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roman d'anticipation

  • FUTU.RE

    roman d'anticipation, dystopieFUTU.RE

    Dmitry GLUKHOVSKY

    L’Atalante, 2015, 726 p., 27 €

    Traduit du russe par Denis E. Savine

    L’humanité a trouvé depuis 300 ans un vaccin au vieillissement, et peut vivre éternellement jeune –avec comme corollaire une surpopulation globale, que chaque continent traite à sa façon. L’Europe n’est plus qu’une immense mégalopole ininterrompue, hérissée de gratte-ciels de milliers d’étages, où s’entassent les habitants -plus ou moins haut selon leur rang social.

    Dans cet état « providence », très surveillé, chacun bénéficie de la vie éternelle à la stricte condition de ne pas procréer. La politique de contrôle des naissances draconienne impose aux rares couples désirant un enfant de désigner le parent qui en contrepartie recevra  une injection de vieillissement accéléré. La Phalange, impitoyable, pourchasse les contrevenants : le parent capturé reçoit l’injection, et l’enfant coupable d’exister est enfermé dans un orphelinat.

    Matricule 717 s’est endurci dans l’un de ces horribles internats, et accomplit sans pitié la mission pour laquelle il a été formaté : avec sa phalange, masque d’Apollon sur le visage, traquer sans pitié les grossesses illégales. Il mène une vie terne d’instrument bien réglé jusqu’au jour où une intervention qui tourne mal le pousse à commettre quelques entorses, puis à remettre en question son endoctrinement.

    L’auteur décrit une civilisation peu reluisante, empilée dans des zones urbaines après avoir fait disparaître toute nature,  préoccupée uniquement du bien-être personnel, et coupée finalement de son humanité. L’analyse de cette société renvoie aux travers et aux inégalités de notre époque, notamment avec le refus d’en laisser bénéficier les étrangers. L’ironie veut que les seules touches colorées et pleines de vie dans cet univers glaçant se trouvent du côté de Barcelone, devenue le quartier des immigrés clandestins et sorte de « jungle ».

    Situé dans un monde dystopique bien campé, c'est surtout un récit d’action très efficace, où le héros -brisé par son enfance- tente d’échapper à son destin et de déjouer les machinations des dirigeants. De multiples rebondissements tiennent le lecteur en haleine jusqu’aux dernières pages, et ce sont les imperfections des personnages qui les rendent attachants.

    Aline

     

  • L'Empire électrique

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    L’empire électrique

    Victor Fleury

    Ill. Benjamin Carré

    Bragelonne, 2017, 471 p.

     

    Entre roman et recueil de nouvelles, Victor Fleury crée un univers uchronique autour d’un postulat : au 19e siècle, le monde est dominé par la France, grâce à au pouvoir octroyé aux armées napoléoniennes par la maîtrise de la force voltaïque. Dans cet univers rétro futuriste bien campé, il installe la capitale à Lyon, d’où rayonne la puissance  de l’empire.  Outre le cadre de l’empire électrique, c’est le personnage de « méchant », le vil Larsan, chef de la police napoléonienne,  qui fait le lien entre les différentes histoires.

    Dans chacun des récits, l’auteur introduit des personnages littéraires, entrés dans l’imaginaire collectif, auxquels il fait vivre des aventures extraordinaires. Personnages en quête de justice, de liberté, d’éternelle jeunesse, ou de vengeance. C’est Sherlock Holmes libéré de Sainte Hélène pour retrouver un dangereux terroriste, Watson pourchassant Jack l’Eventreur avec Arsène Lupin, le docteur Frankenstein utilisant la science voltaïque pour la chirurgie esthétique, Don Diego de la Vega (version « steampunk »)  à la rescousse des anti-esclavagistes de Louisiane, Gavroche s’alliant à Passepartout et Raspoutine pour s’évader du bagne avec Cosette, ou le Capitaine Nemo à la poursuite du Nautilus.

    Réutiliser des personnages de fiction dans des romans d’anticipation est un procédé habile, qui fait appel à l’intelligence et à la culture du lecteur, et que l’on retrouve dans d’autres œuvres remarquables : la saga du fleuve (Riverboat) de Philip José Farmer, et la trilogie de la lune, de Johan Heliot (elle-même inspirée du Voyage dans la lune, de Cyrano de Bergerac). Ou bien, dans le registre de la bande dessinée, l’excellente série De cape et de crocs, par Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou.

