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roman étranger

  • Auteurs Haïtiens

    En janvier, ce sont les auteurs Haïtiens qui nous ont réunis.

    Jacques ROUMAIN (1907-1944)
    Né à Port-au-Prince dans une famille cultivée et très politisée, il étudie dans plusieurs pays d’Europe, puis revient en Haïti en 1927. Cofondateur de La Revue Indigène (poésie et nouvelles), très actif dans la lutte contre l'occupation américaine d'Haïti, il fonde en 1934 le Parti communiste haïtien. En raison de ses activités politiques, il est régulièrement arrêté et exilé. Après le changement de gouvernement à Haïti, il est autorisé à revenir dans son pays natal. Il fonde le bureau d'Ethnologie de la République d'Haïti et en prend la direction, tout en enseignant l'archéologie précolombienne et l'anthropologie préhistorique à l'Institut d'Ethnologie. En 1941, le président Élie Lescot l'investit d'une charge de diplomate à Mexico.

    roman étranger, romanGouverneurs de la rosée
    Publié dans l’Humanité en 1947, adapté au théâtre.
    Le temps des cerises (2000), Zulma (2013)

    Vie des habitants de Fontrouge dans les années 1940. La commune est dévastée par la sécheresse et la déforestation. Un jeune homme, parti 15 ans travailler à la canne à sucre, ne reconnait plus son village en rentrant. Suite à un partage foncier, les rivalités font rage. De Cuba, il ramène ses pratiques collectives et agricoles, et essaie de restaurer l’harmonie. En parallèle, une histoire d’amour. "Leçon de dignité humaine et chant d’amour au peuple haïtien" J. Stephen Alexi

     

    FRANCKETIENNE (1936- )
    Jean-Pierre Basilic Dantor Franck Étienne d'Argent, dit Frankétienne. En 1962, au début de l'ère Duvalier, Frankétienne fréquente le groupe Haïti littéraire. La situation politique devient intenable pour les intellectuels, dont beaucoup quittent le pays pour le Canada, la France ou l'Afrique. Franketienne décide de rester en Haïti pour écrire et pour lutter. Chacune de ses œuvres est ancrée dans l'histoire contemporaine haïtienne. Ministre de la Culture sous la présidence de Leslie F. Manigat, il est fait Commandeur des Arts et des Lettres en juin 2010. Poète, dramaturge, peintre, musicien, chanteur et romancier en créole comme en Français, il reçoit en 2021 le Grand prix de la francophonie, décerné par l’Académie française.

    roman étranger,romanMûr à crever, 1968

    Dans une Haïti de cauchemar, entre envahisseurs américains et régime de terreur de Duvalier, où des hommes désespérés préfèrent se jeter dans une mer grouillant de requins plutôt que de retourner à l'enfer quotidien, deux hommes se croisent, se sauvent, se retrouvent après s'être perdus : Raynand l'activiste et Paulin l'écrivain. L’ensemble du livre est très dur, morbide, malgré quelques lignes lumineuses et une écriture poétique.
    « Pourtant à chaque aube, une brise nouvelle refait la coiffure des plantes ».

     

    Yanick LAHENS (1953- )
    Yanick Lahens grandit à Port-au-Prince au sein d’une famille élargie, cohabitant avec son arrière-grand-mère et sa grand-mère.  La transmission de la culture traditionnelle haïtienne est un élément central de son éducation familiale, et de son œuvre. Elle fait des études de lettres à Paris, avant de s’installer en Haïti, où elle s’engage contre l’illettrisme.

    roman étranger,romanLa couleur de l’aube
    Ed. S. Wespieser, 2008

    Deux femmes ne voient pas revenir leur frère. Elles le cherchent pendant des jours : la rue, les bruits, la peur… et beaucoup d’énergie pour se faufiler entre les difficultés et enquêter.

    roman étranger,romanBain de lune
    Ed. S. Wespieser, 2014
    Prix Femina

    Roman familial sur trois générations de paysans/pêcheurs d’Anse Bleue. Au village, assez éloigné de Port-au-Prince, les traditions vaudou perdurent malgré la présence tolérée des prêtres. Entre la famille Lafleur « porteurs de points puissants » (prêtres vaudou) et les Mésidor, grands propriétaires ayant accaparé les terres alentours, les relations sont tendues. Ce qui n’empêche pas Tertulien Mésidor de se mettre en ménage avec la jeune et belle Olmène. La violence est omniprésente : ouragans, meurtres, droit de cuissage, esprits vaudou et combats politiques, avec l’arrivée du « petit docteur au chapeau noir » (Papa Doc) et les exactions des milices.
    Le récit est haut en couleurs, avec ses scènes de marché ou de festivités villageoises. Les expressions créoles ajoutent à son charme… et à sa complexité. Aux personnages multiples vient s’ajouter la complainte d’une femme martyrisée échouée sur une plage qui ponctue le récit.

    roman étranger,romanDouces déroutes
    Ed. S. Wespieser, 2018

    Le roman débute par une lettre écrite par un juge à sa femme. Il sait que sa vie est en danger, pour avoir voulu garder son intégrité face à la corruption d’Haïti. Après sa mort, Brune sa fille, et Pierre son beau-frère, essaient de comprendre ce qui s’est passé. A la suite d’une dizaine de personnages forts, Yanick Lahens nous entraîne dans les entrailles de Port-au-Prince, dont elle sait si bien faire vivre l’ambiance. L’écriture est assez incisive… et la violence n’est pas qu’en Haïti.

