Sélection de polars et romans noirs, par la librairie Un Petit Noir, des pentes de la Croix-Rousse.
L’ange rouge
François Médéline
Manufacture des livres, 2020, 512 p., 20€90
Lyon, 1997-1998, découverte à Confluence d’un homme crucifié sur un radeau. L’enquête se passe dans le milieu des étudiants des beaux-arts, de l’extrême gauche des pentes de la Croix-Rousse, la famille d’un grand pharmacien lyonnais… Elle est également prétexte à s’intéresser aux personnages de flics, à leurs failles, aux guerres entre services. L’intrigue et l’écriture sont toutes deux très bonnes. Par l’auteur de La politique du tumulte (financement politique) et Rêve de guerre (histoire familiale entre deux frères, l’un policier, l’autre accusé d’un crime).
Noir diadème
Gilles Sebhan
Rouergue (Noir), 2021, 182 p., 18€
Lorsque le corps profané d'un adolescent est découvert aux abords d'un camp de fortune de réfugiés migrants, l’inspecteur Dapper en fait une affaire personnelle. Un roman noir réaliste et nécessaire, qui suit l’itinéraire de jeunes victimes et l’exploitation de la pauvreté.
Les boîteux
Frédéric L’Homme
Le Rouergue (Rouergue Noir), 2020, 272 p., 20€
Début des années 1980, dans une réalité qui s'écarte légèrement de celle que nous connaissons, la guerre éclate entre la police judiciaire et le « boulevard Soult », autrement dit les « boîteux » ou barbouzes des services secrets, dont l'action centrée sur la lutte antiterroriste a longtemps échappé au contrôle des juges. L’enquête de la PJ, sur des crimes datant de 1958, se place à la limite de l’espionnage.
Noir côté cour
Jacques Bablon
Jigal (Noir), 2020, 176 p., 17€
Huis clos dans un immeuble parisien. Le narrateur occupe un appartement du 5ème étage, qui appartenait à son père, ancien propriétaire de tout l’immeuble qu’il a vendu peu à peu. Un type du 3ème étage est assassiné. L’enquête nous fait visiter tout l’immeuble et ses différents occupants. Histoire de famille, de vengeance, d’erreur et de faux semblants, avec une écriture ciselée.
Les martyres de Montplaisir
Jacques Morize
Andre Odemard éditions, 2020, 278 p., 18€
Les enquêtes du Commissaire Séverac se déroulent chacune dans un arrondissement de Lyon, à grand renfort de repas dans les bistrots et bouchons lyonnais. Dans ce roman, le quartier Montplaisir est le théâtre de deux assassinats abjects de vieilles dames. Ne laissant aucune trace derrière lui, si ce n’est une rose bleue, le criminel parvient même à orienter les policiers sur une fausse piste. Le commissaire aurait-il affaire à des crimes en série... ? Enquête policière locale, facile à lire, avec un duo de criminels très violents.
L’imposture du marronnier
Mariano Sabatini
Actes sud (Actes Noirs), 2021, 400 p., 22€80
Polar italien actuel, dans le milieu de la politique et de la mafia à Rome. L’enquêteur est un journaliste assez psychologue, aidé de son ami flic intègre. Classique et plaisant.
Justice indienne
David Heska Wanbli Weiden
Gallmeister (Americana), 2021, 416 p., 24€20
Polar sur une réserve indienne, avec un crime et un enquêteur, justicier autoproclamé. L’auteur s’intéresse aux addictions des peuples amérindiens, à la façon dont l’argent a fait exploser un système qui était, à la base, solidaire.
Dans la gueule de l’ours
James A. Mclaughlin
Rue de l'échiquier, 2020, 448 p., 23€
Dans les Appalaches, des ours (espèce protégée) sont tués. Rice, en cavale, s’est plus ou moins refait une virginité dans le coin. Garde forestier, il vit en symbiose avec la nature, et décide d’enquêter sur ces actes de braconnage… Prix Edgar Allan Poe aux Etats-Unis, Grand prix de la littérature policière BILIPO et prix SNCF.
Ce lien entre nous
David Joy
Sonatine, 2020, 302 p., 21€
Un braconneur abat un homme par erreur, et enterre le corps. Arrive un homme de la vallée, qui cherche son frère et enquête. A partir d’un fait divers, une histoire de vengeance d’une violence extraordinaire, portée par une très belle écriture. Très américain.
Dans la vallée du soleil
Andy Davidson
Gallmeister (Americana), 2020, 472 p., 24€80
Manipuler ou être manipulé… Un VRP itinérant s’arrêt dans un motel, et reste aider la gérante qui se bat au quotidien pour faire marcher l’établissement. Histoire de cette femme, de sa « conquête de l’ouest personnelle », grands espaces américains, et… un truc pas net du côté du VRP !
Mictlán
Sébastien Rutès
Gallimard (La Noire), 2020, 154 p., 17€
Deux types se relaient pour conduire un semi-remorque réfrigéré, avec interdiction de s’arrêter, sauf dans les stations-service pour faire le plein du camion. Les ordres du Gouverneur sont clairs : « si tu t’arrêtes, c’est pour toujours ! ». On suit les pensées -noires- de Gros et Vieux, condamnés à rouler sans trêve, qui philosophent au volant sur la vie, la mort, et pourquoi on tient à sa peau. Court et cynique.
Marseille 73
Dominique Manotti
Les Arènes (Equinox), 2020, 450 p., 20€
Un polar très politique, dans l’atmosphère « anti-beur » de Marseille. Attitude des policiers qui enquêtent sur des morts arabes. Bien écrit, bien construit, avec des références à l’histoire, et des restes d’O.A.S.
Deux balles
Gérard Lecas
Jigal (Polar), 2020, 216 p., 18€50
Deux vétérans d’Afghanistan reviennent à Marseille, bien abîmés psychologiquement. Ils s’étaient promis de monter ensemble un foodtruck à leur retour, mais l’un des deux doit d’abord suivre une lourde rééducation pour son handicap. En attendant, l’autre rejoint ses frères dans un business de magouilleurs. Comment on place son éthique, et comment on fait des ajustements… un parcours humain très noir !
Joueuse
Benoît Philippon
Les Arènes (Equinox), 2020, 368 p., 18€
Dans le milieu du jeu, une jolie jeune femme tombe sous le charme d’un joueur professionnel de poker, bluffeur et manipulateur. Le thème n’est pas très original, mais l’écriture est pleine d’humour. Par l’auteur de Mamie Luger.
La mort et le météore
Joca Reiners Terron
Zulma, 2020, 192 p., 17€50
La tribu amazonienne des Kaajapukugi est décimée par l’avancée de la « civilisation ». Le mystérieux Boaventura cherche à les sauver en les implantant au Mexique, mais il est rattrapé par son passé et meurt juste avant leur arrivée. Peut-on décider comment « faire le bien » pour autres, lorsque ni la langue ni les références culturelles ne sont les mêmes ? Plus proche de la métaphysique que du polar, l’auteur s’intéresse à la spiritualité des indiens d’Amazonie.