    Victor Fleury possède une belle plume, un style élégant, qui séduira les lecteurs exigeants -et tant pis si certaines références nous échappent... Ce qui ne gâche rien, c’est un jeune Lyonnais ! Laissez-vous tenter par la splendide couverture, signée Benjamin Carré, et sa reliure soignée (tranche dorée).

    Aline

  • La horde du contrevent

    roman d'anticipationLa Horde du Contrevent

    Alain DAMASIO

    La Volte, 2004

     

    « Imaginez une Terre poncée, avec en son centre une bande de cinq mille kilomètres de large et sur ses franges un miroir de glace à peine rayable, inhabité. Imaginez qu’un vent féroce en rince la surface. Que les villages qui s’y sont accrochés, avec leurs maisons en goutte d’eau, les chars à voile qui la strient, les airpailleurs debout en plein flot, tous résistent. Imaginez qu’en Extrême-Aval ait été formé un bloc d’élite d’une vingtaine d’enfants aptes à remonter au cran, rafale en gueule, leur vie durant, le vent jusqu’à sa source, à ce jour jamais atteinte : l’Extrême-Amont.

    Mon nom est Sov Strochnis, scribe. Mon nom est Caracole le troubadour et Oroshi Melicerte, aéromaître. Je m’appelle aussi Golgoth, traceur de la Horde, Arval l’éclaireur et parfois même Larco lorsque je braconne l’azur à la cage volante. Ensemble, nous formons la Horde du Contrevent. Il en a existé trente-trois en huit siècles, toutes infructueuses. Je vous parle au nom de la trente-quatrième : sans doute l’ultime. »

    Un livre monde : La 34ème horde du Contrevent, plus rapide qu’aucune l’ayant précédée, partie d’Aberlaas il y a une trentaine d’années, est désormais bien soudée autour de son Traceur, le Golgoth. Le lecteur suit la fin de leurs aventures alors qu’ils commencent à se rapprocher de l’extrémité du monde connu. Le chemin doit impérativement être parcouru à pieds, afin de souder la Horde et la préparer aux dangers croissants qui les attendent lorsqu’ils atteindront (ou pas) la Norska.

    « Le combat valait par lui-même, indépendamment du but » p. 30.

    L’extrême Amont, but ultime, est censé leur apporter la connaissance suprême, soit celle des 3 dernières sortes de vents (encore inconnus), voire de trouver l’origine même du vent. Les traditions voudraient aussi que leurs vœux soient exaucés, ainsi que ceux des personnes qui les leur ont confiés en chemin. En même temps que le monde et les secrets des vents, ils explorent le sens (souffle) de la vie.

    La narration, très riche, alterne rapidement entre les 23 personnages de la Horde. Seul un glyphe indique qui s'exprime : Sol le scribe, chargé de noter les vents et rédiger le carnet de contre, mémoire de la horde ; Oroshi l’aéromaître, experte en connaissance des vents ; Golgoth le traceur, bloc de volonté brute ; Caracole le troubadour, toujours surprenant, qui jongle avec les mots et se nourrit de diversité ; Pietro l'aristocrate, qui lisse les tensions et œuvre à l'unité du groupe. Alain Damasio a su personnaliser chacun, selon sa fonction dans le Pack et ses origines. Ainsi le lecteur perçoit rapidement qui parle en fonction du style, de la syntaxe, du rythme et du vocabulaire employé.

    C'est une aventure sans trêve, la progression du groupe au travers des dangers, qui définit peu à peu les contours des protagonistes -toujours par rapport à la horde : leur intense formation encore tout jeunes, leur fonction, leur passion utile à la horde (maîtrise du feu, connaissances botaniques, fauconnerie,...) et leurs relations entre eux.

    Avec inventivité, Damasio maîtrise le langage le vocabulaire. Il développe la perception des différents vents, zéphirine, slamino, choon, stèche, grivetz et furvent pour les formes "connues", et se montre très créatif pour le vocabulaire dérivé : pharéole (phare permettant de s'orienter lorsque souffle le blizzard), fréole (frégate du désert) ou drakkair. Sugissent aussi de nombreuses créatures originales, comme les méduses des airs, braconnées à la cage pour leurs composantes gélatineuses. A l'image de Caracole le troubadour, qui mène une extraordinaire joute oratoire (p. 242 et suivantes), il jongle avec les mots.