     

    Lyonel TROUILLOT (1956- )
    Né à Port-au-Prince dans une famille d’avocats, Lyonel Trouillot fait des études de droit, mais sa passion pour la littérature le pousse vers une carrière d'écrivain. Il collabore à différents journaux et revues d'Haïti, publie beaucoup de poèmes, écrit des textes de chansons.  Dans ses romans, il aborde le registre de l'intimité et du sentimental tout en confirmant son engagement social.
    Il se bat également au service de la démocratie de son pays et de la résistance face à une dictature oppressante, comme en témoigne le roman Bicentenaire, paru en 2004.

    roman étranger,romanL’amour avant que j’oublie
    Actes Sud, 2007

    Un écrivain, submergé par l’envie de parler à une inconnu, s’adresse tantôt à cette femme, tantôt à ses amis. Méditation sur la nécessité de réconcilier nos vies avec les mots.

    roman étranger,romanYanvalou pour Charlie
    Actes Sud, 2009, Prix Wepler

    Né dans un village très pauvre, Mathurin veut devenir avocat. A Port-au-Prince, il a tout renié pour avancer socialement. Charlie ranime en lui le souvenir de l’enfance.
    Très belle écriture poétique, pour ce roman qui évoque la misère, et la capacité à survivre, à se défendre.

     

    Louis-Philippe DALEMBERT (1962- )
    Fils d’instituteurs, L.-P. Dalembert a grandi dans un quartier populaire de Port-au-Prince. De formation littéraire et journalistique, il travaille comme journaliste dans son pays natal avant de partir en 1986 en France poursuivre des études de littérature et de journalisme. Il a enseigné dans plusieurs universités aux Etats-Unis et en Europe. Les traces de ce vagabondage sont visibles dans son œuvre qui met souvent en dialogue plusieurs lieux.

    roman étranger,romanLes Dieux voyagent la nuit
    Ed. du Rocher, 2006

    L’auteur parle de son enfance. A "Port-aux-Crasses", sa mère chrétienne rejetait le vaudou, ce qui ne faisait qu’exacerber son envie de découvrir les cérémonies traditionnelles. Il accompagnait sa grand-mère. Au rythme des tambours vaudou, les Dieux vagabonds ramènent les morts à la Guinée des origines.

    roman étranger,romanAvant que les ombres s’effacent
    Ed. S. Wespieser, 2017

    Histoire de Ruben Schwarzberg, juif polonais. Une bonne partie de la famille a réussi à fuir, qui à New-York, qui en Palestine. Lui est envoyé à Buchenwald, dont il pourra sortir en 1938 grâce au décret Haïtien permettant de naturaliser les Juifs et de leur conférer la citoyenneté.  Recueilli par la communauté haïtienne, devenu médecin, il vivra à Haïti.
    Ce récit assez incroyable est inspiré d’une histoire vraie. Facile à lire, bien écrit et positif, c’est un très beau livre, récompensé par le Prix Orange du Livre, et le Prix France-Bleu-Page des libraires.

    roman étranger,romanMur Méditerranée
    Ed. S.Wespieser, 2021

    Ne parle pas d’Haïti, mais dresse le portrait de femmes migrantes. Récits d’exil et condition humaine.

  • Poussière dans le vent

    roman étranger, CubaPoussière dans le vent

    Leonardo Padura
    Metailié, 2021, 24€20
    (bibliothèque hispano-américaine)

     

    Léonardo Padura nous livre un superbe roman sur l’exil et la perte, mais aussi sur la permanence de l’amitié et des sentiments, sur la quête de l’identité, perdue et retrouvée, sur l'attachement à ses racines, dont on ne s'affranchit jamais totalement.

    A travers le destin de ses personnages il retrace, dans une fresque ambitieuse et foisonnante, l’histoire de Cuba sur près de 3 décennies, et c’est passionnant. Une énigme sert de trame au récit et ménage un suspense jusqu’au bout de la lecture.

