet endroit, et pourtant…. et pourtant ce retour sur la terre de ses ancêtres est une remise en cause totale, bouleversante, par la découverte de particularités familiales que sa mère lui avait toujours celées.

     

    Quoique ce ne soit pas son sujet principal, comme dans La vie d’une autre, l’auteur explore la relation d’un couple constitué depuis longtemps. Elle remet en question cette relation basée sur les habitudes et une perception extérieure de l’autre, faussée par les apparences et par nos projections sur nos proches. La narratrice passe de l’autre côté du miroir, et tente de vivre au-delà des brumes de l’apparence :

    "Est-ce que je pensais à tout ça avant ? Est-ce que tisser des liens avec l’au-delà de cet univers n’oblige pas à plonger profondément en soi, à traverser puis à dépasser cette enveloppe du corps et tous ses attributs superficiels et ridicules ?... L’apparence a besoin d’être oubliée pour que nous devenions nous-même."

     

    Intégrée au roman, l’auteur engage une réflexion philosophique sur ce qui nous attend après la mort, et par ricochet sur notre façon de vivre, excessivement basée sur des considérations matérielles. "Le monde ne va pas plus mal qu’autrefois, il irait même plutôt mieux, mais personne n’est au courant. C’est plutôt malin, non ? On a même réussi à faire croire que le bonheur appartient aux riches et que cette richesse aux biens sans envergure est devenue un but honorable pour tous."

     

    Frédérique Deghelt ne manque pas de développer des idées intéressantes, même si je n’adhère pas à son postulat de départ, ni à ses démonstrations « scientifiques ». Ses réflexions sur l’au-delà sont développées avec tellement de force, que je me demande vraiment si elle adhère aux convictions de son héroïne ou si c’est un jeu intellectuel.

    Pour répondre à cette question, et à d'autres, rendez-vous à la rencontre avec l'auteur organisée par la librairie Murmure des Mots jeudi 24 avril à partir de 16 heures !