    Pleine de poésie, cette épopée se tient à la limite du récit d’anticipation et du roman d’aventure brut. Grand prix de l'imaginaire 2006, La Horde du Contrevent inspire toute une communauté de fans, en particulier de jeux vidéo (Windwalkers), une tentative de le tourner en film a échoué il y a quelques années, on parle d'une mini série de 6 épisodes...

    Un livre qui a fait date. Aline

  • Love

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    Love

    Richard MORGIEVE

    Carnets Nord, 2015, 18€

     

    Humain « amélioré », Chance est conditionné à tuer pour Le "Contrôle".  Mais lorsque les centrales nucléaires explosent et que la société implose, seuls les plus forts peuvent s’en tirer. C’est là que ses réflexes, son habitude du combat et de la mort lui viennent en aide : sans états d’âme, il fait ce qu’il faut pour survivre. Chance remplace les ordres du Contrôle par une nouvelle mission : retrouver la femme aux yeux verts qui l’a ému, et la protéger. Comme si l’apocalypse qui l’entoure ne suffisait pas, il est de plus pourchassé par le Contrôle pour un débriefing… ou pire.

    Au milieu de ce cyclone de carnages, profiteurs, violeurs et tueurs de tous poils, deux personnes décidées à s’en sortir s’entraident maladroitement, tout en heurtant leurs personnalités fortes.

    Malgré toutes les références à La route, de Cormac McCarthy, ce roman d’anticipation m’a plutôt évoqué Ravages, de Giono. D’abord très froid et violent, il s’humanise peu à peu, comme son personnage principal.

    Aline

  • Bouillon d'Anticipation

    Lors de notre rencontre de février, nous n’avons fait qu’effleurer le vaste champ de la littérature dite « d’anticipation », qui comporte de nombreux genres et sous-genres.

    La littérature adolescente regorge de très bons titres d’anticipation, souvent des dystopies : (contre-utopie : fiction dépeignant les conséquences néfastes d’une idéologie poussée à l’extrême). Outre qu’elles offrent d’excellents récits à suspense dans des mondes de fantaisie, leurs auteurs cherchent souvent à mettre en garde contre les dérives de nos propres sociétés. Nous en avons critiqué plusieurs sur le blog : Starters de Lissa Price / Les Fragmentés de Neil Shusterman / La Déclaration de Gemma Malley / Legend de Marie Lu / Divergent de Veronica Roth. Lire aussi Le Passeur de Lois Lowry / Uglies de Scott Westerfeld / Hunger games de Suzanne Collins.

    Les premières dystopies sont sans doute les romans suivants, des "classiques" à relire absolument ! Le meilleur des mondes (Brave New World, 1932) d’Aldous Huxley / Ravage, de Barjavel (1943) / 1984 de George Orwell (1949) / Fahrenheit 451, de Ray Bradbury.

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    Quelques titres de Fantasy Urbaine ont happé notre imagination : Lombres, par China Miéville / Neverwhere, de Neil Gaiman. La fantasy urbaine prend place dans une ville (ici Londres), à une époque industrielle (19e ou 20e siècle), où le surnaturel fait irruption. Les machines à vapeur entrent en contraste avec les créatures magiques, comme dans la saga des Wildenstern, d’Oisin McGann (sous-genre « Steampunk »).

    Le récit de science-fiction organise un monde imaginaire à partir de connaissances qui ne relèvent ni du merveilleux ni du religieux, mais de théories scientifiques réelles ou supposées, souvent en lien avec d’autres planètes et situées dans le futur. L’écrivain Terry Pratchett déclare avec humour : "La science-fiction, c'est de la fantasy avec des boulons."

    Les précurseurs de la science-fiction sont Cyrano de Bergerac, en 1657, dans L'Autre monde ou les États et Empires de la Lune et du Soleil, puis Jules Verne avec De la Terre à la Lune (1865), et H. G. Wells avec La Machine à explorer le temps (1895), ou La Guerre des mondes (1898). La science-fiction a connu un grand succès après la seconde guerre mondiale et jusque dans les années 1970, même si la qualité de ses auteurs n’était pas toujours reconnue. Citons quelques favoris:

    La stratégie Ender, d’Orson Scott Card / Le monde du fleuve, de Philip José Farmer / Fondation, d’Asimov / Hyperion et Endymion, de Dan Simmons / les romans ou nouvelles du français Ayerdhal...et René Barjavel.