    Adéla, arrivée de New York, et Marcos, Cubain récemment exilé, se rencontrent en Floride et c’est le coup de foudre. Il lui montre une photo de groupe prise en 1989 dans le jardin de sa mère, Clara, et elle y reconnaît la sienne, Loreta, femme fantasque, tourmentée et mystérieuse qui ne parle jamais de son passé. Elle apprend que sa mère s’appelle en réalité Elisa et qu’elle a disparu brutalement de Cuba en 1990. Ils vont chercher à comprendre ce qu’elle fuit et les secrets enfouis de leurs parents.

    Clara, Dario, Elisa, Bernardo, Horacio, Irving, Fabio, Liuba se sont connus dans l’enfance ou au lycée et forment ce qu’ils appellent un "clan". Ingénieur, architecte, neurochirurgien, artiste… ils ont foi en un futur possible dans une île à laquelle ils sont viscéralement attachés. Leur point d’ancrage est la maison de Clara et Dario à Fontanar, un quartier de La Havane, "noyau magnétique de la confrérie".

    Des années de bonheur partagé, entre amour et désamour, jusqu’à ce 21 janvier 1990, anniversaire des 30 ans de Clara. Un drame et la disparition soudaine d’Elisa marquent le début de la dislocation du groupe. Dario le premier, franchira le pas de l’exil. Les autres suivront, le cœur chaviré, devenant des réfugiés perpétuels, le cœur à jamais ancré à Cuba et nourrissant l’espoir d’un retour. Seuls Clara et Bernardo resteront.

    1990 c’est aussi l’éclatement du bloc soviétique.  Cuba abandonné par ses alliés doit faire face à une crise économique et sociale sans précédent qui bouleverse l’existence du peuple cubain. Entre l’histoire politique tourmentée, les terribles pénuries et la fuite en masse vers l'étranger, l’île s’effondre et les Cubains perdent leurs illusions.

    Léonardo Padura décrit admirablement la difficulté de l'exilé à reconstruire une vie, pas tant pour les problèmes matériels, que sur le plan de l'appartenance. Comme le dit l'un de ces exilés "nous ne sommes dans la mémoire de personne et personne n'est dans notre mémoire à nous". Même ceux qui ont le mieux réussi ne se remettront jamais complètement de leur départ "cette chaleur n'était pas sa chaleur, ses nouveaux amis étaient seulement cela, des nouveaux amis, et non ses amis, ce qu'il avait perdu était irrécupérable".

    Une interrogation court comme un leitmotiv d’un bout à l’autre du récit « Que nous est-il arrivé ? »  Chacun des personnages apporte sa pierre à la construction de la vérité à travers son histoire personnelle avec les désillusions, les remises en question, les choix douloureux à faire.

    Léonardo Padura appartient à cette génération des désenchantés de la révolution castriste. Malgré le succès international de ses livres il n’a pas choisi l’exil ; il a besoin de son île pour écrire.

    "Dans les années 90, j’écrivais comme un fou pour ne pas devenir fou c’est-à-dire que la littérature m’a sauvé du désespoir et de l’exil parce que beaucoup de mes amis, de mes camarades de travail sont partis et moi j’ai décidé de rester car à Cuba je pouvais écrire, pourtant il me manquait tout : l’électricité, les transports, la nourriture…  Mais on avait ce qu’un romancier nécessite le plus : le temps".

    Le roman est parcouru par la chanson du groupe Kansas que l’auteur écoutait à La Havane dans les années 1970, Dust in the wind…

    Annie

  • La bonne chance

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    La bonne chance
    Rosa Montero
    Métailié (Bibliothèque Hispanique), sept 2021, 20€
    Traduit de l'espagnol par Myriam Chirousse

     

    Voilà un livre qu’on ouvre et qu’on ne lâche pas.

    Dès les premières pages on s’interroge : Pour quelles raison Pablo Hernando, 54 ans,  architecte de réputation mondiale, décide t-il, dans le train qui l’amène à Malaga pour une conférence, de rebrousser chemin jusqu’à la petite ville de Pozonegro, où une pancarte « à vendre » posé sur un balcon délabré, a attiré son attention ? La localité, autrefois un centre minier, est sinistre, maisons écroulées, commerces fermés, terrains vagues remplis de  gravats.  Désertée par la plupart de ses habitants, seul un supermarché apporte un peu de gaieté.

    Il achète, dès son arrivée, un appartement déprimant, stores cassés, barreaux rouillés, carrelage crasseux, pas de meubles, et 17 fois par jour un vacarme assourdissant à chaque passage de train ! Que fuit-il ? Quel fardeau porte-t-il ? Qu’espère-t-il en s’isolant dans un endroit aussi déshérité ?

    Ses associées et notamment Regina, avec qui il a eu des aventures sans lendemain s’inquiètent de son absence : il ne répond ni au téléphone ni aux mails. Ils préviennent la police de sa disparition. Elle retrouve rapidement sa trace, car ses comptes bancaires (ce que l’intéressé ignore) sont sous surveillance depuis l’évasion de prison d’un dénommé Marcos Santo. Quel lien les unit ? Quel secret dissimule Pablo ? Pourquoi se comporte-t-il de manière aussi étrange ?

    Il ne veut se lier avec personne mais sa rencontre avec Raluca va contrecarrer ses plans. Caissière au hypermarché, Raluca, lumineuse, attachante et généreuse, malgré une enfance douloureuse et les traumatismes subis, croit en la joie, croit en la vie. Elle va apprendre à Pablo à surmonter ses peurs, pour retrouver le goût de vivre et renaître.

    Beaucoup de suspense dans ce récit, et une intrigue intense qui dévoile peu à peu le mystère de cet homme et, ce faisant, explore nos pulsions, la peur, la culpabilité, la haine et la passion. Le Mal est omniprésent mais le Bien, en la personne de Raluca, éclaire magnifiquement les ténèbres.  

    C’est une histoire d’amour et aussi d’amour de la vie ; après chaque défaite il peut y avoir un nouveau début et la bonne chance est une façon de regarder le monde d’une autre manière.

    Annie P.

  • Prix Mezzanine à Brindas

    Prix Mezzanine 2021 chez nos voisins de Brindas, le beau roman choisi à l'unanimité est

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    Là où chantent les écrevisses
    Delia OWENS
    Seuil, 2020, 21€50

    "Ouvrir ce livre, chant de survivance et d'amour, c'est comme se poster là, dans la clairière, pour voir surgir des bosquets de palmiers nains la brune Kya, ses pieds foulant l'humus, son regard noir et sauvage, farouche, toujours à l'affut, et tenant une nouvelle plume à la main comme un trésor..." (Newsletter de la bibliothèque de Brindas)

    A Soucieu aussi ce roman rencontre un grand succès !

  • Colum McCann au "bouillon de lecture"

    Colum McCann, né le 28 février 1965 à Dublin. Son père était journaliste et éditeur et sa mère au foyer. Après avoir été journaliste, il voyage autour du monde en multipliant les petits boulots. Il commence à écrire des romans en 1995 et accède à la notoriété avec Et que le vaste monde poursuive sa course folle. Il vit à New York où il enseigne l'écriture créative. (source Wikipedia)

     

    roman étrangerLe chant du coyote

    Marval, 1996, 19€90

    Traduit de Songdogs (1995) par Renée Kérisit

    1er roman de Colum McCann.

    Après une absence de 5 ans, Conor 23 ans revient en Irlande. Il y retrouve son père, vieil homme taciturne et alcoolique, passionné par la pêche à la mouche. Conor a sept jours devant lui pour renouer avec son père malade. Sept jours pour remonter le temps et comprendre enfin, le départ de cette mère dont l’absence le fait tant souffrir. Sept jours pour reconstituer un passé en lambeaux.

    L’auteur aborde les rapports douloureux entre un père et son fils et le vide laissé par la mère avec une grande sensibilité. Dans ce roman, McCann nous offre également un dépaysement total avec un périple familial qui se déroule en Irlande bien sûr, mais aussi en Espagne, au Mexique et en Amérique du Nord. A lire !

     

    roman étrangerEt que le vaste monde poursuive sa course folle

    Belfond, 2009, 22€

    Traduit de Let The Great World Spin par Jean-Luc Piningre

    National Book Award 2009 et Prix du Meilleur livre de l'année (magazine Lire) 2009.

    Le 7 août 1974, Philippe Petit, funambule a marché sur un câble tendu entre les deux tours jumelles du World Trade Centre. Partant de ce fait divers réel, McCann nous raconte le New York des années 70 : la fin de la guerre du Vietnam, la période hippie, le quartier du Bronx.

    A travers la voix de plusieurs personnages fictifs qui s’entre croisent, tous très attachants, le lecteur est en immersion totale dans ce New-York des seventies. Un prêtre dans le Bronx qui cherche Dieu, des femmes fortunées de la 5è Avenue, d’anciens soldats, tous ont un point commun…. Très bon roman

     

    roman étrangerDanseur

    Belfond, 2003, 19€50

    Traduit de Dancer (2003) par Jean-Luc Piningre

    Entre biographie et roman, l’auteur se penche sur la destinée de Noureïev, de son enfance tartare dans un coin reculé d'URSS à ses frasques dans les soirées, en passant par son incroyable talent sur scène, ses amitiés indéfectibles, ses fragilités ou sa mégalomanie.

    Construction originale : McCann décrit sa vie, à travers le regard des personnes de son entourage, en changeant de ton, de point de vue et de modèle stylistique à chaque partie du livre. Très belle écriture, roman bien documenté sur le monde du ballet, ses codes, ses douleurs, les luttes. Les informations sont véridiques, mais le roman fait l’impasse sur ses années en prison.