    D’autres titres ou auteurs ont aussi été évoqués :

    Jack Vance, auteur prolifique

    Echange standard de Robert Sheckley, complètement farfelu, où le héros, américain, utilise le « psychochoc » pour échanger sa vie avec celle d’un martien.

    Le grand livre, de Connie Willis, original et humoristique, autour du voyage dans le temps et des paradoxes induits si les observateurs modifient l’ordre des choses.

    Pardon, vous n’avez pas vu ma planète ? de Bob Ottum. Où un émissaire extraterrestre vient prévenir d’une visite touristique sur la terre de ses congénères pacifistes.

  • Ayerdhal

    roman d'anticipationDemain une oasis

    AYERDHAL (alias Marc SOULIER)

    Au diable Vauvert, 2006, 17.50 €

     

    Il était moitié médecin, moitié technocrate à Genève. Il avait un nom. Il n’en a plus : on le lui a retiré un soir, avec le reste de son existence. Une limousine devant, une derrière, un coup de freins, des portières qui claquent, un pistolet mitrailleur, deux baffes bien assénées, une cagoule, des jours dans une cave sous perfusion et somnifère...

    Normal pour un kidnapping! C’est au réveil que ça commence à clocher, quelque part dans un désert africain, à côté d’un vieillard gravement gangrené, quand un commando humanitaire lui confie la responsabilité médicale du village dans lequel il est abandonné…

     

    L’Interne comme il est appelé est contraint d’aider à la survie de peuples africains, vivants en plein désert, nomades chassées de chez eux par la foi, la guerre, la misère. Il se prend au jeu du groupe qui vient changer le monde, avec des actions dures et violentes pour avoir des financements.

     

    Un peu dur à lire parfois, pour moi, à cause des termes de science-fiction par rapport à l’au-delà. Malgré cela, un bon style avec beaucoup de vocabulaire.

    Annie

    roman d'anticipation

    La logique des essaims

    AYERDHAL

    Imaginaires sans frontières, 2001, 325 p., 15 €

     

    Spécialiste de la science-fiction, Ayerdhal a surtout écrit des romans, voire des sagas. La logique des essaims est pourtant un recueil de nouvelles, regroupées à partir de textes courts parus au fil des années. Ayerdhal nous emmène dans les galaxies, à la rencontre d’autres formes de vie.

     

    Dans Scintillements, le professeur Edgin est invité à visiter une cité construite par les Batik, les ennemis des humains dans l’espace. Après des siècles de guerre sur plusieurs planètes, et un ultimatum proposant aux extraterrestres de quitter cette planète-ci, tous les Batiks se sont suicidés. Pourquoi ce suicide collectif, qui ressemble à un message destiné aux humains ?

     

    Comme de nombreux textes d'Ayerdhal, cette nouvelle traite du choc des civilisations. On peut souvent en tirer une réflexion sociale ou philosophique. C’est ce qui donne leur force à ses récits, pleins d’imagination, bien écrits, et souvent parsemés de touches d’humour.

    Aline

  • Lovestar

    Lovestar.gifLovestar

    Andri Snaer Magnason

    Zulma, 2015, 428 p., 21.50 €

     Inspiré par les modes de communication des animaux migrateurs et leur sens de l’orientation, le génial Lovestar a fondé le centre d’observation des oiseaux et papillons.

    "En quelques années les découvertes du département d’étude des oiseaux transformèrent le monde. On peut affirmer que les ondes des oiseaux ont permis un grand pas dans l’évolution de l’humanité. Ce fut l’avènement de l’homme sans fils" (p. 25)

    "Indriđi appartenait à la catégorie des hommes modernes et sans fil, lesquels étaient pour ainsi dire débarrassés des fils et des câbles, qu’on avait rebaptisés chaînes. Quant aux anciens appareils, on les appelait désormais poids ou fardeaux, ou encore bazar". (p. 33)

    Indriđi file le parfait amour fusionnel avec Sigriđur. Malheureusement les avancées technologiques et leurs déviances les rattrapent. D’après le modèle Inlove (développé lui aussi par notre génie), l’âme sœur de  Sigriđur l’attend impatiemment ailleurs, dans la vallée idyllique du nord de l’Islande qui abrite les locaux de la gigantesque entreprise Lovestar...