     

    roman étrangerLettes à un jeune auteur

    Belfond, 2018

    Traduit de Letters to a Young Writer par Jean-Luc Piningre

    Essai. Recueil de 52 conseils que McCann donne à tout aspirant auteur. S’adresse aussi à tout lecteur intéressé par l'écriture. Pas de conseils techniques mais un ton familier et percutant :  "De l’audace devant la page blanche ! Écris au-delà du désespoir. Chante. Chasse tes visions dans le noir. Partage ta rage. Résiste. Dénonce. De la vigueur, du cœur, de la persévérance ! Donne du poids à l’imaginaire. Commence par douter. Va où personne n’est allé. Compose une langue unique. Sublime l’ordinaire. Pas de panique. Révèle une vérité inconnue. Divertis également. Soulage la soif de sérieux et de joie. On peut te retirer bien des choses – même la vie –, mais pas les récits que tu en fais. Pour toi, jeune auteur, ce mot donc, non dénué d’amour et de respect : écris !"

     

    roman étrangerApeirogon

    Belfond, 2020

    Traduit de Apeirogon par Clément Baude

    Le nouveau roman de Colum McCann traite du conflit israélo-palestinien à travers les récits de deux pères et une construction complexe tirée de la géométrie. Deux pères de famille, l’un palestinien, l’autre israélien perdent chacun un enfant dans un attentat. Contre toute attente, ils vont devenir amis et vont unir leur douleur au sein de l'association Combattants for Peace afin que leur tragédie serve au moins à faire avancer le dialogue entre les deux peuples. Inlassablement ils parcourent la planète pour raconter l'histoire et la mort de Smadar et d'Abir, leur seule façon de survivre.

    Roman très émouvant, mais sa construction est complexe et déroutante. On n'entre réellement dans le roman qu'à la page 243 car, jusqu'alors, ces deux récits apparaissent par morceaux éclatés, entrecoupés de considérations philosophiques, arithmétiques, géographiques, religieuses, musicales, ethnologiques ou poétiques de deux à une quinzaine de lignes. Un apeirogon, titre du livre, est une figure géométrique au nombre infini de côtés. Le roman est construit comme cette figure géométrique : pour montrer toutes les facettes d'un conflit multiple et les liens de cause à effet entre les tragédies, parfois même l'absurdité de ce conflit. Basé sur des faits réels, un roman hors du commun, à lire malgré son début complexe.

     

    roman étrangerZoli

    Belfond, 2007, 21€

    Traduit de Zoli par Jean-Luc Piningre

    Histoire inspirée de la vie de la poétesse tzigane polonaise Papusza. Zoli est une jeune tzigane, orpheline dès l’âge de 6 ans, élevée par son grand-père. Elle se démarque de son peuple en apprenant à lire et à écrire et en développant un talent de poétesse et de chanteuse.  Des années 1930 en Tchécoslovaquie à Paris en 2003, on suit son histoire aussi envoûtante que dramatique.

    McCann écrit à partir de faits réels comme souvent, mais il ne connait pas le monde tzigane. Ce roman est un hymne à la liberté, une réflexion sur l'exil, sur l'appartenance à une communauté et sur la transmission d'une culture, sur la différence … Une pépite !

     

    roman étrangerAilleurs en ce pays

    Belfond, 2001, 18€

    Traduit de Everything in This Country Must par Michelle Herpe-Voslinsky

    3 histoires courtes, mais tristes, de jeunes irlandais en pleine tragédie de guerre de l’Irlande contemporaine. Du Zola irlandais ! Bien raconté, mais très noir.

     

    roman étrangerTransatlantic

    Belfond, 2013, 22€

    Traduit de TransAtlantic par Jean-Luc Piningre

    L’auteur bâtit un pont entre l’Amérique et l’Irlande du XIXème siècle à nos jours, mêlant histoire et fiction dans une écriture lyrique. Ce qui intéresse l’auteur : "au cœur de la violence, des vies malgré tout ; écheveaux invisibles qui entremêlent lieux, époques, personnages, le passé ressurgit de la manière la plus étrange qui soit."

  • L'arbre monde

    roman étranger, arbre, nature

     

    L’arbre-monde

    Richard POWERS

    Le Cherche Midi, 2018, 550 p., 22€

    Traduit de l’anglais par Serge Chauvin

     

    La communication des arbres, la place de l’homme dans la nature et nos liens avec elle sont les thèmes centraux du nouveau roman de Richard Powers. Ces sujets, très en vogue actuellement, sont ici traités magistralement. Jusqu’à l’âge de 55 ans, l’auteur ne s’intéressait pas du tout aux arbres.