    L’auteur prend un malin plaisir à développer avec humour son univers… pas si lointain du nôtre, ainsi que les inventions de Lovestar, plus glaçantes les unes que les autres. Il s’attaque tout particulièrement aux ravages de la publicité intrusive : à partir d’un moteur de recherche, les profils des gens sont définis, et des "aboyeurs" (hommes ou femmes dont la zone langagière du cerveau est activé par les ondes) chargés de leur crier des messages ciblés. Lovemort permet aussi de gérer la question de l’euthanasie « dans la joie et la bonne humeur » : vieux et mourants sont largués dans l’espace pour redescendre dans l’atmosphère comme des étoiles filantes.

    Ce roman m’a évoqué les récits de Barjavel, mais il manque de suspense et de rebondissements.  Le rythme est trop ralenti par l’application de l’auteur à détailler son univers futuriste et les idées de Lovestar. Un premier roman prometteur néanmoins !

    Pour finir, une citation de Lovestar, dont la maxime est  "rien n’arrête une idée" (p. 125) :

    "Quand on l’interrogeait sur ses idées, il s’en tirait par une pirouette, affirmant qu’il n’en était nullement responsable. Des idées, disait-il, il n’en avait pas, au contraire, c’étaient elles qui s’emparaient de lui. Elles prenaient possession de son corps qu’elles colonisaient comme celui d’un hébergeur afin de pouvoir se faire une place dans le monde réel, puis le laissaient épuisé, éreinté, vide (et surtout immensément riche et puissant, faisaient remarquer les moins compatissants). Il déclarait ne plus rien maîtriser à partir du moment où une idée s’installait dans sa tête."

    "L’idée monopolise l’ensemble de l’activité cérébrale, elle met à l’écart les sentiments et les souvenirs, vous conduit à négliger votre famille et vos amis en vous poussant vers un but unique : sa mise en œuvre. Elle vous prive d’appétit, diminue vos besoins en sommeil, déclenche dans le cerveau la fabrication d’une hormone plus puissante que les amphétamines et peut vous maintenir en éveil des mois durant. Lorsqu’une idée voit le jour, l’homme dont elle s’empare se vide de sa substance… Lorsqu’une idée lui ordonne : Suis-moi ! Il va jusqu’au bout. Aucun argument ni aucune réserve n’est apte à faire reculer l’idée en question et l’homme n’est pas responsable car cette idée n’est pas la sienne. Elle existait avant lui. La bombe atomique existait avant même d’être conçue et fabriquée. Elle était dans l’air du temps et attendait son heure. Et quelqu’un devait bien la faire exploser. Même si les hommes avaient calculé qu’il y avait 20 % de risques qu’elle déclenche une réaction en chaîne détruisant l’ensemble de l’oxygène présent sur la planète, ils ont quand même essayé. Les calculs prévisionnels ne leur suffisaient pas. Il fallait emmener cette bombe dans le désert et, quand ils ont constaté sa puissance, un désir irrépressible de la voir exploser au-dessus d’une ville s’est emparé d’eux. Il suffisait de le faire une fois ou deux. Celui qui est la proie d’une idée est au-delà des notions de bien et de mal. Sa pensée se situe sur un autre plan. Une idée est telle une faim incontrôlable ou un désir charnel trop longtemps réprimé. Ceux qui en sont la proie sont les gens les plus dangereux du monde parce qu’ils sont prêts à prendre tous les risques. Ils veulent simplement voir ce que ça donnera, leur pensée ne va pas plus loin que ça."

    Humour noir, vous dis-je.

    Aline

  • La 5e vague

    roman,science-fictionRécit d'une irrésistible et cruelle invasion d'extraterrestres.

    Le problème, c'est que ces extraterrestres ont pris le temps d'observer les humains et savent où et comment frapper.

     

    Cassiopée, l'une des dernières survivantes, raconte l'invasion, vague par vague :

    -          la première vague, une impulsion magnétique, a stoppé définitivement tout appareil mécanique, électrique ou électronique, causant de multiples accidents et mettant un terme aux communications ;

    -          la deuxième vague a fait trembler la terre, causant une immense déferlante et faisant disparaître toutes les villes côtières ;

    -          la troisième vague a répandu un terrible virus mortel, la Peste Rouge, exterminant la plupart des humains restant ;

    -          la quatrième vague est celle des silencieux. Les humains éparpillés tentent de survivre, tant bien que mal, ou se regroupent en guérillas.

    Cassie, elle-même,  vit cachée dans la forêt après avoir perdu tous les membres de sa famille. Sa seule raison de se battre est la promesse qu'elle a faite à son petit frère Sammy de le retrouver. Survivre, c'est tuer ou être tuer, ne faire confiance à personne car les aliens, les Autres, ont pris une apparence humaine !