    La découverte près de San Francisco de la forêt de séquoias géants, des arbres de 10 m de diamètre, 100 m de hauteur et plus de 1500 ans, a provoqué chez lui une fascination et une évidence : les arbres ne sont ni des objets ni un matériau à exploiter mais des êtres vivants. Ils sont partie prenante de l’histoire de l’humanité et participent à l’équilibre du monde. A l’arrivée des Européens, 4 grandes forêts primaires s’étendaient sur le territoire nord-américain. 98 % ont disparu ; il en reste 2 % qu’une poignée d’hommes veut sauver.

    Richard Powers aborde ce sujet d’une façon originale et passionnante à travers le destin de 9 personnages, des ébréchés de la vie, qui ont chacun une essence d'arbre particulier dans leur histoire spécifique ou pour les représenter. Le roman comporte plusieurs parties, racines, tronc, cime, graines. La première, très dense, se dissémine en neuf longues nouvelles dont chacune aurait pu aboutir à un roman en soi, vertigineux de détails et de conséquences.

    Nicholas, artiste dépressif dont la famille, avant de disparaître brutalement, avait réussi à maintenir en vie l’un des derniers châtaigniers d’Amérique, espèce éradiquée au début du 20e siècle suite à une épidémie cryptogamique.

    Mimi Ma, dépositaire d’objets précieux amenés par son père, alors étudiant, venu aux États-Unis pour fuir la révolution chinoise. Jeune époux, pour honorer ses parents restés en Chine il plante un mûrier, l’arbre à soie qui a bâti la fortune de sa famille.

    Adam dont le père plante un arbre à chaque naissance d’enfant. Pour la sienne, il a choisi un érable. Enfant, il est passionné par les mondes qui l’entourent, les insectes, les pierres, les minéraux, tous à l’exception des êtres humains.

    Ray et Dorothy un couple atypique ; malgré un attachement viscéral de Dorothy à la liberté et un refus de tout ce qui s’apparente à la propriété, elle accepte d’épouser Ray. Celui-ci pense solidifier leur union par un acte symbolique : chaque année pour leur anniversaire de mariage, planter un végétal dans leur jardin.

    Douglas est un marginal. Engagé dans la guerre au Vietnam, son avion a été touché par un obus ; les branches d’un banian ont amorti sa chute et l’ont sauvé. Il va de petit boulot en petit boulot et finit par planter des semis de sapins par milliers destinés à produire, en quelques années, du bois bon marché.

    Neelay, fils d’immigrants indiens devenu paraplégique suite à sa chute d’un arbre, devient un génie des jeux vidéo et l’auteur d’un jeu au succès mondial, inspiré par le débordement du vivant. Il plonge les joueurs au milieu d’un monde animiste, vivant, grouillant, en devenir. A eux d’en décider l’avenir.

    Olivia, étudiante, change radicalement de vie après avoir frôlé la mort et pense communiquer directement avec la nature.

    Patricia, mal-entendante garde-forestière, est l’auteure d’une thèse révolutionnaire sur la manière dont les végétaux communiquent. Professeur de botanique à l’université, elle explique à ses étudiants que, s’il fallait concentrer la création du monde en une heure, la naissance des sols, des montagnes, des fleuves et des végétaux occuperait une quarantaine de minutes, tandis que l’humanité, elle, n’apparaîtrait que dans les trente dernières secondes. Et le temps de quelques battements de cœur pour détruire, asservir et programmer aveuglément sa propre disparition.

    Tous vont, pour une raison ou une autre, converger vers la Californie et s’y rencontrer pour protéger un immense séquoia menacé de destruction, avant de se redéployer à nouveau aux quatre coins du pays, partageant désormais pour le meilleur ou pour le pire une histoire commune. Ils se retrouvent, avec quelques autres, autour d’actions qui les opposent aux puissantes entreprises d’exploitation forestière qui ont transformé la sylviculture en exploitation intensive. Mais que peuvent quelques dizaines d’activistes, certes déterminés, mais démunis face à des dirigeants sans état d’âme et pour qui seul le profit compte ? La répression extrêmement violente bouleverse leur vie.

    L’Arbre-monde se découvre comme une forêt. Chênes, séquoias, châtaigniers, érables, aubépines, pins, plaqueminiers, trembles, noyers, bouleaux, acajous… à chaque espèce sa personnalité. Des siècles d’existence pour certaines. Et au  fil de la lecture s’impose, dans un enchevêtrement de lyrisme et de poésie, la vision d’une infinie complexité. Le fouillis, le taillis, le sous-bois, l’humus. L’aérien et le sous-sol. Les réseaux, les échanges d’un bosquet à l’autre, un monde foisonnant où il reste beaucoup à découvrir. 

    Richard Powers explore ici le drame écologique et notre lente noyade dans le cyber-world, et nous rappelle que, sans la nature, notre culture n'est que ruine de l'âme. Il  nous enseigne en même temps une leçon qui tient autant de la science que de la philosophie : comment la nature pense, se parle à elle-même et s’organise sans avoir recours à la raison, comment les forêts s’organisent par le biais de vastes réseaux de communication, comment les arbres "imaginent" leur propre destin quand ils font s’étendre leurs branches vers le ciel et leurs racines dans le sol.

    Ce roman foisonnant très dense n’est pas toujours d’une lecture facile mais il est riche de connaissances et passionnant. Il ouvre au lecteur une porte sur de multiples interrogations : qui sommes-nous ? Sur quoi fondons-nous nos vies ? Quelle est la place du respect dû à tous les êtres vivants ? Notre économie de croissance et de surproduction a-t-elle seulement un sens, un avenir ? A travers cette approche des grands mythes des arbres fondateurs, ce sont nos fondements de vie qui sont mis en question. Richard Powers a réalisé un énorme travail documentaire et nous offre un roman très abouti et percutant, débordant d’humanité et de générosité, un texte à la gloire du vivant.

    Annie P.

  • Inge en guerre

    roman étranger, Allemagne, guerre mondiale, famille

     

    Inge en guerre, récit

    Svenja O’DONNELL

    Flammarion 2020, 353 p., 22€

    Traduit de Inge’s War par Pierre Guglielmina

     

    Récit par une journaliste de ce que furent les années 1930 et 1940 pour sa grand-mère. De 2006 à 2017, des conversations éparses avec sa grand-mère lui donnent un aperçu de la jeunesse de celle-ci. Elle revient sur les lieux, fouille archives et correspondance familiale pour reconstituer son histoire. Le récit est d’ailleurs émaillé de quelques photos d’époque en noir et blanc.

    "Histoire d’amour et de famille, l’histoire d’une fille d’un pays disparu qui vécut à une époque pendant laquelle l’Europe et son humanité s’étaient effondrées." Ou la seconde guerre, vue par la population civile allemande qui n’a pas été directement touchée par les persécutions nazies.

    Le lecteur voit Inge "Pünktchen" passer du statut d’enfant adulée d’une famille bourgeoise de Königsberg, en Poméranie orientale, à celui de jeune fille émancipée, étudiante à la Lette Haus de Berlin. Sa vivacité et sa joie de vivre conquièrent les cœurs de la famille Von Schimmelmann, à commencer par celui du fils, Wolfgang, dont elle s’éprend, et dont on se demande dès le début du récit pourquoi elle ne passera pas sa vie avec lui.

    De nombreuses familles allemandes prêtent peu d’attention à la montée du nazisme, et si certains jeunes se rebellent, c’est plutôt sur fond de swing, dans une ambiance assez frivole… jusqu’à ce que les choses se gâtent avec la mobilisation, les revers de la guerre, puis l’exode de certaines régions –dont la Poméranie- devant l’avancée du Front Russe.

    Une fois ses recherches commencées, la journaliste ne peut qu’aller de l’avant, même lorsqu’elle touche à des secrets de famille ou des moments douloureux. Le récit est très prenant, malgré le va-et-vient entre le temps de l’enquête et les époques historiques concernées. C'est un témoignage émouvant sur la vie de femmes allemandes qui ont vécu les privations, la culpabilité et l'horreur.

    Aline

  • Sexy Summer

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    Sexy Summer

    Mathilde ALET

    Flammarion, 2020, 191 p., 17€

     

    Déménagement d’une famille de Bruxelles vers  Varqueville, un village perdu dans la campagne "de bord de route" des Ardennes, parce c’est une zone blanche qui devrait convenir à leur fille Juliette, souffrant de la "maladie des ondes" depuis qu’une antenne a été installée près de son école.

    Le village est un lieu où tout se sait, et où il est facile de démarrer une rumeur. Or Juliette n’a aucune envie de mettre en avant sa maladie. L’auteur rend bien l’ambiance entre jeunes qui traînent, se prennent pour des caïds, et ostracisent Tom, le si gentil "gros" aux magnifiques yeux bleus.

    Roman d’un été, agréable mais vite lu et vite oublié. Le seul élément qui en fasse la spécificité, par rapport à n’importe quelle histoire d’adolescente qui grandit et vit un éveil amoureux, est la "différence" originale de Juliette, son intolérance aux ondes électro-magnétiques. Ce point de départ, très contemporain, n’est pas plus approfondi que les autres thèmes. Pour moi, le récit a manqué de substance, d’épaisseur. D’autres le trouveront peut-être esquissé avec délicatesse ?

    Aline

  • Le bruissement du papier et des désirs

    roman étranger, Canada

     

    Le bruissement du papier et des désirs

    Sarah McCoy

    M. Lafon, 2019, 365 p., 2019

     

    A lire seul, ou en complément de Anne… la maison aux pignons verts, grand classique de l’auteur canadienne Lucy Maud Montgomery… Nous retrouvons les personnages d’Avonlea, petite bourgade de l’Île du Prince Edouard, au large de la Nouvelle Ecosse, des années avant l’arrivée de la fameuse Anne.