     

    Le narrateur varie. Selon les chapitres, nous suivons les aventures de Cassie, d'Evan, ou des enfants soldats,  Zombie, Ringer, Nuggets et les autres… entraînés  à tuer dans un camp militaire… qui tient aussi du camp d'extermination.

    Malgré la cruauté des situations, le lecteur suit avec avidité les aventures des jeunes héros, les rebondissements, trahisons… et histoires d'amour ! L'écriture est efficace, imagée. Le récit est facile à suivre malgré les nombreux flashbacks.

     

    Moi qui prévoyais de m'ennuyer avec un livre "déjà vu", j'ai vite changé d'avis : c'est  un très bon roman haletant de SF pour jeunes adultes, annoncé comme une trilogie (tome 2 à paraître en mai 2014).

     

    La 5e vague

    Rick Yancey, R. Laffont (collection R), 2013, 18.50 €

    Traduit de l'américain The fith wave par Francine Deroyan

  • Starters

    Starters, tome 1 : survivre n’est qu’un débutdystopie

    Lissa Price

    Traduit de l’américain par Aude Lemoine

    R. Laffont, mars 2012, 17.15 €

     

    Suite à la guerre des spores, tous les adultes ont été atteints de maladie mortelle, sauf les vieux : les Enders.  D’une très grande longévité, ils monopolisent travail et richesses, niant tout droit aux enfants et aux jeunes, les Starters. Ceux qui n’ont pas de grands-parents privilégiés vivent donc de débrouille.

     

    Callie et son petit frère font partie des Starters dépouillés, survivant dans des squats, sans cesse sur le qui-vive. Afin de gagner de quoi nourrir son frère, Callie se rend à Prime Destination, une organisation qui paie illégalement des jeunes pour louer leur corps à des Enders avides de sensations « jeunes ». Mais comment reconnaître les vrais jeunes des vieux ? Comment être certain de récupérer son corps après la location, et en bon état ? Au cours de sa troisième location, Callie cohabite involontairement avec l’Ender qui l’habite, et se retrouve mêlée à un complot politique qui la dépasse… et la concerne directement !

     

    Voilà un très bon thriller d’anticipation, à l’intrigue effrayante et au rythme soutenu. Les personnages principaux sont suffisamment complexes pour être crédibles. Le suspense, qui rappelle Hunger Games, est relancé par un certain flou en fin de premier tome… J’attends avec impatience la suite –et fin-  qui devrait paraître en novembre 2012 sous le titre « Enders ».

    Aline

  • Héroïc fantasy ou Science-fiction ?

    Les yeux d'Opale
    Bénédicte Taffin.- Gallimard jeunesse, sept. 2010.


    L'auteur mêle avec habileté deux histoires, l'une de fantasy, l'autre de science-fiction, jusqu'à n'en faire plus qu'une, passionnante :

    - Sur Opale, dans le royaume médiéval de Kindar, la princesse Héléa accède au trône après le décès tragique de son père et la disparition de son frère, le prince héritier Sylfin. Méprisée et menacée par les seigneurs du royaume à cause de son ascendance "chimar" (mutante), elle décide de leur livrer bataille.

    - Sur Onyx, Angus, épris de liberté, prend part avec d'autres rebelles à l'organisation d'une expédition secrète visant à échapper à l'emprise des Intelligences Artificielles qui les contrôlent, et à s'établir sur une planète encore non terraformée.
    Leur vaisseau effectue un atterrissage en catastrophe sur la planète Opale en plein coeur de la bataille médiévale !

    Le lecteur découvre peu à peu les deux sociétés, avec leurs règles et leurs coutumes. Les personnages sont complexes et attachants, tous ont des rêves, des envies contradictoires. L'arrivée des Onyxiens, frustrés de se retrouver sur une planète habitée,  bouleverse l'ordre politique et social d'Opale. Les intrigues sont nombreuses, aussi bien à l'intérieur d'un peuple, comme le complot visant à éliminer Héléa, ou l'opposition entre plusieurs factions à l'intérieur du vaisseau spatial, mais aussi entre les différents peuples. Des alliances se créent, d'autres se défont. Les héros ne connaissent pas de répit, et le lecteur non plus...

    Mais la rencontre des deux mondes n'est peut-être pas un pur hasard...

    J'attends le second tome avec impatience ! Aline