    En 1837, Marilla n’est encore qu’adolescente, et son frère aîné Matthew tout jeune homme. Ils vivent une existence paisible, travaillant sur la ferme familiale, et reçoivent une éducation puritaine auprès de parents affectueux, même si Hugh (le père) est aussi taiseux que son fils. Lorsque ce tableau idyllique se gâte, Marilla promet de toujours veiller sur son frère, serment qui orientera toute sa vie.

    Dans la partie du roman située en 1860, Marilla et sa chère tante Izzy s’engagent dans le "chemin de fer", réseau d’entraide pour les esclaves en fuite des plantations du sud des Etats-Unis, qui avait des ramifications jusqu’au Canada. Fière et têtue au point d’en devenir agaçante, Marilla applique ses convictions morales en faveur de la liberté individuelle et de l’égalité de tous.

    L’auteur a su respecter le regard frais d’Anne de Montgomery et son amour sans partage pour son île et pour la nature. Ses personnages sont très proches de ceux du roman de référence, au risque d’une certaine répétition (la compétition scolaire avec les fils Blythe). Elle introduit dans son récit quelques notions d’histoire d’Amérique du Nord qui auraient mérité d’être un peu plus développées, en particulier les références politiques à l’insurrection des producteurs de céréales et  à l’autodétermination des provinces canadiennes par rapport à la couronne anglaise.

    Au total, une lecture de "terroir canadien" (façon Petite maison dans la prairie), émouvante et pleine de fraîcheur, qui rappelle ce que c’était que grandir au 19e siècle dans la campagne canadienne.

    Aline

  • Désolations

    roman étranger, amérique

     

    Désolations

    David VANN

    Gallmeister (Totem), 2017

    (traduit de l’américain par Laura Derajinski)

     

    Comme dans Sukkwan Island, David Vann nous emmène dans des contrées glacées, voire désolées d’Alaska, dans une nature dure et sauvage où la solitude qui en émane est étrangement palpable.

    Irène, mariée à Gary et mère de deux enfants maintenant adultes, Mark et Rhoda, aborde la cinquantaine dans un état de totale tension avec son mari. Après avoir vécu au bord du Skilak Lake, dans une maison isolée avec pour seul voisin leur fils Mark, Gary n’a de cesse de réaliser un rêve, construire lui-même une cabane sur Caribou Island, se couper du monde et des autres, projet rejetée par Irène mais qu’elle se sent obligée d’accepter car elle ne peut envisager une séparation.

    Gary se lance dans cette construction sans aucune préparation, aucun plan, aucune notion technique, à un moment où s’annonce un hiver précoce et violent qui rendra l’îlot encore plus inaccessible. L’amertume, les reproches, la culpabilité, l’hostilité qu’ils manifestent l’un envers l’autre vont se cristalliser autour de cette décision.

    Le premier transport de rondins en bateau que Gary ne veut pas reporter malgré une pluie battante et un vent glacial provoque chez Irène une douleur incessante et une terrible migraine qui ne la quittera pas. Irène porte en elle une souffrance refoulée, la vision de sa mère pendue dans l’entrée de sa maison alors qu’elle n’avait que 10 ans. Cette douleur non dite resurgit inconsciemment dans ce moment où les relations avec Gary se délitent et où elle comprend qu’il n’y a plus d’espoir.

    Leurs enfants ne sont pas d’une grande aide. Mark, pêcheur saisonnier, grand fumeur de joints, se soucie peu d’eux. Rhoda, la trentaine cherche une échappatoire à sa vie morose en fantasmant sur son mariage avec Jim qui lui apporterait une vie aisée. Elle rêve d’une cérémonie merveilleuse loin d’Anchorage dans une île lointaine paradisiaque ; ce serait le début d’une nouvelle vie. Seulement Jim ne semble pas du tout pressé et le sera encore moins après sa rencontre avec Monique, une fille indépendante, libre et sans scrupules.

    Sur le fil de la douleur intime, de l'auto apitoiement, et même de l'égoïsme, les personnages vivent à côté d'eux-mêmes.  Pas de bonheur pour les uns et les autres, pas ou peu d’amour, pas de moments de joie, mais de la solitude et de la souffrance en accord avec l’environnement froid, gris, parfois hostile. On assiste dans ce huis clos à la montée inexorable de la tragédie.

    David Vann explore et ausculte avec brio les tréfonds du désespoir humain et excelle dans la description des tensions interpersonnelles sous-jacentes, du mal-être et de la désespérance. Il réussit admirablement à faire ressentir avec beaucoup d’intensité l’atmosphère pesante et la dérive progressive des sentiments. Un roman sombre et fort.

    Annie P.